lundi 22 mai 2023

ASSE - Quevilly, 4-2 (Cafaro, Chambost, Bamba, Krasso)

Ce n'est pas une question de système


Même si les Verts ont encore une fois gagné en proposant du jeu, ils ont de nouveau encaissé deux buts et ont une des pires défenses du championnat...

La plupart des observateurs mettent le grand nombre de buts encaissés - et d'occasions concédées - sur le dos du système tactique proposé par Laurent Batlles, qui assume le choix du déséquilibre. Mais ce n'est pas toujours le cas, surtout que lors de ce match il avait essayé d'être plus solide : "on voulait être un peu plus costauds que d’habitude en mettant les pistons plus bas". Très souvent, la solidité défensive est une question d'attitude, de rigueur de la part des joueurs, plus que de système utilisé. Voici un exemple qui commence à la 18e minute :


Les Verts sont en place, on observe bien la défense à 5 (Cafaro est un peu haut mais s'alignera rapidement avec les autres), donc avec des joueurs de couloir bien placé. Le triangle au milieu est lui aussi en place, mais très axial, ce qui permet au défenseur droit adverse de monter sans ballon. Comme Nkounkou est le seul joueur stéphanois dans le couloir et il est au marquage de l'ailier, le premier problème défensif à résoudre est de fermer cette zone :


Monconduit et Petrot ferment le jeu sans sortir sur le latéral, qui peut échanger des passes avec l'ailier, surveillé de près par Nkounkou, puis avec un milieu axial, surveillé de pas si près par Chambost. Bouchouari est au marquage d'un autre milieu, devant la défense.


Les Verts se contentent de cadrer leurs adversaires sans les presser, les empêchant de jouer vers l'avant. Par contre, si Nkounkou et Monconduit ont pris les deux joueurs de couloir, Chambost et Bouchouari sont assez loin de leurs adversaires, qui combinent. 


Le problème intervient après, car les Stéphanois s'échangent les joueurs au marquage sans bien se coordonner. Nkounkou prend le latéral et Petrot l'ailier, Bouchouari et Monconduit sont tous les deux sur un milieu, pendant que Chambost quitte complètement la zone. Ce qui laisse un adversaire complètement seul - la capture ci-dessus est faite quand il reçoit le ballon, la suivante quand il fait sa passe...


... cinq secondes plus tard, pressé un peu par Monconduit et Wadji. Il a eu tout le temps d'orienter le jeu, à l'opposé, où un grand espace était libre. Les Verts l'avait laissé jouer en restant loin de lui, mais ce n'est rien comparé à ce qui se passe de l'autre côté :


Krasso est loin du latéral adverse (c'est normal), qui joue avec l'ailier. Cafaro était loin de lui et se jette, se faisant éliminer facilement :


Bouchouari se jette aussi en essayant de couper une passe, mais il est trop en retard et se fait éliminer par l'une-deux. Monconduit est loin et il n'arrive pas à temps pour empêcher la suite de l'action...


... qui voit Appiah anticiper une passe latéral quand elle est partie en profondeur. Un autre Stéphanois éliminé et un déséquilibre créé dans le couloir :


Tout n'est pas perdu, car dans l'axe les autres défenseurs sont en place, Briançon, Petrot et Nkounkou contre deux attaquants. Mais au moment du centre...


... un d'entre eux avait été laissé seul, en retrait. Heureusement, il écrase sa frappe et Larsonneur peut facilement capter le ballon.

Une grosse occasion concédée non par le déséquilibre d'un jeu trop porté à l'offensive, non par des joueurs de couloir trop hauts sur le terrain, mais tout simplement par des Stéphanois toujours loin de leurs adversaires, toujours en retard sur leurs interventions. Comme lors du deuxième but encaissé, quand Fomba est loin de son adversaire et rate son intervention et Briançon ne suit pas son adversaire direct. Quant au premier but, il vient suite à une double perte de balle dans la propre moitié. Les mauvaises stats défensives ne sont pas toujours la consequence du système de jeu...

dimanche 14 mai 2023

Laval - ASSE, 2-1 (Chambost)

Il faut bien finir


Même s'ils se sont procurés de très grosses occasions, les Verts n'ont pas su mettre les ingrédients nécessaires pour s'imposer à Laval, contrairement à leurs adversaires...

Même si le système de jeu est resté le même, l'animation offensive stéphanoise a été légèrement différente dans ce match. Si souvent les milieux relayeurs s'écartaient pour apporter du surnombre dans les couloirs (par exemple contre Bordeaux), ça n'a pas été le cas à Laval. Les Verts ont systématiquement cherché à trouver des joueurs entre les lignes adverses, comme on peut le voir sur deux exemples :


Le premier commence juste avant l'ouverture du score adverse, quand le ballon est donné aux défenseurs, pour organiser une attaque. On voit bien sur cette image le système stéphanois, avec deux attaquants axiaux, Krasso et Wadji, deux ailiers, Cafaro et Nkounkou, trois défenseurs et les trois milieux, dont Chambost le plus haut et Monconduit le plus bas. 


Appiah échange des passes avec Cafaro à droite, puis joue avec Sow, pour changer de côté. Le ballon arrive jusqu'à Petrot...


... qui s'appuie sur Monconduit. Le bloc de Laval est en place, en 5-4-1, mais se laisse aspirer par le ballon :


... ce qui libère un espace, bien pris par Krasso, qui décroche et est trouvé par Petrot. Le décalage est fait et le jeu devient vite vertical :


Krasso trouve Chambost plus haut, qui lance parfaitement Monconduit, qui s'était projeté. Une très belle action collective...


... qui voit Wadji recevoir le ballon à l'entrée de la surface. Malheureusement, il rate son contrôle - une occasion de plus gâchée par l'attaquant, clairement pas dans son meilleur jour.


Cet animation tactique basée sur un jeu vertical vers un milieu situé entre les lignes adverses est encore plus visible un quart d'heure (et un but de chaque côté) plus tard :


Appiah joue une touche à droite et le ballon est transmis jusqu'à Petrot, à gauche. Il s'appuie sur Nkounkou, qui lui le rend :


Si Monconduit se trouve devant sa défense, ses deux relayeurs se trouvent dans la ligne des milieux adverses, cherchant à trouver une zone qui leur permet de recevoir le ballon :


Ainsi, quand Monconduit reçoit le ballon, il se tourne et chercher devant lui Krasso, Chambost et Moueffek, tous entre les lignes. Il n'essaie pas de jouer autrement - il marche (littéralement) avec le ballon pendant 8 secondes en attendant du mouvement de la part de ses trois joueurs :


La solution arrive vers la gauche, avec Moueffek et Chambost, alors Monconduit passe par Petrot, qui à un meilleur angle de passe et trouve Moueffek. La suite de l'action est de nouveau un bel exemple de jeu collectif stéphanois :

Moueffek talonne pour Chambost, qui s'était projeté et qui malheureusement ne reçoit pas le ballon proprement après son une-deux avec Krasso...


Conclusions


Les Verts ont continué avec la même animation après la pause, mais l'adversaire avait compris et s'était adapté. Le bloc de Laval est devenu bien plus serré, surtout après avoir repris l'avantage au score et les protégés de Laurent Batlles ont eu du mal à combiner entre les lignes. Ils se sont procurés nettement moins d'occasions qu'en 1MT, quand ils auraient du tuer le match. Leur défaite est le résultat logique du manque d'adresse en première et d'adaptabilité en deuxième - heureusement, le résultat n'a plus d'importance...

dimanche 7 mai 2023

ASSE - Guingamp, 3-2 (Moueffek, Cafaro, Wadji)

Toujours déséquilibrés


Même si les Verts ont gagné, car ils ont réussi à renverser le score en fin de match, le résultat ne doit pas cacher la fragilité affichée, surtout en première période...

Laurent Batlles est très clair par rapport à la prestation de ses protégés en 1MT : "après une première période où l’on se fait pratiquement à chaque fois ouvrir…" et les joueurs avouent qu'il les a secoué à la pause. Pourtant, le 11 de départ était dans la continuité des dernières mois, compte tenu des absents - certains étant trop justes pour démarrer :

L'habituel 3-3-4 donc, avec un triangle au milieu Fomba - Moueffek - Lobry. Ces trois joueurs ont un rôle clé dans la gestion des transitions, quand les Stéphanois perdent le ballon. Car sinon les 3 défenseurs ne peuvent pas couvrir la largeur et la profondeur en même temps.

Voici un exemple qui démarre juste après l'ouverture du score :


Les Guingampais ont la possession dans leur propre moitié, les Verts sont alignés en 4-4-2, Fomba étant descendu au niveau des défenseurs. Un bloc assez haut qui est efficace sur cette action, car Lobry intercepte un passe latérale d'un adversaire. Récupération haute, transition immédiate...


... vers Krasso, qui combine avec Bamba, qui essaie de dribbler et perd le ballon. La ligne des 4 milieux Cafaro - Moueffek - Lobry - Nkounkou était montée aussi, jusqu'aux 30 derniers mètres, on compte 6 joueurs de champ de chaque côté dans cette zone :


Moueffek et Lobry sont éliminés par une passe, qui trouve un relay plus haut, qui élimine d'une feinte de corps Fomba :


Et la transition adverse est parfaite, la défense stéphanoise devant se débrouiller à 3-contre-3, un de plus si on veut compter Fomba et son adversaire direct :


Un attaquant est lancé en profondeur, heureusement son centre est ralenti par Sow, qui le suivait, et ensuite dégagé par Appiah, qui avait suivi son adversaire. Une action qui est partie d'une récupération haute, une perte de balle à l'entrée de la surface, un milieu qui ne bloque pas la transition adverse et donc une défense qui se retrouve en déséquilibre.

Malheureusement, ce n'est pas juste une question de perte du ballon haute et contre adverse. La volonté des Verts est clairement de jouer haut sur le terrain, pas de proposer un bloc resserré. D'ailleurs, l'action du premier but guingampais semble partir d'une phase de transition, tellement le déséquilibre défensif est évident, mais en réalité c'est une remise en touche adverse dans leur propre moitié :


Même bloc haut stéphanois en 4-4-2, avec des milieux dépassés par jeu long vers l'aile opposée. La défense doit à la fois reculer et coulisser. Et si Fomba est initialement placé comme un défenseur central, aidant Petrot contre deux adversaires, il quitte ce poste pour un rôle de sentinelle, pour prendre le joueur entre les lignes :


Appiah coulisse à droite, comme un vrai latéral, Sow doit le suivre sinon l'espace dans l'axe est trop important, mais donc Petrot se trouve seul contre deux adversaires. Il suit l'appel au premier poteau d'un, le deuxième se retrouvant trouvé libre pour l'ouverture du score.


Conclusions


Ce déséquilibre n'est pas nouveau et il est clairement assumé par le staff stéphanois. Les défenseurs doivent très souvent se retrouver à 3-contre-3 et défendre en reculant, car les Verts jouent très haut sur le terrain. C'est une tactique qui peut s'avérer payante, mais à l'heure actuelle les Stéphanois ne sont pas largement au dessus des autres équipes. Il suffit de quelques absents clé, d'un joueur défensif qui perd un duel individuel, d'un manque de réalisme offensif, ou bien de quelques décisions arbitrales pas favorables, et le scénario du match n'est plus le même. C'est une tactique qui fonctionne pour une équipe qui est techniquement supérieure à ses adversaires, qui possède des individualités qui peuvent faire la différence, défensivement et offensivement. Est-ce que ça sera le cas la saison prochaine ?

mardi 2 mai 2023

Rodez - ASSE, 1-1 (Bamba)

S'adapter à l'adversaire


Laurent Batlles l'a déjà déclaré, il ne veut pas s'adapter à ce que l'adversaire propose : "je ne me pose pas trop de questions par rapport à l’adversaire, je veux d’abord imposer notre jeu"

Alors, contre Rodez, il a aligné le 11 de départ classique, en 3-1-4-2, ou 3-4-3 losange :


Sauf qu'à l'heure de jeu il a décidé de changer, passant en 4-3-3, avec Appiah latéral droit :


Un changement pas préparé à l'avance, les nouvelles consignes étant passées aux joueurs via un bout de papier :


Ce système est même devenu un 4-2-3-1 quand Chambost est entré, en "10", les Verts restant comme ça jusqu'à la fin du match, quand les ailiers étaient Lhery et Pintor :

L'explication de cette adaptation tactique a été donnée après le match : "il a fallu tenter des choses, changer tactiquement pour amener plus de largeur et de surnombre dans les couloirs".


Une équipe et un style de jeu pas adapté à l'adversaire, pas adapté au terrain. Comme les points ne sont plus si importants cette saison, ce n'est pas grave. Mais la saison prochaine il faudra faire preuve de plus de souplesse tactique pour gagner, pas juste vouloir imposer ses idées à tout prix...