dimanche 23 avril 2023

ASSE - Metz, 1-3 (Nkounkou)

Fin de série


Les Verts sont redescendus sur terre en s'inclinant logiquement à domicile, après avoir encaissé 3 buts lors de la première demi-heure de jeu...

Les systèmes de jeu proposés par les deux équipes étaient bien visible dès le coup d'envoi du match, l'habituel 3-1-4-2 des Stéphanois contre le 4-1-4-1 de Metz :


Des triangles pointe basse au milieu des deux côtés, mais c'est le trio milieux relayeurs + avant-centre côté messin qui a muselé les trois milieux stéphanois, comme nous le verront plus tard. Mais avant cela, voici un exemple qui résume à lui tout seul la différence entre les deux équipes lors des 30 premières minutes :


Après une touche jouée par Cafaro à droite, le ballon circule dans la défense jusqu'à Petrot à gauche, puis jusqu'à Sow à droite - les Verts font circuler sur la ligne médiane en cherchant une faille dans le bloc. Sow joue avec Fomba, qui décale Petrot à gauche...


... qui joue avec son ailier, Nkounkou. Le bloc messin est en place et très compact, avec peu de place entre les lignes, où Krasso est pris en individuel par la sentinelle adverse. Les Verts essaient de passer par le côtés, mais la paire Nkounkou - Lobry n'y arrive pas et Petrot reçoit de nouveau le ballon :


Bouchouari avait vu un espace entre les lignes et Petrot tente la passe verticale à sa destination. Sauf que deux adversaires la lisent et l'interceptent. Metz peut donc partir en contre, avec notamment ses deux ailiers :


Ils partent de bas, mais font les courses parfaites, le premier remontant la balle jusqu'au rond central et le deuxième fait un appel en profondeur qui élimine toute la défense stéphanoise :


... il élimine Petrot dans la surface, mais Larsonneur emporte son duel et évite (pour seulement cinq minutes) un troisième but. 

Les Verts ont eu une possession relativement stérile, incapables de trouver la faille dans un bloc adverse très solide, qui a su parfaitement couper les angles de passe. Ce que la défense stéphanoise n'a pas pu faire sur les phases des transitions résultantes. Et Laurent Batlles l'explique très bien : "(Metz) a surtout bien quadrillé le terrain. Défensivement ils étaient très bien en place et nous ont empêché de trouver des relations de passe notamment dans l'entre-jeu. À partir de là, ça a été compliqué de faire le jeu sans toucher nos milieux de terrain".

C'était un travail à 5 pour empêcher les passes - les 3 offensifs plus les 2 milieux relayeurs, car la sentinelle était au marquage de Krasso. Voici un exemple en 2MT, avec une relance qui part de Larsonneur et le ballon qui circule entre les défenseurs :


L'avant-centre est au marquage de Fomba, pendant que les deux milieux relayeurs messins prennent les deux stéphanois. En plus, les deux ailiers adverses ne pressent pas les défenseurs, mais font des mouvements latéraux pour couper les angles de passe vers Lobry et Bouchouari. Pour être trouvés, ils sont donc obligés de s'excentrer beaucoup :


Dans cet exemple, Lobry reçoit le ballon à côté de la ligne de touche et comme son adversaire arrive tout de suite sur lui, il le balance n'importe comment vers l'avant. Possession perdue, mais les Verts récupèrent une touche dans leur moitié. Et la construction repart...


... avec un ballon qui circule dans la défense jusqu'à Petrot, qui décale Bouchouari, très excentré à gauche. Son adversaire monte immédiatement sur lui, pendant que Fomba, Lobry et Krasso sont marqués de près. Le jeune milieu est donc obligé de rejouer en arrière...


... et les Verts essaient de contourner le bloc adverse, le ballon arrivant de nouveau à Sow, qui joue avec son ailier, Cafaro :


Comme le latéral gauche suit son adversaire direct, Lobry se projette dans cet espace. Mais il est suivi par son milieu relayeur adverse...


... tout comme Fomba l'est par son avant-centre, qui arrive à le déposséder du ballon. L'entraîneur messin avait trouver la solution pour museler le jeu stéphanois : empêcher les quatre milieux de toucher le ballon dans le coeur du jeu.


Conclusions


Le jeu prôné par Laurent Batlles est basé sur le déséquilibre, partant du principe que même si on se découvre derrière, on étouffe tellement l'adversaire dans sa moitié qu'on finit par trouver et exploiter des failles. Comme la série de dix matchs sans défaite l'a montré, ça fonctionne. Comme cet opposition contre la meilleure équipe de la deuxième partie de saison le montre, pas toujours. Car si l'adversaire sait bloquer le jeu stéphanois, la possession est stérile et peu de failles sont trouvées. Par contre, le déséquilibre défensif est toujours là et les pertes de balle se paient cash...

mardi 18 avril 2023

Grenoble - ASSE, 0-2 (Nkounkou, Krasso)

Dans la première moitié


Les Verts se sont hissés pour la première fois de la saison dans la première moitié du classement après leur septième victoire en dix matchs... 

C'est une composition sans surprise - compte tenu des absents - qui a été proposée par les staff stéphanois pour le déplacement à Grenoble :


Un 3-1-4-2 avec Appiah - Sow - Petrot en défense et Fomba en sentinelle devant eux. Enfin, tout dépend du moment où on prend la capture d'écran, car trois secondes plus tard...


... les Verts sont alignés en 4-4-2, Fomba ayant descendu au même niveau que ses défenseurs. Ce n'est pas nouveau, Monconduit faisait la même chose, c'est un propre du système 3-4-3 losange utilisé par Laurent Batlles. C'est tout simplement la réponse à la question : qui défend dans les couloirs ?

Et pour répondre à cette question, voici un exemple à la 50e minute, avec une attaque stéphanoise à gauche, le ballon dans les pieds de Nkounkou :


Les Verts attaquent à 4, Wadji fait un appel en profondeur et Nkounkou cherche Krasso et Cafaro - malheureusement sa passe n'est pas assez appuyée et un adversaire intercepte. Les Grenoblois sortent rapidement le ballon de leur moitié...


... et comme tous les adversaires des Verts qui partent en contre, ils jouent long dans un couloir, vers un offensif excentré. Si les 4 attaquants stéphanois étaient dans la moitié adverse, c'est donc le 4 + 2 autres qui doivent défendre. C'est le rôle de Petrot de prendre l'ailier droit grenoblois :


... et donc le rôle de Fomba de combler le trou dans la défense. Les Verts proposent sur cet exemple un 4-2(-4) parfaitement aligné, qui fait le boulot défensivement. En effet, quand Petrot est éliminé en un-contre-un...


... la défense n'est pas en déséquilibre et Sow intercepte une passe en retrait, récupérant même une faute ensuite. La phase de transition après la perte du ballon dans la moitié adverse a été parfaitement gérée. Comme l'expliquait Laurent Batlles après le match : "on met énormément de pression sur l’adversaire, on se projette, on essaie de finir nos actions mais quand on ne les finit pas, c’est là qu’on est un peu en danger. On a essayé de travailler énormément dans ce domaine-là pour que déjà ça libère les attaquants et que ça nous permette d’être plus fort défensivement".


Conclusions


La responsabilité de défendre dans les couloirs sur les ailiers adverses revient donc à Petrot et Appiah, les deux défenseurs excentrés. Et pour qu'il n'y ait pas de trou au centre, la sentinelle doit se placer comme un deuxième défenseur central. Le rôle défensif des joueurs stéphanois de couloir, Cafaro et Nkounkou, est celui d'un ailier - suivre les montées des latéraux adverses. Et comme les Verts ont souvent la possession et se projettent, c'est plutôt rare qu'on leur demande des efforts défensifs.

lundi 10 avril 2023

Paris FC - ASSE, 2-4 (Wadji, Nkounkou x2, Krasso)

Que la défense se débrouille


Les Verts continuent leur bonne série avec une victoire à Paris, au terme d'un match riche en buts et en rebondissements

Le staff stéphanois n'a pas innové tactiquement pour ce match, avec le système habituel et les titulaires attendus compte tenu des absents ou retours de blessure :


Ainsi, dans l'absence de Briançon, c'est Sow qui s'est retrouvé patron de la défense à 3, entouré d'Appiah et Petrot. Et la performance de ces défenseurs est critique dans le système de jeu proposé par Laurent Batlles. Non seulement à la perte du ballon, quand très souvent ils se retrouvent à trois contre trois - un déséquilibre assumé par le staff et déjà connu par les supporters et les adversaires. Mais aussi à la construction, comme on pu le remarquer contre le Paris FC, une équipe qui avait fait le choix de ne pas presser les défenseurs stéphanois, mais leur bloquer les possibilités de passe.

Un premier exemple commence après 11 minutes de jeu, avec le ballon qui circule de gauche à droite, de Petrot jusqu'à Appiah, via Sow :


Si les trois défenseurs des Verts sont disposés sur la largeur, c'est aussi le cas des trois milieux, qui s'écartent, car les latéraux sont des ailiers, très haut sur le terrain. C'est Bouchouari, excentré à droite, qui reçoit le ballon, cherché tout de suite par un adversaire. Les Parisiens ne pressaient pas les défenseurs, mais cherchaient à empêcher pecher toute passe vers les milieux.


Bouchouari repique vers l'axe et sous le pressing adverse joue en arrière avec Appiah, qui redonne à Sow. Fomba s'excentre à droite, les trois milieux stéphanois se disposent toujours sur la largeur. Et comme Sow n'est pas du tout attaqué...


... il remonte balle au pied, cherchant une solution. Qu'il ne trouve pas et, quand un adversaire sort du marquage de Bouchouari et le presse, il force une passe verticale, sans destinataire.

Deux minutes plus tard, une autre attaque stéphanoise démarre à partir de Larsonneur, avec la même disposition sur la largeur des défenseurs et milieux :


Sow utilise Lobry en point d'appui, ce dernier lui rend le ballon, pressé par un adversaire. Le jeune défenseur ne sait pas quoi faire, il veut jouer avec Appiah, change d'avis, se retourne...


... monte un peu avec le ballon et ose une passe verticale, qui cherche Lobry. Qui lui rend de nouveau le ballon et la responsabilité d'orienté le jeu revient encore une fois sur Sow :


Laurent Batlles, au bord du terrain, lui fait signe de joue avec Appiah, mais le jeune défenseur décide de tenter une passe lobée improbable à destination de Bouchouari. Facilement lue et interceptée par un adversaire...


... et Laurent Batlles hausse les bras désabusé. La suite de l'action se conclut par l'égalisation parisienne.

Un dernier exemple commence peu avant l'heure de jeu, avec les défenseurs stéphanois qui se passent le ballon sur la ligne médiane :


De Appiah à Petrot et de retour à Sow, les angles de passe vers l'avant sont fermés, donc le jeune défenseur monte balle au pied...


... avant de se retourner et redonner le ballon à Appiah. Le ballon circule de nouveau vers la gauche, où Petrot décale Bouchouari, collé à la ligne de touche :


Les milieux stéphanois étaient distribués sur la largeur et excentrés, le jeu peut enfin être développé dans un couloir. Le ballon arrive à Nkounkou...


... qui joue en arrière avec Petrot, qui redonne à Sow. Qui, sans idée, essaie une longue transversale à destination de Cafaro :


Ballon facilement lu par un défenseur, les Parisiens peuvent partir en contre, et Laurent Batlles lève encore les bras, désabusé.


Conclusions


Malgré les difficultés à la relance en 1MT - corrigées après la pause - les Verts ont dominé leur adversaire, ont imposé leur jeu et se sont logiquement imposés. Ils ont concédé deux buts et quelques autres occasions sur les phases de transition, mais ils ont aussi eu pas mal d'occasions non converties, en plus des quatre buts marqués (certes, avec de la réussite). Bref, le résumé typique de ce que le staff stéphanois attend d'un match.

lundi 3 avril 2023

ASSE - Niort, 2-0 (Wadji x2)

Du jeu et des points


Le souhait de Laurent Batlles était que son équipe produise du jeu et prenne les points - c'est chose faite contre Niort, ses protégés sont maintenant invaincus depuis huit matchs...

Le choix du staff stéphanois a été de reconduire la paire Bamba - Krasso en attaque, comme au Havre, plaçant le premier entre les lignes adverses. Le principal changement dans le 11 habituel a été en défense, où l'absence de Petrot, suspendu, a obligé Sow de jouer dans l'axe gauche de la défense à 3 :


Appiah a donc pris l'axe droit de la défense et Cafaro le couloir. Dans ce 3-1-4-2 désormais habituel, la sentinelle a un rôle important à jouer. Monconduit étant toujours blessé et suspendu, Fomba a pris cette place devant la défense. Et son placement est déterminant pour l'équilibre de l'équipe, surtout à la perte du ballon, comme le souligne le coach stéphanois : "j’avais prévenu mes joueurs des sécurités qu’il fallait mettre. Il y a eu deux, trois contres dangereux. C’était mieux en seconde période, notamment parce que le placement de Lamine Fomba, notre sentinelle, a été plus efficace".

Voici un exemple en 1MT du positionnement de Fomba, un exemple raccourci car l'action se déroule sur presque deux minutes. Appiah gagne un duel aérien...


... le ballon arrive dans les pieds de Fomba, qui élimine un adversaire et casse ainsi le premier rideau. Il combine avec Cafaro à droite...


... et se projette plus haut, lui proposant une solution en profondeur. Il n'est pas servi, le jeu part en arrière, les défenseurs envoient le ballon à gauche, puis de nouveau à droite. 


Vingt secondes plus tard, Fomba et Bouchouari se trouvent au milieu du terrain, Lobry étant le milieu axial qui fait un appel dans le dos du latéral gauche adverse. Il est servi par Cafaro, il élimine un joueur et entre dans la surface, mais son centre est repoussé par la défense. Les Niortais essaient de sortir proprement...


... mais le contre-pressing de Fomba est efficace. Il met la pression sur un adversaire, puis sur un deuxième, qui dégage n'importe comment et la possession est récupérée. Bouchouari hérite du ballon...


... et se projette, combinant d'abord avec Cafaro, puis avec Krasso. Excentré à droite, il joue an arrière avec son piston droit, qui prépare un centre :


Fomba se projette donc dans la surface pour offrir une solution en plus de... Lobry, qui se trouvait comme un avant-centre entre les deux centraux adverses. Le centre est repoussé par la défense et après quelques duels les Verts mettent de nouveau le pied sur le ballon :


Briançon - Fomba - Bouchouari - Krasso - Lobry - Cafaro, le piston stéphanois est de nouveau servi dans son couloir. Il ne centre pas, il joue en arrière avec Bouchouari, qui prépare son centre...


... et Fomba se projette de nouveau dans les 6 mètres adverses. Un jeu qui ressemble plus à un milieu relayeur qu'à celui d'une sentinelle, mais en sa décharge, le bloc adverse était si bas...


... que même les trois défenseurs se trouvaient à 30 mètres du but adverse à la fin de cette action qui a duré deux minutes. Pendant ce temps les Niortais n'ont pas sorti de leur camp et les Verts ont centré 4 fois, à chaque fois de la droite, à chaque fois dégagé par la défense.

Pour mieux comprendre ce que Laurent Batlles attendait de sa sentinelle, voici un court exemple à la 55e minute, où le ballon circule dans la défense de gauche à droite...


... où Lobry s'excentre pour recevoir la passe d'Appiah, à qui il rend le ballon. Les milieux stéphanois bougent beaucoup, comme on peut le voir au moment où Sow reçoit de nouveau la balle :


Krasso n'arrive pas à contrôler la passe de son coéquipier et les Stéphanois perdent la possession. Le replacement de Fomba est immédiat :


Il court se mettre entre Briançon et Appiah, dans l'axe, comme un quatrième défenseur. Ce n'était pas nécessaire sur cette action, car le contre-pressing mené par Lobry, Moueffek, Krasso et Nkounkou est efficace et ce dernier récupère le ballon.


Conclusions


Avec ce succès à domicile les Verts continuent leur belle série de matchs sans défaites, 18 points pris sur 24 possibles. Et au delà du bilan comptable, plus que satisfaisant, c'est les principes de jeu qui sont remarquables, surtout qu'ils sont aperçus lors de chaque rencontre, peu importe le niveau de l'adversaire. Une possession haute, du contre-pressing pour récupérer vite le ballon perdu, des circuits de passe de plus en plus fluides et un déséquilibre défensif assumé, mais avec peu de buts concédés à la fin. Même avec deux titulaires absents sur les quatre joueurs à vocation défensive dans ce système...