mardi 31 janvier 2017

Toulouse - ASSE, 0-3 (Roux x 2, KMP)

La victoire des Verts à Toulouse est intervenue suite à des faits de jeu favorables, mais aussi grâce à une opposition tactique qui a tourné à l'avantage des Stéphanois.

Le positionnement haut de la défense Toulousaine


La tactique Toulousaine en première période a été construite à base de trois éléments : un "10" bien placé entre les lignes, une relance propre avec des passes entre les défenseurs et les milieux (pas des longs ballons) et un bloc très haut quand ils n'avaient pas le ballon. La tactique Stéphanoise a été une réponse adaptée aux deux derniers éléments, sans trop se soucier du premier : on a choisi de défendre en 4-4-2 sans suivre spécialement le "10" adverse. Ainsi, les attaquants Verts ont fait un pressing très haut qui a poussé les défenseurs adverses à commettre des erreurs (chose soulignée par Galtier en conférence de presse après le match). Et surtout, les Stéphanois ont essayé des longs ballons dans le dos de la défense, tout en étant présents sur les deuxièmes ballons en cas de dégagement adverse, comme dans l'exemple suivant.

Lors des 6 premières minutes, pas moins de 3 fois les attaquants Stéphanois ont été hors-jeu très près de la ligne médiane, tellement les Toulousains se positionnaient haut. Après ce troisième hors-jeu, le ballon est envoyé vers le 10 - Trejo - positionné entre les lignes :


Malgré le fait qu'il a deux adversaires à surveiller, Pogba gagne le duel aérien et via Veretout le ballon arrive à Perrin qui joue tout de suite long vers les attaquants :


Le ballon est renvoyé par la défense, mais récupéré tout de suite par Selnaes, présent sur les deuxièmes ballons, comme prévu. Il trouve Roux...


... qui cherche à lancer Keyta en profondeur, mais sa passe est interceptée par la défense. C'est le tour des Toulousains de jouer long, mais de nouveau Pogba gagne son duel aérien et de nouveau le ballon est donné au capitaine Perrin : 


Hamouma s'adapte au positionnement très haut de la défense et la passe de Perrin le trouve en profondeur, lancé. Penalty et ouverture de score, le piège du hors-jeu a fonctionné trois fois avant d'être déjoué. Quand on défend très haut, il y a deux solutions pour ne pas subir des longs ballons dans le dos de la défense : gros pressing pour empêcher des passes propres ou le hors-jeu. Les deux ont échoué dans ce cas.

La récupération haute Stéphanoise


Comme en première période on s'est créé plusieurs occasions en poussant la défense adverse à la faute par le pressing, l'entraîneur adverse déclarait en début de la deuxième qu'ils vont arrêter d'essayer de sortir proprement et qu'ils vont chercher un jeu direct avec des longs ballons et une éventuelle présence sur les fameux deuxièmes ballons. Le carton rouge a changé encore plus la donne : la défense Toulousaine a joué beaucoup plus bas, donc les Stéphanois n'ont plus eu l'occasion de se lancer dans son dos. Par contre, leur présence sur les ballons renvoyés par la défense a continué à être très efficace, le ballon récupéré très vite et très haut.

A titre d'exemple, un coup franc suite à une faute sur Hamouma est joué par KTC avec Selnaes. Le bloc adverse (en 4-4-1) est en place, Hamouma se place en "10" entre les lignes, Pogba est avancé à gauche, donc Malcuit reste avec la défense, à droite :


Pas attaqué, Selnaes avance avec le ballon, alors Veretout recule - on n'attaque pas à 7. La passe de Selnaes casse les deux lignes et trouve Keyta à l'entrée de la surface :


Keyta crochète et tire, mais sa frappe est contrée, le ballon repoussé jusqu'à Selnaes. Sa passe est interceptée et le ballon dégagé... jusqu'à Veretout :


Grosse présence à la récupération pour nos deux milieux axiaux, l'attaque continue, mais cette fois-ci à droite, c'est le tour de Veretout de bien décaler l'ailier, KMP dans ce cas :


A noter que, comme le jeu est à droite, Malcuit monte et donc Pogba revient. Tout comme Selnaes, vu que c'est Veretout qui mène l'attaque. KMP profite de l'appel de Malcuit qui aspire deux adversaires, pique vers l'axe et cherche à trouver Hamouma, bien positionné dans l'espace entre la défense et le milieu : 


La passe est interceptée, mais le ballon n'est pas envoyé plus loin que Veretout (encore), qui repasse par la défense pour donner le temps aux attaquants de se préparer :


Les Toulousains sont à 10 et ce jeu en alternance gauche-droite crée des décalages : Pogba est complètement libre à gauche (il manque un milieu X pour le prendre), c'est par là-bas qu'il faut passer, alors Malcuit revient - toujours le souci d'équilibre. Perrin décale donc Pogba dans son couloir...


... et une fois n'est pas coutume, un décalage est transformé dans une occasion, son centre trouve la tête de KMP dans la surface et le break est fait. A noter que les défenseurs et milieux adverses ont glissé vers notre gauche pour combler le trou, mais pas nos attaquants : ils étaient 4 pour 3 défenseurs et les appels différents ont fonctionné, un d'entre eux a été trouvé.


Conclusions


Il est presque dommage que les Verts ont bénéficié de deux penalties et une expulsion, tellement ils avaient bien préparé tactiquement le match. Quand c'est le coach adverse qui change d'approche à la mi-temps, ça veut dire qu'on a bien été en place et qu'on les a vraiment mis en danger. La preuve aussi dans le nombre des tirs effectués, 20 sur le match (dont 15 dans le jeu) et 10 (8 dans le jeu) sur une première période totalement maîtrisée tactiquement à 11 contre 11. Pour une équipe qui jusqu'à là tournait à 10-11 tirs en moyenne par match, c'est pas mal du tout et même très rassurant pour un mois de février bien chargé.

dimanche 29 janvier 2017

RCT - La Rochelle, 20-23 (Orioli)

L'avant-match


Après le match à forte intensité à Saracens la semaine dernière, le RCT pouvait redouter la réception de La Rochelle, 2ème du championnat, surtout avec un bon nombre des cadres absents (Guirado, Chiocci, Bastareaud, Vermeulen, Halfpenny). Mais il était important de bonifier la qualification européenne avec un bon résultat en Top 14 avant trois semaines de vacances.

Le match...


...commence bien, avec des toulonnais présents au combat, avec une attaque intéressante construite après une touche, mais conclue par un avant et suivie d'une pénalité en mêlée, une autre sur le maul suivant et longue phase défensive ensuite. Si la défense semble tenir, elle le fait au prix des pénalités, 4 concédées après seulement 11 minutes. Et quand on a eu le ballon, on n'a pas construit , faute à une conquête absente, 4 touches perdues déjà à la 20ème minute et aucune mêlée jouée. Et avec seulement 29% de possession à la 22ème minute et un bel essai pris en contre après un double-plaquage raté de Giteau et Nonu, on peut dire que l'envie toulonnaise était restée aux vestiaires. Dans les dernières 10 minutes avant la pause on a enfin campé dans les 22 de La Rochelle, mais avec des attaques stériles. Le coup du sort est arrivé juste avant la pause, une touche adverse à 5m de leur en-but est ratée (la première sur 6) et Orioli marque au près.

La deuxième période commence mieux, on égalise, on est présents en mêlée, on gagne des pénalités, on lance après les touches, mais on a toujours des attaques très stériles. Par la suite, Bernard se rate sous une chandelle et sur l'attaque adverse on prend un essai au large, donc tout est à refaire. A la 66ème on prend deux fois la pénal-touche dans les 22m adverses, ça ne donne rien. A la 70ème on fait la même chose, toujours rien, mais on obtient une mêlée à 5 après la deuxième touche... et un essai de pénalité dans la foulée. Au final, on a fait cadeau deux essais et on en a marqué deux pas construits. Et pour couronner le tout, on n'a pas réussi à tenir le match nul, en concédant une pénalité sur une mêlée à la dernière minute.

L'action


A la 53ème on joue une touche dans les 40m adverses, qui commence avec un maul pour fixer un peu la défense :


Les trois-quarts sont disposés sur la largeur, sauf Habana (11) qui est dans l'axe du maul et qui se joint même à lui quelques secondes avant que Tilous-Borde (9) sorte le ballon...


... pour Nonu (12) qui casse des plaquages et entre dans les 22m - chose à souligner, c'est la seule fois lors de cette longue action qu'on arrive à casser le rideau défensif. Pendant presque une minute on fait jouer les gros dans l'axe, on enchaîne les points de fixation, en attendant une brêche :


Et quand Tillous-Borde sort le ballon pour les trois quarts, ils sont disposés des deux côtés. Il choisit la droite, avec Giteau (10) qui ne joue pas vers l'extérieur et Nonu (12) et Tuisova (14), mais préfère d'essayer de se faufiler. Sans succès, Nonu récupère le ballon, il est plaqué aussi, alors le jeu est envoyé à gauche :


Bernard (15) joue comme un demi d'ouverture, il avance, fixe et lance Mermoz (13) qui a Habana (11) à son extérieur, mais qui préfère essayer de passer en un contre un, sans succès. Alors on revient de nouveau avec les gros vers l'axe et ensuite on ressort avec notre demi d'ouverture :


Ce balayage droite-gauche a porté ses fruits, la défense n'est plus en place sur la largeur, où on a un surnombre clair. Sauf que Giteau essaye de nouveau de se faufiler, toujours sans succès et le ballon est perdu. Une des rares actions offensives construite des toulonnais, ratée comme toutes les autres suite à un mauvais choix...

La suite


Triste match pour le toulonnais, complètement absent lors de la première période. Et même si un léger réveil est intervenu après la pause, la qualité du jeu produit a été inexistante. Les 3 semaines qui suivent vont être longue, très longue. Après une semaine des vacances bien méritées (hah!), les joueurs, enfin, pas ceux convoqués avec les sélections, auront deux semaines de travail. Assez pour enfin ressembler à une équipe, mais une qui a comme plan d'attaque autre chose que d'envoyer un gros, Bastareaud ou Tuisova en percussion ? La réception de Lyon mi-février sera sous haute pression...

jeudi 26 janvier 2017

Manchester United - Liverpool

On a regardé pour vous...


... le match du 15 janvier dernier entre Manchester United, le prochain adversaire européen de l'ASSE, et Liverpool. Quel est le style de jeu, quelles sont les principales caractéristiques de l'équipe entraînée par José Mourinho ?


Depuis novembre dernier, Manchester United a commencé à jouer de plus en plus dans un 4-3-3 avec une pointe basse, le vétéran Michael Carrick (35 ans), abandonnant ainsi le 4-2-3-1 avec Rooney en soutien d'Ibrahimovic (des trentenaires aussi). Ça a été aussi le cas lors du match contre Liverpool...


... mais seulement lors de la première période. Après la pause, Rooney a remplacé Carrick et Manchester United, menée depuis la 27ème suite à un penalty concédé par le frère de Florentin, s'est jeté en attaque. L'égalisation d'Ibrahimovic à 6 minutes de la fin a été la conclusion d'une deuxième période assez chaotique dans le jeu (le milieu offensif Mkhitaryan a fini défenseur gauche !), où la seule tactique semble avoir été "tous vers l'attaque".

Par la suite, on regarde de plus près deux aspects du jeu de Manchester, mais seulement lors de la première période - plus posée tactiquement que la deuxième et assez riche en renseignements.

Les milieux axiaux


La grosse force de Manchester United lors de la période passée en 4-3-3 a été son trio des milieux axiaux Carrick - Herrera - Pogba. Le bloc équipe a été très difficile à passer pour Liverpool, mais d'une manière assez différente de ce qu'on voit d'habitude. On ne peut pas vraiment parler de deux lignes de 4 avec une sentinelle entre elles, mais plutôt d'un triangle dans l'axe, un triangle très élastique et dynamique, mais extrêmement efficace pour empêcher les lignes de passe.

Il est presque impossible de décrire cette dynamique au milieu avec des captures d'écran, mais voici quelques exemples pris au hasard lors de la première période :





Les trois ne sont jamais loin l'un de l'autre et font à la fois du pressing haut ou bas, du marquage individuel ou en zone, en s'adaptant toujours. Ce jeu a été si efficace que Liverpool n'a rien pu construire au delà de la ligne médiane, n'ayant comme option que de balancer des longs ballons au dessus de ce milieu. A titre d'exemple, les passes tentées par Liverpool dans les 30m adverses lors du premier acte, en sachant que la possession du ballon a été équilibrée - 17 seulement :


Les milieux excentrés


Dans les exemples précédents, on a aussi marqué le positionnement des milieux excentrés de Manchester United, Mkhitaryan à droite et Martial à gauche. Si le deuxième a tout le temps suivi son latéral, restant ainsi bien cantonné sur son côté, le premier a plus serré dans l'axe à côté du triangle, agissant souvent comme un quatrième axial.

Ce positionnement défensif, sans ballon, reflète bien la manière d'attaquer aussi. Les attaques passent plutôt sur les côtés, souvent après une récupération de balle. Par exemple, à la 7ème, Valencia (le latéral droit perd le ballon offensivement et se replie vite pendant que Mkhitaryan presse les défenseurs...


... qui balancent un ballon au delà du milieu, où Valencia le récupère. Le ballon est tout de suite envoyé sur le côté gauche, à Martial :


Et le jeune Français est tellement craint, qu'il aspire un grand nombre de défenseurs :


Parfois ça passe (en un contre un à chaque fois), parfois non, mais souvent l'attaque de Manchester United consiste à lui donner le ballon et le laisser se débrouiller - son latéral monte l'aider rarement.

C'est exactement le contraire du côté droit, où offensivement le joueur de couloir est le latéral Valencia, et non l'excentré Mkhitaryan :




Conclusions


Une première période d'un match à haute intensité - deux aspects identifiés. Offensivement, on est sur un terrain connu, avec un ailier qui mange la craie (mais qui aspire beaucoup d'adversaires) et un autre qui pique dans l'axe pour libérer le couloir pour son latéral (très rapide et technique). Défensivement, par contre, c'est assez inquiétant pour les Verts, compte tenu du jeu proposé cette saison. Si on regarde les étapes pour marquer un but sur une action construite, qui parte de derrière :

  1. La construction, le ballon qui circule de la défense vers le milieu, les appels sans ballon, la prise des espaces entre les lignes, la création des décalages, ce que Romain Revelli appelle une animation offensive
  2. Transformer les décalages en occasions, bonifier les bons reçus en bonne position
  3. Mettre les occasions au fond
Le nombre des buts marqués par les Verts lors de la phase aller du championnat est quasi-identique avec les "expected goals", autrement dit, on marque normalement lors des occasions créées. Mais le troisième point est correct, le deuxième est désastreux pour l'ASSE, dans des nombreuses analyses les dernières mois on a pu apercevoir des belles constructions offensives, des décalages trouvés et des derniers gestes ratés qui ne créent ainsi pas d'occasions derrière. Mais c'est surtout le premier aspect qui inquiète après avoir vu la qualité défensive du bloc de Manchester United. Notre animation offensive dépend beaucoup de l'état de forme de Selnaes, mais aussi de l'envie de ses coéquipiers à lui proposer des solutions, à faire des appels entre les lignes, par exemple. On peut donc assister à des belles constructions lors d'un match et à du néant lors d'un autre. Il faudra donc un gros milieu de terrain, de la forme et de l'envie, pour pouvoir passer le bloc défensif proposé par Manchester United et même avec tous ces ingrédients, ça ne sera pas du tout facile.

mardi 24 janvier 2017

ASSE - Angers, 2-1 (csc, Perrin)

On attaque à combien ?


Quand on parle d'une attaque placée, partie de sa propre moitié, avec le terrain remonté graduellement jusqu'à l'arrivée aux abords de la surface adverse, l'équation que tout entraîneur doit résoudre est de garder l'équilibre entre l'attaque et la défense : plus on a des joueurs dans les 25 derniers mètres, plus on est dangereux, mais aussi découverts derrière. La question est donc, à combien il faut attaquer, combien et quels joueurs il faut placer dans ces 25 derniers mètres ?

Pour une équipe qui joue en 4-3-3 (ou 4-1-4-1 si on veut), il y a clairement trois éléments offensifs, l'avant-centre et les deux ailiers / milieux excentrés. Pour une équipe qui attaque surtout sur les côtés, il y a souvent un quatrième, le latéral de ce côté là. Quatre joueurs - c'est la base, mais ça fait peu pour déstabiliser une défense, alors il faut en rajouter d'autres. Il existe plusieurs autres possibilités : l'autre latéral pour pouvoir jouer à deux dans chaque couloir. Ou les deux milieux axiaux relayeurs - ou un seul d'entre eux - peuvent monter du centre du terrain jusqu'à la surface adverse aussi. On peut varier ainsi entre 4 et 7 éléments offensifs - mais quel est le bon nombre ?

Retour en exemples sur les choix Stéphanois contre Angers.

Première période


Lors d'une attaque placée à la 26ème, le ballon circule entre les défenseurs centraux pour arriver à Selnaes en organisateur du jeu. On remarque le positionnement des deux relayeurs, Lemoine à sa gauche un peu plus haut et de Veretout à sa droite, moins haut :


Selnaes monte un peu avec le ballon et ses coéquipiers lui proposent plusieurs options de passe, Lemoine, KMP et Hamouma s'étant bien placés entre les lignes :


Selnaes réussit une très belle passe qui casse la ligne et trouve Lemoine, qui continue ensuite dans le couloir avec Polomat :


Le centre de notre latéral gauche est complètement raté, en arrivant de l'autre côté de la surface, mais on peut néanmoins remarquer la forte présence Stéphanoise dans les derniers 25m : les trois attaquants, les deux latéraux et les deux relayeurs - un grand vide étant laissé entre eux et le centre du terrain gardé par Selnaes, Perrin et KTC qui accompagnent deux adversaires.

Ce genre de présence offensive est très risquée. On l'a vu pendant la première mi-temps à Bruxelles, à domicile contre Nancy en Coupe de la Ligue, avoir seulement trois joueurs derrière rend l'équipe vulnérable aux contres. Surtout quand c'est une équipe qui est venue défendre bas et jouer les contres à fond, comme Angers qui s'est procuré plusieurs occasions (et un but) en jouant comme ça. Si on regarde une action qui se passe 6 minutes avant le premier exemple, on voit la même construction type, le ballon qui circule sur le trajet KTC - Perrin - Selnaes, cette fois-ci avec Veretout à gauche et Lemoine à droite dans l'axe :


Veretout descend relayer le ballon de Selnaes et ses coéquipiers se placent entre les lignes, comme dans le premier exemple. Sauf que Lemoine et Hamouma font tous les deux le même appel, au même endroit - Veretout essaie quand-même la passe, mais elle est interceptée : 


Le ballon arrive de nouveau à KTC et circule encore une fois via Perrin jusqu'à Selnaes. A noter que les deux latéraux sont sur la même ligne, à la hauteur des milieux relayeurs : 


C'est le tour de Lemoine de venir relayer le ballon de Selnaes et de s'essayer avec une passe verticale, vers KMP cette fois-ci. Nos deux latéraux sont montés tous les deux très haut, quasiment à la hauteur de la défense adverse (pour étirer les latéraux, vu que nos deux ailiers faisaient des appels dans l'axe):


La passe de Lemoine est aussi interceptée et le contre est très vite lancé :


Comme nos deux latéraux étaient montés très haut, les ailiers adverses sont partis dans leur dos, avec des bons mètres d'avance. Ils ne peuvent plus être rattrapés et le fait d'avoir gardé 2 défenseurs et un milieu en retrait ne suffit pas. Fort heureusement, Moulin fait l'arrêt qu'il faut pour empêcher un autre but pris en contre. 

A la pause


Même si en première période on a pu voir des exemples de l'animation offensive si chère à Romain Revelli (les appels entre les lignes et des passes qui essayent de casser le rideau adverse, parfois réussies, parfois non), on ne s'est pas créé plein d'occasions franches. Pire, on s'est mis en déséquilibre et on a été punis en attaquant à 7. Deux changements sont intervenus ainsi à la pause, pour adresser la part variable dans le nombre des joueurs offensifs. Aux quatre joueurs qui attaquent (avant-centre, deux ailiers, un latéral), c'était une mauvaise idée contre Angers de rajouter un latéral, alors on ne l'a plus fait après la pause. Quant aux deux relayeurs, le problème est que ça dépend d'eux ou que ça soit très bien préparé, sinon on peut se retrouver avec les deux qui montent ou aucun. Alors un changement de système (de 4-3-3 à 4-2-3-1), plus un changement de joueur (milieu remplacé par un attaquant) peuvent résoudre le problème : un avant-centre, deux ailiers, un milieu offensif/deuxième attaquant et un latéral, ça fait déjà 5 joueurs et la part variable reste l'autre relayeur, qui décidera s'il sera le 6ème ou pas.

Compliqué ? Pas tout à fait, Galtier s'en est rendu compte de la 23ème minute, même s'il a attendu la pause pour changer et c'est assez facile à voir sur deux exemples coup sur coup.

Deuxième période


A la 56ème, Selnaes récupère un ballon dans notre propre moitié, ouvre à gauche sur KMP qui s'appuie sur Polomat avant de faire un appel en profondeur :


Polomat le lance bien dans son couloir et la partie offensive de l'équipe se projette vers l'avant : les quatre attaquants, un des milieux (Lemoine) et le latéral du côté du jeu, Polomat :


Rattrapé à la course par son adversaire, KMP temporise, cherche du soutien, puis décide d'aller tout seul. Il élimine facilement son adversaire direct et adresse une merveille de centre au deuxième poteau, où la reprise de volée de Keyta marque la plus belle occasion Stéphanoise dans le jeu :


Une attaque à 6, avec un jeu en triangle (latéral-ailier-relayeur) possible sur un côté - pas nécessaire vu le dribble de KMP - et avec une bonne présence dans la surface accompagnée des appels coordonnés : Roux au premier poteau, Keyta au deuxième et Hamouma pour un centre en retrait.


Après la remise en jeu et une courte possession d'Angers, Keyta intercepte un ballon dans notre moitié et s'appuie sur Malcuit :


Notre latéral élimine par un dribble (11 tentés, 4 réussis lors de ce match, quand-même !) son adversaire et avance avec le ballon, avant de servir de nouveau Keyta dans le couloir. Sur la capture suivante on voit Selnaes dans le rond central, il n'est pas monté plus haut lors de cette action et Lemoine et Polomat non plus :


Keyta profite de l'appel de Malcuit pour entrer avec le ballon vers l'axe et s'appuie sur Hamouma pour un un-deux dans la surface :


Malheureusement ça ne fonctionne pas et cette attaque menée à 5 (quatre attaquants + un latéral) se finit par un hors-jeu d'Hamouma. On s'est créé ainsi plus d'occasions en attaquant moins nombreux (5 ou 6) en deuxième période qu'en première (7), tout en se découvrant moins. Et si on compte attentivement, sur chacun des quatre exemples pris, Angers défend avec 8 joueurs dans leurs 25m, laissant toujours seulement 2 à la hauteur de la ligne médiane.


Conclusions


L'évolution tactique dans ce match a été surprenante, surtout vu le contexte actuel de l'équipe. Tout d'abord, a-t-on besoin de concéder plusieurs contres et encaisser un but pour ce rendre compte que c'est une erreur d'attaquer à sept ? Mais surtout, après deux stages de préparation, a-t-on besoin de changer de système à la pause pour trouver enfin la bonne présence aux abords de la surface ? Le plus inquiétant reste la déclaration de Galtier qu'il s'est rendu compte pendant le match qu'il faut attaquer différemment. Et que donc probablement la partition récitée lors de la première période a été celle répétée pendant le stage et que celle de la deuxième a l'air d'avoir été improvisée à la mi-temps. Sans avoir été brillante ou efficace, la deuxième a eu au moins le mérite de générer des occasions, même si la victoire est arrivée grâce à des faits de jeu favorables.

dimanche 22 janvier 2017

Saracens - RCT, 10-3

L'avant-match


Avec un groupe qui ressemble à celui des phases finales, Fresia, Ollivon et Mitchell en seuls absents, le RCT se déplaçait chez le champion d'Europe en titre avec une mission très simple : prendre au moins un point. En effet, les résultats dans les autres poules avaient donné aux toulonnais ce joker inespéré, pouvoir se qualifier avec trois défaites au compteur.

Le match...


... a commencé avec une incroyable domination toulonnaise, les premières 10 minutes se sont jouées seulement dans la moitié anglaise. Sans avoir concrétisé, malgré deux appels à la vidéo, les toulonnais se sont calmés ensuite, le rapport des forces s'est invérsé, mais la défense du RCT était bien en place, comme par exemple Taofifénua à la 18ème. Un score vierge jusqu'à la 30ème quand Vermeulen a pris un carton jaune très généreux. En infériorité numérique, les toulonnais ont bien résister, en mettant les barbelés et en résistant pendant des longues attaques dans leurs 22m avant la mi-temps.

Après la pause la domination anglaise a continué, profitant parfois des erreurs d'appréciation de nos joueurs. Et à la 60ème, un dégagement de nos 22m qui ne trouve pas la touche nous est fatal, on prend un essai et on sort du bonus défensif, 10-0. Il faut aussi dire que le jeu d'attaque toulonnais était assez simpliste : on envoie en percussion les gros ou Bastareaud (énorme lors du dernier quart d'heure) ou Tuisova. Le salut vient des gros, ils obtiennent une pénalité sur mêlée à la 67ème et les seuls 3 points du RCT sont marqués, assez pour revenir dans le bonus. On finit le match comme on l'a commencé, avec une grosse domination dans le camp des Sarries, on passe la ligne sans aplatir, on domine sans marquer, on rate même une pénalité facile...

Un match âpre, très disputé, à la fin le RCT a obtenu la qualification, mais probablement le plan de jeu original était différent.

L'action


Vu comment les toulonnais ont commencé le match, il est probable que le plan était de les prendre à la gorge tôt, de marquer et de les faire courir après le score ensuite, en se basant sur une défense forte et des ballons de contre. Et tout a été bien mis en place, sauf un tout petit détail, le bout du pied de Tuisova. Après un ballon au pied toulonnais, l'arrière adverse rate la réception dans ses 22 et le RCT obtient une mêlée :


Tillous-Borde sort le ballon pour Giteau qui passe à hauteur pour Bastareaud, qui va au défi physique :

Il est mis au sol sur les 5m, mais Tillous-Borde (9) sort le ballon vite :


A noter que si les trois-quarts toulonnais sont prêts sur la largeur, tous les joueurs adverses sont concentrés autour du ruck. Gorgodze (4) est envoyé à son tour en percussion, mais il passe le ballon avant qu'il soit mis au sol.


Et non seulement il le libère vite, mais il saute Giteau (10) en le donnant directement à Nonu (12). Et comme la défense n'a pas encore coulissé, la passe saute Halfpenny (15) pour aller directement à Tuisova (14). Sans opposition devant, celui-ci n'a plus qu'à sprinter et aplatir dans le coin :


Mais en ayant la flemme de se pencher, il commet un en-avant dans l'en-but... gâchant une superbe attaque rapide (seulement 15 secondes après la sortie de mêlée) et ratant ainsi une entame de match parfaite.

La suite


Qualifiés après 3 défaites et avec seulement 16 points, c'est dur à croire que c'est possible. Et avant même que tous les matchs soient joués, on connaît la suite en Coupe d'Europe pour le RCT : un quart de finale à Clermont. Et, si par miracle on arrive à se qualifier là où on a fait un non-match total, la demi-finale sera soit la réception de Leinster, soit à l'extérieur chez les Wasps. Du haut niveau, dans tous les cas.

jeudi 19 janvier 2017

RCT - Sale, 27-12 (Nonu, Habana, Pelissié, Tuisova)

L'avant-match


La Coupe d'Europe est de retour et avec elle certains cadres du RCT, comme Giteau, Tuisova et Smith - tous après des longues blessures, mais aussi Halfpenny ou Manoa au repos la semaine précédente. Si le RCT déplore toujours des absents importants (Taofifénua, Ollivon, Trihn-Duc, Mitchell), c'est un beau groupe qui accueille Sale avec une mission très claire : large victoire avec bonus offensif.

Le match...


...commence parfaitement avec un essai dès la 3ème minute, aprés une touche, un maul qui n'avance pas, mais Bastareaud oui et après, au large, Nonu aussi. Une longue phase de jeu un peu plus tard, avec des très nombreux turnovers, nous permet de se rendre compte que le RCT n'est pas dans un grand jour. Quasiment que des mauvais choix sur les ballons de récupération, Nonu qui joue sans arrêt au pied, même sur des attaques placées. Et sur un ballon récupéré et mal dégagé, on prend un essai. On arrive ainsi à la pause sur un score de 5-7, avec des joueurs en manque d'inspiration, un public qui siffle et un président qui guele dans le vestiaire.

Et rien ne change au retour des vestiaires, on n'a pas d'attaque, on se base sur quelques hommes forts, comme par exemple à la 53ème, quand Vermeulen conteste un ballon dans un ruck dans nos 22m, on obtient une pénalité, sur la touche qui suit Bastareaud casse plusieurs plaquages et oblige Sale de faire une faute, on va de nouveau en touche dans les 22m adverses.... et on perd le ballon. Le deuxième essai, marqué par Habana après un ballon contré et un rebond bizarre montre clairement la voie à suivre : il faut espérer que les essais se marquent tous seuls, sinon on y arrivera pas. Et puis, en supériorité numérique dans les dernières minutes, on prend un mêlée à 5m et on marque un essai au près, choix audacieux quand 9 minutes plus tôt on avait perdu le ballon sur une autre mêlée à 5m.

Trois essais marqués et il reste 3 minutes à jouer pour marquer le quatrième, celui du bonus tant recherché.

L'action


La remise en jeu est récupérée par Sale et on se dit que c'est fini, on marquera jamais, mais les Anglais se débarrassent du ballon au pied, Tuisova (14) fait un marc et on peut se relancer de nos 22 :


Nonu (12) est plaqué sur la ligne des 22 et ensuite le RCT essaie de sortir de ses 22m en multipliant les temps de jeu (Fresia, Halfpenny, Manoa sont tour à tour mis au sol). Ils parviennent à fixer la défense...


... et Giteau (10) ouvre sur Fernandez-Lobbé (7) qui fixe, passe après contact pour Nonu, qui envoie le ballon sur l'aile de Tuisova. Le Fidjien fait ce qu'il sait de mieux, il casse des plaquages et avance sur une bonne trentaine de mètres avant d'être mis au sol. Après des passes osées dans la défense de Smith et Guirado, Pélissié (9) trouve aussi une faille dans la défense et avance un peu, puis Nonu aussi et le RCT est arrivé sur la ligne médiane :


La défense est quand-même en place, mais Gorgodze (5) casse le premier rideau, Giteau trouve une faille à son tour et 20 autres mètres ont été gagnés :


Bastareaud (13) essaie de percer mais il est mis au sol, la même chose pour Gorgodze et après pour Halfpenny (15), mais le RCT est arrivé sur la ligne des 22m. Et après un dernier point de fixation de Fresia, l'attaque au large est prête :


Une passe sautée de Giteau pour Nonu et une autre du dernier pour Tuisova éliminent les derniers défenseurs et envoient l'ailier vers la ligne d'essai - et quand il est lancé, il ne peut plus être arrêté par le retour désespéré des derniers défenseurs.

Un essai sur la sirène, synonime du bonus offensif, construit sur plus de deux minutes et 70m. Sans effacer la triste prestation sur les 75 premières minutes, cet essai fera beaucoup de bien au moral des joueurs et des supporters.

La suite


On a eu ce qu'on voulait, les 5 points, et les résultats dans les autres poules nous sont très favorables. On devrait se réjouir, mais la qualité de la prestation a été trop faible. Il faudra jouer mieux que ça chez les Saracens si on veut prendre des points et surtout si on veut gagner quelque chose cet année. Ce qui nous donne de l'espoir c'est la bonne entrée des revenants, ils vont nous faire du bien. Et aussi l'impression qu'on peut faire mieux quand on veut et quand il le faut. Le match de samedi en Angleterre sera parfait pour se juger : opposition de grande qualité, on est prévenus, et résultat obligatoire.