lundi 24 février 2020

ASSE - Reims, 1-1 (Bouanga)

Une fin cruelle


S'ils ont réussi à enrayer la série des défaites consécutives en championnat, les Verts ont laissé échapper dans le temps additionnel deux points précieux dans la lutte au maintien.


L'ASSE n'avait pris que 3 points sur ses 9 derniers matchs de Ligue 1 et la réception de Reims n'avait pas été préparée dans les meilleures conditions possibles. Quand une telle équipe, en pleine crise de résultats et de confiance, reçoit la meilleure défense du championnat, il faut s'attendre à un match fermé. Et ça a été bien le cas, le plan de jeu des deux équipes étant souligné dans l'analyse de Claude Puel d'après-match : "Reims est une équipe qui ne donne rien et quadrille bien le terrain (...) On est restés bien en place et on n’a pas concédé d’occasion".

Voici quelques exemples d'un match bien fermé et pauvre en occasions...


1MT : Deux blocs bas


Comme prévu, c'est Jessy Moulin qui a été dans le but stéphanois, derrière un bloc équipe en 4-2-3-1/4-4-2 :


Dans l'absence de Perrin (blessé) et Fofana (suspendu), c'est M'Vila qui a joué en défense centrale, laissant l'axe du milieu à Cabaye et Camara. Les Stéphanois ont proposé un bloc bas avec deux lignes de 4 assez proches et disciplinées, même si elles ont été parfois facilement percées par les Rémois. Dans cet exemple à la 4e minute, un milieu adverse est recherché entre les lignes, mais Camara coupe bien la passe. Le ballon rebondit jusqu'à un adversaire, les Verts ne récupèrent pas la possession :


Les deux lignes sont toujours en place, le ballon passe par la défense de Reims, un des défenseurs monte balle au pied sur un côté, tout le bloc coulisse bien...


... et quand le ballon est envoyé du côté opposé, l'ailier rémois se trouve tout seul : Debuchy était trop axial, Honorat trop haut. Heureusement, son centre n'est repris par personne dans la surface et les Verts se dégagent facilement.


Le Stade de Reims n'a quasiment rien proposé offensivement et le bloc stéphanois n'a pas été réellement mis à l'épreuve. Quant à son animation offensive, l'ASSE n'a pas brillé non plus, ayant du mal à prendre des risques contre un défense regroupée. Dans cet exemple à la 9e, Moulin joue avec M'Vila...


... qui combine avec Saliba dans la surface. Il y a plusieurs adversaires restés haut dans la moitié stéphanoise et quand le jeune défenseur joue verticalement vers Camara, sa passe est interceptée. Heureusement, le ballon est récupéré et les Verts peuvent construire proprement leur attaque, pendant que les Rémois se mettent en place dans leur moitié :


Camara joue en latéral avec Kolo, qui lui rend le ballon. Ses deux défenseurs sont derrière lui, ses deux milieux (Cabaye et Boudebouz) sont plus haut, impossible à trouver entre les milieux adverses :


Camara joue donc en arrière avec M'Vila, le ballon arrive jusqu'à Saliba, qui joue à droite avec Debuchy...


... qui remet dans l'axe. Sa passe n'est pas précise, mais M'Vila récupère avant un attaquant adverse, avant de redonner à Camara :


Le jeune milieu stéphanois est trop bas sur le terrain. M'Vila et lui se trouvent dans la même zone, avec aucun adversaire autour. Il manque donc des joueurs pour faire le liant vers l'attaque, surtout que les deux milieux sont bien cachés dans le bloc adverse. Les Verts peuvent remonter le terrain seulement avec des longs ballons ou en passant sur les côtés (qui sont bien fermés aussi). Dans cet exemple, Kolo essaye la deuxième option, mais sa passe à destination de Bouanga et/ou Diony n'est pas précise et le ballon sort en touche...


Quelques permutations ont été effectuées plus tard en première période, entre Camara et Cabaye mais aussi dans la ligne de 3 offensifs (Honorat est passé à gauche, Boudebouz à droite, Bouanga dans l'axe) :


Mais un autre changement tactique a été plus important : les Verts ont décidé de prendre plus de risques et laisser la relance à la défense, plaçant les milieux plus haut sur le terrain. Dans cet exemple à la 37e, Debuchy joue une touche avec Cabaye, qui écarte avec Kolo du côté opposé. Le jeu revient en arrière...


... avec Camara, Saliba et M'Vila. On pourrait croire à la même animation que lors de l'exemple précédent, mais les milieux stéphanois se projettent maintenant et M'Vila avance balle au pied :


Diony se trouve dans la défense, Kolo et Boudebouz collent aux lignes de touche et il n'y a pas moins que 4 stéphanois dans l'axe pour proposer une solution de passe : Bouanga, Honorat, Cabaye et Camara. Ils sont couverts par une ligne de 5 milieux rémois, il y a forcement des solutions. M'Vila joue avec Saliba, qui monte aussi un peu...


... et trouve un partenaire : la passe verticale traverse la ligne des milieux et arrive dans les pieds de Camara, qui remonte vers le but adverse et centre. Malheureusement, le ballon est repoussé par un défenseur en corner.

Et comme les coups francs n'ont pas été bien tirés, la première période se finit avec aucun tir cadré, des deux côtés...


2MT : Du bricolage tactique


En deuxième période les Verts ont augmenté un peu le rythme et ont essayé de mettre à la faute le bloc adverse. Mais comme ce n'était toujours pas évident de construire les attaques, ils ont plutôt mis l'accent sur une récupération haute du ballon. Dans cet exemple à la 57e...


... le bloc stéphanois est en place et quand les défenseurs et le gardien adverse se passent le ballon, un pressing est déclenché. Diony cherche un défenseur pendant que Boudebouz marque le milieu adverse, les Rémois doivent jouer long. Camara récupère le ballon...


... et joue en arrière avec Debuchy. Un jeu à trois avec Honorat et les Verts repartent vers l'avant. Camara porte le ballon vers la droite...


... élimine un adversaire, et cherche à lancer Honorat dans son couloir. Malheureusement, la passe est imprécise et sort en touche. Les Rémois remettent en jeu vers l'arrière, avec la défense et le gardien...


... et les Stéphanois restent haut, prêts pour le pressing. Qui est déclenché quand le ballon est envoyé sur le côté opposé :


Diony, Boudebouz, Bouanga, Cabaye, Camara et Honorat sont haut sur le terrain et leur positionnement oblige leurs adversaires à jouer dans le couloir. Et quand la passe vers l'avant part...


... c'est Kolo qui surgit pour l'intercepter - il n'était même pas visible sur la capture précédente. Il remet dans l'axe à Boudebouz, qui est complètement libre et qui arme un frappe à l'entrée de la surface. Captée par le gardien, mais c'était le premier tir cadré du match.

Le deuxième n'est pas intervenu avant la 70e minute. Entre temps, Trauco avait remplacé Boudebouz - il avait pris l'aile gauche et Bouanga s'était placé en soutien de Diony dans l'axe. Lors de cet exemple à la 72e, il décroche pour jouer une touche avec Kolo :


Le ballon est ensuite envoyé latéralement jusqu'à Debuchy, via Saliba. Le jeu passe ensuite par les milieux de terrain Camara et Cabaye...


... jusqu'à Kolo de nouveau. Ça passe d'un côté à l'autre, mais lentement et sans aucune passe vers l'avant. Le bloc adverse est en place en 4-4-2, avec un milieu surveillant Bouanga entre les lignes...


... et trois adversaires enfermant les deux milieux axiaux stéphanois. Les passes latérales des Verts continuent et c'est le jeune Saliba qui fait le premier mouvement vers l'avant :


Il monte balle au pied et donne à Debuchy plus haut, qui lance Honorat encore plus haut dans le couloir droit. Un défenseur s'interpose, mais le ballon sort du terrain et la touche est stéphanoise.

Et sur cette remise en jeu, Honorat centre pour Bouanga, qui ouvre le score sur le deuxième tir cadré du match.


Le staff de l'ASSE a ensuite procédé à d'autres changements des joueurs, pour amener du sang frais et surtout préserver le score. L'entrée de Dioussé à la place de Diony a amené un changement tactique compréhensible :


Les Verts sont passés en 4-1-4-1 avec Cabaye en sentinelle et Bouanga seul devant. Ce bloc stéphanois a été propre et a bien fermé le jeu, empêchant les Rémois de se créer des occasions. Mais l'entrée de Silva à la place de Cabaye (changement forcé après une gêne ressentie par ce dernier) a tout chamboulé :


Les Verts sont passé à 5 derrière, avec Kolo axial et Debuchy et Silva sur les côtés. Un 5-4-1 en théorie, mais parfois même un 6-3-1, tellement Honorat descendait bas aussi.


Et malgré ce dispositif hyper-défensif pour préserver son but d'avance, l'ASSE a concédé un penalty en contre à la dernière minute du temps additionnel...



Conclusions


Même si tout point pris dans la lutte au maintien est important, surtout après 4 défaites consécutives, il est difficile de positiver après ce match. Le jeu proposé a été assez pauvre et le but encaissé dans la dernière minute du temps additionnel fait mal au moral. Il aurait été préférable de ce point de vue de finir le match plutôt 0-0 que 1-1... Il est important pour les joueurs de se vider la tête et bien préparer la série suivante, quand ils auront à jouer 3 matchs dans une semaine, dont le Derby et une demi-finale de Coupe de France. Un enchaînement qui risque de faire très mal en cas de mauvais résultats, ce qui est malheureusement probable avec l'absence des nombreux joueurs et de la confiance.

dimanche 23 février 2020

La Rochelle - RCT, 17-12

L'avant-match


La période des doublons pendant le Tournoi continue et le RCT se déplace à La Rochelle privé comme toujours des nombreux joueurs, entre sélectionnés et blessés. C'est un match au sommet, entre deux équipes du Top 6, mais un match sans pression particulière pour les Toulonnais. Leur tableau de marche est assez simple, des victoires à domicile peuvent suffire pour atteindre les phases finales (en championnat, et la finale en Coupe d'Europe). Mais quand-même, ça serait une bonne idée de prendre un point de bonus et/ou empêcher un candidat direct d'en prendre un autre...

Le match...


... commence mal pour des Toulonnais très indisciplinés. Les 6 pénalités concédés en 17 minutes permettent aux Rochellais de mener 9-0 et la répétition des fautes vaut un carton jaune à Lakafia. Ses coéquipiers font dos rond et leur large domination sur les mauls et en mêlée fermée leur permet de faire un petit 3-0 en infériorité numérique. Le reste de la période continue dans le même style, plus équilibré au niveau discipline, avec des défenses très bien en place et certaines approximations qui font que le score à la mi-temps n'est que de 12 à 6.

La 2MT continue pareil, les Toulonnais font mal en mauls et mêlées, reviennent à 12-9, mais commettent trop d'en-avants (7 contre 1 à la 50e) pour pouvoir égaliser. Ce match serré ne pouvait être départagé que par l'arbitrage qui commence son show à la 53e. Le carton jaune irréel accordé à Isa change l'équilibre, et le RCT qui avait obtenu la pénalité de l'égalisation (voire ci-dessous) se retrouve en infériorité numérique. Pendant laquelle il encaisse le seul essai du match, après une grosse faute au sol rochellaise, bien sûr pas vue par l'arbitre on son assistant vidéo. La grosse domination en mêlée des Toulonnais leur permet néanmoins de revenir à 5 points et obtenir le bonus défensif. Malgré une pénalité inventée par l'arbitre en faveur de La Rochelle, heureusement ratée.

L'action


On joue la 53e minute et les Toulonnais obtiennent une pénalité sur une mêlée dans leur camp, ce qui les amène sur les 40 mètres adverses :


Alignement complet, le lancer de Tolofua (2) est bien capté par Rebbadj (5) et le RCT forme un maul qui avance une dizaine de mètres. Le ballon est sorti pour Heem (12) qui fait un premier point de fixation...


... et le néo-Toulonnais Takulua (9) sort pour Dakuwaqa (14), qui fait un 2e, à l'entrée des 22m. Les avants du RCT se déploient sur la largeur et essayent de faire parler leur puissance :


D'abord Lakafia (7), soutenu par Etzebeth (4) et Tolofua (2). Ensuite Takulua (9) sort le ballon pour Isa (6)...


... qui casse un plaquage, avant d'être mis au sol sur la ligne des 22 mètres. Le ballon est sorti, la défense est hors-jeu, l'avantage ne donne rien, l'arbitre revient à la pénalité. Les Toulonnais ont la possibilité d'égaliser, mais la vidéo insiste sur la percée d'Isa. Qui écope d'un carton jaune, le tournant du match :



La suite


Leur large domination sur les ballons portés et les mêlées n'a pas suffi aux Toulonnais pour compenser leur indiscipline en 1e période et l'arbitrage maison en 2e. Ils sont quand-même rentrés avec un point de bonus, ce qui n'est pas si mal payé dans ces conditions. Et la semaine prochaine c'est un match à Mayol qui attend les Toulonnais, avec la réception du Stade Français. En théorie un match facile, où il faudra prendre le maximum de points et de confiance avant deux semaines de pause. Mais il faut se méfier de cette équipe qui retrouve peu à peu ses couleurs...

lundi 17 février 2020

Brest - ASSE, 3-2 (Bouanga, Diony)

Une mi-temps catastrophique


Les Verts ont complètement coulé lors de la première période à Brest, encaissant trois buts - un retard trop important à combler après la pause, malgré des meilleures intentions...


L'analyse du coach stéphanois après le match est très claire : "on a été totalement absents de la première mi-temps. (...) En seconde période, on s’est lâché, on a gagné nos duels et fait beaucoup d’efforts. (...) Mais, on ne peut pas accepter le niveau de notre première mi-temps". En effet, les Stéphanois ont de nouveau perdu un match de championnat suite à leur première période, tout simplement catastrophique défensivement. Ils ont encaissé un but lors de chaque tir cadré adverse, ont commis des erreurs individuelles, mais aussi tactiques, comme on peut le voir dans les exemples suivants...


1MT : Toujours des soucis défensifs


Le système choisi par le staff stéphanois pour ce match a été un 4-3-3 / 4-1-4-1, avec M'Vila en sentinelle, Abi en avant-centre et Boudebouz et Bouanga ailiers :


La défense à 4 alignée a été très jeune (Maçon, Fofana, Saliba) ou pas en rythme (Kolodziejczak, qui n'avait plus démarré un match avec les pros depuis décembre). Les Verts ont proposé un bloc compact et bas, avec en plus une sentinelle entre les lignes - ça a bien fonctionné défensivement, tant qu'il restait bien en place. Ça n'a pas été toujours le cas, comme dans cet exemple à la 18e, quand les milieux déclenchent un pressing haut :


Ce pressing n'est pas coordonné, les joueurs ne cherchent pas forcément à amener l'adversaire où ils veulent... et il n'est pas suivi par toute l'équipe :


La défense ne suit pas, il y a un grand espace entre la ligne des défenseurs et les milieux. L'avant-centre adverse décroche dans cet espace, où il est trouvé par son milieu offensif, qui s'était excentré. M'Vila est trop loin, Kolo sort sur l'avant-centre, l'ailier plonge dans son dos... c'est un décalage, mais pas une situation trop difficile à défendre. Sauf que tout le monde ne suit pas :


L'ailier droit est décalé dans son couloir, d'où il centre. Pas à destination de l'autre ailier, pris entre deux défenseurs, ni de l'avant-centre, suivi par M'Vila. Mais en retrait, dans la course d'un milieu axial pas du tout suivi par les deux relayeurs stéphanois, Cabaye et Camara. Heureusement, sa frappe passe au dessus du cadre.


Quelques minutes plus tard, le jeu se passe à la droite de la défense :


Boudebouz en pointe, c'est Abi qui est à droite et qui sort sur le défenseur adverse. Les lignes sont de nouveau assez écartées et entre elles il y a le milieu offensif (pris par M'Vila, comme il se doit), mais aussi l'avant-centre et le latéral gauche adverses, complètement libres. Bref, la ligne des milieux ne sert à rien et la défense ne monte par sur les joueurs décalés. Enfin, Maçon le fait...


... mais avec du retard. En plus, il est à 1-contre-2 sur son côté, donc il n'a aucune chance. M'Vila se jette pour combler le gros décalage, les deux joueurs de couloir combinent très bien et l'ailier adverse se trouve en position de centre :


Camara suit l'avant-centre, Maçon, Fofana, M'Vila se trouvent à 3-contre-2 dans le coin du terrain, Saliba et Kolo à 2-contre-1 dans la surface... ça laisse un Stéphanois en infériorité numérique quelque part. C'est Cabaye, qui prend tout seul les deux milieux adverses (Bouanga, Boudebouz ou Abi n'ayant fait aucun effort). Il suit un adversaire, mais le centre est pour l'autre, qui cette fois-ci ne rate plus le cadre.

Pour limiter le nombre d'images et faciliter la lecture, il n'y aura pas d'analyse du deuxième tir cadré breton, après un autre centre du même côté et une action sur le même principe : joueur trouvé entre les lignes trop espacées, décalage créé à gauche de l'attaque, défense et milieu trop statiques pour suivre les appels. Quant au troisième tir cadré de Brest, il a été le résultat d'un perte de balle dans l'axe. Et comme Ruffier n'a arrêté aucun tir lors de ce match, les Verts sont rentrés aux vestiaires menés 3-0...



2MT : Changements tactique et de joueurs


Le staff stéphanois devait absolument changé quelque chose à la pause, et la solution a été l'entrée de Diony à la place d'Abi et de Honorat à celle de Maçon. Avec un plus un changement tactique et un passage en 3-4-1-2 :


M'Vila a reculé en défense centrale entre Fofana et Saliba, les pistons ont été Honorat et Kolo, pendant que Boudebouz a joué en "10" derrière Bouanga et Diony.

Quant à l'animation offensive des Verts, elle a été assez simple et bien lisible sur les images suivantes :


A la 48e, Fofana joue avec Honorat à droite, qui remet dans l'axe à Boudebouz. Du jeu à 3 dans ce couloir, où se trouve aussi Diony, très excentré :


Il est lancé en profondeur par Boudebouz et centre à destination de Bouanga, qui reprend et marque... mais Diony avait été signalé hors-jeu.

Trois minutes plus tard, sortie propre du ballon par la défense stéphanoise :


Le ballon est envoyé à Honorat, qui monte balle au pied dans son couloir...


... avant de lancer en profondeur Diony, toujours excentré. Cette fois-ci il n'est par hors-jeu et il centre en retrait pour Boudebouz, qui voit son tir dévié par la cuisse et le bras d'un défenseur. Bouanga transforme le penalty et les Verts reviennent dans le match.

A l'heure de jeu, les Bretons combinent dans la moitié stéphanoise, mais Honorat lit bien le jeu...


... et gagne le ballon dans les pieds d'un adversaire, avant de monter dans son couloir. Bouanga fait un appel en profondeur sur ce côté...


... il est servi, mais choisit de frapper dans un angle fermé au lieu de passer à Diony, libre dans l'axe.

Si l'animation basée sur Honorat dans le couloir droit et le lancement d'un des deux attaquants en profondeur a créé plusieurs occasions, le deuxième but stéphanois a été issu d'une belle passe dans l'axe de Cabaye à destination de Diony. Mais le staff brestois a finalement réagit, avec la sortie de l'ailier gauche, qui avait du mal à défendre sur Honorat. Le milieu entrant a bien fermé ce couloir et les Verts ne se sont plus procuré aucune autre occasion, malgré l'entrée de Benkhedim à la place de Boudebouz, du poste pour poste.


Conclusions


La faillite défensive en première période a été totale, avec plusieurs erreurs collectives et individuelles. Les Verts ont eu une belle réaction d'orgueil après la pause, mais c'était trop peu, trop tard. Quand tu encaisses deux ou trois buts par match, il est très difficile d'obtenir un bon résultat. D'ailleurs, les Stéphanois n'ont gagné que 2 fois lors des 11 derniers matchs de Ligue 1 - les seules fois où ils n'ont encaissé qu'un seul but (avec aussi la défaite 1-0 à Montpellier en supériorité numérique pour plus d'une mi-temps). Une incroyable série qui les place clairement dans la lutte pour le maintien, qui ne sera obtenu qu'en retrouvant une efficacité défensive. Mais les solutions ne semblent pas faciles à trouver...

dimanche 16 février 2020

RCT - Brive, 34-17 (Ikpefan x2, Etzebeth)

L'avant-match


Après trois longues semaines de pause, le Top 14 est enfin de retour. Privés de leurs internationaux, les Toulonnais peuvent quand-même aligner une belle équipe. Et leurs déclarations d'avant-match montrent clairement qu'ils n'ont pas oublié la claque reçues à Brive lors du match aller, quand ils ont encaissé presque 40 points... Tout autre résultat qu'une victoire à Mayol n'est pas envisageable, surtout que leurs adversaires font tourner pour ce match.

Le match...


... commence avec des Toulonnais qui ont du mal à imposer leur puissance et des Brévistes qui sont ambitieux, choisissant souvent d'aller en touche et ne pas prendre les points. Les mêlées moins dominatrices que d'habitude, les touches restent les principales rampes de lancement pour le RCT, qui marque un premier essai au large après une, avant de marquer un autre rapidement après une relance de leurs 22m. Mais une grosse erreur défensive permet à Brive de marquer un essai aussi et les Toulonnais commencent à prendre les 3 points quand la situation leur permet : 17-10 à la pause.

La 2MT commence mieux et après une touche adverse à 10 mètres, les Toulonnais remontent tout le terrain grâce à 3 pénalités et obtiennent un essai de pénalité sur la 4e et un maul. On aurait pu croire que le break est fait et que le RCT cherchera l'essai du bonus, mais c'est toujours les 3 points qui sont choisis... avant d'offrir un autre essai aux adversaires, par un dégagement contré. La réaction est rapide, un bel essai d'Etzebeth après une relance, l'écart au score est conséquent (34-17) et la fin de match est tranquille. Large victoire, mais un peu amère, sans bonus offensif, deux joueurs sortis sur blessure, Hériteau et Gigashvili.

L'action


Quelques minutes après avoir marqué leur premier essai, les Toulonnais sont à la réception d'une chandelle. Ils relancent d'abord dans le couloir gauche...


... avant que Meric (9) sorte le ballon. Les joueurs du RCT sont disposés simplement, un bloc de 3 avants avec un arrière derrière eux : Setiano (3), Parrise (8), Devaux (1) + Belleau (10), respectivement Messam (7), Alainu'uese (5), Etzebeth (4) + Moyano (15). C'est le premier groupe qui est choisi, avec Parisse en fer de lance. La libération est rapide et via Belleau...


... c'est le deuxième groupe qui reçoit le ballon. Sauf que maintenant l'appel des avants sert à fixer la défense et Moyano (15) déclenche l'attaque au large. Où se trouvent encore deux coéquipiers, Rebbadj (6) et Ikpefan (11) :


L'appel du premier fixe l'avant-dernier défenseur, c'est l'ailier qui reçoit le ballon, il dépose son adversaire direct et un autre qui revenait et s'en va marquer son deuxième essai...


La suite


La période des matchs internationaux est toujours difficile à négocier pour le RCT, privé de plusieurs joueurs clés et avec d'autres absents sur blessure. Les victoires à domicile sont obligatoires, même sans bonus, parce que les matchs à l'extérieur seront plus compliqués. Comme le suivant, à la Rochelle, équipe du top 6, frustrée après avoir perdu d'un point, après la sirène, à Paris. 

vendredi 14 février 2020

Epinal - ASSE, 1-2 (Bouanga, Camara)

En demi !


Les Verts se sont qualifiés en demi-finale de la Coupe de France aux dépens du club amateur d'Epinal, après un match où ils n'ont pas vraiment brillé.

Pour la composition, ça a été un 4-3-3 :
Ruffier - Debuchy, Fofana, Saliba, Silva - M'Vila, Camara, Dioussé - Honorat, Diony, Bouanga

Sauf que l'animation offensive a été un peu bizarre, avec Bouanga qui jouait en "10", quittant ainsi son aile. Les Stéphanois n'avaient pas d'ailier gauche - c'est Dioussé qui couvrait en phase défensive, mais il n'y avait personne lors des offensives, Silva restant assez bas.

Quand le positionnement a été plus classique, après une demi-heure de jeu, le jeu des Verts a commencé à se mettre en place, ils étaient capables de mieux étirer le bloc adverse. Ça a aussi permis aux deux milieux relayeurs, Dioussé et Camara de se projeter plus haut.

Deux changements coup sur coup sont intervenus à la 72e : Abi est entré avant-centre à la place de Diony et Benkhedim au milieu à la place de Dioussé. Les Verts sont passés en 4-2-3-1 et ont eu plusieurs occasions de creuser l'écart en contre, sans succès.

L'entrée de Kolo dans le temps additionnel est anecdotique.


La manière laisse largement à désirer, mais l'important c'est le résultat et la qualification : l'ASSE jouera sa place au Stade de France contre Rennes dans le Chaudron !

lundi 10 février 2020

Montpellier - ASSE, 1-0

Frustrés, mais pas abattus


C'est ainsi que Claude Puel caractérise l'état d'esprit de ses joueurs après leur nouvelle défaite, à Montpellier : la septième en huit matchs de championnat...


En conférence de presse d'après-match, le coach stéphanois estime que son équipe aurait mérité plus qu'un match nul : "ç’aurait été bien de prendre un point ici car il y avait largement la place. J’aurais été déçu avec un match nul, imaginez ce que je ressens en repartant d’ici avec une défaite". Et il a raison, les Verts se sont procurés beaucoup plus d'occasions franches que leurs adversaires du jour. Mais ils ont de nouveau été très inefficaces dans les deux surfaces de réparation : "on a pris un but sur leur première occasion de la rencontre. Derrière, on a eu les opportunités pour revenir. (...) Quand on ne met pas nos occasions au fond et qu’on plie sur la première occasion de l’adversaire, c’est qu’on accuse le coup".

Enfin, c'est surtout en 1MT que les Stéphanois se sont procurés des grosses occasions, pas en 2MT, en supériorité numérique. En voici quelques exemples.


Du jeu rapide dans le dos de la défense


Les Verts ont démarré ce match dans un système similaire à celui de Montpellier, basé sur une défense à 3/5, avec la première apparition en Ligue 1 de Maçon, au poste de piston droit :


Mais si leurs adversaires jouaient avec un milieu offensif derrière deux avant-centres (3-4-1-2), les Stéphanois alignaient trois offensifs mobiles (3-4-3), avec un seul avant-centre, Diony. Les deux systèmes ne sont pas identiques, mais en plus ils ont été animés différemment par les deux équipes.


Côté ASSE, le plan de jeu a été assez facile à lire : jouer dans le dos de la défense adverse, haute et lente, avec Boudebouz en rampe de lancement principale et Diony ou Bouanga en attaquant qui prend la profondeur. Plusieurs grosses occasions ont été ainsi créées, comme par exemple à la 19e, quand Maçon joue une touche avec Boudebouz :


La défense adverse est placée haut sur le terrain, avec Diony et Bouanga à surveiller. Boudebouz et Maçon échangent des passes une fois, puis une deuxième fois...


... et Diony fait un appel en profondeur. Toute la défense le suit et recule, ce qui permet à Bouanga, resté un peu en arrière, de recevoir tranquillement le ballon de Boudebouz. Il attend le soutien de Trauco, parti de loin...


... mais arrivé lancé dans la surface, où il efface un défenseur avant de tirer dans le gardien, ratant ainsi son face-à-face.


Un autre exemple intervient à la 35e minute, quand Ruffier joue long une remise à 6 mètres :


Les Verts sont très disciplinés, en 3-4-3, avec Diony qui va au duel aérien. Le ballon arrive dans les pieds de Boudebouz et comme la défense adverse est très toujours haute et lente...


... sa passe lobée pour Bouanga permet à ce dernier de se présenter seul face au gardien montpelliérain. Qui sauve encore les siens.

Trois minutes plus tard, Ruffier joue à la main avec Cabaye, pendant que le bloc adverse est présent dans la moitié stéphanoise :


Cabaye prolonge jusqu'à Boudebouz, qui efface un adversaire, mais pas un deuxième, et le ballon est perdu. L'animation offensive de Montpellier passe dans les couloirs, dans cet exemple à droite :


Le ballon parvient jusqu'au piston droit, qui prolonge sur le même côté vers un des deux avant-centres, qui voit son centre facilement capté par Ruffier. Qui joue de nouveau à la main avec Cabaye...


... et cette fois-ci, le ballon ne passe pas par Boudebouz, c'est le milieu stéphanois qui se charge de joue long. A destination de Diony...


... qui élimine parfaitement son défenseur avec une feinte de corps et sprinte vers la surface adverse. Il lève la tête et sert Bouanga, qui arrive lancé après avoir déposé à la course le latéral montpelliérain. Qui commet une faute juste à l'entrée de la surface en position de dernier défenseur.

Les Verts se retrouvent en supériorité numérique, mais leur animation offensive reste basée sur des appels en profondeur. Comme en tout fin de la 1MT, quand Aholou repousse de la tête un coup franc adverse :


Le ballon arrive dans les pieds de Boudebouz, qui le garde et attend l'appel en profondeur. Diony se trouve initialement à peu près à la même hauteur, mais fait l'effort nécessaire :


Il est bien trouvé par la passe de Boudebouz et arrive jusqu'à l'entrée de la surface. Bouanga, parti derrière lui, sprinte pour lui proposer une solution...


... et reçoit un ballon parfait sur les 16 mètres. Un mauvais contrôle et un nouveau face-à-face raté par les Stéphanois, décidément pas en réussite offensivement...


A quoi bon utiliser plusieurs défenseurs centraux ?


Rater des occasions, ça arrive. Mais quand on combine ceci avec des approximations défensives, il est très difficile d'obtenir un résultat. L'animation offensive de Montpellier passait principalement par les côtés, avec des centres à destination des deux avant-centres. Et malgré le nombre important des défenseurs sur le terrain (3 ou 5, selon), l'ASSE a eu du mal à gérer ce genre de situation. Par exemple, à la 25e, le bloc stéphanois est en place :


Un 5-2-3, mais le milieux Cabaye-Aholou ne sert pas à grande chose, les 3 milieux adverses ne sont pas placés dans l'axe. Le jeu part de la gauche, du milieu offensif, et relayé par un autre, arrive au piston droit. Qui s'appuie sur le 3e milieu axial, qui le lance dans le couloir droit. Comme les 5 autres Verts ont été contournés par ce jeu, c'est aux 5 défenseurs de gérer l'attaque adverse. Saliba sort sur un milieu, Trauco sur le piston, mais les deux sont trop loin et le une-deux fonctionne bien, le latéral montpelliérain se trouve donc en position de centre...


... poursuivi par 2 défenseurs. Il en reste 3 pour couvrir les deux avant-centres, il n'y a pas de déséquilibre dans la surface...


... en théorie. Parce qu'en pratique, Perrin serre bien son attaquant, mais Fofana et Maçon ne vont pas du tout au marquage de l'autre, qui marque de la tête, complètement seul dans la surface.

Ce n'est pas seulement sur l'action du but que le placement des défenseurs stéphanois a été approximatif. Par exemple, à la 31e, Trauco essaie une relance, mais sa passe est interceptée par un milieu adverse :


Le piston droit fait un appel dans son couloir, les Verts sont en supériorité numérique dans l'axe avec les 3 défenseurs centraux et les deux milieux pour surveiller les 3 offensifs de Montpellier. Le milieu axial monte avec le ballon et ne décale pas son latéral, mais cherche une autre solution de passe. Il faut bien remarquer le positionnement de ses coéquipiers sur cette image : si les deux autres milieux ne bougent quasiment pas...


... les deux attaquants font des appels croisés, qui mettent complètement à faux la défense stéphanoise ! Les quatre défenseurs coulissent tous vers leur gauche, amenés par l'appel du piston et de l'avant-centre parti du côté opposé. Et personne ne suit l'autre attaquant, qui se place dans le dos de la défense, où il est trouvé par le centre - heureusement que Ruffier repousse sa reprise de volée.


Plus fermé en deuxième période 


Des nombreux face-à-face ratés par les offensifs, du positionnement approximatif de la part des défensifs - la tâche des Verts devient compliquée dans cette situation. Mais paradoxalement, le tournant du match a été le carton rouge pris par les Montpelliérains avant la pause. En 2MT, leur tactique a été de défendre dans un 4-4-1 très bas et très compact. Ce qui a rendu impossible le plan de jeu initial des Stéphanois, qui ne pouvaient plus se projeter vite dans le dos de la défense. L'ASSE a du donc faire le jeu, passant de 48% de possession en première période, à 65% en deuxième... et n'ayant quasiment plus aucune grosse occasion ! A l'exception de cette attaque à la 68e, quand Perrin récupère un ballon dégagé par la défense...


... avant de monter un peu, balle au pied. Boudebouz est excentré à droite, Aholou se trouve juste derrière la ligne des milieux...


... et comme la passe de Perrin trouve le premier et le une-deux fonctionne parfaitement, le meneur de jeu stéphanois se retrouve décalé dans le couloir droit. Les appels dans la surface sont bons :


Bouanga au premier poteau, Diony en retrait et Honorat au deuxième. C'est le deuxième qui est recherché par le centre, mais sa reprise de volée est captée par le gardien. C'était son dernier ballon, il est sorti ensuite, un de très nombreux changements tactiques en 2MT de la part des Verts, résumés par la suite.



L'ASSE a joué toute la 1MT en 3-4-3, avec Bouanga et Boudebouz en soutien de Diony, avant-centre. Dès le retour des vestiaires, le système a changé :


4-2-3-1, avec Boudebouz en soutien de Diony et avec Maçon monté d'un cran, de piston à ailier droit, pendant que Bouanga est resté à gauche.

6 minutes plus tard, changement poste-pour-poste tout à fait normal, Honorat est entré à la place de Maçon :


Mais Honorat n'a joué que 19 minutes à ce poste, Edmilson est entré à la place de Diony, en avant-centre :


Du poste-pour-poste, mais avec un repositionnement tactique : Bouanga est passé en 2e avant-centre, Honorat ailier gauche et Boudebouz s'est retrouvé excentré à droite. Un 4-2-4 qui a duré... 8 minutes, parce qu'après Abi est entré à la place de Trauco. Les Verts se retrouvent de nouveau avec une défense à 3 centraux, un système 3-4-1-2 avec deux pistons très offensifs, qui le transforment en (3-)2-3-2 :


Honorat est maintenant piston droit (son 3e poste en 40 minutes), Edmilson piston gauche (2e poste en 20 minutes), Boudebouz de nouveau axial et Bouanga maintenu avant-centre (3 ballons touchés à ce poste en 20 minutes, contre... 47 avant).



Conclusions


Le plan de jeu initial de l'ASSE a été bien choisi. Les Verts ont très bien exploité le point faible de la défense adverse, haute et lente. Mais ils n'ont pas concrétisé leurs grosses occasions et ce plan a été complètement ruiné par les erreurs de placement des défenseurs. Le match a été bien plus compliqué en 2MT, contre un adversaire différent, regroupé en défense en infériorité numérique. Il est toujours plus difficile de se créer des occasions dans ce contexte, surtout quand la confiance manque. Et les changements tactiques incessants n'ont pas aidé, les Stéphanois n'ont pas su s'adapter, trouver le point faible et appuyer dessus. Avec une nouvelle défaite au compteur, ils peuvent clairement nourrir des regrets. Et le chantier reste le même que depuis plusieurs semaines déjà : il faut retrouver de l'efficacité dans les deux surfaces...