dimanche 24 février 2019

Dijon - ASSE, 0-1 (Subotic)

Courage, Gaby !


Les Verts ont réussi à gagner à l'extérieur (seulement la troisième fois en Ligue 1 cette saison) - une petite victoire, mais importante dans la course à l'Europe.

Malheureusement, la victoire à Dijon a été entachée par la grave blessure de Gabriel Silva, qui sera absent jusqu'à la fin de la saison. Avec celle de KMP la semaine dernière, le 3-4-1-2 stéphanois des deux derniers mois n'a plus sa paire de pistons. Pire, les deux étaient ceux qui pouvaient suppléer Debuchy en latéral droit - si le titulaire continue à ne pas pouvoir enchaîner les rencontres, le staff des Verts aura des sacrés casse-têtes à résoudre. Surtout que Polomat, le piston gauche remplaçant, est sorti à son tour légèrement blessé à la cheville de cette rencontre.

Pour en finir avec le point infirmerie, une déclaration de Gasset au micros télés après la rencontre laisse entrevoir un changement tactique pour les matchs à venir. Comme Subotic était encore malade, avec de la fièvre - il avait manqué le précédent match suite à un virus - il dit avoir préféré sécuriser la défense en les faisant jouer à 3 derrière. Ce qui laisse donc penser que sans KMP la défense à 5 aurait été abandonnée, et qu'on se dirige donc vers un retour d'une défense à 4 pour les matchs à venir.

Par contre, pour ce match, c'était bien le 3-4-1-2 habituel, dans lequel les Verts ont été dominateurs, mais tranquillement, sans forcer. Une large possession, des situations intéressantes de temps en temps, faisant courir l'adversaire en attendant que ça sourit. Mine de rien, ils ont tiré 16 fois au but et ils ont eu quelques occasions intéressantes. Les exemples suivants illustrent différents aspects du jeu stéphanois : construire les attaques, défendre et procéder en contre sur les phases de transitions. Avec un léger focus sur un élément (pas très) important dans leurs offensives.


Première période


On joue la 17e et les défenseurs de l'ASSE construisent patiemment une attaque en se passant le ballon :


Aït Bennasser et M'Vila sont près de la défense, pendant que Cabella se trouve très haut, excentré à droite. Il décroche et reçoit le ballon du premier milieu axial...


... avant de remonter un peu le terrain et de lancer le piston droit stéphanois, Gabriel Silva. Les Verts attaquent à 4 (Silva - Polomat dans les couloirs, Khazri - Diony dans l'axe) contre un bloc sur deux lignes de 4. Même si la passe de Cabella permet de passer la première ligne, il y a une trop faible présence dans la surface pour que le centre du latéral brésilien puisse être repris. Néanmoins, les Dijonais ont du mal à se dégager - ils y parvient, mais seulement pour perdre la possession immédiatement. Le ballon arrive de nouveau dans la défense stéphanoise :


Cabella est toujours placé à côté de Silva - il est trouvé par la passe de Subotic, mais préfère jouer en arrière, avec Perrin. Subotic reçoit de nouveau le ballon...


... qui arrive de nouveau à Cabella, via Aït Bennasser, et de nouveau une passe en arrière vers le défenseur serbe. Qui décide maintenant de jouer latéralement vers Kolo, qui monte un peu avec le ballon...


... avant d'essayer une passe en profondeur, n'ayant pas d'autres solutions. Ses deux milieux axiaux sont en latéral, Cabella au côté opposé, Khazri et Diony n'ont pas décroché, la seule possibilité aurait été Polomat, mais il était marqué de près. Le ballon est facilement intercepté par un défenseur.


Un quart d'heure plus tard, c'est au tour des Dijonnais de construire une attaque, pendant laquelle il faut surveiller le positionnement respectif des milieux des deux équipes :


Le duo Aït Bennasser - M'Vila est bien en place, tout comme la paire Cabella - Khazri qui empêche les passes vers les deux milieux défensifs adverses. Le ballon est envoyé vers le latéral gauche, donc Silva monte le chercher. Le défenseur de Dijon change de côté...


... et la paire Cabella - Khazri empêche toujours le jeu dans l'axe. C'est autour de Polomat de sortir sur le latéral adverse...


... qui combine avec un milieu, qui n'avait pas du tout été suivi par Khazri. M'Vila est donc obligé de sortir, pendant que l'ailier droit adverse fait un appel dans le dos de Polomat. Kolo doit sortir à son tour...


... et le milieu dijonnais joue parfaitement le coup, faisant à chaque fois des appels dans les espaces libérés par un Stéphanois. C'est donc Aït Bennasser qui est aspiré...


... et le milieu offensif adverse est donc complètement libre dans l'axe, surtout que Silva et Perrin ont deux attaquants à surveiller et ne peuvent pas sortir. Son tir de loin est cadré - leur seul de la première période - mais sans problèmes pour Ruffier.


Même pas deux minutes plus tard, le goal dijonnais cherche son avant-centre avec un long dégagement :


Le ballon est dévié vers le meneur de jeu, qui repique dans l'axe. Il est suivi par Gabriel Silva et Cabella se replie aussi. Entre les deux, il perd le contrôle...


... et les Stéphanois récupèrent la possession, avec M'Vila. Une passe verticale trouve Khazri et les Verts essayent de se montrer dangereux sur cette phase de transition.


Cabella se projette vite dans le couloir droit, il reçoit le ballon, mais préfère temporiser - avec Khazri et Diony ils étaient 3 contre 7 adversaires. Il joue donc en retrait pour Aït Bennasser...


... qui lance parfaitement Gabriel Silva à droite. Non seulement plusieurs adversaires ont été éliminés par la passe et le latéral brésilien est bien décalé dans son couloir, mais en plus le rapport de forces est plus équilibré dans l'axe, avec Khazri et Diony contre trois défenseurs :


Le premier fait un appel au premier poteau, Cabella et M'Vila sprintent pour proposer des solutions aussi, mais Diony ne bouge pas :


Le centre de Gaby cherche donc M'Vila, qui contrôle et enroule une frappe - elle partait bien, mais elle a est repoussée en corner par un défenseur.


Deuxième période


Si l'exemple précédent met en évidence une non participation de Diony au jeu stéphanois, ce n'est malheureusement pas une exception, comme le montre une statistique toute simple : le nombre des ballons touchés - 15 en première période, 6 en deuxième avant de sortir. Pour mettre les choses en perspective, en 1MT tous les autres joueurs de champ en ont touché au moins le double - même Ruffier, pourtant pas sollicité, en a touché plus que lui. Khazri, l'autre avant-centre, a touché le double des ballons de Diony en 1MT et le triple en 2MT avant la sortie de l'ancien Dijonnais. Pourtant, on ne peut pas dire que sa contribution offensive a été complètement nulle, comme le montre cet exemple qui commence tout de suite après la triste sortie de Gabriel Silva :


L'attaque est construite patiemment par la défense des Verts et le ballon est envoyé à gauche, où Polomat le relaye jusqu'à Cabella. Dos au but, celui-ci préfère jouer en arrière avec M'Vila...


... qui trouve de nouveau Polomat, avec un passe qui élimine la ligne des milieux adverses. Le latéral gauche et Cabella échangent quelques passes sans combiner avec Diony, à proximité :


Ce jeu attire un bon nombre de défenseurs adverses, l'idée est donc de changer de côté. C'est fait en jouant en arrière avec M'Vila...


... qui écarte avec Perrin. Le capitaine stéphanois voit l'appel de Khazri et lui donne le ballon :


Le contrôle orienté de l'avant-centre élimine deux adversaires et lui permet de se tourner face au jeu. Nordin, le nouveau latéral des Verts, fait un appel à droite mais il n'est pas servi. Diony, auparavant excentré, fait un appel vers l'axe, sans être servi non plus. Mais son appel resserre la défense et un beau décalage est créé à gauche, où Khazri envoie le ballon :


Le 2-contre-1 est très bien joué par Polomat, qui lance Cabella dans la surface - son tir cadré est repoussé par le gardien. Dans la surface, on peut voir Nordin, suivi par un défenseur, et Diony, entouré par trois ! Même s'il ne participe pas activement au jeu, sa présence et ses déplacements peuvent être utiles, en monopolisant des défenseurs. Après, il peut y avoir débat : si on utilise un avant-centre qui ne construit pas, qui sert seulement à fixer la défense et qui doit se contenter de très peu de ballons, est-ce qu'il n'y en a pas en autre plus efficace dans l'effectif ?



Sinon, pour revenir au déroulement du match, l'ASSE a évolué dans le dernier quart d'heure dans un système plus classique, en 4-2-3-1 :


Saliba est entré en latéral droit, Nordin est monté en ailier et Abi est entré à l'aile gauche - les trois remplaçants stéphanois étaient très jeunes et, avec cette série de blessures, ça deviendra une habitude lors des prochains matchs. Sur l'image ci-dessus, prise à la 80e avant une frappe de Nordin au dessus de la transversale, on peut aussi voir une différence importante entre les deux équipes. Les Verts ont 4 défenseurs qui ne montent pas, ils attaquent seulement avec 4 joueurs, mais gardent la paire M'Vila - Aït Bennasser en contrôle du milieu. Par contre, les Dijonnais sont complètement coupés en deux, entre les 4 attaquants qui ne descendent pas et les 6 défenseurs.



Conclusions


Qu'est-ce qu'on peut donc retenir de ce match ? Comme la semaine dernière, une grave blessure. Et il faudra que cette habitude cesse, sinon dans quelques matchs l'ASSE devra aligner les U19. Déjà, à Dijon les trois entrants étaient jeunes et le seul joueur de champ expérimenté sur le banc était Beric. D'ailleurs, sa non-titularisation peut être vue comme une surprise. C'était un match dominé par les Verts, où l'avant-centre titulaire a fait un match "à la Beric" : invisible dans le jeu, très peu de ballons joués, en se contentant de fixer la défense - avec la partie "se procurer une seule occasion, mais la mettre au fond" en moins. Bref, les remplaçants étaient jeunes et ils ont fait ce qu'ils ont pu, certains plus à l'aise que d'autres. Mais peu importe, à la fin c'est les trois points qui comptent, les Stéphanois ont gagné - une victoire méritée, obtenue sans forcer. Il faudra par contre élever leur niveau de jeu lors des deux prochains matchs, contre deux concurrents directs, s'ils veulent viser plus haut que la cinquième place.

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