lundi 30 septembre 2019

Nîmes - ASSE, 0-1 (Debuchy)

Clean sheet !


La série stéphanoise des matchs sans victoire a été arrêtée à Nîmes, avec le premier match cette saison sans encaisser de but - le début d'une nouvelle série ?

Après toutes leurs contre-performances des derniers matchs, les Verts avaient réellement besoin de se rassurer. Si pas dans la manière, au moins d'un point de vue comptable. Et comme dans le football tout part de la défense, ils ont d'abord cherché à bien défendre avant toute autre chose, comme l'avoue leur entraîneur après le match : "on a été mis sur le reculoir, mais on a souffert volontairement. On avait décidé de laisser le ballon à Nîmes. J'en avais marre de faire le jeu, d'être contré et de devoir au final régler la note. On avait mis en place deux lignes de quatre pour contrer et laisser le ballon à Nîmes et à son jeu long".

Voici quelques exemples pour illustrer cette très franche analyse de Ghislain Printant.


1MT : On a choisi de subir...


... et surtout de ne pas se découvrir - les latéraux et les deux milieux axiaux ayant reçu comme consigne de ne pas monter. On peut le voir sur un premier exemple en début du match, qui commence par une touche de Debuchy :


Le ballon est repoussé par un adversaire, regagné par Moukoudi et arrive finalement dans les pieds de Cabaye, qui écarte avec M'Vila. Le jeu est déplacé vers la gauche :


M'Vila porte un peu le ballon, le donne à Kolo, qui était monté, qui prolonge plus loin dans le couloir gauche, avec Nordin. Les trois autres joueurs à vocation offensive (Khazri-Hamouma-Bouanga) sont en place, dans la moitié adverse. Une fois que le ballon a passé la ligne médiane, il n'est plus le problème des 6 défensifs :


Aucun d'entre eux ne monte pour aider Nordin, qui essaye de se débrouiller dans son couloir avant de centrer. Il y avait 4 Verts pour 9 Nîmois (latéral gauche pas visible sur cette image) dans les 30 derniers mètres.


L'approche tactique stéphanoise a été donc de ne pas se livrer et de défendre bas avec un bloc bien compact - les deux lignes de 4 sont bien visibles sur cette image à la 32e :


C'est Khazri qui couvre en milieu droit, Bouanga étant tombé suite à un contact sur la ligne médiane. Les Nîmois se passent le ballon mais ont du mal à entrer avec lui dans les 30 derniers mètres. Dix secondes plus tard, le bloc stéphanois est toujours en place, avec toujours peu d'espace entre les lignes :


L'ailier gauche adverse a fait un appel et Khazri ne l'a pas lâché - il est maintenant positionné comme un 5e défenseur. Pendant ce temps, Bouanga a repris sa place à droite et Hamouma est resté seul en pointe. Les Nîmois n'arrivent pas à contourner le bloc, le ballon sort en touche et les Verts remettent vite le ballon en jeu pour profiter d'un bloc adverse pas en place :


Kolo pour Cabaye, qui trouve Khazri libre dans l'axe. L'attaquant stéphanois monte avec le ballon et a les options Hamouma et Bouanga devant lui :


Un 3-contre-3 qui peut devenir intéressant, mais Khazri n'ose pas décaler un de ses coéquipiers et s'excentre pour attendre du soutien. Il revient ensuite vers l'axe...


... et le seul soutien est celui de Nordin, aucun des 6 "défensifs" n'est monté. Khazri joue en latéral avec Hamouma, qui lance en profondeur le jeune ailier, mais son centre pour Bouanga est contré - cette attaque à 4 contre 7 n'avait que peu de chances de réussite.


Si les Verts ont plutôt bien défendu dans leur bloc 4-4-2 bas et compact, des erreurs individuelles les ont parfois mis en danger. Comme dans cet exemple à la 37e :


Le bloc est en place, les Nîmois ne trouvent pas de faille, alors ils balancent un long ballon. Dans ce genre de situation, bien défendre signifie deux choses : gagner le duel aérien et être présent à la retombée du ballon (le "deuxième ballon"). Les deux ingrédients ont été plutôt présents dans ce match, mais dans cet exemple...


... Perrin gagne son duel avec l'avant-centre, en déviant vers Kolo, qui dégage n'importe comment en lobant M'Vila et la possession est de nouveau nîmoise :


Si l'ailier gauche n'était pas trop haut sur l'image précédente, il fait un appel en profondeur dans le dos de Debuchy, où il est trouvé par la passe qui traverse le bloc stéphanois. Du côté opposé, le latéral nîmois est tout seul, n'étant pas suivi par Nordin. Et ses trois coéquipiers qui se trouvent entre les lignes font des appels dans la surface - c'est l'adversaire direct de Kolo qui est trouvé par le centre, qui échoue sur le poteau de Jessy Moulin.

C'était un des 12 tirs de Nîmes en 1MT - dont 4 arrêtés par le gardien stéphanois en plus de celui sur le poteau. Avec 37% de possession, les Verts avaient clairement décidé de laisser le ballon à l'adversaire et de défendre. Ils ne l'ont pas toujours bien fait, concédant quand même des occasions importantes, mais ils ont tenu le score vierge jusqu'à la pause.


2MT : ... pendant tout le match


La possession n'a pas significativement changé après la pause, malgré l'entrée de Youssouf à la place de Cabaye, blessé au genou - les Verts ont eu un peu plus le ballon (41%) jusqu'à la 74e minute. Par contre, ils se sont montrés plus tranchants dans leurs offensives (4 tirs, dont 3 cadrés), comme dans cet exemple à la 59e :


Hamouma obtient une faute dans sa propre moitié et le coup franc est joué par Kolo. Qui choisit de jouer long pour le même Hamouma, qui récupère le ballon sur l'aile gauche. Ensuite, sans solutions, il revient en arrière...


... et joue avec M'Vila, qui passe à Kolo, qui joue avec Jessy Moulin, qui dégage loin. Un bel exemple d'animation offensive stéphanoise, en somme. Le défenseur nîmois dégage de la tête, M'Vila le fait aussi à son tour et finalement c'est un adversaire qui pose le ballon par terre et qui écarte à droite :


Le bloc stéphanois se remet vite en place, surtout M'Vila qui lit bien le jeu et intercepte une passe de l'ailier vers ses milieux :


Les Verts ont récupéré le ballon et peuvent contre-attaquer : Khazri est trouvé dans le rond central, il passe à Youssouf...


... qui cherche avec une passe en profondeur Bouanga, dans son couloir. L'ailier contrôle, déborde et centre dans la surface :


Mais la grosse différence par rapport à la première période est que maintenant les 4 offensifs sont accompagnés d'un 5e joueur, Debuchy. Il avait suivi Bouanga dans le couloir et a bien lu le dégagement de la défense, récupérant le ballon à 20m et enchaînant avec un tir. Cadré, mais malheureusement sorti par le gardien.

Ce n'était que partie remise, moins de 10 minutes plus tard Youssouf fait la même ouverture en profondeur à droite... pour Debuchy, décidément plus offensif en 2MT. Son centre est repoussé en corner et le latéral droit stéphanois ouvre le score de la tête sur le service de Khazri.


Les Nîmois ont accusé le coup, mais ont repris confiance quelques minutes plus tard avec l'expulsion de Hamouma. Khazri a été remplacé par Abi et les Verts se sont remis à défendre très bas :


Il est difficile à dire s'il s'agit d'un 4-4-1 ou bien d'un 5-3-1, le positionnement de Bouanga a été assez bas, un peu entre les deux lignes. Par contre, ce qui a été bien clair c'est que les Stéphanois ne cherchaient plus autre chose que de tenir le score. Ils ont eu seulement 15% de possession lors des 20 dernières minutes, entre le carton rouge et la fin du temps additionnel. Et ils ont concédé 6 tirs, dont 3 cadrés et arrêtés par Jessy Moulin, en grande forme.


Pour finir, les dernières minutes ont permis à Saliba d'effectuer son retour après des longs mois d'absence et à partir de là les Verts ont évolué clairement avec une défense à 5 :


Et cette tactique de placer 8 joueurs dans ses 20 derniers mètres avec Abi un peu devant et d'abandonner complètement la possession a bien fonctionné, les Stéphanois ont tenu bon et obtenu leur première victoire après celle de la première journée de championnat.


Conclusions


Pour ce déplacement à Nîmes, les Stéphanois n'ont pas produit du jeu, ils ont subi et failli craquer à plusieurs reprises, mais ils ont marqué sur un coup de pied arrêté et ont réussi à tenir le résultat jusqu'à la fin, malgré l'infériorité numérique. Ce qui représente une énorme bouffée d'oxygène qui résoudra partiellement leur problème de confiance. Par contre, en ce qui concerne l'état physique de certains, leur niveau individuel et surtout le niveau collectif de l'équipe, il y a encore beaucoup de travail... Parce que ce qui a été proposé à Nîmes ne suffira probablement pas pour les prochains matchs.

dimanche 29 septembre 2019

Brive - RCT, 39-17 (Tolofua, Ikpefan)

L'avant-match


La petite trêve internationale est finie et le Top 14 est de retour, avec le RCT qui se déplace chez la lanterne rouge, Brive. Le classement du promu est trompeur, la stat à retenir c'est qu'ils ont gagné leur seul match à domicile cette saison, contre Clermont. Ce n'est donc pas un déplacement facile pour les Toulonnais, qui déplorent beaucoup d'absents, notamment chez les avants et surtout au poste de demi de mêlée, ce qui permet au jeune Beaudon de faire sa première apparition dans le groupe pro.

Le match...


... a un début cauchemardesque pour le RCT, menés 17-0 après un quart d'heure, avec deux essais offerts aux Brivistes, dont le premier dès la première minute. Les Toulonnais ont eu le mérite de revenir rapidement dans le match, marquant un essai après un ballon porté, mais c'était l'arbre qui cachait la forêt. Ils ont beaucoup gardé le ballon, on proposé des longues séquences, mais complètement stériles, finie avec une perte de ballon (3e coup de pied en touche, 6e en-avant, 13e interception et essai, 21e en-avant, 38e pénalité...).

Menés 20-7 à la pause, les Toulonnais sont sortis des vestiaires avec des intentions, marquant un magnifique essai dès la 43e (voire ci-dessous). On aurait pu croire à une remontée au score, mais les très nombreuses pénalités concédées ont permis à Brive de prendre le large au score, 32-17 à 10 minutes de la fin. Et un dernier essai en force pour les hôtes fait que le RCT rentre bredouille de ce déplacement, avec presque 40 points encaissés, payant ainsi la mauvaise entame et l'indiscipline. Et les nombreuses absences, qui ont donné une mêlée inhabituelle dans les dernières minutes :


S. Taofifénua en talonneur, Tolofua en "8" et Onambélé en trois-quart...

L'action


En début de la deuxième période, Brive se dégage, Ikpefan est à la réception et donne le ballon à Cordin. La contre-attaque toulonnaise est sans pitié :



La suite


Prendre cher chez un promu n'est jamais un bon résultat et le RCT se doit de mieux négocier ce groupe de 4 matchs pendant la Coupe du Monde, entre deux trêves. Et si les Toulonnais ne prennent pas des points à l'extérieur, ils doivent faire le plein à domicile. Dès la semaine prochaine, avec la réception de La Rochelle, qui vient de perdre d'un seul petit point chez l'autre promu...

jeudi 26 septembre 2019

ASSE - Metz, 0-1

Une série sans fin


Deux petits nuls et cinq défaites lors des sept derniers matchs : les Verts s'enfoncent de plus en plus et semblent incapables de trouver une solution.

La défaite à Angers d'il y a quelques jours était inquiétante, mais le contexte (à l'extérieur, chez une équipe en forme, dauphin du PSG) et le jeu proposé en première période laissaient la place à un peu d'espoir. Espoir complètement anéanti par la réception de Metz, une équipe dans une forme aussi mauvaise que l'ASSE, mais qui a su arrêter sa série négative avec une victoire à Geoffroy-Guichard.

Une défaite de plus pour Ghislain Printant et ses joueurs, qui ont proposé à leur fidèle public une prestation sans relief, sans réelle volonté de faire mal à l'adversaire. Dans les mots de l'entraîneur, "un visage offensif mais insuffisant pour inquiéter". Voici quelques exemples...

1MT : Mal défendre


Sans Moukoudi, suspendu, et avec toujours un grand nombre de blessés - dont les deux gardiens habituels, ce qui a permis au jeune Bajic de fêter sa première apparition en Ligue 1 - les Verts ont démarré cette rencontre dans un 4-4-2 classique :


On peut parler de 4-2-3-1 en phase offensive, tout dépend du positionnement de Khazri, qui était en soutien de Beric. Mais il a rarement décroché pour cherche le ballon plus bas, il a joué plutôt en deuxième avant-centre.


Même s'ils jouaient à domicile, c'est surtout défensivement que les Stéphanois se sont illustrés en 1MT, et pas dans le bon sens. Par exemple, à la 14e minute Metz bénéficie d'une touche dans sa propre moitié :


Debuchy gagne le duel aérien, le ballon est récupéré par un milieu adverse, qui écarte rapidement à l'opposée...


... où le latéral monte balle au pied sans problème. Sur cette capture d'écran on remarque le 4-4-2 de l'ASSE, ou plutôt le 4-2-4 : que ça soit défensivement ou offensivement, la plupart du temps les Verts ont été coupés en deux, entre les 6 "défensifs" et les "4 offensifs". Ces derniers ne font aucun effort pour revenir et la défense se retrouve en difficulté :


6-contre-6 dans les 30 derniers mètres, et il ne s'agit pas d'un contre, l'action part d'une touche. Heureusement, Cabaye contre la course du latéral droit adverse et dégage vite...


... jusqu'à Hamouma, qui écarte de l'autre côté, avec Nordin. Ce sont les Stéphanois qui agissent en contre, et les 4 joueurs à vocation offensive ont un coup à jouer, surtout que Cabaye s'y projette aussi :


Nordin avance avec le ballon et trouve dans la surface Beric, qui rate un peu son contrôle, qui devient une passe clé pour Cabaye, auteur ainsi du seul tir cadré des Verts avant le dernier quart d'heure de la partie. A domicile contre un promu.

L'action continue, avec une construction messine patiente, qui envoie d'abord le ballon à gauche, avant de revenir par la défense :


Le 4-4-2 stéphanois est bien visible, même si quand le ballon arrive au latéral droit adverse, le bloc se dérègle :


Un milieu central de Metz, passé par l'ASSE, se trouve en position excentrée - il décroche et Trauco le suit, quittant sa ligne. C'est sans conséquence, le ballon revient vers la défense messine - absolument pas inquiétée par un pressing du duo Khazri-Beric - et semble partir de nouveau vers l'autre côté...


... mais revient vers le même latéral. Trauco était monté d'un cran (ni latéral ni milieu) et Hamouma se fait aspirer aussi - ces deux mauvais positionnements sont parfaitement exploités par l'appel dans le dos de Trauco du milieu central. M'Vila et Kolo se trouvent trop loin pour couvrir proprement...


... et le Messin a le temps pour bien ajuster son centre, surtout que la défense est toujours sans le soutien des offensifs (ni de Cabaye sur cet exemple). Heureusement, le centre n'est repris par personne.

Manque de discipline tactique, manque d'envie de courir et aider son coéquipier... les Verts ont très mal défendu lors de la première période, les seules vraies occasions étant pour Metz.


2MT : Tactiquement, n'importe quoi


Le staff stéphanois a procédé à un changement tactique au retour des vestiaires, sans changer des joueurs :


L'ASSE est passée dans une défense à 3 (Debuchy-Perrin-Kolo), Nordin jouant un rôle de piston à droite et Trauco à gauche. Dans cet exemple, c'est ce dernier qui reçoit le ballon de sa défense et qui joue plus haut...


... avec Beric, qui avait décroché et qui joue en arrière avec M'Vila. Debuchy-Cabaye-Debuchy à nouveau et le jeu est déplacé vers la droite :


Le 3-4-3 stéphanois est plus visible sur cette image. Nordin reçoit le ballon collé à la ligne de touche, le latéral gauche monte sur lui, Hamouma plonge dans son dos, élimine le milieu central qui l'avait suivi (et qui est passé lui aussi par l'ASSE) et se présente en position de centre. Malheureusement, un défenseur repousse la passe en retrait à destination de Cabaye...

Si cet exemple montre un peu plus de facilité à construire une attaque, le système a été utilisé surtout pour donner plus de sérénité à la défense, surtout côté gauche. Pas de chance, bien défendre ce n'est pas juste une question de système, mais aussi de placement et envie :


Quelques minutes plus tard, le 5-2-3 (3-4-3 défensif) des Verts est visible sur une attaque messine, le ballon dans le rond central. La ligne de 3 offensifs ne sert à rien : pas de pressing et surtout les angles de passes ne sont pas coupés. Un milieu adverse peut être ainsi facilement trouvé dans l'entre-jeu et les seuls deux milieux centraux sur cette ligne ont du mal à couvrir toute la largeur. Pire, Kolo se jette pour le prendre...


... et la passe à destination du latéral droit traverse la ligne de défense pile où il aurait du être. Trauco est pris de vitesse, heureusement que Bajic sort et contre le ballon dans le pied de l'adversaire.


Comme les problèmes défensifs à gauche n'ont pas été résolu par le nouveau système, le staff stéphanois a changé de joueur :


Trauco a été remplacé par Bouanga, placé lui aussi en piston, mais à droite - c'est Nordin qui est passé à gauche. A partir de ce moment, les Verts ont 5 joueurs à vocation offensive sur le terrain, Khazri-Beric-Hamouma-Nordin-Bouanga.

Et comme ils n'arrivent toujours pas à inquiéter la défense adverse, ils passent à 6 avec l'entrée de Boudebouz pour Cabaye :


Placé à côté de M'Vila, il a joué dans un rôle de milieu central porté sur l'offensive. Quand Abi est entré à son tour dans les dernières minutes, le staff stéphanois a raté l'opportunité unique d'évoluer avec 7 offensifs en même temps, c'est Khazri qui est sorti, le jeune attaquant des Verts se plaçant à côté de Beric et Hamouma :


On ne peut plus parler de système tactique proprement-dit, mais il y a toujours une équipe stéphanoise coupée en 2, cette fois-ci 4 "défensifs" et 6 "offensifs". Un "visage offensif insuffisant pour inquiéter" la défense adverse...


Conclusions


Un bloc défensif très perméable, avec des joueurs avec un placement approximatif ou qui ne cherchent pas à empêcher les passes adverses. Pas d'animation offensive, aucune ligne conductrice autre qu'empiler des attaquants en espérant que ça passe sur un malentendu ou un exploit personnel. Il est impossible d'obtenir un résultat dans ses conditions et l'équipe s'enfonce de plus en plus, surtout avec des matchs tous les 3 jours, qui ne laissent pas la place à des changements profonds. Il faut absolument enrayer cette spirale négative, le staff technique en est conscient, mais est-ce qu'il est capable de trouver une solution dans le contexte actuel ?

lundi 23 septembre 2019

Angers - ASSE, 4-1 (Nordin)

Inquiets


Les Verts ont poursuivi à Angers leur catastrophique série, 6 matchs sans victoire, dont 4 défaites. 

L'inquiétude est un sentiment qui revient souvent dans les analyses de ce match. Le capitaine : "la fébrilité nous a paralysés et fait déjouer. (...) Est-ce que je suis inquiet ? Aujourd’hui, oui, je le suis", mais aussi son entraîneur, inquiet pour le club, par pour son futur personnel, qui semble scellé. Surtout que les joueurs semblent l'avoir lâché : "je n'ai pas d'explication sur la différence entre la première et la deuxième mi-temps de mes joueurs. Sur la première je me sens encore écouté. Sur la deuxième, non".

Un petit retour rapide sur la différence entre ces deux périodes.


1MT : De prometteur...


Comme le match précédent avait prouvé qu'une défense à 5 n'apporte pas plus de garanties défensives, les Verts sont revenus à un système plus classique, un 4-2-3-1 :


Avec Perrin, Cabaye, Khazri et Hamouma au repos sur le banc et avec 11 absents, les Stéphanois (ici avec Boudebouz et Zaydou Youssouf qui ont inversé) ont été opposés à un bloc 4-1-4-1 bien en place. Ils ont privé leurs adversaires de ballon en début du match (65% de possession le premier quart d'heure), mais ils ont bien reculé ensuite (75% de possession pour Angers sur le quart d'heure suivant !). Et les attaques angevines ont cherché à exploiter les nombreuses failles dans le bloc défensif de l'ASSE, comme dans cet exemple à la 16e :


Le bloc stéphanois en 4-4-2 est bien en place et Angers fait circuler le ballon de droite à gauche entre ses quatre défenseurs. Les joueurs ne sont pas forcément à leur place (l'ailier gauche est en position de "10" et un milieu central est excentré à gauche), mais il n'y a pas de déséquilibre créé :


Le ballon arrive de nouveau sur le côté gauche de la défense stéphanoise, le bloc coulisse bien, mais...


... Bouanga se fait avoir facilement par un une-deux entre les deux joueurs de couloir d'Angers. Trauco est sorti sur son ailier, un milieu adverse plonge dans son dos, suivi par M'Vila, qui ne peut pas compenser pour Bouanga. Avant de continuer l'action, il faut remarquer les joueurs côté opposé, où Debuchy est au marquage de l'ailier et Nordin du milieu central excentré. Le latéral droit angevin monte donc balle au pied dans l'axe, comme s'il n'y avait pas eu de bloc défensif...


... et si de ce côté il n'y a pas vraiment de décalage, Nordin n'a pas suivi son adversaire. Qui est trouvé par une passe au dessus de la défense, mais heureusement il n'arrive pas à bien contrôler le ballon. C'était la première d'une série d'attaques angevines qui ont toutes commencé par une percussion dans l'axe qui élimine la ligne des milieux et qui oblige la défense de reculer.


La demi-heure de jeu passée, le match s'est rééquilibré et les Verts ont pu prendre l'avantage grâce à une très belle construction :


Ruffier relance avec Moukoudi, qui s'appuie sur Boudebouz, qui décroche très bas avant d'ouvrir avec Kolo côté gauche. Le central stéphanois échange des passes avec M'Vila :


Le bloc d'Angers est en place, Boudebouz et Youssouf sont assez bas, pendant que Nordin est axial, à côté de Beric et Bouanga bien collé à la ligne de touche. Sauf que ce dernier se déplace vers l'axe aussi, pour offrir une solution de passe à Kolo et pour libérer le couloir, où Trauco peut monter. Il est servi et les deux joueurs de couloir gauche combinent dans un petit périmètre avant de perdre le ballon, qui est dégagé jusqu'à Ruffier. 30 secondes plus tard, les Verts reconstruisent une attaque :


Ruffier - Kolo - Moukoudi - M'Vila à gauche. Youssouf propose une solution plus axiale et il est servi, avant de s'appuyer sur Boudebouz...


... qui fait la même chose. Le bloc adverse est en place, les milieux stéphanois gardent le ballon dans leur moitié pour bien préparer l'attaque. Ils sont tous les 3 très bas, sur la même ligne :


Si à gauche la paire Trauco - Bouanga est de nouveau collée à la ligne de touche, à droite Debuchy est seul dans son couloir, Nordin ayant comblé le décrochage de Boudebouz en se plaçant entre les lignes. Il y est trouvé, élimine la sentinelle adverse avec un contrôle orienté, monte balle au pied et décale son latéral droit...


... avant de se projeter dans la surface. Comme à son habitude, Beric ne participe pas au jeu et ne touche pas souvent le ballon, mais ses appels sont utiles : il fait reculer toute la défense angevine et Nordin est tout seul au point de penalty, où il est trouvé par le centre (que Debuchy a eu le temps de soigner).

Un "10" qui descend bas pour participer à la construction, un excentré qui prend sa place dans l'axe, entre les lignes, et laisse la sienne à un latéral offensif, des courses sans ballon pour créer des espaces... Bref, une vraie animation offensive, comme celle de la saison dernière, et ça fait plaisir à voir !


2MT : ... à catastrophique


Malheureusement ce jeu collectif et maîtrisé a disparu après la pause. La faute à des Angevins bien motivés par la gueulante de leur entraîneur à la mi-temps ? Possible, mais c'est clair que les Stéphanois ne sont pas ressortis avec la même motivation, comme on peut le voir sur cette action très peu après le retour des vestiaires :


Dégagement de Ruffier, duel aérien gagné par le défenseur, M'Vila est sur le 2e ballon et, avec l'aide de Beric, il écarte à gauche avec Nordin. Qui perd rapidement la possession, c'est une phase de transition, mais forcément dangereuse :


Les 4 défenseurs et 2 milieux centraux stéphanois sont en place et ils ont devant eux seulement 4 adversaires. L'avant-centre est trouvé entre les lignes, mais il garde le ballon et finalement joue en arrière...


... avec un défenseur, qui écarte sur l'aile droite. Il n'y absolument aucun déséquilibre, avec 3 Angevins disposés sur la largeur et deux autres dans l'axe devant la paire M'Vila-Youssouf (aidés en plus par Nordin). Et pourtant...


... l'excentré adverse repique vers l'axe balle au pied et passe entre Trauco, Nordin et M'Vila, aucun de ses 3 joueurs n'arrivant à l’arrêter. C'est Kolo qui couvre et qui le bloque, illicitement, mais le reste de la défense est très apathique et personne ne suit le ballon, ni Moukoudi, ni Debuchy, ni Ruffier. Sauf l'ailier opposé, qui y croit et qui égalise.


Comme lors des matchs précédents, les Verts ont encaissé un but qui n'a rien à voir avec une quelconque disposition tactique, mais qui montre leurs limites en terme de motivation et investissement. La suite de la 2MT a été plutôt équilibrée (53%-47% de possession lors des premières 20 minutes), sans grosse occasion, aucune équipe ne prenant réellement le jeu à son compte.

La paire Boudebouz-Beric a été remplacée par Khazri-Hamouma, avec plutôt le dernier en avant-centre et le premier en "10" :


Dans un match fermé, la différence peut être faite sur les coups de pied arrêtés. Khazri en a mal joué 3 - les seuls ballons qu'il a touché lors du petit quart d'heure entre son entrée en jeu et le 2e but angevin... arrivé suite à un coup franc adverse. Ça a été un sacré coup sur la tête pour des Stéphanois déjà pas très rassurés, qui ont ensuite craqué dans les dernières minutes encaissant deux autres buts coup sur coup, sur des phases de transition. Une des forces de cette équipe d'Angers, tout comme les CPAs...

Entre temps, Abi avait fait son début avec les pros cette saison - entré à la place de Nordin, il a pris le rôle d'avant-centre et Hamouma s'est excentré à droite :




Conclusions


Cette défaite a été qualifiée de "honteuse" par Ghislain Printant, qui a clairement pointé du doigt l'investissement de ses joueurs en 2MT. Il est très menacé et sera probablement remplacé assez rapidement, payant ainsi les pots cassés. Entre le manque de structure et d'organisation au club, des arrivées tardives au mercato, une préparation physique décalée pour certains et mal gérée par d'autres et un mental très friable des joueurs pourtant expérimentés... dans ce contexte, il sera compliqué de réussir pour n'importe quel entraîneur. Ce qui est frustrant, parce qu'il y a clairement du talent dans cette équipe, elle est pas mal du tout quand elle se met à jouer. Le problème apparaît quand elle se met à douter, ce qui arrive trop souvent le dernier temps...