samedi 30 janvier 2021

Brive - RCT, 25-23 (Etzebeth, Gigashvili)

L'avant-match


Ça y est, la période du Tournoi a commencé, les clubs sont privés de leurs internationaux et le RCT est bien impacté par les sélections. Avec les blessures, c'est un nombre important de joueurs qui manqueront le déplacement à Brive, quasiment une équipe entière. Les Toulonnais viennent d'enchaîner deux victoires consécutives, la seule fois où ça leur ait arrivé en championnat cette saison, ils avait réussi une troisième, à l'extérieur... mais à Agen. Ça ne serait pas aussi simple chez une équipe en forme, mais un bon résultat marquerait les esprits...


Le match


... commence avec des Toulonnais très ambitieux, qui relancent de leur moitié, arrivent dans les 5m adverses où ils obtiennent une pénalité et un jaune pour un Bréviste. Mais ce n'était qu'un feu de paille, ils ont quasiment tout raté par la suite : des mauls adverses qui avancent sur 15-20m, ils reculent à l'impact, sortie trop lente de Takulua à la 13e, touche pas droite à la 17e... Bref, ils ont encaissé 3 points en supériorité numérique sans en marquer et ils ont ensuite pris un essai en 1e main après une mêlée. Après 20 minutes à sens unique, les joueurs du RCT se sont réveillés, ont marqué un essai et deux pénalités, mais ils ont concédés des points après chaque remise en jeu. Une pénalité bête, une erreur de défense (et un 2e essai bréviste), un coup d'envoi laissé en touche et un lancer volé... Une mi-temps remplie d'erreurs, mais seulement 6 points de retard à la pause, 19-13.

La 2MT commence dans la même veine : 4e remise en jeu bréviste, 4e erreur toulonnaise - mêlée Brive, pénalité, 3 points. Ensuite, une belle relance du RCT, avec deux passes au pied suivies de 10 temps de jeu sans avancer...et concéder une pénalité. Le reste du match devient compliqué pour les Toulonnais, Paia'aua écope d'un rouge totalement immérité à 20 minutes de la fin, ce qui a le don de réveiller ses avants. Pénalité obtenue au sol, pénalité sur mêlée adverse et un essai en force après du pilonnage sur la ligne. Ils obtiennent même la pénalité de la gagne à 3 minutes de la fin, mais elle est ratée...

La suite

Un point de bonus défensif n'est pas un mauvais résultat, surtout après avoir pris un carton rouge. Mais la victoire n'était pas impossible à obtenir, ce sont leurs nombreuses imprécisions qui ont empêcher les Toulonnais de signer un 3e succès de suite. Le Tournoi commence dans une semaine, les joueurs auront du temps à se reposer et préparer les autres matchs sans internationaux qu'ils auront à disputer. Avec un peu plus d'application, il faut espérer...

vendredi 29 janvier 2021

Le nerf de la guerre (3)

Dans le foot actuel l'argent est un élément incontournable : non seulement combien on en a, mais aussi comment il est utilisé.

L'arrêt prématuré de la saison précédente a généré un important manque de revenus pour les clubs, qui a été aggravé cette saison avec la suite de la crise sanitaire et le fiasco Mediapro. Comment s'en sort l'ASSE dans ces conditions ? Voici quelques éléments de réponse à base des bilans comptables publics, enregistrés au Registre du Commerce et des Sociétés par la SASP AS SAINT-ETIENNE (le club) et l'ASSE GROUPE (le club, l'immobilier dont il est propriétaire, le Chaudron Verts et d'autres sociétés annexes). L'analyse porte principalement sur la saison 2019-20, dont les comptes viennent d'être publiés, mais aussi sur des données provenant des saisons précédentes.


De combien d'argent dispose l'ASSE ?


On peut analyser les actifs et passifs du club ou bien d'autres aspects comptables, mais à l'heure actuelle la chose la plus importante semble être la trésorerie, l'argent dont il dispose. Et ça permet notamment de répondre à pourquoi il y a peu de joueurs achetés :
 
La dernière saison de Galtier a été une d'équilibre, avec quasiment la même trésorerie en entrée et sortie, avec peu d'achats, mais pas trop de ventes non plus. Et avec quasiment aucun crédit à rembourser (sauf l'immobilier pour l'Etrat) en plus des 800k€ - 1M€ de dividendes vers les sociétés mères.

La saison 2017-18 a été mal gérée et le club n'aurait presque pas survecu sans emprunter 10M (remboursables sur les trois années suivantes (en gros 3,4 / saison). Le déficit structurel a été tel que même en incluant les ventes des joueurs, le club a perdu 3 millions. Ces 10M€ empruntés lui ont permis de faire des achats et malgré ça, la trésorerie a quand-même diminué de 5M€ (30%) au cours de la saison...

La saison pleine avec Gasset à la tête de l'équipe a vu passer des transactions importantes. Le club a dépensé plus que d'habitude pour acheter des joueurs (p.ex Cabella, Khazri), a eu une activité "normale" presque à l'équilibre (bon classement en fin de saison) et a eu pas mal d'argent suite à des ventes (Selnaes, d'autres). L'ASSE a commencé le remboursement du premier crédit et à encore emprunté, 20M€ (sur 4 ans, environ 5,1 / an) : lors des saisons 2019-20 et 2020-21 le club doit ainsi rembourser deux crédits en même temps, 8,5 M€ par saison. Ainsi, la trésorerie du club a fait +17M€ sur la saison - on peut presque dire que le crédit de 20M€ n'était pas nécessaire, mais probablement la vente de Selnaes en cours de saison n'était pas prévue non plus...

Pour la saison suivante, la première impactée par la crise, les grosses ventes à l'été 2019 ont sauvé le club. Les 37M€ encaissés par le club suite aux transferts des joueurs ont comblé des pertes structurelles très importantes pour arriver en positif de seulement 4M€. Le club a encore emprunté 10M€ (ce que lui a permis de couvrir les remboursements des prêts précédents) et a aussi dépensé de l'argent pour l'achat des joueurs à hauteur de 17M€. 

Avant de décrire plus en détail ce qui s'est passé lors de cette saison 2019-20, la structure des revenus et des transferts du club mérite un petit detour.


Chiffre d'affaires (CA) et transferts



Si on regarde le CA du club pour la saison 2018-19, il est de 90,7M€ et il est composé de:


Ces pourcentages varient assez peu d'une saison à l'autre avant la crise. On sait le club très dépendent des droits télé, les sponsors jouent un rôle pas négligeable aussi. Mais ces éléments ne suffisent pas à la survie du club, c'est le trading des joueurs qui permet au club de rester à l'équilibre. 

Ventes pour équilibrer les comptes. Ainsi, pour la saison 2018-19, le résultat d'exploitation hors ventes est de -15,6M et il est compensé par des ventes à hauteur de +17,1M€ (le 18,9M€ ci-dessus moins 1,8M€ amortissements joueurs cédés). Pour la saison précédente les valeurs sont similaires, -17,4M€ hors vente, +17,8M€ de ventes. Quant à la saison 2019-20, les chiffres sont sans appel : -30,9M hors vente, +37,1M de ventes. Bref, le club a absolument besoin de vendre, beaucoup même, pour survivre. 

Paiements étalés. A noter que les transferts sont souvent étalés sur plusieurs saisons. Par exemple, les 37,1M€ de ventes dans l'exercice comptable 2019-20 ne signifient pas autant d'argent pour des joueurs transférés seulement lors de cette saison. Ainsi, au 30 juin 2019, le club avait encore de l'argent à récupérer des transferts passés, 18M€. Ce sont donc "seulement" 19M€ qui ont été récupérés dès la première saison pour les transferts de Saliba, Cabella et autres.

Bien sûr, ça va dans les deux sens. Au 30 juin 2019 le club devait encore 14M€ pour des transferts passés (9M€ de transferts + 5M€ pour les agents). A la fin de la saison, il a payé 17,3M€, donc réellement seulement 3,3M€ pour des nouveaux achats.


Qu'est-ce qui s'est passé lors de la saison 2019-20 ?


De manière presque surprenante, le CA de la saison 2019-2020 a augmenté de 10M€ comparativement à la saison précédente, passant de 91M€ à 100M€. La ventilation est elle sensiblement différente :


Une autre source des revenus. On constate bien sûr une baisse des revenus billetterie et des recettes commerciales, la baisse des droits TV liée à l'arrêt de la saison est elle compensée par la ligne redevance et royalties. Les revenus liés aux ventes de joueurs explosent et passent à 44M€, soit plus du double de la saison précédente. Côté charges, la masse salariale s'est réduite de 5M€, traduction de la volonté de l'équipe dirigeante de réduire ce poste du budget, pour faire face aux difficultés liées aux revenus. A noter, l'ASSE dispose toujours d'une ligne de crédit de 8M€.

Un nouvel emprunt a été réalisé, de 10M€ sur 3 ans à 1,9% soit 3,4M€ à rembourser par an et a terminé de rembourser le premier emprunt de 10M€ durant l'exercice. Notre endettement a augmenté, mais nos ventes de joueurs aussi. Une grosse partie des emprunts devrait être remboursée cette année, et nous avons les moyens de le faire entre la trésorerie et les paiements échelonnés des diverses ventes attendues.

Les créances clients / dettes fournisseurs au 30 juin 2020 nous donnent une bonne indication à quoi s'attendre cette saison. On doit encaisser 30M à moins d'un an (vente joueurs principalement), 11M à long terme, et on doit décaisser 38M (sans compter des dettes fiscales qu'on a tous les ans en fait), dont emprunt 20M, achat joueurs 7M, immobiliers 10M à moins d'un an, 12M à long terme (emprunt). Si pas de nouvel emprunt (à part celui garanti par l'Etat) sur 2020-2021 on a dû considérablement assainir notre taux d'endettement avec la vente de Fofana, conjuguée à une réduction de la masse salariale. On comprend d'ailleurs pourquoi les ventes de Saliba et Fofana n'ont pas été réinvesties en achat joueurs, 20M à rembourser sur un an c'est juste énorme pour un club comme l'ASSE.


Pour ne pas entrer de nouveau dans ce cercle de surendettement, un travail est effectué pour réduire les charges en attaquant notamment le poste principal qu'est la masse salariale (l'effet devrait être encore plus grand en 2020-2021). Cette réduction des coûts est tout simplement nécessaire face à l'effet double vague baisse du CA (COVID + Mediapro) et hausse des charges financières (remboursement d'emprunts). Il est encore trop tôt pour dire si les mesures prises seront suffisantes, mais il apparaît clair qu'on n'aurait pas pu continuer avec une politique de salaires aussi élevés. Vendre chaque saison nos meilleurs joueurs est nécessaire, dans un cadre d'endettement élevé, la baisse de la masse salariale allant dans le sens de réduction de cette dépendance au marché des transferts.



Conclusions


Pour faire très simple, le club a depuis un moment un modèle économique dans lequel des ventes annuelles sont absolument nécessaires pour finir à l'équilibre. Les 3 dernières années, des emprunts ont été nécessaires pour soutenir le train de vie du club. La vente de Saliba a été obligatoire pour compenser les dettes financières souscrites. Et celle de Fofana pour compenser les énormes pertes générées par les crises, sanitaire et des droits tv. Et ça n'aurait probablement pas été assez sans une réduction de la masse salariale et le strict minimum dépensé lors des mercatos.

Même si on a essayé de simplifier au maximum, la lecture et l'interpretation des chiffres dans cet article peuvent être compliquée. On essayera au mieux de répondre aux questions des lecteurs sur le forum des poteaux-carrés. 

mercredi 27 janvier 2021

Nice - Bordeaux et Lens - Nice

Le style de jeu niçois

On a regardé pour vous les deux derniers matchs du prochain adversaire des Verts, son système de jeu et son comportement avec et sans ballon.


Depuis maintenant plusieurs matchs, les protégés d'Adrian Ursea évoluent dans un 3-5-2, avec une sentinelle au milieu (pointe basse) :

La défense à trois est composée de Daniliuc, Saliba et N'Soki (ou Bambu), les pistons sont Kamara et Atal (ou Lotomba), les deux avant-centres sont Dolberg et Gouiri. Quant aux trois milieux, ça tourne entre Thuram, Boudaoui, Lees-Melou et Reine-Adelaide.

Caractéristiques du système : la présence de 3 défenseurs centraux rassure en cas de contre adverse, les latéraux peuvent monter sans avoir peur d'être complètement découverts derrière. Le grand nombre des milieux offre des possibilités pour ressortir et garder le ballon. En revanche, ce système repose beaucoup sur la qualité de ses pistons, leur volume de courses et leur placement. Et c'est un système qui a du mal à défendre sur la largeur, qui n'est pas facile à couvrir par seulement 3 joueurs.

Utilisation du système : Nice est une équipe qui aime avoir ballon et quand elle ne l'a pas, c'est un bloc moyen qui est proposé : ni trop haut, ni trop bas, avec parfois un pressing sur les défenseurs adverses, mais pas souvent. A noter aussi que les deux avant-centres ne font pas trop d'efforts défensifs - ils se placent proprement, mais sans vraiment couvrir ou mettre la pression sur les défenseurs. Voici deux exemples tirés de leurs derniers matchs.

Défensivement...


... les difficultés à couvrir la largeur ont été bien exploitées par Bordeaux, comme dans cet exemple à la 50e minute de leur confrontation :


Les défenseurs bordelais font circuler le ballon d'un côté à l'autre, obligeant le bloc niçois (pas trop bas, pas trop serré) de coulisser. C'est facile pour les 5 défenseurs à couvrir toute la largeur, mais plus difficile pour les 3 milieux. 


Le ballon est gardé un peu sur le côté gauche de l'attaque, ce qui attire bien les défenseurs et les milieux niçois - les avant-centres ne s'approchent toujours pas des défenseurs pour les gêner. Et ensuite le jeu est envoyé sur le côté opposé...


... où Bordeaux a deux joueurs de couloir, contre un seul Niçois. Les attaquants et les milieux ne peuvent pas couvrir, c'est le piston gauche qui sort sur le latéral. Son défenseur central doit s'excentrer pour prendre l'ailier, ce qui laisse un grand espace, pris par le milieu offensif bordelais. Qui n'a pas été suivi par les milieux :


Le décalage est fait, après une construction toute basique. L'essuie-glace bordelais et l'incapacité des attaquants et milieux à couvrir toute la largeur ont obligé les défenseurs adverses de sortir et laisser des espaces dans leur dos.


Offensivement...


Voici une phase de possession niçoise lors de leur dernier match, à Lens, avec un 3-1-4-2 visible sur cette image :


Pour Nice, la préparation de l'attaque est faite par les défenseurs, qui gardent le ballon en attendant la possibilité de passe vers l'avant. Dans cet exemple, une passe mal ajustée oblige les défenseurs de reculer un peu par rapport à la ligne médiane. Le ballon arrive au défenseur axial droit...


... qui trouve son avant-centre, qui avait décroché entre les lignes. Il s'agit ici d'un classique de l'animation offensive niçoise, très souvent c'est cet attaquant qui est recherché par un défenseur. Le premier rideau défensif a été passé, les milieux combinent pour envoyer le jeu dans le couloir gauche :


Le piston de ce côté combine avec l'autre avant-centre et après l'intervention des milieux, le ballon est redonné à la défense...


... et c'est le couloir opposé qui est recherché :


Du jeu assez simple, qui passe forcément par les côtés, mais qui nécessite une certaine maîtrise dans l'axe pour la phase de préparation.


Conclusions

Tactiquement, le jeu de Nice peut être contrarié par une équipe évoluant en 4-2-3-1 / 4-4-2. 

Sans le ballon, les Verts peuvent museler les attaques adverses. Un pressing des deux attaquants peut rendre difficile la préparation des attaques par les 3 défenseurs adverses. Si des ailiers sont au marquage des pistons niçois, ceux-ci auront du mal à percer dans leurs couloirs. Et deux lignes resserrées empêcheront leur avant-centre d'être trouvé par une passe verticale venant de la défense, ce qui est un circuit de passe préférentiel pour Nice.

Avec le ballon et une certaine maîtrise, il faut faire coulisser le bloc niçois d'un côté à l'autre en attendant que les espaces se créent, ce qui arrivera forcement, les milieux n'étant pas assez nombreux pour couvrir toute la largeur. Comme en plus le bloc n'est n'y trop bas, ni top serré, des appels intelligents entre les lignes ou dans ces espaces peuvent amener le danger.

lundi 25 janvier 2021

RCT - Paris, 35-13 (Carbonel, Toeava, Tolofua, Heem)

L'avant-match


Après la belle victoire à l'extérieur de la semaine dernière, le RCT veut confirmer avec la réception du Stade Français. Il y a un enjeu au classement - les Toulonnais sont temporairement sortis des places qualificatives, mais peuvent remonter à la 4e place en cas de victoire. Mais il y a aussi une histoire de revanche, le match aller ayant vu les Parisiens s'imposer d'un tout petit point après avoir résister aux assaults toulonnais en fin de match. 


Le match


... a vu une seule équipe toucher le ballon dans les premières 20 minutes, le Stade Français (71% de possession). Le RCT a défendu, même très bien défendu, et a bien résisté, avant de mettre la machine en marche. Un premier essai de Carbonel après une touche à 5m et du jeu au large, puis plusieurs occasions franches, suivies d'un deuxième essai avant la demi-heure de jeu - en première main après une touche dans les 22m adverses. Bref, des temps forts bien concrétisés par les Toulonnais, qui ont ensuite géré le reste de la 1MT, avec un Etzebeth impérial en touche (3 lancers, dont deux adverses, captés dans les 10 dernières minutes), plus une pénalité récupérée dans un ruck parisien. Et comme les visiteurs ont écopé d'un carton rouge sur la sirène, on peut dire que c'était une mi-temps parfaite pour le RCT.

La 2MT a démarré à sens unique, avec les Toulonnais qui ont d'abord pris les points sur une pénalité et qui ont ensuite campé dans les 5m adverses, où ils ont fini par marqué l'essai du bonus sur un maul. Les Parisiens ont ensuite eu la possession dans les 22m du RCT, mais sans concrétiser, temps fort fini par un plaquage offensif de Villière qui a fait reculer son adversaire de 20 mètres. Les Toulonnais ont sécurisé le bonus offensif en marquant un autre essai après une mêlée à 5... et se sont arrêtés de jouer pour le dernier quart d'heure. Le Stade Français a profité pour marquer un essai et ensuite mettre la pression pour un deuxième, qui aurait été synonyme de perte de bonus. Malgré les imprécisions, surtout en touche, et un carton jaune dans les dernières minutes, le RCT a tenu bon et s'est donc imposé avec plus de 20 points d'écart.


La suite


Une victoire méritée, qui confirme le bon résultat de la semaine dernière. Une victoire bonifiée, facilitée par le carton rouge adverse, mais le bonus a été mis en danger par le manque d'application dans le dernier quart d'heure. Mais surtout une victoire logique compte tenu de l'intensité défensive et du réalisme, les Toulonnais ont transformé impeccablement leurs temps forts. Ils remontent ainsi à la 3e place du classement, mais rien n'est joué, la 7e place n'est qu'à 4 petits points. Et à partir de la semaine prochaine les internationaux ne seront plus là...

ASSE - Lyon, 0-5

La gifle


Même si les supporters stéphanois ont désormais l'habitude des mauvais résultats de leur équipe, une large défaite lors d'un Derby reste toujours très difficile à encaisser...

Ce n'est malheureusement pas la première fois les dernières années que l'ASSE perd un Derby à domicile sur le score de 5-0. Et ce n'est pas facile de digérer une telle défaite, surtout quand elle est accompagnée de la manière - les protégés de Claude Puel ont été complètement inexistants. Certes, pour des raisons sanitaires, le groupe ne s'est pas bien préparé lors de la semaine précédant le match et les joueurs n'avaient pas tous le même état de forme. Mais ça n'explique pas tout.

Le match a été perdu tactiquement, mais aussi au niveau de l'investissement. Et c'est l'entraîneur adverse qui le résume très bien dans sa conférence de presse : "on a été très bons dans le pressing haut, dans l'ambition d'empêcher Saint-Etienne de repartir de derrière (...) nous avons très bien répondu à leur losange, on a bien ouvert sur les côtés et on les a asphyxiés sur le plan physique tout en étant très bons techniquement. Et on a mis du coeur, c'est ce qui compte dans un derby". Comme ça fait mal d'entendre l'entraîneur adverse dire ça, pas celui de son équipe...

Voici quelques exemples de ce triste match.



Une première période complètement ratée...


Le staff stéphanois a décidé de reconduire le 4-4-2 losange utilisé une semaine plus tôt :
 
 
Abi et Hamouma en attaque, Neyou en pointe haute du losange, le reste de l'équipe restant inchangé à l'exception du retour de Kolo en défense centrale. Comme décrit dans l'analyse de la défaite à Strasbourg, ce système est complètement inadapté quand on n'a pas la possession. Il ne permet pas la mise en place d'un bloc équipe solide qui couvre les côtés et les Verts ont souffert dans les couloirs, surtout à gauche. 
 

Le plan de jeu n'était pas de subir, mais de garder le ballon - ils ont essayé de le conserver, de construire proprement, mais sans réussite, comme dans cet exemple après un quart d'heure de jeu :

Moulin joue un 6m avec Moueffek, qui remet le ballon à Kolo sous le pressing adverse - les Lyonnais étaient restés haut, 7 joueurs dans la moitié stéphanoise. Camara et Kolo s'étaient écartés, Gourna-Douath était descendu entre ses deux centraux, pendant que Neyou et Gabard attendaient le ballon plus haut. Une phase de construction classique donc, avec comme premier défi de sortir du pressing adverse. Gourna reçoit le ballon et s'excentre vers la droite en cherchant une solution :

Il n'y a pas : Moueffek est suivi de près, pendant que Neyou et Gabard ne descendent pas, ils suivent le déplacement de leur coéquipier sans s'y approcher, ce qui rend une passe trop risquée. Comme Sissoko ne décroche pas non plus et l'avant-centre adverse le presse, Gourna s'enferme peu à peu vers la droite et finit par lâcher le ballon au seul coéquipier disponible, Camara :

Trop tard, les Verts sont tombés dans le piège du pressing adverse, ils sont tous pris en marquage individuel et Camara est enfermé à côté de la ligne de touche. Il tourne sur lui même pour chercher une solution, mais un adversaire est prêt à anticiper une passe vers le gardien, alors il tente une au long de la ligne, vers Sissoko. Une passe trop facile à intercepter et la possession redevient lyonnaise. Gourna arrête l'attaque en taclant, le ballon sort du terrain et sur le corner qui en suit les Verts concèdent l'ouverture du score.



Après 20 minutes de jeu, avec seulement 36% de possession, 62% de passes réussies et après avoir concédé 6 tirs et un but, le staff stéphanois s'est rendu compte qu'il faut changer d'approche tactique. Les Verts sont passés dans un 4-4-2 à plat, avec Moueffek et Gabard en milieux excentrés et Neyou descendu à la hauteur de Gourna :


Un semblant de bloc équipe, mais absolument pas solide, avec 4 milieux plutôt perdus sur le terrain. Une possession toujours inexistante (32%) et toujours plein de tirs subis (5-0 entre la 21e et la pause). Et surtout, toujours rien offensivement :


Cette capture d'écran whoscored.com montre les endroits sur le terrain où les Verts (attaquant de gauche à droite) ont touché le ballon entre l'ouverture du score à la 15e minute et la pause. Un dribble de Hamouma à la 43e minute représente la seule fois où ils ont été présents dans les 30 derniers mètres et cette stat dit tout sur la physionomie de la 1MT.


... et une deuxième pas plus réussie


Voici la capture d'écran whoscored.com correspondant aux 10 premières minutes de la 2MT :
 

On remarque tout de suite un changement, même si on ne peut pas dire que les Verts ont assiégé la surface adverse. La différence a été faite par l'état d'esprit - les Stéphanois sont revenus des vestiaires bien plus déterminés - mais aussi par les deux changements effectués à la pause :

 
Bouanga et Nordin, deux vrais ailiers, sont entrés à la place de Gabard et Moueffek, deux milieux axiaux qui n'avaient pas leur place dans les couloirs. Le dernier n'est pas sorti, mais a reculé en latéral droit à la place de Sissoko. Les Verts ont eu un peu plus le ballon (48% de possession), réussissant même à sortir proprement de leur camp, comme dans cet exemple à la 47e :


Moueffek gagne un duel aérien après un dégagement du gardien adverse et le ballon est récupéré par Gourna-Douath. Il cherche des solutions et joue avec ses défenseurs centraux...


... d'abord avec Kolo, ensuite avec Camara, qui passe le ballon à Moulin. Le bloc adverse est haut - défenseurs sur la ligne médiane - et les milieux axiaux stéphanois sont pris en marquage individuel pendant que les trois offensifs lyonnais cherchent à empêcher les défenseurs de jouer vers l'avant. Ces défenseurs échangent des passes en attendant les déplacements de leurs coéquipiers :


Pendant que le ballon va à gauche jusqu'à Trauco et retour, Gourna-Douath quitte sa place au milieu et se positionne en 3e central, à droite, pendant que Moueffek monte plus haut dans son couloir et Nordin décroche. Bref, du mouvement pour offrir des solutions, pendant que les Lyonnais se contentent de coulisser gauche - droite et empêcher une remontée du ballon.


Finalement, Gourna-Douath ose une passe vers l'avant, à destination de Nordin, qui décale avec Moueffek dans le couloir droit. Après une longue préparation à base de passes devant leur propre surface, les Verts sortent de leur camp :


Moueffek remonte balle au pied et une belle situation se présente pour les Stéphanois, avec Hamouma, Abi et Bouanga lui proposant des solutions. Malheureusement, il manque sa passe. Ça peut sembler une action anodine, mais on n'avait pas vu une telle sortie de balle en 1MT. 


Ce temps fort des Verts a été conclu par un tir sur la barre de Nordin à la 56e, suivi 2 minutes plus tard par un 3e but lyonnais sur CPA, ce qui a mis fin à la révolte des Stéphanois. Ils ont ensuite complètement perdu leur football, désorganisés et avec plein d'erreur techniques. Comme par exemple à la 68e :


Les Verts commencent une attaque en envoyant le ballon d'abord à gauche, où Trauco remet vers l'intérieur avec Neyou, qui rejoue en arrière avec Camara. Les Lyonnais ne pressent pas, mais restent haut avec la même intention de ne pas permettre une sortie de balle propre :


L'équipe stéphanoise est un peu coupée en deux, avec les deux milieux axiaux et les défenseurs en dehors du bloc adverse. Ils peuvent combiner sans être embêtés, les problèmes commencent quand ils veulent dépasser le premier rideau :


Neyou est arrêté et cherche une solution, un milieu sort sur lui, Bouanga décroche pour réçevoir le ballon, mais la passe est trop molle et donc facilement interceptée par l'ailier droit adverse. Un une-deux tout simple plus tard...


... et il se présente seul devant Moulin pour le but du 4-0.


Le staff stéphanois à répondu à ce premier but encaissé dans le jeu avec les entrées de Sow (pour Trauco, Kolo glissant en latéral gauche) et d'Aouchiche (pour Abi, Bouanga montant en avant-centre). Suivies ensuite du changement poste pour poste Youssouf pour Neyou :


Les entrants n'ont rien pu apporter et dans les 10 dernières minutes les Verts ont encaissé encore un but, toujours sur CPA...



Conclusions


La préparation de ce match a été complètement ratée, tactiquement et au niveau mental. La preuve - les 10 premières minutes de la 2MT, quand les Verts ont fait jeu égal avec leurs adversaires, avec un système de jeu adapté et des joueurs jouant sur leur points forts et enfin motivés. C'est dommage de ne pas avoir démarré le match comme ça, l'effectif le permettait (si Bouanga était trop juste pour démarrer, l'ailier gauche aurait pu être Aouchiche, qui s'est entraîné normalement...). Le staff stéphanois veut maintenant oublier ce match : "ce soir c'est une défaite qui fait mal car c'est un derby et qu'on ne l'accepte pas. Mais il faut passer à autre chose et bien se préparer, remettre notre jeu en place et notre récupération collective, une bonne agressivité, de la qualité dans nos entreprises". S'il n'y a pas de doute que la gifle reçue a été bien ressentie, le plus important maintenant c'est de voir si elle a eu l'effet de réveiller les joueurs et les entraîneurs. Les premiers doivent montrer autre chose au niveau de l'investissement, les deuxièmes au niveau de la préparation tactique et des choix effectués.

lundi 18 janvier 2021

Strasbourg - ASSE, 1-0

Défaite attendue, mais avec les honneurs


Les Verts ont perdu leur match à Strasbourg - résultat totalement prévisible avant le coup d'envoi, mais tellement immérité compte tenu de leur prestation...

10 joueurs positifs au Covid-19, 4 autres blessés. 8 membres du staff positifs aussi, dont l'entraîneur principal et ses deux adjoints. Même pas une feuille de match complète, seulement 18 joueurs aptes, dont un seul gardien, entraînés par le responsable technique du centre de formation. Sur les 6 joueurs de champ titulaires formés au club, les plus expérimentés étaient Camara et Nordin, 22 ans. Les 4 entrants (3 formés au club) étaient tous âgés de 18 ou 19 ans.

Peu d'expérience donc, et avec une semaine de préparation particulière - les Stéphanois n'avaient pas beaucoup de chances pour gagner ce match, mais ils les ont joué à fond. Comme le dit Laurent Huard, entraîneur du jour, "on est plutôt fiers de ce qu'ils ont fait. (...) on est déçus pour les joueurs car ils méritaient mieux vu leur prestation. Même s'il nous a manqué un peu de réussite dans les derniers mètres, on a maîtrisé le jeu".



Les Verts ont dominé le début du match, avec une large possession dans les premières 10 minutes (69%) et des belles sorties de balle. Cette domination a été conclue par un penalty raté par Boudebouz, ce qui a changé la physionomie de la partie ensuite : 59% de possession pour Strasbourg et 5 tirs à 0 jusqu'à l'ouverture du score à la demi-heure de jeu.

La possession a été stéphanoise lors de la deuxième période, qui a eu deux moitiés bien différentes, avant et après les changements effectués à la 64e minute. Avant, les Verts ont eu 57% du temps le ballon, mais on subi les attaques adverses (7-2 tirs pour Strasbourg). Après les entrées d'Aouchiche et Rivera et un changement de système, le ballon a été largement stéphanois (70% possession jusqu'à la fin du match), mais le danger a aussi changé de camp, 4-1 tirs pour l'ASSE, sans réussite.

Voici quelques exemples de ce match bien particulier.


4-4-2 losange


Si le 11 de départ ne contenait pas beaucoup de surprises, la profondeur du groupe ne laissant pas beaucoup des choix, c'est un système inhabituel qui a été proposé par les Verts :


Un 4-4-2 losange, avec Nordin et Krasso devant, avec Gourna-Douath, Gabard, Moueffek et Boudebouz au milieu et une défense à 4 Sissoko - Sow - Camara - Trauco. Des joueurs pas à l'heure place ou même découvrant pour la première fois une pelouse de Ligue 1, dans un système expérimental. Et pourtant, un système qu'ils ont plutôt bien animé.


Offensivement, le nombre des milieux a permis aux Verts de bien combiner au centre du terrain. Mais leurs meilleures occasions ont été provoquées par la capacité de Moueffek à casser les lignes balle au pied. Ses projections vers l'avant ont éliminé plusieurs adversaires, comme dans cet exemple après 7 minutes de jeu :


Un des avant-centres de Strasbourg est trouvé dans la surface stéphanoise, mais sa remise est imprécise et facilement récupérée par Moueffek. Les Verts sont tous très bas, en plus des 4 défenseurs les 4 milieux sont dans ou autour de la surface, pendant qu'il n'y a que 4 Strasbourgeois dans la même zone. On ne peut donc pas parler de contre proprement dit...


... mais la remontée de Moueffek élimine plusieurs joueurs. Ils résiste à 3 adversaires et trouve Nordin qui prolonge jusqu'à Krasso. Les Strasbourgeois ont été éliminés et ils doivent maintenant courir vers leur propre but :


 Ce qu'ils font moins bien que Moueffek, qui a continué sa course et qui se trouve à la réception du ballon en profondeur de Krasso. Un défenseur rate son interception, le goal adverse rate sa sortie ... et Boudebouz rate le penalty obtenu par son jeune coéquipier.


Le 4-4-2 losange est un système fait pour avoir la possession, la densité des joueurs dans l'axe facilite le jeu de passes. Il est difficile à maîtriser parce que ce n'est pas évident de défendre, surtout dans les couloirs (il n'y a pas d'ailier pour aider le latéral). Quand Strasbourg a commencé à avoir la possession après le premier quart d'heure, des failles ont pu être trouvée sur les côtés :
 

Sur cette image on voit que Strasbourg évoluait aussi en 4-4-2 losange - probablement une des raison de ce choix par les staff stéphanois - mais avec une animation légèrement différente et plus huilée. Dans ce cas, en créant du surnombre dans un couloir. Dans cet exemple à la 18e, le ballon circule entre les défenseurs de droite à gauche, pendant qu'un des deux milieux relayeurs s'est excentré à gauche. Le bloc des Verts doit donc coulisser : 


Krasso joue le rôle défensif d'un ailier et défend sur le latéral gauche, Sissoko sort sur le milieu excentré, Sow suit son avant-centre. Le "10" adverse fait un appel dans le dos de ces deux défenseurs, mais il est suivi par son adversaire direct, Gourna-Douath. Ce côté est fermé, donc le ballon est renvoyé aux défenseurs...


 ... qui changent de côté, jusqu'au latéral droit. Il est complètement libre, c'est normal, Nordin (qui aurait pu défendre comme Krasso) ou Gabard (qui a souvent tenu le couloir) sont encore loin. C'est donc Trauco qui sort sur le latéral strasbourgeois, donc l'autre avant-centre fait un appel dans son dos. Il est suivi et dépossédé par Camara.

Ce type d'attaque a été répété plusieurs fois dans la première demi-heure de jeu, les Verts ayant du mal à boucher les deux couloirs. L'action du but a été préparée de la même manière, ce même latéral droit se trouvant dans un fauteuil pour centrer une fois pour un duel aérien entre son avant-centre et Moulin, puis une deuxième pour la reprise gagnante de ce même avant-centre...


Passage en 4-2-3-1


Dans les vingt premières minutes de la 2MT, les Verts ont subi un gros temps fort adverse, étant incapables de ressortir le ballon de leur camp, en le perdant régulièrement avant la ligne médiane. Les entrées d'Aouchiche et Rivera pour Moueffek (blessé) et Boudebouz ont provoqué un réajustement tactique :


Les protégés de Huard sont passés en 4-2-3-1, avec Aouchiche à gauche et Rivera dans l'axe. Ainsi, dans cet exemple à la 65e, quand le ballon circule dans la défense adverse, les Verts peuvent mettre en place un pressing :


Le latéral droit adverse à un adversaire direct, Aouchiche, qui le presse, pendant que Gabard et Rivera lui coupent les possibilités de passe. Il balance donc un ballon devant et après une intervention de Trauco, le ballon sort en touche. La remise en jeu est à destination d'un avant-centre...


... qui essaye de provoquer balle au pied, mais Trauco s'impose de nouveau et le ballon est récupéré par les Stéphanois :


Il y a un contre-pressing strasbourgeois, donc Aouchiche joue en arrière avec Camara, qui écarte avec Moulin...


... qui retrouve Aouchiche avec une belle passe lobée. Appui sur Gabard dans l'axe et Rivera est trouvé plus haut - les Verts sont sorti du pressing adverse et peuvent même en profiter :


Les adversaires défendent de nouveau en reculant. Rivera lance Aouchiche dans le couloir gauche et son centre à destination de Krasso est arrêté par la main d'un défenseur. 

Une minute plus tard, un centre de la droite est arrêté par une autre main dans la surface. Encore une minute plus tard, une action similaire n'est pas conclue par un centre, mais par une passe en profondeur de Gabard pour Krasso, qui manque son face-à-face avec le goal adverse. 

Les Verts ne marquent pas, ont des faits de jeu contraires, mais ils ont quand-même sortis du temps fort adverse et ont repris le contrôle du match. Contrôle qu'ils ne vont plus lâcher jusqu'à la fin, mais toujours sans réussite. 



Conclusions


C'est incroyable que ce match ait pu se jouer et c'est encore plus surprenant de voir cette jeune équipe inexpérimentée évoluer à ce niveau. Si le visage affiché a été une belle surprise, le résultat était attendu, il n'y avait aucune équité sportive préservée. Et cette crise de résultats risque d'être un gros problème pour le reste de la saison. Il y a clairement du talent dans ce groupe, même quand il manque beaucoup de monde. Les Verts jouent bien au ballon et ils proposent du jeu, parfois même du très beau. Mais ils laissent toujours beaucoup de points en route et si parfois le maintien est obtenu avec du beau jeu, il n'est jamais obtenu sans les résultats. Avec toutes les absences et les coupures d'entraînement associées, les prochaines semaines seront difficiles pour le groupe. Il faudra donc faire le dos rond pendant cette période pour ensuite espérer que le retard au classement ne sera pas trop important et qu'enfin la chance sourira aux audacieux avant la fin de la saison...

dimanche 17 janvier 2021

Racing - RCT, 23-29 (Rebbadj, Serin)

L'avant-match


La situation sanitaire fait des misères au calendrier et les deux journées de Coupe d'Europe ont été annulées, au bénéfice du Top 14 qui fait ainsi son retour. Après un weekend sans jouer, le RCT se déplace donc au Racing pour rattraper un de ses matchs en retard. Une équipe qui n'a quasiment pas gagné à l'extérieur cette saison se déplace chez une des meilleures équipes du championnat... les pronostics sont assez simples à faire. Pourtant, les Toulonnais alignent du lourd et ont clairement annoncé dans la semaine leur volonté de s'imposer chez un gros dans...


Le match...


... commence avec des longues séquences de jeu proposées par les Toulonnais. La première ne leur donne qu'une pénalité, mais la deuxième, à la 10e, est très longue et finalement la faille est trouvée pour un essai de Rebbadj. Le RCT propose du jeu, comme quelques minutes plus tard, avec une belle relance de son camp, puis encore une autre conclue par une essai de Serin. Le break est fait, 17-3, surtout que Villière sauve un essai tout fait dans son en-but... mais le Racing commence enfin à joué. Une défense pas exempte de tout reproche et deux essais coup sur coup voient les Toulonnais menés pour la première fois du match, 20-17. Mais une pénalité réussie sur la sirène par Carbonele envoie les deux équipes aux vestiaires à égalité, 20-20.

La 2MT commence avec un chassé-croisé au score, avec le RCT qui repasse devant au score à la 53e minute. C'est surtout grâce aux avants, qui ont imposé leur puissance, en mêlée (4 pénalités obtenues dans la dernière demi-heure) et maul (un du Racing coffré à la 60e à 5m de l'en-but, un autre qui avance de 20m et qui permet à Carbonel de marquer les derniers points du match). 29-23 avec 17 minutes de jeu et même si le Racing a poussé, les Toulonnais ont tenu bon, pour enfin battre un gros chez lui cette saison.


La suite


Une très belle performance, un match plutôt maîtrisé, avec beaucoup de jeu proposé et de la puissance devant, même si tout n'a pas été parfait. Avec cette victoire chez un gros, les Toulonnais reprennent leur place dans la course aux phases finales. Place qu'ils devront défendre la semaine prochaine avec la réception du Stade Français, chez qui ils avaient presque gagné il y a quelques semaines...

dimanche 10 janvier 2021

Reims - ASSE, 3-1 (Abi)

Ça recommence ?


Les Verts ont mis fin à leur série d'invincibilité en s'inclinant à Reims après un scénario de match qui ressemble à ceux de la difficile période à l'automne.

Un but encaissé très vite, suivi d'une domination stérile et d'autres buts encaissés sur chaque tir cadré adverse, des faits de jeu contraires, des blessures en défense... on en a déjà vu ce genre de match pendant la série noire de sept défaites consécutives en octobre et novembre.

On peut pointer du doigt les décisions arbitrales, comme le font le capitaine et le coach stéphanois "Je suis en colère par rapport à un enchaînement de faits de jeu qui nous a été préjudiciable. Je ne m'y retrouve pas du tout. Je n'ai pas l'habitude de parler de faits de jeu et d'arbitrage mais là, je ne comprends pas". 

Ou on peut positiver en remarquant le jeu produit, fluide et avec beaucoup de verticalité en 1MT, avec des belles situations créées, même contre un bloc bas et regroupé en 2MT. Avec une volonté constante de presser l'adversaire et surtout de rester haut dès la perte de balle - le fameux contre-pressing.  Bref, une fois de plus, les Verts ont été intéressants dans leurs intentions, qu'ils n'ont pas su concrétiser.

Mais on peut aussi remettre les pieds par terre en regardant de plus près les actions qui ont amené les trois buts encaissés, qui n'ont pas été la conséquence des contres rémois, comme l'anticipait le coach adverse avant le match ("on devrait avoir une rencontre avec davantage d’espaces, à nous d’en profiter") ou comme le remarque son homologue stéphanois ("on savait que Reims excellait en contre, il a fallu s'employer pour éviter certains contres qu'ils ont lancés"). Non, les trois buts encaissés ont été la conséquence d'un manque de rigueur au milieu du terrain... Voici les détails.


Des milieux qui ne suivent pas


A la 10e minute Trauco joue une touche avec Bouanga dans leur propre moitié. Le contrôle est manqué et les Rémois récupèrent le ballon :
 

Une récupération haute pour Reims, mais pas un contre, ni un déséquilibre : tous les Stéphanois sont entre le ballon et leur propre but, on peut même apercevoir une espèce de 4-2-3-1 en place. Mais tout change dans l'espace de quelques secondes :


Le défenseur central élimine Aouchiche (!) et trouve un milieu entre la paire Zaydou - Camara. Le premier essaye de récupère et le ballon rebondit jusqu'à l'ailier droit, surveillé de près par Trauco. Le latéral gauche stéphanois est en sous-nombre, il y a un deuxième joueur adverse dans sa zone :


Le latéral droit rémois est donc lancé dans le couloir, d'où il se prépare à centrer. Un décalage a été créé, mais ce n'est pas si grave, il reste trois défenseurs dans l'axe pour seulement deux adversaires, l'avant-centre et l'ailier opposé. Sauf que... deux autres rémois se projettent aussi, un milieu et le défenseur central. La paire des milieux stéphanois, Youssouf et Camara sont à la même hauteur qu'eux...


... mais un seul d'entre eux fait l'effort pour suivre. Zaydou part de trop loin pour couper le centre en retrait, c'est Debuchy qui sort bloqué le tir. Qui lui arrive sur le bras et les arbitres terrain et vidéo considèrent qu'il n'avait qu'à être manchot. Quant à Camara, il n'est même pas sur l'image - dans un ralenti on voit comment il trottine tranquillement, regardant l'arbitre assistant au cas où il y avait un hors jeu signalé.
 
 
A la 37e minute c'est Reims qui bénéficie d'une touche à peu près dans la même zone que l'exemple précédent :
 

L'ailier droit est trouvé et il recule avec le ballon, avant d'écarter vers le côté opposé. Bien sûr, les Verts sont en place, ce n'est pas un contre ou une phase de transition :


Le latéral gauche passe le ballon plus haut à son ailier dans le couloir - il n'y a pas de décalage créé, Boudebouz (en milieu excentré sur cet exemple) et Debuchy s'y trouvent. Moukoudi et Retsos ont l'avant-centre adverse entre eux, Trauco a suivi l'ailier et Camara se trouve à côté du seul autre Rémois dans les 30 mètres stéphanois, un milieu. Enfin, jusqu'au moment où il décide d'aller ailleurs :


Debuchy sort sur son adversaire direct, l'ailier et le milieu rémois fait un appel dans son dos. Non suivi par Camara, qui était parti dans une toute autre direction. Moukoudi doit sortir pour couvrir, l'avant-centre fait l'appel parfait dans le dos de Retsos et Moulin ne peut rien faire, 2-0. La photo de couverture de cette analyse montre la réaction de Camara au moment du but...

 
 
C'est Zaydou, pas Camara, qui a été remplacé à la pause par Gourna-Douath. Ainsi qu'Aouchiche par Hamouma et Retsos (blessé) par Sow :


A la 57e minute le gardien rémois dégage loin et Trauco s'impose dans les airs. Le ballon arrive à Gourna-Douath qui est de suite pressé par deux milieux adverses. Il résiste à la charge du premier, mais perd le ballon contre le deuxième. Récupération haute - mais toujours pas de contre - et déséquilibre créé :


Si Camara se trouvait plus bas que deux milieux adverses, il est derrière eux maintenant et Gourna est par terre. Les 4 défenseurs voient donc arriver une vague adverse, 5 Rémois se projettent en plus de l'avant-centre. Sow sort sur un de milieux...


... et Debuchy coupe la course d'un autre. Il se prend un coup de coude dans la bouche, donc faute en faveur de Reims, logiquement. Et le coup de pied arrêté est dévié par Camara (décidément...) dans le but.


Trois attaques et à chaque fois une projection de la zone des milieux rémois n'a pas été suivie par les milieux stéphanois. Les défenseurs ont du se débrouiller pour couvrir et ont été punis, soit par l'arbitre, soit par l'efficacité adverse.


Conclusions


Les Verts restent toujours inefficaces, offensivement et défensivement. Ils sont capables de proposer de très belles séquences de jeu et aiment amener le danger chez l'adversaire, avec leur pressing haut et le contre-pressing. Même si pas dans le scope de cette analyse, ces éléments positifs sont rassurants pour la suite - les Stéphanois commencent à avoir un vrai fond de jeu, ce qui leur permettra d'avoir des résultats dans le futur. Mais les résultats immédiats sont importants aussi, et tant que ce manque d'investissement défensif illustré ici sera présent, les protégés de Claude Puel ne décolleront jamais de la zone rouge. Peut-être que le manager stéphanois a raison, que "c'était un match particulier, à nous d'en faire un accident" et que ça ne représente pas le début d'une série comme il y a quelques mois. La réponse dans une semaine, à Strasbourg...