vendredi 31 mai 2024

ASSE - Metz, 2-1 (Sissoko, Cardona)

On a gagné la première manche...


Même si les Verts ont été clairement supérieurs dans le jeu lors du match aller, ils n'ont qu'un but d'avance avant de se déplacer à Metz pour la deuxième manche de ce barrage...

On ne change pas une équipe qui gagne (le match de play-offs contre Rodez), donc le staff stéphanois a aligné le même onze contre Metz, mais avec une approche spécifique pour contrer la tactique adverse. Si la principale arme offensive messine reste leur vilain avant-centre, le choix a été fait de le priver des ballons. Pour cela, rien de plus simple, un marquage individuel sur les trois milieux axiaux messins : 


Dans cet exemple dans les arrêts de jeu de la 1MT, le 4-1-4-1 stéphanois est (presque) visible, avec Tardieu en sentinelle, mais les déplacements des milieux sont intéressants. Moueffek et Tardieu sont collés à des milieux adverses, Chambost est légèrement plus loin du sien, mais il le suit quand il décroche :


Tardieu aussi suit son milieu, qui quitte la zone entre les deux lignes stéphanoises - en fait, on ne peut pas parler proprement dit de bloc équipe pour les Verts, car les joueurs ne restent pas dans une zone assignée :


Tardieu suit sont adversaire direct jusqu'au 20 mètres adverses, Moueffek ne lache pas d'un mètre le sien, et Chambost continue à suivre le troisième, qui s'était placé devant la défense. Bref, un 4-1-4-1 semble de nouveau se dessiner, mais avec Chambost en sentinelle.

Le marquage sur les Messins a été parfois plus subtil que ça, les Stéphanois se parlant pour compenser les déplacements adverses, comme dans cet exemple à la 12e minute :


Moueffek collé à un milieu adverse, Chambost suivant le sien, comme dans l'exemple précédent... et Tardieu en sentinelle sur le troisième :


La défense est en place, le vilain avant-centre entre les deux défenseurs centraux, Petrot surveille l'ailier droit messin, qui permute avec un milieu :


Tardieu et Petrot se parlent - on voit sur cette image le signe que Tardieu fait du bras - et ils changent leurs adversaires directs respectifs. Pendant ce temps, Moueffek et Chambost ne bougent pas...


... ni quand le vilain avant-centre décroche pour servir en point d'appui à son défenseur. Son déplacement est suivi par Nadé et les Messins pensent pouvoir profiter de l'espace laissé libre en défense, mais les Verts se sont bien parlé :


Les plusieurs échanges de position entre les joueurs adverses n'ont rien donné, il y a toujours une défense de 4 stéphanois (avec Moueffek) et une "sentinelle" devant (Nadé), pour trois "attaquants" (dont deux milieux axiaux). Bref, aucun décalage et le ballon en profondeur n'a aucune chance d'aboutir. 


Quant au vilain avant-centre messin, pas alimenté par ses coéquipiers, il n'a pas eu beaucoup de ballons à disputer. Et quand ça a été le cas, il a été bien pris par la défense, comme dans cette longue action à la 18e minute de jeu :


Après plusieurs duels gagnés par les Verts dans le rond central, Cafaro hérite du ballon et lance parfaitement dans le couloir droit Maçon. Sur cette image on voit comment le vilain avant-centre messin essayait de se faire oublier à droite de la défense stéphanoise, comme à son habitude. Le centre est capté par le gardien adverse...


... qui relance rapidement, les Messins adorent jouer en contre. Comme Maçon s'était projeté, Petrot reste pour aider les défenseurs centraux, tout comme Tardieu...


... surtout que Batubinsika s'excentre à droite, là où les contres adverses se développent habituellement. En effet, c'est le vilain avant-centre adverse qui est recherché, les Messins sont à 4-contre-4...


... mais la défense est en place, bien alignée. Et le centre dans la surface de réparation est facilement dégagé de la tête...


... par Tardieu, le ballon arrivant dans les pieds de Cafaro. C'est le tour des Verts d'essayer de profiter des espaces laissés libres par les Messins, l'ailier stéphanois essaie le même ballon long dans le couloir droit, à destination de Cardona maintenant :


Malheureusement, un défenseur intercepte et monte avec le ballon jusqu'au delà de la ligne médiane, cherchant une solution vers l'avant :


Il n'y a que deux attaquants dans la défense stéphanoise, qui est de nouveau en place, à 4 + Tardieu devant. Ainsi, le vilain avant-centre adverse, qui est recherché en profondeur, n'a aucune chance, Nadé couvrant dans le dos et interceptant le ballon. La possession change encore une fois de camp, et cette fois-ci les Verts sortent proprement :


Nadé joue avec Maçon, qui donne plus haut à Tardieu, qui voit le très bon appel de Chambost, qui se déplace vers la gauche, dans un espace libre. Ce qui lui permet de remonter avec le ballon...


... avant de jouer avec Cafaro à sa gauche et de lui proposer une solution en profondeur dans le même couloir. Il n'y a aucun déséquilibre, les 4 stéphanois se trouvent contre une défense à 4 en place, aidée par deux milieux axiaux. Pourtant, les Messins défendent très mal :


Ils se jettent à trois sur Cafaro et Chambost, les défenseurs centraux deviennent trop écartés, un milieu ne suit pas Sissoko, qui fait l'appel parfait entre les deux centraux. Et les Verts ouvrent le score. 



Conclusions


Les Verts ont donné une leçon à leur adversaire du jour. Non seulement dans l'intensité, dans l'état d'esprit, mais aussi tactiquement. Ils ont joué comme une vraie équipe, avec des joueurs qui compensent les uns pour les autres. Le jeu messin avec le ballon étant très pauvre - à base de permutations entre des joueurs et tout misant sur un exploit de leur vilain avant-centre, les Stéphanois n'ont ainsi pas concédé beaucoup d'occasions. Pourtant, ils ont encaissé un but sur corner et l'avance au score avant le match retour ne leur permet pas de s'enflammer. Tout reste à refaire et s'ils arrivent à mettre les mêmes ingrédients dans deux jours, la montée en Ligue 1 est tout à fait possible...


dimanche 26 mai 2024

ASSE - Rodez, 2-0 (Cardona, Mbuku)

On a regardé pour vous...


... le style de jeu du dernier adversaire des Verts cette saison et dernier obstacle sur la route vers la Ligue 1, le FC Metz.

Le 16e de la dernière édition de la Ligue 1 joue dans un système 4-1-4-1, avec un bloc bas - voici la disposition lors de l'avant-dernier match de la saison, à Strasbourg :


Les statistiques offensives des Lorrains sont terribles, c'est une équipe très défensive, qui n'a absolument pas la possession (lors du premier quart d'heure à Strasbourg ils n'avaient pas atteint les 15%) et qui mise tout sur une solidité défensive - relative - et les exploits de leur vilain avant-centre, Mikautadze. Comme il est clairement l'arme principale des Messins, regardons de plus près son style de jeu.

Dans une action qui commence après 20 minutes de jeu, on voit que le bloc messin n'est pas parfaitement aligné, les milieux faisant du marquage individuel dans l'axe :


Mais on observe surtout que Mikautadze n'est pas visible - en effet, il ne participe pas aux efforts défensifs, gardant toute son énergie pour quand ses coéquipiers récupèrent le ballon. Ce qui arrive dans cet exemple quand l'ailier gauche - Diallo - dépossède un adversaire...


... le ballon arrivant à un coéquipier. Mikautadze fait un appel en profondeur en partant de loin par rapport aux défenseurs centraux - on reviendra plus tard sur cet aspect. Pourtant, la passe n'est pas à destination de l'avant-centre, mais de l'ailier :


C'est seulement ensuite, quand l'ailier se retrouve en position de centre, que Mikautadze est recherché :


Ce fonctionnement des Messins sur les contres a été récurrent, c'est rare que leur meilleur atout soit recherché directement par les ballons, il doit être présent à la finition, pas pour faire la dernière passe. Les seules fois où il a reçu le ballon après une récupération de balle c'est quand il était déjà excentré :


Dans cet exemple à la 13e minute, une passe verticale adverse est bien lue par un défenseur messin, qui gagne le duel et donne le ballon à l'ailier droit. Qui joue avec un coéquipier...


... et fait ensuite un appel, tout comme Mikautadze, qui part de devant les défenseurs vers le couloir gauche. Comme dans l'exemple précédent, la passe part vers la gauche, où l'avant-centre se retrouve à face à face avec un défenseur :


Il le défie balle au pied, mais finit par perdre le ballon, car les Strasbourgeois ont défendu à deux contre lui :



Mikautadze n'est clairement pas un avant-centre qui joue le hors jeu, qui cherche à peser sur les défenses adverses, qui va au duel. Il est un "faux neuf", il joue loin des défenseurs, préférant arriver lancé, balle au pied, même s'il n'est pas souvent servi, comme dans cet exemple peu avant la pause :


Dans une des rares phases de possession messine le ballon circule d'abord à gauche, avant que les Lorrains cherchent à changer de côté :


Mikautadze est seul dans l'axe, loin de la défense, mais il n'est pas servi. Le ballon est dégagé en touche par un adversaire, les Messins construisent à nouveau  :


Pas attaqué, un défenseur central peut monter avec le ballon...


... avant de servir l'ailier gauche. La défense adverse est en place, il n'y a pas de décalage, Mikautadze n'est toujours pas recherché, alors les Messins repassent en arrière :


Il faut observer le déplacement intelligent de leur avant-centre, qui commence à s'excentrer doucement vers la gauche, pendant que le jeu se déroule à droite :


Ainsi, quand l'ailier droit est lancé dans son couloir et pendant que l'ailier gauche fait un appel dans l'axe qui fixe la défense...


... Mikautadze, qui s'était fait oublié à l'opposé, est tout seul.

L'avant-centre messin est le plus dangereux quand il arrive lancé, balle au pied, face au jeu. Dans cet exemple après la pause, une autre phase de transition pour les Lorrains, avec un ballon récupéré sur la ligne médiane...


... par l'ailier gauche. Diallo avance balle au pied pendant que Mikautadze attend la passe sans faire des appels en profondeur. Il reçoit le ballon...


... et se retrouve en un-contre-un devant un défenseur. Il fixe, s'écarte pour ouvrir un angle de tir...


... et ajuste le gardien adverse. Une action qui résume parfaitement l'approche offensive messine : phase de transition, ailier gauche qui cherche l'avant-centre et le talent de ce dernier fait la différence en un-contre-un.


Conclusions


Voici donc le dernier adversaire des Verts cette saison. Les Messins ne veulent pas avoir le ballon, ils défendent à 10, leur approche se basant entièrement sur le bloc solide et les phases de transition. De loin leur plus important joueur, Mikautadze est un faux neuf. Il ne fait pas d'efforts défensifs, il ne participe pas spécialement au jeu, il cherche à se faire oublier par la défense. Il préfère recevoir les ballons dans les pieds et défier ensuite les défenseurs. Il semble que les Strasbourgeois avaient fait le plan de toujours le prendre à deux - la seule fois où il s'est retrouvé contre un seul défenseur, il a marqué...


dimanche 19 mai 2024

QRM - ASSE, 2-1 (Sissoko)

Pourtant, Dunkerque avait fait le job...


Peu croyaient qu'Angers ne battra pas Dunkerque à la maison... et pourtant s'est arrivé. Une victoire à Rouen, déjà relégué, aurait donc permis aux Verts de monter en Ligue 1. Mais non, les joueurs ont été incapable de marquer, gaspillant un nombre incroyable de situations.

Il n'y a pas de renseignement tactique à tirer. Le staff a fait le choix de la paire d'ailier Cardona-Mbuku, gardant Cafaro en joker. Et, en absence de Monconduit, blessé, de ne pas titulariser Tardieu :

C'est donc Moueffek qui a été choisi comme sentinelle, laissant sa place de relayeur à Bouchouari. Les choix n'ont pas été ni payants ni ratés, les Stéphanois ont eu plusieurs occasions nettes de marquer. Ils l'ont pas fait, les adversaires ont ouvert le score sur CPA et la montée en Ligue 1 doit encore attendre...

dimanche 12 mai 2024

ASSE - Rodez, 1-1 (Nadé)

Quel gâchis !


Les Verts ont été incapables de maintenir leur avance au score lors des leurs deux derniers matchs et la montée en Ligue 1 devient beaucoup plus improbable...

La déception après le match contre Rodez est importante, surtout vu l'évolution des scores (celui des Stéphanois, mais aussi des Angévins à Annecy). Juste avant la pause...


... les Verts étaient virtuellement promus, avec un match restant, trois points d'avance et une différence de buts favorable. Une heure plus tard, à la fin de la soirée, la situation avait complètement changé :


Qu'Angers retourne le score lors de son match, c'est normal, ils avaient absolument besoin de gagner pour monter. Mais le même besoin existait aussi pour les Verts, qui ont pourtant concédé une égalisation en fin de match, comme une semaine plus tôt. Une conséquence logique, car ils n'ont pas du tout abordé la deuxième période de la bonne manière...

Pour un premier exemple, dès le début de la 2MT, une touche stéphanoise est vite jouée par Cardona, pour Appiah, qui lui rend le ballon :


8 joueurs ruthénois défendent contre 7 stéphanois présents dans la moitié adverse, laissant donc Petrot, Nadé et Briançon s'occuper des deux avant-centres adverses. Mais le latéral gauche monte aussi...


... quand Monconduit oriente le jeu dans son couloir. Malheureusement la passe est imprécise, Petrot est trop court, le défenseur arrive au ballon avant lui :


Petrot est donc éliminé et, pire, Nadé aussi, car il se jette pour couper la montée balle au pied du latéral adverse. Le résultat de cette perte du ballon et mauvaise défense est terrible :


Briançon se retrouve à défendre seul contre deux attaquants, qui en plus jouent bien, un faisant un appel à droite...


... avant de lancer l'autre à l'entrée de la surface. Heureusement pour les Verts, le contrôle de ce dernier n'est pas bon et Appiah peut revenir lui fermer l'angle de tir : 


Le contre est ralenti, mais il reste encore un adversaire libre dans la surface - Petrot tacle et intercepte la passe qui lui était adressée. Si Monconduit, Appiah et Petrot avaient fait l'effort de revenir pour aider leur capitaine, Nadé n'était pas encore revenu...

Même pas deux minutes plus tard, encore une touche stéphanoise à droite dans la moitié adverse, cette fois-ci jouée par Appiah pour Monconduit :


Toujours les mêmes 7 stéphanois dans la moitié adverse, contre 9 adversaires. Et toujours une passe imprécise de Monconduit, qui cherche Cardona, mais un Ruthénois intercepte et avance avec le ballon...


... avant de lancer en profondeur un avant-centre. La défense est moins en sous-nombre cette fois-ci, Petrot et Briançon couvrent la projection des autres attaquants, mais Nadé se trouve en un-contre-un :


Heureusement, il ne se fait pas éliminé par le crochet de l'avant-centre adverse, reste devant lui et lui subtilise le ballon au moment où il préparait sa frappe.

Il est difficile de comprendre pourquoi les Verts se découvraient à se point, surtout qu'il menaient au score contre une équipe habituée à jouer long et rapidement en transition. Au contraire, vu que Rodez avait besoin de points, c'était plutôt les Stéphanois qui aurait du jouer en contre, comme par exemple trois minutes plus tard :


Tous les Verts sont dans leurs derniers 30 mètres contre 8 adversaires, une attaque placée ruthénoise qui commence par une touche, suivie par un centre dans la surface. Nadé s'impose facilement et dégage de la tête jusqu'à Monconduit, qui écarte - aussi de la tête - en latérale jusqu'à Cardona :


Les Verts peuvent partir en contre, mais il le font intelligemment, sans se débarrasser du ballon, car ils sont tous bas. Cardona joue avec Chambost, qui joue en arrière avec Moueffek, le temps que ses attaquants montent :


Moueffek - Chambost - Cardona, le ballon circule dans l'autre sens, mais verticalement et les Stéphanois se retrouvent en 3-contre-2. Une situation très bien exploitée par la suite...


... quand Cardona, après avoir remonté avec le ballon, lance Cafaro à gauche, qui trouve Sissoko parfaitement seul à l'opposé, dans la surface. Mais l'avant-centre stéphanois ne prend pas la bonne décision, hésite et le temps de se mettre en position de tir, l'angle avait été fermé. 

Même sans procéder en contre les Verts pouvaient faire mal à la défense adverse en 2MT sans tous se jeter en attaque. Comme Rodez avait besoin de jouer plus haut, il suffisait d'une ou deux bonnes passes pour se créer une situation intéressante, comme par exemple après l'heure de jeu :


Une relance qui part de Nadé, le ballon arrive à Briançon via Tardieu, qui avait remplacé Monconduit. Les deux équipes sont en place, on voit bien le triangle pointe basse du milieu stéphanois, la défense à 3 ruthénoise, pas loin de la ligne médiane :


Cardona est facilement trouvé par Briançon avec une passe verticale - le piston adverse défend seul dans le couloir, entre Appiah et Cardona. Le défenseur axe gauche adverse sort sur Cardona, qui joue avec Sissoko, qui fait un appel dans son dos. 


L'avant-centre stéphanois joue en arrière avec Appiah, qui redonne à Tardieu dans l'axe. Et avant même que le ballon arrive au milieu, Cardona démarre son appel en profondeur, où il est parfaitement servi en première intention. 

Il se retrouve ainsi seul dans la surface, Moueffek et Cafaro s'y étaient projetés aussi, mais le premier n'arrive pas à bien reprendre le centre et les Verts gâchent encore une grosse opportunité. 



Conclusions


Les protégés d'Olivier Dall'Oglio ont clairement du mal en cette fin de saison, mais la frustration est encore plus grande car ils ont plein d'opportunités de tuer les matchs. Ils ouvrent le score, obligent leurs adversaires à se découvrir et profitent bien des espaces offerts ensuite... jusqu'au dernier geste. Le pire c'est qu'ils n'avaient absolument pas besoin de se découvrir à ce point, se jeter en attaque laissant seulement un défenseur ou deux derrière. Surtout en tout fin de match - l'égalisation adverse vient d'un ballon perdu par Nadé (!) dans la surface adverse. Ils ont laissé deux points en route, une semaine après avoir fait la même chose à Guingamp et ils ont quasiment hypothéqué les chances d'une montée directe. Car à la montée via les barrages, la déception des joueurs est si grande qu'il est évident qu'ils y croient pas...