samedi 29 mai 2021

RCT - Bordeaux, 25-19 (Isa)

L'avant-match


Et voilà, on y est, les matchs à élimination directe commencent pour le RCT. Un peu plus tôt que pour d'autres équipes, mauvais résultats obligent, c'est désormais nécessaire de gagner les deux derniers matchs de la saison régulière pour goûter aux phases finales. Pour commencer, une réception des Bordelais un peu suffisants - déjà qualifiés - et peut-être fatigués avec ce troisième match dans une semaine. Victoire impérative pour les Toulonnais, de préférence bonifiée - chaque point compte. Victoire peut-être facilitée par des nombreux retours, sur le terrain et aussi dans les tribunes.


Le match


... débute avec des Toulonnais qui gardent le ballon et cherchent des solutions, mais les Bordelais sont clairement venus avec des intentions. Ça bagarre dur dans les rucks et de manière générale, les joueurs du RCT ont du mal à franchir. Ce sont des exploits individuels qui leurs permettent de gagner des dizaines de mètres, mais un en-avant gâche toujours la suite de l'action. Pendant ce temps, l'UBB est très fort sur ses lancements de jeu (et marque un essai sur un maul après une touche à 5) et se permet de gérer. Grâce notamment au jeu de pied dans le dos de Villière, qui empêche régulièrement les Toulonnais à sortir de leur camp.

Menés de seulement deux points à la pause, les joueurs du RCT sont revenus des vestiaires morts de faim. Beaucoup plus présents dans les rucks, obtenant des pénalités qui leur ont permis de passer devant au score. Et même si les arbitres n'ont pas pris la peine de regarder à la video l'essai parfaitement valable de Dakuwaqa, la puissance toulonnaise a dit son mot et cette 2MT a été vraiment à sens unique. Le RCT n'a pas capitaliser ses 10 minutes en supériorité numérique, mais a inscrit l'essai qui a clos les débats à quelques minutes de la fin. Le deuxième essai bordelais, toujours sur un maul après une touche à 5, reste anecdotique. 


La suite


Après ce 1/16e de finale gagné, dans la douleur, c'est un 1/8e qui attend la semaine prochaine les Toulonnais, à Castres. Un match à l'extérieur donc, chez un concurrent direct, qui leur passera devant en cas de victoire. Les calculs sont compliqués à faire, il n'est pas impossible de se qualifier avec seulement un petit bonus défensif, mais peu probable. Et une défaite risque même de sortir le RCT des 7 premières places, donc même pas de Champions Cup la saison prochaine. Bref, encore un match à élimination directe...

lundi 24 mai 2021

ASSE - Dijon, 0-1

Milieux de terrain (2)


Après avoir été assurés de finir dans le ventre mou, les jeunes Verts qui ont tenu en échec le futur champion ont enchaîné avec une défaite contre la lanterne rouge, sous les yeux des anciens de la maison.

Pour l'avant-dernier match de la saison, "l'autre resumé" s'est concentré sur la complémentarité des deux titulaires au milieu, Camara et Neyou. Pour le dernier match, le focus sera mis sur un troisième, qui a un rôle différent et qui a été aligné moins souvent et à d'autres postes, mais qui représente lui-aussi un élément clé pour la saison prochaine, Adil Aouchiche.

Même si cet analyse ne les mettra pas en lumière, il y avait beaucoup d'autres jeunes joueurs présents sur le terrain à la fin du dernier match de la saison :


Le triangle d'attaque était formé par Rivera - Lhery - Saban (première en pro pour les deux derniers), le triangle au milieu par Aïmen Moueffek - Zaydou - Aouchiche et Camara était aligné en latéral droit et portait le brassard de capitaine. Et même si pas visibles sur cette image, il ne faut pas oublier Sow et Green. Bref, de la jeunesse en fin de match, mais aussi au début, avec Gourna-Douath à côté de Neyou :


Un 4-2-3-1 pour commencer, puis un 4-1-4-1 en 2MT - la différence étant faite par le positionnement du milieu défensif (Gourna-Douath, puis Moueffek) et d'Aouchiche. Ce dernier pouvant donc jouer en "10" à côté de l'avant-centre ou en "8", à côté de l'autre milieu relayeur. Mais dans tous les cas, c'est lui qui a été le dépositaire du jeu, c'est lui qui a lancé les attaquants. 

Comme dans l'exemple qui commence avec la capture ci-dessus, quand les Dijonnais essayent de construire sur la ligne médiane. Le ballon arrive sur un côté...


... et Gourna intercepte une passe adverse, deviant jusqu'à Neyou, qui remet en arrière à Kolo. La possession change de côté et les Verts exploitent parfaitement cette phase de transition, grâce...


... à la belle passe verticale de Kolo, qui trouve Aouchiche dans le dos des milieux dijonnais. Le jeune meneur de jeu a le champ libre devant lui et peut remonter balle au pied, car la défense est obligée de reculer suite aux appel en profondeur des trois attaquants. 


Aouchiche peut donc effectuer une ouverture dans le dos de la défense, qui arrive pile dans la course de Bouanga, qui ne cadre pas sa frappe...


Le positionnement d'Aouchiche dans le dos des milieux adverses dans l'action précédente n'était pas une exception, comme on peut le voir juste après la pause, par exemple :


Il fait des grands signes pour demander le ballon, mais comme la charnière Kolo-Sow ne peut pas lui le faire parvenir et joue avec Green, il décroche pour se rendre disponible :


Et Green ose la passe verticale, réussie. Aouchiche sert de point d'appui et donne à Neyou, qui ouvre tout de suite le jeu à gauche, vers Gabriel Silva.


Être le dépositaire du jeu, se rendre disponible pour ses coéquipiers, ne veut pas forcément dire que tous les ballons doivent passer par lui. Par exemple, à la 55e, il se trouve à côté de Neyou, qui reçoit une remise en jeu...


... mais qui ne combine pas avec Aouchiche, préférant d'écarter directement sur Camara, à l'opposé. Le jeune capitaine stéphanois et Nordin combinent dans le couloir droit, mais n'arrivent pas à trouver un décalage :


L'ailier repique dans l'axe balle au pied et ne se fait pas aider par Aouchiche, cherchant directement Khazri. Un mauvais contrôle et la possession est perdue. Les Dijonnais cherchent à sortir proprement de leur camp...


... malgré une très forte présence stéphanoise, 8 joueurs étant dans le derniers 40 mètres. Où ils sont rejoints par Sow, qui surgit et intercepte une passe, coupant court la tentative de contre adverse.


Le jeu à une touche de balle dans un petit périmètre est réussi et de Sow, via Neyou et Camara, le ballon arrive à Aouchiche, qui le demandait. De nouveau, il a du champ devant lui, la défense étant obligée de reculer pour suivre les appels en profondeur :


Et de nouveau Aouchiche dose une passe parfaite dans le dos de la défense, dans la course d'un coéquipier, Khazri. Et encore une fois, la conclusion n'est pas à la hauteur de la passe, le tir étant bloqué.


Si sur ce dernier exemple, comme sur le premier, on a vu la qualité de passe d'Aouchiche, ses passes ne sont possibles que suite à sa capacité de se rendre disponible dans les bon espaces. Comme par exemple dans cet exemple après l'heure de jeu et les entrées de Moueffek en sentinelle et Lhery en avant-centre :


Neyou n'a pas pu reprendre une passe en profondeur de Khazri, mais les Verts récupèrent une touche et de Camara, relayé par Khazri et Moueffek, le ballon est envoyé en arrière jusqu'à Kolo. Aouchiche se trouve entre les ligne, du côté droit, vers Khazri, où l'action avait commencé. Mais comme le jeu coulisse vers le côté gauche...


... il s'y déplace aussi, pour être pile entre les milieux dijonnais, où Gabriel Silva peut le retrouver. Il continue sa course est lit parfaitement l'appel de Bouanga :


Une très belle avant-dernière passe, en profondeur dans le dos de la défense, pile dans la course de Bouanga. Sauf que la dernière passe est moins précise, où la présence dans la surface pas suffisante, et personne ne reprend le centre de ce dernier. Les Dijonnais dégagent n'importe comment et Sow récupère immédiatement le ballon :


Il s'appuie sur Moueffek, qui joue en arrière avec Kolo, et pendant que tout le monde avait coulissé vers un côté, Aouchiche fait des grands signes à l'opposé, où il est tout seul. Et où il est trouvé par son défenseur :


Il part en dribble, élimine le défenseur adverse, entre dans la surface, mais malheureusement Lhery est un peu court pour reprendre son centre au premier poteau et un défenseur dégage en corner.


Finalement, un dernier exemple pour montrer la capacité d'Aouchiche à se placer où il faut, qui est en plus augmentée par la coordination des mouvements avec ses coéquipiers :


Une relance qui part de Green, le ballon est envoyé via Sow jusqu'à Camara, pendant qu'Aouchiche le demande dans l'axe. Neyou se trouve un peu plus haut et propose une solution à son capitaine...


... et les trois milieux axiaux se sont rapprocher de la zone avec le ballon. Neyou le porte un peu vers son propre but et à l'aide de Sow il arrive à se retourner...


... pour retrouver devant lui Aouchiche, qui avait pris sa place. Et qui lui offre ainsi une possibilité de jeu vers l'avant. Il reçoit le ballon et ouvre immédiatement le jeu vers le côté opposé :


Ce qui est très bien fait, Silva et Rivera se trouve à 2-contre-2 dans ce couloir. Malheureusement, ils n'arrivent pas à faire la différence...

Pour des raisons de place, cet "autre résumé" ne contient ni le tir sur le poteau ou la frappe vers la lucarne déviée par le goal adverse, ou bien d'autres exemples parmi les 85 ballons joués par Aouchiche dans ce match. Mais les exemples choisis montrent bien l'emprise qu'il a eu sur la partie, malheureusement pas visible dans le score final.
 

Conclusions


Et voilà, la saison est finie. Par un mauvais résultat, inattendu, comme le symbole d'une année où les Verts ont alterné le bon et le moins bon. Leur manager général l'avait annoncé depuis le début, il n'y aura pas d'objectif de résultat pour son groupe - autre que le maintien - une vraie saison de transition. Une transition vers des meilleurs résultats et un meilleur classement que le ventre mou, chose qui semble plus réaliste maintenant, en fin de saison, qu'à son début. Plusieurs jeunes ont connu leur vraie première année au haut niveau et ont fait des vrais progrès, pendant que d'autres commencent à frapper à la porte des pros. Une structure d'équipe se dégage, un groupe qui arrive à produire du jeu, même si la régularité n'est pas toujours au rendez-vous. Malheureusement, comme toujours, la clé de la saison prochaine réside sur la possibilité du club d'assurer une continuité dans le projet, d'utiliser le mercato pour se renforcer et non se fragiliser. Les bases ont été posées, la construction a démarré, le résultat final promet, mais l'échafaudage reste fragile...

mardi 18 mai 2021

Lille - ASSE, 0-0

Milieux axiaux


Les Verts ont fait honneur à leur blason et ont joué le jeu, ne faussant pas la lutte pour le titre, jouant leurs chances à fond sur le terrain du leader du championnat.


La physionomie de ce match à Lille ressemble un peu à celle de la semaine dernière, contre un autre adversaire européen, Marseille. Une 1MT avec des Stéphanois qui gardent le ballon et arrivent à destabiliser le plan de jeu en face. Suivie d'une 2MT où ils reculent et subissent les attaques de leurs adversaires. A la différence de Marseille, contre Lille les Verts ont été moins dangereux avant la pause et n'ont pas ouvert le score. Et leurs contres ont été moins tranchants après la pause.

En ce qui concerne le système de jeu, c'est le 4-4-2 qui est l'équipe-type de la fin de saison stéphanoise, avec seulement la charnière centrale changée, Moukoudi et Cissé, blessés, laissant la place à Kolo - Sow :


Khazri et Hamouma devant, Bouanga et Nordin sur les ailes, et surtout la paire très complémentaire des milieux axiaux, Neyou et Camara. Une fois n'est pas coutume, cet analyse sera focalisée sur le match de ces deux derniers.


Les sorties de balle de Neyou


Le premier exemple commence à la 8e minute, quand Khazri, descendu très bas, relaye le ballon de Trauco vers Kolo :


Le défenseur stéphanois s'appuye sur Neyou, qui joue avec Camara - les Verts construisent patiemment une attaque dans leur moitié de terrain. Le ballon est envoyé à droite...


... où Sow et Debuchy échangent des passes. Ils commencent à être enfermés dans ce coin de terrain par le pressing adverse et Nordin décroche pour offrir une solution, tout comme Neyou, qui vient du côté opposé. Sow arrive à trouver le premier...


... qui remet vers le deuxième, malgré la pression d'un Lillois. Et avec un contrôle orienté, Neyou se défait de son adversaire et remonte balle au pied, avant d'ouvrir le jeu à gauche...


... où Khazri se trouvait libre. Ce dernier combine avec Hamouma, qui lui remet à l'entrée de la surface. La combinaison est sympa, mais elle est gâchée par un dernier contrôle pas réussi et Lille récupère la possession... pour quelques secondes. Le ballon est vite regagné par les Verts, qui le remettent dans la défense pour préparer une nouvelle attaque :


Ballon gardé sur la ligne médiane, puis changement de côté, les Stéphanois attend un décalage. Trouvé à droite, Debuchy combine avec Nordin, qui revient en arrière...


... et joue avec Sow. Les Lillois étaient bas, ils ne peuvent pas faire un vrai pressing dans la moitié stéphanoise, l'avant-centre est seul et facilement éliminé par le une-deux de Sow et Camara. Le premier lève la tête et voit l'espace créé par le bloc adverse qui est en train de monter...


... et cherche ainsi la course de Bouanga dans le dos de la défense. L'attaquant de l'ASSE récupère le ballon et tire d'un angle fermé - le premier tir cadré du match est stéphanois (le premier lillois intervenant à l'heure de jeu...)


Si ce long exemple s'est conclu une de plus grosses occasions des Verts, il contient un élément qui mérite d'être mis en évidence : la sortie avec le ballon de Neyou dans sa moitié de terrain, malgré un adversaire le serrant de près. Ce n'était pas un cas isolé, comme on peut le voir même pas une minute plus tard : 


Un ballon lillois à la destination d'un attaquant est repoussé de la tête par Sow dans une zone sans joueur et Neyou, Trauco et un adversaire s'y précipite. C'est le premier qui arrive le premier, qui récupère le ballon et... 


... qui élimine par un dribble le Lillois avant de monter balle au pied et décaler Bouanga à gauche.


C'est très utile pour une équipe d'avoir un milieu capable de résister au pressing adverse, de pouvoir garder le ballon dans sa moitié avant de décaler un coéquipier. Ça permet par exemple de remonter facilement le ballon quand l'adversaire campe haut, comme sur cette touche de Debuchy après un quart d'heure de jeu :


Neyou a un Lillois à côté de lui, mais il l'élimine par son contrôle, qui l'oriente vers l'avant. Un autre adversaire essaie de lui couper la course, mais lui aussi est éliminé :


Après avoir passé ces deux Lillois, Neyou peut remonter avec le ballon et lever la tête. Pour voir l'appel de Bouanga à gauche, qu'il sert dans la course. D'une simple touche défensive, sous la pression lilloise, les Verts se retrouvent à attaquer avec de l'espace devant eux.

Ce n'était pas un cas isolé, comme cette touche à la demi-heure de jeu permet de le voir, avec toujours Debuchy pour la remise en jeu, mais plus haut sur le terrain :


Neyou est trouvé, il s'appuie sur Nordin, qui ne peut pas lui remettre le ballon correctement. Les Lillois se jettent sur l'opportunité de démarrer une phase de transition, mais c'est sans compter sur le milieu stéphanois...


... qui en élimine un, puis résiste à un deuxième et remonte encore avec le ballon avant de subir une faute dans le rond central.


Les interceptions de Camara


Si la capacité de ressortir le ballon de Neyou a été très utile en 1MT, quand les Verts ont eu un peu plus la possession, c'était un autre talent qui était nécessaire quand ils ont subi pendant la 2MT. La hargne de Camara et sa capacité de gagner les duels. Voici trois de ses interventions dans même pas 5 minutes.

A la 67e, les Verts défendent en 4-4-2, avec Aouchiche et Abi qui étaient entrés poste-pour-poste à la place de Nordin et Hamouma :


Un des milieux offensifs lillois est trouvé dans la ligne de nos milieux et il décale un coéquipier dans le couloir gauche. Comme Aouchiche était moins excentré sur cette action, Debuchy sort. Un attaquant adverse fait un appel dans son dos...


... et le ballon lui est adressé dans la surface, d'où il peut centrer. Sauf que Sow couvre son capitaine, qui revient aussi vite, alors le Lillois se retourne avec le ballon...


... pour retomber sur Camara, qui avait aussi suivi. L'étau est fermé et le milieu stéphanois récupère le ballon et le ressort avant de chercher Bouanga plus haut.

Pile deux minutes plus tard, une autre attaque lilloise, avec le bloc stéphanois en place, même si les deux excentrés un cran plus bas, suivant les courses des joueurs de couloir adverses :


Le ballon est gardé par les joueurs de Lille sur la ligne médiane, avant d'être donné au milieu offensif collé à la ligne de touche, où il est enfermé par Khazri et Aouchiche :


Sauf que le talent parle et le Lillois dribble et élimine Aouchiche avant de remonter dans le couloir, sans adversaire devant, Debuchy étant au marquage d'un autre. Camara se trouve assez loin de l'action...


... mais il surgit très vite et arrête la course adverse, mettant le ballon en touche. Ce Lillois a été son principal adversaire, comme on peut le voir sur l'action suivante, même pas deux minutes plus tard :


Un centre adverse est dévié par Sow dans son dos. Les milieux stéphanois sont un peu plus loin de la défense, notamment Camara, qui était ressorti pour presser. Debuchy a du mal à contrôler le ballon dévié par Sow, un attaquant adverse le récupère dans la surface...


... et joue en retrait avec le milieu offensif lillois, libre aux 18 mètres. C'était sans compter sur Camara, qui surgit et intercepte la passe.

C'était la dernière action des Verts dans ce système de jeu, Khazri étant remplacé par Gourna-Douath pour un passage en 4-1-4-1 et donc plus de monde dans cette zone au milieu. Et 10 minutes plus tard, Camara a récupéré le brassard de capitaine et le poste d'arrière droit, quand Debuchy et Neyou sont sortis, remplacés par Moueffek et Zaydou :


Un milieu stéphanois different de la paire qui a démarré le match, mais ils n'ont pas joué assez longtemps pour pouvoir ressortir leurs actions, comme fait avec leurs compères. Néanmoins, cette analyse ne serait pas complète sans mettre en évidence l'apport de deux autres mâtrus sur une même action, à la fin du temps réglementaire :


La déviation du centre-tir lillois réussie par le jeune gardien de Saint-Etienne, qui envoie le ballon sur le poteau. Et quand ses coéquipiers essayent de ressortir proprement, mais perdent le ballon, qui revient dans la surface stéphanoise...


... c'est Sow qui l'aide et qui bloque le tir de l'avant-centre lillois. Bref, les jeunes Verts ont fait leur match, montrant non seulement leur talent, mais aussi les progrès faits cette saison.


Conclusions


Même si ce point pris à Lille n'a pas une grande importance sur le classement final des Verts - ils finiront probablement le championnat à la 10e ou 11e place, il est important pour d'autres raisons. Il montre à la fois l'était d'esprit des protégés de Claude Puel, qui ne lâchent rien, qui jouent à fond, avec leurs armes. Mais aussi que la mayonnaise est clairement en train de prendre, que c'est une équipe cohérente qui se met en place, un mélange de jeunes et expérimentés. Avec comme plaque tournante une paire de milieux qui représentait un sacré pari en début de saison, mais qui montre maintenant l'étendue de son talent et surtout sa complémentarité.

dimanche 16 mai 2021

Le sprint final du RCT (3)

Mise à jour après les matchs de la première moitié de mai.

Après 5 points lors de ses trois matchs dans une semaine, le RCT n'est pas en position favorable pour la qualification pour les phases finales :

4. Clermont 67p (-) : Toulouse, La Rochelle

5. Bordeaux 62p (+') : Agen, Montpellier, RCT, Toulouse

6. Paris 62p (-) : Lyon, Bayonne

7. RCT 62p : Bordeaux, Castres

8. Castres 60p (-') : Brive, RCT

9. Lyon 60p (+) : Paris, Agen


Il est très peu probable qu'une seule victoire suffise pour se qualifier. Si elle est bonifiée contre Bordeaux et que Bayonne bat Paris, qui bat Lyon et Castres perd à Brive... même la 4e place est possible, mais ne rêvons pas.

Bref, il faut une victoire contre Bordeaux, idéalement bonifiée et sans leur laisser de point de bonus, pour avoir l'avantage en cas d'égalité. Une victoire à Castres ensuite serait peut-être optionnelle ou obligatoire et même pas suffisante, tout dépend des autres résultats.

Mais une défaite à Bordeaux signifie la fin - ces derniers et le vainqueur entre Paris et Lyon finiraient devant.

Clermont - RCT, 25-16 (Villière)

L'avant-match


Après les résultats plus tôt dans la journée, les Toulonnais se retrouvent dos au mur. Ils doivent absolument amener des points de Clermont, sinon la qualification pour les phases finales ne sera plus possible. Mais la mission semble impossible pour les joueurs du RCT, très fatigués après leur match en semaine, contre des Clermontois reposés et revanchards après la défaite d'il y a 7 jours...


Le match


... commence avec des Toulonnais morts de faim, mais qui subissent les franchissements d'un ailier Clermontois, qui les envoient dans leurs 5 mètres et qui provoquent un carton jaune pour Toeava. C'est en infériorité numérique que le RCT marque son essai, dans une situation fermée débloquée par le talent de Carbonel et Villière. La suite de la 1MT a été un chassé croisé au score, avec des pénalités concédées par les deux équipes. Et avec un presque essai pour les Toulonnais juste avant la pause, après une belle relance de leur camp - seulement trois points pour passer devant au score, mais un jaune pour un Clermontois aussi.

La 2MT commence avec le RCT qui creuse un peu l'écart au score et qui oblige l'ASM de reculer grâce à un jeu au pied d'occupation assez efficace. Aucune équipe n'arrive à concrétiser sur ses lancements de jeu, les Toulonnais maîtrisent plus ou moins les débat, mais il n'ont qu'un point d'avance à un quart d'heure de la fin. Et la fatigue du match dans la semaine dit son mot, avec une pénalité concédée à la 70e, puis un essai encaissé à la 76e. Et le RCT perd ce match qui était à sa portée, sans ramener le moindre point de bonus...


La suite


Une défaite à 0 points, c'était le résultat attendu avant le début du match, mais assez frustrant quand on voit la physionomie de la partie. Surtout, c'est un résultat qui complique beaucoup la situation du RCT au classement. Les Toulonnais peuvent toujours se qualifier pour les phases finales, mais ils devront bien  travailler ces deux semaines qui suivent, parce que les matchs contre Bordeaux et Castres seront à "élimination directe"...

mercredi 12 mai 2021

ASSE - Marseille, 1-0 (Nordin)

Pressing et contres


Deux sur deux - les Verts ont réussi à gagner leur deux rencontres de championnat contre Marseille cette saison, ce qui ne leur était plus arrivé depuis très long temps.

Les Stéphanois maîtrisent de plus en plus leur sujet et ce gain en maturité est visible et reconnu par leur entraîneur "en cette fin de saison, des joueurs ont pris de l'expérience, et tous font maintenant preuve de maturité". Mais ce qui est très intéressant, c'est que cette maîtrise peut prendre plusieurs formes : la physionomie du match contre Marseille a été très différente d'une période à l'autre, mais les protégés de Claude Puel ont bien joué dans les deux cas : "une superbe première période avec des mouvements, de la maitrise, du pressing. On a réussi à bien ressortir les ballons face à une équipe qui a bien pressé. On a fait preuve de calme, en connaissant très peu de déchets techniques. Après la pause, on a un peu subi mais on a continué à faire beaucoup d'efforts. On est restés très concentrés et organisés, tout en ayant des situations pour se mettre à l’abri".

Voici plusieurs exemples de ces deux mi-temps - différentes, mais maîtrisées et gagnées par les Verts.

Pressing


Ce sont deux systèmes tactiques différents qui se sont affrontés dans ce match, le 3-1-4-2 de Marseille contre le 4-4-2 stéphanois :


Défense et milieu type pour l'ASSE, avec Bouanga et Nordin sur les ailes et Khazri en soutien d'Abi devant. Ce qui est intéressant tactiquement, ce n'est pas le système choisi par le staff stéphanois, mais l'animation, l'approche. Et elle a été évidente dès le début du match : bloc haut, pressing dans la moitié adverse, choix de ne pas subir les attaques marseillaises. Voici quelques exemples :


11e minute, remise en jeu pour le goal adverse avec les milieux et attaquants stéphanois haut sur le terrain. Les trois milieux marseillais sont pris, les pistons sont très haut et les trois défenseurs subissent le pressing - un d'entre eux dégage directement en touche. 

Quatre minutes plus tard, coup franc indirect joué par un défenseur, avec le même positionnement haut des Verts, qui attaquent immédiatement le joueur censé recevoir le ballon :


Les pistons marseillais ne sont toujours pas disponibles pour aider à ressortir le ballon et les milieux axiaux ne peuvent pas être trouvés. Les défenseurs essayent de jouer entre eux...


... et finalement mettent le ballon directement en touche, sans autre solution. Cette action a été suivi dans gros temps fort stéphanois, avec des nombreux corners et occasions, mais sans but. Un temps fort fini par la blessure de Moukoudi, remplacé par Kolo.

Le match a été plus équilibré pendant un quart d'heure, mais les Verts ont retrouvé un second souffle en fin de période, avec toujours un pressing haut :


Les défenseurs sont sur la ligne médiane et la seule solution de jeu pour le défenseur marseillais est un long ballon, qui est gagné dans les airs par Kolo :


Récupéré par un Marseillais, puis Kolo surgit pour intercepter une passe et de nouveau le ballon arrive dans les pieds adverses...


... avant que Debuchy intercepte la passe. Sur cette image il faut regarder le positionnement des trois stéphanois Debuchy - Camara - Nordin et des deux Marseillais, le milieu axial et le piston gauche. Parce qu'ils sont les acteurs principaux pour la suite de l'action :


Les trois stéphanois font d'abord un toro avec le milieu axial, pendant qu'ils remontent un peu le ballon et le bloc adverse recule. Ensuite...


... c'est le tour du piston de se retrouver au milieu du triangle de passes. Les Verts se font plaisir et gardent le ballon, ce qui n'est qu'une phase de préparation :


Quasiment tous les joueurs de champ adverses sont attirés dans cette zone, ce qui laisse de la place sur le côté opposé, où Trauco est trouvé par la transversale de Camara et Khazri s'était fait oublier. Le bloc marseillais doit coulisser, mais le positionnement n'est pas propre. On remarque que le piston gauche est quelques mètres plus haut que Nordin...


... et il le sera toujours, ce qui permet à l'ailier stéphanois de reprendre tout seul le centre de Khazri dans le dos de la défense, pour l'ouverture du score.

Contres


La physionomie du match a complètement changé en deuxième période. Après 52% de possession en 1MT et 12 tirs à 3 dans leur faveur, les Verts n'ont eu le ballon que 38% du temps et le rapport des tirs a été 6-12. L'approche tactique a changé, les protégés de Claude Puel ont choisi de défendre bas et ne plus presser haut, et les trois changements effectués ont modifié le système aussi :


Un bloc 4-1-4-1, avec Gourna-Douath entre deux lignes très serrées et Hamouma en avant-centre. Les Stéphanois se sont montrés très dangereux quand ils sont partis en contre dans le dos des défenseurs marseillais qui étaient forcément plus haut sur le terrain. Voici quelques exemples.

A la 73e, un centre est repoussé par la tour de contrôle Cissé et le ballon est prolongé de la tête par Neyou jusqu'à Hamouma :


Il faut remarquer le positionnement bas des deux ailiers, Aouchiche et Bouanga, pour mettre en évidence leur projection, quand Hamouma, après avoir remonté 30m balle au pied, décale un des deux :


Aouchiche et Bouanga se retrouvent ensuite dans la surface, en deux contre un, mais le premier n'arrive pas à passer la balle au deuxième, ni à éliminer le défenseur...

Dix minutes plus tard, de nouveau Cissé repousse de la tête un centre adverse, récupéré encore une fois par Neyou, qui s'appuie sur Gourna-Douath...


... et Bouanga est décalé à gauche, où il a du champ pour remonter le terrain. Comme la défense se replace vite, il s'arrête et joue en arrière avec Trauco :


Sauf qu'Hamouma avait vu le latéral droit marseillais monter sur Bouanga et fait un appel dans son dos, parfaitement servi par Trauco. Il élimine ensuite le dernier défenseur, mais voit sa frappe arrêtée par le gardien...

Dans la foulée, Marseille se retrouve en attaque et un centre est repris par un attaquant, permettant à Green de réaliser une belle horizontale et sortir le ballon...


... qui arrive dans les pieds de Debuchy. Et les Verts ressortent proprement, avec du jeu simple entre Aouchiche, Camara, Gourna-Douath et Neyou :


Ce dernier remonte avec le ballon, avec beaucoup d'espace dans le dos de la défense, les Marseillais défendant sur la ligne médiane :


Cet espace est parfaitement pris par Bouanga, recherché par la passe en profondeur de Neyou. Malheureusement, le goal adverse sort et dégage juste devant l'attaquant stéphanois.

Et même pas une minute plus tard, les Marseillais sont de nouveau dans la moitié stéphanoise, très haut, le dernier défenseur étant à 40 mètres :


Aouchiche intercepte une passe et Bouanga, le plus haut Vert, sprinte avec toute la moitié adverse libre devant lui :


La passe en profondeur est bien dosée et Bouanga arrive avant le défenseur, qui le fauche... et ne prend qu'un carton jaune.

Une succession de contres stéphanoises, qui auraient mérité des meilleures conclusions. Heureusement, les Verts n'ont pas regretté leurs occasions et ont gardé leur avance au score jusqu'au sifflet final.


Conclusions


L'équipe entraînée par Claude Puel a montré deux visages complètement différents dans ce match, et les deux ont été bien maîtrisés. Un pressing haut en 1MT, qui a empêché la construction adverse, qui a permis aux Verts de tenir le ballon et chercher l'espace dans le dos des latéraux marseillais trop offensifs. Un bloc bas et resserré en 2MT, qui a concédé peu d'occasions et qui s'est projeté vite vers l'avant, avec des contres qui auraient du faire mouche. Bref, une équipe complète, qui associe maîtrise avec une certaine efficacité dans les deux surfaces. Et même s'il y a la place pour mieux faire, ça représente une sacrée progression par rapport aux périodes difficiles connues plus tôt dans la saison...