jeudi 29 août 2019

Lille - ASSE, 3-0

Défaite logique


Les Verts ont subi leur premier revers de la saison, totalement mérité vue la physionomie du match et la différence de niveau entre les deux équipes.

Les analyses après matchs reconnaissent la supériorité lilloise et sa conséquence logique sur le tableau d'affichage. Mais elles soulignent aussi un bon début du match de la part des Stéphanois : "La défaite est logique. On a bien débuté, on a eu la possession du ballon mais on n’a pas été dangereux" (Kolodziejczak). "Lille nous a été supérieur. En première mi-temps, dans le contenu et l’organisation, on était en train de réaliser ce que l’on souhaitait faire, avec toujours un déficit de réussite sur nos offensives (...) On a réussi à trouver des espaces dans le dos de leur défense" (Printant)


1MT : la seule animation offensive est lilloise


En effet, les Verts ont plutôt bien joué les 20 premières minutes de ce match, comme lors de leurs précédents, à Dijon et contre Brest. De la maîtrise technique (85% des passes réussies, chiffre resté constant tout au long de la partie) et de la possession (65% lors jusqu'à la 20e), mais stérile. Les attaques ont été souvent construites dans les couloirs, avec des appels dans le dos des défenseurs, comme le souligne Ghislain Printant et comme on peut le voir dans cet exemple à la 12e qui commence avec un ballon récupéré par Jean-Eudes Aholou :


Le 4-2-3-(1) de l'ASSE est bien visible, avec Bouanga à droite, Boudebouz dans l'axe et Nordin à gauche. C'est ce dernier qui est servi par Aholou...


... qui se projette en suite. La dernière recrue stéphanoise, Kolo, offre une autre solution dans le couloir gauche. Nordin s'appuie sur Boudebouz, qui lui redonne le ballon et le jeune ailier joue en arrière avec son capitaine. Il n'y aura pas de contre,  mais une attaque placée :


Et une très simple, même. Le ballon arrive jusqu'à Debuchy à droite : le (4)-2-3-1 lillois est visible à son tour, le défenseur gauche monte sur Bouanga, collé à la ligne de touche. Khazri plonge dans son dos...


... où il est trouvé par le long ballon de Debuchy. Il remet en première intention à Bouanga, qui avait suivi et qui se trouve en position de tir dans la surface. Mais sa frappe passe au dessus...


Après les premières 20 minutes, quand ils ont eu du mal (69% des passes réussies), les Lillois ont remis le pied sur le ballon (55% de possession et 85% de passes réussies ensuite jusqu'à la pause) et ont commencé à imposer leur jeu, tout en empêchant les Stéphanois de mettre en place le leur. Ce long exemple peu avant la demi-heure est très illustratif :


Kolo joue une touche avec Perrin, qui prolonge vers Moukoudi. Les trois milieux axiaux stéphanois M'Vila, Boudebouz et Aholou sont dans l'axe. Bouanga est collé à la ligne de touche...


... pendant que Khazri est en position d'ailier gauche et Nordin avant-centre. L'ailier droit est trouvé, il joue en arrière avec Debuchy. Pendant ce temps le trio du milieu est entouré par 6 adversaires. Ces joueurs ne peuvent donc pas être facilement trouvés...


... à moins qu'ils sortent de cet étau. C'est Boudebouz qui le fait, se dirigeant vers la gauche de la défense - cette place était habituellement prise par M'Vila lors des constructions stéphanois, mais ça n'a pas du tout été le cas lors de ce match.


C'est donc Boudebouz, le "10" stéphanois, qui se trouve à hauteur des centraux, avec qui il échange des passes. Il joue ensuite plus haut à gauche avec Kolo...


... qui joue en arrière avec Perrin. M'Vila est enfin trouvé dans l'axe, seulement pour jouer avec Moukoudi. Le ballon est baladé dans la moitié de l'ASSE, il n'y a aucune volonté pour l'amener plus haut. Il arrive ensuite à droite, dans les pieds de Debuchy...


... qui le balance en profondeur, à destination de Nordin, qui n'a aucun espoir de le récupérer. Pendant ce temps, le trio du milieu était repositionné dans l'axe, bien entouré par les Lillois. Le goal adverse joue court...


... et le ballon est passé au niveau de la défense. Les équipes se mettent en place, un 4-4-2 stéphanois (Khazri plus haut que les milieux), des ailiers axiaux entre les lignes et des couloirs pour les latéraux côté Lille. Et tout d'un coup...


... le bloc défensif des Verts explose. Khazri part au pressing sur un défenseur central oubliant complètement le latéral dans son couloir, M'Vila sort sur un milieu axial pendant que l'autre monte balle au pied sans être embêté par Nordin ou Boudebouz. C'est Bouanga qui le cherche, mais il y a une grosse présence entre les lignes stéphanoises et la passe est facile :


Les 4 pauvres défenseurs se retrouvent à devoir reculer contre les 6 offensifs (en comptant les latéraux). Le jeu est envoyé à droite, le centre est bon devant le but, heureusement pour les Verts, le ballon ne peux pas être repris correctement par l'attaquant adverse. Le 6 mètres est joué par Ruffier avec Perrin :


Il décale Kolo à gauche, qui remet dans l'axe pour M'Vila - il y a 5 Lillois qui pressent haut, un 6e se rajoute pour resserrer autour du porteur de balle :


Boudebouz se trouve bas, il offre une solution de passe avant de jouer en arrière vers Ruffier. Mais sa passe n'est pas précise, le gardien stéphanois s'en sort bien...


... en le donnant à Perrin, qui retrouve M'Vila. Sous le pressing adverse (effectué par seulement 4 adversaires maintenant, contre 6 stéphanois), le milieu de l'ASSE rate sa passe à destination de Debuchy et le ballon sort en touche.


Les Verts ont eu du mal à construire, soit embêtés par le pressing adverse, soit suite à leur positionnement sur le terrain. Et comme ils ont aussi mal défendu, l'ouverture du score est arrivée logiquement, après une attaque très similaire à la précédente :


Le positionnement des deux équipes est quasi-identique à l'exemple antérieur, seulement côté stéphanois il y a une permutation, avec Khazri à droite, Nordin à gauche et Bouanga devant. Le ballon circule vers le même milieu central...


... et l'ancien ailier stéphanois décroche pour lui offrir une solution. Cette fois-ci c'est Aholou qui sort de la ligne et ouvre un angle de passe, ce qui aurait été facile à trouver dans tous les cas vue la présence lilloise entre deux lignes très distancées. Khazri ne suit pas le latéral gauche, qui est décalé dans le couloir...


... et ce décalage se transforme en but. Mais pour mieux comprendre comment, il faut regarder le moment où le ballon part vers le latéral. Il y a un seul Lillois, l'avant-centre, pour 4 défenseurs. Il se trouve entre Perrin et Kolo, qui ne serre pas :


Au moment où le ballon arrive dans ses pieds, l'avant-centre profite de la glissade de Perrin devant (qui illustre parfaitement pourquoi c'est difficile de défendre en reculant) et de la place laissée par Kolo derrière.


2MT : changements de joueurs, mais pas de physionomie


Les Verts sont revenus des vestiaires avec des intentions, mais sans réellement changer de style de jeu, toujours lent et misant tout sur les côtés, l'axe étant bouché. Les débats étaient équilibrés, la possession 50-50, pas de grosses occasions d'un côté ou d'un autre, jusqu'au penalty lillois, que Perrin et Debuchy qualifient de "tournant du match". Arrivé lui aussi après un autre décalage entre les lignes stéphanoises :


Hamouma avait remplacé Bouanga en se positionnant en attaque, à côté de Khazri, ce qui a obligé Boudebouz de prendre le couloir droit. Le bloc de l'ASSE est bas, Khazri presse un milieu axial mais sans conviction et le jeu est envoyé sur un côté. Mais ça revient vers l'axe...


... et on peut facilement remarquer que même si les deux lignes de 4 sont en place, même si elles sont assez serrées, rien n'empêche les offensifs lillois de combiner. Le milieu offensif trouve facilement l'avant-centre, dos au but, qui joue en pivot...


... et le tour est joué, la ligne des milieux vient d'être transpercée et la défense doit défendre à 4-contre-4 en reculant. Debuchy concède son deuxième penalty en 3 matchs - même s'il est litigieux, il est converti et Lille mène.

Les Stéphanois sont passés dans un système en 4-2-4 suite aux entrées de Diony et Beric à la place de Khazri et Nordin...


... mais rien n'a réellement changé dans le rapport des forces dans le match non plus. Et le 3e but adverse est vite arrivé après un autre centre d'un latéral. Sans détailler comment ce décalage a été dans le couloir, la manière de défendre mérite le détour :


Tout comme pour le premier but, on regarder le positionnement de la défense par rapport à l'avant-centre au moment où la passe part pour le latéral qui va centrer. Perrin était sorti dans le couloir, Debuchy, Moukoudi et Kolo forment la ligne des défenseurs, l'avant-centre est bien serré entre les deux premiers. Les autres offensifs lillois sont présents entre les lignes, mais les milieux stéphanois ne sont pas loin. Et quand le ballon arrive dans les pieds de l'avant-centre...


La défense avait trop reculé et les milieux pas du tout. Le centre est forcément en retrait, le nombre d'attaquants présents capable de le reprendre sans aucun souci est illustratif - les Verts avaient complètement laché.


Conclusions


Pour résumer, les Verts ont mal défendu, sans proposer un bloc défensif digne de ce nom et avec des défenseurs oubliant parfois les attaquants. Pour compléter, ils ont aussi mal attaqué, en essayant de changer leur animation offensive habituelle et en tombant trop facilement dans le pressing haut adverse. Devant il y avait du niveau et une fois les 20 premières minutes passées, la défaite est logique et le score lourd ressemble à une petite giffle. En espérant qu'elle servira de réveil et de remise en cause et qu'on pourra apperçevoir des changements dès dimanche, chez un autre "gros", Marseille. Des changements plutôt dans l'attitude ou l'état d'esprit affiché, parce qu'il est peu probable qu'ils soient tactiques ou liés à la condition physique de certains joueurs. De ce point de vue, le vrai championnat commencera mi-septembre pour l'ASSE, et d'ici-là il faut être patient et limiter la caisse...

lundi 26 août 2019

Agen - RCT, 25-44 (Gorgodze x2, Heriteau x2, Dachary, Savea)

L'avant-match


Le Top 14 est enfin de retour, après une longue attente, encore plus longue pour des Toulonnais privés des phases finales. L'espoir est de retour aussi, après une saison de transition le RCT se doit de recommencer à produire du jeu et à gagner... surtout à l'extérieur. Les matchs loin de Mayol ont été le point noir en 2018-19 et la nouvelle saison commence avec deux déplacements. Le plus simple est celui-ci, à Agen - une victoire serait donc parfaite pour démarrer sur des nouvelles bases et marquer le début d'un nouveau cycle. 

Le match...


... en était un de reprise, il y a eu des approximations des deux côtés et le rythme n'a pas été très élevé. Les Toulonnais ont eu du mal avec le jeu au pied, que ça soit pour marquer des points ou pour sortir de leur camp, comme la touche directe de Carbonel à la 9e, qui a permis ensuite à Agen d'obtenir une pénalité face aux perches et ouvrir le score. Mais la réaction du RCT a été immédiate, Gorgodze récupérant le coup d'envoi et marquant ensuite le premier essai du match. C'est surtout au centre que les Toulonnais se sont illustrés, les impacts de Savea, les franchissements et les passes après contact de Heriteau provoquant plusieurs essais (dont notamment le 2e, en première main après une touche sur la ligne médiane). Le RCT a fini la 1e période devant au score, 18-13, encaissant un essai juste avant la pause, après un coup de pied pas maîtrisé pour sortir des 22m...

Les premières 20 minutes de la 2MT ont été à sens unique, avec 3 essais marqués après des touches comme rampes de lancement, soit pour ouvrir pour les centres (3e essai et l'action précédant le 5e - voire ci-dessous), soit pour aller en force (4e). Les Toulonnais sont ensuite retombés dans leurs travers, avec 2 cartons jaunes coup sur coup pour des plaquages hauts. Ils ont fini logiquement par encaisser un essai en infériorité numérique, mais ensuite les Agenais ont aussi pris un jaune (conséquence de l'écrasante domination du RCT en mêlée). Et deux essais (un de chaque côté) dans les dernières 5 minutes ont scellé le score final, victoire bonifiée à l'extérieur, 44 à 25.

L'action


A l'heure de jeu le RCT avait acquis son bonus offensif, mais les lancements de jeu avec des franchissements au centre ont continué. Tolofua (2) joue une touche à l'entrée des 40m adverses :


Le ballon est capté par Rebbadj (4), qui le donne à S.Taofifénua (3), en soutient. Les avants ne forment pas de maul, c'est le talonneur qui hérite du ballon et qui contourne l'alignement :


Il passe à Webb (9) et les appels de Dachary (12) et Ikpefan (11) fixent la défense : quand Carbonel (10) reçoit la passe, une porte s'était ouverte. Il la franchit, suivi à sa gauche par Heriteau (13) et Cordin (14). Ce franchissement resserre la défense, il s'y engouffre...


... et se retourne ensuite pour lancer Heriteau (13). A gauche il y a quasiment un 2-contre-1 avec Cordin (14) et Bonneval (15), mais à droite Onambélé (7) arrive lancé. Il est servi par le centre toulonnais et s'en va vers l'essai. Il est plaqué juste avant la ligne, les adversaires se mettent à la faute. L'avantage ne donne rien, l'arbitre revient à la pénalité, jouée vite par Webb et Gorgodze marque son 2e essai, le 5e du RCT...


La suite


Plus des 40 points marqués, 6 essais et bonus offensif à la clé, le tout à l'extérieur - un match parfait pour le RCT qui se positionne d'entrée comme une équipe ambitieuse, qui a oublié sa dernière saison.  Mais il y a encore des réglages à faire et le plus dur est de confirmer, surtout que le prochain match sera toujours un déplacement, chez un adversaire plus coriace cette fois-ci, Bordeaux. Une deuxième victoire de suite et le message envoyé aux concurrents serait sans équivoque, mais le résultat est moins important en ce début de saison, quand l'équipe doit surtout se rassurer sur l'état d'esprit et les bases.

lundi 19 août 2019

ASSE - Brest, 1-1 (Bouanga)

Déréglés


Toujours en quête d'automatismes et de rythme, les Verts n'ont pas réussi leur début de saison à domicile, terminant à égalité contre un promu. 

Ne pas gagner à Geoffroy-Guichard, surtout contre un adversaire supposé facile, représente une contre-performance pour l'ASSE. Mais ce n'est pas non plus une catastrophe, et en aucun cas ça ne justifie des sifflets contre les joueurs. Surtout que les Stéphanois ont un peu l'habitude des mois d'août avec des matchs nuls contre les petites équipes...

Pour revenir aux causes de ce demi-échec, elles sont multiples. La chaleur et la condition physique, selon M'Vila ("la chaleur était étouffante aujourd’hui, vraiment. Je pense aussi que toute l’équipe n’est pas encore prête physiquement"). Des problèmes tactiques dans l'animation offensive selon Perrin ("il manque du liant mais il y a eu de bonnes choses") ou dans le bloc défensif après la blessure d'Aholou selon Printant ("la sortie de Jean-Eudes a peut-être déréglé la machine et Brest a profité de ce trou d’air pour ouvrir le score. C’est dommage car, en première période, notre pressing haut les avait empêchés de sortir de leur camp").

Regardons tout ceci de plus près.

1MT : Attaque stérile, défense déréglée


Après quelques minutes de tâtonnement, les Verts ont mis le pied sur le ballon et ont commencé à poser le jeu, construire patiemment leurs attaques à base de beaucoup de passes échangées dans leur moitié avant d'accélérer le jeu. Par exemple, à la 13e minute, le bloc stéphanois est en place dans l'habituel 4-4-2...


...  et une mauvaise passe adverse permet la récupération du ballon. Perrin le passe à gauche à Trauco, qui le donne à M'Vila...


... qui combine avec Jean-Eudes Aholou, qui joue en arrière avec son capitaine. M'Vila reprend sa place à gauche des défenseurs centraux et les circuits de passe continuent sans créer des décalages :


Tout ce temps est passé pour préparer l'attaque, c'est-à-dire permettre aux autres joueurs de se positionner - sur l'image suivante on voit mieux le placement des Stéphanois :


Khazri en avant-centre, Boudebouz en soutien entre les lignes. Bouanga reste un ailier excentré, pendant que Hamouma est très axial, un deuxième "10". Les couloirs sont pour Debuchy et Trauco, ce qui fait que c'est la responsabilité des 4 autres joueurs pour passer le premier rideau défensif adverse. Pour le faire, il faut de la présence entre la ligne des attaquants et celle des milieux (dans le rond central sur cette image). Et tout d'un coup, après 30 secondes de préparation, les mouvements arrivent :


Boudebouz décroche pour offrir une solution à M'Vila, Aholou monte d'un cran pour se placer entre ces deux lignes et Hamouma, resté entre les deux autres lignes, profite de l'appel de Boudebouz pour offrir un angle de passe. M'Vila trouve Aholou, qui s'appuie sur Hamouma pour un une-deux qui l'amène devant la défense :


Khazri avait aussi décroché, il n'offre pas une solution comme un vrai avant-centre, mais il y a un énorme décalage à droite. Bouanga est servi, le dédoublement de Debuchy n'est pas utilisé, il préfère tirer - le tir passe au dessus et dans tous les cas il avait été signalé hors-jeu. Cette action est représentative pour le jeu de passe d'Aholou - il a effectué 5 passes, dont 3 vers l'arrière. Jusqu'à sa sortie, seulement un tiers de ses passes ont été vers l'avant.


Possession du ballon, attaques construites, décalages créés, mais pas de vraie occasion dans le jeu pour les Verts (bien plus dangereux sur coup de pied arrêté). C'est ainsi qu'on peut résumer la première demi-heure du match, avec un élément supplémentaire à leur palette, le pressing haut mentionné par Ghislain Printant :


Un positionnement très haut de la ligne des milieux a souvent empêché la relance brestoise. La suite de la capture d'écran ci-dessus est un long dégagement d'un défenseur breton, sans autres options. Duel aérien gagné par Debuchy, mais ensuite ballon perdu par Boudebouz. Même pressing haut, même dégagement lointain, ballon facilement récupéré par Moukoudi et nouvelle attaque construite calmement.


C'était clairement le plan de jeu stéphanois pour cette rencontre : empêcher l'adversaire de jouer, construire avec patience et une faille finira par être trouvée. Sauf qu'un fait de jeu est venu contrarier ce plan : la sortie sur blessure d'Aholou, remplacé poste pour poste par Youssouf Zaydou. Tout a changé, soudainement : de 55% de possession jusqu'à là, les Verts sont passés à 33% le reste de la première période. Ils ont concédé des grosses occasions et ont fini par craquer dans le temps additionnel :


Ça part d'une attaque placée brestoise, le ballon circule en défense, le latéral droit est très haut et il y a un joueur derrière le premier rideau stéphanois. Quand ce milieu est recherché par une passe...


... Youssouf se jette sur lui, quittant sa zone. Cet espace libéré profite à un autre milieu, qui est facilement trouvé et qui a le temps d'orienter le jeu vers la droite, où 3 de ses coéquipiers s'y trouvent. Mieux, il se projette ensuite dans le dos des milieux stéphanois...


... et peut ainsi orienter parfaitement le jeu, vers ses 3 attaquants. Ils sont heureusement hors-jeu, alors il joue en arrière vers le rond central, où le retour de Boudebouz empêche le milieu adverse de continuer l'action. Le ballon est quand-même récupéré par les Bretons, qui jouent d'abord à gauche, avant de revenir en arrière 20 secondes plus tard :


Cette longue possession a fait un peu courir les joueurs de l'ASSE, qui ont changé de place, Khazri étant maintenant à droite, Hamouma à gauche et Boudebouz avant-centre. Mais le bloc en 4-4-2 est toujours bien en place...


... jusqu'au sprint d'Hamouma, qui quitte soudainement l'alignement pour presser sur un défenseur - malheureusement pour lui, le gardien décide de jouer dans son dos, avec le latéral droit, resté haut. Ceci aurait pu être sans incidence pour les Verts, s'il n'y avait pas une forte concentration de joueurs adverses dans cette zone du terrain :


4 défenseurs pour 5 adversaires (il y a un ailier tout en bas de l'écran), des projections et deux passes vers l'avant transforment cette sortie non couverte d'Hamouma dans une véritable occasion pour Brest :


Au moment du centre il y a un attaquant complètement libre au 2e poteau, mais le choix est pour une passe en retrait, pour le même latéral droit qui avait suivi et qui ouvre le score, juste avant la pause.


2MT : Une animation offensive particulière


Les Stéphanois ont remis le pied sur le ballon après la pause (60% de possession) et ont recommencé à construire leurs attaques de la même manière. Une différence est cependant visible dans le jeu du compère de M'Vila : là où Aholou avait fait 2 passes sur 3 en arrière (mais avec un gros taux de réussite - 95%), son remplaçant Youssouf a eu la moitié de ses passes vers l'avant (en ratant néanmoins plus, 77%). Et même s'il y a eu de plus en plus d'intensité et des appels, certains maux aperçus en 1e période ont été visibles lors de la 2e, notamment au milieu du terrain (défensivement et offensivement).

A la 47e minute, une relance bretonne doit trouver comment passer le bloc haut stéphanois, ici en 4-1-4-1 :


Le problème est résolu par les milieux de l'ASSE, qui sont facilement aspirés. D'abord Youssouf par un des milieux centraux, puis M'Vila par un autre :


Et comme Debuchy avait suivi son ailier, qui décrochait, et Youssouf n'a pas suivit son adversaire direct, qui se projette, un décalage est fait de la plus simple des manières :


Le milieu brestois monte balle au pied et s'appuie sur son avant-centre qui lance en profondeur l'ailier gauche, dans le dos d'un Debuchy trop haut lui aussi. Et dans quelques passes et courses verticales le Stade Brestois traverse tout le terrain - heureusement le centre est dégagé par la défense.


Quelques minutes plus tard, c'est au tour des Verts de construire une attaque en partant de Ruffier...


... qui joue avec Perrin, qui s'appuie sur son milieu du terrain. Il n'y a pas de pressing, les Stéphanois prennent leur temps pour combiner dans leur moitié :


Moukoudi, Debuchy et Youssouf se passent le ballon à droite, sans être embêtés par leurs adversaires, mais sans passer la ligne médiane non plus. Le bloc adverse en 4-4-2 est bien visible, Hamouma et Boudebouz se trouvent entre les lignes de 4 sur le même côté droit et M'Vila au niveau de la défense. Il n'y a donc personne pour réclamer le ballon devant les milieux brestois...


... donc Youssouf joue en arrière avec Moukoudi (qui échange toujours des passes avec Debuchy) avant de s'y placer lui-même. Le ballon arrive à Perrin...


... et il faut lui offrir une solution de passe pour passer le premier rideau défensif. Comme aucun des 4 offensifs ne décroche et comme M'Vila ne monte pas, c'est Trauco, le latéral, qui s'y colle. Il est servi et a le temps de se retourner et orienter, comme un vrai milieu qui organise le jeu :


Aucun mouvement proposé par Khazri, Boudebouz ou Hamouma, mais Bouanga est disponible à gauche, ce qui explique aussi le positionnement de Trauco : entre M'Vila défenseur gauche et Bouanga collé à la ligne de touche, sa seule place était vers l'axe. Livré à lui-même, Bouanga élimine deux défenseurs, repique dans l'axe et sa frappe enroulée passe de justesse à côté du poteau.


Après avoir été obligé d'effectuer un premier changement en 1MT par la blessure d'Aholou, le staff stéphanois a choisi d'attendre l'heure de jeu pour apporter de la fraîcheur en attaque. Beric est entré à la place de Hamouma...


... ce qui a poussé Boudebouz s'excentrer à droite, Khazri restant axial. Et à un quart d'heure de la fin, Nordin a remplacé ce dernier, ce qui a permis à Boudebouz de reprendre une place en soutien de l'avant-centre :



Si Beric n'a eu aucune influence sur le jeu (4 ballons touchés lors des 25 minutes jouées), Nordin a eu une réelle contribution aux efforts stéphanois de revenir au score. A la 82e Youssouf récupère un ballon mal dosé par les attaquants adverses et Nordin se projette immédiatement en attaque :


Youssouf porte un peu le ballon et lance ensuite son ailier à gauche :


Nordin avance dans son couloir et cherche une solution, mais les 4 offensifs stéphanois sont seuls contre les deux lignes de 4 adverses. Il essaye de passer entre deux Brestois, mais perd le ballon. Les Bretons essayent de sortir proprement, puis avec un long ballon...


... récupéré en deux temps par Perrin. La balle arrive à Youssouf, qui écarte à droite avec Debuchy et les Verts construisent une nouvelle attaque :


C'est Debuchy qui se trouve en position de maître à jouer et il a la chance d'avoir deux coéquipiers accessibles, devant les milieux adverses, pas cachés derrière. Il s'appuie d'abord sur Bouanga, puis sur Youssouf, ce qui permet à M'Vila de s'avancer pour proposer une solution plus haut que d'habitude :


Brest a fait le choix de défendre bas, avec une forte densité dans l'axe (il y a 5 joueurs dans le rideau des milieux en ce moment). Le salut peut venir seulement par les côtés, notamment à gauche, où se trouvent Nordin et Boudebouz. Le premier est trouvé par M'Vila...


... et comme le deuxième s'efface, il part de nouveau dans un raid solitaire dans son couloir, contre deux adversaires. Sauf que cette fois-ci il y arrive et centre au 2e poteau, où Bouanga profite d'un mauvais contrôle d'un défenseur, puis d'un rebond favorable, pour égaliser.

Avec un peu de réussite, après avoir misé sur les exploits des ailiers et avoir fait appel à des latéraux comme dépositaires du jeu, les Verts ont réussi à éviter une défaite à domicile. 


Conclusions


Le trio du milieu manque clairement d'automatismes, l'avant-centre titulaire n'est pas au top physiquement et le couloir gauche est complètement nouveau et se cherche encore. L'animation offensive se veut similaire à celle d'avant, mais les recrues n'y se sont pas encore greffées : Boudebouz joue moins en 8 que Cabella, Bouanga reste trop collé à la ligne de touche, la qualité de passe vers l'avant de Selnaes n'a pas été remplacée. Bref, les Verts ne sont pas encore prêts et il faut avoir de la patience. Les résultats seront en dents de scie en attendant - parfois ça passera (comme à Dijon), parfois moins. Les deux prochains matchs permettront de mieux jauger les progrès effectués entre temps, surtout contre des adversaires d'un niveau théoriquement supérieur.