dimanche 18 septembre 2022

Guingamp - ASSE, 2-1 (Lobry)

Relégables à la trêve


Fidèles à leurs habitudes, les Verts ont encaissé deux buts à l'extérieur, comme lors de chaque déplacement cette saison

Et cette constance dans la perméabilité de la défense est frustrante pour le coach stéphanois : "prendre deux buts à l’extérieur à chaque fois… on ne mettra jamais deux ou trois buts de plus ! Donc à un certain moment, il faut être lucide, on ne peut pas se permettre de tout le temps revenir au score pour gagner des matchs". Frustration qui est accentuée par le manque d'efficacité de ses protégés lors de leurs temps forts en 1MT et les cadeaux faits à l'adversaire dans les périodes de moins bien. Car il y en a eu : "il s’agissait peut-être de notre meilleure période avec celle contre Bastia. On a eu un coup de moins bien, notamment en seconde, après ce but qu'on a offert en fin de première période. Ensuite, après le premier quart d'heure en seconde période on s'est bien comportés".


Ce coup de moins bien avant et après la pause ne vient pas d'un changement tactique adverse - les Bretons avaient fait le choix de défendre et jouer vite les phases de transition, laissant la tâche de construction aux Stéphanois. Et pour mieux comprendre la différence dans la construction, voici deux exemples. Le premier commence à la 25e minute avec Dreyer...


... qui joue avec Briançon. Les 3 défenseurs et 2 milieux axiaux stéphanois doivent ressortir le ballon proprement de leur camp malgré la présence de 5 adversaires. Briançon joue avec Giraudon, qui s'appuie sur Bouchouari. 


Le ballon circule entre les trois centraux, sans repasser par les deux milieux, bien pris par les Bretons. Une solution possible est de rajouter un Stéphanois supplémentaire, un petit surnombre pour offrir une possibilité de passe supplémentaire. C'est donc ce que fait Chambost :


Il décroche à droite, où il est trouvé par Giraudon, et les 5 Guingampais ont été contournés, après 17 secondes d'échange de ballon dans la défense. La suite de l'action est aussi intéressante pour comprendre l'animation offensive stéphanoise. Bouchouari se déplace pour combiner avec Chambost...


... mais ce dernier ne continue pas le une-deux, il joue en arrière avec Briançon. Le ballon est de nouveau dans la défense, mais ce n'est plus la même situation, le bloc adverse a bien reculé, il s'agit maintenant de jouer dans la moitié adverse :


Le jeu est déplacé de droite à gauche, Krasso décroche pour offrir une solution à Petrot et le ballon arrive à Pintor dans son couloir. Pendant ce temps, Chambost revient du couloir droit, où il avait offert une solution, pour se replacer entre les lignes. Où il est trouvé...


... par Monconduit, qui avait reçu le ballon de Pintor. Wadji fait un appel en profondeur qui écarte les lignes adverses et le meneur de jeu stéphanois peut recevoir le ballon et se retourner :


Il a le jeu devant lui à 25m du but adverse, avec quatre coéquipiers prêts à être servi. Il choisit une frappe - peut-être pas la meilleure conclusion de cette action proprement construite. Les Verts ont su sortir proprement de leur moitié avant de déplacer le bloc adverse en largeur et profondeur, prenant les bons espaces pour se créer une situation intéressante.


Voici un autre exemple, juste après le retour des vestiaires, avec une configuration très similaire, 3+2 Stéphanois bloqués dans leur moitié par 5 Guingampais :


Le ballon circule de droite à gauche et arrive à Petrot, pendant que Chambost décroche de ce côté là pour offrir la même solution que lors de l'exemple précédent :


Petrot n'ose pas la passe, rejoue avec Giraudon, qui lui redonne le ballon, mais qui le reçoit à nouveau. Alors il joue avec Briançon...


... et c'est le tour de Krasso de décrocher pour offrir une solution, pendant que Chambost retourne dans la moitié adverse. Mais il n'y a toujours pas de passe verticale, le ballon circule toujours latéralement entre les défenseurs :


Et si Chambost décroche de nouveau à gauche pour offrir une solution à Petrot, Monconduit prend sa place plus haut. Les Verts sont donc de nouveau à 5-contre-5 dans leur propre moitié, donc ils doivent soit jouer long, soit prendre des risques. Petrot rejoue donc avec Giraudon...


... qui lui redonne le ballon. Le ballon n'a pas quitté les pieds des défenseurs pendant plus de 30 secondes, il n'y a eu que des passes latérales. Petrot ose enfin joue verticalement, à destination de Chambost. Mais les transmissions sont très lentes...


... et ça laisse largement le temps à l'adversaire de faire le petit déplacement nécessaire pour bloquer le milieu stéphanois sur le côté. Un exemple type de construction dans le premier quart d'heure de la 2MT - et quand un milieu stéphanois arrivait à sortir avec le ballon de sa moitié, il y avait beaucoup moins d'appels dans le bloc adverse pour créer les espaces nécessaires à des vraies situations. Le jeu stéphanois s'est de nouveau fluidifié avec l'entrée de Lobry après l'heure de jeu, mais c'était déjà trop tard, les Verts avaient encaissé un 2e but.


Conclusions


Après neuf journées de championnat disputées - un quart de la saison - les Verts se trouvent à une position de relégable, la 18e place. Avec 7 points pris - 10 sur le terrain - le rythme n'est pas suffisant pour espérer autre chose que le maintien cette année. Ils arrivent parfois à proposer des belles prestations, on voit une volonté de produire du jeu, de s'appuyer sur une supériorité technique. Mais pour l'instant ça ne suffit pas, le chemin est encore long et cette équipe est clairement encore en apprentissage. Il faut maintenant espérer que le travail effectué pendant les deux semaines de trêve internationale payera et les protégés de Laurent Batlles feront preuve de plus de constance, solidité défensive et efficacité offensive...

dimanche 11 septembre 2022

ASSE - Bordeaux, 2-0 (Wadji, Maçon)

Pistons


Les Verts ont connu leur deuxième victoire de la saison en étant solides et réalistes contre le leader bordelais

Les trois dernières recrues stéphanoises ont été alignée dès le début du match, dans un système en 3-4-1-2, avec Chambost derrière une paire d'avant-centre complémentaires, Krasso et Wadji :


Les seuls joueurs de couloir stéphanois ont été Maçon à droite et Pintor à gauche et leur positionnement a été très important dans l'équilibre du bloc équipe. Car en face Bordeaux jouait en 4-3-3, donc avec deux joueurs dans chaque couloir. Et comme les Verts n'ont pas toujours eu la possession, la gestion des côtés en phase défensive a été une des clés du match.


Un premier exemple dès le début du match nous permet de mieux comprendre le problème, car on peut bien observer que le trio offensif stéphanois reste très axial :


Le ballon circule de gauche à droite, Maçon et Pintor sont au marquage des ailiers adverses, mais le dernier doit sortir sur le latéral droit bordelais. Ce qui créé donc un espace dans son dos :


Petrot se trouve ainsi au duel avec l'ailier adverse. Comme Bordeaux joue avec 3 attaquants, dont des ailiers rapides et techniques, il est important de ne pas laisser les 3 défenseurs stéphanois seuls contre eux. Un quatrième défenseur, l'autre piston, est donc nécessaire pour bien couvrir toute la largeur du terrain.


On comprend mieux ce jeu des pistons stéphanois avec un autre exemple deux minutes plus tard, une autre attaque bordelaise construite à partir de la défense :


Le (3-)4-1-2 stéphanois est bien visible, les trois offensifs empêchent la construction par les milieux axiaux, mais le jeu peut être développé sur les côtés :


Le latéral gauche girondin reçoit le ballon, Maçon est là pour lui bloquer le couloir. Le bloc stéphanois doit donc coulisser à droite et Pintor...


... descend au niveau de la défense, pour couvrir l'ailier et créer ainsi une défense à 4 qui peut gérer la largeur. Comme le couloir gauche est bloqué, les Bordelais repassent par le gardien et envoient le jeu à droite :


Le latéral reçoit le ballon, Pintor sort sur lui et Maçon redescend à l'opposé. La parfaite illustration des "pistons" et de leur rôle très important dans un système à 3 centraux.


Un dernier exemple, après la pause, nous permet de mieux comprendre le déséquilibre créé si ce replacement des pistons n'est pas effectué proprement :


Attaque bordelaise à gauche, Maçon bloque le latéral, Pintor est à la hauteur des 3 défenseurs, au marquage de l'ailier opposé. Le jeu change de côté, à destination du latéral droit girondin :


Pinton remonte pour le chercher, Maçon redescend. Le bloc stéphanois coulisse et reste équilibré, les adversaires n'ont pas d'autre option que de passer par leur gardien pour éventuellement changer de côté à nouveau :


3-4-1-2 vert en place, mais avec les deux pistons sortis en même temps sur les deux latéraux bordelais, Pintor ne s'est pas replacé quand le jeu est parti à l'opposé. Les 3 centraux stéphanois sont donc seuls contre 4 adversaires (un milieu s'y était rajouté). Briançon et Petrot s'écartent pour couvrir les ailiers, Giraudon se trouve seul dans l'axe - même s'il ne gagne pas complètement le duel aérien, il parvient à ralentir le jeu le temps qu'un milieu descend l'aider.



Conclusions


En plus du résultat, logique vu les prestations proposées par les deux équipes, ce match offre plusieurs autres motifs de satisfaction. Les Verts sont sortis de la zone rouge et ils se sont offert la peau du plus gros budget du championnat et auto-déclaré sérieux candidat à la montée. L'association Krasso - Wadji promet, car ça permet aux deux de jouer sur leurs points forts, le premier de décrocher et toucher beaucoup de ballons, le deuxième de faire des appels en profondeur. Et les protégés de Laurent Batlles montrent qu'ils commencent à maîtriser de plus en plus ce système à base de 3 centraux, avec un placement propre et des déplacements de compensation. Tout n'est pas parfait, les Stéphanois ne survolent pas le championnat, d'autres tests difficiles arriveront bientôt, mais la mayonnaise commence à prendre...

mardi 6 septembre 2022

Pau - ASSE, 2-2 (Mouton, Pintor)

C'est pas toujours facile


Les Verts n'ont pris qu'un point dans le duel du fin fond de la Ligue 2, après une première période difficile, mais maîtrisée, et une deuxième où ils n'ont pas existé 

On ne change pas une équipe qui gagne, alors le staff stéphanois a choisi de reconduire les mêmes joueurs de champ qui se sont largement imposés une semaine plus tôt contre Bastia, le seul changement étant le retour de Green dans les buts, pour seulement une heure...


Un 3-4-3, pas avec un milieu en losange, mais avec un positionnement particulier de Chambost et Cafaro : ils ne sont pas des ailiers, ils jouent comme des milieux axiaux offensifs. Avec les 2 autres milieux, Bouchouari et Mouton, ils ont eu le rôle de combiner dans le bloc adverse. Ce qui n'a pas toujours été facile, mais parfois ça a très bien marché, comme après une demi-heure de jeu...


... quand le ballon est déplacé dans la défense de Briançon jusqu'à Bakayoko. Sur cette image on voit que le bloc adverse, en 5-3-2, est en place, et que les 4 milieux stéphanois se trouvent plus ou moins à la même hauteur, avec Bouchouari et Chambost qui échangent leur places. Le décrochage du dernier offre une solution à Bakayoko :


Un échange de passes pour attirer les milieux adverses de ce côté et libérer ensuite Cafaro à l'opposé, où le jeu est envoyé par Chambost, via Mouton. Cafaro n'arrive pas à combiner avec Maçon dans le couloir gauche, il revient vers l'axe, où il reçoit le soutien de ses coéquipiers :


Les trois autres milieux se sont tous déplacés pour offrir des solutions et le ballon fait le trajet inverse, de Cafaro à Chambost via Mouton. Le but n'est plus de changer de côté, mais d'éliminer les milieux adverses dans un petit périmètre. Et Chambost et Cafaro se font plaisir :


Un double une-deux tout en technique, pendant que Mouton avance et Bouchouari recule pour offrir d'autres solutions - le positionnement actuel de ces 4 milieux ressemble à un losange. Mais la solution vient de Briançon, qui monte à gauche pour être trouvé par Chambost :


Sur cette image on observe ce que le jeu de passes a fait du bloc adverse. Cafaro est pris par deux milieux, Mouton par un milieu et un défenseur qui est sorti de sa ligne, et Chambost et Briançon n'ont qu'un seul adversaire pour eux deux. Le capitaine stéphanois a donc le temps de regarder et bien trouver Krasso, qui décroche et talonne pour Mouton, qui avait fait l'appel complémentaire, en profondeur.


Les Verts ouvrent le score et on aurait pu penser que le plus dur était fait, même si les Palois avaient bien défendu, l'intensité dans leurs courses et bloc bas ayant donné du fil à retordre à l'animation offensive stéphanoise. Malheureusement, les protégés de Laurent Batlles ne sont pas vraiment revenus des vestiaires, n'arrivant plus à garder le ballon et subir attaque après attaque en 2MT. 


Conclusions


Si la prestation proposée en deuxième période a été très inquiétante en terme d'investissement, de présence dans les duels, de maîtrise des temps forts adverses, la première période a été différente. Les Verts ont proposé des choses intéressantes, mais la qualité défensive de l'adversaire était autre que celle des Bastiais il y a une semaine. Ce match devient ainsi plein de renseignements. D'un côté, les principes de jeu voulus par Batlles sont de plus en plus clairs et visible. De l'autre, la Ligue 2 est un championnat très difficile et une équipe présente dans les duels peut facilement embêter, voir même dominer, un adversaire plus fort techniquement. Sans mettre les bons ingrédients, les Verts vont galérer pour s'en sortir, aucun match ne sera facile...