samedi 30 septembre 2017

Stade Français - RCT, 15-19 (Tuisova x2, Isa)

L'avant-match


En ce début de saison, il y a des équipes qui confirment et qui impressionnent en montrant un jeu huilé et en obtenant des bons résultats. Le Stade Français et le RCT n'en font pas partie et ce match a une mise importante pour les deux. Il s'agit de chercher à s'assurer, d'éviter de tomber dans le doute et c'est encore plus compliqué pour les Toulonnais, à l'extérieur et bien diminués à cause des blessures.

Le match


... commence sur une action monstrueuse, au bout de 2'30 de possession dans le camp adverse et un double turnover, Tuisova marque le premier essai du match. Un superbe début de match pour les Toulonnais, qui sont aussi très présents en défense, concédant au mieux une pénalité pendant les longs temps forts parisiens. La première mêlée du match, qui a donné une pénalité contre le RCT, a été l'exception à la règle, les Toulonnais étant dominateurs et obtenant plein de pénalités suite à ce secteur de jeu. Le problème est que ces pénalités étaient tapées en touche et les lancés ratés, comme à la 14ème ou à la 22ème. La touche était juste dans le ton du reste de la prestation Toulonnaise, remplie des en-avants, des imprécisions et cafouillages.

La 2ème période commence comme la 1ère, avec un contre de 100m de Toulon et un essai au but... refusé suite à un arbitrage vidéo pour une faute de Tuisova devant sa ligne, ce qui lui a valu un carton jaune, mais pas un essai de pénalité. En plus de tous les en-avants qui gâchaient leurs attaques, les Toulonnais se sont mis à la faute en défense, à la 53ème on comptait donc 9 pénalités et 9 en-avants concédés, énorme. Tous ces imprécisions rendent encore plus belle l'attaque du RCT qui précède le 2ème essai (voire plus bas). Tout semble se diriger vers une mauvaise fin pour les Toulonnais quand Belleau se met à rater ses coups de pied (transformation de l'essai et 2 pénalités ratées et une touche pas trouvée entre la 57ème et la 72ème) et qu'en face un drop réussi porte le score à 15-12 à 10 minutes de la fin. Mais avec 5 minutes restant à jouer, l'arbitre siffle un en-avant Parisien alors qu'il n'y avait pas, la mêlée Toulonnaise domine et on obtient une pénalité sur un ruck qui suit. Tapée en touche et jouée au large, sans fautes de main et des passes après contact, l'attaque du RCT est conclue par l'essai d'Isa et la victoire avec bonus offensif.

L'action


On joue la 58ème minute et le Stade Français vient de passer une pénalité pour mettre le score à 12-7. Le coup d'envoi de Belleau (10) est parfait dans la course de Manoa (8)...


... qui attrape le ballon et entre dans les 22m adverses avant d'être mis à terre. Tillous-Borde (9) sort le ballon vite :


Les avants Toulonnais sont prêts, Taofifénua (5) passe à Etrillard (2), qui passe à Isa (7), qui prend l'espace entre les défenseurs. Du jeu des trois-quarts, pas des points de fixation. Une fois qu'Isa est plaqué et un ruck formé, Tillous-Borde sort de nouveau le ballon dans l'autre sens :


Il le donne à Setiano (3), qui le donne à Rebbadj (4), qui prend l'intervalle ouvert dans une défense qui glisse et qui s'intéresse plus aux trois-quarts Toulonnais qu'aux avants. Sur ces deux phases de jeu on peut remarquer que les avants cherchent à s'écarter et à s'engouffrer dans une porte dès qu'elle s'ouvre et non à fixer la défense. Sur le ruck suivant Tillous-Borde change de nouveau le sens :


Il donne le ballon à Taofifénua (5), qui le donne à Fresia (1), qui le donne à Isa (7), qui ne peut pas le donner à Fernandez-Lobbé (6), qui est trop prêt. La grosse différence par rapport aux précédents temps de jeu est que les deux 3èmes lignes sont allés ensemble au lieu de s'écarter - si le dernier faisait un appel 2-3 mètres à droite, l'essai aurait été tout fait, il n'y avait plus de défenseur... Ballon perdu dans le cafouillage entre les deux Argentins, mais le Parisien entre avec dans son en-but, donc mêlée à 5 pour le RCT :


La mêlée est plutôt dans l'axe - 4 trois-quarts Toulonnais sur un côté (pour 4 défenseurs), Bonneval (15) dans l'axe de la mêlée et Pietersen (11) à l'aile opposée. Depuis le début de la saison le RCT aime les attaques en première main après les mêlées, souvent en partant avec un 89 :


Tillous-Borde (9) est parti à droite, tout comme Bonneval (15), et il reçoit le ballon de Manoa (8). Les appels de Belleau (10), McAllister (12) et Bastareaud (13) sont magnifiques, croisés, et ils concentrent TOUTE la défense :


Bonneval passe à Belleau, qui passe à Bastareaud, qui passe à Tuisova (14) resté complètement libre sur son aile - essai. Sur cette image on voit bien qu'il y avait égalité numérique 7 à 7 sur ce côté de la mêlée, un 3ème ligne et le 9 adverses étant venus pour défendre. Mais les appels croisés ont bougé 4 défenseurs (debout en plus) pour seulement 2 attaquants, créant ainsi le surnombre à l'aile.


La suite


Une victoire à l'extérieur (ça faisait longtemps!), avec un bonus en plus, c'est une très bonne opération d'un point de vue comptable. Malheureusement la manière est présente seulement de temps en temps pendant le match et même si l'indiscipline a été moins visible, les fautes de main ou d'inattention nous ont empêché de produire plus de jeu. Et le prochain match sera très difficile, même s'il est à domicile, vu que La Rochelle reste sur sa lancée de la saison dernière, une équipe très physique et mobile à la fois, qui a déjà gagné 2 fois à l'extérieur cette saison. Un gros match en perspective pour le RCT, et le premier un samedi...

lundi 25 septembre 2017

ASSE - Rennes 2-2 (Silva, Bamba)

Rattrapage en cours de match


Retour en images sur les nombreuses facettes tactiques du match contre Rennes.


Le match contre Rennes peut être vu comme un condensé de 90 minutes d'une phase de transition pour un club qui se cherche une identité tactique. Plusieurs systèmes de jeu essayés, des lacunes techniques gommées de plus en plus, suite à des changements ou des positionnements différents, et une montée graduelle en puissance pour les Verts. On accompagne donc chronologiquement l'évolution de l'ASSE lors de ce match, en se focalisant comme toujours sur les aspects tactiques et non sur les buts offerts à l'adversaire ou d'autres faits de jeu comme des fautes grosses ou bêtes...

La 1ère période - ratée tactiquement et techniquement


Les Verts ont démarré le match dans un 3-4-3 très similaire à celui proposé à Paris, une équipe qui met les 3 attaquants dans l'axe et les deux latéraux très haut, jouant donc avec 5 attaquants. Choix surprenant de la part du staff stéphanois, vu que Rennes joue dans un 4-4-2 (ou 4-4-1-1 si on considère un des attaquants comme un 9 et demi), avec au moins un des milieux excentrés qui reste bien sur le côté et avec des latéraux pas si offensifs que ça. En plus, on jouait à domicile, contre une équipe d'un autre niveau que le PSG - on pouvait donc s'attendre à un 3-4-3 offensif, mais ça n'a pas trop été le cas, probablement du au très faible niveau technique des Verts, avec des nombreuses offensives ont été arrêtées par une mauvaise passe. D'ailleurs les statistiques sont sans appel : jusqu'à la 40ème minute et l'ouverture du score, la possession est équilibrée, mais l'ASSE affiche seulement 67% des passes réussies (77% pour Rennes). A titre de comparaison, la pire équipe de L1 en ce domaine, Nantes, a une moyenne de 69% des passes réussies et lors de la 1MT à Paris les Verts ont réussi 82% de leurs passes.

Il n'y a pas que les passes ratées des stéphanois qui ont contribué à cette impression de match pauvre techniquement. Jusqu'au but, on n'a touché aucun ballon dans la surface (sauf à la 10ème quand Bamba a été taclé) et Rennes a fait guère mieux, avec 2 ballons... La faute a une tactique défensive des deux côtés, entre des Verts qui ont choisi de défendre bas et des Rennais qui n'ont pas voulu se livrer en attaque - et donc pas de possibilité de jouer en contre pour les stéphanois. En voici quelques exemples.

A la 17ème, Rennes relance du gardien, via un défenseur central et un milieu axial :


Il n'y a pas de pressing stéphanois, Loïs Diony étant tout seul entre plusieurs adversaires. D'ailleurs, sur cette image on voit tous les 10 joueurs de champ adverses, mais des 5 défenseurs stéphanois, le seul visible est Gabriel Silva. Probablement Janko se trouve à côté de l'ailier gauche, mais les trois centraux sont très bas, sans aucun adversaire. Ainsi, quand le 9 et demi (9,5) décroche pour chercher le ballon, il n'y a personne qui l'empêche. Il combine avec un défenseur...


... et puis le ballon est envoyé sur le côté gauche de l'attaque Rennaise, le tout sans aucun problème. Les Verts défendent dans un 5-4-1 avec un énorme espace entre les lignes. On remarque qu'un adversaire s'y place et c'est le latéral gauche Gabriel Silva qui s'y intéresse - aucun des 3 centraux n'est visible, même s'ils ont que l'avant-centre à surveiller. Les Rennais essayent de combiner sur le côté :


Mais ils sont bien pris, les Verts sont disciplinés défensivement : Janko sur le milieu excentré, Cabella sur le latéral et Selnaes sur le milieu axial. De plus l'avant-centre est pris entre Perrin et KTC, le dernier interceptant même la passe le cherchant. Le tout en gardant beaucoup de monde à l'opposé - pas facile pour Rennes d'y passer. Et comme ils gardent un milieu axial et deux ou trois défenseurs pour surveiller Diony, aucune chance pour les stéphanois de partir en contre.


Un autre exemple 9 minutes plus tard avec une attaque placée des Verts, de Ruffier à Perrin, à Diousse, Perrin de nouveau pour KTC à droite :


La première chose qu'on remarque c'est que les latéraux stéphanois sont haut - ce qui est normal pour un 3-4-3, mais que les attaquants de soutien, Bamba et Cabella, sont très excentrés, ce qui est assez inhabituel pour ce système. Normalement c'est à eux de jouer vers l'axe, entre les lignes et laisser les couloirs pour les latéraux. Ceci devient un problème quand KTC cherche une solution de passe :


Il y a une telle distance entre les joueurs de l'ASSE qu'il n'est pas possible de faire des passes faciles, ce qui explique probablement le faible pourcentage de réussite. KTC peut redonner le ballon à Perrin comme un aveu de manque de solution, il peut lancer Janko dans son couloir, mais sans décalage (le latéral et un milieu sont prêts à l'enfermer) ou il peut essayer une passe risquée. Dans cette exemple il choisi la 3ème option, ratée, mais on a abusé des deux autres dans cette période, sans aucun résultat.

Un gros quart d'heure en 2ème période, mais toujours stérile


La pause a amené un changement tactique, Dabo entrant à la place de Janko - les Verts évoluant désormais en 4-3-3 avec Selnaes. Ce changement a été dicté probablement par le manque de réussite du 3-4-3 pendant la 1MT, mais aussi par le changement de l'avant-centre Rennais, le nouveau étant moins remuant que le premier. Entre le début de la 2ème période et la 62ème minute, les Verts ont eu la possession (63%), ont réussi un peu plus des passes (70%) en provoquant plus d'erreurs chez leurs adversaires (60% des passes réussies). Par contre, les deux équipes ont été toujours aussi faible offensivement (aucun tir essayé, sauf le penalty Rennais) et aucun ballon joué dans la surface, des deux côtés. Et Dabo n'y est pas pour grande chose dans la possession stéphanoise, pendant ces 16 minutes il a touché 3 ballons, faisant 3 passes, dont une très dangereuse en retrait pour Ruffier...

Les dernières 30 minutes - enfin du jeu !


On ne va pas s'attarder sur la première partie de la 2MT, mais plus sur la suite du match, qui a complètement basculé à partir de la 64ème, avec l'entrée de KMP. Non seulement pour son apport, mais pour encore un changement de système pour les Verts, évoluant désormais en 4-2-3-1 avec Cabella en "10". La stat qui dit tout est le pourcentage des passes réussies par les stéphanois entre la 64ème et le but égalisateur 5 minutes plus tard : 100% ! (81% sur les 30 minutes). Avec 70% de possession, 1 seul ballon touché par les Rennais dans notre moitié et plusieurs ballons Verts dans la surface adverse - du jamais vu jusqu'à là dans ce match ! A noter que Diony n'y est pas pour grande chose, pendant ces 5 minutes il n'a quasiment pas touché le ballon : il a commis 2 fautes, a fait un mauvais contrôle et a subi une faute, dans la surface. Ces 5 minutes de feu méritent un regard de plus près :


On construit une attaque à partir de Ruffier, qui donne le ballon à KTC, qui joue avec Dabo, descendu pour la relance. On refait le circuit en sens inverse, le but est d'attirer les adversaires :


lui le redonne et c'est le tour de Perrin de le recevoir. Le pressing des deux attaquants adverses n'est pas efficace, alors ils sont aidés par les milieux quand le ballon arrive sur le côté. Ce jeu aspire donc les Rennais :


Gabriel Silva ressort proprement, via Ruffier pour KTC, qui, accompagné par Selnaes, a le champ libre devant lui : Perrin, Dabo et Silva ont déjoué à 3 le pressing des 4 adversaires. KTC avance un peu, attend des appels et...


... ces appels sont nombreux et bien faits. Bamba fait un appel sur le côté, attirant le latéral avec lui, KMP fait un appel en profondeur et Diony dans le dos du latéral sorti avec Bamba. Un des milieux axiaux adverses est trop haut (suite au pressing) et il ne peut pas suivre Cabella qui fait un appel entre les lignes (la défense reculant suite aux autres appels). KTC choisit le jeu long pour Diony qui subit une faute.

Coup franc pour l'ASSE repoussé en corner. Corner repoussé en corner. Corner dégagé, ballon récupéré haut et coup franc pour l'ASSE. Tir direct de Bamba au dessus. Pseudo-attaque Rennaise avec le ballon perdu tout de suite. Grosse faute sur Dabo dans notre moitié et coup franc joué pour Cabella :


Cette fois-ci c'est KMP en ailier droit qui aspire le latéral. Le un-deux entre les deux fonctionne bien et attire un des centraux aussi dans le coin, qui concède la touche. En ce moment Diony et Bamba étaient en situation de 2-contre-2 dans la surface. La touche est jouée vite, RPG pour Dabo, pour KMP, remise pour Cabella dans la surface :


Toujours le même 2-contre-2, qui est fatal aux Rennais, le centre de Cabella est remisé par Bamba pour Diony qui est fauché par le gardien.


Les deux actions ci-dessus n'ont rien du hasard. Le 4-2-3-1 a permis aux 4 offensifs Verts d'être proches les uns des autres, tout en gardant une présence importante dans la surface. Les offensives Vertes ont été quasi systématiquement effectuées dans ce coin droit de l'attaque, avec toujours une égalité numérique dans la surface. 

Ça a vraiment été le cas très souvent après l'égalisation, que ça soit sur un contre :


Perrin dégage un centre, KMP le contrôle et lance Cabella, qui attend un peu...


... avant de combiner avec Selnaes, qui le lance dans ce couloir droit, d'où il peut ajuster un centre :


2 contre 2 dans la surface, le défenseur dégage le ballon, Cabella le récupère. Il combine avec Dabo...


... qui le lance au même endroit, et maintenant c'est un 2 contre 1 dans la surface :


Malheureusement la tête de KMP est captée par le gardien.


Ou bien 30 secondes plus tard, Gabriel Silva effectue une touche :


Perrin, KTC, Dabo, les passes standard dans la défense. KTC est de nouveau servi...


et il a de nouveau des options. Cabella et Selnaes sont tous les deux entre les lignes - la présence du premier oblige le latéral adverse de sortir, KMP fait un signe de la main pour montre à KTC où il veut le ballon...


... et il le reçoit donc dans ce coin, attirant un défenseur central aussi. Il lève la tête et voit dans la surface 3 duels en 1-contre-1 - il choisit la passe en retrait, mais Selnaes essaye une talonnade qui ne donne rien.

Les exemples des appels dans le couloir droit, dans le dos du latéral, accompagnés d'une forte présence des Verts dans la surface ont abondé par la suite. Malheureusement aucun d'entre eux n'a pas été concrétisé...



Conclusions


Cette dernière demi-heure du match, pendant laquelle les Verts ont bien joué, en appuyant là où il fallait, ne peut pas masquer les grosses failles de la première période. Une tactique peu pertinente par rapport à l'adversaire et surtout par rapport à un match à domicile contre un adversaire d'un niveau correct. Et surtout une tactique qui a mis en évidence des grosses carences techniques. Quand en plus on fait cadeau deux buts - vraiment offerts aux Rennais - et quand c'est un miracle qu'on ne joue pas en infériorité numérique, le nul peut être vu comme un résultat plus que satisfaisant. Pour positiver, on peut quand-même remarquer que le staff stéphanois a su adapter son approche tout au long du match et a fini par trouver la solution - ce match apportera clairement beaucoup de renseignements tactiques. Par contre, pour l'instant on est toujours loin d'avoir un match référence, une prestation aboutie et surtout pendant toute la durée du match...

jeudi 21 septembre 2017

Montpellier - RCT, 43-20 (Tuisova, Ashton)

L'avant-match


Le RCT se déplace chez Montpellier, équipe non seulement invaincue, mais qui a écrasé ses adversaires - même si parmi eux on compte les deux promus. Un résultat serait un exploît, mais probablement le staff Toulonnais est plus à la recherche d'un match référence ou juste moins gâché par l'indiscipline et les fautes de main.

Le match


... commence fidèle aux promesses, ça bataille dur dans les rucks. Les deux équipes profitent de chaque petite erreur adverse, comme un mauvais dégagement de Montpellier contré par Taofifénua pour l'essai de Tuisova au large. Ou le jeu au pied direct en touche de Nonu et le trou dans la ligne défensive sur la touche qui a suivi pour le 1er essai de Montpellier. Ou le dégagement des 22m toulonnais contré, touche concédée à 10m de l'en-but et le 2ème essai MHR, en force...

La 2ème période commence pareil, ça tape très dur, et Montpellier bénéficie de plusieurs pénalités dans les rucks. On prend un autre essai en force, après une mêlée, on en marque un après une autre, au large et à la 60ème minute il y a seulement 4 points d'écart... jusqu'au festival de Gorgodze, qui fait 2 plaquages hauts sur la même action. Carton jaune et un long temps fort adverse avec un essai de pénalité (pour un autre plaquage haut...) à la clé. La fin du match est à sens unique, avec des toulonnais complètement explosés et deux autres essais encaissés dans les dernières minutes.

L'action


Après avoir subit pendant plusieurs minutes un temps fort adverse, cantonnés dans leurs 22m, chahutées en mêlée (plusieurs fois pénalisés, Chilachava a été sorti à la 20ème...), les toulonnais arrivent enfin à sortir de leur camp et obtiennent même une touche dans les 30m adverses :


Pas de maul essayé, Escande (9) sort directement pour Isa (8) qui ne faisait pas partie de l'alignement et le jeu est envoyé au large. Ashton (11), venu de l'aile opposé joue au pied et on perd la possession du ballon. La touche adverse est bien contrôlée...


... et Montpellier se dégage, le RCT a une nouvelle touche, mais ils ont reculé de 20m. Sur cette touche un maul est essayé...


... mais il est bien défendu, alors Escande sort de nouveau pour Isa, qui cette fois-ci ne cherche plus les trois-quarts, mais va tout droit. Un autre point de fixation de Guirado, pui un autre de Monribot et Escande sort dans le fermé :


Aucun surnombre, alors Belleau (10) joue au pied pour la course de Tuisova (14), mais le 9 adverse est bien placé et est le premier sur le ballon. Malgré tout, il concède une mêlée à 5 et une belle occasion se présente pour le RCT :


Comme à Clermont le jeu en fermé après une mêlée a bien réussi aux toulonnais, on peut s'y attendre... mais Escande tarde à sortir le ballon et après 3 appels, l'arbitre siffle et retourne la mêlée ! Une belle occasion ratée par le RCT, mais suite à la mêlée adverse et les points de fixation qui ont suivi, Fernandez-Lobbé arrache le ballon dans un ruck et on essaye de profiter du turnover :


Servi par Monribot (6), Nonu (12) a au large deux coéquipiers, Pietersen (13) et Ashton (11) contre un seul adversaire. Au lieu de fixer ou de les laisser jouer un 2 contre 1, il choisit une passe sautée, suffisamment lente pour donner le temps à la défense de glisser. Heureusement pour le RCT la défense se met à la faute et le choix est fait d'aller en touche. Une touche à 5m, une autre opportunité après la mêlée. Le maul est formé et...


... le ballon tombe ! Il est ramassé par un montpellierain et leur 10 trouve une très longue touche pour dégagé son équipe :


Sur la touche toulonnaise le jeu est envoyé au large et on se met à la faute dans un ruck (manque de soutien), concédant ainsi une pénalité sur nos 40m, conclusion parfaite d'un temps fort complètement raté.

La suite


Le RCT a rivalisé pendant un moment, mais leurs adversaires du jour étaient trop forts. Peut-être avec plus de réalisme dans les temps forts, peut-être avec plus d'application dans les rucks ou les mêlées fermes et surtout avec plus de discipline, un résultat aurait été possible. Mais à la fin les toulonnais ont pris 40 points et n'ont pas montré grande chose de rassurant. Comme les deux matchs suivant sont chez un Stade Français qui cherche à se racheter après une déroute à Toulouse et contre une équipe de La Rochelle toujours impressionnante, le début de saison du RCT risque d'être agité.

dimanche 17 septembre 2017

Dijon - ASSE, 0-1 (Bamba)

L'abandon du milieu


Il y a des matchs où tout se joue au milieu, où une grosse densité des joueurs se disputent âprement chaque ballon - le match contre Dijon n'en a pas été un. 

Malgré le score, le match de l'ASSE à Dijon a été particulièrement ouvert, avec des nombreuses occasions et tirs des deux côtés. Ça peut sembler normal, les deux équipes étant "joueuses" et ne cherchant pas à fermer le jeu, mais ça a surtout été la conséquence logique de la tactique adoptée par le staff stéphanois.

La théorie


Pour mieux comprendre pourquoi le jeu a été si ouvert, il faut regarder le système de Dijon. Ils ont joué dans un 4-4-2 à plat, mais avec des milieux excentrés avec un rôle particulier. Un des ailiers se positionnait souvent en troisième attaquant dans l'axe et l'autre en position de 10 - les couloirs étaient laissés pour les latéraux :


En réponse à cette tactique (ou peut-être sans se soucier de l'adversaire), Oscar Garcia a choisi d'aligner pour la première fois de la saison un 4-2-3-1 avec Cabella en "10" et Dabo en milieu excentré droit, pas relayeur comme d'habitude. Placer un "10" avait du sens, l'adversaire jouait sans sentinelle, mais le choix de se passer d'un troisième axial quand on avait pas le ballon a été très surprenant et osé. Surtout que Cabella a rarement aidé défensivement dans l'axe - nos deux milieux axiaux étaient seuls pour contenir leur deux adversaires directs, mais aussi pour aider la défense qui se retrouvait embêtée par le nombre et le positionnement des éléments offensifs dijonnais. Ils se sont souvent trouvés en infériorité numérique au milieu du terrain, ce qui a généré pas mal des occasions pour Dijon. Par contre, la position haute de Cabella a été très utile pour le jeu de contre pratiqué par l'ASSE, soit il a été utilisé en relai pour lancer Diony en profondeur, soit il a attiré un défenseur pour laisser Diony en un-contre-un. Mais pour mieux comprendre ces aspects, rien ne vaut une action-exemple.

L'exemple pratique


A la 59ème, une attaque de Dijon nous permet de voir le bloc défensif stéphanois en deux lignes de 4... et rien d'autre :


Cabella et Diony se trouvent plus haut, mais vraiment trop haut, les Dijonnais peuvent combiner tranquillement à 40-50m de notre but :


Cabella et Diony essayent de faire du pressing et Selnaes et Habib Maïga montent pour les aider, en suivant les deux milieux axiaux adverses. Le problème est que maintenant il y a trop d'espace entre la ligne défensive et les milieux et un ailier adverse s'y place tranquillement.


Il est servi, en position de 10 - c'est comme si Dijon jouait avec trois milieux axiaux - nos deux se retrouvent en infériorité numérique dans ce grand espace entre la ligne des défenseurs et la ligne médiane (sous laquelle Cabella descend rarement et Diony jamais). Alors c'est un défenseur qui doit sortir chercher l'ailier qui a décroché :


Mais la sortie de Janko est dangereuse : les défenseurs se retrouvent en un-contre-un, les milieux excentrés ne peuvent pas aider, ils ont les latéraux adverses à surveiller. Heureusement que Selnaes anticipe bien et récupère le ballon...


... pour ensuite servir magistralement Loïs Diony en profondeur. Tout l'intérêt de laisser deux joueurs avancés est là - ils sont écartés, ce qui écarte les deux centraux adverses, Diony peut être lancé entre eux. Malheureusement il rate son face à face avec le gardien.

L'action se poursuit, le même ailier décroche encore une fois pour chercher le ballon et remonter avec:


Il peut avancer assez loin avant d'être attaqué - il agit comme un troisième milieu axial et l'ASSE en a que deux, c'est donc toujours Janko qui sort de la défense pour le chercher :


Un jeu en appui sur l'avant-centre, qui remet en arrière, vers les milieux centraux toujours libres, toujours dans ce grand espace :


Ils combinent. Le latéral droit monte (le gauche il est déjà haut, pris par Dabo), Bamba doit sortir le chercher, RPG doit sortir pour prendre l'ailier que Bamba marquait. Ce qui laisse nos deux centraux seuls avec les deux avant-centres adverses. Maïga sort vers un milieu, mais Selnaes doit choisir - il aide ses défenseurs ou il les laisse se débrouiller ? Il choisit la bonne option, la première :


Et de nouveau l'ASSE a de la chance et ce déséquilibre au milieu du terrain ne donne rien, parce que Bamba récupère le ballon dans les pieds de l'adversaire, il monte avec...


... combine avec Maïga, qui le lance dans le couloir gauche. Cabella et Diony se trouvent à deux-contre-deux avec les centraux adverses, le déséquilibre à changé de camp, mais malheureusement Bamba ne les sert pas et perd le ballon.

Pendant les prochaines deux minutes RPG fait une chevauchée dans son couloir, obtient un corner, qui ne donne rien, et plusieurs longs ballons sont échangés sans danger, jusqu'au dernier de Ruffier :


Duel gagné de la tête par les Dijonnais, qui sont aussi présents sur le deuxième ballon et qui jouent en profondeur. Perrin dégage acrobatiquement, mais pas dans l'axe, et c'est un des avant-centres adverses qui cherche le ballon :


Il n'y a pas de déséquilibre, Dijon attaque à 5, pour 8 défenseurs Verts. Le Dijonnais garde le ballon quelques secondes pour laisser le temps à ses coéquipiers de se placer et tout se joue en ce moment :


Maïga a suivi un milieu axial, Selnaes a suivi un ailier, KTC, Janko et Dabo se trouvent dans la surface à tenir 2 adversaires. RPG attaque l'avant-centre (en position d'ailier) et Bamba est descendu l'aider. Cabella est revenu cette fois-ci, mais sur le côté aussi, pas dans l'axe, où l'autre milieu axial adverse est complètement libre. Il est servi et réussi un un-deux avec l'ailier (malgré la sortie de Selnaes et la défense de Perrin sur l'ailier) pour se retrouver en face-à-face avec Ruffier - heureusement une belle parade de l'impressionnant gardien stéphanois permet à l'ASSE de garder le score.


Voilà. Une longue phase de jeu pendant laquelle on a eu droit à deux face-à-face - le nôtre résultant d'un contre éclair et celui adverse de ces incroyables espaces que les milieux axiaux adverses ont eu. Le résumé du match, en quelque sorte, surtout que les deux occasions ont été remportées par les gardiens....


Conclusions


Le choix de placer Cabella très haut (avec probablement comme consigne de ne pas descendre) a été très risqué. Nos défenseurs ont souvent été en situation d'égalité numérique avec les attaquants adverses, voire pire dès qu'un d'entre eux était éliminé. Et Selnaes et Maïga se sont souvent retrouvés en infériorité numérique, devant couvrir un grand espace entre une défense basse et une attaque qui ne descendait pas. Ce qui rend encore plus incroyable le nombre des ballons interceptés par ces deux milieux et le fait que graduellement ils ont pris le dessus sur le milieu adverse. Le staff stéphanois a fait le choix du déséquilibre au milieu pour pouvoir se procurer plus d'occasions. Tout le monde souligne la bonne prestation de Ruffier (qui a fait en sorte que ce choix soit payant), mais il faut aussi souligner la mauvaise prestation en contre des Verts. Si on se découvre pour pouvoir être plus dangereux, il faut commencer à concrétiser les occasions créées - sinon les risques pris finiront par se retourner contre nous.

mercredi 13 septembre 2017

RCT - Toulouse, 20-16 (Etrillard, Tuisova)

L'avant-match


La série des gros matchs en début de championnat continue pour le RCT avec la réception de Toulouse, certes une équipe moins bien le dernier temps, mais néanmoins un nom important du Top 14. Pour les Toulonnais, ce n'est pas l'adversaire qui compte, c'est le jeu qu'ils mettent en place et cette deuxième rencontre à domicile était attendue pour revoir les intentions du premier match et ne plus revoir l'indiscipline de la semaine dernière.

Le match...


... ne commence pas très bien pour le RCT. Malgré des intentions (p.ex. aller en touche sur des pénalités faciles à transformer), on a fait trop d'en-avants pour pouvoir mettre en place le jeu. On a subi les attaques de Toulouse, on a pris un jaune, on a subi le jeu au pied adverse qui nous a cantonné dans notre moitié et on a fini par prendre un essai à la 18ème suite à un turnover - avantage sur en-avant. Heureusement on est vite revenu dans le match grâce aux gros et leur essai sur ballon porté et on à 10 partout à la 30ème après un drop de Belleau.

Avec 8 en-avants en 1ère période il était impossible de produire du jeu, mais ça a été pire ensuite. On a commencé à se faire exploser en mêlée ferme, donnant des points (40+2, 57') ou la possibilité aux Toulousains de sortir de leur camp (60, 62). Et comme les pénalités concédées en mêlée ne suffisaient pas, une faute bête de van der Merwe à la 64ème valait un autre jaune. La victoire a été acquise grâce aux rares actions qu'on a pu mener jusqu'au bout sans faire des fautes (voire plus bas), au jeu au pied de Belleau et la belle défense des avants, surtout dans les dernières minutes. Mais on a tremblé jusqu'au bout, quand dans le temps additionnel et une mêlée introduction propre...  on a été de nouveau pénalisés, heureusement que les gros ont bien défendu sur la touche qui a suivi.

L'action


Le coup d'envoi de la 2ème période est donné par les Toulousains et le ballon est capté par Isa, qui est mis au sol sur la ligne des 22m. Escande (9) se charge de taper par dessus, mais il est contré par le 2ème ligne adverse, clairement pas derrière les derniers pieds du ruck...


Heureusement pour le RCT, Belleau a suivi et il relance à la main, profitant d'une porte ouverte :


Attrapé à la course par un Toulousain, il passe à Delboulbès (1) qui est mis au sol par le 9 adverse, mais qui commet une faute. La pénalité légèrement dans le camp Toulonnais est tapée en touche et le RCT à un lancer à peine en dehors des 22m adverses. Ballon capté, maul formé, mais qui n'avance pas et finalement Etrillard (2) est mis au sol :


C'est Tuisova (14) qui est le premier Toulonnais arrivé pour protéger son talonneur. Escande (9) sort pour Manoa (8), qui lance Fresia (17, rentré au moment de la pénalité à la place de Delboulbès légèrement blessé), qui crée un premier point de fixation. Rebbadj (4) prend le ballon et percute aussi, puis Etrillard (2) prend le ballon et le donne à l'autre 2ème ligne, Taofifénua (5) qui fixe encore, un mètre dans les 22 adverses :


C'est au tour du demi de mêlée Escande (9) de sortir le ballon, mais il essaye de surprendre la défense en allant tout seul. Une passe après contact pour Monribot (6), qui passe après contact pour Manoa (8), qui est mis au sol, mais le tour est joué :


Les libérations rapide après les rucks et la petite percée des trois joueurs ont beaucoup serré la défense adverse. Sur l'image ci-dessus on voit les 10 Toulousains (les gros et la charnière) tous très regroupés. Les 10 Toulonnais sont aussi dans la même zone, mais plus étirés, beaucoup plus en position d'attaquer. Et comme Toulouse se trouve en infériorité numérique, l'ailier manque dans le fermé, laissant un couloir pour Tuisova. Bien servi par la charnière, le Fidjien est inarrêtable s'il est lancé, si près de l'en-but, malgré le retour désespéré du 7 e du 9 adverses.

Mis sous pressions dans leurs 22m par le coup d'envoi, les Toulonnais ont su sortir. Et sur l'attaque préparée à partir de la touche, ils ont parfaitement resserré la défense avant de profiter de la supériorité numérique.

La suite


Ce match aurait pu être pire, avoir ni le résultat, ni la manière. Au moins le RCT reste invaincu à domicile et les 4 points pris compteront à la fin. Par contre, pour la manière, on n'y est clairement pas encore. Ce n'est pas une question de juger le jeu produit, c'est qu'on n'est pas encore capables d'en produire - trop d'indiscipline et des fautes de main hachent le jeu Toulonnais. Le prochain déplacement, chez un Montpellier auteur d'un début de saison parfait, sera ainsi important à regarder plus à travers le comportement des joueurs, leur discipline et application et moins par rapport au résultat ou au volume de jeu produit.