dimanche 13 novembre 2022

ASSE - Rodez, 0-2

Je crois que nous avons touché le fond


Après 15 journées disputées, les Verts se retrouvent derniers du championnat et le directeur général s'est joint à son entraîneur après la nouvelle défaite, pour analyser franchement la situation du club 

Lors du dernier match à domicile en championnat, contre Paris FC, le staff stéphanois avait décidé de ne plus aligner la défense à 3 habituelle, en espérant qu'avec 4 défenseurs il y aura plus de stabilité défensive. Résultat : défaite 2-0 dans le Chaudron. Et pour le dernier match avant la longue trêve internationale, la réutilisation d'une défense à 4 a donné le même résultat :


Les Verts ont commencé le match en 4-3-3 avec Namri et Petrot en latéraux et Wadji et Cafaro en ailiers. Mais ils ont fini le match avec une défense à 3, lors des 20 dernières minutes, après l'expulsion de Giraudon :


Un 3-4-2 avec Pintor et Saban les seuls joueurs de couloir. On peut débattre longtemps sur les avantages et inconvénients de jouer à 3 ou à 4 derrière. Mais il n'y a pas de vérité absolue, car le style de jeu de l'adversaire entre en compte aussi. Et surtout, par dessus tout autre chose, qui sont les joueurs qui l'animent et ce qu'ils font du système change complètement la physionomie du match. 


Prenons un exemple en début de match, avec une relance adverse où on observe que les 3 milieux stéphanois - Mouton, Bouchouari et Lobry sont en marquage individuel au centre du terrain :


Jeu long ruthénois, repoussé initialement de la tête par Namri, avant que le ballon soit disputé entre plusieurs joueurs sur le côté :


Il n'y a pas de déséquilibre créé, mais la défense stéphanoise coulisse vers la droite, pendant que Cafaro, l'ailier gauche, reste très haut. Ce qui laisse un boulevard dans le couloir :


Le piston droit adverse est lancé, mais il tergiverse et finalement Petrot arrive à dégager de la surface. Un balon long, rendu à l'adversaire, et l'attaque continue :


Aucun Ruthénois n'est gêné par les Stéphanois, le ballon circule facilement est il est envoyé du côté opposé. Tous les Verts sont en place...


... enfin, presque tous. Wadji bloque le défenseur qui a le ballon. Au milieu, Bouchouari est au contact de son adversaire direct. Namri, lui, il est très loin du piston adverse, qui est recherché par une proposition de une-deux. Et les Stéphanois font n'importe quoi :


Wadji, Namri et Bouchouari se font tous les trois aspiré par le ballon et se mettent dans la zone du piston ruthénois. Le dernier a complètement abandonné son adversaire direct, qui propose une solution (Lobry vient de trop loin pour compenser et le gêner). Et surtout, aucun stéphanois ne suit l'appel en profondeur (le une-deux) du défenseur.


Un jeu à trois basique dans le couloir qui a dépassé les Stephanois. Giraudon est donc obligé de couvrir, ce qui laisse ses coéquipiers en sous-nombre dans la surface. Le centre au deuxième poteau est très bon, heureusement pour les Verts, la reprise passe à côté du cadre. 


L'analyse tactique s'arrête ici, car le problème actuel de l'ASSE n'est pas tactique. Certes, le staff tâtonne, essaie de nombreuses approches, des systèmes variés, des joueurs différents ou dans des rôles qui changent. Peut-être même trop de changements d'un match à l'autre - mais en même temps c'est concevable, car il n'a pas trouvé un truc qui marche bien.

Mais peu importe le système, il ne donnera pas des résultats. Le problème vient de la tête. Pour le terrain, c'est un travail sur le mental des joueurs qui est nécessaire. Certains sont liquéfiés de peur, d'autres ne sont pas réellement motivés, déjà pour faire le minimum, suivre les consignes tactiques. Ou se révolter, avoir la haine de la défaite, surtout à domicile. Pour le club, là aussi le problème vient de la tête. Et pas de la direction sportive ou générale, les prochains fusibles à faire sauter, avec ou après l'entraîneur. Et tant que la source du problème est toujours là, les changements de système, de joueur, d'entraîneur ou de projet ne feront aucune différence - au mieux c'est juste pour retarder l'échéance. Car non, on n'a pas encore touché le fond...

mardi 8 novembre 2022

Metz - ASSE, 3-2 (Wadji, Nadé)

On ne doit pas avoir peur


Après une nouvelle défaite de ses protégés, l'entraîneur des Verts a insisté sur l'état d'esprit qu'ils devraient avoir sur le terrain, un élément qui leur a fait défaut sur la pelouse de Metz

Concernant le système tactique utilisé, le staff stéphanois a été dans une certaine continuité par rapport aux deux derniers matchs, la victoire à Amiens et le match de Coupe contre Rodez, dont voici une capture d'écran :

Toujours une défense à trois, avec Bakayoko à la place de Briançon, blessé. Toujours seulement deux joueurs de couloir, avec Namri maintenu à droite et Maçon prenant la place de Pintor à gauche. Toujours trois milieux axiaux, en pointe basse - Bouchouari, de retour de suspension, remplaçant dans le rôle de sentinelle Monconduit. Ce qui laisse encore deux places à prendre dans le 11 de départ, une pour Wadji et... c'est pour la dernière que les choses commencent à être différentes :


Krasso étant de retour de suspension, il a pris cette dernière place restante. Et comme Chambost doit rester titulaire, il descend d'un cran, en milieu relayeur. Les Verts se sont donc retrouvés avec un milieu à trois technique, mais pas enclin à mettre de l'impact pour arrêter les vagues adverses. Mais leur problème principal est venu des côtés, car en 5-3-2 ils se sont retrouvés contre une équipe jouant à deux joueurs par couloir, en 4-3-3. Sur la capture précédente on voit comment les deux ailiers messins sont pris par les deux pistons stéphanois - mais qui doit suivre les montées des latéraux ?

Krasso et Wadji, les deux attaquants ? Ils ne faisaient pas d'efforts défensifs, ne s'excentrant pas pour défendre. Chambost et Lobry, les deux relayeurs ? Si le deuxième a parfois bloqué le couloir gauche, le premier n'a pas fait la même chose à droite. Maçon et Namri, les deux pistons ? En effet, ils sortaient parfois sur le latéral adverse et le défenseur axial le plus proche prenait l'ailier, car il n'y avait pas besoin de trois défenseurs pour un seul avant-centre messin. Mais si cette compensation a marché à gauche, ça a été beaucoup plus difficile à droite. 


Tactique pas adaptée à l'adversaire ou manque d'implication de certains joueurs ? Si dans sa conférence de presse d'après match Batlles insinue que c'est la deuxième cause, pour y remédier pendant le match son approche a été d'abord tactique. Dès l'égalisation de Wadji, il a demandé à Chambost et Krasso de se placer différemment :


Les Verts ont évolué en 5-2-3, avec donc deux offensifs excentrés censés suivre les latéraux adverses. Le problème ? Le manque de rigueur défensive de ces deux joueurs, Krasso à droite et Chambost à gauche. Du coup, les problèmes dans le couloir de Namri ont continué et Metz a logiquement repris l'avantage avant la pause. 

C'est seulement après la pause que les Stéphanois ont retrouvé réellement deux joueurs par couloir, quand ils sont passés en 4-4-2 / 4-2-4, Bakayoko sortant de la défense et Saban entrant à l'aile :


Un bloc équipe plus équilibré et des Verts qui ont su se montrer dangereux, mais pas réalistes, avant d'encaisser quand-même un troisième but. Marqué, comme un symbole, par le latéral gauche messin, qui a profité du fait que Chambost n'est pas un joueur de couloir, surtout d'un point de vue défensif.


Ce système a été ensuite maintenu pour le reste du match, les autres changements visant des joueurs cuits (Namri, remplacé par Nadé dans l'axe, Petrot passant latéral gauche et Maçon basculant à droite), pas si impliqués (Chambost - poste pour poste par Cafaro, bien plus présent) ou en danger de prendre un deuxième jaune pour des gestes de frustration (Maçon - poste pour poste par Silva).



Conclusions


La tactique ne fait pas tout et si les joueurs ne sont pas assez concernés ou n'ont tout simplement pas le niveau, évoluer dans un système ou un autre ne fera aucune différence. Il ne reste plus qu'un match avant la longue trêve internationale et c'est un match très important, avec une victoire absolument obligatoire. Le staff stéphanois n'a plus d'autre choix, les joueurs alignés doivent être ceux vraiment impliqués, avec le bon état d'esprit. Dans un système adapté à eux, pas à des postes qui ne leurs correspondent pas, juste pour réussir à tous les mettre sur le terrain. Et si le message pour eux est qu'ils doivent jouer libérés et ne pas avoir peur sur le terrain, ce n'est pas la même chose pour les supporters et la direction du club. Car après 14 journées disputées, les Verts restent toujours dans le bas du classement de la Ligue 2...