mercredi 26 décembre 2018

L'équipe-type de la première partie de saison 2018-19

Une fois le recrutement terminé fin août, avec l'arrivée de Salibur, le staff stéphanois a tâtonné pendant plusieurs matchs pour trouver comment faire tout le monde ensemble. Les problèmes principales venaient du secteur offensif, où il fallait faire jouer Khazri, Cabella et Diony ensemble. L'équilibre a été trouvé à peu près à partir du match contre Caen fin septembre et l'animation offensive a été peaufinée peu à peu au fur et à mesure des rencontres.

Système et équipe-type


Le système utilisé principalement par l'ASSE lors de la première partie de cette saison est le 4-2-3-1 :


Il y a eu très peu des matchs avec les 5 défenseurs confirmés disponibles en même temps pour pouvoir dire qui est le titulaire à gauche entre Kolo et Silva et quel est le poste principal de Kolo. Gabriel Silva n'apparaît pas dans cette équipe-type surtout à cause de ses blessures cumulées à celles de Debuchy (il a dépanné à droite 3 fois). Pour l'attaque, une fois que Khazri et Cabella ont été fixés dans l'axe (avant-centre, respectivement "10"), Diony a surtout pris le couloir gauche. A droite, Salibur et Hamouma se disputent la place d'ailier, le deuxième étant blessé de temps en temps, mais dépannant aussi à gauche parfois.


Pourquoi Cabella et Khazri jouent dans l'axe et pas sur les côtés ? Au delà des préférences individuelles, il y a l'apport offensif du premier, nettement moins en vue dans un couloir, et du deuxième, très performant. Mais aussi l'apport défensif : dans un 4-2-3-1, les deux ailiers doivent faire des importants efforts défensifs, le système devenant un 4-4-2 :


Parmi ces joueurs titulaires, il est préférable de défendre dans les couloirs avec Diony et Hamouma qu'avec Cabella et Khazri...

Animation offensive


Comme l'équipe actuelle des Verts aime avoir le ballon et construire ses attaques tranquillement, en partant de très bas, l'animation offensive et les déplacements des joueurs en phase de possession sont plus importantes que le bloc défensif proposé. Et ils peuvent être schématisés ainsi :


Les deux latéraux montent assez haut. En règle générale, pour ne pas se découvrir, il est toujours intéressant de laisser trois joueurs derrière. Ceci aide aussi à bien construire les attaques et d'habitude un milieu défensif descend entre les deux défenseurs centraux : pour l'ASSE, M'Vila se place à leur niveau, mais sur la gauche, pas dans l'axe. Pour avoir des solutions pour sortir proprement, Cabella descend au niveau de Selnaes et comme les couloirs sont pris par les latéraux, les deux ailiers repiquent dans l'axe. Ce qui donne ce positionnement en phase de construction :


La ligne de trois derrière est à l'aise avec le ballon et les sorties peuvent être très propres. Parfois dans les couloirs, mais souvent dans l'axe, où Cabella et Selnaes sont très disponibles et complémentaires. Ainsi, le dernier relaye le ballon plus loin grâce à sa qualité de passe, pendant que le premier remonte balle au pied. Pour offrir des solutions à ces deux "relayeurs", l'ailier droit se place en "10", dans l'axe entre les lignes. Et Diony fait profiter son profil d'attaquant en se plaçant à côté de Khazri, dans la défense adverse, qui est ainsi resserrée, libérant les couloirs pour les latéraux.

Bien évidemment, une fois que la balle arrive dans les 30m adverses, M'Vila et Cabella montent d'un cran respectivement, le deuxième tournant tout autour de la surface adverse (aidant sur un côté, combinant dans l'axe), pendant que le premier se place au niveau de Selnaes, les deux récupérant les ballons dégagés par la défense et orientant le jeu de là-bas.


Défense à 4 ou à 5 ?


Ça n'a échappé à personne, les déplacements en phase de possession placent les Verts dans une sorte de 3-4-1-2 (3-5-2 avec triangle pointe haute au milieu). Mais tout part d'une défense à quatre, avec M'Vila qui se place à gauche des défenseurs centraux. Par contre, le staff stéphanois a déjà démarré 4 matchs (sur les 19 en cette première moitié de saison) dans une défense à trois. A Paris et Lyon c'était un choix tactique, le plan de jeu ayant été de bien défendre et ne pas laisser d'espaces - il y avait à chaque fois 4 défenseurs confirmés aptes. Par contre, pour les deux dernières rencontres avant Noël, il n'y avait que 2, Perrin et Kolo, donc le choix de la défense à 5 a été plutôt subi que choisi. Et si lors du déplacement à Nice le plan de jeu aussi était de défendre, ça n'a pas été le cas lors de la réception de Dijon. 

Comme les Verts ont l'habitude d'une animation offensive en 3-4-1-2, ils ont complètement maîtrisé cette rencontre, même si c'était un système de départ, non seulement une évolution du 4-2-3-1 en phase de possession. On pourrait dire qu'il n'y avait presque pas de différence entre l'animation offensive lors de ce dernier match et celle habituelle, mais une saute aux yeux : le positionnement de M'Vila.

A partir d'une défense à 4, il prépare les attaques d'en bas. Même s'il est le dépositaire du jeu stéphanois, même s'il est à l'origine de la plupart des attaques construites, il ne participe pas à leur conclusion. Par contre, dans un "vrai" 3-4-1-2, il ne fait pas partie des 3 de derrière. Il est donc par défaut plus haut sur le terrain et sa qualité de passe dévient visible vers la fin des actions aussi, comme l'atteste le match contre Dijon.


Conclusions


Comment les Verts évolueront-ils en 2019 ? Toujours dans un 4-2-3-1 qui devient 4-4-2 quand ils défendent et 3-4-1-2 quand ils attaquent ? Ou directement dans ce 3-4-1-2 qu'on a aperçu lors des deux derniers matchs ? On en saura plus quand les blessés seront de retour et le staff technique pourra  faire, et non subir, des choix. Il y a des avantages et des inconvénients aux deux approches et on a un effectif qui peut s'adapter sans problème. Après tout, les principes mis en place (maîtrise technique, patience dans la construction, déplacements sans ballons) sont les mêmes dans les deux cas.

ASSE - Dijon, 3-0 (KMP, Khazri, Beric)

L'ASSE a fini la première partie de la saison 2018-19 avec une large victoire à domicile contre Dijon. Contraint par les absences de Debuchy, Subotic et Silva en défense et de Hamouma et Salibur en attaque, le staff stéphanois a de nouveau utilisé le système 3-4-1-2. Sans entrer dans les détails de ce système, déjà décrit à d'autres occasions, on peut quand-même mettre en évidence une de ses particularités dans le contexte stéphanois : le positionnement de M'Vila.

En général, c'est une bonne pratique de garder trois joueurs derrière. Dans un système à 4 défenseurs, quand les deux latéraux montent, c'est M'Vila qui reste plus en retrait. Dans le cas de 3 défenseurs centraux, il n'est pas obligé de le faire et il peut donc se positionner plus haut. Et sa qualité de passe et sens du jeu lui permettent donc d'être plus souvent à l'origine des actions dangereuses. Voici donc trois exemples pris lors du match contre Dijon.

A la 24e, il lance Polomat dans le couloir gauche :


On remarque le 4-3-3 dijonnais et le 3-4-3 stéphanois : Kolo-Perrin-Saliba derrière, ce qui permet à M'Vila et Selnaes d'être un à côté de l'autre plus haut. Cabella-Khazri-Diony sont dans la défense et les couloirs sont pour Polomat et KMP. Polomat centre pour Khazri, qui avait malheureusement démarré sa course trop tôt et son but est refusé pour hors-jeu.

Ce n'est pas le cas à la 42e, quand c'est Polomat qui rend le ballon à M'Vila :


Positionnement identique pour tous les joueurs, la seule différence est que le centre vient de M'Vila et que Khazri n'est pas hors-jeu - son tir est repoussé par le gardien dans les pieds de KMP qui ouvre le score.

En 2MT, à la 64e :


M'Vila reçoit de nouveau le ballon du couloir gauche, après un relai par Kolodziejczak. KMP est toujours libre côté opposé, il est trouvé et sa passe (ou contrôle raté) en retrait est reprise par Khazri, qui avait bien bougé dans la surface et qui marque pour le 2-0.



Bref, sans que l'équipe prenne des risques défensifs, ce système permet à M'Vila d'être plus haut sur le terrain et d'être enfin dernier ou avant-dernier passeur. Pour rappel, il n'avait été impliqué sur aucun but de la 2e partie de la saison précédente et il a contribué à un seul but dans le jeu (passe décisive pour Khazri contre Monaco) cette saison, avant ce match contre Dijon.

RCT - Lyon, 40-7 (Messam, Nakosi x3, Tuisova, Ikpefan)

L'avant-match


La parenthèse Coupe d'Europe étant finie, le RCT peut maintenant se concentrer sur la seule compétition qui lui reste, le Top 14, surtout que sa situation est assez délicate. Les Toulonnais doivent absolument conquérir leur public, leur donner envie d'être derrière l'équipe et la réception du LOU juste avant Noël est l'occasion parfaite. Un adversaire difficile, qui ne leur réussit pas toujours, tout est réuni pour faire enfin le match référence. Surtout qu'après le retour de Gorgodze il y a une semaine, Webb et Isa sont enfin prêts à reprendre service et leur apport sera fort utile.

Le match...


... commence parfaitement pour le RCT, avec un essai opportuniste marqué par Messam après une pénalité qui rebondit sur la barre. Et comme Nakosi marque un 2e essai quelques minutes après, suite à un ballon récupéré dans un ruck par Lakafia et vite joué à l'extérieur, le ton est donné. En effet, les Toulonnais sont très tranchants sur leurs attaques. Et surtout très solides en défenses, avec des longues séquences de possession lyonnaise rendues stériles. Les impacts, offensifs et défensifs, sont clairement pour les joueurs du RCT, qui marquent un 3e essai par Tuisova, synonyme de bonus, à la demi-heure de jeu. Et ce bonus est sécurisé avec un autre essai de Nakosi, sur la sirène.

Avec un score de 28-0 à la pause, la 2MT démarre sur un rythme plus calme. La défense toulonnaise répond toujours présent, repoussant des longues attaques lyonnaises après des touches dans les 22m du RCT. Nakosi marque un triplé (voire plus bas) et le jeu se dirige vers la fin. Le LOU marque un essai pour sauver l'honneur, mais les Toulonnais remarquent de suite, sur la remise en jeu, pour passer la barre des 40 points, 6 essais, un match maîtrisé de bout en bout, défensivement et offensivement. Bref, le match référence tant attendu.

L'action


On s'approche de l'heure de jeu et le RCT, qui mène toujours 4 essais à 0, bénéficie d'une mêlée sur ses 40m :


L'attaque est en place et le premier impact est pour Tuisova (14), qui avance 10m avant d'être mis au sol. Webb (9) essaye de se faufiler entre deux deuxièmes lignes, mais il est pris. Gros sort pour Etrillard pour un point de fixation et Rebbadj (5) sort de nouveau le ballon :


Le trio Belleau (10) - Trihn-Duc (12) et Pietersen (15) l'attendait et l'attaque est magnifique. Le demi d'ouverture franchit la ligne et passe après contact à sa droite pour son arrière, qui passe après contact à sa gauche pour son centre, qui est attrapé seulement sur la ligne des 22m adverses. Après ce beau franchissement, la libération est rapide...


... et Webb (9) sert Etrillard (2). Ses collègues de la première ligne Gros (1) et Setiano (3) sont à côté, tout comme Gorgodze (6), mais le talonneur toulonnais préfère fixer la défense. Webb (9) sort vite le ballon du ruck...


... et le 9 adverse mord à sa feinte de passe, lui créant une porte. Il est mis au sol sur la ligne des 5m adverses par un plaquage de l'arrière adverse au-dessus des épaules, pas sanctionné. Gorgodze (6) sort le ballon rapidement...


... et le donne à Bastareaud (13). Pietersen (15) lui fait des signes pour jouer à l'extérieur, où Nakosi (11) est complètement libre. Il y a une autre option avec Gros (1), Lakafia (7) et Etrillard (2), mais le centre du RCT préfère d'aller en force. Il est plaqué sur la ligne, Gorgodze (6) essaye d'aplatir aussi, mais n'y arrive pas et l'arbitre donne une mêlée à 5. L'attaque se prépare...


... au large, avec Belleau (10), Trihn-Duc (12), Pietersen (15) et Tuisova (14), et dans le fermé avec Bastareaud (13) et Nakosi (11). Le 9 adverse se fait de nouveau prendre, donc quand Webb (9) sort dans le fermé, les deux défenseurs sont en infériorité numérique. Et la magnifique passe sautée de 15m envoye Nakosi marquer son triplé dans le coin.

La suite


C'était une très belle victoire, après une magnifique prestation des Toulonnais, qui ont répondu présent dans tous les aspects du jeu. L'équipe, le public, tout le monde en avait besoin. Et ça permet au RCT d'envisager les deux matchs suivants sans pression - deux déplacements à Toulouse et Racing, qui sont difficiles pour toute équipe, encore plus pour une qui n'a pris aucun point à l'extérieur cette saison. 

mardi 18 décembre 2018

Nice - ASSE, 1-1 (Diony)

Un point pris ou deux perdus ?


La frustration créée par l'arbitrage mise de côté, le nul obtenu chez un concurrent direct n'est pas un si mauvais résultat, même s'il n'est pas facile de se contenter d'un seul point vu le scénario du match.

En conférence de presse après le match, Gasset exprime clairement ce sentiment mitigé par rapport au résultat du match. Avec 6 titulaires absents au coup d'envoi, un nul chez un concurrent direct est un bon résultat. Mais quand on mène 1-0 avec, en supériorité numérique à l'heure de jeu, on à le droit d'espérer plus. Surtout quand l'égalisation se fait sur une belle sodomie arbitrale (en utilisant les mots d'un célèbre président de club de rugby pour paraphraser Kolodziejczak). Et pourtant, vu l'énorme occasion niçoise en tout fin du match, finalement le nul n'est pas un si mauvais résultat.

Le film du match a été résumé parfaitement par Perrin, les temps forts et faibles des Verts, les moments clés de la partie... au point que cette analyse devient presque redondante. Mais nous avons ici quelque chose que le capitaine de l'ASSE n'a pas (en entretien) : des exemples. Voici donc le déroulement de la partie en images et chiffres.

Première période


Forcé par l'absence de 6 titulaires, dont 3 défenseurs et 3 offensifs, le staff stéphanois a fait le choix d'une défense à 3 centraux, avec KMP et Polomat en joueurs de couloirs. En phase défensive, ce système est un 5-2- 3 :


Contre une équipe qui joue avec deux joueurs dans chaque couloir (p.ex. en 4-3-3), le 5-2-3 peut se transformer en 5-4-1, deux offensifs s'excentrant pour aider défendre sur les côtés. Mais ce n'était pas le cas de Nice, qui jouait aussi avec une défense à 3, un seul joueur dans chaque couloir et une grosse densité dans l'axe, avec 4 milieux souvent disposés en losange. C'est donc au milieu que les offensifs devaient aider le plus souvent et ça a été plutôt le rôle de Salibur. 



Mais avant de regarder comment les Verts ont défendu, il faut regarder comment ils ont attaqué, parce qu'en début de match ce sont eux qui ont été les plus offensifs. Si pendant les 12 premières minutes la possession a été équilibrée (50-50), les Stéphanois ont frappé 3 fois (contre 1 seule fois pour Nice), à chaque fois dans le jeu, pas sur coup de pied arrêté. Pour l'exemple, Ruffier joue un 6 mètres avec Kolodziejczak à gauche, qui combine avec M'Vila :



Le pressing niçois est effectué par un seul joueur, pendant que l'avant-centre reste près de Perrin. Mais dès que M'Vila garde le ballon un peu...


... le pressing s'intensifie ! Perrin est toujours surveillé et les milieux adverses sont venus chercher très haut les défenseurs et milieux stéphanois. William Saliba reçoit le ballon et n'a pas d'autre option que de jouer en retrait avec Ruffier...


... qui doit dégager loin, chaque Stéphanois étant marqué de près. Beric et un défenseur sont au duel pour récupérer le ballon...


... qui arrive finalement à Diony, qui dévie dans la course de Salibur, avant d'être mis par terre par un défenseur. L'attaquant stéphanois cherche d'abord à lancer Beric en profondeur...


... mais un défenseur s'interpose. Le ballon revient dans les pieds de Salibur, qui écarte avec Polomat. Le piston gauche des Verts calme le jeu et passe en arrière à M'Vila...


... qui écarte de suite à droite, où l'autre piston proposait une solution. A son tour, KMP joue vers l'arrière avec Diony, qui s'était relevé entre temps et qui centre en première intention :


Il y a du monde dans la surface, mais surtout autour de Beric, entouré par 3 défenseurs - et pourtant il arrive à se démarquer et prendre le ballon de la tête, mais malheureusement pas assez placé pour tromper le gardien.


Après cette première (et dernière en 1MT) frappe cadrée, les Verts commencent à subir de plus en plus les offensives niçoises. Ainsi, à partir de la 12e et jusqu'à la pause, ils n'ont plus que 40% de possession, mais surtout ils concèdent 9 tirs (dont 8 dans le jeu !), 3 étant cadrés. Un exemple d'offensive pour Nice commence avec un coup franc suite à la faute qui a valu à Salibur son premier carton jaune pour un geste d’énervement :


Le bloc stéphanois est toujours en 5-2-3, le ballon circule via plusieurs Niçois jusque dans le couloir gauche, où l'ancienne pépite du centre de formation de l'ASSE cherche à éliminer son adversaire direct :


12 secondes plus tard, après avoir échoué à éliminer KMP et Selnaes, il lâche enfin le ballon, en écartant vers la droite. Comme aucun des trois offensifs stéphanois ne fait l'effort de défendre, on trouve 4 Niçois sur la même ligne contre seulement 3 Stéphanois (Selnaes - KMP - M'Vila). Et comme Polomat est occupé avec son adversaire direct dans le couloir, Kolo doit sortir de la défense. A partir de ce moment, c'est un duel à 3-contre-3 dans cette zone du terrain :


Kolo monté, un milieu plonge dans son dos, mais suivi par M'Vila. Le piston droit trouvé, Polomat sort sur lui. Le ballon continue à être passé dans ce coin du terrain :


M'Vila et Kolo s'échangent les adversaires à surveiller pour regagner leurs places habituelles, mais ils sont obligés de permuter de nouveau, le premier suivant le milieu qui se projette et le deuxième celui qui décroche :


Comme ces appels ne créent pas de décalage, les Niçois reculent, ce qui aspire la défense stéphanoise :


Kolo ne sait plus s'il doit suivre son milieu ou rester dans la défense, vu que M'Vila est toujours avec l'autre milieu. Polomat, quant à lui, a suivi son adversaire direct... ce qui était exactement le but de la combinaison :


Duel en vitesse entre les deux latéraux, gagné par le Niçois, qui élimine Polomat et se présente devant Ruffier, qui dévie le tir du bout des doigts sur la transversale, pour la plus grosse occasion adverse de la 1MT. Sur cette dernière image, on note que tactiquement la défense de l'ASSE n'était pas en déséquilibre, le positionnement des deux équipes ressemble à un 4-3-(3) côté stéphanois contre un (4)-2-3-1 côté niçois. Par contre, l'animation offensive adverse était basée sur un principe très simple : mettre les joueurs de couloir en situation de un-contre-un et laisser leur technique faire la différence.


Deuxième période


Les Niçois sont sortis des vestiaires avec l'intention très claire d'emballer le match et les Stéphanois ont eu du mal à exister lors des 5 premières minutes. 30% de possession, quasiment jamais sortis de leur moitié de terrain... et surtout seulement 50% des passes réussies, une moyenne incroyablement faible. Mais le tout, jusqu'à cette action qui commence dans la moitié de terrain stéphanoise, avec Polomat qui joue une touche avec M'Vila, qui donne en retrait à Ruffier :


Vu le pressing agressif adverse, le gardien de l'ASSE décide de dégager loin. Salibur saute sous le ballon...


... qui rebondit jusqu'à Diony, qui remet en retrait... à un adversaire et la possession est de nouveau perdue, très rapidement. Un défenseur niçois cherche une solution balle au pied :


Et il joue avec le piston gauche, KMP ne réussissant pas à couper la trajectoire de la passe. On note la forte densité des joueurs au centre du terrain, où Salibur prête un coup de main aux milieux stéphanois, pendant que Beric fait l'effort de suivre le défenseur. Comme d'habitude, le ballon est gardé sur le côté gauche pendant un bon moment...


... mais KMP et Saliba ne sont pas éliminés par les dribbles du latéral niçois, qui finit par combiner avec un des ses collègues au milieu. Il y a trois Niçois et trois Stéphanois, Salibur étant toujours en train d'aider Selnaes et M'Vila. Il récupère d'ailleurs le ballon, qui rebondit jusqu'à un défenseur...


... qui fait une passe hasardeuse, en étant pressé par Beric, venu défendre aussi. Le ballon arrive donc à Diony, le Stéphanois le plus haut sur le terrain, qui s'appuie en retrait sur M'Vila. Le contre des Verts peut démarrer :


Les trois offensifs se projettent vite vers l'avant et M'Vila trouve celui qui est démarqué, Salibur. Il progresse balle au pied jusqu'à l'entrée de la surface...


... et centre dans la course de Diony. Malheureusement, un défenseur s'interpose et dégage en corner, le premier d'une série de trois en 10 minutes pour les Verts. Sur celui-ci Beric frappe de la tête sans tromper le gardien. Sur le deuxième, le ballon est repoussé, Selnaes tire de loin sur le poteau et Diony ouvre le score. Et ces 10 minutes sont un véritable temps fort pour les Stéphanois qui sont passés d'un temps faible à un très fort, avec une possession équilibrée (50-50), mais 5 tirs (à 0) pour l'ASSE et un carton rouge pour faute en position de dernier défenseur pour Nice.

Malheureusement, ce temps fort est cassé par le 2e jaune pris par Salibur et les deux équipes se retrouvent à 10 contre 10. Le rôle défensif joué par le Salibur - aider la paire des milieux - était si important qu'un changement est de suite effectué par le staff stéphanois. Nordin remplace Beric et se place en soutien des milieux, laissant Diony seul devant :


Le losange niçois du milieu étant devenu un triangle suite au carton rouge. Il suit une petite vingtaine de minutes pendant lesquelles les Stéphanois ont abandonné la possession (31%), mais sans subir trop les attaques adverses. Certes, Nice a eu 6 tirs (à 0), mais seulement 2 dans le jeu, de loin, contrés par les défenseurs. Surtout, les Verts ont affiché une plus grosse maîtrise, avec 82% de passes réussies. Comme par exemple quand ils jouent de nouveau une touche dans leur propre moitié :


Mais cette fois-ci, ils ne paniquent pas, ils maîtrisent. Saliba change de côté avec un long ballon et Polomat cherche une solution pour sortir de sa moitié. Les Niçois font un pressing très haut...


... avec une espèce de triangle formé de 6 joueurs qui cherchent à empêcher les 6 Stéphanois à combiner. Et pourtant, les Verts ne s’affolent pas : Perrin est trouvé par Polomat et redonne à Saliba...


... qui trouve Selnaes...


... qui écarte à droite et le pressing est déjoué ! Mieux que ça, Diony et Nordin se trouvent contre seulement deux défenseurs. L'appel du dernier et parfaitement lu par KMP, qui le lance en profondeur. Malheureusement le défenseur niçois commet une faute et l'attaque construite (pas un contre !) des Verts est arrêtée avant qu'elle se transforme en occasion.


On se dirigeait ainsi vers une fin de match maîtrisée tactiquement par l'ASSE jusqu'au moment où l'arbitrage - avec assistance vidéo en plus ! - est de nouveau venu détruire les plans stéphanois. Les 10 dernières minutes ont été assez ouvertes, avec Nordin ratant une grosse occasion et un Niçois une encore plus grande. Bref, un match nul qui aurait pu basculer des deux côtés.


Conclusions


La réception de Marseille ayant été décalée à janvier, l'ASSE s'est déplacé deux fois, chez des concurrents directs pour l'Europe. Niveau comptable, un seul point pris peut sembler insuffisant. Mais il faut mettre les choses en perspective : avec un arbitrage correct ça aurait fait six points. On a dominé Bordeaux dans le jeu et on a eu des temps forts et des temps faibles à Nice sans la moitié de l'équipe. Bref, le niveau est là, il faut seulement qu'on nous laisse l'exprimer. En espérant que ça sera le cas pour le dernier match avant la trêve, qui devient du coup un vrai tournant de la saison. Il est très important d'éliminer la frustration accumulée lors des derniers match et de passer Noël avec 30 ponts au compteur.

lundi 17 décembre 2018

Montpellier - RCT, 34-13 (Gorgodze)

L'avant-match


Après la belle victoire bonifiée de la semaine dernière, le RCT a encore une chance théorique en Coupe d'Europe. Mais cela passe par une victoire à Montpellier et pour une équipe qui n'a réussi à ramener aucun point de l'extérieur cette saison, ça semble très difficile. Le retour des cadres qui étaient au repos (Fresia, Guirado, Alainu'uese, Bastareaud, Tuisova) est partiellement compensé par d'autres qui seront au repos (Lakafia, Belleau, Saivea) ou blessés (Bonneval). Mais il n'y a pas de calcul à faire et ce match montrera clairement à quoi s'attendre : est-ce que les Toulonnais sont capables de gagner à l'extérieur quand ils ont vraiment besoin ?

Le match...


... s'est disputé sous en temps pourri et les deux équipes avaient comme plan de jeu d'utiliser les avants et le jeu au pied. Et les Montpelliérains ont répondu présent à ce jeu, plus que les Toulonnais. Les joueurs du RCT n'avançaient pas avec le ballon et pire, ils se faisaient manger sur des situations simples. Un dégagement contré (après avoir pris le temps de le préparer), une sortie de mêlée cafouillée, Escande n'a pas pesé sur la rencontre et a été changé à la pause. Quant à son compère de la charnière, plusieurs touches pas trouvée et du jeu au pied très approximatif (trop long, direct en touche, etc.). Quant à Montpellier, les joueurs ont su bonifier les sorties après les ballons portés, marquant deux essais suite à ce type de lancement. Et sur la sirène de la 1MT, les Toulonnais, qui bénéficiaient d'une pénalité sur les 40m, menés 15 à 3, ont pris les points... comme un symbol de la petite équipe qu'ils étaient.

La 2MT commence comme la première, avec les Toulonnais qui se ratent dans les deux éléments clés de ce match, le combat (3e essai encaissé sur un maul) et le jeu au pied (4e essai, voir plus bas). Les joueurs du RCT ont eu une réaction d'orgueil, avec Gorgodze qui inscrit aussi un essai sur un maul, mais ils ont sombré par la suite. Ils ont reculé 25m sur un maul montpelliérain et ont encaissé un 5e essai sur un autre, pour sortir vraiment piétinés de ce match.

L'action


On joue la 50e minute et le RCT bénéficie d'une touche à l'entrée des propres 40m. Le lancer de Guirado (2) et capté et un maul se forme, sans avancer :


Cottin (9) sort le ballon et envoye une chandelle haute...


... mais trop longue ! Même l'ailier adverse doit reculer de quelques mètres pour capter le ballon. C'était pas assez loin pour faire reculer Montpellier, mais trop loin pour que les Toulonnais qui ont sprinté 30m puissent contester la réception du ballon. Pire, ils ne sont pas montés proprement, il n'y a pas de ligne, et l'ailier montpelliérain se fait un plaisir de relancer à la main :


Il passe entre Guirado (2) et Messam (8), casse le plaquage de van der Merwe (3), piétine Cottin (9) et avance sur 30m (ceux que la chandelle à fait). C'est Rebbadj qui arrive à le plaquer, mais la libération est rapide :


Sur la ligne médiane, le demi d'ouverture de Montpellier joue au pied dans le dos de Bastareaud (13), Fekitoa (12) et Nakosi (11). Heureusement, l'arrière Pietersen (15) est en couverture :


Il relance aussi à la main, mais ne franchit rien et il est mis au sol sur la ligne des 40m. Le ballon est sorti dans le fermé, où Nakosi (11) essaye de franchir sur 10m :


Les deux centres et Messam (8) sont au soutien, les gros sont sur la largeur. Onambélé (6) est servi par le demi de mêlée et fixe une fois la défense avec l'aide de Guirado (2) et Rebbadj (5). Un deuxième point de fixation est créé avec Fresia (1) avec l'aide de Gorgodze (7) et Alainu'uese (4) avant que Cottin (9) sorte pour Trihn-Duc (10) :


Il y a un léger décalage à droite, avec Pietersen (15) et Tuisova (14) seuls contre l'ailier adverse. Mais le demi d'ouverture toulonnais choisit de jouer au pied. Pas une chandelle, pas pour chercher une touche, pas pour faire reculer l'arrière adverse qui se trouvait en couverture... mais pour lui permettre de relancer :


Il passe entre les deux trois-quarts toulonnais qui n'essayent même pas de le plaquer et combine plus haut avec son demi de mêlée pour éliminer le dernier défenseur (Trihn-Duc) et permettre à son équipe de marquer le 4e essai, celui du bonus. Si le choix de ne pas jouer à la main, mais au pied, peut se comprendre, le faire si mal est moins pardonnable...

La suite


Malgré le sursaut d'orgueil de la semaine dernière, la Coupe d'Europe est belle et bien finie pour le RCT, qui, après 7 qualifications consécutives pour les quarts de finale, ne sortiront pas des poules cette saison. Il reste encore deux matchs dans cette compétition, dans un mois, mais ils compteront pour du beurre. Et le focus devrait absolument être le championnat, où les Toulonnais ne sont pas bien classés. Et le premier match qui suit, la réception du LOU, sera très important. Il faut continuer à prendre des points à Mayol, contre des équipes plus fortes que les candidats au maintien. Parce que les deux matchs suivants seront beaucoup plus difficiles, des déplacements à Toulouse et au Racing autour du Nouvel An. Fort probablement deux matchs à zéro points, vu que c'est la moyenne toulonnaise lors des déplacements cette saison...

dimanche 9 décembre 2018

RCT - Montpellier, 38-28 (Lakafia, Monribot, Nakosi)

L'avant-match


Virtuellement éliminés de la Coupe d'Europe, les Toulonnais la jouent maintenant pour se remettre en confiance. La réception de Montpellier leur permet de bien faire tourner l'effectif, même si en troisième ligne et pour les trois-quarts (sans les ailiers) ce sont plutôt des titulaires habituels qui sont alignés. L'objectif est clair, c'est la manière qui compte, il faudra produire du jeu, montrer des belles intentions... et si la victoire s'en suit, c'est tant mieux. 

Le match...


... commence avec une équipe du RCT qui impose un beau rythme, du volume du jeu, au large, en force avec les gros, du rugby total. Les Montpelliérains n'y sont pas, font des fautes quand ils n'ont pas le ballon et n'avance quasiment jamais quand ils l'ont, comme par exemple les 3 minutes passées sur la ligne médiane à partir de la 21e minute, sans la franchir. Du côté toulonnais, si les intentions sont là, il manque un peu de précision dans le dernier geste. Mais il suffit de persévérer et après des longues séquences de possession arrive le premier essai - finalement transformé en essai de pénalité + jaune pour l'adversaire. Malheureusement, les Toulonnais encaissent un essai en première main dans le fermé après une mêlée avant la pause.

Revenus des vestiaires avec les mêmes intentions, les joueurs du RCT ne concrétisent pas une première attaque, mais défendent bien et marquent un 2e essai par Lakafia. Paradoxalement, c'est à partir de ce moment qu'ils se mettent à déjouer : en-avant après une touche dans les 22 adverses, un autre lancer cafouillé, la blessure de Bonneval n'arrangeant pas les choses. Et suite à un turnover, ils encaissent un 2e essai. La peur et le manque de confiance prennent le dessus et toutes les pénalités obtenues dans le camp adverses sont tentées - 2 sur 3 réussies, le RCT a 12 points d'avance à un quart d'heure de la fin. Et quand Monribot marque le 3e essai après un maul, le bonus devient envisageable... et obtenu quelques minutes plus tard suite à l'essai de Nakosi. Le relâchement toulonnais permet aux Montpelliérains de marquer deux essais coup sur coup dans les dernières minutes, pour obtenir un point de bonus aussi, mais c'est anecdotique.


L'action


A la 24e minute, sur une mêlée toulonnaise sur la ligne médiane, le RCT obtient une pénalité. La touche est trouvée sur les 22m adverses et une attaque se met en place. Une très longue attaque, pas détaillée ici, qui dure 2:45 minutes et voit les Toulonnais se faire 34 passes et produire 20 temps de jeu ! Elle se conclut par une passe de Messam dans le dos de Nakosi sur les 5m adverses - s'ils s'avaient mieux compris, ça aurait été le premier essai du match.

Montpellier récupère donc le ballon et le dégage loin :


C'est Nakosi (11) qui le récupère, un des trois Toulonnais restés derrière avec Bonneval (15) et Pietersen (14). Il relance et s'empalle sur la défense, mais la libération est rapide, vers l'extérieur :


Escande (9) pour Belleau (10), qui trouve Messam (8). Plus loin il y a quasiment tous les trois-quarts, Bonneval (15), Pietersen (14), Saivea (12) et Fekitoa (13), mais le 3e ligne centre préfère fixer la défense. Escande change de sens...


... et envoye des gros, Chiocci (1) en premier, qui casse un premier plaquage et arrive sur les 22m adverses. Un autre changement de sens...


... vers des trois-quarts. Bonneval (15) sert Pietersen (14), qui ne joue pas avec la paire des centres néo-zélandais à l'extérieur, Saivea (12) - Fekitoa (13). Ils n'auront toujours pas le ballon, parce que Escande varie de nouveau :


Toujours avec les gros, mais qui jouent comme des trois-quarts, Soury (2) passe après contact pour Setiano (3) qui entre bien dans les 22 mètres. Le jeu continue maintenant vers la gauche, avec Belleau (10)...


... qui sert Pietersen (14), qui fixe et donne à Lakafia (7). Malgré la présence de Nakosi (11) sur son aile, le capitaine toulonnais préfère d'aller tout droit. Heureusement, la libération est rapide et on part dans l'autre sens :


Belleau (10) sert Kruger (5) pour un premier point de fixation, puis la charnière continue à déplacer le jeu vers l'extérieur...


... où il y a deux groupes de trois,  Chiocci (1) - Onambélé (6) - Setiano (3) et Saivea (12) - Messam (8) - Bonneval (15), en plus de Fekitoa (13). C'est d'ailleurs ce dernier qui reçoit le ballon d'Onambélé et essaye de franchir, sans succès. Le flanker l'aide, puis Gorgodze (4) arrive lancé, Chiocci (1) aussi, la défense commence à souffrir. Come Escande (9) est pris dans le regroupement...



... c'est Saivea (12) qui sort le ballon, pour Belleau (10), qui arrive lancé et qui franchit jusqu'aux 5m.
Libération rapide et une passe lobée plus tard :


Le décalage est fait, le surnombre 4-à-3 parfaitement exploité, la longue passe de Pietersen (14) trouvant Lakafia (7) qui va applatir en coin. Après arbitrage vidéo c'est finalement essai de pénalité et carton jaune pour un plaquage haut du dernier défenseur sur le capitaine du RCT.

Ainsi, après avoir produit une longue attaque de 2:45 minutes, les Toulonnais en ont produit une autre, de 1:45. Et après autres 22 passes et 10 temps de jeu, ils ont enfin marqué le premier essai du match. Et, chose intéressante, absolument tous les joueurs du RCT ont touché le ballon lors de cette action !

La suite


Ça a été une belle victoire du RCT, une comme on avait presque oublié que c'est possible. Le score et les points pris ne sont pas si importants, mais peuvent y devenir si les Toulonnais s'imposent lors du match retour dans une semaine - ça les relancerait en Coupe d'Europe. Mais ce qui compte le plus c'est le volume et la qualité de jeu produits - même s'ils ont parfois manqué de précision, ça a été d'un niveau pas encore vu cette saison du côté de la Rade.