ASSE - Angers, 3-3 (Cardona x2, Ekwah)

Quand ça veut pas...

Cruel dénouement pour les Verts qui ont perdu gros dans le temps additionnel suite au 13e penalty concédé cette saison, le 2e dans le match...

Le staff stéphanois a effectué quelques changements dans le 11 de départ pour la réception d'Angers, mais le système en 4-3-3 et l'animation défensive ont été préservés :

Maçon a fait son retour de blessure, en latéral droit, Petrot retrouvant sa place à gauche. Au milieu Tardieu a encore une fois été préféré à Mouton et en attaque Cardona a été préféré à Boakye - choix payant, deux buts marqués - et N'Guessan à Davitashvili - choix raté, l'ailier géorgien entrant à la pause pour délivrer deux passes décisives.

Sur cette image en début de la 2MT on voit l'animation défensive des Verts, avec ce 4-4-2 losange qui densifie le milieu mais abandonne les côtés. Et si la plupart des équipes mettent en difficulté les Stéphanois en changeant vite de côté, les Angevins n'ont pas eu besoin, leurs milieux ont fait la différence dans l'axe. Par exemple, en toute fin de 1MT...

... le latéral gauche adverse est trouvé par son gardien. Maçon est loin - c'est normal, c'est pas à lui de défendre là, Ekwah (le plus excentré des trois milieux stéphanois) l'est aussi. Le latéral ne monte pas avec le ballon dans le couloir, le jeu est calmé et le bloc stéphanois se met en place :

Dans le 4-3-3 d'Horneland ce n'est pas l'ailier qui doit chercher le latéral adverse, dans ce cas N'Guessan pour le droitier qui est recherché. Mais le milieu relayeur, Bouchouari sur cet exemple. Sauf que quand il coulisse vers le couloir...

... il n'y a plus personne au marquage du milieu axial, complètement libre entre les deux lignes de 3 stéphanoises. Le ballon est de nouveau envoyé en arrière, mais il revient vite dans le bloc-passoire des Verts :

Les trois milieux adverses se trouvent et combinent facilement, les trois offensifs stéphanois n'empêchent en rien la construction. Et si en théorie le milieu adverse est bloqué par la ligne de trois milieux stéphanois, il ne faut pas oublier les couloirs :

Bouchouari, Ekwah et Tardieu ne peuvent pas à la fois gérer leurs adversaires directs dans l'axe et bloquer les latéraux adverses dans les couloirs. Le gaucher angevin est ainsi trouvé complètement libre par la passe d'un de ses milieux et il a le temps d'ajuster son centre...

... à destination du même milieu, qui s'était projeté, sans avoir été suivi. Heureusement, il n'arrive pas à bien tapper dans le ballon et Nadé finit par dégager un centre-tir adverse. 

A peine une minute plus tard, le latéral droit angevin est de nouveau trouvé dans son couloir :

Les Verts sont en place et chacun bloque bien son adversaire direct, il n'y a aucun déséquilibre. Cardona sort sur le défenseur central, Stassin est au marquage du milieu axial, Tardieu bloque le couloir :

Les autres milieux adverses sont loin, dans la zone d'Ekwah et Bouchouari, pendant que Maçon surveille les appels de son ailier. Et pourtant, dans deux passes les Verts sont complètement éliminés...

... car ils ne suivent pas du tout les appels adverses. Enfin, Ekwah suit le milieu axial qui décroche pour être trouvé par la passe du latéral, mais de très loin et il n'empêche pas la remise dans le couloir, là où l'autre milieu s'était projeté, suivi ni par Stassin ni par Tardieu. L'Angevin peut donc avancer seul dans le couloir :

C'est du 4-contre-4 pour la défense stéphanoise, ce n'est pas idéal, mais ça peut être pire. Car quand le latéral gauche adverse monte lui aussi dans le couloir...

... il n'est suivi par personne et Maçon doit défendre seul contre deux adversaires. Heureusement, Larsonneur capte le centre qui suit.

Conclusions

Le choix tactique de défendre en densifiant l'axe et en abandonnant les couloirs est assumé, mais pour qu'il soit payant, il faut gagner la bataille du milieu. Car si les milieux stéphanois n'y sont pas à la hauteur, la défense se retrouve très en difficulté, surtout sur les côtés. A la fin du match on retient ensuite la souffrance des latéraux, les soucis en un-contre-un des centraux, mais souvent c'est car ils se trouvent en déséquilibre, abandonnés. Quant à l'apport défensif des trois offensifs, il est très faible : là aussi intentionnel, ils doivent rester haut pour déclencher et exploiter des phases de transition - mais quand est-ce qu'ils en ont profité réellement la dernière fois ? Et pourtant, malgré les difficultés rencontrées, les Verts ne sont pas passés loin d'une victoire, qui aurait été si importante dans la course au maintien...

Marseille - ASSE, 5-1 (Stassin)

Surclassés

Les Verts se sont logiquement inclinés à Marseille dans un match à sens unique...

Le staff stéphanois a fait des choix forts pour ce déplacement, les deux recrues de janvier débutant le match sur le banc. Si Bernauer n'a pas encore joué en Vert, Cardona a continué son alternance "une mi-temps chacun" avec Boakye. Tardieu a été préféré à Mouton au milieu et Petrot a joué... 

... latéral droit. Après avoir dépanné dans l'axe droit de la défense centrale contre Rennes, le gaucher formé au club a du remplacer dans le couloir droit Appiah et Maçon, blessés. Si en 1MT les Verts ont été positionnés dans le 4-3-3 habituel, comme on le voit sur l'image précédente, un changement tactique important est intervenu au retour des vestiaires, la position de Bouchouari étant très différente. Voici quelques exemples, dont le premier à la 48e minute...

... nous permet de voir avec quelle facilité les Marseillais se sont défaits du pressing stéphanois. Les 3+3 Verts pressent haut, Bouchouari se trouve à gauche, haut, au pressing du défenseur axial droit adverse. Le pressing n'en est pas un, les Stephanois sont loin de leurs adversaires, qui combinent tranquillement dans l'axe...

... avant d'écarter sur le côté. Les Verts étant tellement resserrés dans l'axe, ce n'est même pas le piston gauche adverse qui est trouvé, mais le défenseur axe gauche. Cardona, qui devait bloquer sa progression, est derrière...

.. et Petrot doit surveiller le piston, collé à la ligne de touche. Ce qui écarte la défense à 4 des Verts, l'avant-centre étant facilement lancé en profondeur. Son centre touche le coude de Nadé et l'OM marque son deuxième but sur penalty.

Si Bouchouari était normalement le milieu relayeur droit dans le système de Horneland, il a constamment été à l'aile gauche en 2MT, les Verts défendant parfois dans un espèce de 4-2-4 :

Et si avec trois milieux ils ont du mal à gérer la largeur du terrain, c'est facile à imaginer ce qui se passe avec seulement deux... 

A la 56e minutel les 3 offensifs se font baladés par les passes marseillaises, le ballon arrive finalement au piston gauche. Ça repart en arrière...

... et à part un positionnement haut, dans la moitié adverse, on ne peut pas appeler ce que les Verts font un pressing. Bouchouari est au marquage du défenseur axial droit adverse, mais le jeu est envoyé à l'opposé...

... où Ekwah ne peut pas coulisser si vite pour aider Petrot, qui se retrouve à gérer deux adversaires. Le piston marseillais entre dans la surface et l'action se finit avec un gros tir sur le poteau de ce défenseur axial droit qui était surveillé au début de l'action par Bouchouari. Qu'on retrouve ensuite à sa place habituelle sur la relance de jeu qui suit :

4-3-(3) avec Ekwah pointe basse, Bouchouari est trouvé par une passe verticale de Batubinsika. Sans des vraies solutions proposées par ses compères du milieu...

... il rate sa passe dans l'axe, les Marseillais récupèrent haut le ballon, mais décident de calmer le jeu et repassent par la défense. Les Verts proposent donc leur bloc en 4-3-3...

... mais avec Bouchouari à hauteur des offensifs et Davitashvili qui le remplace dans la ligne des milieux. Une compensation normale, sauf que quelques secondes plus tard...

... c'est de nouveau un 4-2-4 stéphanois et un boulevard à la droite de la défense. Heureusement pour les Verts, leurs adversaires n'insistent pas, le ballon est de nouveau envoyé dans les pieds des 3 défenseurs...

... et le 4-2-4 stéphanois c'est presque un 4-2-3-1 avec Bouchouari le plus haut sur le terrain. Le ballon circule vers la droite de l'attaque et l'inversion du jeu est plus que logique...

... car deux Marseillais se trouvent seuls à l'opposé. On note sur cette image que le même défenseur axial droit de l'OM est très haut, avoir interchangé avec le piston. Les Stéphanois défendent presque en infériorité numérique...

... les combinaisons dans la zone de Petrot sont faciles, il n'y a aucune compensation au deuxième poteau, et après plusieurs tirs dans la surface, le défenseur adverse marque le troisième but de son équipe.

Un 4e quelques minutes plus tard a signé un quart d'heure catastrophique pour les Verts en ce début de deuxième période, à la fin duquel le staff stéphanois a sorti Bouchouari. Mouton est entré en tant que relayeur droit dans le 4-3-3 habituel et les Verts ont passé une dernière demi-heure plus tranquille, mais le mal était fait.

Conclusions

Difficile à dire si la sortie de Bouchouari était une punition pour non-respect des consignes tactiques ou tout simplement les consignes étaient tellement du n'importe quoi qu'elles l'avaient mis en difficulté. En tout cas, les dirigeants et le staff stéphanois ont pu admirer exactement le style de jeu qu'ils déclarent aimer voir : grosse intensité dans les courses et les duels, possession haute, des dédoublements, un pressing sans pitié, surtout à la perte du ballon pour étouffer l'adversaire et ne pas le laisser jouer. C'est juste dommage que c'était l'adversaire qui avait les joueurs pour développer ce style de jeu, pas les Verts...

ASSE - Rennes, 0-2

Le petit jeu

Grosse désillusion pour les Verts, qui s'inclinent logiquement à domicile et perdent ainsi du terrain dans la course au maintien...

En absence de Batubinsika (suspendu) et Benauer (recruté blessé), c'est le gaucher Petrot qui a été choisi par le staff stéphanois pour l'axe droit de la défense :

Cornud a pris sa place de latéral gauche et Abdelhamid et Briançon ont été laissés sur le banc. Le dernier est quand-même entré dans le temps additionnel pour ses premières minutes cette saison :

A ce moment les Verts avaient déjà changé le trio offensif Boakye-Stassin-Davitashvili étant remplacés par Cardona - Sissoko - N'Guessan et au milieu Tardieu avait remplacé Mouton dès la mi-temps. Pour le reste, les titulaires habituels et le style de jeu classique sous Horneland.

Une des caractéristiques du jeu stéphanois a été soulignée par l'entraîneur rennais: "Saint-Etienne a été intéressant dans le petit jeu, techniquement, mais on n’a pas ouvert les intervalles". Voici un exemple en fin de match...

... qui commence par une récupération de Bouchouari, le tacle envoyant le ballon à Cornud. Les Verts cherchent à bonifier cette phase de transition...

... et via Nadé, le ballon arrive à Ekwah, qui ouvre très bien le jeu dans le couloir droit. Appiah et Cardona cherchent tous les deux le ballon, c'est l'ailier qui le récupère :

La recrue stéphanoise n'avance pas vite, les Rennais se regroupent et une attaque placée se met en place. Enfin, appelons ça plutôt un toro à 3 avec Cardona, Appiah et Tardieu :

Cardona pour Appiah, qui donne à Tardieu...

... qui échange avec Cardona, qui lui redonne le ballon. Appiah de nouveau, qui le redonne à Cardona...

... qui le garde un peu en reculant le long de la ligne de touche, avant de jouer en arrière avec Petrot. On ne sait pas si un quatrième joueur avait le droit de participer au Toro...

... mais ce n'était qu'une petite parenthèse. Petrot redonne le ballon à Cardona, qui joue avec Tardieu...

... qui échange avec Appiah, il le reçoit de nouveau, il le donne à Cardona, qui le donne à Appiah...

... qui rejoue avec Cardona, qui joue avec... Tardieu. Pendant tout ce temps à se faire la passe à trois dans ce petit périmètre, le bloc adverse est resté en place, aucun décalage n'a été créé. Ces trois joueurs ont beaucoup bougé entre eux pour s'offrir des solutions, mais ont ignoré celles proposées par d'autres joueurs, comme Bouchouari. Finalement, Tardieu décide de déclencher l'attaque... 

... en cherchant en profondeur N'Guessan, qui remet en arrière pour Appiah. La "frappe" de gauche du latéral droit stéphanois arrive mollement dans les bras du gardien adverse.

Si les Verts se sont montrés à l'aise dans ce "petit jeu", il a été complètement inefficace. Pire, il se sont montrés moins à l'aise quand il s'agissait de profiter des espaces ou des phases de transition. Par exemple, à la 56e minute...

... Cornud dégage de la tête un centre adverse. Le dégagement est un peu raté, mais Ekwah prolonge jusqu'à Bouchouari. Le milieu stéphanois garde le ballon...

... le temps d'avoir une solution pour jouer vers l'avant. Elle vient d'Ekwah, qui se propose, reçoit le ballon dans sa course et lance Cardona dans le couloir droit. Dans deux passes les Verts sont passés au delà du contre-pressing rennais...

... et s'offrent une belle situation à jouer, avec Cardona, Stassin et Davitashvili contre les trois centraux adverses. L'ailier droit monte balle au pied...

... pendant que Stassin fait un appel à droite et Davitashvili un autre à gauche. C'est le dernier qui est choisi, mais la passe est mal assurée :

Elle arrive dans le dos de l'ailier gauche, qui met du temps à reprendre le contrôle du ballon. La transition mal négociée, il n'y a plus de déséquilibre, les Rennais se sont regroupés :

Davitashvili échange avec Tardieu, avant d'essayer un petit jeu à trois avec Cardona, qui redonne à Tardieu ...

... mais ce dernier rate sa passe à destination de Cornud et le ballon sort en touche.

Pour ne pas remuer le couteau, on ne montrera pas d'exemples des transitions rennaises, les nombreuses fois en 1MT quand les situations de 2-contre-2 ou 3-contre-3 ont été nettement mieux jouées. Mais on peut regarder une attaque construite, qui montre que c'est facile de profiter des espaces :

En première période un pressing stéphanois classique oblige le gardien adverse de dégager loin. Malgré le pressing haut, les Verts ne sont pas en déséquilibre :

Les 4 défenseurs et Ekwah devant eux ont à gérer 3 offensifs. Cornud gagne son duel aérien, mais le ballon est dégagé loin et récupéré par un défenseur adverse. Qui se défait du pressing en dribblant Davitashvili :

Via un milieu, le ballon arrive au piston droit adverse. Cornud sort sur lui, Ekwah couvre derrière - Les Verts défendent bien et obligent leurs adversaires de jouer en arrière :

Sur cette image on voit qu'Appiah, Bouchouari et Boakye sont loin du couloir droit, donc les Rennais envoient le ballon vers ce côté :

La défense à 3 leur permet d'élargir le jeu et le piston adverse est lancé sur le côté. Les Stéphanois coulissent pour couvrir :

Boakye est dépassé, Appiah bloque le couloir, Bouchouari le retour vers l'axe. Le piston gauche adverse joue avec un milieu...

... qui ouvre parfaitement à l'opposé, où l'autre piston est complètement libre. Cornud avait resserré dans l'axe avec le reste de la défense, Mouton pareil avec le milieu et Davitashvili était très loin. Le Rennais peut donc avancer jusqu'à l'entrée de la surface stéphanoise...

... et heureusement, la reprise de son centre passe juste à côté de la cage de Larsonneur. 

Conclusions

Au delà de l'aspect comptable - les Verts avaient l'opportunité de doubler leur adversaire du jour au classement, maintenant ils ont du retard par rapport au maintien direct - c'est surtout la prestation des protégés de Horneland qui inquiète le plus. Se faire plein de passes dans un petit périmètre sans créer de décalage, ne pas savoir profiter des espaces dans le bloc adverse, faire un pressing haut facilement déjoué et se découvrir ainsi derrière, tout miser sur une densité dans l'axe et faciliter les attaques d'un adversaire qui sait utiliser la largeur... Que des éléments qui font que la défaite est méritée et le maintien difficile à chercher.