mercredi 28 février 2018

La Rochelle - RCT, 20-27 (Pietersen, Nonu)

L'avant-match


Pour ce match doublon, les Toulonnais sont privés de 5 éléments importants (Guirado, Taofifénua, Trihn-Duc, Bastareaud et Bonneval), mais l'équipe envoyée à La Rochelle a quand-même fière allure. Néanmoins, il est difficile de gagner là-bas (série de 21 matchs sans défaite) et très probablement le staff du RCT se contenterait d'un point de bonus défensif lors de ce déplacement.

Le match...


... a eu deux périodes très différentes. Lors de la 1e, les Rochelais ont marqué 3 essais - 17 points - et ça aurait pu être plus s'ils s'étaient pas entêtés de chercher les penal-touches pour le point de bonus offensif. Ne pas concrétiser sur leurs points forts leur a été fatal, parce que le RCT a réussi à rester dans le match grâce à l'essai de Pietersen (voire plus bas) et aux 3 pénalités réussies de Wisniewski.

Les Toulonnais étaient donc menés de seulement 3 points (17-14) à la pause, mais la manière n'y était pas. Le discours aux vestiaires et surtout la nouvelle charnière Tilous-Borde - Belleau dès la 44e ont changé la donne. Et si lors des 20 premières minutes le score a été 3-0 pour La Rochelle, le RCT a produit 20 dernières minutes de feu, avec un 13-0 qui a fait très mal à l'adversaire. D'abord une pénalité de Belleau pour revenir dans le bonus défensif, ensuite un bel essai en force de Nonu, transformé, pour passer devant au score. Et finalement une mêlée adverse explosée pour la pénalité de Belleau à 3 minutes de la fin qui sort les Rochelais du bonus défensif.

L'action


Même sans Bastareaud, Fekitoa ou Tuisova, la ligne d'attaque du RCT est très efficace, avec des joueurs rapides, puissants et surtout très techniques, comme l'atteste cette action à la 31e, avec Escande (9) qui sort le ballon d'un ruck à 10m de l'en-but adverse :


Il joue avec Wisniewski (10) qui envoie le jeu au large, où les trois-quarts se positionnent. Nonu (12) sert Radradra (13), pendant que Ashton (15) apporte du surnombre en plus de Isa (7) et Pietersen (14). Pour contrer ces 5 Toulonnais, il y a 4 Rochelais et l'arrière se déplace de ce côté aussi, théoriquement il n'y a pas de décalage créé. Et pourtant, Radradra fixe deux défenseurs et fait une chistera pour redonner le ballon à Nonu :


Nonu fixe un défenseur et passe après contact à Ashton, qui a bien contourné et qui fait la même chose, donnant le ballon à Isa. Le 3e ligne et Pietersen à son extérieur ont maintenant un 2-contre-1 à jouer contre l'arrière adverse, qui n'arrive pas à les arrêter.

La suite


C'est une victoire surprise du RCT à La Rochelle, mais une belle victoire, probablement le match référence à l'extérieur qui manquait aux Toulonnais et qui les propulse à la 4e place du Top 14. Ça reste très serré en haut du classement, seulement 4 points séparent la 2e de la 6e place, donc la bataille pour une place en demi-finale ou un barrage à domicile sera âpre. Il faudra aussi garder un oeil sur les équipes juste au-delà de la 6e place, qui ne sont pas loin, notamment Pau et Lyon. C'est d'ailleurs chez ces derniers que le RCT se déplace la semaine prochaine et il est peu probable de voir une 2e victoire à l'extérieur consécutive...

mardi 27 février 2018

OL - ASSE, 1-1 (Debuchy)

Beau comme un but à la 90e


Certes, le match contre les vilains n'apporte qu'un seul point au classement. Mais une égalisation à la 90e dans un derby ressemble à une victoire, surtout quand elle vient avec la manière.

Pour bien comprendre le plan de jeu de l'ASSE, il suffit d'écouter le coach et le capitaine. Gasset : "on est passé par les côtés, on a centré : tout ce que l’on a travaillé tout au long de la semaine". Perrin : "On savait qu'il fallait les faire courir, ils avaient joué dans la semaine, ce n'est pas évident d'enchaîner les matchs. On les a eus à l'usure, c'est ce qu'on s'était dit à la mi-temps et aussi avant le match.".

Pour fatiguer l'adversaire, il faut avoir la possession de ballon, le faire courir après. Si on regarde les différentes parties du match, la différence de possession est assez significative. Les premières 18 minutes, jusqu'au but, elle est de 50-50. Les Verts accusent le coup moralement et la possession est lyonnaise (58%) le reste de la 1MT. Ça s'équilibre après la pause, ensuite les Stéphanois prennent le dessus et ça prend des proportions impressionnantes à partir de la 70e, quand les vilains passent en 5-4-1 : l'ASSE a 77% de possession entre ce moment et le but égalisateur !

Pour mieux comprendre la tactique stéphanoise, on regarde donc une action de jeu dans le premier quart d'heure (l'approche "initiale") et une autre dans les dernières vingt minutes (l'approche "fatiguer l'adversaire").


Pendant le premier quart d'heure


A la 14e, une relance lyonnaise part du gardien qui joue avec son défenseur central :


On remarque le bloc relativement bas des Verts et le positionnement de Beric en marquage individuel sur un des milieux axiaux adverses, pendant que Cabella va au pressing - la plupart du temps les rôles ont été inversés, mais ce marquage individuel sur la sentinelle adverse a été une constante en 1MT. Quand l'autre milieu axial reçoit le ballon, Selnaes surgit de la ligne des milieux et le récupère :


Il s'appuie sur Beric, qui sert M'Vila pendant que les autres éléments offensifs stéphanois se projettent vite vers l'avant, en contre. M'Vila préfère temporiser et joue finalement en retrait avec Perrin...


... qui joue à son tour avec Ruffier, qui dégage loin :


Beric gagne son duel aérien et dévie le ballon de la tête jusqu'à Bamba, qui remet à Cabella, en soutien.


Debuchy vient participer à ce jeu dans un petit périmètre, mais finalement Bamba, entouré par plusieurs adversaires, perd le ballon. Les vilains cherchent s'en sortir via le même milieu axial qu'auparavant...


... et Selnaes surgit de nouveau pour récupérer le ballon ! Il le donne à Cabella, excentré à droite, qui temporise avant de lui le redonner :


Beric et KMP font le même appel en profondeur dans la surface, alors le Norvégien les cherche avec un long ballon, intercepté par un défenseur :


Les adversaires ont du mal à se dégager, mais quand ils le font...


... c'est l'omniprésent Selnaes qui le récupère et qui le passe, en plongeant, à droite dans la course de Debuchy, qui centre en première intention. Beric est idéalement placé dans l'axe, dans le dos d'un défenseur central sorti trop haut. Malheureusement il anticipe la passe et se trouve hors-jeu, son but est logiquement refusé. 

Pendant un gros quart d'heure, les Verts ont alterné entre une défense dans un bloc bas et un pressing haut pour récupérer le ballon dès qu'ils le perdait. Ça a donné une possession équilibrée, sans vraies occasions, avant que les adversaires en concrétisent leur première. Ça a été un coup au moral pour les Stéphanois, qui ont moins pressé par la suite, ce qui a laissé la place à une domination adverse jusqu'à la pause. 


Pendant les dernières 20 minutes


Les Verts ont graduellement pris le contrôle du ballon en deuxième mi-temps, en le faisant tourner pour fatiguer les adversaires. Le vrai tournant du match est intervenu à la 67e avec l'entrée de Ntep pour Selnaes (passage en 4-4-2 pour l'ASSE), suivi 3 minutes plus tard de la sortie du 10 adverse remplacé par un défenseur central (passage en 5-4-1 pour les vilains). Fatigués, sans autres changements possibles et en train de courir sans cesse après le ballon, les Lyonnais n'ont pas pu proposer un vrai bloc défensif pour contenir les attaques stéphanoises. Par exemple, à la 73e, Debuchy effectue une remise en jeu pour M'Vila...


... qui joue en retrait avec Subotic. On remarque la présence dans leur propre moitié des 4 défenseurs et 2 milieux relayeurs (Cabella descendu d'un cran dans le 4-4-2) stéphanois, ainsi que 5 adversaires pour les empêcher de jouer : le rapport de forces est équilibré. Subotic remet à M'Vila, qui lui avait proposé une solution, et le milieu de l'ASSE...


... trouve Bamba, qui avait décroché entre la défense et le milieu adverse. Ça oblige le bloc adverse de reculer, mais Bamba ne se projette pas vers l'avant. Il joue avec Cabella, qui cherche Subotic...


... qui lui remet le ballon :


Sur cette image on voit bien le 5-4-1 adverse, ainsi que le 4-4-2 de l'ASSE, avec 4 éléments offensifs, deux latéraux qui montent, deux centraux qui s'écartent et deux milieux qui organisent le jeu dans l'axe. Les Verts continuent à faire tourner le ballon, avec Cabella qui le donne à M'Vila, qui s'appuie un Bamba qui a de nouveau décroché...


... et qui joue avec Cabella, Perrin et finalement M'Vila de nouveau. Ce petit jeu de passe a le don de complètement désintégrer la première ligne défensive adverse...


... et de laisser Bamba et Hamouma se placer dans les espaces créés. Bamba est de nouveau trouvé par une belle passe de M'Vila et il lance en profondeur Gabriel Silva, libre dans son couloir. Son centre cherche Debuchy (!) au deuxième poteau, mais un défenseur concède le corner. Le corner est repoussé une fois, le centre de Bamba qui suit est repoussé aussi, mais Cabella récupère le ballon :


Les adversaires essayent de remonter le bloc, mais il y a trop d'espaces entre les milieux et M'Vila réussit une autre passe verticale vers Hamouma et Debuchy. C'est le latéral qui récupère le ballon...


... et qui combine avec Bamba dans le couloir. Il y a une belle présence stéphanoise dans la surface adverse, Cabella propose aussi une solution :


Bamba reçoit le ballon, son un-deux avec Cabella fonctionne parfaitement et attire un défenseur, ce qui laisse un 3-contre-3 dans la surface :


Malheureusement les appels des Verts ne sont pas synchronisés, ça aurait du être un au 1er poteau, un au 2e, un en retrait. Il n'y a personne au 1er poteau, mais heureusement Bamba trouve Hamouma en retrait. Il rate son tir, qui se transforme en passe pour Beric, pour une fois pas hors-jeu. Malheureusement le tir de ce dernier, à un mètre du but vide est contré par un défenseur.


Coaching offensif

Le meilleur exemple de l'importance de mettre des joueurs frais reste quand-même l'action du but. Elle part d'une touche jouée par Diousse à la 89e pour Perrin...


... qui donne le ballon à M'Vila, dans l'axe. Dès la remise en jeu, Diousse entame sa course vers l'avant. Pendant 6 longues secondes, M'Vila garde le ballon au centre du terrain, attendant tranquillement, sans être attaqué par personne :


Les 5 défenseurs lyonnais sont alignés, 3 attaquants stéphanois s'y trouvent aussi, Bamba se place entre les lignes. Enfin, on peut difficilement parler de ligne des milieux adverses, ils ne sont pas bien placés, ils ne pressent pas et ils ne suivent pas non plus les appels en profondeurs des latéraux Verts. Sans être attaqué, M'Vila a donc tout le temps d'ajuster sa longue passe pour Diousse. Et au moment de la passe décisive de Cabella, il y a 6 Stéphanois dans la surface adverse...


Conclusions


Grâce à ce but à la 90e, les Verts restent invaincus et lavent un peu l'affront du derby aller. Cinq matchs sans défaite ce n'est pas rien, surtout si on s'en souvient des mois de novembre et décembre. En plus, lors de ces 5 matchs, 3 ont été à l'extérieur. Et les deux nuls ont été obtenus contre des équipes du Top 4... avec la manière : le "nouvel ASSE" est capable d'imposer des longues séquences de domination contre des équipes supposées supérieures. Si les Stéphanois continuent à confirmer contre des équipes plus "faibles", il n'y a aucun raison de ne pas commencer à regarder vers le haut du classement...

mercredi 21 février 2018

RCT - Stade Francais, 43-5 (Ashton x3, Bastareaud, Escande, Lakafia)

L'avant-match


La très longue trêve est finie et le Top 14 reprend pour le RCT avec une réception facile, au moins sur le papier. Les internationaux peuvent être utilisés, à l'exception de Guirado qui mérite une semaine de repos et le XV aligné a donc fière allure. Autrement dit, tous les ingrédients sont présents pour une belle fête à Mayol, une fête nécessaire pour bien démarrer cette période des doublons, toujours délicate.

Le match...


... commence très bien pour le RCT, qui marque un premier essai par Ashton assez rapidement, après une touche sur les 30m adverses. Les Toulonnais sont précis au pied, ils ont une bonne occupation du terrain et ils sont rugueux en défense, empêchant les Parisiens de développer du jeu. Cependant, le match est assez brouillon, avec pas mal de cafouillages et surtout des en-avants (2 pour le RCT et 7 pour le Stade Français à la 25e). Ce qui arrange presque les affaires des Toulonnais, qui marquent deux superbes essais suite à des mêlées (voir plus bas) pour arriver à la pause au score de 22-0, avec le bonus offensif déjà acquis.

Ce bonus est sécurisé rapidement après la reprise, avec un autre essai suite à une mêlée, en force par Bastareaud cette fois. Et quand Escande marque le 5e essai à la 60e, portant le score à 36-0, le match est définitivement plié. Les Parisiens profitent donc du relâchement toulonnais pour marquer un essai et tenter d'autres attaques, bien défendues par les Toulonnais, qui marquent un 6e après la sirène par Lakafia.

L'action


Avec un grand nombre de mêlées dans ce match, il fallait bien en profiter. Surtout que la défense parisienne n'était pas au top, comme on peut le voir lors de ces deux exemples.

A la 27e, mêlée toulonnaise dans les 22m adverses, avec une sortie classique de Vermeulen (8) pour Escande (9) :


Tous les trois-quarts sont disposés sur la largeur. Bastareaud (13) fait un appel croisé vers l'intérieur, Trihn-Duc (10), bien caché derrière, et Fekitoa (12) vers l'extérieur. C'est le dernier qui est servi par Escande et tout ces appels ont porté leurs fruits :


Le demi d'ouverture et les deux centres adverses sont attirés par cette concentration de joueurs toulonnais. Alors quand Trihn-Duc se propose vers l'extérieur, ce petit bloc de défenseurs est contourné. Le surnombre est proprement joué par les joueurs du RCT, avec des passes simples une fois que chaque défenseur est fixé, et Ashton marque tranquillement son essai.

A la 38e, une autre mêlée pour le RCT, sur la ligne médiane, avec de nouveau tous les trois-quarts sur la largeur :


Escande (9) sort le ballon pour Trihn-Duc (10) qui lance Bastareaud (12) pour un premier point de fixation. Radradra (13 - replacé au centre après la sortie sur KO de Fekitoa), Bonneval (15) et Pietersen (11 - entré à la place de Fekitoa) attendent le ballon, mais avant de le recevoir, il faut fixer la défense. Ce que les Toulonnais font très simplement, avec un simple un-deux entre Bastareaud et Trihn-Duc :


La charnière et les centres adverses se sont tous laissés attirés par ces deux Toulonnais, ce qui crée un gros surnombre à l'extérieur, où le pauvre ailier se retrouve tout seul. C'est Radradra (13) qui profite de la brêche...


... et qui sert Ashton (14) pour son 3e essai personnel.


La suite


Le RCT commence à être impressionnant à domicile, avec une moyenne de plus de 5 essais marqués par match. Les lancements de jeu sont propres, il y a un beau volume de jeu et une certaine maîtrise. Mais la période du Tournoi continue et 3 des 4 matchs suivants seront des vrais doublons, avec pas mal des joueurs qui seront absents. Ces matchs devraient permettre aux Toulonnais de se préparer pour le sprint final et à certains joueurs de se montrer, parce que les places seront chères à partir d'avril. 

dimanche 18 février 2018

Angers - ASSE, 0-1 (Beric)

Merci pour le cadeau, c'est gentil


La victoire à Angers est très importante d'un point de vue comptable : pour la première fois depuis des longs mois, l'ASSE se trouve plus près du Top 6 (5 points) que de la relégation (7 points).

Mais cette victoire a été longue à se dessiner. D'un côté, les Verts ont affiché leur maîtrise habituelle, gardant bien le ballon (66% de possession jusqu'au but), en le faisant circuler d'un côté à l'autre du terrain en essayant de trouver des décalages. De l'autre, les Angevins ont proposé un bloc bas avec des projections très rapides en contre, restées heureusement sans conséquence. 

L'ASSE a donc eu la possession, mais c'était une possession stérile, qui n'a pas créé beaucoup d'occasions franches. La qualité du bloc défensif d'Angers y est pour quelque chose, mais le manque d'inspiration des attaquants stéphanois dans les 30 derniers mètres aussi. Même si parfois les Verts ont eu du mal à se montrer dangereux, il y a eu plusieurs séquences avec une animation offensive réussie, qui a produit le résultat escompté (comme par exemple trouver un joueur libre entre les lignes, ou un autre décalé dans un couloir, etc.). En voici quelques exemples.

Parfois c'est simple...


Il existe trois options pour ne pas être bloqué par un bloc défensif bien en place : passer au-dessus, le contourner sur un côté ou le transpercer par des passes verticales. Les Verts ont essayé les trois, mais c'est la dernière option qui a donné les (relativement) meilleurs résultats. A la 13e, Gabriel Silva joue de son côté gauche avec M'Vila :


Sur cette image, on peut voir que même si Angers joue en 4-1-4-1 (un milieu défensif entre deux lignes de 4), il y a un milieu central qui sort de sa ligne pour presser un des milieux axiaux stéphanois - dans ce cas, la sentinelle monte dans la ligne des milieux pour toujours y être à 4 et donc mieux couper les angles de passe et pouvoir coulisser d'un côté à l'autre. On remarque aussi que la construction du jeu stéphanois est sous la responsabilité des deux défenseurs centraux et des deux milieux axiaux et que Hamouma joue très axial. M'Vila, Perrin, Selnaes, Subotic, les Verts se passent le ballon sur la ligne médiane en cherchant une option :


Quand M'Vila reçoit de nouveau le ballon, c'est l'autre milieu central angevin qui sort de la ligne et le premier y retourne. Pendant que le ballon et tous les joueurs se déplacent vers la gauche de l'attaque stéphanoise, Selnaes propose une solution et il est servi :


Tout ce joue à ce moment dans les appels sans ballon, surtout celui de Hamouma, placé entre les deux lignes adverses, qui fait un appel parfait pour Selnaes, ce qui oblige la sentinelle de colmater la brèche dans la ligne (couper l'angle de passe) et qui fait aussi sortir un défenseur central. Pire, le bloc d'Angers est complètement désintégré : un milieu sort sur Selnaes, pendant que celui qui était sorti sur M'Vila a du mal à se replacer. Ainsi, quand Selnaes se tourne...


... il n'a aucun mal à trouver un Cabella tout seul entre les lignes. Mieux encore, comme Selnaes et Hamouma ont attiré deux adversaires chacun, le pauvre latéral droit adverse se trouve seul entre Cabella et Ntep. Le premier sert le deuxième en profondeur, mais malheureusement son centre est contré.

... et parfois c'est plus compliqué


Un autre exemple commence à la 75e, avec les deux milieux axiaux stéphanois M'Vila et Pajot (entré à la place de Selnaes) qui combinent dans le rond central :


Le bloc angevin est bien en place en 4-1-4-1, Hamouma et Bamba (entré à la place de Ntep) sont bien excentrés, Cabella entre les lignes et Debuchy très offensif. M'Vila envoie le jeu à gauche :


Gabriel Silva combine avec Bamba, qui trouve Cabella dans l'axe - un bon exemple de comment littéralement contourner la ligne des milieux adverses. Les Verts sont à l'aise techniquement et combinent dans un petit périmètre :


Bamba entre avec le ballon vers l'axe du terrain et change de côté, lançant Debuchy dans son couloir droit :


Le changement de côté a du sens, mais le latéral stéphanois se retrouve tout seul. Hamouma s'était placé dans l'axe, à côté de Beric, où Bamba y va aussi - pas le meilleur placement des trois offensifs de l'ASSE. Debuchy n'a pas d'autre choix que de repasser par ses milieux, Pajot puis M'Vila :


Le jeu est de nouveau envoyé vers la droite et Pajot aimerait relancer Debuchy...


... mais ça n'a aucun sens : les trois offensifs sont toujours dans l'axe et ne proposent rien, Debuchy est suivi par son adversaire direct, alors Pajot joue en retrait avec Subotic.


Après un relais de Perrin, M'Vila reçoit de nouveau le ballon dans le rond central. Le bloc angevin est de nouveau en place, les Stéphanois aussi (Bamba et Cabella ont inter-changé, c'est le deuxième dans le couloir gauche). Comme en début d'exemple, M'Vila joue avec Gabriel Silva qui joue avec son "ailier" :


Sauf que Cabella ne cherche pas Bamba dans l'axe, il préfère y aller tout seul et perd le ballon, dégagé en catastrophe et facilement récupéré par Perrin :


M'Vila le reçoit de nouveau, se tourne face au jeu...


... et voit devant lui un bloc 4-1-4-1 bien en place. Mais si Bamba colle à la ligne de touche, Hamouma se trouve en position de "10", entre les lignes, dans la zone de la sentinelle adverse... ce qui laisse donc Cabella tout seul. Une petite passe qui traverse la première ligne le trouve, une deuxième passe verticale lance Bamba en profondeur.

La suite de l'action ne sera pas décrite en images : Bamba et Cabella combinent à l'entrée de la surface, ils perdent le ballon qui est dégagé jusqu'à Subotic. M'Vila lance en profondeur Gabriel Silva, son centre est intercepté, Angers part en contre et finit par obtenir un coup franc dans la moitié de l'ASSE. Le CPA est repoussé et Bamba part en contre et finit par obtenir un coup franc dans la moitié angevine. Et sur le CPA, le gardien adverse fait un cadeau à Beric.


Conclusions


Ça n'a pas été la meilleure prestation de l'ASSE, mais le résultat est là et le spectre de la relégation est enfin en train de s'éloigner. Depuis quelques matchs, les Verts affichent une grosse maîtrise technique, ils arrivent souvent à imposer leur jeu. Le match précédent, contre Marseille, avait aussi montré un autre changement important : les joueurs stéphanois sont en confiance et ne paniquent plus. Finalement, ce match à Angers montre qu'un autre élément important est de nouveau du côté de l'ASSE : la chance. Et avec la sérénité acquise grâce à ce résultat, les Verts ont tous les ingrédients nécessaires pour bien préparer le match suivant et le reste de la saison.

dimanche 11 février 2018

ASSE - Marseille, 2-2 (KMP, Beric)

A égalité


Le nul obtenu à domicile contre l'OM est vu comme un très bon résultat par les Verts, toujours invaincus à domicile en 2018 et maintenant capables de faire jeu égal avec une des meilleures équipes du championnat.

Le sentiment d'avoir fait un bon résultat ne vient pas seulement du point pris contre un gros. Il y a aussi le fait d'être revenu deux fois au score, d'avoir éviter la défaite dans les dernières minutes ou de ne pas avoir sombré après un but pris très tôt dans le match. Mais il y a aussi autre chose, la manière. Pendant les 20 première minutes, Marseille a largement dominé, a eu la possession du ballon (61%). Mais une fois le 2e but marqué, ils ont commencé à lâcher et c'est les Stéphanois qui ont pris le contrôle du match. Ainsi, entre la 20e (2e but de l'OM) et la 75e (2e but de l'ASSE), la possession a été complètement inversée, 58% pour les Verts, qui se sont procuré plusieurs bonnes occasions.

Mais si les deux équipes ont marqué deux buts chacune et ont eu une période de domination, la ressemblance s'arrête ici. Chaque équipe a eu son style propre d'utiliser le ballon, de préparer des attaques et créer des décalages. En voici quelques exemples.

Possession OM


A la 6e, l'OM a le ballon dans sa propre moitié :


On voit les 4 défenseurs et les 2 milieux axiaux, tous assez bas - un seul autre joueur marseillais se trouve dans cette moitié de terrain, l'ailier gauche. Quant aux Stéphanois, les deux attaquants Hamouma et Bamba font du pressing. Après un jeu à 3 à gauche, le ballon est envoyé vers la droite :


Les 4 défenseurs sont proches les uns des autres et la circulation du ballon est lente, des longues secondes passent avant qu'il arrive au latéral droit. Pourquoi ? Le but n'est pas d'attaquer sur la droite, mais d'aspirer des Stéphanois - dans ce cas, Diousse sort du marquage au centre du terrain pour chercher le latéral :


Le ballon circule maintenant vers la gauche, toujours en passant par chaque défenseur - les deux milieux axiaux offrent des solutions plus verticales, mais ils ne sont pas utilisés. Quant aux Stéphanois, ils ne se jettent pas au pressing, les milieux se trouvent sur la ligne médiane :


De nouveau un jeu à trois avec l'ailier gauche, puis avec le milieu offensif qui s'est excentré sur la gauche...


... mais qui est obligé de jouer en retrait, le bloc des Verts étant bien en place - on voit bien les 4 milieux et les 2 attaquants, ainsi que le latéral Debuchy, serrer bien de ce côté. Alors le jeu est envoyé de nouveau, lentement, vers la droite :


Le bloc stéphanois coulisse vers ce côté... et tout d'un coup les Marseillais accélèrent, avec latéral droit qui monte enfin avec le ballon et cherche à combiner avec son ailier. Heureusement le ballon est récupéré par les Verts, ce qui n'a pas été le cas 3 minutes plus tard quand exactement la même préparation a déclenché la même attaque et a amené le 2e but adverse.


Possession ASSE


La préparation des attaques stéphanoises a été similaire, avec du jeu envoyé d'un côté à l'autre, mais avec des latéraux plus hauts, avec passes rapides qui cherchent de suite un décalage, voire même avec des passes verticales dans l'axe, qui cherchent à couper les lignes.

Pour un premier exemple, juste avant la pause :


De son côté gauche, Gabriel Silva joue en retrait avec Perrin et le jeu et envoyé à l'autre latéral, Debuchy. Mais les passes sont rapides et les latéraux stéphanois offensifs. A noter que sur cette action, Hamouma et Diousse avaient inversé, le premier se trouvant dans le couloir gauche et le deuxième en position d'attaquant à côté de Bamba. La ligne de 4 milieux marseillais coulisse vers le côté de Debuchy, alors celui-ci joue avec Pajot, qui...


... change tout de suite de côté, avec une transversale qui trouve Hamouma. Le temps de contrôler le ballon et attendre un appel de Gabriel Silva, le bloc adverse coulisse de nouveau de ce côté :


Sur cette image on voit les deux lignes de 4 de l'OM, ainsi que l'attaque en (2-)2-4-2 pour les Verts : deux pointes dans la surface, deux latéraux très offensifs poussant les deux milieux latéraux plus dans l'axe et deux milieux centraux un peu en retrait, Pajot et Selnaes, pour orchestrer le jeu. C'est le dernier qui reçoit le ballon de Hamouma et qui lui le redonne via une belle passe verticale qui coupe la ligne. Exactement comme lors du premier but stéphanois, sauf que cette fois-ci Hamouma n'arrive pas à centrer.


Par rapport à Marseille, l'ASSE a donc aussi utilisé toute la largeur du terrain, mais avec des changements plus rapides et une possession plus haute, pour toujours chercher du décalage. La possession basse de l'OM avait un but très simple, aspirer les adversaire et créer des espaces dans leur bloc - les Verts ont su en utiliser aussi :

Un peu après la pause, les Stéphanois ont la possession dans la moitié adverse, avec des latéraux très offensifs :


Debuchy joue en retrait avec Pajot, qui continue avec Subotic. Selnaes lui propose une solution, il reçoit le ballon...


... et les deux milieux axiaux continuent à courir vers leur propre but, en faisant des passes en retrait, qui finissent par arriver à Ruffier. Si sur cette image le bloc marseillais est bien en place (on voit les 2 attaquants et 3 des 4 milieux), il se fait complètement aspirer par ce mouvement en retrait des milieux Verts :


Ainsi, Pajot et Selnaes sont pris par deux milieux adverses, ce qui crée un gros trou au centre du terrain, où KMP et Bamba font des appels. Possession basse pour les Stéphanois, mais placement totalement différent des 4 défenseurs que ce qu'on a vu dans le premier exemple côté Marseille - il suffit de regarder comme les deux centraux stéphanois sont écartés. Perrin trouve avec une belle passe verticale Bamba entre les lignes et l'attaque est en place :


Les courses vers le but adverse de Diousse, KMP et Hamouma obligent les 4 Marseillais de défendre en reculant, jamais un bon signe pour une équipe. Le milieu adverse est complètement désintégré, obligeant l'ailier à serrer dans l'axe, laissant Debuchy seul dans son couloir. Finalement c'est Hamouma qui est cherché par la passe en profondeur de Bamba, il reçoit le ballon, mais il tombe dans la surface en contact avec le défenseur, sans obtenir de penalty.


Conclusions


Ces exemples montrent comment les deux équipes ont utilisé le ballon pendant leurs phases de possession. Et même s'il y a eu des différences, ce qui ressort que dans les deux cas, c'est qu'il y avait une maîtrise, technique, mais surtout tactique. Chaque équipe a su jouer son jeu, avait un plan tactique clair, l'adversaire a été mis en déséquilibre régulièrement. Et au delà des différences tactiques, la chose à retenir est que l'ASSE est l'OM ont fait match égal, non seulement au score, mais aussi tactiquement et techniquement. On attendait les Marseillais à ce niveau, mais les Verts ont ainsi montré lors de ce match qu'ils peuvent y évoluer aussi.