lundi 29 février 2016

ASSE vs PSG, avant-match

Cette formation semble imbattable (2)


Avant le quatrième match de la saison contre l'ogre parisien, nous regardons de plus près les options possibles pour inquiéter cette équipe presque imbattable et chercher ainsi une qualification en demi-finale de Coupe de France.

Le système de jeu parisien


Le PSG joue dans un 4-3-3 qui a comme but d'avoir une grande possession du ballon (67% en moyenne), très basse (moins de 20% des passes dans les 30 derniers mètres). Les deux ailiers entrent souvent vers le centre, libérant ainsi les couloirs pour les latéraux qui montent. Les milieux de terrain jouent bas et gardent bien le ballon, bien aidés par les latéraux et la pointe qui descend pour décrocher, mais surtout par leur grande maîtrise technique. Pour avoir une idée, voici les passes effectuées par le PSG lors de la 1ère mi-temps de leur dernier match (à Lyon) - en bleu les passes réussies, en rouge celles ratées:


Pour contrer cette équipe, lors des trois matchs précédents, Galtier a essayé trois systèmes différents, qui seront analysés par la suite.

Les chercher haut


Lors de la première confrontation, en championnat, les Verts ont proposé un 4-2-3-1 placé très haut sur le terrain. Le but? Empêcher le jeu de construction / possession que le PSG pratique dans sa propre moitié de terrain. Et, accessoirement, ce système est le complément parfait du 4-3-3 parisien, les stéphanois étant ainsi placés en un contre un au milieu:

Le résultat: 4-1 pour le PSG (2-0 à la mi-temps), avec une grosse domination parisienne. Pourquoi la tactique Verte n'a pas marché? Le talent individuel parisien a fait la différence, nos joueurs se faisant facilement éliminés, mais surtout la capacité de leurs milieux à toujours se placer dans des zones libres. Et comme le bloc stéphanois était haut, ces espaces abondaient...

Défendre très bas


Lors de la deuxième confrontation, en huitième de finale de la Coupe de la Ligue, les Verts ont proposé un 4-5-1 placé très bas sur le terrain. Le but? Éliminer les espaces entre les lignes et empêcher les ballons long derrière le bloc (directement dans les bras du gardien). De plus, si le PSG aime tourner le ballon dans sa propre moitié, ils n'ont qu'à le faire, c'est en dehors du bloc Vert, donc sans danger:

Le résultat: 1-0 pour le PSG avec un but à la 85ème contre une équipe constituée des jeunes et des remplaçants. Même s'ils ont perdu, les stéphanois ont bien résisté, ils n'ont pas concédé des grosses occasions. Par contre, ils ont été quasi inexistants en attaque et le meilleur qu'ils pouvaient espérer c'était un nul, pas une victoire.

Gros pressing en un contre un


Lors de la troisième confrontation, en championnat, la première dans le chaudron, les Verts ont proposé un 3-4-3 assez inhabituel. Le but? Prendre les parisiens en un contre un partout sur le terrain (3 défenseurs centraux vu que leurs ailiers entrent souvent), forçant ainsi la sentinelle adverse de reculer pour aider ses défenseurs, cassant donc le bloc parisien:

Le résultat: 2-0 pour le PSG (0-0 à la mi-temps avec quelques bonnes occasions stéphanoises). La différence a été faite à l'heure de jeu par la fatigue des Verts (un pressing constant demande beaucoup d'énergie), mais aussi par les changements effectués dans le milieu parisien.

Et pour le 4ème match?


Dans le seul match à domicile jusqu'à maintenant, la tactique a été de les presser, de les contrarier - si on marque sur nos temps forts, le doute peut vite s'installer dans leurs têtes. Mais de l'autre côté, c'est un match de coupe et les Verts sont très fatigués - ce sont des arguments pour retrouver un bloc très bas et la recherche d'un 0-0 (ou un espoir sur CPA). 

La réponse mercredi soir (ou avant, avec la conférence de presse et l'annonce du groupe). Mais il ne faut pas oublier qu'au delà du système proposé ou de l'animation mise en place, le résultat d'un match tient aussi de la fraîcheur physique et surtout mentale des joueurs. Et nos Verts semblent partir avec un handicap pour ce match - c'est fort probable que la préparation de Galtier est axée plus sur ce point là que sur la tactique.

dimanche 28 février 2016

ASSE vs Bâle, 1-2 (Sall)

Ah, le terrible ascenseur émotionnel! Avant la double confrontation, tout le monde était d'accord, Bâle partait favori. Après le 3-2 à l'aller, même s'il y avait des motifs d'espoir, les suisses semblait plus dans la maîtrise. Et quand on match retour ils ont marqué le but qu'il leur fallait à la 15ème minute, tout semblait dit. Tout le reste du match a été marqué par une nette domination stéphanoise*, mais terriblement stérile.

Vers la fin du match, le sentiment de résignation était bien présent. Le double carton rouge n'a rien changé. Et puis, sorti de nulle part, un but magnifique de Bayal Sall, toujours suite à un coup franc, à la 89ème minute! Quelle joie, quel bonheur! Et quelle désillusion 2 minutes plus tard quand Bâle marque de nouveau!

C'est le foot et c'est comme ça. Au delà de la qualification ratée, il y a des gros motifs de satisfaction. Une campagne européenne bien plus réussie que la saison dernière, non seulement en termes de résultats, mais aussi en termes de jeu proposé, malgré les blessures importante. L'équipe progresse et acquiert de l'expérience, comme le coefficient le montre aussi.

L'apprentissage passe par des exemples, négatifs parfois. Les buts encaissés en fin de match sont une situation bien trop fréquente pour les Verts le dernier temps. Le jour où le mental ne leur fera plus défaut, un cap sera passé. Tout est dans la tête, mais ça se travaille. Et ça sera le cas, j'en suis convaincu!

* Après avoir été dominés au centre du terrain à domicile, partiellement grâce à la contribution de l'ailier Embolo, les Verts ont donné une leçon au suisses. 59% de possession, 195 ballons joués par le trio du milieu stéphanois contre seulement 111 pour le trio bâlois. Cantonné sur le côté, Embolo a été bien muselé par Tabanou et KTC. Donc un plan de jeu Vert très bon, pile ce qu'il fallait. Malheureusement, offensivement nous n'avons pas su concrétiser la domination. Dans le jeu, les Verts ont tiré 8 fois (2 cadrés) et le suisses 7 (3 cadrés, 1 but). Il sert à rien de dominé si on n'en profite pas...

vendredi 26 février 2016

RCT vs Oyonnax, 44-13

Après la désillusion d'avoir perdu sur le fil le match à Bordeaux, un nouveau match à l'extérieur attendait les toulonnais. Une large victoire, bonus offensif à la clé, 5 essais marqués et tout est rentré en ordre: 6 points sur deux déplacements est une très bonne moyenne. 

Si le score final peut faire penser à un match dominé de bout en bout par le RCT, les stats révèlent autre chose. Si on se fit à la moyenne des 6 matchs de Coupe d'Europe comme le standard des bons matchs toulonnais, ce match à Oyonnax n'est pas si réussi:

  • plus de jeu au pied pour les toulonnais (9,6%) que d'habitude (6,6%), jeu plutôt dans le terrain toulonnais (47% occupation) - tout ceci indique un match dans lequel le RCT a attendu les attaques, a défendu, et a planté le couteau au bon moment
  • il faut remarquer que la qualité des attaques d'Oyonnax n'a pas été extraordinaire, les toulonnais réussissant 89% de leurs plaquages (contre seulement 83% en moyenne)
  • si sur les mêlées ça a été très propre, chaque équipe gagnant 100% de ses introductions, le RCT a bénéficié d'une autre rampe de lancement, les touches (86% des propres touches, 10% des touches adverses gagnées, légèrement plus que la moyenne)
D'ailleurs, les touches représentent clairement le moyen préféré des toulonnais pour lancer des attaques dévastatrices, clairement préparées à l'entraînement. On a analysé dans un article précédent les deux essais marqués suite à des touches dans les 22m adverses. Ce fut le même cas dans ce match à Oyonnax:

4ème minute, touche dans les 22m adverse. Touche à gauche, attaque au large vers la droite: 9 - 10 - 12, point de fixation central, 9 - 10 - 13 - 15 plaqué. Sur le ruck suivant les joueurs d'Oyonnax se mettent à la faute, penal-touche à 5m, parfaite pour les gros: ballon porté, sorti vite et premier essai du match, de Bastareaud.

54ème minute, touche à droite sur la ligne des 22, attaque au large vers la gauche. 9 - 10 - 12, point de fixation central, 9 - 10 - 13 - 15 - 11 sur l'aile, essai. Dans 6 passes et 10 secondes, seulement un point de fixation, le ballon est déjà à l'aile opposée. La défense n'a quasiment aucune chance de glisser si vite (sauf s'ils veulent laisser des gros trous). 


La qualité de cette action et son importance pour le RCT et telle que Fernandez-Lobbe déclarait que c'est ce type de jeu qu'ils cherchent à produire. 

Coefficient ASSE en Coupe d'Europe (2)

Le coefficient des Verts


La campagne européenne 2015-16 vient de se finir pour l'ASSE avec une nette progression par rapport à l'année dernière, mais aussi avec un goût amer suite à la qualification en 8èmes ratée à la dernière minute. Néanmoins, cette progression est aussi visible dans le coefficient UEFA des Verts, qui a augmenté de 16,983 l'année dernière à 25,916 cette année, plaçant ainsi les Verts au 81ème rang européen. Comme il reste encore une équipe française en course, le QSG, ce coefficient peut encore augmenter, mais superficiellement: si le QSG gagne absolument tous les matchs, y compris la finale, le coefficient de l'ASSE augmentera de 0,5 points seulement.

A quoi ça sert ?


Le coefficient d'un club est utilisé pour le tirage au sort dans des tours préliminaires et des poules dans les deux compétitions. En supposant que l'ASSE se qualifiera pour une autre campagne européenne la saison prochaine, à quoi nous donnent droit nos 26 points ? Pour avoir une idée, voilà le coefficient qui a été nécessaire pour des différents tirages au sort en coupe d’Europe en 2013 / 2014 / 2015 respectivement :

Tête de série 3ème tour préliminaire EL: 9,266 /   8,720 / 10,375
Tête de série 4ème tour préliminaire EL: 9,951 / 12,399 / 12,276
 
Tête de série 3ème tour préliminaire CL non-champions : 46,400 / 32,840 / 31,483
Tête de série 4ème tour préliminaire CL non-champions : 70,766 / 61,387 / 56,276
 
3ème chapeaux pour le tirage des poules EL:    8,125 / 12,459 / 15,099
2ème chapeaux pour le tirage des poules EL:  15,922 / 25,328 / 35,460
3ème chapeaux pour le tirage des poules CL : 53,922 / 54,542 / 43,602

 
Même si tout dépend des équipes qualifiées, on peut tirer quelques conclusions :
  • si on joue des tours préliminaires d’EL, on sera tête de série
  • si on joue des tours préliminaires de CL, on ne sera pas tête de série
  • si on joue les poules d'EL on sera dans le 3ème chapeau ou avec un peu de chance dans le 2ème
  • si on joue les poules CL, on sera dans le 4ème chapeau
Pour rappel, une équipe éliminée en 3ème tour préliminaire de CL est renversée dans le 4ème tour d'EL. Et une équipe éliminée en 4ème tour préliminaire de CL est renversée dans les poules EL. Une équipe éliminée en tour préliminaire EL reste éliminée.

mardi 23 février 2016

ASSE vs Basel, 3-2 (Bayal, KMP, Bahebeck)

16ème de finale de l'Europa Ligue! 


Tout est dit, c'est Saint-Etienne en Coupe d'Europe! L'objectif clairement affiché par le club était de se qualifier des poules, donc il a été atteint. De ce point de vue, cette double confrontation contre le FC Bâle ressemble à des matchs de gala. Mais les Verts ne peuvent pas prendre un rendez-vous européen à la légère, le nouvel objectif est de se qualifier et faire un beau parcours.

Analyse d'avant-match

Sur les forums des poteaux carrés j'avais fais avant le match une petite analyse sur la tactique à employer, la voilà. Au delà du système, je crois que tout se jouera sur la gestion du match. Avec notre public et la fougue de nos attaquants, on aura des temps forts, on va bien secouer les suisses. Et puis on va lever le pied pour souffler un peu, en espérant qu'ils deviennent pas dangereux. Et on recommence. Si on concrétise dans ces périodes là, on est bien, sinon ont souffrira. A mon avis, c'est notre point fort, c'est sur ça qu'on va s'appuyer comme tactique.

Mais, en tant qu'entraîneur adverse qui a identifié cette tactique probable de la part des Verts et qui a à sa disposition une équipe qui aime le ballon, la réponse est simple. Si les suisses prennent le contrôle du match et ont la maîtrise du ballon, ils vont imposer leur rythme à eux. Qui sera fait pour nous empêcher d'avoir des temps forts, pour nous couper l'élan.

Bref, à mon avis, celui qui contrôle le rythme du match aura les chances de l'emporter. Si c'est nous, on va l'emballer, on va leur marcher dessus (à des reprises, pas sans arrêt). Si c'est eux, ils vont nous endormir, puis accélérer à des moments clés, quand ça leur convient et quand ça nous fera le plus mal...

Le match


Malheureusement, j'avais vu juste. Après 10 minutes de feu et l'ouverture du score, les Verts ont commencé à subir, les suisses prenant le contrôle du match. L'impression d'une forte domination au milieu du terrain à été ressentie par tout le monde - l'explication est donnée dans un autre article.

Les stats montrent plusieurs aspects de ce contrôle suisse du match, mais aussi l'intensité mise par les stéphanois pour les contrer:
  • 55,1% de possession de ballon pour Bâle
  • jeu accéléré par les suisses dix minutes avant et après la mi-temps, quand 6 des 7 tirs dans le jeu ont été effectués (et les deux buts de Bâle marqués)
  • à titre comparatif, l'ASSE n'a effectué AUCUN tir dans le jeu avant le dernier quart d'heure - ils en ont tiré trois en marquant un but dans les derniers 15 minutes
  • 30 tacles faits par les stéphanois (20 réussis), 27 pertes de balle suisses suite à l'impact physique vert
La hargne a été stéphanoise, la maîtrise suisse, mais à la fin, c'est toujours grâce au coups de pied arrêtés que la victoire a été verte, même si les deux buts adverses ont été encaissés de la même manière. Ce ne fut que la première manche - le match retour restera indécis. Si Bâle a bien lu le jeu stéphanois et a su appuyer sur les points faibles, les Verts ont clairement montré qu'ils se laissent pas marchés dessus et ils gardent une option pour la qualification.

ASSE vs OM, 1-1 (KMP)

Le point faible


Depuis début février, les Verts sont revenus dans un système 4-1-4-1 (ou 4-3-3) pour retrouver une sérénité défensive. Si les résultats sont là - aucune défaite en six matchs - la question se pose: ont-ils un point faible dans ce système?

4-1-4-1 contre 4-2-3-1


Pour identifier l'éventuel point faible des Verts en 4-3-3, il faut d'abord regarder le système de l'adversaire. Souvent il joue en 4-2-3-1 - ce fut le cas des deux derniers matchs, contre Bâle et à Marseille. Comme déjà rappelé dans un article précédent, ces deux systèmes sont symétriques:


Pour qu'une formation qui défend en 4-1-4-1 soit donc mise en danger, il faut qu'un surnombre soit créé par l'adversaire. Soit par l'exploit technique individuel (un joueur qui se fait éliminer par son adversaire direct), soit par un jeu de passes et de mouvement. L'exemple type est l'ailier qui pique vers l'intérieur, amenant avec lui son défenseur et créant ainsi un espace dans lequel le 10 ou le latéral peuvent faire un appel:

Bien évidemment, la réponse défensive vient par la communication et par le déplacement intelligent: soit chaque défenseur suit son adversaire direct, soit chacun reste dans sa zone en prenant en charge un autre adversaire. Dans tous les cas, l'objectif initial d'avoir un défenseur central de plus que les attaquants sert exactement ce genre de situation. Si un latéral est éliminé, le défenseur central va le couvrir. Si un milieu est éliminé, le défenseur latéral peut monter d'un cran pour empêcher l'adversaire de tirer.

Bâle et OM


Voilà pour la théorie. Elle est importante parce que si on regarde les deux derniers matchs des Verts, on peut observer des similitudes. Tout d'abord, les deux adversaires utilisent le même système 4-2-3-1 et font preuve d'une meilleure maîtrise du ballon que l'ASSE (55.1% pour Bâle, 57% pour OM avant le carton rouge). Cette possession leur a permis de construire des attaques en appuyant toujours sur ce mouvement type. Un ailier pique vers le centre (Embolo pour Bâle, Thauvin et plus rarement Nkoudou pour OM), ce qui crée des mouvements. Et, malheureusement, assez souvent le bloc vert n'arrive pas à bien colmater les espaces créés par ces appels.

22ème minute du match à Marseille


Prenons un exemple dans le dernier match des Verts, à Marseille. Sur cette capture d'écran on peut bien voir le bloc stéphanois en 4-1-4-1, presque parfaitement aligné, sauf KTC (DD) qui monte  chercher leur ailier gauche Nkoudou (AG). Notre sentinelle, Selnaes ("6") et leur meneur, Cabella ("10") sont entre les lignes:



12 secondes plus tard, leur AG fait un appel vers l'intérieur, suivi par son adversaire direct, KTC (DD). Leur défenseur gauche (DG) fait l'appel dans l'espace laissé libre, suivi par son adversaire direct, Tannane (AD). Selnaes coulisse aussi un peu pour colmater la brèche si besoin. A noter par contre que leur ailier droit (Thauvin, AD) a aussi piqué vers l'intérieur, entre les lignes - son adversaire direct (Assou-Ekotto - DG) le suit, mais préfère rester dans la ligne avec la défense. Pour l'instant ce sont des déplacements standard, le bloc stéphanois couvre bien:

Par contre, 9 secondes plus tard, une situation de déséquilibre a été créé au centre du terrain. Comme l'AG marseillais est très central, KTC a du le laisser et a repris son poste. Selnaes est resté orienté vers la droite de notre défense, tout comme les deux autres milieux - c'est presque normal, vu que le jeu est sur ce côté. Mais les deux ailiers et le "10" marseillais sont tous de l'autre côté: surnombre des Verts dans un périmètre, surnombre de l'OM dans un autre:

Bahebeck, notre AG, n'a pas le choix, il doit serrer au centre pour combler le sous-nombre. Et 13 secondes plus tard, le décalage parfait est trouvé sur le côte droit de l'attaque:



A noter qu'à ce moment-là, le bloc stéphanois était de nouveau aligné, on voit bien le 4-1-4-1 et tous les marseillais sont dans des positions normales. Mais Selnaes se retrouve entre les lignes sans adversaire, Bahebeck doit serrer au milieu et donc le défenseur droit marseillais est complètement libre. Il est ensuite trouvé, Assou-Ekotto doit monter sur lui, ce qui libère Thauvin (AD) qui reçoit le ballon dans la surface, centre, frappe de Nkoudou et gros arrêt de Ruffier.

Une superbe attaque préparée par l'OM, le tout parti avec des appels vers l'intérieur faits par les ailiers marseillais, réponse correcte du bloc stéphanois qui se positionne pour combler les trous, repositionnement standard des ailiers marseillais et... repositionnement lent du bloc vert qui n'arrive pas à coulisser assez vite. A noter également que pendant tout ce temps, Sall n'a jamais eu d'adversaire, il n'a jamais pris le "9" marseillais pour libérer Pogba qui aurait pu libérer Assou-Ekotto qui aurait pu combler le sous-nombre. Autrement dit, le surnombre en défense centrale, censé aider dans ce genre de situations, n'a jamais été utilisé...

Les appels d'Embolo et Bjornasson

On ne va pas détailler une phase de jeu pour le match contre Bâle, mais il suffit de regarder deux captures d'écran pour montrer le positionnement d'Embolo (qui à ce moment là jouait ailier gauche, pas droit) et l'appel de Bjornasson (numéro 8, mais qui joue en poste de "10"):

Bjornasson se place inteligement derière Lemoine (MC), pas dans la zone de Clément (notre "6"), donc il aspire le premier quand Embolo fait son appel. Et quand KTC (DD) renonce à suivre son adversaire parce qu'il avait trop reculé, le bloc stéphanois est cassé:

Lemoine laissera le "10" à KTC, mais il reviendra lentement vers sa zone. Clément sera pris entre le milieu central et la zone vide de Lemoine, peu importe ce qu'il choisit, un déséquilibre à été créé.
Ce type de mouvement a été répété sans cesse pendant les phases de domination suisse et a créé l'impression d'une domination de leur milieu. Sauf que cette domination n'est pas venue directement de leurs 3 milieux centraux, mais plus de leur ailier qui leur a prêté un coup de main. Il suffit pour cela de regarder les endroits où Embolo a touché le ballon pendant la première mi-temps:

Il a joué 38 ballons, plus que n'importe quel stéphanois sur la première période. Et à titre de comparaison, nous deux ailiers ont joué ensemble 40 ballons avec un placement plus standard:

Conclusions

Je ne crois pas que c'est le hasard qui fait que les deux derniers adversaires des Verts, avec un profil similaire (capables de faire le jeu) ont usé de la même tactique pour déstabiliser le bloc stéphanois. Ils ont clairement identifié un point faible de notre système défensif et ils ont essayé de l'exploiter. Mais il y a des raisons pour être optimiste. Dieu va bientôt revenir et sa vision du jeu et sa communication vont beaucoup aider le bloc défensif à colmater les brèches. Si les problèmes défensifs des Verts dans ce genre de situation ont été visibles à la télé, il est fort probable que Galtier en soit conscient et qu'il prenne des mesures. Et il ne faut pas oublier qu'il faut un certain type d'adversaire pour appuyer sur ce point faible: bientôt on ne rencontrera plus que des adversaires "plus faibles", qui ne seront pas capables de produire le jeu contre nous et donc de chercher à nous mettre dans des situations défavorables régulièrement.

mardi 16 février 2016

ASSE vs Monaco, 1-1 (Bayal)

"L’équipe a mis de l’allant, de l’enthousiasme, de détermination. Malheureusement, mes joueurs ne sont pas récompensés(...) Nous n’avons pas su être décisifs dans nos temps forts" - les mots de Galtier en conférence de presse près le match nul contre Monaco. L'évolution du score (1-1, égalisation monégasque dans les dernières minutes) confirme une partie de cette analyse. Regardons par la suite l'autre partie, est-ce que les Verts ont eu des vrais temps forts?


La réponse, moins politiquement correcte, est oui, on leur a marché dessus en première période, à un niveau qu'on a rarement vu les Verts capable de produire contre un adversaire de se calibre. Pour souligner cette domination verte, quelques chiffres à l'appui, comme dans les articles précédents, mais pour comprendre leur signification, voilà d'abord la moyenne des deux équipes sur cette saison de Ligue 1:
  • l'ASSE et l'ASM affichent une possession moyenne d'environ 50-51%
  • l'ASSE réussit 76% de ses passes en moyenne, pour 79% du côté de l'ASM
  • le nombre de tirs par match est en moyenne de 12 pour l'ASSE et 11 pour l'ASM
On aurait donc pu assister à un match équilibré entre ces deux équipes. Cependant, les trois graphiques ci-dessous montrent des chiffres très différents de la moyenne pour, en ordre, la possession du ballon, le pourcentage de passes réussies et les tirs effectués par tranche de 15 minutes:

La première période des Verts est tout à fait remarquable, ils ont tout simplement écrasé les monégasques avec une possession du ballon au delà des 60% et avec plus des tirs dans une mi-temps que la moyenne sur un match entier. Mieux, si d'habitude sur cinq passes les joueurs de l'ASM en ratent une, pendant cette mi-temps ils en ont raté deux... Preuve de la pression mise en place par les stéphanois, de l'impossibilité de se retrouver sur le terrain. 

Malheureusement le score était vierge à la pause et les choses se sont partiellement équilibrées ensuite. La faute à la fatigue stéphanoise, à un meilleur positionnement du milieu monégasque ou à un choix tactique stéphanois, Galtier leur demandant peut-être de garder des forces pour le match de jeudi? Difficile à dire, mais les faits de jeu de la deuxième période ne semblent pas avoir une grande influence:
  • le but de Sall à la 57ème arrive à la fin du premier quart de la 2ème période, pendant lequel les Verts avaient déjà raté beaucoup des passes et la possession était plus équilibrée
  • les changements à la 67-68ème (passage de l'ASM de 4-3-3 en 4-4-2, Pogba pour RPG et Lemoine pour Cohade pour l'ASSE) n'ont pas rendu les monégasques plus dangéreux
  • le changement à la 77ème de Tannane pour Eysseric marque le début du meilleur quart stéphanois de la 2ème période en terme des passes réussies et tirs... et pourtant on a pris un but

Conclusion 

Comme Galtier et les joueurs, les supporters ont le droit de se sentir déçus du résultat, du score mais aussi d'avoir raté la possibilité de se rapprocher à seulement trois points de la deuxième place. On peut râler contre l'arbitrage, contre le fait qu'on lève le pied en 2ème mi-temps, contre le fait qu'on rate beaucoup d'occasions. Mais on peut aussi se réjouir. Parce que dominer de telle manière une grosse équipe, ce n'est pas donné. Ou ce n'était pas donné pour nos Verts il y a quelques semaines. Qu'on ne laisse pas la frustration d'un match nul nous faire oublier le match à Nantes il y a 5 semaines, le jeu produit contre les vilains il y a 4 semaines ou le match à Reims il y a 3 semaines. Oui, oui, ça fait pas si longtemps, n'est-ce pas? Frustrés par le résultat ou par des faits de jeu? Je le comprends. Mais heureux de voir une telle progression et confiants pour l'avenir!

vendredi 12 février 2016

ASSE vs Troyes, 2-1 (Tannane, Maupay)


Troisième match de Coupe de France 2016 pour l'ASSE et troisième fois que les Verts jouent des prolongations. Trois buts ont été marqués, nous analysons un d'entre eux pour en tirer trois enseignements.

Le but de Tannane...


Après un coup franc d'Eysseric, le but est invalidé pour un hors-jeu de Dekoke et les troyens jouent vite. Toute l'équipe stéphanoise se replie et même si le bloc n'est pas parfaitement en place, la menace d'un contre est éteinte:
Les défenseurs (Pogba - 2, Dekoke - 3 et Brison - 4) sont en place, à l'exception de Malcuit (7) qui est légèrement avancé, ce qui oblige la sentinelle, Selnaes (6) de couvrir derrière lui. Lemoine (8) et Pajot (5) sont au milieu et le premier fait un pressing pour récupérer le ballon.
Le pressing est payant, le ballon est récupéré et glissé vers le centre du terrain, où Pajot (5) est démarqué. A noter que dès que la possession a changé, Malcuit a entamé un appel sur son aile:
Malcuit (7) continue sa course sur l'aile droite, pendant que Tannane (10), bien démarqué demande le ballon à Pajot (5). Mais ce dernier préfère temporiser pour quelques secondes, pour laisser le temps à Malcuit de bien avancer:
Tannane (10) a compris l'intention de Pajot, ainsi que Roux (9) qui commence un appel vers la droite, où le jeu sera fait. Après 4 secondes, Pajot fait enfin la passe à Malcuit (7), bien avancé et démarqué sur l'aile.
Roux et Tannane font le même appel, toujours sur le côté droit, maintenant que Malcuit a le ballon. Mais quand Tannane comprend l'appel de Roux, ainsi que le fait qu'il va aspirer tous les défenseurs, il change son appel vers l'intérieur et le gros trou dans la défense qui a été créé:
Malcuit passe au long de la ligne à Roux qui a attiré deux défenseurs, mais qui a aussi pris l'information sur l'appel de Tannane. Il joue donc en première intention, remisant vers l'intérieur de la surface:
Passe parfaite, dans la course, aucun défenseur pour intervenir, deuxième but de Tannane en Vert!
 

...et de trois autres joueurs


Pajot est parfois critiqué, il ne semble pas avoir ni la gnaque de Lemoine, ni la technicité de Cohade au milieu. Et pourtant il est souvent bien placé et il ne panique pas, il lève la tête avant de passer pour trouver la meilleure option. De plus, ses passes sont souvent précises et dans le bon tempo, comme dans l'action ci-dessus.

Malcuit aime attaquer, il se projette vite vers l'attaque, étant ainsi trouvé souvent par ses partenaires dans la moitié adverse. Ça déséquilibre le bloc défensif, ce qui n'est pas forcement un problème contre un adversaire qui défend, mais qui peut poser des soucis si notre équipe est dominée. La discipline tactique et le positionnement en défense sont des choses qui viennent avec de l'expérience, il a donc une bonne marge de progression devant lui.

Roux aime jouer en pointe de l'attaque, ce qui a été le cas jusqu'à l'entrée de Maupay, quand il a glissé sur l'aile droite. Ceci risque d'être le cas contre Bâle aussi, vu que Söderlund ne peut pas jouer ces matchs là. Et pourtant, il semble évident que son apport est très intéressant sur l'aile droite. S'il ne veut plus jouer là-bas, il doit arrêter de décrocher comme ça, et surtout de faire des bons centres. Parce que s'il fait des passes décisives de l'aile droite même quand il est censé jouer en pointe, il n'y a plus de débat...

Conclusions


Voilà pour une petite analyse de ce match à Troyes, qui n'a pas été le match le plus abouti de l'année, mais l'essentiel a été assuré. Le quart de finale contre le QSG sera une autre histoire, mais d'autres matchs seront joués avant, alors on ne se projettera pas encore - prenons les matchs les uns après les autres et on verra bien où ça nous amène...

lundi 8 février 2016

ASSE vs Bordeaux, 4-1 (Pajot, Tannane, Söderlund, Roux)

Le Brandao blond

Alexander Söderlund a fait un match plein à Bordeaux, avec un penalty et une grosse occasion ratés en première période et un but et une passe décisive en deuxième - il a donc eu droit aux encouragements de ses coéquipiers à la pause et aux éloges de son entraîneur après le match.

On change pas un système qui gagne


Vu la composition des Verts avec Cohade et Corgnet sur la feuille de match, ainsi qu'un seul ailier de métier, on avait des doutes sur le système tactique choisit par Galtier. Mais ces doutes ont été vite dissipés au coup d'envoi: le même système qu'à Rennes a été reconduit, c'est donc le retour en grâce du 4-1-4-1 (ou 4-3-3 si on veut) dans le jeu stéphanois:




Sur cette capture d'écran on voit bien le bloc stéphanois, ainsi que Clément qui est positionné entre les deux lignes, même s'il n'a pas d'adversaire à cet endroit là.

Quant à Bordeaux, ils avaient joué les derniers matchs dans ce même système, mais Sagnol a voulu changer, en espérant que son milieu prendra le dessus. Les bordelais ont donc commencé en 4-2-3-1, avec le duo Chantome - Arambarri devant la défense et Plasil en "10" devant eux. Ça n'a pas marché, nos vieux briscards, partiellement rajeunis, ont bien contrôlé le milieu. Au point qu'un changement de système et de joueurs a été nécessaire à la pause, les girondins passant en 4-3-3 aussi, avec Plasil et Vada devant Chantome placé en sentinelle. Ça a failli marcher, Bordeaux a contrôlé le milieu du terrain, la différence étant aussi visible dans le statistiques des deux joueurs: dans une mi-temps Arambarri a joué 25 ballons pour faire 18 passes, dans l'autre mi-temps Vada a joué 47 ballons pour 43 passes.

Pour mieux illustrer l'évolution du match, les deux graphiques ci-dessous montrent par tranche de 15 minutes la possession du ballon (Bordeaux vs ASSE) et le pourcentage des passes réussies par les deux équipes:

On peut ainsi voir que le 2ème quart d'heure a été l'exception à la règle, avec une large possession stéphanoise, les girondins étant vraiment embêtés dans la construction (seulement 48% de passes réussies!). Qu'est-ce qui s'est passé? Après une entame de match très efficace de la part des Verts, Bordeaux est très vite revenu au score et l'espoir aurait pu leur donner des ailes... sauf qu'on a pris le contrôle du match et on les a privé de ballon. Pendant seulement 15 minutes, mais largement suffisant pour les calmer et gérer le match.

On peut aussi remarquer que les deux premiers quarts d'heure de la 2ème période ont été largement contrôlés par Bordeaux, allant jusqu'à 87% des passes réussies. Cette domination est même plus accentuée si on regarde les tirs stéphanois: si en première période on a tiré 11 fois (6 cadrés), en deuxième on a été en difficulté, on a été bien dominés (même si stérilement), en tirant qu'un seule fois (Roux frappe sans espoir à la 61ème)... jusqu'à la fin du 2ème quart, quand dans 4 minutes et 2 actions coup sur coup (deux tirs, les deux cadrés, deux buts) on a mis fin à la domination bordelaise en tuant le match, tout simplement.

Ou, comme disait Galtier en conférence de presse, "on a su planter le banderilles au bon moment".

Le jeu dos au but


Les Verts ont donc pu s'appuyer sur un bloc solide, bien en place, capable de défendre sans se mettre en danger, mais aussi de prendre le contrôle du match quand il le fallait. Mais dans ce match on n'a pas que bien défendu, on a aussi très bien attaqué, en étant plutôt efficaces avec nos occasions, mais surtout en s'en procurant plein. Pour être dangereux offensivement à partir d'un tel bloc, les Verts ont usé d'un jeu vertical, en se projetant rapidement vers l'avant. Ils ont pu ainsi s'appuyer sur une combo de feu: avant-centre dos au but, ailiers rapides et milieux précis dans leurs passes. Un très bon exemple est le deuxième but stéphanois: pressing et récupération de Söderlund, remise en retrait pour Corgnet, ballon en profondeur dans la course de Tannane. Ou bien le quatrième but: conservation du ballon dos au but par Söderlund, passe en profondeur dans la course de Roux.

Mais comme ces exemples sont visibles dans le résumé de la rencontre, j'ai choisi un autre, à la 47ème minute. Tout part d'une touche bordelaise, le bloc stéphanois est assez bas (les défenseurs sont sur la ligne de 16m). Gros pressing autour du ballon de Tabanou (13), Pajot (5) et Clément (6), ce dernier arrive à le récupérer.
A noter la position des "milieux", Tannane (4), Cohade (10) et Roux (9), ainsi que Söderlund n'est même pas à l'écran. Clément ne se précipite pas, mais effectue une passe vers l'avant pour trouver Söderlund (23) le dos au but. Celui-ci sert comme point d'appui, nos deux ailiers démarrant une long course.
La remise de Söderlund est pour la course de Roux, malheureusement le défenseur girondin avait bien lu le jeu et intercepte. Ça ne sera que partie remise, mais néanmoins le bloc stéphanois a bien pu remonter pendant le temps que Söderlund a gardé le ballon (3 secondes).
Pas satisfait d'avoir eu sa passe interceptée, le norvégien presse le défenseur, Pajot serrant aussi vers le ballon:
Ce pressing porte ces fruits, le ballon est récupéré par les Verts et arrive dans les pieds de Cohade (10). Les deux ailiers sont toujours dans une bonne position suite à leur premier appel, pendant que les défenseurs stéphanois se retrouvent à 35m de leur but maintenant:
Les appels sont vers la profondeurs, Cohade remonte avec le ballon et fini par faire une merveille de passe à Tannane, qui est fauché dans la surface, sans que l'arbitre intervienne:
A noter que Söderlund n'avait pas fini son action, après avoir gardé le ballon avec un défenseur sur le dos, après avoir essayé de lancer Roux, après avoir pressé pour récupérer le ballon, il était de nouveau dans la surface, prêt à le recevoir...

L'apport de Söderlund


Notre avant-centre norvégien nous a montré plusieurs facettes pendant ce match. Il peut faire une première période pauvre d'un point de vue individuel (déchets dans la finition), mais riche d'un point de vue collectif. Et comme il a bien fondu dans le groupe, ses coéquipiers ne l'ont pas laissé tomber à la pause. Ensuite, en deuxième période, il a planté les banderilles (but et passe décisive), montrant qu'il peut avoir un apport individuel aussi.

Non, notre avant-centre norvégien n'est pas le plus fin technicien. Non, il ne cadre pas tout ses tirs, il rate même des occasions franches ou des penalties. Non, il ne gagne pas tout ses duels. Mais il remet souvent le ballon à ses coéquipiers, il joue pour les autres. Il met des buts improbables, mais tellement importants. Il presse sans arrêt, sans jamais fatiguer (il a fait son 3ème match plein dans une semaine). Et il se bat comme un malade, en faisant des fautes et en subissant aussi, pesant lourdement sur la défense. Est-ce qu'il est le meilleur avant-centre du championnat? Non. Est-ce qu'il est important pour notre équipe? Mais bien sûr qu'il l'est, surtout dans ce système qui nous a amené deux victoires à l'extérieur consécutives!




vendredi 5 février 2016

ASSE vs Rennes, 1-0 (Bayal Sall)

Les trois vieux briscards du milieu

Clément, Lemoine et Cohade ont eu droit aux éloges de Galtier après la victoire à Rennes. Si leur domination sur le milieu rennais a été évidente pour tout le monde (sauf les bienveillants commentateurs télé), la question se pose: comment ont-ils fait?

4-4-3 contre 4-2-3-1

Les deux équipes ont commencé le match avec deux systèmes similaires, quatre défenseurs, trois milieux axiaux et trois attaquants. La différence majeure entre les deux, par contre, a été dans le positionnement des 3 milieux. Pour les Verts, le triangle au milieu avait la pointe (Clément) vers la défense, on appelle ceci un 4-3-3. Pour Rennes, le triangle avait la pointe (Quintero) vers l'attaque, on appelle ceci un 4-2-3-1.
La beauté de cette opposition est que les deux triangles sont symétriques, donc il est assez facile de faire du un contre un au milieu du terrain. On a donc assisté à des duels Cohade - Sylla, Lemoine - Gelson et Clément - Quintero, duels gagnés presque sans exception par nos joueurs. 

Il n'y a rien d'extraordinaire dans cette opposition, souvent les équipes utilisent un de ces deux systèmes et ces triangles restent quand-même assez théoriques, ne justifiant pas en eux-même l'impression de domination sans appel du milieu stéphanois. Il y a plusieurs facteurs qui ont contribué à cette large domination stéphanoise et nous allons les regarder avec un exemple pratique, des captures d'écran allant de la 37ème à la 40ème minute.

4-3-3 ou 4-1-4-1

En phase défensive, une équipe qui joue en 4-3-3 est en fait positionnée en 4-1-4-1, les deux attaquants latéraux descendant au niveau de milieux. L'image ci-dessous est un exemple type:
La ligne de quatre défenseurs n'est pas très bien en place, KTC (DL) a du monter chercher son attaquant (N'tep). On voit bien Clément (MD) et son adversaire, Quintero (MO) entre les lignes, on voit bien la première ligne de quatre avec les deux attaquants au même niveau que les deux milieux centraux (MC) stéphanois. A noter également que le bloc Vert est assez compact.

Cette image ne montre rien en elle-même, sauf que les deux attaquants latéraux de l'ASSE sont très disciplinés tactiquement, ils se replient en situation défensive. 

Une équipe coupée en deux

Ceci est tout le contraire des rennais, la plupart des quatre éléments offensifs (3 attaquants et un milieu offensif) ne faisant pas l'effort nécessaire:
Sur cette image on voit les Verts en attaque, avec KTC monté très haut, pendant que son adversaire direct (N'tep) n'est nulle-part à l'écran. Tout comme le 10 rennais d'ailleurs, en fait le seul élément offensif qui fait l'effort dans cette situation c'est Dembele.

Malheureusement pour Rennes, si leurs attaquants ne descendent pas... leur défense ne monte pas non plus:
Sur cette image on voit les quatre offensifs rennais essayant de faire un pressing (à noter que Lemoine (MC) et Clément (MD) avaient changé de place). Mais le bloc de Rennes est tellement coupé en deux que les défenseurs et les deux milieux centraux ne sont pas visibles, regardez l'espace que Cohade (MC) a pour recevoir le ballon. Et quatre secondes plus tard on a un plan plus large qui montre la profondeur du bloc rennais:
Gelson (MC rennais) était monté, mais sans être couvert par son coéquipier (l'autre MC), Cohade bénéficiant toujours de plein d'espace. Pour l'anecdote, cette phase de jeu est celle où les Verts ont enchaîné 16 passes courtes consécutives (presque la moitié pour Cohade), mais ce que les chers commentateurs ont retenu a été la perte du ballon...

Déplacements intelligents

Les Verts ont donc profité des espaces dans le bloc rennais, mais ils ont aussi su les créer. Regardons 17 secondes de possession de balle stéphanoise et le déplacement de Lemoine par rapport à son adversaire direct, Gelson:
Ballon récupéré par Tabanou qui se projette vers l'avant, KMP il est en bas de l'écran. 4 secondes plus tard, les appels des attaquants stephanois (regarder la position de KMP) font descendre le bloc rennais, Lemoine restant au même niveau:
Jeu court stéphanois au centre du terrain, la première ligne défensive rennaise monte... mais pas les défenseurs, espace créé entre les lignes:
Cohade se trouve déjà entre les lignes, mais pris par son adversaire direct. Alors Lemoine, qui se trouve depuis le début dans le rond central, y va aussi:
Gelson s'occupe de la ligne défensive, il ne fait pas de marquage homme-à-homme, donc Lemoine profite tranquillement pour se positionner où il faut:

Beaucoup critiquent le jeu latéral ou en arrière de Clément, mais les passes avec la défense ont un rôle très important, celui de donner le temps aux coéquipiers de se déplacer, pour faire bouger le bloc et ensuite se placer dans les espaces. 

Intelligence de jeu

Il est difficile d'illustrer la dynamique du jeu avec seulement des captures d'écran. Néanmoins, on peut retenir plusieurs choses de ce match. Nos trois milieux ont été comme des poissons dans l'eau dans le système mis en place par Galtier. Clément a bien muselé le meneur de jeu adverse, Lemoine s'est bien déplacé dans les espaces créés, tout comme Cohade qui a été très propre techniquement. Ils ont été bien aidés par la faible densité rennaise au milieu (faute à la fois à des attaquants qui ne descendent pas, mais aussi à des défenseurs qui restent trop bas), mais ils ont aussi su se créer cette situation. Et Courbis ne s'est pas trompé quand à la mi-temps, il a sorti un attaquant pour rajouter un milieu, pour densifier cette zone. Malheureusement pour lui, nos trois vieux briscards avaient faim ce jour-là et ils ont pu bouffer ce milieu en plus sans trop de soucis...

jeudi 4 février 2016

Les poules de la Champions Cup 2016

Le site espn.co.uk propose des statistiques assez détaillés pour les matchs de rugby. Après avoir regroupé celles des 6 matchs de poule joués par le RCT en Champions Cup cette année, il est temps de voir si des renseignements peuvent en être tirés. 

Pour rappel, les rouges et noirs ont débuté la poule par une lourde défaite chez les Wasps, pour enchaîner ensuite avec 5 victoires de rang, sans aucun bonus, contre Leinster x 2, Bath x 2 et Wasps. En regardant les graphiques ci-dessous, il faut donc s'en rappeler que le premier match est égal à une lourde défaite et les suivants à des courtes victoires.

Type de jeu proposé

Les chiffres qui nous intéressent sont liés à l'utilisation du ballon: au pied, passes ou courses effectués, à la possession du ballon et l'occupation du terrain, mais aussi au nombre de plaquages essayés (plus des plaquages signifie plus de temps passé à défendre).
On peut ainsi observer plusieurs choses:
  • le RCT joue toujours entre 50 et 55% de ses ballons à la main, et 6-7% au pied
  • malgré la défaite à Wasps, le RCT à bien dominé ce match là, avec 60% de possession et occupation
  • Bath nous a bien bougé dans les deux matchs, la plus faible possession et occupation de tous le matchs, aussi bien à domicile qu'à l'extérieur
  • c'est les Wasps à Toulon qui ont proposé de loin le plus de jeu contre nous, en nous obligeant de faire quasiment 50% plaquage de plus que dans les autres matchs

Qualité de l'attaque

Les chiffres qui nous intéressent sont liés au nombre des défenseurs battus et des passes après contact, mais aussi des ballons récupérés par l'adversaire sous la forme des rucks perdus par le RCT ou des pertes de ballon concédées.
On peut ainsi observer plusieurs choses:
  • le match à domicile contre le Leinster a été le pire, mais on a pris la revanche à l'extérieur avec beaucoup de passes après contact
  • les défenseurs de Wasps ont été régulièrement battus, dans les deux matchs
  • C'est d'ailleurs surprenant de ne pas avoir gagné largement le match à domicile contre Wasps, vu qu'on les a bien transpercé et qu'on a perdu très peu de rucks
  • Perdre 5% des rucks est dans la moyenne, ainsi que concéder 15-20 turnovers, il faut s'attendre à un taux de déchets en attaque de cet ordre de grandeur

Qualité de la défense

Les chiffres qui nous intéressent sont liés à la qualités de nos plaquages, mais aussi à la présence défensive dans les rucks, aux ballons grattés.
On peut ainsi observer plusieurs choses:
  • 80-85% des plaquages réussis est une bonne moyenne
  • le match à Leinster est le meilleur de ce point de vue, très peu de plaquages ratés. Par contre, très peu de ballons grattés aussi, ce qui équilibre la performance défensive
  • même si Bath à eu la possession du ballon dans les deux matchs, ils n'ont pas pu faire grande chose, nous joueurs grattant plein de ballons

Lancements de jeu

Les chiffres qui nous intéressent sont les lancement en touche (les nôtres et ceux de l'adversaire) ainsi que le mêlées (les nôtres et ceux de l'adversaire).
On peut ainsi observer plusieurs choses:
  • gagner 80% de ses propres touches et 10-15% de celles de l'adversaire est une bonne moyenne, ça représente une bonne rampe de lancement du jeu
  • on a écrasé le Leinster en touche, mais on a été très faibles sur les touches adverses à Wasps et à Bath
  • notre mêlée est a complètement changé en 2016, aucune mêlée propre perdue sur les trois derniers matchs
  • "no scrum, no win" n'est plus d'actualité pour les anglais des Wasps, ils ont perdu un tiers de leurs mêlées mais ils ont quand-même gagné avec le bonus offensif dans le premier match

Conclusions

Il n'y a pas grande chose à tirer de cette analyse- parfois la différence entre une lourde défaite et une victoire n'est tout simplement pas visible dans les statistiques. Une grosse domination en mêlée, en possession et occupation, une défense propre, et on perd (lourdement). Ou un adversaire avec une grosse possession et occupation, propre en mêlée et en touche et on gagne quand-même.

Par contre, vu la qualité de nos adversaires et l'intensité de ces matchs, ces chiffres peuvent constituer une référence pour analyser les prochains matchs.

mardi 2 février 2016

RCT vs SF, 23-11

Ce n'est pas une analyse tactique, ni un regard de près pour une phase de jeu. J'ai été au stade, donc voilà:






Sinon, pour le match en lui même, c'est Toulon qui a fait le jeu et le SF qui a subi: 177 passes toulonnaises contre 99 parisiennes, 135 courses contre 78 courses et 72 plaquages effectués contre 144 (avec la même efficacité, 88%). Cette domination dans le jeu n'a pas été concrétisé, mais à chaque fois que le RCT attaquait, c'était dangereux et le SF se mettait à la faute. 15 pénalités concédées, c'est trop, surtout avec une belle efficacité toulonnaise au pied (6/7) et en touche (16/17).

Par contre, une équipe qui joue mais ne marque pas peut avoir des mauvaises surprises, comme par exemple à la 55ème minute et l'essai parisien en contre qui amena le score a 14-16. Mais la machine toulonnaise est repartie vers l'avant, en renversant les parisiens, en espace de six minutes, entre la 59ème et la 65ème, trois pénalités, toutes converties pour sceler le score final de 23-16.

Quant à l'essai toulonnais, le seul, à la 11ème minute, il est parti d'une pénalité ratée par l'ouvreur du SF et un renvoi du 22 toulonnais. Un duel de jeu au pied entre les ouvreurs, gagnés par Quade Cooper: long dégagement, chandelle parisienne récupérée à 40m par Cooper même, points de fixation toulonnais, chandelle toulonnaise récupérée sur la ligne médiane. Ce petit jeu au pied a préparé l'attaque, à partir de ce moment là, pendant 30 secondes le terrain à été balayé, la ligne cassée et les surnombres créés:

Si le RCT mettait en place des attaques si rapides et propres plus souvent, peu d'équipes pourraient lui résister...