mardi 27 avril 2021

Le sprint final du RCT

Le sprint final commence ce weekend pour le RCT, qui a encore 6 matchs à disputer lors de la phase régulière, avec comme but de se qualifier pour les phases finales. Les Toulonnais sont actuellement 7e, à un petit point de la 6e place, qualificative, mais les calculs sont compliqués par les matchs en retard.

Il est peu probable de pouvoir accrocher un quart de finale à domicile (3e ou 4e place), il y 7 points d'écart et malgré un match en plus à disputer pour le RCT, le Racing et Clermont jouent trop bien pour laisser autant de points en route.

Il faut donc se concentrer sur la lutte pour la 5e/6e place (+ ou - sur qui a l'avantage points terrain contre le RCT) :

5. Lyon 56p (+) : Castres, Brive, Paris, Agen

6. Bordeaux 53p (+') : Bayonne, Agen, Castres, RCT, Toulouse, Montpellier

7. RCT 52p : Agen, Toulouse, Montpellier, Clermont, Bordeaux, Castres

8. Castres 51p (-') : Bayonne, Lyon, Bordeaux, Brive, RCT

9. Paris 49p (-) : Racing, Brive, Montpellier, Lyon, Bayonne


Le RCT a l'avantage d'un match en plus à disputer et de jouer deux concurrents directs lors des deux dernières journées - ce seront probablement des vrais huitièmes de finale. Lyon a moins de matchs à disputer, mais relativement simples. S'ils gagnent 3 sur 4, ça oblige le RCT d'en gagner 4 sur 6 et comme il y a Toulouse et Clermont, ça revient aux huitièmes de finale, gagner contre Bordeaux et Castres. Bordeaux à 6 matchs à disputer aussi, dont plusieurs abordables. S'ils gagnent 3 sur 5, ça se jouera lors de l'avant-dernière journée, RCT - Bordeaux. Castres rencontre plusieurs adversaires directs avant la dernière journée et la réception du RCT - s'ils seront toujours en course à ce moment-là, ça veut dire que Lyon et Bordeaux ne le seront probablement plus. Paris n'a pas des matchs faciles et il est peu probable de les voir faire 5/5 pour passer devant un RCT qui en fera 4.


Pour les Toulonnais, ce mois de mai sera très tendu, avec 4 matchs à disputer avant la fin du mois et la réception de Bordeaux. Pour qu'ils soient toujours en course à ce moment-là, il faut au minimum 2 victoires, probablement Agen et Montpellier (*). Une 3e victoire (Toulouse ou Clermont) peut leur permettre d'avoir un joker à griller contre Bordeaux et/ou Castres, mais ça dépend beaucoup des autres équipes et notamment les confrontations directes Castres - Lyon le 7 mai et Bordeaux - Casters une semaine plus tard.

(*) la demi-finale de Challenge Cup de Montpellier (samedi 1 mai à Bath) est importante aussi, une qualification de Montpellier obligera le RCT de jouer en semaine contre eux, entre les confrontations contre Toulouse et Clermont. Ce qui peut être le cas de toute façon, la rencontre Bordeaux - Montpellier devant être casée aussi avant la fin de la saison...


Bref, il faut faire le maximum de points contre Agen samedi 1 mai, ne pas laisser trop de plumes contre Toulouse une semaine après, pour pouvoir gagner ensuite soit après 3 jours contre Montpellier ou après 7 jours contre Clermont. C'est seulement mi-mai, après cette dernière rencontre, qu'on verra plus clair où le RCT s'en situe et quels résultats lui sont nécessaires lors des 2-3 dernières journées.

dimanche 25 avril 2021

ASSE - Brest, 1-2 (Khazri)

Gérer une rencontre


Les Verts se sont inclinés contre un concurrent direct après une grosse débauche d'énergie qui leur a permis d'étouffer leurs adversaires, mais qui n'a pas été concrétisée au tableau d'affichage.


Les protégés de Claude Puel ont mis les ingrédients nécessaires pour prendre le dessus sur leurs adversaires, leur pressing haut et les ballons récupérés leur permettant de se montrer dangereux. Mais ils n'ont pas profité et finalement c'est le Stade Brestois qui a gagné, avec surtout beaucoup plus d'arrêts effectué par le gardien stéphanois. Dans sa conférence de presse, le manager sportif de l'ASSE souligne la dépense d'énergie de ses joueurs : "on n'a pas réussi à gérer cette rencontre sur la durée après une très bonne entame (...) on a eu du mal à terminer notre première période, notamment sur un plan physique (...) on a eu du mal physiquement pour maintenir un certain rythme et une certaine pression sur l’adversaire (...) après un bon début de match, on a eu du mal à maintenir le rythme physiquement (...) on a manqué de carburant".

Voici quelques exemples de la tactique très énergivore des Verts, qui a failli fonctionner, mais qui à la fin leur rapporte zéro points contre un concurrent direct. 


1MT : pressing haut et contre-coup physique


Pour ce match, le staff stéphanois a choisi d'aligner d'entrée tous les 3 milieux axiaux aptes, dans un triangle pointe basse avec Gourna-Douath derrière le duo Camara - Zaydou :


Un 4-3-3 avec le trio Aouchiche - Khazri - Nordin devant, contre un 4-4-2 classique du côté de Brest. Sans ballon, le 4-3-3 devient un 4-1-4-1 et dans le cas des Verts, la ligne de 4 milieux était bien haute en début de match :


Un placement haut pour empêcher les relances propres adverses, avec en plus un bonus déclenché quand le ballon arrivait sur un point faible identifié. Dans ce cas, quand le défenseur central axe gauche recule pour offrir un passe en latéral à son gardien : 


Khazri sprinte vers le gardien, Nordin vers ce défenseur central et Debuchy vers le latéral du même côté. Vu que son coéquipier est pris et sans aucune possibilité de passe (Camara coupant l'angle vers l'axe), le défenseur panique, essaye de monter balle au pied et Nordin intercepte. Le ballon arrive à Khazri et les Verts ouvrent le score. 


Le pressing haut a continué, avec les Stéphanois qui ont récupéré très souvent la possession dans le camp adverse. Et quand il s'agissait de déclenché un pressing, on peut observer le même déclenchement dans cet exemple à la 32e minute :


Tout commence avec une touche brestoise à droite, avec un pressing d'Aouchiche qui oblige les défenseurs de jouer en arrière, jusqu'au gardien. Qui joue en latéral à sa gauche, avec le même défenseur central...


... et donc le pressing stéphanois démarre, avec Aouchiche qui continue sa course vers le gardien, Nordin vers le défenseur et Debuchy vers le latéral, avec Camara qui couvre l'axe. Pas de possibilités de sortir, le pressing continue...


... et quand le ballon arrive au latéral, Debuchy s'y trouve à côté. Le ballon sort, la touche est brestoise, mais elle change de main suite à un nouveau pressing. Et sur la remise en jeu de Debuchy, Gourna-Douath s'infiltre dans la surface, mais son centre en retrait est repoussé en corner par un défenseur.

C'était la dernière occasion stéphanoise de la première période, les Verts payant ensuite le prix de leurs efforts physiques. Et s'ils ont eu le ballon 45% du temps jusqu'à cette action, ils n'ont eu plus que 17% de possession le reste de la mi-temps.


2MT : temps forts regrettés 


La pause a permis aux Verts de retrouver de l'énergie, mais le staff a aussi procédé à des changements pour préserver les forces. D'abord tactiquement, les Stéphanois sont passés en 4-2-3-1 / 4-4-2, avec Zaydou qui a pris le couloir gauche et Aouchiche qui est monté en soutien de Khazri :


Moins de pressing haut, mais un bloc en place et une tactique toujours basée sur des ballons de récupération. Et pour apporter de la fraîcheur, les trois offensifs titulaires sont sortis à la 55e, avec Abi, Hamouma et KMP entrant, du poste pour poste :



Ces changement ont débuter un temps fort pour l'ASSE, basé sur le bon jeu dos au but d'Abi, son entente avec Hamouma et surtout des projections rapides suite à des ballons récupérés. Un premier exemple commence à la 56e avec un dégagement du goal adverse...


... repoussé de la tête par Debuchy, jusqu'à Abi, qui protège bien et laisse le ballon tomber dans la course d'Hamouma, qui entre ainsi dans la surface :


Il essaye de redonner à Abi, mais sa passe est interceptée. Les Brestois se dégagent... mais ils ne peuvent pas aller loin :


Camara, KMP et Moukoudi serrent immédiatement un avant-centre qui avait décroché pour essayer de garder le ballon et la possession est de nouveau stéphanoise. KMP lance Debuchy dans le couloir droit...


... avant de se projeter et recevoir le ballon de la part de Hamouma, lancé dans le couloir à son tour. Un jeu à trois qui fonctionne très bien et quand KMP se trouve en position de centre, il voit Zaydou, qui venait du côté opposé...


... et qui se trouve tout seul au point de penalty, mais qui rate le cadre, gâchant une énorme occasion pour les Verts. 


Quelques minutes plus tard, c'est lui qui récupère un ballon dans la moitié stéphanoise, suite à une attaque placée adverse et un jeu facile à lire :


Zaydou lance de suite Hamouma à gauche, mais celui-ci préfère temporiser et le ballon est gardé un peu dans le couloir avant d'être envoyé vers la défense :


La phase de transition se transforme en attaque construite, avec le jeu qui est envoyé sur le côté opposé et un Gourna-Douath très présent, qui propose beaucoup de solutions. S'il est à gauche sur cette image...


... il est à droite 10 secondes plus tard, pour un jeu en triangle avec Debuchy et KMP. Ce dernier perd le ballon, le Stade Brestois essaie de se projeter vers l'avant, mais les Verts sont en place...


... et Zaydou intercepte de nouveau une passe. Et encore une fois, il lance une attaque rapide, en s'appuyant sur Abi, qui lance Hamouma, qui cette fois-ci ne temporise plus :


Il arrive à l'entrée de la surface, son entente avec Abi fonctionne bien et Trauco s'était vite projeté et se trouve là pour combiner :


Il trouve avec une passe lobée Hamouma, qui s'était décalé dans l'axe, et qui voit sa reprise de volée sortie par le gardien.

Une autre grosse occasion pour les Verts et le troisième et dernier tir cadré de leur part (à part le but de Khazri, Camara avait aussi cadré une frappe une minute avant cette action). C'était la dernière vraie occasion pour l'ASSE, qui encaisse un but sur coup-franc direct une minute plus tard et qui accuse le coup, encaissant un autre un quart d'heure avant la fin, sans avoir les ressources pour revenir ensuite.


Conclusions


Tactiquement, ce match a été bien préparé par les Verts, qui ont étouffé leurs adversaires avec leur pressing et qui ont été nettement supérieurs pendant leurs temps forts, 30 minutes lors de la 1e période et 20 lors de la 2e. Mais c'était une tactique très énergivore et les fins de mi-temps ont été difficiles. Ce qui a été rédhibitoire, vu que les Stéphanois n'ont pas su plier le match quand ils ont pris le dessus, mais surtout parce qu'il n'y avait pas la profondeur de banc nécessaire - tous les milieux axiaux disponibles étaient titulaires. Et malgré la présence de pas mal de joueurs expérimentés, les protégés de Claude Puel n'ont pas su gérer le rythme du match : "il nous a manqué plus de maîtrise dans les moments où on aurait dû souffler", payant cher les efforts fournis. Bref, un groupe toujours en apprentissage...

lundi 19 avril 2021

PSG - ASSE, 3-2 (Bouanga, Hamouma)

On a payé pour apprendre


Les Verts se sont inclinés à Paris au bout du temps additionnel, au terme d'un dernier quart d'heure de folie, avec plusieurs rebondissements.

Les Stéphanois ont su résister pendant plus d'une heure à une équipe à lutte pour le titre et qualifiée pour les demi-finales de la Ligue des Champions. Et leur solidité a été bonifiée par l'ouverture du score à un quart d'heure de la fin - les protégés de Claude Puel ont cru avoir fait le plus dur. Et ça leur a été fatal, comme le souligne leur entraîneur : "On a laissé échapper un gros résultat. On a surtout manqué de concentration après avoir marqué (...) on est un peu sortis du match. Ce sont des erreurs de jeunesse qui se paient cash, on a payé pour apprendre".

Même si le sort du match a été décidé lors des 15 dernières minutes, avec 5 buts marqués, la physionomie de la partie jusqu'à ce moment est intéressante aussi. Les Verts ont montré un visage très intéressant d'un point de vue état d'esprit et investissement, répondant présent avec leurs armes à eux, malgré une supériorité parisienne dans plusieurs domaines. Voici quelques exemples.



Le choix tactique du staff stéphanois pour ce match a été un 4-4-2 avec la défense et le milieu classiques, Hamouma et Khazri en attaquants et deux milieux excentrés avec un profil défensif, Zaydou et KMP :


Le bloc équipe a eu du mal contre le 4-3-3 parisien, notamment au milieu, où les 3 adversaires, aidés par un ailier droit très axial, ont pris le dessus, surtout en début de match. Dans cet exemple à la 7e minute, le PSG prépare une attaque sur la ligne médiane. On observe bien le déséquilibre gauche-droite par le positionnement de l'ailier droit dans l'axe, entre les lignes.


Ça continue à combiner dans la même zone, en dehors du bloc stéphanois, donc les milieux axiaux Camara et Neyou ne peuvent pas vraiment intervenir sans quitté leur ligne, laissant pour Khazri et Hamouma la tâche de récupérer le ballon. Jusqu'au moment où l'attaque est déclenchée :


Les trois milieux parisiens s'écartent, pour la première fois sur la même ligne. Khazri et Hamouma ne suffisent plus, Neyou sort sur un d'entre eux, laissant derrière lui un adversaire - l'ailier droit - libre entre les lignes. Il est trouvé et le milieu qui a déclenché l'attaque se projette pour être à la conclusions d'un magnifique jeu en triangle. Les deux lignes stéphanoises ont été passées et le latéral droit est libre dans son couloir : il est lancé, mais son centre est repoussé de la tête. 

Quelques minutes plus tard, une action similaire avec toujours un ballon travaillé à hauteur de la ligne médiane, en phase de préparation :


Les Verts sont en place, mais avec un positionnement assez axial des excentrés, KMP dans ce cas surveille un milieu axial parisien. Et comme l'ailier droit se place dans la même zone, le côté gauche du bloc stéphanois est concentré à un endroit, laissant libre le couloir : 


Le latéral droit est de nouveau lancé libre dans son couloir, son centre est de nouveau repoussé. Les attaques parisiennes ont continué et très souvent elles ont suivi le même schéma : amener le ballon l'axe dans le dos des milieux stéphanois avant de le donner dans un couloir (à droite pour un centre, à gauche pour un débordement).


Quant aux Verts, ils ont eu du mal à ressortir proprement de leur camp, la faute à un pressing adverse, mais aussi à une équipe coupée en deux :


A la 11e minute, les Stéphanois combinent dans leur propre moitié à la recherche d'une passe vers l'avant. Le bloc parisien est haut, avec 6 joueurs dans la moitié adverse et les Verts ont du mal à s'en sortir. La tâche n'est pas facilitée par le positionnement des excentrés, Zaydou et KMP étant sur la même ligne que Khazri et Hamouma, dans la défense. Aucun joueur décroche pour proposer une solution et le ballon est envoyé vers Green, qui joue long à destination de Zaydou. Le ballon est perdu.

5 minutes plus tard, une situation similaire, avec le dégagement vers la droite gagné par Debuchy, qui donne le ballon à Neyou...


... qui joue avec Moukoudi, qui change de côté. C'est plutôt bien vu, Hamouma est en soutien de Trauco et les deux Stéphanois ont une carte à jouer dans ce couloir. Mais la transversale est mal ajustée et le latéral des Verts peine à garder le ballon dans l'aire de jeu. Il est ensuite obligé de jouer vers l'arrière...


... et le ballon arrive de nouveau dans les pieds de Green. Des Parisiens se projettent immédiatement pour intercepter une passe vers les côtés, mais aucun offensif stéphanois ne décroche pour proposer une solution de jeu court. Green cherche Trauco, mais son dégagement est imprécis et le latéral ne peut que dévie en touche.


Il fallait donc plus de précision dans leur jeu long si les Verts voulaient s'en sortir. Et c'est enfin arrivé à la 20e minute :


Les Stéphanois récupèrent le ballon dans leurs 30 mètres et Hamouma part en contre, mais le jeu est ensuite calmé, la défense adverse étant plutôt bien en place. Le ballon est renvoyé en arrière avec les milieux axiaux... 


... et les défenseurs. Cissé et Trauco échangent à nouveau des passes et le premier change de côté avec une longue transversale, très précise. Et cette précision change tout, les Verts sont en supériorité numérique dans un couloir, dans la moitié adverse :


Debuchy lance Zaydou en profondeur, qui lui redonne le ballon dans la course. Du jeu très simple, mais efficace, et le capitaine stéphanois a le ballon dans la surface adverse :


Malheureusement, Khazri ne fait pas l'appel au premier poteau pour attirer la défense et libérer le point de penalty pour une passe en retrait à destination d'Hamouma. Le centre de Debuchy dégagé par la défense, mais cette action a été un des tournants du match. Les Verts ont pris confiance et si jusqu'à là ils avaient eu beaucoup de mal avec le ballon, ils ont commencé à être beaucoup plus tranchants. Ils ont toujours subi au milieu quand ils n'avaient pas la possession (trois quarts du temps !), mais ils ont aussi su se montrer dangereux le reste du temps.


Et les changements effectués à la pause ont clairement montré les intentions stéphanoises. Les deux milieux excentrés ont été remplacés, du poste pour poste, mais des profils bien plus offensifs, Nordin et Bouanga entrant à la place de Zaydou et KMP :


Même bloc en 4-4-2 et même animation parisienne, avec des offensifs très axiaux qui libèrent les couloirs pour les latéraux et cette recherche d'une passe vers un joueur entre les lignes, avant de décaler sur un côté, à gauche dans cet exemple. 


Le centre est dégagé une nouvelle fois par Cissé et le ballon est récupéré par Hamouma. Qui traverse le terrain en largeur à la recherche d'une solution vers l'avant : 


Il s'appuie d'abord sur Debuchy, avant de lancer Nordin dans le couloir droit, où l'ailier stéphanois peut faire parler sa vitesse. Il est accompagné dans ce contre par Bouanga...


... qui est malheureusement trop court pour reprendre le centre de son coéquipier. Mais les intentions des Verts et le rôle des deux entrants sont clairs. 

Un autre tournant du match a été la blessure de Debuchy peu avant l'heure de jeu - non seulement l'expérience du capitaine stéphanois a manqué par la suite, mais ses coéquipiers ont eu du mal dans le couloir droit pour le reste du match. Camara a récupéré le brassard de capitaine et la responsabilité de défendre sur M'Bappé, pendant que Moueffek est entré au milieu :


Aouchiche est aussi entré à la place de Khazri, prenant vraiment la place dans la ligne de deux, laissant les couloirs pour Nordin et Bouanga ou Hamouma. 



Conclusions


Comme le résume Claude Puel, "ce match s’est joué sur des détails, notamment après les buts qu’on a inscrits". C'est dommage pour ses protégés d'avoir encaissé un but immédiatement après avoir réussi à en marquer, à deux reprises. Un résultat frustrant, qui n'est pas si important d'un point de vu comptable, mais qui peut faire mal à la tête après tous les efforts consentis. Les Verts ont une nouvelle fois montré des vraies valeurs de solidarité, mais aussi de la confiance dans leurs propres forces, même contre des adversaires d'un niveau supérieur. Et c'est sur ce genre de fondations que ce groupe peut se construire. Tout n'est pas à jeter, cette défaite est une expérience qui peut servir pour la suite, à condition bien sûr que son cruel scénario soit bien digéré.

lundi 12 avril 2021

ASSE - Bordeaux, 4-1 (Khazri x3, Zaydou)

Les voyants sont au vert


Les Stéphanois ont réussi à enchaîner avec une deuxième victoire consécutive après leur succès à Nîmes, contre contre un autre adversaire direct, Bordeaux, et assurent ainsi encore plus leur maintien.

On peut retenir de ce match les 3 penalties sifflés, pas toujours évidents. Ou les 3 buts de Khazri - même s'ils n'ont pas été marqués dans le jeu, ils ont permis aux Verts de renverser le cours d'un match qui avait mal débuté et qui est finalement devenu plutôt simple. Avec une difference d'état d'esprit très importante entre les deux équipes.

Une fois n'est pas coutume, cette analyse essayera de mettre en évidence l'envie que les différents acteurs ont affiché lors de cette rencontre. Le dépassement de rôle bien visible côté stéphanois et complètement inexistant côté girondin. Mais avant cela, un petit detour sur le rôle joué par Hamouma. 


Hamouma, excentré ou axial ?


Le staff stéphanois a choisi de reconduire le même système que lors de la victoire à Nîmes, un 4-1-4-1 avec Neyou en sentinelle et une paire de relayeurs Aouchiche - Camara :


Khazri a été maintenu en avant-centre, les seuls changements dans le 11 de départ étant les apparitions de Hamouma à la place d'Abi sur l'aile droite et de Gabriel Silva en latéral gauche. Ces deux changements peuvent générer des questions (le fait d'avoir préféré Silva à Kolo, une éventuelle mise à l'écart d'Abi), mais c'est le choix d'aligner Hamouma en ailier qui a été le plus surprenant.

En début de saison, l'entraîneur et le joueur avaient déclaré qu'Hamouma n'a plus les jambes pour jouer dans un couloir et qu'il sera repositionné dans l'axe. Et même s'il a souvent jouer dans un couloir dans ce match, c'est plutôt dans l'axe qu'il a été le plus dangereux, comme dans cet exemple à la 13e minute :


Une phase de construction classique en 4-1-4-1, avec la sentinelle Neyou qui descend au niveau de la défense pour organiser le jeu et deux milieux centraux situés un peu plus haut. Les Bordelais (qui ont joué en 4-2-3-1) sont présents dans la moitié stéphanoise et... dans le dos de leurs milieux on trouve Hamouma, qui a quitté son aile :


La belle passe verticale de Neyou trouve Khazri, qui dévie dans l'axe pour son coéquipier, qui se présente seul face au gardien, mais qui ne cadre pas sa frappe.


Le match résumé dans une action


L'animation offensive stéphanoise ne s'est pas résumé à un ailier qui se place dans l'axe, ça serait trop simpliste. Elle a été plus variée que ça et surtout, on peut parler d'une vraie animation (un terme qui suggère du mouvement), surtout si on compare à l'utilisation du ballon des Girondins. Voici un long exemple qui illustre bien la différence entre les deux équipes.

Bordeaux commence à construire une attaque en partant de la défense, avec le soutien d'un des milieux axiaux, pendant que le bloc stéphanois est en place, même si assez haut et étiré :


On voit bien Neyou en sentinelle dans la zone du "10" adverse et Khazri qui essaye de gêner la participation du milieu défensif bordelais. Du classique donc. Après des échanges de passe dans leurs propres 30 mètres, les Girondins envoient le ballon à droite et le bloc des Verts recule :


Le couloir est bloqué, le ballon revient dans les pieds des défenseurs et milieux défensifs. Les Bordelais continuent à se le passer, mais toujours en latéral, avec de temps en temps des sorties d'Aouchiche ou Camara pour leur mettre la pression :


Neyou couvre dans le dos d'Aouchiche, Hamouma serre le "10" adverse, pendant que Bouanga tient le couloir, où le ballon est de nouveau envoyé. Des joueurs offensifs appliqués sur les tâches défensives, un travail facilité par le jeu stéréotypé et lent de leurs adversaires. Un jeu bien lu par Neyou, qui intercepte la passe vers l'ailier droit, qui concède une faute à cette occasion. C'était la première fois que le ballon avait passé la ligne médiane sur cette possession bordelaise...

Neyou joue le coup franc et ce sont les Verts qui doivent maintenant construire, avec au début les mêmes passes entre défenseurs et la sentinelle :


Bloc adverse en 4-4-2 et positionnement très haut d'Aouchiche, sur la même ligne que les 3 offensifs. Pendant que le ballon est gardé au niveau de la défense, il faut suivre les mouvements de Bouanga, Aouchiche et Khazri. Mais aussi de Camara, qui vient relayer le ballon...


... qu'il reçoit de la part de Neyou. Bouanga decroche et Khazri fait semblant de faire un appel en profondeur dans cette zone. Le but n'est pas forcément de recevoir le ballon, mais d'étirer le bloc adverse, ce qui profite à Aouchiche, qui n'a quasiment pas bougé :


Il a donc de l'espace entre les lignes, où il est trouvé par la passe verticale de Camara et où il trouve... le même coéquipier, qui se projette à son tour dans cet espace. Finalement les deux relayeurs ne jouent pas vers l'avant, Camara se retourne avec le ballon et cherche d'autres solutions :


Hamouma et Debuchy se trouvent dans le couloir droit et le premier sprinte pour offrir un angle de passe et de servir ainsi en point d'appui, avec un une-deux pour placer de nouveau Camara entre les lignes, face au jeu :


Bouanga appelle le ballon dans le dos de la défense à gauche, mais c'est surtout l'appel de Debuchy à droite qui est parfait. Le latéral gauche girondin étant monté, une simple passe en profondeur entre les défenseurs lancerait le capitaine stéphanois dans la surface. Finalement, Camara s'appuie sur Khazri, qui lui redonne le ballon, qui est ensuite donné en latéral à Neyou, qui arrive lancé. Son tir de loin passe à côté du cadre.

Si les Verts n'ont pas marqué sur cette action, ils ont montré beaucoup d'envie dans leurs courses et appels, avec du mouvement, des espaces créés, des combinaisons dans le bloc adverse. Bref, tout ce que leurs adversaires ont eu du mal à proposer.



Conclusions


Cette saison, il y a eu des matchs "ratés", où le staff stéphanois a du effectuer plusieurs changements, des joueurs ou de système, dès la pause. Mais il y a aussi eu des matchs réussis, où les remplaçants ont tous été du poste pour poste, où le même système a été en place du début jusqu'à la fin du match :


Contre Bordeaux, comme lors du match précédent, sur les 6 titulaires au milieux et en attaque, 5 ont été remplacés, seulement Camara jouant toutes les 90 minutes (Moueffek, Nordin, Zaydou, KMP et Abi sont rentrés). Mais toujours en préservant l'équilibre dans une équipe qui a maîtrisé son sujet et qui a été clairement supérieure à son adversaire du jour.

Deux matchs consécutifs réussis, contre deux adversaires directs, les Verts ont répondu présent au meilleur moment, pour confirmer ainsi leur maintien et s'offrir une fin de saison tranquille. Les quelques matchs qui restent leur permettront d'emmagasiner de la confiance et de l'expérience pour la saison prochaine, avec l'espoir qu'elle donnera plus souvent l'occasion de voir des prestations maîtrisées comme celle-ci...

lundi 5 avril 2021

Nîmes - ASSE, 0-2 (Khazri, Bouanga)

Mission accomplie


C'était un match qu'il fallait surtout pas perdre, et les Verts l'ont même emporté, faisant ainsi un énorme pas vers le maintien...

Une défaite à Nîmes aurait placé l'ASSE à seulement un point devant la 17e et 18e place du championnat, donc avec une grosse pression pour le reste de la saison. La victoire leur offre un matelas très confortable par rapport à la zone rouge et l'enjeu du match a mis son empreinte sur la physionomie du match. Comme le souligne d'ailleurs Claude Puel qui rappelle aussi les difficultés rencontrées avant le match : "on perd Moulin la veille du match, puis Nordin à l'échauffement. Ce sont plein de choses qu'on ne peut pas maîtriser (...) les deux équipes étaient un peu timorées dans le jeu au départ".

Mais ce sont bien ses protégés qui ont fini par maîtriser les débats et qui ont logiquement gagné : "on a essayé d'évoluer bien en bloc, de les attendre puis de jouer proprement dès la récupération. Ce sont des matches qui peuvent se jouer sur pas grand-chose. Il faut garder la maîtrise". Voici quelques exemples.


Profiter du jeu long nîmois


Pour ce match, le staff stéphanois a fait le choix d'un 4-1-4-1 avec une défense classique Debuchy - Moukoudi - Cissé - Trauco, devant un gardien qui faisait ses débuts, Etienne Green :


Si c'était une titularisation forcée par les blessures de Moulin et Bajic, le choix d'aligner Khazri en avant-centre, Abi en ailier gauche et Aouchiche en milieu relayeur était tactique.


On le savait, l'animation offensive nîmoise se fait à partir des longs ballons avec des milieux qui imposent un duel physique pour les récupérer dès la retombée. Et les Verts ont su la déjouer, comme par exemple cette action après un quart d'heure de jeu :


Long dégagement du gardien, repoussé de la tête par Cissé. Camara est à la lutte, le ballon rebondit dans un petit périmètre et arrive finalement dans les pieds d'Aouchiche. Qui joue en arrière...


... avec Cissé, qui lance Neyou. Le milieu stéphanois a du champ libre devant lui, plusieurs Nîmois étant haut pour récupérer le ballon. Il monte et sert Khazri à gauche...


... mais l'attaquant temporise et joue en arrière avec Camara, n'ayant pas vraiment des solutions devant. Les Verts commencent donc à construire proprement :


Camara, Aouchiche et les deux défenseurs centraux se passent le ballon, les trois offensifs sont dans la défense adverse, avec Abi qui décroche avant d'y retourner. Un milieu nîmois sort pour presser Aouchiche et les deux ailiers resserrent pour couvrir Neyou et Abi. Ce qui laisse les couloirs pour les latéraux stéphanois, dont notamment Trauco à gauche qui commence à sprinter dès que le ballon arrive dans les pieds de Cissé. Qui le trouve parfaitement...


... et le décalage est fait. Même si les Verts ne sont pas en surnombre, les adversaires doivent défendre en reculant, ce qui est moins évident. Et Abi profite pour se projeter et manquer de quelques centimètres le bon centre de Trauco.

Un autre exemple commence 6 minutes plus tard avec un autre dégagement du gardien nîmois et de nouveau un duel gagné par Cissé :


Neyou est présent sur le deuxième ballon et joue avec Moukoudi, qui joue en arrière avec son gardien. Les Nîmois montent haut pour récupérer la balle, et ça leur est fatal :


La défense est quasiment sur la ligne médiane et Cissé trouve avec un ballon en profondeur la course d'Abi. Qui temporise et attend le soutien de Khazri...


... qui est tout seul. 4 Nîmois défendent contre les 3 offensifs stéphanois, mais la sentinelle adverse est trop loin et Khazri peut ajuster sa frappe, pour l'ouverture du score.


Ce but a tout changé dans la physionomie du match, les Verts abandonnant ensuite la possession. Elle était de 65% pour l'ASSE jusqu'à l'ouverture du score, elle a été de seulement 41% pour le reste du match.


Le pressing de Camara


Menant au score, les Stéphanois ont donc fait le choix d'attendre et de profiter au maximum des phases de transitions, dès ballons récupérés haut grâce au pressing. Voici quelques exemples :


A la 41e, les Nîmois se passent le ballon latéralement quand Bouanga, suivi par Aouchiche, déclenche un pressing. Ça oblige leurs adversaires de reculer un peu, et quand ils jouent de nouveau vers l'avant...


... c'est Camara qui surgit et récupère le ballon. Il le donne à Aouchiche, qui monte balle au pied, avant de servir le même Camara...


... qui voit sa frappe détournée en corner. Ce corner est finalement capté par le gardien et les Nîmois construisent une nouvelle attaque :


Un défenseur central essaie de monter avec le ballon, Khazri l'empêche, le jeu est envoyé au latéral gauche, attaqué par Abi. Il essaye de sortir de cette zone...


... et Camara lit parfaitement le jeu, démarrant son sprint avant même que le ballon quitte les pieds adverses. Il se présente à l'entrée de la surface...


... où il est fauché par une faute grossière de la sentinelle nîmoise. Comme le ballon arrive dans les pieds de Khazri, l'arbitre laisse avantage, mais qui ne profite pas à l'attaquant stéphanois.


Un autre exemple du pressing stéphanois est visible après la pause, à la 50e minute, avec Aouchiche qui sort de la ligne pour attaquer la sentinelle nîmoise :


Le jeu est envoyé à droite, puis de retour dans la défense, et Camara lit de nouveau bien et démarre son sprint au bon moment :


Sous son pressing, le central adverse n'a d'autre choix que de jouer en arrière avec son gardien. L'effort de Camara a été accompagné par Abi (placé en avant-centre sur cette action) et Aouchiche...


... et le défenseur central reçoit de nouveau le ballon, avec toujours Camara sur son dos. Il faut noter que ce pressing sur les centraux nîmois était porté par l'avant-centre et les deux milieux relayeurs, pendant que les deux excentrés (Khazri et Bouanga sur cette action) étaient restés plus bas. Le défenseur adverse finit par dégager n'importe comment...


... et Debuchy surgit pour récupérer la possession. Les Verts calment ensuite le jeu et construisent proprement une attaque qui ne donne rien.

Par contre, un quart d'heure plus tard, ils profitent mieux d'un ballon obtenu dans la moitié adverse. Tout part d'une touche stéphanoise...


... et un ballon perdu par Aouchiche dans la surface. Les Nîmois sortent le ballon et peuvent partir en contre, un exercice dans lequel ils excellent. Mais c'est sans compter sur Camara...


... qui coupe la montée nîmoise en interceptant une passe. Un petit une-deux plus avec Aouchiche plus tard lui permet de sortir d'une zone dense...


... et de servir Bouanga, qui a le temps et la place pour préparer une frappe de loin. Le but du 2-0, qui plie le match.


Sur cette dernière action on a pu apercevoir plusieurs joueurs stéphanois entrés en jeu. 3 changements après une heure de jeu, 2 autres dans les 10 dernières minutes, mais toujours du poste pour poste, avec un système 4-1-4-1 toujours bien en place :


Si les 4 de derrière n'ont pas bougé, sur les 6 autres joueurs de champ, tous ont été changés pour apporter de la fraîcheur, sauf un. Camara.


Conclusions


Pour les Verts, cette victoire n'est pas forcément un match référence, mais elle fait énormément de bien. Elle restera bien sûr un superbe souvenir pour le jeune Etienne Green, qui a parfaitement réussi ses débuts en pro. Les protégés de Claude Puel ont très bien répondu au défi imposé par leurs adversaires, ils ont été présents dans le combat, ils ont tenu bon au milieu du terrain, où ils ont récupéré les ballons nécessaires pour déséquilibrer ensuite le bloc adverse. Et avec une efficacité retrouvée, cette victoire met la zone rouge loin derrière. Et permettra peut-être aux Stéphanois de connaître une fin de saison plus sereine que les derniers mois...