mardi 29 octobre 2019

ASSE - Amiens, 2-2 (Khazri)

Il faut positiver


Malgré le deuxième match nul à domicile de la semaine, il y a des éléments positifs à retenir de la prestation des Verts contre Amiens.

Si lors de certains matchs précédents l'ASSE a obtenu un bon résultat sans avoir proposé grande chose en terme de jeu, ce match représente un peu le revers de la médaille. Il y a clairement eu du mieux dans le jeu, mais une manque de réussite offensive et des erreurs défensives ont fait que le résultat n'a pas suivi. La déclaration de Claude Puel après le match est très claire dans ce sens : "Je suis satisfait du contenu de notre match et un peu déçu d'avoir concédé un résultat nul à domicile (...) On gommera peu à peu les erreurs en essayant de garder une qualité de jeu. Je pense déjà que l'on ressort mieux le ballon. C'est notre meilleur match dans le jeu, les intentions et tout ce que l'on a essayé de faire".

Voici quelques exemples.

1MT : Attaques et contre-attaques


Le staff stéphanois a décidé d'aligner le même système 5-2-3 et les mêmes joueurs qu'à Bordeaux, à l'exception de Palencia, qui a pris la place de Debuchy dans le couloir droit :


Bouanga a conservé son rôle de piston gauche, les jeunes Fofana et Saliba ont accompagné Perrin en défense, le jeune Abi a eu Khazri et Boudebouz en soutien et la paire M'Vila-Youssouf a été reconduite au milieu, avec le premier de nouveau à gauche. En face, Amiens a joué en 4-4-2 (4-2-4 sur cette image).


Le premier quart d'heure a été largement à l'avantage des Stéphanois, qui ont varié les attaques, comme dans cet exemple à la 13e minute :



Un long ballon amiénois est récupéré par la défense, les joueurs sont en place et combinent malgré la présence adverse haute. Le ballon arrive à droite à Palencia...



... et il est ensuite envoyé de l'autre côté, à Bouanga, via Perrin, Youssouf et Saliba, avec des passes courtes.


Bouanga échange des passes avec M'Vila et Saliba, on est toujours en phase de préparation, tout le monde se met en place, y inclus le bloc adverse, qui recule dans sa moitié. Les Verts changent de nouveau de côté et Fofana monte un peu avec le ballon :


Si Abi se place dans la défense, Khazri se trouve entre les lignes adverses. Quant au troisième offensif, Boudebouz s'excentre dans le couloir droit - comme Amiens joue avec deux joueurs de couloir, il faut aider son piston, qui se trouverait en infériorité numérique sinon. Il est servi par Fofana, mais le jeu n'est pas de ce côté. Boudebouz joue en arrière avec Perrin et sa transversale trouve parfaitement Bouanga dans le couloir opposé :



Son centre trouve Abi, qui remet de la poitrine en retrait pour Khazri, mais sa reprise de volée passe au dessus. La remise en jeu est gagnée immédiatement par les Verts, qui recommencent à construire :



Sauf que maintenant, le bloc adverse (toujours bien formé en 4-4-2) est bien plus haut, la ligne des milieux se trouve sur les 30 mètres stéphanois. Ce qui veut dire qu'il y a de l'espace entre les lignes...


... et Boudebouz s'y trouve complètement libre. La passe de Ruffier n'est pas très précise, mais elle est récupérée par Abi, qui avait décroché...


... et qui dévie de la tête pour Boudebouz. Leur milieu passé, les Amiénois doivent défendre en reculant. Khazri est complètement libre à gauche, mais la montée de Palencia à droite offre une solution aussi :
 

Un double une-deux Boudebouz-Palencia décale parfaitement ce dernier, qui arrive dans la surface :


L'appel d'Abi fait reculer tous les défenseurs, Khazri est libre au point de penalty, mais c'est le jeune avant-centre qui est recherché. Malheureusement, le gardien capte le centre.

Une animation offensive qui cherche à mettre en bonne position les deux joueurs de couloir, soit avec des changements de côté successifs (possibles grâce à une bonne maîtrise technique), soit avec un joueur trouvé entre les lignes et des combinaisons entre le piston et un offensif qui s'excentre dans son couloir. Le but de Khazri juste avant la pause vient de ce deuxième type de situation, il est trouvé par Boudebouz entre les lignes et combine à gauche avec Bouanga avant de tromper le gardien avec un tir dévié...


Après la maîtrise du premier quart d'heure (84% de passes réussies), les Stéphanois ont eu un coup de mou. Et leurs pertes de balle (74% passes réussies ensuite jusqu'à la pause) ont permis à Amiens de se montrer dangereux, comme dans cet exemple à la 26e :


Les Amiénois cherchent à sortir proprement, mais ils sont embêtés par le pressing stéphanois. Palencia bloque le latéral gauche adverse, Boudebouz presse un milieu axial et Youssouf intercepte la passe vers un ailier. Ballon récupéré haut, mais pas pour longtemps...


... car Boudebouz rate sa passe en arrière à destination de M'Vila et un avant-centre récupère le ballon, avant de décaler rapidement son ailier gauche :


Palencia étant haut, à hauteur du latéral, c'est à Fofana de couvrir dans le couloir. Les avantages de la défense à 3 sont là, il y a toujours des défenseurs pour couvrir, Perrin et Saliba peuvent s'occuper de l'avant-centre et Bouanga n'est pas loin de l'autre ailier. Mais pour ne pas concéder des occasions, il faut suivre...


Le latéral gauche adverse part de derrière Palencia et propose une solution en profondeur. Le piston droit stéphanois ne le suit pas du tout (il n'est même pas visible dans cette capture d'écran). Et quand l'ailier opposé se propose au point de penalty, Bouanga ne serre pas dans l'axe pour le bloquer non plus. Heureusement, Perrin bloque le tir adverse...

Malgré une possession à son avantage, c'est bien en contre qu'Amiens a été le plus dangereux et c'est d'ailleurs comme ça qu'ils ont réussi à égaliser en deuxième période.


2MT : Erreurs défensives


Le tournant du match est intervenu à la 68e, quand le coup franc de Boudebouz s'est écrasé sur le poteau et les Amiénois ont marqué ensuite en contre, après un cafouillage dans la surface stéphanoise et un ballon touché par le bras de l'attaquant - les arbitres assistant à la vidéo n'étant probablement pas au courant du changement de règlement concernant les mains "offensives" à partir de cette saison.

Par contre, cette égalisation a été une conséquence logique de la baisse de régime des Verts, qui n'ont pas spécialement bien joué lors du premier quart d'heure de la 2MT. La possession laissée à l'adversaire (plus de 60%), le 5-2-3 s'est plutôt transformé en 5-4-1 et le bloc équipe n'a pas été toujours bien en place, comme dans cet exemple quelques minutes avant le but :


La défense à 5 est alignée, Khazri et Boudebouz sont assez excentrés pour couvrir dans les couloirs (où les Stéphanois sont en infériorité numérique sinon). Le latéral gauche adverse porte le ballon vers l'axe sans être attaqué et trouve un avant-centre, qui avait décroché sans être suivi par un défenseur. Il organise ensuite le jeu...


... en échangeant des passes avec son ailier, pendant que les Verts se trouvent dans une espèce de 5-1-4, Youssouf couvrant entre les lignes et Abi prenant sa place dans la ligne des milieux. Il y a deux offensifs amiénois qui combinent sur les 30 mètres sans être inquiétés, aucun des 5 défenseurs ne sort pour aider son milieu, mais ils ne couvrent pas bien le couloir non plus. Quand le latéral droit est lancé en profondeur, ni Khazri, ni Bouanga ne le suivent. Son centre est repoussé par Fofana, mais le ballon est vite récupéré et une nouvelle attaque commence :


Maintenant le 5-4-1 des Verts est bien visible, un bloc bas, mais facilement transpercé par les passes verticales. Un ailier est trouvé entre les lignes, d'où il lance en profondeur un milieu axial qui s'était projeté :


Pas moins de 3 Stéphanois le suivent, M'Vila (c'est son adversaire direct), mais aussi Saliba et Bouanga, qui ne se préoccupent donc pas de l'ailier ou du latéral, qui reste en retrait, où il est servi. Et comme Khazri n'avait fait aucun effort pour suivre, il a le temps d'ajuster son centre :


Il y a bien sûr un décalage dans la surface, la remise de la tête d'un ailier trouve un coéquipier complètement seul au point de penalty. Son tir est contré, mais arrive à l'autre avant-centre et Ruffier fait une belle parade pour combler les lacunes défensives de son équipe. Si les Verts avaient encaissé plusieurs buts en début de saison suite à des erreurs défensives, elles s'étaient faites plus rares le dernier temps...


Pour essayer de restructurer son bloc équipe, le staff stéphanois a effectué deux changements coup sur coup à un quart d'heure de la fin. Avec Nordin à la place de Palencia et Hamouma à celle de Boudebouz, l'ASSE est passée à une défense à 4 :


Khazri est positionné en soutien d'Abi, Hamouma et Nordin sont ailiers, Fofana à droite de la défense et donc Bouanga en latéral gauche - de stade c'était visible comment Perrin lui indiquait où se placer, plus bas que dans son précédent rôle de piston. Mais il n'est pas un défenseur, et ça s'est malheureusement tout de suite vu, quand un long dégagement du gardien adverse a été repoussé de la tête par Perrin jusqu'à un adversaire...


... qui a vu que Bouanga n'était pas bien placé par rapport à son adversaire direct et ainsi, en moins de 10 minutes, Amiens est repassé devant au score.

Heureusement, seulement 4 minutes plus tard, Bouanga a pris sa revanche sur l'ailier amiénois. Ça part d'un échange de passes entre Saliba et Ruffier...


... le premier monte ensuite avec le ballon et trouve Hamouma, qui avait décroché entre les lignes, suivi par son adversaire direct, le latéral droit adverse...


... qu'il élimine d'un magnifique contrôle orienté. Bouanga sprinte dans son couloir, pas suivi par son ailier et se présente dans la surface. Avec un peu de chance, les Verts égalisent.

Le problème défensif à gauche étant toujours présent, le dernier changement de l'ASSE a vu l'entrée de Debuchy en latéral de ce côté, Bouanga montant d'un cran et Hamouma passant en soutien de Khazri, resté le seul attaquant :





Conclusions


Le public de Geoffroy-Guichard commence à devenir impatient, et c'est normal si on considère qu'il n'y a eu qu'une seule victoire à domicile cette saison, lors du Derby. Et après le nul concédé trois jours plus tôt en Coupe d'Europe, c'est frustrant de voir un autre résultat d'égalité, en Ligue 1 cette fois-ci. Mais comme il ne fallait pas que le résultat à Nîmes ou à Bordeaux cache la pauvreté du jeu produit, il ne faut pas non plus retenir seulement le résultat de ce match contre Amiens. Des belles sorties de balle, des décalages créés sur les côtés ou entre les lignes adverses, il y a du mieux dans l'animation offensive stéphanoise, peu importe le système en 3-4-3 ou plus classique en 4-2-3-1. Tout n'a pas été parfait, il y a aussi eu des nombreuses erreurs de placement, des passes ratées et le dernier geste n'a pas toujours été inspiré. S'il y a donc une progression dans le jeu des Verts, il leur manque maintenant un match référence, maîtrisé du bout au bout et qui allie la manière et le résultat...

vendredi 25 octobre 2019

ASSE - Oleksandryia, 1-1 (Silva)

Pas de réussite en Europe


S'ils continuent leur série des matchs sans défaites, les Verts marquent le pas en Coupe d'Europe, où ils ne se sont toujours pas imposés.

Quand on obtient seulement un nul à domicile, contre un adversaire théoriquement plus faible, on peut ressentir de la frustration. Surtout que le match avait bien démarré, comme le remarque l'entraîneur stéphanois : "Il y a un peu de frustration, on peut être déçu de ne pas avoir su gérer le match comme nous l'aurions dû. Il y avait de la fluidité, de bons déplacements (...) il y a une grosse marge de progression (...) par séquence c'est pas mal mais tout peut retomber très vite".

Voici quelques exemples des bons déplacements et bonnes séquences.

1MT : Le retour de Gaby


Le système tactique choisi par Claude Puel pour ce match a été à base d'une défense à 4, mais un milieu à 3, avec M'Vila en pointe basse :


Dans ce 4-3-3, Aholou, de retour de blessure, est aligné plus haut, aux côtés de Youssouf. Mais c'est un autre retour qui a marqué ce match, celui de Gabriel Silva, à la gauche de la défense. Et il s'est bien mis en évidence pour ce premier match, dès la 8e minute :


Les Stéphanois commencent à construire une attaque avec un long échange de passes entre Saliba et Kolo. Les adversaires sont en 4-4-2, les deux milieux centraux sont au marquage d'Aholou et Youssouf et les milieux latéraux surveillent Silva et Debuchy. Ce sont donc les 2 avant-centres qui doivent empêcher la relance, qui est facilitée dès que M'Vila se propose à la hauteur de la défense :


Silva, Aholou et Youssouf sont pris, Hamouma, Beric et Nordin se trouvent dans la défense adverse. Mais quand Beric décroche pour proposer une solution, le marquage des Ukrainiens est cassé :


Le milieu au marquage de Youssouf cherche Beric, donc celui au marquage d'Aholou serre dans l'axe. Mais il arrive trop tard, le jeune Stéphanois est trouvé par la passe de M'Vila. Il se tourne...


... et profite d'un autre décalage créé par ce mouvement : le milieu latéral droit avait abandonné Silva pour marquer Aholou. Il y a donc un surnombre dans ce couloir, la passe en profondeur de Youssouf...


... trouve parfaitement Hamouma. Et comme Silva arrive lancé sans adversaire direct, il est servi et ouvre le score, pour un retour parfait. Retour malheureusement gâché quelques minutes plus tard par son but contre son camp.

Comme lors des deux matchs européens précédents, les Verts ont concédé un but très vite après en avoir marqué. Cette égalisation rapide leur a un peu coupé les jambes et ils n'ont pas réussi à se montrer de nouveau très dangereux avant la pause.



2MT : Changements des joueurs et de système


Le milieu à une pointe basse a été abandonné au retour des vestiaires, quand Boudebouz a pris la place de Aholou :


Il s'est placé en "10", comme on peut le voir sur cet exemple en tout début de la 2e période, quand Debuchy joue une touche avec sa défense, qui joue plus haut avec Youssouf, qui relaye jusqu'à Boudebouz. Qui fait le choix de jouer en arrière...


... et après un échange de passes entre les milieux, Kolo récupère de nouveau le ballon. Le jeu est déplacé vers la gauche, où il peut monter balle au pied :


Le 4-4-2 adverse est en place, les 3 offensifs stéphanois dans la défense et Boudebouz dans la ligne des milieux, où il est trouvé par Kolo et d'où il décale parfaitement Silva à gauche. Malheureusement Hamouma ne reste pas dans le couloir pour qu'ils combinent comme lors de l'action du but et le latéral se retrouve tout seul :


Il n'a pas d'autre choix que de jouer en arrière et l'action s'éteint.


Un gros quart d'heure plus tard un autre changement de joueur (Abi pour Nordin) a provoqué un changement de système, les Verts passant en 4-4-2, avec Hamouma à gauche, Abi et Beric axiaux et Boudebouz théoriquement à droite. Seulement théoriquement, parce qu'il a souvent joué axial, laissant Debuchy seul dans le couloir. Ce qui n'a pas été le cas du côté gauche, comme dans cet exemple à la 65e :


Un long ballon adverse est dégagé de la tête par Debuchy jusqu'à Boudebouz, qui garde longtemps le ballon en attendant une solution. Elle vient d'Hamouma, qui décroche...


... et qui joue en arrière avec M'Vila. Qui redonne à Boudebouz, qui garde longtemps le ballon avant de jouer en latéral avec Saliba, qui passe plus haut à Debuchy. En ce moment c'est comme si les deux milieux défensifs des Verts étaient M'Vila et Boudebouz et Youssouf se trouvait en "10", plus haut.


C'est d'ailleurs lui qui propose une solution à Debuchy et qui envoie le jeu vers l'autre côté, via M'Vila :


Le ballon arrive à Silva, qui le redonne à M'Vila, qui joue toujours en latéral avec Saliba :


Le bloc adverse est en place, Hamouma-Beric-Abi sont pris par la défense, le triangle au milieu a enfin Boudebouz comme pointe haute et c'est lui qui est recherché par la passe verticale de Saliba...


... et qui joue en arrière avec Youssouf. Il porte le ballon et profite de nouveau d'un bloc adverse qui avait trop coulissé...


... pour ouvrir dans le couloir gauche, où Hamouma et Silva se retrouvent de nouveau. Pas de combinaison comme lors du but, mais Hamouma élimine le latéral adverse et tire, malheureusement le ballon passe à côté du cadre.


Le 3e changement stéphanois a préservé ce système 4-4-2, quand Bouanga est entré à la place de Beric, il a pris le poste d'ailier gauche et Hamouma s'est placé en avant-centre à côté d'Abi. Ce qui est visible sur cette action en toute fin de match, qui part de Ruffier :


Il joue avec Kolo, qui donne à M'Vila, qui monte avec le ballon avant de lancer Debuchy dans son couloir. Une construction simple, tout comme le changement de côté via M'Vila et Kolo :


Silva reçoit donc le ballon - c'est facile pour les Verts de combiner tant que c'est en dehors du bloc adverse, bien en place, toujours en 4-4-2. Bouanga et Boudebouz sont très excentrés, Hamouma et Abi sont dans l'axe. Silva et Kolo échangent des passes...


... et le premier joue en latéral avec Saliba. Il faut un appel pour pouvoir faire une passe verticale et c'est Boudebouz qui le fait :


Il quitte son aile et se place en "10", où il est trouvé par Saliba, avec qui il échange 3 passes avant de porter le ballon et chercher une solution. Qu'il trouve à gauche :


Bouanga était resté collé à la ligne de touche et reçoit le ballon, Silva l'accompagne dans le couloir. Le bloc adverse est en place, il n'y a pas un décalage à gauche comme dans tous les exemples précédents. Mais ça n'empêche pas Bouanga de lever la tête et travailler son centre, qui trouve parfaitement Hamouma, arrivé lancé. Malheureusement sa reprise de la tête passe au dessus et pour la première fois depuis l'arrivée de Claude Puel son équipe ne gagne pas avec un but dans les dernières minutes.



Conclusions


La série des matchs sans défaites continue, mais si les Verts gagnent en championnat, ils n'y arrivent pas en Coupe d'Europe. Le jeu des résultats dans leur groupe fait qu'ils ont encore des chances de qualification, mais il faudra pour cela gagner en Ukraine, dans deux semaines. Et contre une équipe solide et bien en place, il faudra proposer une meilleure animation offensive, plus fluide. Il faut savoir déséquilibrer son adversaire et si les Stéphanois y sont parvenus quelques fois lors de ce match, ça n'a pas été consistent. Et sans la réussite des derniers matchs, le résultat n'est pas là. Quant à la manière, on s'y attendait, il faut toujours avoir de la patience...

lundi 21 octobre 2019

Bordeaux - ASSE, 0-1 (Bouanga)

Une nouvelle série


Depuis quelques semaines les Verts ne perdent plus, et à Bordeaux ils ont même obtenu leur troisième victoire consécutive en championnat, toujours par le plus petit des scores, 1-0.

Si les conférences de presse d'après match sont parfois interessantes, celle de Claude Puel avant le match vaut aussi le détour, notamment en ce qui concerne le système tactique à utiliser : "jouer avec trois défenseurs, c'était un choix par rapport aux états de forme, après je ne suis pas accroché à ce système que je n'ai pas souvent appliqué. Je ne veux pas en faire un bloc dans la surface". Et pourtant, c'est ce que les Verts ont fait, après avoir bien répété leurs gammes pendant la trêve, comme le confie Saliba après le match : "ce 3-4-3 qui devient un 5-2-3 en phase défensive, on l'a travaillé depuis une semaine et demie".

Le même système comme lors du dernier match, contre Lyon, choix justifié aussi parce que les deux adversaires proposaient une approche similaire, basée sur une défense à 3. Mais avec un bloc équipe moins solide que lors du Derby, comme le remarque le coach stéphanois après le match : "le succès face à Lyon était mieux maîtrisé dans la cohésion et dans la discipline". Voici quelques exemples.


1MT : Des espaces entre les lignes


Si le système n'a pas changé depuis le dernier match, certains joueurs si, avec des cadres expérimentés sur le banc et des surprenants titulaires, comme Fofana et Palencia :


Un 5-2-3 avec Palencia et Bouanga en pistons, Perrin entouré de Saliba et Fofana en défense centrale, M'Vila et Youssouf au milieu et une ligne de trois offensifs Khazri-Abi-Boudebouz. Du côté de Bordeaux, un système similaire, 3-4-3 (ou 5-2-3) - sur cette image on voit un des trois offensifs décrocher au niveau des milieux. Et comme contre Lyon, les Stéphanois ont bien resserré les lignes des milieux et attaquants pour empêcher les adversaires de trouver leurs milieux. Leur défense centrale combine, essaie de déplacer le jeu vers la gauche...


... donc Palencia monte un peu vers le piston adverse et Fofana suit son adversaire direct. Pendant ce temps, le pur avant-centre reste dans la défense et l'autre attaquant se trouve derrière M'Vila et Youssouf.


Le jeu revient vers la droite, le bloc stéphanois coulisse, mais il est un peu cassé. Si Youssouf serre bien un des milieux adverses, M'Vila doit quitter le sien pour suivre l'appel de cet offensif qui se balade entre les lignes. Il est recherché par une passe verticale, mais Saliba surgit et intercepte. Il trouve Khazri...


... qui monte balle au pied et le contre stéphanois est dangereux, un 3-contre 2. Malheureusement le contrôle de Khazri est trop long et un défenseur arrive à dégager.


Après les premières 10 minutes, plutôt équilibrées, les Bordelais ont mis le pied sur le ballon, avec 70% de possession jusqu'à la pause. Et même s'ils avaient une animation offensive capable de transformer cette possession en occasions, la défense stéphanoise a tenu bon, comme dans cet exemple à la 33e :


Une touche des Girondins dans leur propre moitié et le ballon est donné à la défense. Pendant 7 secondes le défenseur central garde la balle en cherchant une solution, sans être embêté :


Les deux lignes des milieux et attaquants stéphanois sont en place, les deux milieux adverses ne peuvent pas être touchés. Par contre, il y a un grand espace entre la ligne des défenseurs et les milieux, dans lequel les deux offensifs adverses s'y placent. Le même que dans l'exemple précédent est trouvé par une belle passe verticale et combine de suite avec son piston droit, pas marqué par Bouanga, mal placé. Il avance dans son couloir et centre...


... dans la surface, où Perrin et Fofana encadrent l'avant-centre. Le jeune défenseur des Verts dégage de la tête, mais dans l'axe, où le ballon est repris par un adversaire, mais Ruffier capte.


Cette possibilité de trouver un attaquant entre les lignes a été la principale faille dans le bloc stéphanois, comme le remarque l'entraîneur : "on avait des lignes écartées, on avait du mal à se replacer et à faire remonter notre défense. Les Bordelais ont été dangereux en trouvant des situations et des joueurs entre nos lignes, qui ont pu s'exprimer".  Et c'était bien pire quand les Verts essayaient de faire un pressing haut :


Dans cet exemple à la 37e, le gardien de Bordeaux joue un 6 mètres dans sa surface, avec un défenseur qui lui redonne le ballon. Les trois offensifs des Verts se trouvent dans la surface, les deux milieux sont très hauts aussi, pour serrer les milieux adverses... ce qui signifie qu'ils sont très loin des défenseurs. Et les mêmes deux attaquants s'y trouvent dans cet espace, où un d'entre eux est trouvé par la passe lobée du gardien. Bouanga trop haut, décalage fait vers le piston dans son couloir...


... mais celui-ci décide de calmer l'action en jouant en arrière et l'attaque se finit une minute plus tard quand Fofana gagne son duel contre l'autre attaquant, son adversaire direct. Ces situations ont pu être observées assez souvent lors de ce match, M'Vila passant son temps à faire aller-retour entre le  milieu devant lui et l'attaquant placé derrière, comme ses défenseurs étaient trop loin et comme ses attaquants ne coupaient pas bien les angles de passe.


2MT : Changements de joueurs et de système


Auteur de 4 fautes en 1MT et déjà averti par un premier jaune et verbalement avant un deuxième, Perrin a du sortir à la pause, remplacé par Kolodziejczak, qui s'est placé à la gauche de la défense centrale, Saliba prenant le poste le plus axial :


Mais rien n'a changé dans l'animation offensive des Girondins, ni dans les failles du bloc stéphanois. Dans cet exemple à la 48e, les Bordelais combinent et envoient le ballon au piston droit, pendant que le même attaquant/milieu offensif se trouvent à hauteur de M'Vila et Youssouf. Sous la pression de Bouanga et Khazri, le piston adverse...


... joue en arrière et le jeu est envoyé vers la gauche, où l'autre attaquant décroche pour offrir une solution :


Fofana le suit, les lignes stéphanoises sont assez proches. Sous la pression de Fofana et Abi, le Bordelais joue en arrière à son tour et le ballon est passé entre les défenseurs :


Le bloc stéphanois coulisse, se remet en place...


... mais si les défenseurs se trouvent toujours à la même hauteur depuis le début de l'action, les attaquants et les milieux sont plus haut. Et le même attaquant est trouvé par une passe verticale entre les lignes. Et il décale le même piston droit, dans le dos d'un Bouanga toujours trop haut. Les deux joueurs essayent de combiner...


... mais Boudebouz fait un gros effort pour revenir et récupérer le ballon dans les pieds adverses. Malheureusement, il rate ensuite sa passe à destination de Khazri et les Verts ne partent pas en contre.



Ces derniers exemples se ressemblent énormément, alors pour varier un peu, regardons une construction d'attaque de l'ASSE en 2MT, à la 58e :


Ruffier relance avec Saliba, qui joue plus haut avec Youssouf : le (3-)4-3 des Girondins est visible, tout comme le 3-4-1-(2) des Verts, Boudebouz ayant décroché pour offrir une solution. Il est trouvé par Youssouf et joue en arrière avec Saliba, qui décale à gauche avec Kolo :


5-2-3 côté Bordeaux, avec des lignes assez distancées, mais c'est sans conséquence, les 5 "défensifs" stéphanois sont bas et jouent entre eux, sans vraiment essayer de jouer vers l'avant. Il est donc très simple pour les trois attaquants adverses de les presser...


... et le jeune Fofana n'a pas d'autre option que de jouer un long ballon à destination de Khazri, qui rate sa remise vers Abi et la possession est perdue, sans avoir réellement passer la ligne médiane.


Des Verts incapables de construire proprement, une animation offensive bordelaise qui mettait en difficulté le bloc stéphanois - la physionomie du match n'était pas à l'avantage de l'ASSE, mais il n'y a pas eu souvent un vrai danger pour Ruffier. Bordeaux n'a eu aucun tir lors des 20 premières minutes de la 2MT, mais a accéléré ensuite, les attaques devenant de plus en plus tranchantes. Et la réponse du staff stéphanois a été tactique, avec l'entrée de Cabaye à la place de Khazri :


Le système a changé de 5-2-3 à 5-3-2, avec un triangle au milieu en pointe basse, M'Vila. Son rôle est devenu celui de sentinelle, au marquage du ou des Bordelais qui se plaçaient entre les lignes. Ce replacement a tout changé, Bordeaux n'a plus eu d'occasion nette ensuite. Et quelques minutes plus tard, Boudebouz a été remplacé par Nordin :


Un changement poste pour poste, le 5-3-2 a été maintenu. Mais un changement de profil, le jeune entrant a amené de la percussion balle au pied. Et à la fin du temps réglementaire, il a subi une faute dans la surface qui a permis à Bouanga de marquer le seul but de la partie sur penalty...


Conclusions


Il y a quelques semaines, à Nîmes, les Verts avaient réussi à arrêter la série de 7 matchs sans victoire (dont 3 défaites sur les 3 derniers matchs). Et depuis ils en ont commencé une autre : 4 matchs sans défaite, 3 victoires sur 3 en Ligue 1. Les résultats sont là, mais tout n'est pas rose, surtout si on s'intéresse à la manière. Ces trois dernières victoires ont été obtenues par le plus petit des scores, souvent après avoir subi tout le match. Des buts marqués en tout fin de match ou sur CPA, mais ce sont des buts qui comptent, qui donnent des victoires qui font un bien fou au moral et qui permettent à l'ASSE de se placer à 3 points du podium. Bref, qui amènent de la sérénité, donc un cadre parfait pour continuer le travail qui associera à terme la manière aux résultats. Et qui sait, peut-être que les premiers fruits commenceront à être visibles rapidement, les trois réceptions consécutives dans le Chaudron offrant le cadre idéal pour cela.