mercredi 31 mars 2021

EECN Nîmes

Le style de jeu nîmois


On a regardé pour vous le style de jeu du prochain adversaire des Verts, le Nîmes Olympique...

Alors qu'ils restaient sur 14 défaites en 17 matchs, les Nîmois se sont réveillés à partir de mi-février, enchainant une bonne série de 7 matchs, avec seulement 1 défaite, 2 nuls et pas moins de 4 victoires. Lors des deux derniers matchs, les Crocodiles ont fait match nul contre Montpellier et ont gagné à Lille - si la physionomie de ces matchs a été différente, il y a plusieurs éléments communs dans le style de jeu. Voici quelques exemples...

Des milieux qui sortent


C'est une équipe qui évolue dans un 4-1-4-1 assez classique, avec Cubas en sentinelle derrière deux relayeurs, Ripart et probablement Deaux, vu que Fomba sera suspendu contre l'ASSE :


Les deux ailiers sont Ferhat à gauche et Eliasson à droite et même s'ils sont des joueurs offensifs, ils ont un rôle défensif important aussi. En effet, même si les Nîmois proposent un bloc équipe serré et plutôt bas, ils l'animent d'une manière assez inhabituelle : les deux relayeurs sortent souvent de leur ligne pour presser les milieux adverses. Si dans l'image ci-dessus l'alignement est presque parfait, trois secondes plus tard...


... un des milieux sort au pressing, pendant que les deux excentrés reculent un peu. Ils seront ainsi mieux placés pour donner un coup de main entre les lignes, vu que la sentinelle ne sera plus "protégée" par les coéquipiers devant.

Pour mieux comprendre, voici un autre exemple, 5 minutes plus tard dans le même match contre Lille :


Bloc équipe en 4-1-4-1, très bas et resserré, avec ces deux excentrés un peu plus bas que les axiaux, des axiaux qu'on trouve 6 secondes plus tard bien remontés...


... et comme deux Lillois se placent dans ces espaces désertés et la sentinelle se trouve en infériorité numérique à cet endroit, l'ailier gauche resserre dans l'axe pour aider.

Lors du match précédent, contre Montpellier, Nîmes a employé la même stratégie défensive et dans cet exemple en début de match on peut observer une faille :


Bloc bas et compact, un milieu axial sort sur son adversaire direct, les deux excentrés resserrent dans l'axe et donc les couloirs sont libres, le latéral droit montpelliérain se retrouvant tout seul...


Présents sur les deuxièmes ballons


Si on regarde le jeu nîmois avec le ballon, la première chose qui saute aux yeux c'est l'utilisation des longs ballons - Nîmes est l'équipe de Ligue 1 qui en utilise le plus, 17% de leurs passes dans un match étant longues (et 45% d'entre elles sont réussies). A titre de comparaison, seulement 12% des passes stéphanoises dans un match sont longues (avec à peu près la même réussite).

Mais ces longs ballons font partie d'une vraie animation offensive pour les Nîmois. C'est rarement le gardien qui en utilise, ils préfèrent remonter le ballon un peu - sans aller jusqu''à la ligne médiane - et seulement ensuite chercher l'avant-centre ou un des ailiers. Le but n'est pas forcément qu'ils récupèrent le ballon, mais d'être présents ensuite à la retombée : 


Dans cet exemple en début de match contre Montpellier, le ballon à destination de l'avant-centre est repoussé de la tête par un défenseur et quand il arrive dans les pieds d'un milieu montpelliérain, pas moins de quatre nîmois se jettent dessus pour le récupérer. Dans cet exemple ils y arrivent et décalent ensuite l'ailier gauche qui voit sa frappe détournée en corner - une bonne conclusion de ce contre-pressing très efficace.

Des combinaisons à gauche


Ça serait très réducteur de décrire le jeu nîmois comme seulement des longues passes suivies d'un pressing sur les deuxièmes ballons. Nîmes est aussi capable de construire et proposer des belles séquences de passes, notamment à gauche, où Ferhat est leur vrai maître à jouer. Par exemple, contre Montpellier :


Le milieu relayeur gauche décroche pour offrir une possibilité de passe à son défenseur, l'ailier libère le couloir et offre ainsi une solution vers l'avant et c'est le latéral gauche qui monte qui est trouvé au bout d'une séquence de trois passes à une touche de balle.

Ou bien contre Lille, pour le but de la victoire nîmoise, juste avant la fin de la première période, avec toujours le duo latéral-ailier dans le couloir gauche :


Absolument aucun décalage créé, la défense est en place, mais l'échange de passes et les déplacements fonctionnent très bien et l'ailier peut lancer ensuite l'avant-centre dans la surface (enfin, le milieu relayeur Ripart placé en avant-centre sur cette séquence).

Contres avec des appels rentrants


Si les Nîmois utilisent pas mal les longs ballons, mais sont tout à fait capables de proposer de belles séquences de passes, ils excellent surtout dans un autre aspects, les contres. Lors du match contre Montpellier, la possession a été partagée (47% pour Nîmes) jusqu'à l'ouverture du score nîmoise - leur possession est ensuite chuté à 21%. Contre Lille - une équipe plus forte qui était en plus derrière au score - elle a été de 27%. Bref, les Crocodiles aiment laisser le ballon à leurs adversaires et procéder ensuite en contre - avec là aussi une petite particularité :


Dans cet exemple contre Montpellier, un long ballon adverse est dégagé par un défenseur nîmois et récupéré par ses coéquipiers au milieu. Un relayeur monte balle au pied et les deux ailiers sont à la même hauteur que lui. Quelques secondes plus tard...


... l'ailier gauche, parti excentré, rentre sa course vers l'axe où il est trouvé par la passe en profondeur. Il trouve ensuite l'avant-centre dans la surface, qui marque. Contre Lille, une situation similaire, avec un ballon dégagé de la tête par un défenseur et c'est l'ailier gauche qui monte balle au pied :


Son coéquipier du côté opposé est à la même hauteur et se projette vite, rentrant lui aussi dans l'axe, pour être au rendez-vous de la passe en profondeur qui continue l'action :


Il décale l'avant-centre dans la surface, qui marque. Des contres très similaires, avec cette capacité de remonter le terrain balle au pied, un appel d'un joueur excentré vers l'axe pour une passe en profondeur et toujours l'avant-centre à la conclusion. 


Les corners


Finalement, comme le match peut tenir sur un coup pied arrêté, regardons de plus près la défense nîmoise sur corners. C'est une défense mixte qui est proposée :


6 Nîmois sont au marquage individuel : 1 sur l'adversaire qui gêne le gardien, 2 sur la ligne de 5m50, 3 au point de penalty. Mais il y a 3 autres sans adversaire directe, en zone, tous au premier poteau (un collé au montant et deux autres un peu sortis). 

Il faut donc que les centres arrivent à passer cette zone au premier poteau, comme les Montpelliérains ont réussi de le faire plus tard dans ce match :


Toujours la même défense, avec 7 Nîmois en marquage individuel + celui sur la ligne + les deux au premier poteau dans les 5m50. Mais le ballon passe au dessus de ces derniers et retombe juste derrière eux, où un des défenseurs ne suit pas son adversaire direct, qui marque.

Deuxième match et deuxième but encaissé sur corner, avec une défense légèrement changée et pas pour le mieux, avec une grosse erreur de marquage :


Toujours 3 Nîmois sans adversaire direct, celui collé au poteau et deux autres dans les 5m50 - mais seulement un au premier poteau, l'autre plus dans l'axe. 6 Nîmois au marquage individuel.... mais contre 7 Lillois, dans le groupe le plus reculé il y a un adversaire libre. Et il est bien trouvé par le centre, ce qui permet à Lille d'égaliser.


Conclusions


Voici donc des différents aspects du jeu du prochain adversaire des Verts. Un bloc équipe en 4-1-4-1, bas compact, mais avec des milieux axiaux qui sortent du bloc pour harceler leurs adversaires, les espacent dans leur dos étant parfois compensés par les ailiers (qui abandonnent les côtés). Une équipe qui utilise pas mal de longs ballons, suivis d'un gros contre-pressing pour récupérer de nouveau la possession dans le camp adverse. Mais une équipe aussi capable de belles séquences notamment dans le couloir gauche. Ils préfèrent néanmoins le jeu en contre, souvent déclenché par une remontée avec le ballon avant une passe en profondeur, dans la course d'un ailier qui rentre dans l'axe. Finalement, les Nîmois ne défendent pas forcément bien sur corner, mais il faut réussir à passer le premier poteau, où ils placent beaucoup de joueurs en zone.

Si les Verts doivent faire le jeu, la clé sera dans la maîtrise, dans la capacité de déjouer les sorties des milieux de leur bloc équipe et exploiter les espaces créés dans leur dos ou dans les couloirs. Mais aussi, à la perte du ballon, d'empêcher la remontée du terrain balle au pied ou couper la passe en profondeur. Si c'est Nîmes qui fait le jeu, la clé sera dans la bagarre au milieu sur les deuxièmes ballons, mais aussi dans le couloir droit stéphanois.

samedi 27 mars 2021

Lyon - RCT, 54-16

L'avant-match


Le RCT est enfin de retour, après une longue absence. Ce match de championnat aurait du marquer le retour des internationaux, mais suite à un dernier doublon, les Toulonnais ne pourront pas aligner Gigashvili, Gros, R. Taofifenua, Rebbadj, Ollivon, Serin et... Carbonel, quant à lui fait une apparition surprise sur la feuille de match. Comme en plus il y a toujours pas mal de blessés et un suspendu, c'est une équipe diminuée qui se déplace à Lyon pour un match très important dans la course aux phases finales. Les protégés de Patrice Collazo ne partent pas favoris, mais ils seront bien inspirés d'éviter une lourde défaite qui les sortirait des places qualificatives...


Le match


... commence avec Carbonel qui montre qu'il fallait pas attendre son retour : coup d'envoi mal joué, pénalité ratée, touche pas trouvée, plaquages manqués. Un premier essai encaissé dès la 9e minute donne le ton d'une 1MT complètement ratée. Des Toulonnais complètement absents des débats, surtout au sol. Et qui font des fautes bêtes dès qu'ils marquent trois points. La combo sortie trop lente de Meric - en-avant volontaire de Nonu à la 22e. Le coup de coude du même Nonu à la 29e. Et encore une pénalité juste avant la mi-temps, après la 3e pénalité réussie par Carbonel : le RCT rentre aux vestiaires mené 21-9 et avec toute une période à jouer en infériorité numérique...

La 2MT commence même pire que la première, avec deux essais encaissés dans les 6 premières minutes après une défense complètement absente. Les avants toulonnais se réveillent ensuite et campent dans les 5m adverses, profitant d'un carton jaune lyonnais. Mais le bras de fer est perdu, aucun point n'est marqué et un 5e essai est encaissé à l'heure de jeu et un 6e deux minutes plus tard et 80m remontés dans une défense qui n'avait juste pas envie. Le seul essai du RCT a été offert par l'arbitre et les Lyonnais (de pénalité), mais ils se sont fait de nouveau transpercés par l'ancien toulonnais Tuisova.


La suite


Une prestation minable, une lourde défaite et beaucoup d'inquiétudes à avoir pour la suite. Le rouge de Nonu et l'absence des internationaux n'excusent pas le manque évident de motivation sur les plaquages et dans les rucks. La place du RCT dans les phases finales est très en danger, mais avant d'entamer le sprint final les Toulonnais retrouveront la Coupe d'Europe. Avec un déplacement au Leinster, où normalement ils n'auront aucune chance... mais on peut s'attendre à une réaction d'orgueil après leur non-match.

dimanche 21 mars 2021

ASSE - Monaco, 0-4

Surclassés, dépassés, pas au niveau


La différence de niveau entre les deux équipes a été si évidente, que la lourde défaite des Verts contre Monaco est tout à fait logique. Mais elle fait mal quand-même...

Il y a un peu plus de 3 ans, Monaco s'imposait 4-0 à Geoffroy-Guichard et l'entraîneur adverse était assez surpris : "l'adversaire ne nous a pas beaucoup contrarié dans notre jeu, je m'attendais à plus d'opposition (...) aujourd'hui c'était évidemment plus tranquille, et nous avons su en profiter". A l'époque Sablé était l'entraîneur principal, Ruffier était le gardien et capitaine et avait pris un rouge pour avoir chuchoter à l'oreille de l'arbitre assistant et Romeyer avait craqué et essayé d'entrer sur le terrain pour en découdre. De l'eau a coulé sous les ponts et seulement quelques choses ont changé : Sablé est entraîneur adjoint, Ruffier a été viré et Romeyer regardait dans le vide à la fin du match, résigné.

Pour revenir au match de cette saison, joueurs, staff, supporters, tout le monde est unanime, l'adversaire du jour était nettement supérieur, dans tous les domaines. Selon Puel, "on a été en manque d’intensité et de qualité technique (...) là tout simplement la marche était trop haute. On n’était pas au niveau ce soir". Quant à son capitaine, Debuchy : "on a été surclassés par une très belle équipe de Monaco. On a essayé de donner le maximum, de se battre mais on était limités (...) on n'a pas mis les ingrédients nécessaires, techniquement et tactiquement. On est passé à côté de notre sujet, il n'y a pas beaucoup de choses à retenir".

S'il est plus difficile de faire une analyse en images du manque d'intensité ou de qualité technique, la bataille tactique complètement ratée est facile à mettre en évidence. Voici quelques exemples. 


L'animation monégasque...


Le staff stéphanois a fait le choix d'une défense à 5 avec Debuchy et Trauco en pistons et un trio offensif Boudebouz - Bouanga - Khazri. Un 3-4-1-2 / 5-2-3 opposé au 4-4-2 / 4-2-4 de Monaco :


L'animation proposée dans ce 4-2-4 mérite le detour, surtout qu'elle à fait très mal aux Verts. Un des avant-centres décroche constamment et l'ailier gauche joue très axial lui aussi entre les lignes, laissant le couloir pour le défenseur latéral, pendant que l'ailier opposé est très excentré. En phase offensive, Monaco joue donc en 3-2-4-1 et cela pose deux problèmes. Les deux milieux stéphanois sont en sous-nombre dans l'axe, ils ont deux adversaires devant et deux autres derrière. Comme les offensifs ne défendent pas et n'aident pas dans les couloirs, Debuchy à du mal. S'il tient son couloir, Sow et Camara auront du mal avec l'ailier monegasque. S'il suit celui-ci, le latéral adverse est libre.

Voici deux exemples, dont le premier à la 9e minute, avec les mêmes dispositions tactiques et une phase de préparation monégasque :


5 défenseurs pour 4 attaquants : tout va bien. Camara et Neyou n'ont initialement pas d'adversaire dans leur zone, mais  ensuite il en ont trop :


Si au début l'ailier gauche était à côté de Debuchy, il est maintenant dans la zone de Sow, pendant que le duo au milieu doit gérer un milieu et l'attaquant qui décroche. Tout est fait pour que le latéral gauche soit libre, ce que Debuchy avait anticipé :


Cissé et Kolo serrent l'avant-centre adverse et Sow se trouve à devoir gérer les deux joueurs placés entre les lignes. Si le latéral centre, ils arriveront lancés et la défense qui recule n'aura pas le soutien des milieux...


Par contre, Debuchy peut décider de suivre son ailier pour ne pas laisser ce surnombre entre les lignes se mettre en place, comme par exemple à la 20e :


Exactement même disposition tactique, 5 contre 4 en défense, phase de préparation pour Monaco. L'ailier gauche décroche pour faire un appel, il est suivi par Debuchy :


Comme Boudebouz ne suit pas le latéral qui se projette dans le couloir, le décalage est fait. Mais le Monégasque ne reçoit pas le ballon, son coéquipier préférant le garder...


... avant de le donner à l'avant-centre placé entre les lignes, dans le dos de Neyou-Camara. Et lui, il lance le latéral à gauche, complètement libre.

Les deux problèmes tactiques ont fait très mal aux Verts qui ont beaucoup couru pour colmater les espaces présents. Debuchy a du tout le temps trancher entre tenir le couloir ou aider Sow dans l'axe. Camara et Neyou ont été souvent en sous-nombre au milieu avec deux adversaires devant eux et un ou deux derrière.

... et la réponse stéphanoise


Un changement tactique s'imposait donc et à la mi-temps Abi est entré pour tenir le couloir droit. Les Stéphanois sont passés en 4-4-2 et avec deux joueurs dans chaque couloir le premier problème (le couloir de Debuhcy) a été résolu. Mais pas le deuxième (l'adversaire entre les lignes), comme on peut le voir dans cet exemple :


Le bloc en 4-4-2 est bien visible côté stéphanois, tout comme le même positionnement monégasque, avec un avant-centre et un ailier dans l'axe entre les lignes. Le premier est trouvé et décale à la droite de l'attaque, d'où le ballon revient vers la défense...


... avant qu'une longue transversale cherche le latéral gauche dans son couloir, comme en 1MT. Sauf que là il y a Debuchy et Abi, qui à deux récupèrent le ballon et essayent de partir en contre. Ils perdent le ballon dans le couloir, Monaco démarre une phase de transition mais Sow dégage et même pas 30 secondes plus tard...


... les Monégasques trouvent une faille dans l'axe. Les deux milieux axiaux combinent avec un qui se projette dans l'espace à côté de nos milieux. Non seulement il est libre et peut lancer son ailier droit, mais il continue sa course sans jamais être accompagné par Neyou ou Camara et peut ainsi recevoir le centre en retrait et majorer le score.


Le changement suivant est intervenu à l'heure de jeu avec Zaydou à la place de Boudebouz - c'est Neyou qui est monté en "10" et le bloc en 4-4-2 a été préservé :


On remarque toujours la présence avant-centre + ailier entre les lignes du bloc stéphanois. Tout pareil 13 minutes plus tard, après deux autres changements :


La paire devant Khazri - Neyou a été remplacé par Modeste - Rivera, avec toujours ce 4-4-2 et deux lignes espacées entre lesquelles les adversaires sont libres. Et ils en profitent :


A un quart d'heure de la fin, une attaque monégasque à gauche se conclut par un centre en retrait à destination du deuxième avant-centre, qui était parti libre entre les lignes et n'a jamais été accompagné par un milieu...

C'est seulement à 10 minutes de la fin, ayant compris que le score peut être encore plus lourd, que le staff stéphanois a décidé de combler ce trou en passant en 4-1-4-1 avec l'entrée de Moueffek en sentinelle (Rivera passant ailier à la place de Bouanga, sorti) :


C'était trop peu, trop tard. Les Verts avaient pris l'eau au milieu et dans le couloir droit toute la première mi-temps. Ensuite, seulement au milieu pendant quasiment toute la deuxième. Et si on rajoute la différence technique et d'intensité mise dans les duel, le résultat et le score sont tout à fait normaux.


Conclusions


Il n'y a pas de honte à perdre contre une meilleure équipe, même si la manière laisse vraiment à désirer. Les Verts ont été surclassés dans tous les domaines par une équipe qui maîtrisait parfaitement sa partition. Le résultat est logique et d'un point de vue comptable il ne devrait pas avoir d'incidence sur la course au maintien - ce n'est pas contre une équipe de ce niveau que l'ASSE était censée prendre des points. Le match où les points compteront vraiment est celui à venir, le déplacement à Nîmes dans deux semaines. Beaucoup de temps pour les joueurs et le staff d'évacuer cette défaite, de se remettre les idées en place et préparer cette rencontre capitale. Et elle devra être bien préparée, sans se tromper et devoir tout changer à la pause...

dimanche 14 mars 2021

Angers - ASSE, 0-1 (Khazri)

Quelques éclaircies


Les trois points obtenus par les Verts à Angers leur feront beaucoup de bien dans la lutte pour le maintien, même s'ils ont été obtenus après un match assez fade.

Ce ne fut pas le match le plus emballant de la saison et le coach angevin ne mâche pas ses mots : "Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas évolué à un niveau si bas sur le plan technique (...) c’est un match raté dans les grandes largeurs de notre part". Sans être mis en danger par leurs adversaires, les Stéphanois avaient deux missions : rester concentrés pour ne pas faire des cadeaux bêtes (comme ça leur ai déjà arrivé par le passé) et réussir à trouver quelques failles dans la défense angevine. Objectifs remplis, comme le remarque Claude Puel, qui souligne la différence dans le jeu de ses protégés entre les deux périodes : "j'ai trouvé mon équipe très concentrée. Elle a montré beaucoup de solidarité jusqu'à la fin (...) En première période, on était bien dans l'engagement mais en dedans sur le plan technique (...) Mes joueurs étaient crispés mais solides (...) Je nous ai trouvés mieux en seconde période, plus libérés, avec de belles sorties de balles". Voici quelques exemples.


Pas facile de faire le jeu...


En absence du capitaine Debuchy suspendu, c'est Mahdi Camara qui a pris le brassard de capitaine, associé au milieu à Zaydou devant une défense à 3 Sow-Cissé-Kolo :


Bouanga et Trauco ont été les pistons de ce 3-4-1-2 qui a vu Aouchiche placé en "10", derrière un duo d'attaquants (Abi - Khazri) qui a bougé sur toute la largeur du terrain.


C'est donc Aouchiche qui a eu les clés du jeu, mais comme tout système avec une défense à 3/5, le rôle des pistons est très important aussi. Par exemple, à la 21e minute :


Les Verts ont la possession et le ballon circule dans la défense de la droite vers la gauche. Le trio offensif est d'un côté et coulisse ainsi pour suivre le ballon. Aouchiche est trouvé dans le bloc adverse par une passe verticale...


... et il décale Trauco dans son couloir. Le piston gauche ne déborde pas, ne centre pas, ne combine pas avec Aouchiche ou Abi, mais joue en arrière avec Kolo. Les défenseurs ont de nouveau le ballon...


... et Aouchiche décroche pour offrir une solution, avant de lancer de nouveau Trauco dans son couloir et se projeter pour lui proposer une solution :


Il n'en a pas réellement, les 3 offensifs stéphanois sont à côté (et aucun milieu axial), mais accompagnés par plein d'Angevins. Il joue donc de nouveau en arrière avec Kolo. Le ballon circule latéralement dans la défense vers Sow...


... qui balance un long ballon devant, où Khazri est signalé hors-jeu. Si le circuit des passes a été tout à fait classique pour une 3-4-1-2, le jeu a été lent, sans prise de risque, et n'a donc pas du tout déséquilibré le bloc adverse. 


Une animation plus intéressante a pu apparaître grâce aux mouvements des deux milieux axiaux. Dans cet exemple 8 minutes plus tard...


... après un échange de passes avec Zaydou, Sow donne le ballon à Aouchiche, qui avait de nouveau décroché. Il se trouve à la même hauteur que Camara, Zaydou et Bouanga, mais bénéficie des courses verticales de ses partenaires :


Khazri décroche pour proposer une solution entre les lignes, Zaydou et Bouanga se projettent, c'est le dernier qui est trouvé par la transversale d'Aouchiche...


... avant de donner au premier, encore plus haut dans le couloir. La combinaison marche bien et Bouanga est lancé entre les défenseurs. Il n'arrive malheureusement pas à contrôler le ballon. Néanmoins, c'était une animation plus intéressante que celle d'avant : même rôle pour Aouchiche, orienter le jeu vers un piston, mais plus de solutions et de volonté de jouer vers l'avant pour Bouanga que pour Trauco.


... mais plus simple en transition


L'ASSE affichait 62% de possession après une demi-heure de jeu, mais aucune vraie occasion de mettre en danger le goal adverse. La physionomie du match a changé dans le dernier quart d'heure de la 1MT, la possession est devenue angevine (59%) et les Stéphanois se sont enfin montré dangereux, sur les récupérations de balle :


A la 36e minute, après une touche du SCO dans la moitié stéphanoise, Aouchiche gagne un duel et récupère le ballon dans les pieds d'un adversaire. Il se projette immédiatement vers l'avant...


... avec les deux autres offensifs comme solutions devant lui, Abi collé à la ligne de touche droite, Khazri dans l'axe. C'est le premier qui est lancé dans le couloir, où il avance...


... avant de repiquer vers l'axe et de servir Khazri dans la surface. Malheureusement, un défenseur surgit et récupère le ballon, qu'il sort et donne à un coéquipier plus haut :


Les Angevins essayent de sortir balle au pied, mais Bouanga surgit et les Verts ont une nouvelle phase de transition à bonifier grâce à cette récupération haute. Tout le monde courrait vers le but stéphanois, les joueurs sont pris à contre-sens, le piston droit avance dans le couloir...


... et trouve avec son centre la tête de Khazri - le goal adverse ne peut que dévier le ballon, qui atterit sur la transversale, pour la plus grande occasion de la 1MT. Qui est venue d'une double phase de transition pour les Stéphanois, plus à l'aise dans cet exercice que dans les attaques construites. 


Et cette préférence pour un jeu direct s'est confirmée en 2MT, avec une attaque du SCO à la 52e minute, contre un bloc stéphanois en 5-2-3 bien en place :


On remarque sur cette image comment Camara et Zaydou, ainsi qu'Aouchiche un peu plus haut, empêchent complètement les milieux adverses de recevoir le ballon. Le défenseur angevin n'a pas d'autres solutions que d'essayer un long ballon au dessus du bloc, un jeu que Cissé préfère. Le défenseur stéphanois gagne le duel aérien et Sow est sur le deuxième ballon...


... qu'il donne plus haut à Camara - une phase de transition pour les Verts qui ont de l'espace devant eux. Sur ce début d'action on observe que les trois offensifs stéphanois (Aouchiche, Khazri, Abi) sont tous pris par un adversaire pendant que les deux centraux du SCO sont en couverture. Les Stéphanois sont en sous-nombre, surtout que Camara et Bouanga ont aussi un adversaire à côté d'eux... mais ils sont passés devant, et ça change tout. Le premier avance avec le ballon, sert le deuxième à droite, qui passe plus haut dans le même couloir à Abi, qui s'était excentré :


La plupart des Angevins est attirée vers se côté, surtout qu'Abi temporise et Bouanga fait un appel en profondeur. L'attaquant stéphanois pique de nouveau vers l'axe, où l'appel d'Aouchiche resserre le défenseur central restant et celui qui était au marquage de Khazri. Qui a donc le temps d'ajuster sa frappe, pour l'ouverture du score.


Ayant fait le plus dur, les Verts ont levé le pied et ont laissé encore plus la possession à leurs adversaires - seulement 32% à partir du but jusqu'à la fin du match. Une possession stérile pour un SCO en manque d'idées et du jeu de transition pour les Stéphanois, même s'ils n'ont pas su concrétiser les autres phases de transition qu'ils ont eu. Les changements ont préservé le système :
 

Boudebouz a remplacé Aouchiche poste-pour-poste, en 3e offensif en soutient (ici même devant) le duo offensif, qui a été composé de Khazri et Bouanga - KMP était entré en piston droit et Abi avait sorti. Plus tard, avec les entrées de Nordin et Moueffeck pour Khazri et Zaydou, le système stéphanois est même devenu 5-4-1 :


Un système défensif pour préserver le score, ce qui a bien fonctionné, le SCO n'étant pas dangereux, pendant que l'ASSE s'est créé d'autres belles situations dans les dernières minutes.


Conclusions


Une victoire méritée pour les Verts, avec trois points très importants pour s'approcher encore plus du maintien. Ce n'était pas un match très intéressant pour un observateur neutre, Angers n'ayant absolument rien proposé (seulement 4 tirs tentés dans un match à domicile...). Les protégés de Claude Puel ont beaucoup peiné à provoquer une faille dans le bloc adverse sur des attaques construites, mais se sont montrés bien plus dangereux sur les phases de transition. Ça peut se comprendre, cette équipe ne bénéficie pas d'une supériorité évidente sur ses adversaires, ni individuellement, ni collectivement, et a donc du mal à prendre le dessus sur une équipe bien en place. Mais si l'équipe en face se découvre, il y a de la place. Les points du maintien seront probablement obtenus ainsi, en affichant une belle solidité et cohésion défensive et en profitant des espaces laissés par leurs opposants.

dimanche 7 mars 2021

RCT - Racing, 25-21 (Villière)

L'avant-match


La réception du Racing est un pseudo-doublon - le RCT peut aligner une partie de ses internationaux, notamment la charnière Serin - Carbonel et son principal finisseur, Villière, mais ne peut toujours pas compter sur Gigashvili, Ollivon ou Romain Taofifénua. Auxquels se rajoutent plein d'autres blessés importants (Etzebeth, Parisse, Isa, Dakuwaqa, ...), mais les Toulonnais peuvent quand-même aligner une équipe correcte. Pas sûr que ça sera suffisant contre une des meilleures équipes du championnat, mais il le faudra, une troisième défaite consécutive à domicile serait très difficile à avaler...


Le match...


... commence mal pour le RCT, qui subit la puissance des avants franciliens pour encaisser un essai dès la 6e minute, suite à déjà la 3e pénalité concédée. Mais les Toulonnais se sont ensuite réveillés, grâce surtout à leur charnière qui a bien dynamisé le jeu, comme lors de l'essai de Villière à la 12e minute, après une pénalité vite jouée par Serin. La suite de la 1MT a été très hachée, avec beaucoup de temps passé en mêlée fermée, avec des nombreux pénalités (principalement en faveur du Racing), des coup francs et même deux jaunes pour des piliers. Le RCT finit la période devant, 13-8 suite à une belle défense sur les temps forts franciliens et malgré des approximations sur leurs propres lancements.

La 2MT commence avec deux équipes approximatives, le RCT ratant le coup d'envoi et le Racing trouvant une touche directe - ça profite aux premiers qui creusent l'écart grâce à deux pénalités, 19-8 à la 50e. C'était la bonne chose à faire, car les avants du Racing on fait mal à leurs adversaires en suite, marquant un essai en force. Les Toulonnais essaient de se détacher au score avec une autre pénalité, mais les Franciliens y répondent et à la 71e minute seulement un point d'écart sépare les deux équipes. La victoire du RCT est assurée par une pénalité obtenue sur une mêlée adverse et transformée ensuite par Carbonel, auteur d'un 7/7.


La suite


Gagner deux fois contre le Racing n'est pas donné à tout le monde, mais les Toulonnais montrent surtout qu'ils sont une équipe à réaction. Le retour d'une vraie charnière a complètement changé le visage de l'équipe, Serin a bien dynamisé le jeu, Carbonel a fait un sans faute au pied. Ça aurait du être le dernier match sans les internationaux, mais il y a des grandes chances que le RCT en soit privé lors du prochain, contre Lyon dans 3 semaines, et que c'est seulement ensuite que le vrai sprint final pourra commencer.

samedi 6 mars 2021

Le nerf de la guerre (4)

Pauvres Verts (2)

L'ASSE se trouve dans une situation sportive délicate, toujours à la lutte pour le maintien en Ligue 1, et sa situation financière n'est pas très bonne non plus... 

Dans un article précédent nous avons détaillé l'état des finances du club à partir des bilans comptables des trois dernières saisons (jusqu'à 30 juin 2020). Pour résumer : 

  • une forte dépendance des ventes, nécessaires chaque année pour combler un déficit structurel. Cette  dépendance a explosé lors de la dernière saison, quand 44% du chiffre d'affaires a été constitué des ventes (contre 20% la saison d'avant)
  • un club très endetté, avec des crédits consécutifs de 10M, 20M et 10M faits sur les trois dernières saisons. Ainsi, le 30/06/20 le club avait encore 20M à rembourser sur la saison 2020-21 et 12M sur les saisons suivantes

Bien évidement, la dernière saison a été particulière, écourtée par la crise sanitaire, avec donc des recettes en moins, mais aussi du chômage partiel ou d'autres efforts consentis par les salariés du club. Mais elle a été différente de ses précédentes sur d'autre aspects :

  • les provisions prud'homales ont explosé (argent mis de côté pour des éventuelles pénalités décidées par les prud'hommes) : 3.75M en 2019-20 contre 281k en 2018-19 et 400k en 2017-18. A l'époque où ces provisions ont été faites la procédure de licenciement à rencontre de Ruffier n'était pas lancée. Mais Alain Ravera, David Friio et Ghislain Printant étaient déjà en procès avec un club qui vante ses valeurs
  • les dividendes versées par le club à ses propriétaires ont doublé cette saison : 1M en 2019-20, 500k en 2018-19 et 2017-respectivement


Pour comprendre qui profite de ces dividendes, mais aussi pourquoi le modèle économique du club est inquiétant, il faut regarder la structure des sociétés derrière.


Qui compose l'ASSE Groupe ?


Quand on s'intéresse à la situation financière du club, il faut plutôt regarder les comptes de la société "ASSE Groupe", qui détient 88% de la SASP ASSE (le reste étant détenu par l'Association sportive à 10% et d'autres à 2%). En plus du club, le Groupe détient (des parts dans) d'autres sociétés :
  • 100% de la SCI Jean Snella : Boutique des Verts, Caféteria Casino et depuis fin juin 2012 le Centre de Formation - évalué dans les comptes à 6,5M€
  • 89% de la SARL ASSE Products (85% directement, le reste à travers la SASP ASSE)
  • 100% de la SARL Le Chaudron Vert
  • 50% de la SAS Onzeo : détenu en fait par la SASP, avec Lens (*)
Il peut y avoir de rééquilibrages des comptes entre ces sociétés (par exemple le Chaudron Vert a enregistré une perte de -70k€ en 2018-19, compensée par le reste du groupe), donc il faut toujours prendre en compte la totalité du Groupe. Bien évidemment, le chiffre d'affaires des autres sociétés est insignifiant par rapport à celui du club, c'est lui qui concentre la quasi-majorité des bénéfices et des coûts.

(*) c'est le dernier bilan comptable où Onzeo apparaît parce que suite à une décision de novembre 2019, les deux clubs propriétaires de la chaîne ont décidé la dissolution de la structure (et la distribution des 200k de dividendes).

A noter que dans les bilans comptables le coût d'acquisition par l'ASSE Groupe de 88,66% de la SASP ASSE est de 5.6M.


Est-ce que le Groupe peut bénéficier de l'aide de ses propriétaires ?


L'ASSE Groupe (aussi nommé SC Viridis) est détenue à égalité par deux sociétés, Croissance Foot (gérant Roland Romeyer) et Cesse Foot (gérant Bernard Caïazzo). En terme de chiffre d'affaires (CA) et de résultat, les deux sociétés présentent des résultats bien différents à la clôture de l'exercice 2018 (le dernier avec des chiffres publiques pour les deux sociétés, seulement la société de Caïazzo a des chiffres plus récents).

CROISSANCE FOOT


La société gérée par Roland Romeyer présente un actif de 2,2 M€, incluant notamment 1,9M€ de créances à long terme (prêts et avances consentis à la SC Viridis), et 300 K€ de Disponibilités. En terme de passif, nous pouvons observer plus de 500 K€ d'autres réserves et 1,300 K€ d'autres dettes.

Sur le compte de résultat, la production vendue de services s'élève à 130 K€, qui absorbe les charges d'exploitation de 60 K€ (dont 36 K€ de rémunération du personnel). CROISSANCE FOOT présente donc un bénéfice de 80 K€ (contre -700 K€ pour CESSE FOOT).


CESSE FOOT

La société gérée par Bernard Caiazzo présente un actif à un peu plus de 3,1 M€, incluant notamment 1,9M€ de créances à long terme (prêts et avances consentis à la SC Viridis) et 1M€ de VMP. En terme de passif, le résultat de la société, pris individuellement, est négatif, les lignes report à nouveau + résultat de l'exercice cumulant à presque -4M€, compensés par une dette aux associés de ce même montant (*).

Sur le compte de résultat, on peut observer une production vendue de services à 200 K€, très loin de compenser les charges d'exploitations cumulant à un peu plus de -900 K€ (plus de -800 K€ sur la ligne autres achats et charges externes). 

A noter, fin 2020, l'entrée au capital du groupe indonésien GMG limited, qui a déboursé 400,000 € pour s'octroyer environ 9% des parts de CESSE FOOT.

(*) Cela signifie que Bernard Caïazzo en nom propre a une créance de plus de 4M sur la société Cesse Foot. L'idée est de recevoir des intérêts qui doivent être payés même si la société ne distribue pas de dividendes, même en cas de déficit.


Si on doit tirer des conclusions à partir de ces chiffres, il semble que Caïazzo a mis plus dans sa société que Romeyer. Par contre, il apparaît clair que CROISSANCE FOOT est dédiée à l'ASSE, quand CESSE FOOT à l'air d'avoir d'autres activités, au moins financières (VMP).


Le futur proche


A l'heure actuelle le club lutte pour sa survie en Ligue 1. Sportivement rien n'est fait, mais il y a des raisons de s'inquiéter d'un point de vue financier aussi. Les chiffres pour la saison en cours ne sont pas publiques, mais certains circulent déjà. La double lame Covid/Mediapro induit une baisse des revenus de 30-35M, mais grace aux efforts du club le déficit final serait de 10-15M. Enfin, quand on parle d'efforts, il s'agit surtout de ne plus acheter des joueurs confirmés, de faire partir les joueurs aux gros salaires ou virer des employés du club, pas forcément de ne pas payer des dividendes ou des indemnités aux prudhommes.

Si ce déficit est important, il dévient inquiétant si la DNCG met en application ce qui a été adressé par courrier aux clubs : "Au cas où le budget d'un club pour 2021-2022 ferait ressortir un déficit d'exploitation qui, à défaut de fonds propres suffisants au 30 juin 2021, serait couvert par des prévisions de plus-values sur mutations de joueurs, des apports d'actionnaires d'un montant équivalent devront être réalisés en début de saison en comptes courants bloqués et/ou en capital afin de sécuriser la situation de votre club". En clair, l'ASSE aura toujours besoin de vendre pour rester à l'équilibre, mais en attendant les ventes les actionnaires doivent compenser avec leur argent. Sauf que les deux sociétés propriétaires de l'ASSE Groupe n'ont pas ce genre de liquidités...


Une possible porte de sortie est bien sûr la vente du club à un propriétaire capable de combler le déficit et éponger les dettes. Plusieurs rumeurs circulent et différents scénarios méritent d'être clarifiés. On peut parler des ventes des parts de la société ASSE Groupe - c'est à dire que les deux sociétés Croissance Foot et Cesse Foot décident d'augmenter le capital ou bien de vendre (une partie de) leurs parts. Il est fort probable que les règlements de l'ASSE Groupe demandent que les deux propriétaires soient d'accord pour faire ce genre d'opération. Par contre, rien n'empêche le gérant d'une société mère de faire ce qu'il veut avec sa société. Caïazzo l'a fait avec sa société et le groupe indonésien et Romeyer et Croissance Foot n'ont eu aucun mot à dire. C'était une entrée minoritaire au capital, Caïazzo reste l'actionnaire majoritaire et le gérant de Cesse Foot, donc avec 50% de voix sur l'ASSE Groupe. Mais pour poursuivre avec cet exemple, Romeyer ne peut pas empêcher Caïazzo de vendre Cesse Foot à un acquéreur avec une grosse puissance financière. Le nouvel actionnaire du club détiendrait ainsi, toujours via Cesse Foot, la moitié de l'ASSE Groupe et la lutte de pouvoir au sein du club se ferait entre des acteurs différents. Dont un avec beaucoup plus de moyens que l'autre...

jeudi 4 mars 2021

ASSE - Lens, 2-3 (Moukoudi, Bouanga)

Plombés par les erreurs


Deuxième défaite en trois jours pour les Verts, qui paient cash leurs erreurs sans être capables de complètement revenir dans le match ensuite.

Grâce à cette victoire, Lens prend la première place au classement - ce n'était pas donc une équipe faible qui s'opposait aux Stéphanois. Pourtant, les protégés de Claude Puel peuvent sortir frustrés de ce match, ils pouvaient obtenir un meilleur résultat s'ils ne se mettaient pas tous seuls en difficulté : "on manque d'efficacité et on fait des cadeaux à l'adversaire (...) Mais on est bien revenus dans la partie. Sur la fin, on s'est ouverts et on a concédé des contres qui auraient pu faire mal. Mais on était obligés de prendre des risques, d'attaquer" (conférence de presse).

Quand on a très peu de marge, non seulement les erreurs coûtent cher, mais elles rendent le scénario de match encore plus compliqué... Voici quelques exemples.


1MT - on avait bien démarré...


C'est le 4e match consécutif que les Verts démarrent dans un 4-1-4-1, mais il y a eu quelques changements dans le 11 de départ habituel :


Kolo a pris la place de Trauco en latéral gauche, Aouchiche a été aligné en milieu relayeur, Abi a été l'avant-centre et KMP et Nordin les ailiers.


Le début de match a été stéphanois, avec de la possession dans le camp adverse et une forte pression sur les adversaires. Comme par exemple à la 9e minute :


Après une touche de Trauco dans la moitié adverse, KMP donne le ballon à sa défense pour démarrer une attaque placée - c'est donc lui qui se trouve en milieu axial et Aouchiche dans le trio offensif. Le 3-5-2 lensois est visible sur cette image, avec 3 défenseurs pour les 3 attaquants stéphanois et 2 attaquants pour empêcher la relance. Qui prend la forme...


... d'une passe verticale de Cissé à destination d'Aouchiche, qui dévie vers Abi. KMP s'était projeté entre les lignes et prend part à la combinaison avec son avant-centre. Un défenseur central était sorti sur Aouchiche, c'est du 3-contre-2 pour les stéphanois, aucun adversaire n'avait suivi KMP. Malheureusement, un défenseur s'interpose et le ballon est dégagé avant de finalement être mis en touche par un Lensois. Kolo joue la remise en jeu...


... et après s'être appuyé sur Abi, il centre à destination de Nordin. Ballon dégagé par la défense en touche, mais cette remise en jeu est envoyée vers la défense :


L'idée est d'aspirer un peu les Lensois pour créer des espaces. Ce qui arrive assez rapidement, leur lignes s'écartent...


... et Aouchiche est de nouveau trouvé par une passe verticale de Cissé. Même si les rôles de KMP et Aouchiche sont inversés par rapport à une minute plus tôt, la configuration est similaire : les défenseurs adverses ont toujours un offensif stéphanois chacun, un milieu relayeur Vert est trouvé entre les lignes avant de lancer Abi dans le dos de la défense. Cette fois-ci, l'attaquant stéphanois a le ballon dans la surface...


... et son centre en retrait trouve l'autre milieu relayeur, qui avait suivi, mais qui voit son tir bloqué par un adversaire.

Ce bon début de match a été complètement anéanti par une erreur d'appréciation peu avant la 20e minute et une perte de ballon dans ses propres 30m cinq minutes plus tard. Ce qui a permis à Lens de mener 2-0 très tôt dans la partie et a obligé les Verts d'être dans la réaction.

Ils l'ont plutôt bien fait, en confisquant le ballon (75% pour le reste de la 1MT après le 2e but), avec des nombreux tirs (6 dans ces 20 minutes) et corners. Et sur un des 13 corners stéphanois du match, Moukoudi réduit l'écart au score avant la pause.



2MT - on n'a pas su reprendre le dessus


Les Verts étant revenus dans le match, ils avait toute la 2e période pour revenir au score. Sauf que le staff adverse a changé un peu son approche, remontant le bloc et imposant un pressing sur la ligne médiane ou la moitié stéphanoise : "le plus important était d’avoir une 2e mi-temps différente (...) nous avons un bloc médian mais actif, prêt à sortir à chaque fois" (coach adverse en conférence de presse). Ce qui a complètement tué l'animation offensive des Verts, comme dans cet exemple à la 58e : 


Moulin relance à la main pour Debuchy, qui échange le ballon avec Camara. Le 4 défenseurs et le triangle pointe basse stéphanois sont en place dans leur propre moitié, prêts à construire une attaque. Ils sont génés par des Lensois, leurs attaquants et milieux sont restés hauts, pendant que les pistons montent ou descendent en fonction de quel latéral des Verts a le ballon :


Le ballon circule de la droite (Debuchy) à la gauche (Kolo) via Gourna-Douath (reculé entre ses centraux). Sous la pression du piston adverse, Kolo joue en arrière avec Cissé...


... et le ballon est renvoyé latéralement jusqu'à Debuchy, c'est donc le piston opposé qui monte et le ballon donné à Moukoudi en arrière. Les Verts ne peuvent pas passer par leur latéraux, la solution vers l'avant doit passer par les milieux :


Moukoudi trouve Camara, qui ose la passe verticale à destination d'Abi, qui s'est excentré à droite, pendant que Nordin était plus axial. Enfin un offensif trouvé, mais l'avant-centre n'a pas d'autre option que de jouer en arrière avec Debuchy...


... et le ballon arrive dans les pieds de Jessy Moulin. Les Verts ont beaucoup reculé, mais ça permet d'aspirer le bloc adverse. Par contre, le problème est que les Lensois montent en nombre :


Il n'y a aucune solution, Moulin, Cissé et Moukoudi doivent se passer le ballon dans leur propre surface. Chaque joueur stéphanois a un adversaire à côté de lui à l'exception de Kolo, le piston droit lensois il est encore loin...


... mais il arrive pour bloquer la passe au moment où Kolo reçoit le ballon. Même KMP et Abi ont un adversaire à côté (seulement Debuchy devient libre, le piston opposé reculant), le pressing Lensois est très serré. Kolo perd donc le ballon, qui arrive dans les pieds d'un attaquant à l'entrée de la surface.


Une situation très similaire avec l'action du 2e but lensois, mais cette fois Cissé intercepte la passe en profondeur et trouve Camara plus haut. Le milieu stéphanois a beaucoup de champ devant lui...


... et remonte balle au pied avant de lancer Nordin dans le couloir droit. Malheureusement, ils ne se comprennent pas pour la suite de l'action, qui ne donne rien. Une longue action pour l'ASSE, avec une possession stérile dans sa propre moitié, une perte de ballon face au pressing adverse et enfin des espaces en contre, mais des espaces mal exploités. Le parfait résumé de la 2MT.


Autour de la 60e et 70e, le staff stéphanois a changé 4 joueurs, préservant le système de jeu en 4-1-4-1, avec toujours Gourna-Douath en sentinelle :


Du poste pour poste, Trauco a remplacé Kolo, Bouanga - KMP et Neyou - Aouchiche en milieu relayeur. Modeste est entré en avant-centre et Abi a reculé en ailier droit à la place de Nordin. Les entrants ont apporté du jus et il y a eu un peu plus de jeu vertical de la part des Verts, comme par exemple à la 74e :


Gourna-Douath reçoit le ballon de Cissé et monte un peu avant de jouer avec Bouanga, qui décroche suivi par un défenseur central. Qui intercepte, mais le ballon redevient stéphanois, arrivant dans les pieds de Cissé. 


Qui change de côté pour contourner le bloc adverse, le ballon arrivant donc à Debuchy après avoir été relayé par Camara...


... qui après avoir reculé à hauteur de ses centraux, se projette entre les lignes adverses. Il est trouvé par Debuchy et cette combinaison déséquilibre le bloc lensois. Le piston sort sur Debuchy, un défenseur central suit Abi qui décroche...


... et un autre sort pour bloquer Camara. Modeste fait donc un appel dans l'espace ainsi créé, il reçoit la passe en profondeur et tire de l'entrée de la surface, mais sans cadrer.

Du mieux dans le jeu des Verts, mais pas assez de précision pour égaliser. Les contres adverses ont été tranchants et le 3e but est logiquement arrivé, peu avant que Bouanga réduise de nouveau le score, sur penalty à la fin du temps additionnel.


Conclusions


Après une belle période, les Verts marquent le pas, avec 1 point pris sur les 3 derniers matches, ce qui les approche peu à peu de la zone rouge. Le staff en est conscient : "il y a eu du gâchis lors des trois derniers matches. On était dans une bonne série et on n'a pas su concrétiser quand on pouvait le faire. Quand on ne prend pas de points, on se fait automatiquement rattraper (...) Le signal d'alarme est déjà tiré". Mais cette urgence ne se fait pas toujours ressentir dans les ingrédients que les joueurs mettent dans leurs prestations. Le jeu pas huilé n'arrive pas à déstabiliser les adversaires, qui se trouvent dans des scénarios favorables où ils n'ont pas besoin de grande chose pour provoquer les erreurs stéphanoises. Qui arrivent inexorablement et qui poussent l'ASSE à flirter de plus en plus avec une relégation qui serait un désastre pour le club, surtout compte tenu de sa situation financière...