jeudi 29 décembre 2016

Bilan toulonnais à mi-saison

Il est l'heure d'un bilan de mi-saison pour le RCT. Pourquoi maintenant ? Parce que après 18 matchs joués, on est plus ou moins à la moitié d'une saison - la dernière a été longue de 35 matchs (26 Top 14, 6 Champions Cup, 3 de phase finale). Le temps de jeu est assez consistant pour pouvoir tirer des conclusions, tout comme le nombre d'essais et des points pris.

Temps de jeu et équipe type


Si on regarde le nombre des titularisations (t) et les minutes (') jouées lors des 14 matchs de Top 14 et 4 matchs européens, on peut en déduire une équipe-type pour le RCT :



Quelques explications sont nécessaires :
  • Même si Fresia et Chiocci ont été titulaires 9 fois chacun, sur les 7 fois que les deux ont été sur la feuille de match, le premier l'a été 6 fois, c'est donc lui qui apparaît dans l'équipe-type
  • Pareil, mais plus équilibré, pour Chilachava et van der Merwe, 13 fois ensemble sur la feuille de match, 7 fois titulaire le premier
  • Orioli a autant de titularisations (3) qu'Etrillard, mais il a été le remplaçant de Guirado seulement 4 fois sur les 11 titularisations de celui-ci, dont 3 parce qu'Etrillard était blessé
  • Manoa est placé en remplaçant de deuxième ligne (5 titularisations), même si Suta a plus des titularisations (6), parce que l'Américain en a aussi 4 en 3ème ligne
  • Le retour de Smith peut bousculer la hiérarchie en 3ème ligne
  • Même si Tillous-Borde et Escande ont le même nombre de titularisations, le premier a été plus souvent blessé - il aurait eu probablement plus. Pélissié revient fort depuis l'intronisation de Ford, ça peut changer dans le futur
  • Trihn-Duc (10t, 716') a eu plus des titularisation que Bernard, mais il est blessé, pour long temps. Et il n'a jamais joué sous Ford. Le retour de Giteau peut bousculer la hiérarchie.
  • Mermoz a une titularisation de plus, à l'aile, mais en centre il est loin derrière la paire principale
  • C'est quasiment impossible de trouver un ailier droit qui s'impose et qui n'est pas blessé. Tout comme Habana à gauche, Tuisova (5t, 385') et Mitchell (3t, 163') ont été titulaires à chaque fois qu'ils étaient aptes - mais ils ne seront pas bientôt. Yobo (6t, 496') et surtout Müller (6t, 503') en bénéficieront encore un peu.
  • On a préféré O'Connor en remplaçant trois-quart pour ça polyvalence, ses 9 titularisations étant 3 à l'arrière, 4 à l'aile et 2 au centre. Goromaru revient après sa longue blessure, mais il est moins polyvalent pour être un remplaçant utile.


On peut dire ce qu'on veut, mais ça reste une équipe qui a de la gueule. Imaginez la avec Giteau en 10 et Tuisova ou Mitchell en 14...

Essais


Sur les 18 matchs de cette saison, les toulonnais ont marqué 42 essais (2,3 / match), il y a seulement deux matchs sans essai marqué, à Briver et à Scarlets. Sur ces essais :

  • 5 (12%) n'ont pas été construits (3 de pénalité, 2 en contre rapide)
  • 11 (26%) ont été marqués par les gros : 7 sur des mauls après des touches, 4 en pilonnant (après touche, mêlée, etc.)
  • Les 26 autres (62%)
    • la rampe de lancement a souvent été la touche (15), moins la mêlée (4), le turnover (3) ou le jeu au pied (3)
    • très souvent le jeu a été envoyé au large (13), parfois ça a passé par des franchissements (4), avec une passe au pied (3), ou au près autour d'un point de fixation (3) ou des exploits individuels (2)


Sur les 18 matchs de cette saison, les toulonnais ont encaissé 36 essais (2 / match), il y a seulement deux matchs sans essai encaissé, à Toulouse et contre Montpellier. Sur ces essais :

  • 4 (11%) n'ont pas été construits (1 de pénalité, 3 en contre rapide)
  • 5 (14%) ont été marqués par les gros après des touches : 4 sur des mauls après des touches, 1 en pilonnant
  • Les 27 autres (75%)
    • la rampe de lancement a souvent été la touche (17), rarement la mêlée (1), un peu trop le turnover (6) ou le jeu au pied (3)
    • très souvent le jeu a été envoyé au large (15), mais ça a aussi passé par des franchissements (9), avec une passe au pied (2), ou au près autour d'un point de fixation (1)
Si on doit retenir quelque chose de ces chiffres : pour marquer des essais, on se base sur nos avants plus que nos adversaires. On prend des essais trop souvent en se faisant transpercer (25%) ou suite à des ballons qu'on perd (16%).


Points


Finalement, le bilan comptable sur ces 18 matchs n'est pas extraordinaire et pour l'instant le changement de staff ne montre aucune différence notable : 2,6 points par match sous Dominguez (10 matchs) et 2,6 matchs sous Ford (8 matchs). Ce qui fait tâche, par contre, c'est les 4 défaites sur 4 matchs à l'extérieur dans le deuxième cas...

Avec ce rythme des points on finirait la phase régulière du Top 14 avec 67-68 points, de quoi être 7èmes la saison dernière. Quant en Coupe d'Europe, une éventuelle qualification des poules passera par une victoire à l'extérieur chez le champion en titre.

Pas de quoi se réjouir pour l'instant...

mercredi 28 décembre 2016

Systèmes et temps de jeu

Après 30 matchs étalés sur 5 mois de compétition, un premier bilan peut-être fait sur la première partie de la saison des Verts : quels joueurs ont le plus joué, et dans quel système tactique ? Quelle a été l'équipe-type et quel impact ont eu les blessures ?

Systèmes de jeu


On peut identifier 4 systèmes de jeu utilisés par les Verts, sans compter le 4-4-2 utilisé lors des premiers matchs de préparation ou lors des fins de matchs quand on cherchait à revenir au score. La différence entre ces systèmes est faite principalement par le nombre de défenseurs centraux (2 ou 3) et par le nombre et le positionnement des milieux axiaux (2 ou 3, avec un "6" ou un "10").

L'ASSE a démarré trois matchs en 3-1-4-2

Ce système, basé sur un axe du terrain très aggloméré avec trois centraux et trois axiaux (dont une sentinelle), a été utilisé trois fois cette saison : à Paris, contre Anderlecht à domicile et contre Nice. Si dans le deuxième cas le choix a peut-être été imposé par le nombre des blessés (10), dans les autres c'était une adaptation tactique au jeu adverse. Voici les joueurs les plus titularisés dans ce système, avec le nombre des matchs commencés par chacun :



L'ASSE a démarré six matchs en 3-4-3

La différence avec le précédent vient du fait que la sentinelle est remplacé par un troisième attaquant, donc on protège moins la défense, mais on a une présence plus importante en attaque (en théorie). Il a été utilisé parfois par contrainte (Montpellier, réception de Beitar, Lille), mais aussi par choix lors de trois matchs consécutifs en décembre (à Bruxelles, contre Guingamp et en Coupe de la Ligue).



L'ASSE a démarré trois matchs en 4-2-3-1

Comme pour le système précédent, il s'agit des matchs en fin d'année, consécutifs : la réception de Mayence, à Angers, contre Marseille - pour être précis, seulement la 1MT du dernier match, on avait passé en 4-3-3 à la pause. On ne protège toujours pas la défense avec une sentinelle, mais on place un joueur supplémentaire (le "10") à côté de l'avant-centre pour qu'il soit moins isolé.


L'ASSE a démarré les autres dix-huit matchs en 4-3-3

Ce système, qui utilise une sentinelle entre les lignes pour aider la défense (parfois décrit donc 4-1-4-1), est un des plus fréquent dans le foot moderne. Il a été clairement le système de base de cette première partie de saison.



Équipe-type


Avec plusieurs systèmes tactiques utilisés, il est presque impossible d'identifier une équipe-type. Si on regarde seulement les 18 matchs joués en 4-3-3, la triplette titulaire au milieu le plus souvent ensemble est Selnaes, Veretout, Saivet (4 matchs démarrés ensemble dans ce système). La triplette offensive alignée le plus souvent ensemble est Tannane, Beric, KMP (4 matchs). Et les 6 joueurs alignés tous ensemble dans le onze de départ, c'est arrivé seulement deux fois, contre Monaco et à Gabala.

Dans l'esprit de tout le monde, c'est Hamouma qu'il faut mettre dans l'attaque type et non KMP : Tannane, Beric, Hamouma ont démarré ensemble 3 matchs : deux en début de saison à Athènes et à Bordeaux et un à la fin, à Lorient... pour seulement 10 minutes (sortie de Beric après le carton rouge de Moulin).

Pour se donner donc une idée de l'équipe-type, on peut regarder le nombre des minutes jouées à des différents positions, peu importe si en tant que titulaire ou en remplaçant. Ainsi, si on considère le 2700 minutes possibles sur cette partie de la saison, les joueurs qui ont joué au moins la moitié (1350) à un poste précis sont :



Certaines positions n'ont pas de joueur associé parce qu'il est difficile d'en tirer un titulaire :
  • en latéral gauche (défense à 4 ou à 5), MBengue n'arrive pas à la moitié des minutes (1100), tout comme Pajot en 3ème milieu axial (1300) ou KMP en ailier gauche (1300)
  • Hamouma ne dépasse pas la barre de 1000 minutes (950), ni Roux (940), Beric à peine plus (1060)
Il faut cependant noté que d'autres joueurs ont un temps de jeu plus élevé, mais ne sont pas dans l'équipe type à cause de leur polyvalence : par exemple, KTC a beaucoup joué, 900 minutes dans l'axe et 900 sur le côté de la défense et avec ses dépannage en défense KMP dépasse les 1700 minutes. Les chiffres dans l'image ci-dessus représentent seulement les minutes (arrondies) passé à chaque poste spécifique.

Blessures


Le faible temps de jeu de la plupart des joueurs est partiellement expliqué par la rotation mise en place (matchs tous les trois jours), mais surtout par le nombre impressionant des blessures. Les plus absents, ceux avec le plus grand nombre des matchs manqués sont : Lemoine (15 matchs manqués), Hamouma (11), MBengue, Polomat et Beric (10 chacun). On compte seulement les matchs ratés tant qu'ils étaient à l'infirmerie, mais leur absence a été plus longue que ça : après les longues blessures, le joueur ne joue pas tout de suite, il joue parfois avec la CFA, il fait partie du groupe mais il n'entre pas, ou seulement pour 15 minutes à la fin du match, etc.

On ne va pas lister tous les joueurs qui ont été blessés au moins, ça sera trop long. On va lister ceux qui n'ont (presque) pas été gênés par des blessures :

  • Aucun match à l'infirmerie : Pajot, Veretout et Lacroix 
  • Un match à l'infirmerie : KMP (celui à Angers pour des douleurs musculaires) et Tannane (le dernier, contre Nancy, pour des douleurs aux adducteurs)
Pour des raisons évidentes, on ne liste pas Moulin, Maisonnial, Clement, Corgnet, Karamoko, Saint-Louis ou Nordin - seulement le dernier a eu un temps de jeu correct (plus de 500 minutes).


Si on regarde attentivement, les joueurs peu blessés ont un point un commun : ils n'ont pas effectué les trois premières semaines de préparation avec le reste du groupe. Lacroix et Veretout nous ont rejoint en fin de mercato après avoir fait la préparation avec leurs équipes précédentes. Pajot et Tannane ont soigné des blessures musculaires et ont repris tard, en manquant les 3, respectivement 2 premiers matchs amicaux (et la préparation avant). A titre de contre-exemple, KMP a effectué cette préparation complètement sans être blessé par la suite, mais Saivet et Söderlund ne l'ont pas effectué et ont eu tous les deux des blessures musculaires.

Conclusions


Pour avoir des belles performances, surtout offensivement, on peut se baser sur un-deux joueurs d'exception, capables de faire la différence et de changer le cours du match. Malheureusement, il est difficile de se permettre de tels joueurs pour un club comme l'ASSE et, si on y arrive, il y a une forte probabilité qu'ils soient souvent blessés. Ou, on peut se baser sur un jeu collectif très huilé, à base d'automatismes et des joueurs interchangeables. Malheureusement, il est difficile de le mettre en place quand on change le schéma de jeu régulièrement et quand les joueurs ne jouent pas à leur poste ou ils n'ont pas la plénitude de leurs moyens.

En faisant cette rétrospective de la première partie de la saison 2016-17, il est vraiment difficile de se faire une idée claire sur la stratégie tactique des Verts. Peut-être que l'idée initiale était d'avoir une stratégie complète, un jeu collectif à la fois défensif et offensif. Ou peut-être que la stratégie initiale était d'avoir un jeu collectif jusqu'aux derniers 30m et après laisser s'exprimer le talent individuel des joueurs qui vont porter l'équipe vers le haut. Difficile à dire quelle était l'idée initiale - mais il est facile à voir qu'elle n'a pas pu être mise en place...

dimanche 25 décembre 2016

Montpellier - RCT, 33-29 (Gill, van der Merwe)

L'avant-match


Le staff toulonnais a du offrir une semaine des vacances aux joueurs internationaux Chiocci, Guirado, Gorgodze, Ollivon, Mermoz et Halfpenny pour ce déplacement à Montpellier. On ne peut pas dire qu'ils ont fait l'impasse sur ce match, mais il est clair qu'on ne cherchait pas une victoire à tout prix non plus, à l'extérieur chez un gros, 2ème du classement.

Le match


A débuter comme si c'était les toulonnais présents qui étaient en vacances. A la 8ème minute on comptait déjà trois touches toulonnaises interceptées et deux pénalités offertes, dont une par Gill. Malmenés, les toulonnais ne font que défendre, mais on colle au score grâce aux points pris au pied. On fait cadeau d'autres pénalités (Gill de nouveau), un essai en première main, au large après une touche. Bref, on y est pas, comme par exemple à la 28ème quand on essai de relancer à la main de nos 22 et Goromaru ne joue pas le surnombre à l'extérieur mais préfère un coup de pied... directement en touche. Pire, nos avant perdent le combat : même s'ils ont obtenu une pénalité sur la première mêlée du match, introduction adverse, ils se sont fait bouffer dans les ballons portés. A la 36ème on forme un maul, il n'avance pas, le ballon est coffré. Montpellier sort le ballon sur la mêlée qui suit, Goromaru concède une touche à 5m de notre en-but et on prend un essai sur ballon porté.

26-12 à la pause, 2 essais à 0, on n'a pas vraiment joué lors de la première période. On s'est réveillé à la mi-temps, pendant les 10 premières minutes on a eu probablement 90% de possession, avec des longues phases, mais soit on perd le ballon dans les rucks, soit on joue sans inspiration au pied. Et à la 52ème, une interception adverse, un essai sauvé en extremis, mais une nouvelle touche adverse à 5m, maul et essai. Cruel réalisme de Montpellier.  L'alignement toulonnais continue à être catastrophique, avec deux autres lancés d'Orioli perdus en espace de 3 minutes et on se dirige doucement vers une victoire bonifiée pour nos adversaires.

Sauf qu'à la 73ème minute, après une énorme action de 2:48 (voire plus bas) avec plusieurs turnovers, Gill marque en force et le RCT se met à la quête d'un bonus défensif. Dernière minute de jeu, pénalité pour les toulonnais à 5m, ça ne donne rien... et deux pénalités à 5m plus tard, après la sirène, jouées à la main, les avants veulent montrer qu'ils sont plus forts et pilonnent jusqu'à marquer un 2ème essai. Accordé, puis réfusé à la vidéo, puis reaccordé de nouveau et avec lui un petit point de bonus.

L'action


Tout part d'une mêlée toulonnaise à 5m du propre en-but à la 71ème minute, Après un point de fixation, Escande (9) dégage au pied et trouve une touche à 40m. Elle est rapidement jouée et le ballon envoyé au large :


La défense est en place et Müller (14) arrive à arracher le ballon des bras de son adversaire. Deux points de fixation plus tard, Bernard (10) envoie un très long coup de pied, de ses 22m jusqu'à l'entrée des 22m adverses, offrant ainsi un ballon d'attaque à l'arrière de Montpellier :


Celui-ci envoie une chandelle, courte, mais récupérée quand-même par ses coéquipiers. La sortie du ballon du ruck formé est très lente (presque 20 secondes !) et donc les équipes sont en place pour une attaque de Montpellier :


La défense de Bastareaud (13) et Escande (9) est solide, le jeu est inversé et finalement une autre chandelle est tapée, mais cette fois-ci longue est facilement captée par Bernard (10) :


Plusieurs temps de jeu s'enchaînent et les toulonnais n'arrivent pas à avancer, alors le demi d'ouverture joue au pied, court, juste derrière la ligne de Montpellier : 


Il est gêné dans sa course et l'arrière adverse à de nouveau un ballon d'attaque - il est plaqué, et plusieurs points de fixation plus tard Montpellier se trouve de nouveau en position de construire une attaque sur la largeur, toujours sans déséquilibre créé :


Le ballon est perdu au contact, récupéré par Deboulbés, qui passe après contact pour van der Merwe, qui passe après contact pour Bastareaud, qui passe pour la course de Clerc (11) qui a vu l'espace libre et qui fait parler ses vieilles cannes :


Il passe pour la course croisée de l'autre ailier, Müller (14) et le jeu de passes après contact continue...


... avec Rebbadj (4), Yobo (12) et Gill (6) qui n'a plus qu'à aller aplatir entre les poteaux.


La suite


4ème défaite sur 4 matchs à l'extérieur pour Mike Ford. Même si le groupe n'était pas au complet, ça commence à inquiéter, surtout quand on sait qu'il faut gagner chez le champion d'Europe en janvier pour se qualifier. Et que le seul match à l'extérieur d'ici-là sera à Clermont...

vendredi 23 décembre 2016

ASSE - Nancy, 0-0

Pour le dernier match de l'année 2016 les Verts espéraient mieux qu'un 0-0, surtout en jouant une demi-heure en supériorité numérique. Et avec 18 tirs, 39 centres dans le jeu et 12 corners à leur actif, on peut dire qu'ils ont essayé, mais cette classique maladresse devant le but leur a fait rater une victoire pourtant à leur portée.

Dans l'axe et en mouvement


Si on essaye de comprendre la tactique offensive des Verts, on voit une importante différence entre les deux périodes. Ainsi, lors de la première période on a eu la possession du ballon (56%) et on a tenté 6 tirs, tous dans le jeu, dont 5 de la surface, dont 2 cadrés et 2 bloqués par les défenseurs. Autrement dit on a tenté, on s'est mis dans des bonnes situations... et on n'a pas marqué. Cependant, la chose intéressante reste la manière d'attaquer en première période : beaucoup dans l'axe, peu sur les côtés.

Un premier exemple, à la 26ème - il faut suivre le positionnement des certains joueurs, le trio offensif (KMP - Söderlund - Hamouma) et les deux milieux relayeurs (Dabo - Pajot). On récupère le ballon et on relance proprement, en passant par la défense :


Le bloc adverse (4-1-4-1) est en place, nos deux ailiers sont dans leurs couloirs (avec les latéraux adverses), nos deux relayeurs sont dans la ligne de 4 milieux :


Pendant 12 secondes on fait tourner le ballon entre Veretout, KTC et Lacroix pour faire sortir un milieu du bloc défensif et permettre à nos ailiers et relayeurs de faire des appels :


Maintenant KMP se trouve à côté de Söderlund, Hamouma en "10" dans l'axe, Dabo à sa place et Pajot entre les lignes. Comme un milieu est sorti du bloc, Lacroix peut monter avec le ballon :


Il trouve Pajot entre les lignes, qui lance tout de suite KMP en profondeur. Pendant ce temps Söderlund n'a pas bougé (un peu gauche-droite, mais toujours entre les deux centraux), mais Hamouma et Dabo cherchent sans arrêt un espace libre entre les adversaires. Le ballon pour KMP est incercepté, dégagé, récupéré tout de suite par MBengue...


... qui revient vers la défense via Veretout. Le jeu est verticalisé de nouveau avec Pajot (nouvelle position pour lui) et Dabo. Et après un un-deux entre nos deux relayeurs :


Hamouma se retrouve de nouveau entre les lignes, mais Pajot cherche Söderlund. Celui-ci ne bouge pas beaucoup, se trouve toujours entre les deux centraux, mais parvient à remiser en pivot pour Hamouma qui se lance vers la surface. Son dribble est contré, le ballon parvient quand même à Söderlund à l'entrée de la surface, mais il ne cadre pas sa frappe...


Et un deuxième exemple, deux minutes plus tard avec un long ballon de KTC pour Söderlund, vers le côté droit, abandonné par Hamouma qui se trouve dans le rond central avec Dabo et Pajot :


Le ballon est repoussé jusque dans les pieds d'Hamouma, revenu dans son couloir. Mais il ne reste pas là longtemps, il sort par un un-deux avec Pajot et ouvre dans l'axe vers Dabo :


Celui-ci s'appuie sur KMP qui, central, pas dans son couloir, dos au but revient vers le milieu du terrain :


Des belles trajectoires de passe entre les lignes, dans les 30m adverses, précises, pour trouver MBengue dans son couloir. Comme les deux ailiers étaient dans l'axe, les couloirs étaient pour les latéraux - ou au moins un d'entre eux, Malcuit restant derrière avec les deux centraux. MBengue est bloqué par son adversaire direct, alors il revient vers Veretout, véritable plaque tournante de l'attaque: 


A ce moment de l'attaque, nous avons une équipe très offensive (7 joueurs dans les 30m adverses), mais aussi très axiale.Veretout trouve Hamouma, ce qui attire encore plus les défenseurs dans l'axe :


Hamouma essaye de trouver MBengue, décalé, le ballon est intercepté par KMP qui entre dans la surface, mais son tir est bloqué. Encore une belle action collective, avec des passes tracées parfaitement dans le camp adverse. Comme la précédente, s'il y avait eu but à la fin de l'action, ça aurait fait un superbe but collectif.

Sur les côtés en supériorité numérique


Le jeu dans l'axe avec beaucoup des mouvements sans ballon a été abandonné après la pause, surtout après la 60ème minute et le carton rouge de Nancy. On est passé beaucoup plus souvent sur les côtés, en centrant, mais en créant moins de danger : après la 60ème, on a largement eu la possession (76%), on a tiré 8 fois, seulement 5 dans le jeu, seulement 1 de la surface (pas cadré - Lacroix à la 81ème). Donc on n'a pas du tout été dangereux, on ne s'est pas mis dans des bonnes situations. Choix tactique intentionnel ou fatigue subie ? 

L'exemple suivant, à la 70ème (supériorité numérique, entrée de Saivet pour Dabo) penche la balance du côté de la forme physique. De la gauche, MBengue revient dans l'axe avec Veretout qui décale Malcuit dans le couloir droit :


Tous le bloc adverse est sur sa droite, Malcuit a beaucoup d'espace devant lui. Comme dans les exemples précédents, il faut regarder le positionnement des éléments offensifs Hamouma, Söderlund, KMP et Saivet, surtout des deux premiers. La vitesse de Malcuit lui permet de passer avant que le milieu latéral adverse puisse l'arrêter...


... mais le défenseur latéral couvre bien et Malcuit se retrouve complètement seul sur son côté. Nos trois attaquants n'ont pas bougé et attendent sagement un centre. Comme il est seul, Malcuit n'a pas d'autre choix que d'essayer de passer en dribble...


... et il y arrive, se retrouvant ainsi en bonne position pour centrer. Pendant ce temps, les quatre éléments offensifs sont toujours à leur place. KMP fait quand-même un appel au premier poteau (en venant du côté opposé), Saivet se place pour un centre en retrait, Hamouma fait le même appel que KMP et Söderlund a bougé en total quelques mètres en attendant sagement que le ballon lui parvient. Même en infériorité numérique, même avec deux joueurs éliminés dans le couloir par Malcuit, Nancy a deux joueurs de plus que nous dans la surface, ils se trouvent entre Malcuit et les autres, et ensembles ils bloquent le centre de notre latéral. Sur cet exemple là, s'il y avait eu but à la fin, ça aurait été un exploit personnel de Malcuit et non plus un jeu collectif bien huilé.

Conclusions 


Trente matchs déjà cette saison, on peut comprendre une certaine fatigue en deuxième période pour les Verts. Mais si on ne marque quasiment jamais en première période (par manque d'efficacité offensive) et on ne le fait pas en deuxième parce qu'on est fatigués, il est difficile de gagner des matchs. Il faut maintenant espérer que les 10 jours de repos effaceront la fatigue et que les matchs plus espacés en janvier nous permettrons de régler les soucis offensifs à l'entraînement...

mardi 20 décembre 2016

Scarlets - RCT, 22-21

L'avant-match


Après la victoire bonifié lors du match aller, une semaine plus tôt, le RCT devait de nouveau gagner contre les Scarlets s'il veut joueur les quarts de la Coupe d'Europe. L'adversaire connu, un seul blessé de retour (Fernandez-Lobbé) et donc quasiment le même groupe convoqué par Mike Ford.

Le match


Commence avec le RCT en train de montrer ses intentions, après une touche sur les 22m adverses, on obtient une pénalité sur le maul qui suit et on choisit d'aller en touche, et non de la tenter. Malheureusement le deuxième maul ne donne rien. On passe ensuite 5 minutes dans nos 22m, deux fois avec une mêlée à 5m, on défend bien et on est menés seulement de 3 points après 10 minutes de jeu. Mais la grosse domination de Scarlets continue (71% d'occupation après 12 minutes de jeu) et on encaisse finalement un essai à la 14ème. Les gros souffrent clairement, surtout en mêlée fermée, comme par exemple à la 22ème quand, sur une mêlée toulonnaise dans nos 5m, les Scarlets récupèrent une pénalité. Chilachava est d'ailleurs sorti dès la 29ème minute, c'était pas son jour, ce qui a inversé quand-même le rapport des forces en mêlée fermée, on en gagne une à la 40ème, on entre dans les 22m adverses, bref, on sort la tête de l'eau et on finit seulement 16-9 à la pause.


En début de la 2ème période nos avants se réveillent enfin, à la 47ème on fait enfin un maul qui avance, on tape la pénalité en touche sur les 22m adverses et même si on perd le ballon au contact (comme très souvent), au moins on avance. Cependant, ce n'est pas notre meilleur jour, comme par exemple à la 52ème - les Scarlets sont avertis verbalement pour un trop grand nombre des pénalités, on va en touche, on fait un maul qui avance, on prend une autre pénalité et on va en touche à 5m... et Fresia fait une faute dans le maul et prend un jaune. On continue quand-même à espérer et on met une grosse pression, entre la 65ème et la 75ème on a pas moins de 92% de possession. On fait une grosse action à la 67ème conclue par un en-avant, on fait des mêlées à 5m de l'en-but, des touches dans les 22m adverses, mais on rate tout à un moment donné. Et pourtant, dans les 5 dernières minutes, menés de seulement un point, on rate deux pénalités et un drop. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas.

La suite


On a raté l'entame du match et on n'a pas réussi à remonter malgré les efforts consentis, notre jeu étant trop brouillon, il y avait trop de précipitation. Est-ce qu'on a complètement hypothéqué nos chances de qualification ? En théorie, non : il faut prendre 5 points à domicile contre Sale et gagner ensuite aux Saracens. On finira ainsi avec 19 points et :
  • Poule 4 : en supposant que Montpellier ne prend pas plus d'un point à Leinster (J5), ils finiront deuxième avec 17p max
  • Poule 1 : Glasgow - Munster (J5) et Racing - Munster (une semaine plus tôt) à suivre : l'équipe qui perd sera 2ème, avec 17-19 points
  • Poule 2 : si Toulouse perd à Wasps (J5), mais gagne à domicile contre Connacht (J6), les deuxièmes auront 18-19 points
  • Poule 5 : Ulster et Bordeaux auront 13-14 points avant la finale entre eux - le deuxième aura 18-19 points maximum
Bref, le soir de la 5ème journée, le RCT saura si une qualification sera possible avec une victoire aux Saracens. Après, y aller pour gagner c'est quasi-impossible, mais de toute façon il faut gagner à l'extérieur un jour. Et d'ici là on aura deux déplacements, à Montpellier et Clermont, pour apprendre comment faire à Mike Ford, qui n'a pas encore gagné à l'extérieur avec le RCT...

dimanche 18 décembre 2016

Lorient - ASSE, 1-2 (Pajot)

Le 3-4-3 avec sa fébrilité défensive oublié, le milieu et l'attaque titulaires enfin alignés ensemble (Selnaes-Veretout-Dabo-Tannane - Beric - Hamouma), on avait des raisons de croire dans un bon match des Verts à Lorient. Malheureusement ces espoirs se sont éteints avec l'expulsion de Moulin, ce qui ne nous empêche pas d'essayer de comprendre la tactique prévue initialement et l'adaptation qui en a suivi. 

Le plan de jeu initial


Pour ce retour au 4-3-3 "classique", le choix tactique des Verts a été de défendre bas et attendre les Lorientais, qui jouaient dans le même système, éventuellement en les punissant en contre. Enfin, c'est ce qu'on peut déduire des premières 10 minutes du match, avec une possession Stéphanoise de seulement 43%. A titre d'exemple, à la 8ème minute on défend en 4-1-4-1, le jeu adverse va vers notre gauche :


Après plusieurs dédoublements, l'ailier droit adverse parvient à centrer, le ballon est repoussé par KTC vers Selnaes qui déclenche rapidement une contre-attaque via Veretout et Tannane :


A noter que 8 Verts défendaient contre 7 Lorientais et que donc Tannane et Beric étaient au centre du terrain avec trois défenseurs adverses. Tannane monte avec le ballon dans le couloir :


Beric est pris entre les deux centraux adverses, nos deux relayeurs montent (avec leurs deux adversaires), Hamouma (hors du cadre) et son adversaires aussi. Tannane gagne son duel contre le latéral et attire ainsi plusieurs joueurs sur lui :


Beric n'est plus pris entre deux défenseurs centraux, Dabo est libre à l'entrée de la surface, tout comme Hamouma au deuxième poteau (son adversaire doit serrer Beric). Tannane choisit la deuxième option, mais malheureusement Dabo rate son tir.

Un bloc défensif stable et solide, des contres rapides en jouant sur la qualité techniques de nos joueurs, il y a des raisons de croire que les Verts auraient pu amener un bon résultat de ce déplacement.

Défendre à 10


L'expulsion de Moulin, tôt dans le 9ème match d'une série de 10 tous les trois jours, a plombé l'envie Stéphanoise. Les Verts se sont ainsi mis dans un 4-4-1 pour bien défendre, laissant seulement Hamouma ou Tannane en avant-centre :


Ce système très défensif a été changé à la pause - menés, les Stéphanois ne pouvaient pas se permettre de jouer avec un seul avant-centre. Ils ont ainsi défendu en deuxième période en 4-3-2 :


Dabo, Selnaes et Veretout ont du beaucoup courir pour couvrir toute la largeur du terrain et nos deux latéraux ont souvent souffert en étant seuls dans leurs couloirs. 

Attaquer à 10


On a continuer à subir - seulement 32% de possession pour les Verts entre le carton rouge et le double changement effectué à la 68ème. Les entrants Pajot et KMP, plus frais, nous ont fait du bien et on a commencé à garder le ballon (55% de possession pour les Verts entre la 70ème et la 85ème) et construire des attaques. Avec un peu de réussite on aurait pu égaliser, avant de concéder un deuxième but en contre qui a plié le match. A titre d'exemple, une attaque Verte construite à la 75ème minute - ça part de derrière :


Les défenseurs se font des passes - elles ne sont pas les plus efficaces (KTC aurait pu jouer avec Pajot directement, ou Lacroix avec MBengue), mais leur rôle est de calmer le jeu, donner le temps au bloc de remonter et de s'enlever un peu de pression. Ce jeu de passe dans notre moitié continue :


Mais maintenant l'équipe est en place : Selnaes dans l'entre-jeu, Hamouma et KMP sont sur les deux centraux, Veretout s'est placé en ailier gauche. Comme il nous manque un joueur, on n'aura pas d'ailier droit sur cette action, le jeu sera sur la gauche - si KTC donne le ballon à RPG dans son couloir, il aura deux adversaires devant lui et aucun coéquipier pour l'aider.


MBengue joue avec Selnaes et la passe qui suit traverse le premier rideau et trouve Hamouma, qui décide de revenir, le jeu est envoyé sur le côté, mais le décalage n'est pas fait, Veretout revient ainsi vers notre meneur de jeu :


Celui-ci le redonne à Veretout, mais cette fois-ci MBengue a eu le temps de monter, donc le jeu en triangle avec Pajot fonctionne et notre latéral est lancé dans son couloir. Malheureusement il n'est pas en confiance et au lieu d'essayer de passer en un contre un, il revient et via Veretout et Selnaes le ballon arrive à Lacroix :


Un décalage est possible à droite, KTC étant monté au milieu du terrain, mais KMP fait un bon appel dans le dos de la défense, la longue passe de Lacroix est très bien dosée. Une faute en position de (presque) dernier défenseur met malheureusement fin à cette longue action construite des Verts. Mais elle a eu le mérite d'exister, nos joueur ont essayé de relever la tête malgré la fatigue et les événements défavorables.


Conclusions


On est clairement dans le dur. Les blessures ne nous épargnent pas, on laisse beaucoup des points en route avec l’enchaînement des matchs et c'est clerc que des faits de jeu défavorables comme dans ce match nous enfoncent encore plus. On finit l'année sur les rotules, mais il faut espérer que la trêve sera regénératrice. Il faudra retrouver la forme, des nouvelles idées et de l’enthousiasme pour avoir une belle deuxième partie de saison. Heureusement que, pour une fois, on aura un mois entier avec peu des matchs (4 sur tout le mois de janvier, dont le premier contre une CFA), pour essayer de retrouver ces ingrédients. 

vendredi 16 décembre 2016

ASSE - Nancy (CdL), 0-1

Et donc pour la troisième fois dans sept jours on a eu droit à une équipe de l'ASSE en 3-4-3. On a clairement vu les problèmes de ce système, alors pourquoi s'entêter ?

Pour une bonne assise défensive ?


Trois défenseurs, protégés par seulement deux milieux, ce n'est pas solide. On l'a bien vu contre Anderlecht, trop d'espaces libres sont laissés entre les trois centraux. Et on l'a aussi vu contre Guingamp, quand l'équipe a concédé un nombre impressionnant de tirs, 18... Mais la défense à trois est encore plus fébrile quand les joueurs n'ont pas l'habitude de défendre ensemble. A titre d'exemple, deux occasions de Nancy avant l'ouverture du score.

Dans le premier exemple, l'avant-centre adverse reçoit le ballon en pivot au centre du terrain :


Même s'il est dans la zone de Pogba, qui n'a pas d'adversaire à prendre (l'ailier de ce côté étant loin et Polomat à côté de lui), c'est Lacroix qui attaque l'avant-centre. Perrin quant à lui est pris par l'ailier de son côté. Un des milieux adverses fait un appel et prend de vitesse nos milieux, il est servi dans la course...


... et Perrin se retrouve en difficulté, il ne peut pas serrer dans l'axe sans abandonner son adversaire direct, libre dans le couloir. Tout simplement, parce que c'est bien Lacroix et non Pogba qui est monté sur l'avant-centre en première phase.

Et la situation se répète un peu plus tard, avec un long ballon pour ce même avant-centre, placé toujours entre les mêmes défenseurs :


Et de nouveau Pogba et Lacroix ne se synchronisent pas, ils sautent tous les deux, ils perdent le duel aérien et le ballon est dévié dans la course de l'ailier qui prend Polomat de vitesse et arrive dans la surface.

Pour une dangéreusité offensive ?


Bon, ok, la défense est fébrile parce que les joueurs n'ont pas l'habitude de jouer ensemble dans ce système. Mais au moins on attaque bien, non ? Ben, si contre Anderlecht on a eu des contres très efficaces avec Hamouma et Malcuit en feu, si contre Guingamp le duo Tannane-Malcuit a très bien marché dans le couloir droit, aucun de ces joueurs n'était présent contre Nancy. Et comme en plus notre adversaire a ouvert le score vite, ils se sont bien regroupés derrière ensuite. Les Verts ont ainsi eu du mal a défaire un bloc défensif bien bas et compact. Ce qui n'a pas aidé non plus a été le manque de savoir faire de Saivet et Nordin dans ce système. On a pu ainsi voir très rarement des positionnements dans la défense suivis par des déplacements latéraux pour créer des décalages ou fixer des défenseurs, action dans laquelle excellent Tannane, Hamouma et KMP. 

Conclusions


Si on est fébriles défensivement dans ce système, si offensivement on dépend trop de quelques joueurs, pourquoi utiliser le 3-4-3 quand ils ne sont pas là ? Pour créer des automatismes ? Voilà les défenseurs, milieux, pistons et attaquants utilisés lors des trois derniers matchs :
  • KTC, Lacroix, Pogba / KTC, Perrin, Pogba / Perrin, Lacroix, Pogba
  • Saivet, Dabo / Veretout, Pajot / Selnaes, Dabo
  • Malcuit, Polomat / Malcuit, MBengue / KMP, Polomat
  • KMP, Söderlund, Nordin / Tannane, Söderlund, Hamouma / Nordin, Beric, Saivet
Comment se créer des automatismes dans un nouveau système en changeant chaque secteur lors de chaque match ?

RCT - Scarlets, 31-20 (Gorgodze, Halfpenny, Taofifénua, Guirado)

L'avant-match


La Coupe d'Europe est de retour et avec elle l'obligation de résultat, une victoire avec bonus étant impérative pour garder des chances de qualification. L'effectif est assez étoffé pour compenser les absences en 3ème ligne (Fernandez-Lobbé, Smith, Gill) et à l'aile (Mitchell, Tuisova, Clerc), les Galois ne sont pas un adversaire très fort, le RCT partait donc favoris.

Le match...


... débute bien, en force. Après une belle poussée en mêlée, les toulonnais récupèrent une pénalité, ils vont en touche, forment un maul et à la sortie ils envoient Bastareau en franchisseur pour rajouter une couche et marquer un essai par Gorgodze. Démonstration de force et les gros sont clairement bien présents dans le match, proposant une belle ligne défensive quasi-infrachissable pendant les phases de possession Galoise. Le match continue avec un deuxième essai directement après un coup d'envoi (voir l'action), puis un troisième après une touche et un jeu envoyé au large et trois quarts du chemin vers le bonus sont faits.

C'était sans compter sur un beau trou d'air des Toulonnais qui commencent à raté leur plaquages, ce qui laisse les adversaires franchir assez facilement la ligne d'avantage et marquer un essai à la 35ème. Ça continue après la pause, avec 7 premières minutes en deuxième période pendant lesquelles on a énormément subi. Avec un peu de chance (deux essais refusés pour les Galois après arbitrage vidéo) on s'en sort, toujours grâce aux avants qui marquent un essai sur ballon porté après une touche à 5m. Le quatrième, objectif atteint, le RCT finit le match en gérant, avec un bonne maîtrise en défense (le retour de la ligne infranchissable), avec des ballons volés sur lancés adverses, même s'ils ont encaissé un dernier essai à la 78ème.

L'action


On joue la 25ème minute et Scarlets vient de réduire le score avec une pénalité, 10-6. Le coup d'envoi de Bernard (10) est court et récupéré par Ollivon, puis par Manoa en point de fixation :


La défense est bien sûr en place, alors on utilise les avants pour la fixer, avec van der Merwe, puis Guirado, Ollivon de nouveau et Taofifénua :


On voit sur cette image comment la défense adverse devient plus serrée et comment tous les trois quarts toulonnais sauf un (Habana, 11) sont sur un côté - de même pour les adversaires. On voit aussi comment Bernard (10) annonce la combinaison à Bastareaud, et après un autre point de fixation de Suta, l'attaque des trois quarts est lancée :


Inversion de jeu immédiate de la part de Bernard, nos deux centres sont prêts, la défense ne s'y attendait pas. Bastareaud (13) attaque la ligne d'avantage dans une situation de surnombre :


Il ne donne pas le ballon, mais il casse un plaquage est il est difficilement mis au sol, non sans fixer sur lui absolument tous les défenseurs disponibles. Et donc quand Taofifénua (5) sort le ballon...


... le surnombre est total, Halfpenny (15) - il faut regarder sur les images précédentes où il se trouvait pendant tout ce temps - n'a plus qu'à courir et applatir, sans même avoir besoin de passer plus loin à son ailier.

Une belle attaque, bien préparée avec les avants et continuée avec une inversion de jeu très rapide des trois-quarts. Du rugby comme on aime...

La suite


Objectif atteint, mais après un match pas complètement rassurant. Les avants ont fait leur boulot, avec une grosse conquête, mais on s'est un peu trop basé sur leur performance : offensivement on est passé en force, défensivement on a assuré... sauf les moments quand ils se sont ratés. Et ce genre des manques dans les matchs peut coûter cher. Le match retour, après une semaine, s'annonce quand même à la portée des toulonnais et pour l'instant en Coupe d'Europe l'important c'est le résultat, pas forcément la manière.

mardi 13 décembre 2016

ASSE - Guingamp, 1-0 (Hamouma)

On cherche toujours

Arriver à être dangereux offensivement tout en restant solides défensivement, c'est l'equation que chaque entraîneur de foot cherche à résoudre. Retour sur la dernière expérimentation des Verts.
 

Comme on l'a déjà expliqué, l'avant-centre Stéphanois est assez isolé et n'arrive pas à se créer d'occasions. Une des solutions envisagées par le staff des Verts a été de jouer avec un "10" en soutien. Ça peut aider, mais ça déséquilibre l'équipe, qui n'est plus si forte défensivement - et la recherche de l'équilibre passe par plusieurs changements tactiques, parfois en cours de match.

Une autre solution, la plus récente, c'est l'utilisation d'un système 3-4-3. Mais ce système, est-ce qu'il répond aux deux besoins, est-ce qu'il offre du soutien à l'avant-centre, tout en gardant un bon équilibre défensif ? Commençons avec l'aspect défensif...

Défendre en 3-4-3...


... est une tâche difficile, surtout contre une équipe qui joue avec trois milieux axiaux et avec deux joueurs dans chaque couloir, comme les classiques 4-3-3 ou 4-2-3-1. Pendant la première période à Anderlecht on a pu ainsi recensé plusieurs défauts d'une défense en 3-4-3 : qui prend qui dans le couloir et comment faire pour ne pas trop étirer la ligne défensive de trois centraux. La solution utilisée lors de la deuxième période à Bruxelles a été une défense en 4-4-2 : un de nos joueurs de couloirs joue dans la défense à 4, l'autre et un des attaquants dans un milieu à 4, les deux derniers attaquants formant le premier rideau défensif.

Contre Guingamp, la solution a été différente : si 3 joueurs en défense sont trop étirés sur la largeur, on en place 5, c'est à dire les deux joueurs de couloirs défendent sur la même ligne que les centraux - on défend ainsi en 5-2-3 :


Si cette défense peut résoudre le problème des couloirs, elle laisse toujours en place le problème des milieux axiaux, les deux seuls Verts sont obligés de courir au milieu d'un espèce de toro avec les trois adverses. Dans le dernier match, Guingamp a décidé de s'appuyer sur cet aspect après la pause, en utilisant un de leurs axiaux assez haut, créant beaucoup d'espace au centre du terrain, espace que seulement deux Verts (Pajot et Veretout) ne peuvent pas couvrir sans laisser la défense en sous-nombre :


La solution ? Soit le 4-4-2 comme à Bruxelles, soit le 5-4-1 - on fait reculer deux attaquants et une ligne de 4 au milieu couvre toute la largeur, donc les axiaux s'occupent seulement du centre du terrain, où ils sont en meilleure position pour couper les angles de passe : 


A noter que le staff des Verts a été si satisfait de ce système défensif que, à la 80ème, quand Malcuit s'est blessé, au lieu de faire entrer un milieu axial et passer donc dans un 4-1-4-1, il a reculé Monnet-Paquet en piston droit et a fait entré Polomat en milieu excentré gauche, pour garder le même 5-4-1 :


On a donc du mal a défendre en 3-4-3 ou 5-2-3 et les solutions trouvées sont soit de passer en 4-4-2, soit en 5-4-1 quand on n'a pas le ballon. Mais d'un point de vue offensif, ça donne quoi ?

Attaquer en 3-4-3...


... est une question de déséquilibre. Il y a une grande différence entre les 3 de devant dans ce système par rapport à un système comme le 4-3-3. Les ailiers ne sont pas des vrais ailiers, mangeurs de craie. Leur rôle c'est d'être vers l'axe, proche de l'avant-centre (le but recherché), tout en laissant les couloirs pour les montées des pistons. Ainsi, à Bruxelles, on a souvent vu une attaque Stéphanoise à 5 joueurs, parfois tous sur la même ligne : Polomat, Nordin, Söderlund, KMP, Malcuit.

Contre Guingamp, par contre, le choix a été fait de chercher le déséquilibre : Tannane plus ailier / joueur de couloir et Hamouma en deuxième avant-centre, à côté Söderlund. Mais, contrairement aux attentes, le but n'était pas de libérer le couloir gauche pour la montée de MBengue. Non, on cherchait pas à créer des décalages dans les espaces vides. On cherchait à mettre deux joueurs techniques, Malcuit et Tannane, en situation de créer le déséquilibre par des dribbles ou des passes, mais aussi les autres attaquants en situation de 1 contre 1.

Prenons deux exemples, le premier à la 10ème minute, avec KTC qui lance Malcuit dans son couloir - on voit très bien le 3-4-3 des Verts dans cette capture d'écran :


Malcuit monte avec le ballon dans son couloir, poursuivi par son adversaire direct dans cette situation, l'ailier. Les 4 défenseurs adverses sont occupés avec nos trois attaquants, dont Tannane qui se place entre un central et un latéral. Ainsi, quand il fait un appel dans le même couloir que Malcuit, il aspire les deux :


Le un-deux entre Malcuit et Tannane fonctionne parfaitement et à eux deux ils ont pris 4 adversaires : deux défenseurs éliminés pas la passe de Tannane, l'ailier qui suit Malcuit et la sentinelle qui doit couvrir :


Le centre de Malcuit est repoussé en corner, mais on était à deux attaquants pour deux défenseurs dans la surface - chose à éviter pour toute défense qui veut ne pas trembler.

Un quart d'heure plus tard, Perrin joue sur Tannane, qui combine avec Veretout au milieu, ce dernier lance de nouveau Malcuit dans son couloir :


Comme avant, Tannane vient l'aider sur le côté et, avec sa passe acrobatique, il élimine deux joueurs. On attaquait à 4 contre 5, pas de déséquilibre, on est en situation de 3 contre 3 maintenant :


Mieux que ça, Malcuit élimine son adversaire direct en un contre un, l'autre défenseur central doit couvrir, Söderlund fait un appel pour aspirer le dernier défenseur et Hamouma se retrouve absolument seul à l'entrée de la surface pour réceptionner le centre en retrait de Malcuit. Pas besoin d'une capture d'écran pour la suite, tout le monde la connaît...

Deux actions très similaires, dans lesquelles l'animation offensive a été faite dans le couloir droit, où la qualité technique nous a permis d'éliminer des défenseurs, ce qui se traduit dans la création d'une situation dangereuse dans l'axe.

Conclusions


La recherche d'une animation offensive, d'une présence forte dans la surface, continue du côté du staff Stéphanois. Et comme toujours, elle doit être accompagné d'un bon équilibre défensif. Le 4-2-3-1 a été essayé, le 3-4-3 aussi. Il y a des pour et des contre pour les deux systèmes et ça dépend de l'adversaire, mais surtout des joueurs disponibles et leur forme. Dans le premier cas, un bon "10" fait toute la différence, dans le deuxième des joueurs de couloir rapides et techniques sont essentiels. Et dans les deux cas, Selnaes n'a pas vraiment une place ou un rôle qui lui permet d'utiliser ses qualités principales...

D'autres choix sont possibles, bien sûr, par exemple un 4-3-3 à la Nice ou PSG, avec des "ailiers" qui jouent très central, à côté de l'avant-centre et des latéraux très offensifs, tout en gardant une "sentinelle" pour l'équilibre défensif. Encore une fois, c'est une question des joueurs disponibles et nul doute que le staff Stéphanois arrivera à trouver la bonne formule d'ici peu. Ce qu'on ne peut clairement pas leur reprocher, c'est de ne pas essayer...