mercredi 29 août 2018

RCT - Racing, 9-25

L'avant-match


Une nouvelle saison de Top 14 commence et le RCT a l'honneur de débuter devant ses supporters. Il s'agit d'une équipe toulonnaise qui a pas mal changé, notamment du côté des trois-quarts et du staff technique. C'est clair que le nouveau projet de jeu n'est pas encore maîtrisé, que les Toulonnais ne produiront pas la meilleure prestation de cette saison, surtout avec des absences importantes comme celles de Bastareaud et les deux nouvelles recrues néo-zélandaises. Mais les joueurs du RCT doivent quand-même faire honneur à leurs couleurs, ça va râler sévère dans les travers de Mayol en cas de contre-performance.

Le match...


... a démarré 15 minutes plus tard pour les Toulonnais, qui avaient l'air de ne pas comprendre à quoi sert le ballon. Pour ce premier quart d'heure, les joueurs du RCT ont effectué une seule passe. Et on raté deux lancers en touche, au passage. Ils se sont envoyés comme des bêtes sauvages en défense, repoussant tous les assauts adverses, mais ils se dégageaient au pied à chaque fois qu'ils récupéraient la balle. Avec 30 secondes de possession dans le camp adverse (contre 4 minutes pour le Racing à la 30e), il est tout simplement incroyable que le RCT est arrivé en tête à la pause, 6-3.

La 2MT a continué sur les mêmes bases, mais la logique a été respectée et les failles sont apparues dans la défense toulonnaise, qui a encaissé trois essais, deux suite à des mauls et un sur interception. Pendant 10 minutes d'infériorité numérique (suite à un jaune très sévère pour Fekitoa), le RCT a encaissé deux essais. Pendant 10 minutes de supériorité numérique, le RCT a marqué une pénalité... et a encaissé un essai. Les Toulonnais n'ont pas produit du jeu et on a vite compris pourquoi quand ils l'ont fait : 36 passes effectuées, 5 ratées contre 129 passes (et 6 ratées) pour leurs adversaires. Ainsi, les en-avants (voire ci-dessous) ou les interceptions (comme dans le temps fort à 5m de l'en-but ou sur le 3e essai) en supériorité numérique ont vite calmé les velléités offensives des Toulonnais.

L'action


En tout début de la 2MT, le RCT rate son 3e lancer en touche. Le Racing essaye de passer d'abord au large à droite, puis le jeu revient vers la gauche :


Un surnombre se dessine, mais Fekitoa (12) sort de la ligne et plaque le centre adverse, le ballon tombant vers l'avant sur l'impact. L'avantage est laissé pour le RCT, même si le ballon à du mal à sortir pendant 10 secondes :


Finalement Guirado (2) l'arrache et revient vers son camp, avant de le donner à Bonneval (15), qui le porte aussi un peu... et tout d'un coup, le jeu s'accélère. Via Carbonel (10) et Lakafia (7), le ballon arrive sur l'aile à Nakosi (11) qui gagne 20m avant d'être mis au sol :


Webb (9) sort pour un premier groupe d'avants Fresia (1), Ollivon (8) et Taofifénua (5). C'est le premier qui fixe une première fois la défense, puis c'est le tour de van der Merwe (3). Les sorties sont rapides et ça serre la défense :


Il y a un surnombre au large (Tuisova - 13 et Ikpefan - 14 ne sont même pas dans l'image), donc Webb joue avec Carbonel (10), qui saute Bonneval (15) pour servir Fekitoa (12). Le centre joue parfaitement le surnombre...


... passant entre les deux derniers défenseurs avant de servir Tuisova (13), qui sprinte accompagné de son ailier. Avec le retour des adversaires, il choisit de jouer vers l'intérieur avec Fekitoa qui avait suivi, et non à l'extérieur. Le centre est finalement mis au sol, mais les Toulonnais s'approchent des 22m adverses :


Webb (9) sort pour Taofifénua (5), aidé par Fresia (1). Un premier point de fixation...


... et le surnombre au large est déjà impressionnant, même si le RCT a plutôt des avants avec Rebbadj (6), Krüger (4) et van der Merwe (3). Tuisova (13) préfère d'y aller tout droit, ce qui serre encore plus la défense :


La passe de Webb (9) est faite dans le dos de l'avant-dernier défenseur, qui essayait de couper et Carbonel (10) est servi en pleine course. Il n'essaye pas de jouer plus loin vers l'aile, il va tout droit et se fait rattraper sur la ligne de 5m. Et sur le ruck, les Toulonnais commettent un en-avant, gaspillant ainsi une belle occasion d'essai partie d'un turnover sur leurs 30m. Pire, la vidéo fait croire à l'arbitre que Fekitoa avait fait un plaquage à l'épaule sur l'action qui a tout déclenché (première image) - carton jaune et 2 essais encaissés en infériorité numérique. Le tournant du match.

La suite


Après une défaite sèche à domicile, c'est un déplacement qui attend le RCT. A Pau, chez une équipe qui a aussi pris cher lors de la première journée et qui sera donc en quête de se racheter auprès de ses supporters. Bref, un match pas facile pour les Toulonnais, qui devront montrer un visage différent et une palette tactique plus riche que "on défend et on se dégage comme on peut".

dimanche 26 août 2018

Montpellier - ASSE, 0-0

Pas concluant


Deuxième match nul consécutif en déplacement pour les Verts, qui continuent leur série d'invincibilité, même si la manière laisse à désirer.

Dans leurs déclarations après le match, les deux entraîneurs ont le même avis - un match fermé, par crainte des attaquants adverses (des deux côtés) - et sont satisfaits du résultat, surtout que Montpellier est une "équipe difficile à manœuvrer" (de l'avis des deux, toujours). On note quand-même une petite pique de Jean-Louis Gasset ("on a trop porté le ballon dans les enchaînements dans les trente derniers mètres") et elle est probablement adressée à Cabella. Si lors des 17 premières minutes à Strasbourg (avant le rouge de Subotic), il a eu une possession du ballon de 5,1% et les trois autres offensifs réunis de 6,7%, pour la même période du match à Montpellier, il a eu 7,8% et les trois autres 6,9% - pour référence, l'ASSE a eu une possession similaire lors des deux périodes de 17 minutes (autour de 54%).

Que ça soit à cause de l'état de la pelouse ou du fait d'avoir trop porté le ballon, l'animation offensive de l'ASSE n'a pas été très concluante. Mais ça n'a pas trop contrarié les plans du staff stéphanois qui a d'abord cherché à éviter tout danger, en espérant éventuellement une étincelle offensive de la part de son duo Cabella - Khazri. Aucun ajustement tactique à la pause, pas de coaching (premiers changements à la 85e) en cherchant des profils différents, tout laisse penser que l'objectif principal pour les Verts n'était pas de mettre en danger l'adversaire. Comme circonstance atténuante, il faut préciser que les Stéphanois ont évolué dans un dispositif peu habituel et les automatismes ne sont pas encore en place.

Si on regarde seulement la composition d'équipe, elle ressemble beaucoup à celle du match précédent, avec les changements obligatoires de Kolo à la place de Subotic (suspendu) dans l'axe de la défense et de KMP à celle de Hamouma (blessé) dans le couloir droit. A Strasbourg, les Verts avaient défendu en 4-4-2 et proposé une animation offensive en 4-2-3-1, mais ça n'a pas été le cas à Montpellier. Même si parfois on a pu apercevoir un 4-4-2 défensif...


... il a été assez rare, compte tenu du système proposé par l'adversaire (3-5-2) et du fait que Cabella a eu du mal à tenir son couloir. Ainsi, les deux joueurs de couloir héraultais ont été pris par KMP à droite et Gabriel Silva à gauche. Comme il y avait deux avant-centres en face, Debuchy est resté en défense pour aider Perrin et Kolodziejczak, prenant rarement son couloir. Ainsi, intentionnel ou pas, le système des Verts s'est adapté à celui de leurs adversaires, semblant souvent à base d'une défense à 3 ou 5. Prenons deux exemples pour illustrer cela, avec et sans ballon.


Avec le ballon


Peu avant la 21e minute, Cabella joue en coup franc avec M'Vila :


Les Stéphanois se passent le ballon dans leur propre moitié, préparant une attaque. On remarque que Gabriel Silva est déjà monté dans son couloir gauche, presque à hauteur de KMP à droite et Khazri dans l'axe, pendant que Debuchy est resté bas, à hauteur de Perrin et Kolo. C'est le capitaine qui reçoit le ballon et qui décide de passer le premier rideau de trois montpelliérains par une passe sautée à destination de Cabella :


Celui-ci contrôle et avant qu'il donne le ballon à un coéquipier on peut mieux apercevoir la disposition tactique des Verts :


Trois défenseurs (Debuchy ne montera quasiment jamais dans ce match), un avant-centre, deux joueurs de couloir (KMP et Silva)... et quatre milieux axiaux disposés en losange, avec M'Vila en retrait et Khazri en pointe. Le ballon circule sur les côtés du losange jusqu'à Selnaes...


... qui le redonne à M'Vila, qui écarte vers la gauche et la passe de Kolo est contrée en touche par un adversaire. La remise est pour M'Vila...


... qui s'appuie sur Cabella, qui joue en retrait avec Perrin. De nouveau, Gabriel Silva et KMP sont à la même hauteur, pendant que Debuchy reste en retrait. Cabella, Selnaes et Khazri se trouvent quasiment sur la même ligne, le dernier ayant décroché pour chercher le ballon. C'est toujours M'Vila qui est servi...


... et Cabella lui propose une solution à gauche. Il déclenche l'attaque en jouant en profondeur dans le couloir, où il y a un double appel de Diony et Gabriel Silva :


Deux Stéphanois... mais pas de surnombre, Montpellier propose une défense à 5 et si on voit trois défenseurs sur l'image précédente, ça veut dire que deux autres ont suivi :


Enfermés dans ce coin du terrain, les Verts finissent par perdre le ballon.


Sans le ballon


Une dizaine de minutes plus tard, c'est Montpellier qui construit une attaque en se passant le ballon entre les défenseurs :


Le duo Khazri-Diony cherche à empêcher les passes vers les milieux centraux et on peut considérer que derrière il y a une ligne de 4 KMP-Selnaes-M'Vila-Cabella. Ils ne sont pas parfaitement alignés, mais les deux excentrés sont proches de ce qu'on peut considérer leurs adversaires directs (les pistons), c'est ce qu'on leur demande. Les Héraultais continuent à garder le ballon en défense, sans pressing de la part des Stéphanois, qui reculent :


Si KMP est descendu avec le piston gauche adverse, Cabella a abandonné le sien, le laissant à Silva et en se dirigeant vers l'axe - avec la position plus en retrait de Khazri, on aperçoit de nouveau un losange dans l'axe. Le ballon quitte enfin les pieds des défenseurs...


... et les Verts se font avoir par les appels adverses. Le milieu offensif, placé entre les lignes, fait un appel qui attire Debuchy et M'Vila, pendant qu'un milieu axial se place dans l'espace libéré par le dernier, où il est trouvé par son compère - ni Khazri, ni Cabella, n'ont fait l'effort de suivre.


KMP suit toujours le piston gauche. Comme Debuchy était sorti de la défense et il y a deux avant-centres adverses, pour ne pas laisser Perrin et Kolo seuls contre eux, Silva doit serrer dans l'axe, laissant ainsi le piston adverse tout seul dans son couloir. Heureusement pour l'ASSE, l'adversaire choisit un tir de loin, qui passe largement au-dessus.



Conclusions


On ne peut pas tirer des renseignements tactiques à partir de ce match. Tout d'abord, les automatismes ne sont pas encore en place, le staff stéphanois n'arrive pas encore à faire jouer ensemble les deux recrues offensives de cet été, Khazri et Cabella. Ensuite, le mercato n'est pas fini et on cherche des profils différents par rapport à ce qu'on a à l'heure actuelle. Et finalement, ce match à Montpellier a été assez particulier d'un point de vue tactique et il est peu probable de voir les Verts disposés de la même manière régulièrement. C'est seulement à partir de mi-septembre qu'on pourrait s'attendre à voir le vrai visage tactique de l'ASSE 2018-19, après une trêve internationale utilisée pour travailler avec un effectif finalisé. Mais d'ici là, il reste un match, la réception d'Amiens, qui devient importante d'un point de vue comptable : s'assoir sur la manière pour se contenter d'un nul à l'extérieur à du sens seulement s'il est bonifié par une victoire à domicile... 

lundi 20 août 2018

Strasbourg - ASSE, 1-1 (Gueye)

Plans contrariés


Deuxième match de la saison pour les Verts - pas une deuxième victoire, mais un nul qui y ressemble, obtenu dans les dernières minutes, malgré un scénario qui a contrarié les plans du staff stéphanois.


C'était le premier match de l'ASSE avec les deux amis d'enfance Cabella et Khazri ensemble sur le terrain. Des profils similaires, mais pas identiques, et le staff des Verts avait une idée très claire de comment les faire jouer ensemble. Malheureusement, ce plan initial a été contrarié par l'expulsion de Subotic dès la 18e minute et ensuite par la sortie sur blessure de Hamouma. Les Stéphanois ont du s'y adapter et changer leur approche initiale, mais on a quand-même pu obtenir quelques indices pour comprendre l'animation offensive envisagée par les Verts pour cette saison. Mais avant l'attaque, la défense...

Blocs défensifs


Comme d'habitude sous Jean-Louis Gasset, les Stéphanois ont proposé un bloc défensif avec deux lignes de 4 et une de 2. Si Diony était évidemment un des deux devant, la question se posait qui allait l'accompagner pour presser les défenseurs adverses.

Ça aurait pu être Khazri, avec Hamouma et Cabella défendant dans les couloirs :


Ou bien Hamouma...


... et pourquoi pas Cabella :


Bref, rien que dans les premières 10 minutes, chacun des trois offensifs est monté à un moment donné à côté de Diony pour défendre, pendant que les deux autres prenaient les couloirs, disciplinés tactiquement. Le bloc défensif a toujours été en place, peu importe le positionnement de chacun des attaquants individuellement...


Et parce qu'on est parti pour illustrer le bloc stéphanois, voici comment il a évolué au fur et à mesure de la rencontre. Quand Subotic a été expulsé, Diony est sorti pour faire entrer Kolodziejczak - Khazri a évolué tout seul en attaque, dans un bloc en 4-4-1 :


Quant Hamouma a été remplacé par KMP, ce dernier a pris le couloir gauche et Cabella le droit :


Menés au score, les Verts ont décidé d'être un peu plus offensifs pour les vingt derrières minutes, passant du 4-4-1 en 4-3-2, Cabella remontant à côté de Khazri :


Il était difficile pour une ligne de trois (KMP-M'Vila-Selnaes) de tenir toute la largeur du terrain - quand Selnaes n'en pouvait plus, il a été remplacé par Gueye, qui s'est placé à côté de Khazri et Cabella est descendu dans la ligne de 3 milieux :


Bref, les Stéphanois ont alterné les systèmes pour s'adapter aux différents situations dans le match. Mais quand un système était en place, il était respecté et même si des joueurs interchangeaient, le bloc était clairement visible à tout moment.


Animation offensive


Après avoir vu les différents bloc défensifs, il est temps de regarder l'animation offensive mise en place par le staff stéphanois. Et comme on s'intéresse à celle initialement prévue, on a eu seulement 18 minutes pour l'apercevoir, avant le carton rouge. Mais ce gros quart d'heure a été largement suffisant, en voici deux exemples :

A la 10e, Gabriel Silva arrête une offensive adverse dans le coin du terrain et c'est M'Vila qui hérite du ballon. Le pressing adverse est très agressif...


... mais la maîtrise technique de M'Vila et Cabella leur permet de s'en sortir et finalement le jeu est écarté via Ruffier vers la droite :


Perrin échange avec Debuchy, en attendant que leurs coéquipiers se positionnent. Cabella et Selnaes sont près l'un de l'autre...


... mais le deuxième monte plus haut tandis que le premier redescend pour offrir une solution à Perrin.  Un autre échange de passe et le capitaine peut monter un peu avec le ballon...


... avant de le redonner à Cabella, toujours assez bas. Sur cette image on peut voir les trois autres offensifs, Khazri en ailier droit, Hamouma en ailier gauche et Diony en avant-centre, ainsi que Selnaes (pris par un milieu axial) qui se trouve plus haut que Cabella (qui avait réussi à se défaire de son milieu axial). La dernière recrue des Verts à donc le champ libre devant lui et monte avec le ballon :


Ça attire le milieu de Selnaes (qui est en retour pris par l'autre), mais aussi le milieu droit adverse. Comme Hamouma pique vers l'axe aussi, tout le bloc adverse coulisse vers sa gauche et le couloir est complètement libre pour la montée de Gabriel Silva. Malheureusement Cabella est fauché avant de pouvoir servir son latéral ou Hamouma entre les lignes, le coup franc qui suit ne donnant rien.


Six minutes plus tard, un long ballon de Strasbourg est dégagé par Subotic dans les pieds de Cabella, qui se retourne de suite pour partir à l'attaque :


Après avoir éliminé un adversaire, il combine avec Khazri, qui préfère jouer en arrière, avec M'Vila :


Le jeu est déplacé vers la droite...


... et finalement Debuchy prend la décision de jouer en retrait aussi, avec son capitaine, pour démarrer une attaque proprement. Comme dans le premier exemple, Cabella décroche pour proposer une solution :


Et comme auparavant, il défie en un-contre-un le même milieu adverse :


La situation n'est pas très différente, Khazri est toujours ailier droit, Selnaes est toujours plus haut que Cabella, les latéraux sont bien haut dans leurs couloirs... sauf que maintenant on trouve Hamouma dans l'axe et Diony à gauche. L'autre différence entre les deux exemples est que maintenant Cabella élimine son vis-à-vis et se retrouve face au jeu avec plusieurs options :


Parmi tous les appels, il choisit celui de Diony - malheureusement la remise de ce dernier vers l'axe et l'appel de Hamouma (et de Cabella qui avait suivi) est dégagée par la défense.



Pour faire simple, l'animation offensive que les Verts semblent avoir voulu mettre en place est celle d'un 4-2-3-1 ou 4-3-3 Un Cabella en milieu axial (en "10"), qui descend bas pour chercher le ballon et le remonter avant de combiner avec les trois autres offensifs, qui sont très mobiles et permutent souvent en essayant de proposer des solutions différentes.



Conclusions


Deux éléments avaient manqué aux Verts pour mettre en place une vraie animation offensive lors du match précédent, contre Guingamp : une maîtrise technique et un joueur capable de porter le ballon de la défense vers les attaquants. Les deux étaient réunis pour ce match, mais un autre problème est intervenu : jouer en infériorité numérique. Mais ça ne sera pas le cas lors de chaque match et le peu qu'on a pu apercevoir lors du premier quart d'heure est plein de promesses. Une bonne idée sera d'en confirmer dès le prochain match...

lundi 13 août 2018

ASSE - Guingamp, 2-1 (Khazri, Diony)

Sans préparation


Même si l'ASSE a débuté la nouvelle saison par une victoire, on ne peut pas dire que tous les voyants sont au Vert, la manière n'étant pas complètement au rendez-vous.

Comme un clin d'oeil, c'est seulement à la 42e minute du match qu'on a vu une action qui ressemblait un peu à celles développées par l'ASSE lors de la dernière réception de Guingamp. Une relance propre, avec une longue phase de préparation au centre du terrain, du dezonnage, et quand le déséquilibre dans le bloc adverse est trouvé, l'attaque est lancée. Même si cette attaque à la 42e minute a été la seul du genre dans ce match, elle ne sera pas décrite dans cet article. C'était l'exception, pas la règle, qui a surtout consisté dans des attaques avec moins de préparation et  souvent suite à des pertes de balle adverses, comme le montrent les nombreux exemples ci-dessous. Ce manque de préparation des attaques stéphanoises a été un choix tactique, mais aussi, surtout en 2MT, une conséquence des pertes de balle. Dieu le confirme "... la deuxième mi-temps a été très compliquée, on a laissé le ballon à Guingamp (...) On a reculé, ce n’était pas forcément voulu, en faisant trop d’erreurs". Et les stats reflètent parfaitement le manque de maîtrise des Verts, avec une possession de seulement 42% lors de chaque période et un pourcentage de passe réussies bien en dessous de ce qu'on était habitué, 78% en 1MT et seulement 74% en 2e.

Avant de regarder de plus près comment l'ASSE a construit ses attaques sans prendre le temps de les préparer patiemment, un petit coup d'oeil au système tactique utilisé.

Système de jeu


Le 4-2-3-1 / 4-4-2 est décidément le système préféré par le staff stéphanois, utilisé lors de toute la préparation d'avant saison. Les Verts ont proposé un bloc avec deux lignes de 4 et deux attaquants, Diony et Khazri, qui cherchaient à empêcher la relance adverse. Ce positionnement a été visible dès l'entame du match :


Sur cette image on peut aussi observer le triangle pointe haute de Guingamp, complètement pris dans le bloc stéphanois. L'entrée de Diousse pour Selnaes n'a rien changé au dispositif tactique, mais celle du jeune Camara pour KMP si :


Juste après le but de Diony, pour les 10 dernières minutes, les Verts se sont positionnés en 4-1-4-1, Khazri glissant dans un couloir et M'Vila passant en sentinelle...


... même si parfois il était sur la même ligne que les 4 autres milieux, l'ASSE proposant donc un bloc 4-5-1. Entré au début du temps additionnel à la place de Diony, Nordin a évolué dans un couloir et Khazri est de nouveau passé en pointe.


Animation offensive


Bien plus important que le système, c'est comment il est animé. Et il y a eu du bon et du mauvais, le tout bien illustré par un exemple :


Une relance stéphanoise part de Ruffier, qui joue avec Kolo à gauche, qui donne le ballon à M'Vila. Il échange plusieurs passes avec Subotic pour donner le temps à leur coéquipiers de se mettre en place et proposer des solutions :


Guingamp défend dans un bloc 4-4-2 et la ligne de 4 milieux sépare clairement les stéphanois en 2, ceux qui sont censés construire et les quatre offensifs (Khazri, KMP, Hamouma et Diony) qui attendent que l'attaque soit amorcée. Mais il n'y a personne pour faire le lien, même si Selnaes propose une solution entre les lignes. Le ballon circule vers la droite...


... et Gabriel Silva perd le contrôle du ballon, qui sort en touche. La remise en jeu est Verte et Subotic reçoit le ballon, mais il le perd sous le pressing adverse - heureusement Ruffier parvient à le récupérer :


Il relance à la main, avec M'Vila, qui cherche des solutions :


Le positionnement des Verts est le même qu'avant, la ligne de 4 milieux bretons coupe l'équipe en deux. M'Vila essaye quand-même de la traverser avec une passe, mais elle est interceptée et cette récupération haute peut être dangereuse :


Heureusement, l'avancée balle au pied de l'attaquant adverse est bien stoppée par Selnaes, qui sert Khazri...


... et les Verts partent en contre. Ce n'est pas la conséquence d'une construction propre, mais les 4 offensifs stéphanois ont une situation d'attaque à jouer, seuls contre la défense. Khazri avance balle au pied et sert Diony, qui lance Hamouma dans le couloir :


Malheureusement, le centre vers le point de penalty de ce dernier est repoussé par un défenseur.


Ce genre d'action a pu être aperçu très souvent lors de la première période, l'ASSE n'arrivait pas à construire des attaques en partir de la défense. En revanche, les Verts étaient très dangereux dès la récupération du ballon, la qualité de passe de Selnaes et M'Vila faisant très mal aux adversaires, comme dans l'exemple suivant :


Une attaque bretonne est stoppée net par Selnaes qui anticipe une passe et récupère le ballon. Il se trouve à 40m de son but et devant lui il y a seulement Khazri et Diony contre deux défenseurs :


Il avance un peu balle au pied, en attendant le bon appel - il est fait par les deux attaquants, et c'est Khazri qui est servi en profondeur par une merveille de passe :


À l'entrée de la surface, il cherche à donner à Diony dans l'axe, mais le défenseur arrive à repousser le ballon. Il est récupéré à côté de la ligne de touche par Gabriel Silva, mais il est poussé est les Verts obtiennent un coup franc :


Tous les joueurs de Guingamp sont aux abords de leur surface, Hamouma se prépare pour jouer le coup franc - Khazri, Selnaes et Gabriel Silva se positionnent pour récupérer un éventuel dégagement et M'Vila couvre derrière. Le centre est repoussé par la défense et le jeu est vite écarté vers ce dernier :


M'Vila prend le temps d'attendre que le bloc adverse remonte et que les attaquants stéphanois proposent un appel en profondeur. Et avec une merveilleuse longue passe, il trouve Diony, qui contrôle et se prépare à centrer avant de subir une faute. Le coup franc qui suit ne donne rien.



Mais les Verts ne se sont reposés seulement sur les passes verticales de Selnaes et M'Vila pour lancer leurs attaques. Toute solution pour faire parvenir le ballon aux 4 offensifs était bonne, même des longs dégagements de Ruffier :


Hamouma gagne son duel aérien contre un milieu adverse et sert KMP...


... qui combine immédiatement avec Khazri, qui lance de suite Gabriel Silva en profondeur dans son couloir droit. Ce n'est pas un contre, ça part d'un 6m, mais la vitesse de l'action est impressionnante et la défense est clairement dépassée - Diony se trouve seul contre un défenseur dans la surface :


Le centre (du droit) du latéral stéphanois et repris par l'avant-centre, mais sa frappe est malheureusement déviée en corner par le défenseur...



Conclusions


Ça a été un avertissement sans frais pour les Stéphanois. Et c'était un match de reprise, c'est normal que le jeu ne soit pas encore parfaitement huilé. Les très nombreuses erreurs techniques des cadres, la frilosité de certains joueurs, la fatigue évidente en 2MT, tous ces facteurs disparaîtront peu à peu. Le reste de la saison sera probablement différente d'un point de vue tactique aussi. Un joueur qui fait le lien entre la défense et l'attaque a clairement manqué aux Verts et sans lui et sans maîtrise technique, ça a été compliqué. On s'attendait à plus de préparation dans les attaques stéphanoises, non seulement se nourrir des pertes de balle adverses. Mais ça va venir, peu à peu, la saison ne fait que commencer...