mercredi 28 mars 2018

RCT - Clermont, 49-0 (Escande, Taofifénua, Ashton, Tuisova, Fekitoa x2, Gorgodze)

L'avant-match


La semaine a été mouvementée du côté de la Rade, ce qui rajoute une pression supplémentaire aux joueurs et le staff du RCT pour ce match. La défaite à Oyonnax et un championnat très serré signifient que les Toulonnais n'ont plus le droit à l'erreur. Si le match 5 jours plus tard, le déplacement à Munster, est un match de phase finale, cette réception de Clermont en devient un aussi.

Le match...


... n'en a pas été un, tellement les Toulonnais étaient remontés ! 7 essais à 0 contre un triste champion en titre qui part fanny, il n'y a pas grande chose à dire. A la 35e le RCT avait réussi l'exploit de marquer un point par minute, avant de lever un peu le pied en 2MT, avec seulement deux essais. La mêlée a été très bonne, deux fois les Toulonnais ont récupéré le ballon sur introduction adverse. La touche a été propre, les avants ont avancé à l'impact et les trois-quarts ont souvent franchi la ligne adverse. Bref, un match complet du RCT, les joueurs et le staff voulaient clairement montrer qu'ils valent plus que ce qu'ils avaient montré une semaine plus tôt.

L'action


Dès le début du match, l'ASM bénéficie d'une mêlée sur la ligne médiane :


Même si l'introduction est pour Clermont, ce sont les Toulonnais qui talonnent le ballon et qui explosent leurs adversaires, en obtenant une pénalité. La touche à la hauteur des 22 adverses est trouvée...


... et le RCT commence sa première attaque. Après un point de fixation de van der Merwe (3), Escande (9) sert Tuisova (14), qui va tout droit. Les trois-quarts sont en place au large, mais ils n'arrivent pas à franchir : une fois le ballon à l'aile gauche, le jeu est de nouveau envoyé vers la droite et une nouvelle pénalité est sifflée contre Clermont pour un hors-jeu de ligne. Le choix des Toulonnais est édifiant, ils ne prennent pas les 3 points faciles en début de match, mais la touche à 5m:


Le lancer d'Etrillard (2) est capté par Lakafia (8), qui sert Isa (7), placé en relayeur. Il contourne le bloc de touche et il est mis au sol juste avant la ligne. Après un peu de pilonnage à 1m de l'en-but, le ballon est sorti pour les trois-quarts :


Escande (9) pour Belleau (10), qui sert Radradra (11) derrière Fekitoa (12). Il y a un beau surnombre à jouer à droite avec Ashton (15) et Tuisova (14), mais la défense n'est pas bien fixée, la passe vers l'ailier n'est pas bien assurée et un essai tout fait pour le RCT devient une touche défensive pour l'ASM...


Sauf que les Clermontois ne parviennent pas à garder le ballon ou à sortir proprement. Le dégagement après la touche sort du terrain, mais Tuisova (14) joue vite avec Ashton (15). Suite à cette touche rapide, il n'y a pas de vraie ligne défensive adverse, alors l'arrière toulonnais franchit facilement - il est mis au sol seulement à l'entrée des 22 adverses. La libération est rapide...


... et le jeu envoyé au large, ou le surnombre Toulonnais est impressionant. Escande, Belleau, Fernandez-Lobbé (6), Bastareaud (12) - ils passent le ballon vite pour le faire parvenir à Radradra (11), qui a encore Fekitoa (13) à son extérieur. Il choisit de combiner avec Bastareaud, qui passe après contact :


Ashton (15) et Escande (9) s'étaient bien replacés et avaient fait la course qu'il fallait - c'est le demi de mêlée qui récupère le ballon offert par son capitaine et qui va droit à l'essai. Le premier du match, après 5 minutes de possession et occupation quasi exclusive pour le RCT, qui a étouffé son adversaire.

La suite


Avec cette large victoire bonifiée, le RCT s'accroche au 4 premières places du Top 14. Mais au delà du bilan comptable, les Toulonnais ont vraiment marqué les esprit, ont étalé leur force. Le sprint final a commencé et le message envoyé aux adversaires est très clair. Les prochains adversaires sont des gros noms, en championnat, mais aussi en Coupe d'Europe. Un quart de finale à l'extérieur chez Munster n'est pas un match simple à jouer, mais on peut dire qu'il a été bien préparé par cette opposition contre Clermont.

jeudi 22 mars 2018

Oyonnax - RCT, 29-26 (vd Merwe, Fekitoa)

L'avant-match


Le RCT passe le dernier doublon de l'année en déplacement à Oyonnax, solide dernier du Top 14. C'est un match très important d'un point de vue comptable, une victoire donnerait aux Toulonnais le droit à un faux pas lors des autres matchs, contre des équipes plus réputées. Mais, en vue des gros matchs que les attendent, l'objectif principal est probablement de rentrer à Toulon sans trop de bobos...

Le match...


... ne commence pas très bien pour le RCT, avec un essai cadeau offert par un dégagement de Tilous-Borde contré. Mais la roue tourne et 2 minutes plus tard, van der Merwe marque un essai sur une situation similaire. Les Toulonnais sont devant au score, 10-7, mais ce font égalisés et le reste du match est un chassé-croisé, aucune équipe n'arrivant à creuser l'écart. Finalement la première période se finit 19-16 pour Oyonnax, avec le RCT assez pénalisé, surtout en mêlée, qui subit pas mal les attaques adverses, mais qui sait se montrer efficace sur ses temps forts.

Le retour des vestiaires est favorable aux Toulonnais, qui campent dans les 5m adverses et qui finissent par marquer un 2e essai, par Fekitoa (voire plus bas). Mais le score reste serré, 4 points d'écart, puis seulement 1 suite à une pénalité. Une nouvelle pénalité de Belleau (100% au pied) redonne au RCT 4 points d'écart avec 10 minutes à jouer et les joueurs d'Oyonnax jettent toutes leurs forces pour revenir. Après un long pilonnage dans les 5m toulonnais, une introduction en mêlée peut permettre au RCT de se sortir de cette pression... sauf que le ballon est gagné par les adversaires, qui finissent par marquer l'essai de la gagne à la 79e.

L'action


On joue la 45e minute et une mêlée introduction propre pour le RCT dans ses 22m. Balon sorti proprement, chandelle et ballon coffré quand les joueurs adverses essayent de relancer. Donc une autre mêlée pour le RCT, sur la ligne médiane :


La ligne des trois-quarts est en place, mais le plan de jeu est simple : Tillous-Borde (9) donne le ballon à Tuisova (14) qui va tout droit - il faut 3 défenseurs adverses pour le mettre à terre. Le ballon est sorti vite...


... et envoyé au large, avec Belleau (10) et Fekitoa (13). Comme il n'y a pas de surnombre à l'extérieur, avec seulement Radradra (11) et Ashton (15), le centre joue au pied et sous la pression toulonnaise, le 10 adverse rentre le ballon dans son en-but.

Nouvelle mêlée toulonnaise, à 5m. Elle est refaite une fois et ensuite Oyonnax est pénalisé. Sans surprise, les Toulonnais choisissent la mêlée. Refaite une fois. Refaite encore une fois. Et finalement le ballon peut être joué :


Malgré tous les trois-quarts au large, Tillous-Borde (9) choisit le fermé, il feinte une passe vers Radradra (11), mais essaie de marquer un essai tout seul. Il est mis au sol sur la ligne, le ballon est sorti par le RCT, qui enchaîne... 11 phases de jeu en pilonnant l'en-but adverse, toujours manquant 10 ou 20 centimètres pour marquer l'essai.

Finalement, pour la 12e phase de jeu...


... le demi de mêlée toulonnais choisit de sauter le premier bloc. Belleau (10) reçoit le ballon, le donne à Fekitoa (13), qui préfère aller tout seul, en force, pour marquer le deuxième essai du RCT.

La suite


Avec ce résultat, le RCT reste dans le Top 6, à la 4e place. Tout n'est pas si noir, même si ça reste très serré derrière, avec 4 équipes à égalité des points, 2 de moins que les Toulonnais. Autrement dit, chaque faux pas peut coûter cher, surtout qu'une nouvelle phase de la saison commence maintenant. Des matchs de très haut niveau, en championnat et en Coupe d'Europe, les 4 prochains adversaires des Toulonnais sont Clermont, Racing, Munster et Montpellier. Et pour bien préparer ce sprint final, rien qu'une petite crise et agitation au sein du club, on avait presque oublié, qu'ici, tout est différent.

mardi 20 mars 2018

ASSE - Guingamp, 2-0 (Subotic, Cabella)

Signé Cabella


Joueurs, entraîneurs, supporters, tout le monde est unanime : l'ASSE a réussi une de ses meilleures prestations de la saison lors de la première période contre Guingamp.

Le jeu prôné par Gasset est un jeu de possession, avec une longue phase de préparation, qui a comme but de créer des situations de supériorité à des différents endroits du terrain. Cette supériorité peut être numérique (par exemple un 2-contre-1 dans un couloir), de position (un attaquant dans le dos de la défense, un joueur libre entre les lignes) ou bien qualitative (envoyer en 1-contre-1 un bon dribbleur). Peu importe la situation recherchée, une fois qu'elle est trouvée, il faut faire parvenir le ballon à cet endroit - c'est à ce moment que l'attaque, longtemps préparée, est déclenchée.

Pour une équipe qui évolue en 4-2-3-1, comme l'ASSE, on parle souvent des 4 joueurs "offensifs" : deux ailiers, un avant-centre et un milieu offensif placé "en soutien de l'avant-centre". Sauf que pour les Verts, lors des matchs contre un adversaire qui cherche seulement à défendre, c'est un peu différent. Les deux ailiers sont en fait les deux latéraux : très haut sur le terrain, collés à la ligne de touche. Ils participent à la construction en permettant de bien écarter le jeu, mais surtout à la finalisation de l'attaque avec des centres ou de la présence dans la surface. Le rôle des deux ailiers devient donc d'être en soutien d'un latéral, mais surtout de l'avant-centre (en position de "10" entre les lignes ou à côté de lui), de proposer des solutions dans les espaces créés. 

On peut considérer l'ASSE comme une équipe coupée en deux. D'un côté on a donc 5 joueurs (avant-centre, deux ailiers et deux latéraux) qui proposent des options et attendent que l'attaque soit déclenchée. De l'autre on a 4 joueurs (deux défenseurs centraux, deux milieux axiaux) qui se passent le ballon en attendant la création d'un décalage. Et le liant entre ces deux groupes est fait par le dixième joueur de champ, Cabella, qui est un électron libre, qui participe à la fois à la préparation de l'attaque, mais aussi à l'attaque-même. Comme il le dit lui-même, "ça lui fait du bien de se sentir libre". 

Mais assez avec la théorie, regardons de plus près quelques exemples des mouvements stéphanois en 1MT, avec les nombreux dézonages qui ont fait mal aux adversaires.

Un premier exemple...


Après le premier quart d'heure de jeu, Ruffier dégage un ballon vers Beric, qui perd son duel de la tête :


Le ballon est récupéré et tout de suite mis au sol par Selnaes, qui s'appuie sur Cabella, qui passe en retrait à Gabriel Silva - l'ASSE a récupéré la possession et l'utilisera maintenant pour construire patiemment une attaque :


KMP, Silva de nouveau, Subotic, Perrin, Debuchy et retour, le ballon est gardé dans la défense pour laisser le temps aux équipes de se mettre en place. Sur cette capture d'écran on voit le 4-1-4-1 de Guingamp, ainsi que le 4-2-3-1 de l'ASSE.


Subotic avance avec le ballon, il le donne à M'Vila, qui s'appuie sur Cabella, qui avait décroché et qui lui le rend. Pendant ce temps, KMP se positionne en "10", entre les lignes. Le jeu est envoyé de l'autre côté via Selnaes et Perrin :


Debuchy reçoit le ballon, l'attaque n'est pas encore déclenchée, on est toujours dans la phase de préparation, on cherche à étirer le bloc adverse. Les Verts continuent donc à faire circuler la balle au milieu du terrain :


Cabella propose de nouveau une solution de passe, il sert de relai pour faire parvenir le ballon jusqu'à M'Vila - le choix a été fait de garder une trace de tous ses déplacemenst depuis le debut de l'action. 


M'Vila et Subotic s'échangent le ballon, on est toujours en phase de préparation. KMP se trouve toujours en 10 entre les lignes, Gabriel Silva et Debuchy collent aux lignes de touche. Bamba est très excentré aussi, ce qui étire énormément la défense adverse. Pire, la ligne des milieux est complètement désintégrée : un doit aider avec le duo Debuchy-Bamba sur le côté, deux essayent de couper les angles de passe vers le "10" KMP, et un autre sort pour empêcher Subotic à avancer avec le ballon. Ce qui crée un bel espace pour Cabella entre les lignes, où il se place... 


... et où il est trouvé. Après beaucoup de passes latérales, deux verticales de M'Vila et Selnaes ont déclenché l'attaque. Cabella avance balle au pied, face à la défense et, malgré deux appels de Beric et KMP, il frappe de loin. Le tir est repoussé par le gardien et le ballon sort en touche.

... la suite de l'action... 


Même s'il ne s'agit pas d'une attaque préparée depuis la défense, la suite de l'action est intéressante par rapport aux rôles de latéraux et ailiers. La touche est joué par Debuchy pour Cabella...


... qui combine avec Bamba. Il cherche de nouveau le même coéquipier, mais la passe est interceptée et la possession perdue... 


... pour quelques secondes, le temps que Beric presse et récupère le ballon. Il le donne en retrait à M'Vila pour que le jeu soit organisé :


M'Vila passe à Selnaes, qui reçoit de nouveau le ballon après un jeu à trois dans un petit périmètre avec Bamba et Cabella, avant de lancer Debuchy dans son couloir. Pendant ce temps KMP était entre les défenseurs centraux, en avant-centre, et Beric en "10". Il n'y a pas de décalage créé dans le couloir, alors Debuchy joue en retrait avec Cabella...


... qui voit qu'il y a un incroyable surnombre dans la surface, avec 4 Stéphanois pour 3 défenseurs ! Les deux "ailiers" Bamba et KMP se trouvent axiaux, à côté de Beric, et le latéral opposé, Gabriel Silva, se place dans la surface aussi. Malheureusement Bamba, recherché par le centre de Cabella, n'arrive pas à couper la trajectoire du ballon.

... et un deuxième exemple


Une autre attaque placée de l'ASSE commence à la 21e, avec une circulation du ballon devenue classique :


Cabella décroche de nouveau pour toucher le ballon et KMP prend ça place dans l'axe. M'Vila envoie le jeu à droite jusqu'à Debuchy, puis le ballon revient dans la défense centrale...


... et ensuite c'est Selnaes qui envoie le jeu à gauche, à Gabriel Silva. Pendant ce temps, Bamba reste collé à la ligne de touche, KMP dans l'axe entre les lignes et Cabella a traversé le terrain en largeur, il est maintenant côté opposé du ballon :


Gabriel Silva joue en retrait avec M'Vila, qui cherche et trouve Cabella, une supériorité numérique pour les Vert étant créée à cet endroit du terrain :


Cabella et Bamba combinent dans un petit périmètre...


... mais finalement Bamba est obligé de jouer en retrait. Une fois que le ballon revient pour les 4 derrière, il va se replacer en "10", dans l'axe, à côté de KMP :


Perrin et Subotic font parvenir le ballon jusqu'à M'Vila, qui retourne de nouveau le jeu vers la droite, où Cabella est facilement trouvé par Perrin - son rôle de liant entre les 4 derrière et l'attaque est très explicite sur cette image. Il se trouve face au jeu et le décalage a été créé dans l'axe, entre les lignes :


Les appels en profondeurs de Beric et Bamba (en avant-centre entre les 2 centraux) sont bons et en plus ils ouvrent un bel espace à KMP. Malheureusement Cabella ne le sert pas, mais il élimine son adversaire par un dribble. Comme les appels n'ont pas été suivis, les trois attaquants se retournent...


... et lui proposent tous les trois une possibilité de passe ! Sur cette image on voit les 5 défenseurs (un milieu latéral est descendu bas pour suivre Debuchy) et les 5 offensifs stéphanois plus Cabella en déclencheur de l'attaque. C'est Beric qui est choisi pour un point d'appui et de nouveau la solution choisie est un tir de loin du meneur de jeu stéphanois - son lob passe malheureusement juste au dessus de la transversale.

Conclusions


Il n'y a pas grand chose à dire, c'est très plaisant de voir ces Verts jouer. Le ballon circule bien, il y a une grande maîtrise technique, que ça soit pour les "quatre derrière" qui le font tourner pour trouver des décalages, ou pour les "cinq attaquants" qui combinent régulièrement dans des petits périmètres. Et quand on rajoute tous les déplacements sans ballon, ce dézonage constant, ça devient bien évidemment plus facile à produire du beau jeu. Quant à Cabella, l'électron libre qui joue parfois en dehors du bloc adverse à hauteur des milieux défensifs, parfois en plein coeur du bloc et parfois excentré sur un côté ou un autre, il touche énormément des ballons. Cette belle première période porte clairement sa signature, il faut espérer qu'il y aura plein d'autres dans le futur. 

jeudi 15 mars 2018

RCT - Agen, 54-5 (Ashton x3, Isa x2, Clerc, Delboulbès, Fekitoa)

L'avant-match


La bataille pour les places en phase finale du Top 14 est serrée et après le revers de la semaine dernière, le RCT se trouve obligé de gagner. A domicile, contre une des plus faibles équipes du championnat, qui en plus fera un turnover, tout autre résultat qu'un bonus offensif sera vu comme un échec, même si les Toulonnais déplorent des nombreux absents entre les internationaux et presque tous les 2e lignes blessés (Gorgodze, Rebbadj, Suta, Taofifénua et Attwood). 

Le match...


... a été beaucoup plus difficile pour le RCT que ce que le résultat final laisse penser. Si les Toulonnais ont vite marqué le premier essai du match - le 100e de Clerc en Top 14 !, ils ont aussi encaissé un tout de suite après, à la 10e. Et par la suite, ça a été une possession quasi-continue des Agenais, qui ont souvent poussé le RCT à la faute, mais sans réussir à marquer. Et dans les 10 dernières minutes de la 1MT, dès que les Toulonnais ont pu jouer dans les 22m adverses, ils l'ont fructifié, avec un essai d'Isa et un autre d'Ashton.

Mener 3 essais à 1 à la pause, marquer le 4e essai (le 2e d'Ashton) tout de suite après la reprise, c'était presque inespéré, tant le RCT s'est fait bousculé en 1e période. Et même par la suite, le bonus a été difficile à sécuriser (voire plus bas). Mais ensuite les Toulonnais ont déroulé, laissant le ballon à leurs adversaires et jouant les turnovers à fond, pour trois autres essais (Isa et Ashton de nouveau), dont le dernier, de Fekitoa, sur la sirène.

L'action


On joue la 44e et le RCT vient de marquer le 4e essai, le bonus offensif est virtuellement acquis. Mais sur la remise en jeu, les Toulonnais échappent le ballon en touche et ensuite ils subissent les vagues adverses, qui les poussent jusqu'à leur derniers 5 mètres. Ils encaissent même un essai, annulé à la video, qui donne une mêlée agenaise à 5. Pénalités pour Agen, qui reprend une mêlée, inflige un gros pilonnage et marque de nouveau un essai... annulé à la vidéo, donc de nouveau une mêlée à 5. Il n'y a rien à dire, le RCT subit gravement et le point du bonus ne tient pas à grande chose :


La mêlée n'est pas stable, mais le 9 arrive à sortir le ballon, pour son demi d'ouverture... qui l'échappe dans les bras de Radradra (13) ! Le jeu est très vite envoyé à l'extérieur avec Tuisova (14) et ensuite Ashton (15) et les Toulonnais partent en contre :


Malgré un surnombre évident à l'intérieur, Ashton choisit de jouer au pied et c'est finalement l'arrière adverse qui s'empare du ballon dans ses 22m. Les Agenais font quelques points de fixations pour permettre à tout le monde de se replacer...


 ... et s'en sortent avec un dégagement au pied du 10...


... qui ne trouve pas la touche, mais les bras d'Isa (7) ! L'Argentin relance tout de suite, profitant de support d'Ashton (15), qui sert Fekitoa (12) à l'aile. Le centre n'arrive pas à franchir, le contest adverse dans le ruck empêche une libération rapide, mais les Toulonnais y arrivent et ils envoient le jeu au large :


Fernandez-Lobbé (6) passe à van der Merwe (3), qui allonge vers Radradra (13). Un trois-contre-trois se prépare, le centre fixe un défenseur avant de servir Lakafia (8), qui franchit entre les deux derniers Agenais :


Il ne reste plus qu'un défenseur, à l'intérieur il y a Ashton (15) et Mathewson (9), sur l'aile il y a Tuisova (14)... mais Lakafia ne sert personne directement. Il arrive par contre à passer après contact à Radradra (13), qui avait suivi, et qui offre l'essai à Deboulbès à quelques mètres de l'en-but. C'était le 5e essai du RCT, celui qui fait le "break" pour le bonus (Agen en avait marqué un seul). Et il arrivait après une longue période passée dans les 5m Toulonnais, comme un coup de massue qui pliait le match définitivement.

La suite


Il reste un doublon avant le début des gros matchs. Entre les blessés et les internationaux (parfois les mêmes), c'est une période clairement pas facile pour le RCT. Mais cette large victoire fera du bien au moral et si elle est bonifiée par une autre, à Oyonnax, le sprint final sera abordé de la meilleure des manières, avec le moral et un bon matelas points.

lundi 12 mars 2018

Rennes - ASSE, 1-1 (Subotic)

Du surplace (2)


Même si les Verts continuent leur série d’invincibilité, ce nouveau match nul ne leur permet pas d'avancer, de s'éloigner de la zone rouge ou de se rapprocher de l'Europe.

Le scénario du match à Rennes, avec une égalisation concédée dans les dernières minutes, à de quoi laisser un goût amer aux supporters stéphanois. Par contre, si on regarde le début de la partie, les Verts peuvent s'estimer heureux d'avoir ouvert le score : ils ont subit une grosse pression lors des 25 premières minutes, avec seulement 38% de possession et 8 tirs à 1 pour les Rennais. L'ouverture du score a fait mal aux adversaires, mais on aurait pu s'attendre à une réaction dès le retour des vestiaires, sauf que les Stéphanois ont intelligemment pris le contrôle du ballon : 58% lors des 5 premières minutes de la 2MT. Les 5 minutes suivantes ont représenté un tournant du match : plusieurs grosses occasions ratées par les Verts, qui auraient pu tuer tout simplement tout le suspens - ils l'ont pas fait et ont recommencé à subir de plus en plus, finissant par se faire rejoindre sur la fin.

Projections rapides


Cette période charnière en début de la 2MT mérite une analyse plus détaillée, parce qu'elle illustre bien le style de jeu utilisé par l'ASSE pour attaquer. A la 51e, Debuchy intercepte un centre adverse et porte le ballon hors de la surface :


Il ne cherche pas Cabella droit devant comme dans un contre classique, mais plutôt KMP, excentré à gauche, qui joue en retrait avec Subotic. M'Vila et Cabella s'excentrent aussi et le premier reçoit le ballon grâce à une première passe verticale :


Une deuxième pour servir KMP dans sa course, puis deux autres...


... lorsque Cabella est utilisé en appui pour le un-deux et tous les milieux adverses ont été dépassés, les 3 défenseurs qui restent doivent défendre en reculant :


Les appels de Hamouma, Debuchy et Bamba en profondeur offrent plusieurs possibilités à KMP, qui malheureusement rate sa passe. Le ballon est dégagé par la défense, mais facilement intercepté par Subotic, qui sort balle au pied :


M'Vila et Hamouma sont sur le côté, Cabella y va aussi. Ils combinent entre eux, dans un petit périmètre, sans être attaqués, en train de préparer l'attaque suivante et surtout en calmant le jeu :


Hamouma se projette vers l'avant, Cabella joue en arrière avec Gabriel Silva...


... qui redonne à M'Vila, qui lance en profondeur KMP et Hamouma, qui s'étaient préparés pour ce sprint :


Le premier récupère le ballon et échange plusieurs petites passes avec Hamouma...


... avant de redonner le ballon en retrait à M'Vila, qui utilise encore une fois une longue passe :


Une transversale qui trouve Bamba dans la surface, sa remise en retrait pour Debuchy est parfaite, mais la reprise de volée du latéral n'est pas maîtrisée et le ballon passe au dessus. 

L'attaque placée rennaise sur cette remise en jeu nous permet de voir le dispositif défensif des Stéphanois, en 4-4-2, ou plutôt 4-4-1-1 :


Pour des raisons de place, on passe les deux minutes suivantes (attaques stériles de Rennes contre ce bloc stéphanois et une autre attaque "passe longue de M'Vila" de l'ASSE) et on reprend après un centre rennais mal assuré : sortie de but, remise en jeu pour Ruffier. Ce n'est donc pas un contre... 


... mais le ballon circule si verticalement que ça y ressemble fortement. Ruffier pour Subotic, pour M'Vila, pour Cabella, pour KMP. Et le classique un-deux, avec Bamba en appui...


... et KMP s'échappe seul contre le gardien, sa frappe heurtant malheureusement la transversale. C'est la fin du temps fort stéphanois en début de la 2MT et le break n'est pas fait.

Changer les joueurs, pas le système


Le staff stéphanois est consistant dans ses choix tactiques. Pour l'utilisation du ballon, il existe plein d'exemples comme le précédent, avec des projections rapides vers l'avant, des passes verticales et l'utilisation d'un coéquipier en point d'appui - le premier exemple dans ce match apparaît d'ailleurs à la 2e minute. Mais la consistance tactique est aussi visible dans le bloc défensif proposé sans le ballon, le 4-4-2 aperçu dans l'exemple précédent.

Avec un Beric malade et un Tannane qui n'a pas encore la confiance du staff, les solutions offensives sur le banc étaient limitées. Et pourtant, les changements de Bamba et Hamouma n'ont rien modifié au système de jeu, qui a été maintenu malgré la pression adverse grandissante. Quand Diousse est entré à la place du premier, il a joué comme milieu gauche et c'est Hamouma qui a fait paire avec Cabella en premier rideau :


Ensuite, quand Hamouma est sorti remplacé par Hernani, la ligne des 4 milieux est restée inchangée et le 4-4-1-1 est de nouveau visible (avec Cabella plus avancé qu'Hernani) :


D'ailleurs, la phase de jeu dans cette image est à l'origine d'une action qui mérite d'être "revue". Sans solutions, les Rennais essayent un jeu long, intercepté  par KMP...


... qui donne le ballon à Selnaes, avant de se projeter rapidement vers l'avant. Passe verticale en appui sur Cabella, qui sert KMP dans sa course et le contre est bien parti :


Les 4 éléments "offensifs" des Verts (les deux devant et les deux excentrés dans un 4-4-2) se projettent vite vers la surface adverse, dans laquelle KMP entre avec le ballon, avant de le donner à Cabella :


L'angle est ouvert, les coéquipiers libres au 2e poteau... et la frappe de Cabella frôle le poteau avant de sortir. Une autre grosse opportunité de tuer le match, avec la même construction que les précédentes - malheureusement l'occasion est ratée et Rennes égalise quelques minutes plus tard...

Conclusions


Le résultat du match est clairement frustrant, non seulement l'ASSE a concédé un but dans les dernières minutes, mais surtout il y a eu des nombreuses occasions pour se mettre à l'abri auparavant. Un match nul à l'extérieur n'est pas forcément mauvais, mais ça ne fait pas avancer au classement, les Verts continuent à faire du surplace dans le ventre mou : le maintien n'est toujours pas formellement assuré (même si en très bonne voie) et l'Europe devient de plus en plus difficile à chercher (même si pas très éloignée pour l'instant). Mais si on laisse de côté le résultat et on s'intéresse à la qualité de la prestation stéphanoise, quel plaisir de voir les Verts développer ce style de jeu, de pratiquer un si beau football ! La répétition des certains mouvements n'est clairement pas le fruit du hasard, la transformation de l'ASSE réussie par le staff en espace de deux mois et demi est impressionnante.