lundi 30 novembre 2020

ASSE - Lille, 1-1 (Khazri)

Un tournant de la saison ?


Les Verts ont mis fin à leur série de 7 défaites consécutives en faisant match nul contre Lille, un des cadors de la Ligue 1.

Après la première mi-temps à Brest la semaine précédente, quand ils ont été complètement absents, les Stéphanois étaient attendus lors de la réception d'une des équipes en forme du championnat. Et ils ont réussi à hausser leur niveau de jeu, de prendre l'ascendant sur leur adversaire... pendant les premières 45 minutes, seulement. Ils ont été bien dépassés après la pause, mais ils ont su résister, pour prendre à la fin leur premier point depuis plus de deux mois.

En conférence de presse, le manager stéphanois a bien résumé la différence entre les deux périodes, très distinctes, de ce match : "on a mis les bons ingrédients, en première mi-temps notamment, avec beaucoup de qualités, de maîtrise, des situations, des occasions. (...) En deuxième, Lille est reparti fort, on a perdu deux ou trois ballons qui nous ont fragilisés un peu et ont permis de remettre cette équipe lilloise en selle. On sait qu'avec les entrants et leur effectif ils peuvent maintenir un rythme très élevé jusqu'à la fin du match".

Voici quelques exemples.


1MT - solidarité et jeu long


Le staff stéphanois a choisit de continuer avec le système utilisé lors des derniers matchs, un 4-4-2 avec Youssouf Zaydou en milieu latéral, mais avec 4 retours très importants dans le 11 de départ :

Hamouma et Khazri, de retour de suspension, ont été alignés en attaque, et Debuchy et Trauco, enfin capables de démarrer un match, aux postes des latéraux. De l'expérience donc.

Sur l'action qui commence avec cette capture d'écran, les Lillois - disposés en 4-2-3-1 - arrivent à trouver leur meneur de jeu entre les lignes. Mais les Verts sont solidaires et les milieux sont aidés... 


... par Hamouma, qui descend et récupère le ballon. Kolo était aussi sorti de la défense pour suivre l'adversaire aussi et l'empêcher de distribuer le jeu. Le ballon arrive à Bouanga, qui joue avec sa défense...

... et via Neyou le ballon circule jusqu'à Debuchy à droite, qui balance une longue transversale à la recherche de Bouanga, à gauche.  

Les Stéphanois ont clairement préféré d'attaquer avec des longs ballons. C'était intentionnel, comme l'explique Debuchy : "on a mis beaucoup de longs ballons dans le dos de Bradaric pour Khazri notamment. C'était travaillé et voulu. Ils ont une bonne défense mais on savait qu'on pouvait jouer dans leur dos, derrière leurs défenseurs centraux, sur le côté, car ce ne sont pas des joueurs qui sont très rapides". Mais il y a aussi eu un changement majeur dans l'approche tactique des Stéphanois et la statistique des passes effectuées par Moulin est très parlante. Par match, en moyenne, il fait 6 longues passes sur 28... mais contre Lille il en a fait 26 sur 32 !

Un changement tactique qui a porté ses fruits :


Moukoudi joue à un coup franc défensif et le ballon arrive à gauche, où Trauco joue plus haut dans le couloir à destination de son ailier. Le bloc adverse entoure bien les milieux stéphanois, le jeu doit passer par les côtés. Mais il n'y a aucune construction recherchée :

Bouanga balance en première intention un long ballon à destination de Khazri, dans le dos du latéral adverse, qui rate sa remise au gardien et fait tomber l'attaquant stéphanois dans la surface.


Ça serait réducteur de réduire l'animation offensive des Verts à des longs ballons dans le dos de la défense. Ils ont aussi proposé des séquences de construction plus élaborées, comme par exemple à la 14e :


Bloc adverse en place dans sa propre moitié, Camara joue avec Moukoudi, qui envoie à droite. Debuchy prolonge avec son milieu, Zaydou, avant de dédoubler dans le couloir. Mais le milieu stéphanois ne combine pas, il hésite et finalement après avoir garder le ballon dans les pieds pendant 6 secondes, il joue en arrière :


Sur cette image on remarque que Debuchy et Khazri avaient fait le même appel, ils étaient un à côté de l'autre collés à la ligne de touche. Le ballon circule jusqu'à Trauco à gauche...


... avant de revenir à droite. Debuchy est toujours à côté de Khazri, c'est Zaydou qui recule en position de latéral. D'où il trouve Camara entre les lignes :


Le milieu stéphanois cherche une solution à son tour, pendant 6 autres secondes. Entre temps, Hamouma aussi s'est excentré et se retrouve collé à la ligne de touche. La combinaison s'effectue naturellement dans ce couloir...

... avec Debuchy qui prolonge jusqu'à Hamouma, qui lance en profondeur Camara. Son centre en retrait ne trouve pas Khazri, mais arrive dans la course de Trauco, qui arme le premier tir cadré des Verts.



2MT - moins bien en place


Le changement de physionomie entre les deux périodes est évident dans les chiffres de possession. Si jusqu'à l'ouverture du score les Verts ont eu le ballon (58% de possession), ils ne l'ont plus trop vu après la pause (27% de possession en 2MT !). Un changement tactique, voulu ou forcé, mais qui peut se justifier pour une équipe qui mène au score, qui peut se contenter de défendre et jouer en contres.

Le problème est que les opportunités de contre n'ont pas été jouées à fond, comme dans cet exemple à la 58e :

Les Lillois sont présent dans la moitié stéphanoise et ils essayent un jeu vertical. Facilement lu par Kolo, qui intercepte et qui joue de suite avec Camara. La sortie est propre...


... avec Hamouma en point d'appui, qui décale Zaydou. Il joue à droite avec Khazri, qui s'était excentré - il était dans le rond central au moment de l'interception. Il est le Stéphanois le plus haut sur le terrain...


... mais Hamouma se projette et reçoit le ballon en profondeur. Sur cette image on voit que Bouanga se trouve à la même hauteur que lui, pendant que Camara et Zaydou ne sont pas loin derrière. Mais quand Hamouma centre...


... il n'y a que Bouanga dans la surface, les autres Stéphanois n'ayant pas suivi.


Un autre problème de la tactique de l'ASSE en 2MT vient des approximations techniques ou tactiques des joueurs stéphanois. On ne va pas insister sur les pertes de balle dans leur propre moitié en tout début de la période, elles ont été relevées même en conférence de presse. Mais il y a eu aussi de l'indiscipline tactique, parfois manquant un élément dans le bloc équipe, ce qui a facilité la tâche pour les Lillois. A titre d'exemple, voici une capture d'écran :


Bloc stéphanois en 4-4-2 avec un seul joueur pas à sa place, Zaydou. Les Lillois ne sont pas très hauts, ils n'ont que l'avant-centre et les deux ailiers dans les 30 derniers mètres. Par contre, ils ont le latéral gauche complètement libre et en deux passes ce joueur se trouve en position de centre et Lille égalise...

Un autre exemple est très parlant de la difficulté d'avoir un projet de jeu basé sur du pressing :


A la 76e, Bouanga sort d'un coup de sa place pour presser le latéral droit adverse, qui se déjoue facilement de lui. Nordin et Boudebouz, entrés à la place de Khazri et Hamouma, ne faisaient pas de pressing, cherchant seulement à empêcher une relance des défenseurs. Le latéral adverse n'a donc pas d'adversaire devant lui dans le couloir...


... et Trauco sort aussi de sa place au lieu d'attendre le retour d'un coéquipier. Un Lillois plonge naturellement dans son dos, montrant clairement où il veut le ballon (et Neyou montre aussi où il faut défendre). Décalage dans le couloir gauche de la défense, que Kolo essaie de combler...


... mais il est facilement éliminé et Lille à une super opportunité de marquer un deuxième but. Heureusement, leur avant-centre ne cadre pas son tir...

Un enchaînement d'erreurs individuelles comme on a vu à des nombreuses reprises ces derniers mois. Sans solidité défensive, sans défenseurs capables de gagner régulièrement leurs duels, se découvrir devient synonyme de se mettre en danger...


Conclusions


Vu la physionomie du match, les Verts ne méritaient pas plus qu'un petit point, ils ont été largement dominés dans le jeu en 2MT. Mais ce point n'est pas volé après leur prestation convaincante avant la pause et surtout, il fait un bien fou au moral. La série de défaites est arrêtée, mais les maux récurrents n'ont pas disparus et il reste encore beaucoup de travail avant de parler d'un début de guérison. Et le plus important maintenant est de confirmer, de capitaliser ce point pris, comme l'explique très bien Boudebouz : "C’est bien de stopper la série négative face à une belle équipe du championnat. Maintenant, il va falloir continuer, on a un match à Dijon qui est très important. J’espère qu’on ne fera pas comme on l’a fait après le match de Lyon. Il y avait de bonnes choses dans le derby mais après à Brest on s’était écroulé"...

samedi 28 novembre 2020

RCT - Pau, 18-13 (Paia'aua, Etzebeth)

L'avant-match


Après l'incroyable absence des Toulonnais lors de la première période il y a une semaine, il est fort probable qu'ils seront revanchards pour la réception des Palois. Mais avec des nombreux absents - doublons - et après le choc de la disparition de Dominici, ce ne sera pas évident pour le RCT de s'imposer sans trembler. Surtout qu'en face se dresse une équipe solide sur ses fondamentaux...


Le match...


... a de nouveau eu deux périodes distinctes. En première, vent dans le dos, le RCT a bien dominé les débats. Peu de franchissements malgré des nombreux temps de jeu, mais une belle solidité défensive. Quelques pénalités obtenues en mêlée, du jeu au pied quand il s'imposait pas... une mi-temps loin d'être parfaite, mais les Toulonnais ont marqué deux essais et sont rentrés aux vestiaires menant 15-0. Ils n'ont cependant pas vraiment profité de leur double supériorité numérique, les Palois ayant pris 2 cartons jaunes...

... et les 15 point d'écart n'ont presque pas suffit en 2MT, qui a été à sens unique. Quasiment 0% de possession pour le RCT lors des 10 premières minutes, passées à défendre dans leur camp. Après un essai encaissé à l'heure de jeu et des nombreuses pénalités concédées, les Toulonnais n'avaient plus que 5 point d'avance à 10 minutes de la fin. Heureusement ils ont pu s'appuyer sur une super mêlée, génératrice de beaucoup de pénalités. Malheureusement, ils n'ont pas pu s'appuyer sur un jeu au pied, les touches étaient très courtes, quand elles étaient trouvées - Paia'aua n'y arrivant pas dans cet exercice. Mais finalement ils ont gardé leur avance et ont fini le match victorieux, même si pas rassurés.


L'action


On joue depuis un quart d'heure, la Section Paloise a une touche sur les 5m toulonnais, mais la défense tient bon et finalement Romain Taofifénua récupère une pénalité, que Paia'aua joue en touche. Il suit donc un lancer pour Tolofua (2) sur les 40m du RCT :


Une petite combinaison avec Lakafia (7) dans le couloir de 5 mètres, puis un point de fixation de Parisse (8)...


... et le ballon est sorti pour le demi d'ouverture, Toeava (10). Qui tape une bonne chandelle et Dachary (13) se trouve au point de chute. Avec l'aide d'Ory (6) le ballon reste toulonnais et Takulua (9) aide à le sécuriser. C'est donc Nonu (12) qui sort du ruck...


... pour aller vers la droite, où se trouve quelques avants, mais aussi Toeava (10), Dachary (13) et Dridri (11). Setiano (3) récupère le ballon, fixe la défense avant de servir son demi d'ouverture...


... qui joue avec Dachary (13), qui lance Dridri (11) dans son couloir. Comme il a encore un défenseur devant lui, l'ailier tape à suivre, mais le Palois dévie en touche. Alignement complet pour le RCT...


... et un maul est formé après que Lakafia (7) capte le ballon. Maul qui avance une bonne quinzaine de mètres avant que Takulua (9) puisse sortir :


Les trois-quarts se tiennent prêts à gauche. Nonu (12) fixe une première fois, puis Dridri (11) venu de son couloir, avant que Dachary (13) échoue à un mètre de la ligne :


La défense adverse a bien coulissé, mais la libération est rapide et Paia'aua (15) se faufile entre les deux derniers défenseurs pour marquer le premier essai du match. Un essai pas transformé, mais ces 5 points ont fait la différence à la fin du match...
 


La suite


Petite victoire, sans bonus, sans se rassurer, mais victoire néanmoins, et les 4 points pris consolident la position du RCT au classement. Il ne reste plus qu'un match de championnat - toujours sans les internationaux - avant le début de la grande Coupe d'Europe. Et les Toulonnais ont besoin de retrouver de la confiance, ils ont besoin de faire un match plein, pas juste une mi-temps. Mais est-ce que le déplacement au Stade Français est le bon match pour ça ?

dimanche 22 novembre 2020

Brest - ASSE, 4-1 (Camara)

Et de sept !


C'est un triste record qui vient d'être égalé par les Verts, qui ont connu à Brest leur septième défaite consécutive en championnat, un résultat marqué surtout par leur absence des débats en première période.   

La prestation de ses protégés en 1MT a été tellement catastrophique que le coach stéphanois n'avait pas d'explications après le match : "pas trop compris cette première période, notamment sur l'aspect défensif, comment on a pu être aussi absents ?". Un tel manque peut arriver de temps en temps, mais il dévient réguliers pour ses joueurs, avec un scénario de match habituel désormais - ouverture du score rapide par l'adversaire, qui concrétise sa première occasion. Et un réveil après la pause, mais seulement pour la forme, sans résultat au tableau d'affichage. 

Le pire dans cette situation n'est pas seulement la répétition de ces situations, mais aussi le décalage avec les déclarations d'avant-match qui faisaient référence au bon Derby d'il y a deux semaines. Neyou n'envisageait pas de ne pas mettre les mêmes ingrédients : "on a mis la barre à une certaine hauteur et on ne doit pas descendre en-dessous (...) notre travail et notre détermination feront la différence" et Puel insistait sur la manière "dans une situation comme celle-là, l’important c’est le jeu, les ingrédients et le caractère dont on fait preuve". 

Détermination, caractère... des concepts étranges pour les Verts en première période à Brest.


Absents


Le staff stéphanois a reconduit le système qui avait plutôt bien marché contre les Vilains, un 4-4-2 avec Bouanga et Abi en attaque et la paire Neyou - Gourna en milieux axiaux, comme on peut le voir dès le coup d'envoi de la partie :


Zaydou a été de nouveau aligné en milieu excentré et Camara en latéral droit, les seuls changements par rapport au dernier match étant Sissoko en latéral gauche (Trauco étant fatigué après son voyage international) et Boudebouz, le revenant, à la place d'Aouchiche sur un côté.


Mais s'ils avaient bien défendu dans ce système dans le Derby, les Verts n'ont pas réédité leur performance défensive à Brest. Ils ont été piégés en début de match, gardant le ballon sans être dangereux, mais en se découvrant derrière. 68% de possession jusqu'à l'ouverture du score, complètement stérile :


Sur cette capture de whoscored.com, les points bleus représentes les touches de balle stéphanoises (attaque de droite à gauche) dans les 7 premières minutes - ils ne se sont jamais approchés de la surface adverse. Et cette période de possession s'est finie par la pire des manières :


Les Verts construisent une attaque dans leur moitié de terrain, avec Kolo qui lance Sissoko dans son couloir après avoir combiné avec Gourna. Le latéral stéphanois élimine un adversaire...


... et continue à avancer grâce à un une-deux chanceux avec Zaydou. Le bloc adverse est en place et on ne peut pas dire que les Verts se sont trop découvert derrière, seulement Sissoko et les 4 offensifs étant présents dans les 30 derniers mètres. La perte de balle n'aurait pas du être dangereuse, et pourtant...


... cette image est très parlante. Un jeu très simple dans le couloir (le latéral pour son milieu, qui lance un avant-centre) a suffis pour aspirer quasiment toute la défense des Verts dans cette partie du terrain. Ce qui laisse Camara contre 3 adversaires...


... et Honorat, l'ancient stéphanois, crucifie Moulin.  
 

Il a fallu atteindre presque un quart d'heure pour voir les Verts proposer du jeu vertical, dans un exemple qui illustre toute la différence entre les deux équipes. Un coup franc sur la ligne médiane est joué par Kolo :


Sissoko choisit de changer de côté, mais il ne choisit pas une passe simple - sa passe lobée laisse le temps au milieu adverse de sprinter pour mettre la pression sur Camara. Qui, en plus, oriente son contrôle vers son gardien et n'a plus aucune solution que de jouer avec Moulin...


... qui dégage sous pression à destination de Boudebouz, qui commet une faute. Et ainsi le coup franc de l'ASSE sur la ligne médiane s'est transformé dans un coup franc pour Brest, suite aux approximations des deux latéraux stéphanois. Heureusement, les Brétons choisissent de passer par le gardien et de construire...


... même si leur construction consiste à chercher la déviation d'un avant-centre après un dégagement. Kolo gagne le duel et passe à Gourna... 


... qui élimine avec un contrôle orienté son adversaire. Il y a faute, mais l'arbitre laisse avantage, le ballon étant arrivé dans les pieds d'Abi. Qui attend que Bouanga ne soit plus hors-jeu...


... avant de le lancer parfaitement en profondeur. Bouanga n'arrive pas à se mettre en position de frappe, alors il patiente dans la surface et il essaye de combiner :


Mais les défenseurs adverses sont bien revenus, deux sur chacun des seuls Stéphanois présents dans la surface et l'action ne donne rien.


Après un deuxième but concédé sur corner, les Verts parviennent à revenir dans le match après un coup de pied arrêté, mais les approximations défensives leurs sont fatales et ils encaissent deux autres buts dans moins de 10 minutes après la réduction du score. Deux buts coup sur coup suite à des centres, ce qui encore plus frustrant : tout le monde savait que la principale arme offensive de Brest est la qualité des centres des latéraux et ailiers. Frustrant, mais pas surprenant vu le manque de rigueur défensive. A titre d'exemple, le début et la fin de l'action du quatrième but : 


Brest construit une attaque avec son gardien et Zaydou déclenche tout seul un pressing sur un défenseur central, laissant son adversaire direct partir dans son dos. Neyou se fait aspirer aussi...


... le bloc stéphanois est inexistant et ce latéral gauche est servi dans le couloir. Le jeu bascule de l'autre côté, où Boudebouz a suivi son latéral jusque dans la surface, mais d'où Honorat centre...


... et le ballon arrive dans les pieds de ce même latéral gauche. Zaydou est très loin, son adversaire a le temps d'ajuster le centre à destination d'un avant-centre laissé libre par Kolo. Puel avait raison en conférence de presse, "on a donné le bâton pour se faire battre".


Du mieux en deuxième


Trois changements au retour des vestiaires ont complètement changé le visage des Verts. Deux vrais latéraux à leur place, Debuchy et Trauco, et Nordin entré à la place d'Abi, laissant Bouanga seul devant et Boudebouz passant en "10", donc un vrai 4-2-3-1. Et l'animation offensive a commencé à fonctionner, comme dans cet exemple à la 52e :


Le ballon circule de Trauco jusqu'à Debuchy et il est relayé par Camara jusqu'à Boudebouz, entre les lignes. Le meneur de jeu recombine avec Debuchy...


... avant de chercher Bouanga avec encore une autre passe verticale. Un défenseur parvient à dégager, mais Moukoudi regagne de suite la possession :


Le jeu est envoyé à gauche où Trauco et Nordin combinent, d'abord à l'aide de Neyou, ensuite avec Kolo et Camara :

Ce côté est bouché, mais la maîtrise stéphanoise dans le camp adverse fait reculer le bloc brestois, ce qui permet aux défenseurs d'organiser le jeu au delà de la ligne médiane : 


Moukoudi reçoit le ballon et le porte un peu pendant que ses coéquipiers commencent à faire les appels nécessaires pour créer de l'espace :


Zaydou amène son latéral vers l'axe, libérant le couloir droit pour l'appel de Debuchy, qui est servi par Boudebouz, parfaitement trouvé par une autre passe verticale. Il faut remarquer à l'opposé que Nordin fait aussi un appel vers l'axe...


... ce qui lui permet d'être à la réception du centre de Debuchy, mais sans réussir à cadrer sa frappe. Un mal récurent pour les Verts, qui ont tiré 17 fois au but lors de ce match sans cadrer plus qu'une frappe, le but de Camara.

Du mieux dans le jeu, mais sans efficacité. Et c'était trop peu, trop tard, le mal avait été fait en première période...



Conclusions


Le staff stéphanois à un gros problème à résoudre, mais aussi un dilemme intéressant à adresser. Le problème vient de l'investissement de certains joueurs, dans leur concentration et implication en dents de scie. Il y a un décalage trop importants entre les matchs ou même entre les périodes - et si on croit les déclarations, même entre la semaine et le weekend. Si ce problème n'est pas résolu, les jours noirs qu'on est en train de vivre ne s'arrêteront pas de si tôt et la saison risque d'être une longue descente en enfer... Mais en plus de ça, c'est une question de principe de jeu qui se pose aussi. Les Verts cherchent à imposer leur maîtrise technique, à développer du beau jeu, mais faut-il vouloir le faire quand on perd si facilement les duels défensifs, quand on a pas de discipline tactique ? Ce n'est pas plus raisonnable de proposer moins de jeu, de se concentrer sur comment bien défendre en équipe et de recommencer à engranger quelques points si importants dans la lutte pour le maintien ? Même si ça ne va pas forcément dans la direction du projet sportif envisagé...

Bayonne - RCT, 35-29 (Cordin, Etzebeth, Serin)

L'avant-match


Les Toulonnais jouent un de leurs deux matchs en retard pendant un weekend international, donc sont privés comme d'habitude de pas mal de joueurs importants. Après la victoire bonifiée à l'extérieur de la semaine précédent, ce déplacement à Bayonne peut être vu comme du bonus. Mais il y a un enjeu sportif très intéressant - une victoire mettrait le RCT à la première place du classement, avec le même nombre de matchs que le deuxième et un match en moins que le troisième ! De quoi essayer d'être la première équipe qui fait tomber Bayonne à domicile cette saison ?


Le match...


... commence bien pour le RCT, avec deux touches adverses volée et l'ouverture du score par une pénalité de Serin. Mais ce sont été les seuls points toulonnais dans la première demi-heure, pendant laquelle ils en ont encaissé 23, dont 10 pendant le traditionnel jaune de Nonu. Le 2e essai bayonnais est d'ailleurs un bel exemple du match à sens unique : maul Bayonne dans ses 22m, pénalité, touche trouvée sur les 22m toulonnais, maul qui avance (plus avantage) et un jouer qui se détache et marque... Les Toulonnais se sont réveillés juste après avec un essai en première main suite à une mêlée à 5 mètres et sont retombés dans leurs travers avec un autre jaune, pour Paia'aua après la sirène. Une mi-temps complètement ratée et quasiment 30 points encaissés à la pause (29-10).

La 2MT a été gagnée par le RCT, 19-6, trois essais à zéro, mais ça n'a pas suffis pour rattraper les 40 premières minutes. Les avants toulonnais ont fait parler leur force avec des nombreux pénalités obtenues sur mêlées, des essais en force après des lancements de jeu dans les 5m adverses. A 10 minutes de la fin, le RCT n'avait plus que 6 points de retard et se trouvait à 15 contre 13, à un essai d'une victoire bonifiée. Mais une touche caffouillée, une mêlée penalisée et l'incroyable bêtise de Tolofua (qui donne une pénalité à Bayonne, blesse Dridri et prend un jaune) n'ont pas permis une remontée historique...


L'action


La 2MT a démarré depuis quelques minutes et après 4 mêlées refaites sur la ligne médiane, le RCT obtient une pénalité. Touche trouvée sur les 22 adverses, pénalité suite au maul (l'avantage n'est pas bien exploité), le choix est d'aller en touche, à 5 mètres :


Alignement complet, le lancer d'Etrillard (2) est bien capté par Etzebeth (4) et un maul se prépare... mais c'était une combinaison pour Ory (6), qui ne franchit pas la ligne. Serin (9) sort pour ses avants...


... mais Setiano (3) avec le support de ses deuxièmes lignes Etzebeth et Rebbadj ne passe pas la ligne non plus. La suite est du jeu à 0 passes, plusieurs avant essayant de franchir en force, Etrillard, puis Lakafia et finalement Ory. Serin (9) arrive enfin à mettre la main sur le ballon pour décaler un peu le jeu...


... à destination de Parisse (8), qui, aidé par Etzebeth (4), fixe encore une fois la défense et le décalage est fait au large :


Toeava (10) avec Dridri (14) à l'intérieur et Nonu (12), Cordin (15) et Ikpefan (11) à l'extérieur (contre un seul défenseur). Le demi d'ouverture toulonnais reçoit le ballon, mais il choisit d'essayer de passer en force, ce qu'il ne réussit pas. Etrillard (2) se réessaye au jeu à 0 passes, sans succès et Serin (9) doit protéger le ballon dans le ruck formé. C'est donc Parisse (8) qui sort vite...


... pour Etzebeth, qui conclut cette action. Les premiers points du RCT en 2MT, le début d'une remontée basée sur la force des avants, qui n'a pas suffis...


La suite


La belle série de victoires en Top 14 s'est arrêtée à Bayonne, un déplacement à 0 points. Après une 1e mi-temps complètement ratée, la domination dans la 2e n'a pas suffis. Le RCT manque ainsi l'opportunité de devenir leader du championnat, mais peut se rattraper dès la semaine prochaine et la réception de Pau. Ça sera encore un match sans les internationaux, mais on peut s'attendre à un sursaut d'orgueil de la part des Toulonnais...