dimanche 27 mai 2018

L'équipe-type de la saison 2017-18

On vient de vivre une saison pas comme les autres, avec 3 entraîneurs différents et avec beaucoup de transferts : il est donc impossible d'identifier une seule équipe-type pour l'ASSE 17-18.

Comme le staff technique stéphanois a changé dans une saison plus que sur les 10 dernières années, on doit regarder les joueurs utilisés par chaque entraîneur. Mais Oscar Garcia et Jean-Louis Gasset ont vécu des mois d'août et janvier avec un mercato très actif, avec un effectif qui a beaucoup tourné. On peut donc identifier 5 périodes différentes dans la saison des Verts, deux pour Garcia et Gasset (avant et après la fin des mercatos respectifs) et une pour Sablé. Même si officiellement le dernier match avant Noël a été sous la responsabilité de Gasset, il est compté dans la "période Sablé" : on considère que changer d'entraîneur une heure avant le coup d'envoi (pour ne pas payer une amende) n'est pas relevant pour la tactique ou le choix des joueurs.

Pour chaque période, on regarde les 11 joueurs avec le plus de titularisations et les 7 autres joueurs avec le plus de présences sur la feuille de match. Pour les titulaires, on compte le nombre des matchs démarrés et les minutes jouées à leur poste - les matchs démarrés à un autre poste ou le fait d'avoir dépanné en cours de match n'est pas pris en compte. Pour les remplaçants, on compte le nombre des présences sur la feuille de match et le nombre total des minutes jouées, peu importe le poste. Ces chiffres couvrent toutes les compétitions, pas seulement la Ligue 1.

Garcia - pendant le mercato


4 matchs, joués principalement (75%) en 4-3-3, avec en moyenne par match : 2,25 points, 1,5 - 0,75 buts.


Il y a plusieurs joueurs de champ qui ont démarré tous les matchs de cette période, surtout en défense. L'adage "on ne change pas une équipe qui gagne" s'applique ici, les trois premiers matchs de la saison étant trois victoires sans but encaissé.

Garcia - après le mercato


9 matchs, joués principalement (66%) en 4-3-3, avec en moyenne par match : 1,11 points, 1,0 - 1,44 buts.


L'équipe commence à changer, surtout suite aux blessures (la plus importante étant celle de Perrin). Aucun joueur de champ n'a démarré tous les matchs de cette période, les plus proches étant KTC (suspendu un match) et Pajot (suspendu deux matchs). Il faut aussi observer le rôle ingrat de Bamba, qui n'apparaît pas titulaire, même s'il a démarré six matchs : il a été titulaire à l'aile moins de fois que Hamouma ou Cabella et titulaire en pointe moins de fois que Diony...

Sablé


7 matchs, joués en 4-3-3 (43%) et 4-2-3-1 (43%), avec en moyenne par match : 0,28 points, 0,71 - 2,42 buts.


Sous Sablé, l'équipe change toujours suite aux blessures et suspensions, au point qu'aucun joueur (même pas le gardien) ne démarre tous les matchs. Les absences obligent le staff de mettre sur la feuille de match des joueurs moins utilisés auparavant, on note ainsi l'apparition en tant que "remplaçants" de Pogba, MBengue, Hernani et Söderlund, beaucoup plus souvent que sous Garcia. Dabo apparaît en tant que remplaçant pour la même raison que Bamba lors de la précédente période, il a été baladé entre les postes de latéral, de milieu et d'ailier, en ne s'imposant nulle part.

Gasset - pendant le mercato


6 matchs, joués principalement (83%) en 4-2-3-1, avec en moyenne par match : 1,66 points, 1,16 - 1 buts.


De nouveau, il n'y a aucun joueur qui démarre tous les matchs - mais cette fois-ci les absences sont délibérées, pas subies, Gasset procédant à une forte rotation lors des matchs à Metz et Troyes (en Coupe). C'est le poste de latéral droit où on a changé le plus souvent, Janko démarrant 2 matchs, RPG deux autres (les deux avec un forte rotation), KTC une fois, Gabriel Silva aussi. On remarque aussi que Pajot, joueur parmi les plus utilisés sous Garcia et Sablé n'apparaît même pas sur la liste des remplaçants...

Gasset - après le mercato


15 matchs, joués principalement en 4-2-3-1, avec en moyenne par match : 1,93 points, 1,66 - 0,8 buts.


On retrouve de nouveau des joueurs de champ qui ont démarré tous les matchs (les recrues Debuchy et Subotic) et plusieurs autres avec un gros temps de jeu. L'équipe est stable, des joueurs comme Janko, MBengue ou Hernani n'apparaissent même plus sur la liste des remplaçants, pendant que d'autres titulaires avant Noël (Pajot, RPG, KTC) ne démarrent plus les matchs, se contentant de faire le nombre sur le banc. Hamouma démarre quand même 11 matchs, mais moins souvent que Beric en pointe et que Bamba à l'aile droite : ces deux postes ont été les seuls à observer une rotation (entre les trois joueurs), tous les autres avaient un titulaire indiscutable. A noter aussi que KMP s'est imposé à l'aile gauche, devant la recrue Ntep.



Conclusions


Pour toute personne qui a suivi la saison de l'ASSE, ce n'est pas surprenant de voir que les meilleures périodes ont été août 2017 et février-mai 2018, la deuxième étant plus représentative, avec 15 matchs. Ce sont les périodes avec le plus de stabilité dans l'équipe-type. Et bien évidemment, à l'opposé, la pire période a été celle de Sablé entre novembre et décembre 2017, avec un groupe différent suite aux nombreuses absences. En plus, ce groupe a mis du temps à digérer la claque prise lors du derby.

Il y a d'autres joueurs qui ont participé à cette saison, à part ceux listés dans les 5 groupes de 18 ci-dessus, on a aussi pu appercevoir Karamoko, Souici, Camara, Gonçalves et Chambost, pendant que d'autres ont fait des apparitions sur la feuille de match sans entrer sur le terrain (Guendouz, Maisonnial, Katranis, Fofana, Rocha Santos, Baghdadi).

lundi 21 mai 2018

ASSE - Lille, 5-0 (Bamba, Hamouma x3, csc)

C'est la fin !


La dernière analyse tactique de la saison 2017-18 est là, pour accompagner comme il se doit la belle prestation stéphanoise.


La fin d'une saison très particulière, la fin d'une superbe aventure et d'une impressionnante remonté au classement, la dernière apparition sous le maillot vert pour plusieurs joueurs et probablement la fin de la période Romeyer-Caïazzo. Il y a beaucoup de chapitres qui ont été fermés avec ce dernier match de la saison. Les Verts ont fini sur une belle note, dans une ambiance tout simplement magnifique, même s'il reste un léger sentiment d'amertume par rapport à l'Europe ratée à la différence de buts et un peu d'inquiétude par rapport à ce que le futur modèle de gestion amènera.

Pour revenir à la victoire contre Lille, il est difficile de faire une analyse tactique, il n'y a pas vraiment eu match. Les adversaires n'étaient pas venus pour bétonner (se prendre un but en contre, à l'extérieur, dans les 10 premières minutes, ça doit être assez rare), mais ils n'étaient pas très motivés de produire grande chose non plus. Les Verts se sont donc baladés et leur supériorité a été plus le fruit de l'implication, que d'une approche tactique. Néanmoins, il y a quelques renseignements à tirer d'un court passage en revue des différents tactiques aperçues pendant le match.


Schémas tactiques


Les deux systèmes de jeu sont visibles dès l'entame du match, 4-2-3-1 de chaque côté :


Pour l'ASSE, en phase défensive sur cette image, le système est beaucoup plus proche du 4-4-2, avec Hamouma et Beric en charge de contrarier la relance adverse - ils font quasiment un marquage individuel sur les deux milieux axiaux lillois.

Le plus surprenant dans cette opposition tactique a été de voir la liberté dont Selnaes et M'Vila ont bénéficié au milieu du terrain. Théoriquement ils étaient à 2 contre 3, mais côté Lillois il n'y avait aucune agressivité sur le porteur du ballon. Ainsi, les deux milieux stéphanois ont pu organiser le jeu à leur guise, Selnaes profitant pour faire des remontées balle au pied (comme sur le premier but) ou des belles passes verticales comme sur le deuxième ou le troisième. C'est ce dernier qu'on regardera de plus près, étant le seul marqué suite à une attaque construite contre un bloc défensif en place :


M'Vila joue un coup franc au milieu du terrain, en retrait avec Perrin. Hamouma et Beric sont les deux avant-centres, Bamba et KMP se trouvent à la même hauteur et plutôt vers l'axe, laissant les couloirs pour KTC (qui ne monte pas trop) et Debuchy (suivi par son adversaire direct, l'ailier gauche). Au milieu du terrain, Lille propose un triangle pointe basse, avec une sentinelle et deux milieux qui surveillent Selnaes et M'Vila. Le jeu est donc déplacé vers la droite et les deux blocs y coulissent : 


Le triangle des milieux lillois reste parfaitement formé, l'ailier suit Debuchy... mais le latéral gauche ne sert pas à grande chose, Bamba ne se trouvant plus là. Selnaes reçoit le ballon de Perrin, il le donne à Bamba...


... qui combine avec Debuchy, et le ballon revient à Selnaes. Il n'y a pas de surnombre sur ce côté du terrain pour les Stéphanois, mais ils combinent sans problème. L'ailier adverse est loin de Debuchy et le triangle des milieux, toujours bien formé, ne coupe aucun angle de passe. On peut même dire que le latéral gauche et la sentinelle adverse ne servent pas à grande chose : la paire latéral-ailier de l'ASSE n'est pas prise par la paire équivalente lilloise et il n'y a pas de joueur Vert entre les lignes non plus. Si le ballon parvient à M'Vila, il est complètement libre, malgré une infériorité numérique théorique au milieu du terrain. Mais il n'y a même pas besoin d'écarter le jeu :


Il n'y a pas d'agressivité sur le porteur du ballon, Selnaes a le temps de contrôler et d'attendre les appels avant d'être serré par le triangle des milieux adverses. Et les appels sont coordonnés, Beric décroche, suivi par un défenseur central, pendant que Hamouma plonge dans cet espace créé dans son dos. Servi avec une passe millimétrée, il élimine son adversaire direct et marque son 2e but de la soirée.


Il fallait changer quelque chose côté lillois, mais ce n'est pas le milieu qui a été ajusté. Leur coach a préféré rendre officiel le positionnement défensif aperçu sur les images précédentes, passant dans une défense à 5. Le nouveau système en 5-4-1 du LOSC est visible dès l'entame de la 2MT :


Sauf que maintenant qu'il n'y a plus de sentinelle, Hamouma se place en "10", entre les lignes...


Par contre, d'un point de vue défensif, il faut souligner la belle discipline tactique des Stéphanois, avec toujours deux belles lignes de 4 :


Et peu importe les changements des joueurs, comme par exemple les entrées de Ntep et Tannane à la place de KMP et Beric (image prise juste après le 5e but)...


... ou les changements de position entre les joueurs sur le terrain, suite à un pressing ou à une action précédente :


Malgré le score, le manque d'enjeu, la faible opposition en face, les Stéphanois ont été disciplinés tactiquement. Le changement que le duo Gasset-Printamp a opéré sur ce groupe est tout simplement impressionnant...



Conclusions


Nous y sommes, c'est la fin d'une saison longue de 40 analyses tactiques (le match à Troyes en Coupe de France n'en ayant pas eu une). Ça a été une saison pas comme les autres, très hétérogène, non seulement en terme de résultats ou des émotions procurées, mais aussi tactiquement. Ces analyses ont beaucoup varié, tout comme le jeu des Verts. Il y a eu la la recherche des éléments "jeu à la Barça" en début de saison, puis la recherche d'une cohérence tactique ensuite. Il y a eu les signes de résignation, quand les Verts ne proposaient plus rien tactiquement en fin 2017, et les signes d'espoir, quand ils ont commencé à être de nouveau cohérents début 2018. Et finalement, la joie de retrouver du jeu, de la maîtrise, des combinaisons, de coups tactiques tentés, même si pas toujours payants. Bref, ça a été une longue saison, dont on se souviendra encore longtemps...

dimanche 20 mai 2018

RCT - Lyon, 19-19 (Ashton)

L'avant-match


Les phases finales du Top 14 sont là, et le RCT en fait partie, comme depuis des nombreuses années. Barrage à domicile, les Toulonnais partent favoris devant un LOU novice à ce niveau. Et côté blessures, l'équipe-type est alignée à l'exception d'Isa, remplacé par Fernandez-Lobbé.

Le match...


... n'a pas été gagné par Lyon, mais il a été perdu par le RCT. Avec une possession stérile, rarement capables de franchir la ligne d'avantage, les Toulonnais ont surtout pêché dans le réalisme, avec deux énormes occasions d'essai gaspillées par Ashton en 1MT.

La 2MT a démarré mieux pour les Toulonnais, avec une essai de Radradra refusé à la vidéo et finalement l'essai d'Ashton. 13-6, on aurait pu croire que l'écart au score est fait, mais les Lyonnais ont réussi à marquer deux essais - pas transformés - et le temps réglementaire se finit avec un score de parité, 16 partout.

Les prolongations ont été assez fermées, seulement une pénalité de chaque côté. Mais on peut retenir les 5 (!) lancers en touche ratés par Etrillard dans ces 20 minutes. Difficile à gagner dans ces conditions...

L'action


La fin de la 1e période est très proche et le RCT est mené de 3 points. Les Toulonnais ont une touche à l'entrée de la moitié adverse :


Le ballon est difficilement capté par Krüger, mis au sol, et Escande (9) peut lancer une offensive. Vue la disposition des trois-quarts et celle des avants, en premiers blocs, il n'y a pas de doute, le RCT va d'abord fixer la défense. C'est fait avec Fernandez-Lobbé (7), puis avec Guirado (2). Escande sort de nouveau le ballon...


... mais il ne sait quoi faire avec. Il regarde à gauche, à droite, puis il s'engouffre dans la défense, avant de servir van der Merwe (3), qui fait la même chose. Escande sort de nouveau le ballon, cette fois-ci pour son demi d'ouverture qui lui faisait pourtant des signes du bras d'envoyer le jeu au large :


Belleau (10) regarde à droite, regarde à gauche, ne sait pas quoi faire, alors il va tout droit, sans casser la ligne d'avantage. Le ballon est de nouveau sorti, pour Fernandez-Lobbé (7)...


... qui casse un plaquage, avance, et comme Nonu (12), Ashton (15), Bastareaud (13), Vermeulen (8) s'étaient tous déplacés vers l'aile de Radradra (11), le jeu y est enfin envoyé. C'est le capitaine toulonnais qui avance, qui entre dans les 40m adverses et quand il est mis au sol, le jeu doit partir de l'autre côté :


Un premier point de fixation de Lakafia (6), puis un deuxième de Krüger (5)...


... pendant que Fernandez-Lobbé (7) montre à Escande (9) que les trois-quarts doivent être servis, étant en bonne position. Ils le sont enfin, et on comprend pourquoi :


Belleau (10) reçoit le ballon entre Bastareaud (13) et Nonu (12), ayant encore à gauche Guirado (2) et Tuisova (14), pendant que la défense se trouve en infériorité numérique. Le demi d'ouverture joue très bien, passant entre les deux centres avant de servir Guirado. L'arrière adverse a coulissé pour arrêter le talonneur toulonnais, mais il y a Tuisova à droite et Ashton à gauche, les deux avec le champ libre devant eux. C'est le dernier qui est servi... et il commet un en-avant. Le 2e essai tout fait que l'arrière gaspille dans cette 1MT et les Toulonnais rentrent aux vestiaires menés. Marquer et prendre l'avantage sur la sirène aurait pu être le tournant du match...

La suite


Il n'y aura pas de suite, la saison du RCT est finie. Triste saison, la 3e consécutive sans trophée, la première depuis longtemps sans au moins une demi-finale à jouer. Espérons que l'inter-saison sera bénéfique, parce que cette équipe Toulonnaise ne fait pas rêver...

lundi 14 mai 2018

Monaco - ASSE, 1-0

C'est presque la fin...


Le rêve d'une qualification européenne pour les Verts a marqué un sacré coup d'arrêt avec ce but sur penalty encaissé à la 90e minute et cette deuxième défaite consécutive.

Après une remontée fantastique au classement et au niveau du jeu produit depuis la mi-saison, l'ASSE marque le pas, au pire moment du sprint final. La fin du championnat est proche, il ne reste plus qu'un match à disputer. La fin de l'époque de co-actionnariat et du modèle de gestion actuel est probablement très proche aussi. Et cette défaite à Monaco constitue presque la fin du rêve du retour sur la scène européenne, rêve qui paraissait fou il y a à peine 4 mois, mais qui semblait très proche il y a 10 jours. Un petit point pris lors des deux derniers matchs n'aurait pas suffit pour être complètement maître de son destin, mais aurait grandement augmenté les chances de l'ASSE de finir à la 6e place.

Et c'est bien un point que les Verts ont cherché lors du déplacement à Monaco. Car la tactique stéphanoise n'était pas construite pour faire mal à l'adversaire, pour le déséquilibrer, elle était surtout défensive. Mais le fait d'évoluer avec 5 défenseurs ne dit pas tout : en première période les Stéphanois ont été très intelligents tactiquement, prenant la possession du ballon (57% !) : non seulement ils avaient un système censé bloquer le jeu adverse, mais en plus ils ne laissaient pas aux Monégasques la possibilité de développer ce jeu. Malheureusement, ça a été très différent en deuxième période, avec l'ASSE incapable de tenir le ballon (36% de possession avant le changement de système, 40% ensuite) et subissant ainsi les offensives adverses. Mais tout cela sera plus clair avec quelques exemples...


1MT : défense en 5-3-2


Le système défensif mis en place par le staff stéphanois pour ce match est visible dès les premières minutes :


Une ligne de 5 défenseurs, devant elle une de trois milieux (avec Cabella à la même hauteur que M'Vila et Diousse) et deux attaquants pour embêter les relances adverses. Le choix peut sembler surprenant, vu que Monaco joue avec un seul avant-centre. Par contre, comme les ailiers adverses sont plutôt axiaux et les latéraux très offensifs, ce système offre des solides garanties défensives.

1MT : attaque en 5-3-2


Mais comme en première période la possession a été stéphanoise, on regarde d'abord le jeu avec ballon dans ce système. Comme par exemple, en tout début de match :


Monaco défend en 4-1-4-1 avec un bloc assez haut : le premier objectif pour les Verts est de passer la ligne de 4 milieux. Et dans un système à 3 défenseurs centraux, le jeu passe de préférence sur les côtés. Dans cet exemple, Cabella est descendu assez bas, avant d'envoyer le ballon vers la gauche via Subotic et KTC, le but étant de contourner les milieux adverses. Une fois ce but atteint, ça dévient plus simple :


Bamba et Ntep, les deux attaquants stéphanois, se placent du même côté, ce qui crée un surnombre dans ce couloir. La sentinelle adverse doit suivre Bamba, mais il a du retard. Gabriel Silva est dans le dos du milieu excentré droit et ne peut plus être attrapé. Ce qui oblige le défenseur latéral de sortir : le un-deux Silva-Bamba l'élimine et le couloir est encore plus à la disposition du Brésilien :


L'avantage du 5-3-2 est de pouvoir créer des surnombres dans un couloir - l'inconvénient est qu'il ne reste plus grand monde dans l'axe. Ntep se retrouve donc en seul attaquant contre trois défenseurs, mais la projection de Diousse et Cabella est très intéressante, dans l'espace entre les lignes. Malheureusement, Gabriel Silva choisit l'option passe en profondeur pour Ntep, qui rate son contrôle. Cinq minutes plus tard, une action similaire voit le latéral gauche stéphanois chercher Cabella entre les défenseurs et les milieux, à l'entrée de la surface - sa frappe passe à côté.

2MT : difficultés en 5-3-2


Si les Verts ont fait le jeu en première période, sans réussite, ils ont vraiment subi après la pause. Peut-être à cause d'un manque de fraîcheur mentale ou physique côté stéphanois - Gasset parle de "manque de maîtrise technique en deuxième période pour les faire courir comme on l’avait fait en première". Ou d'une envie retrouvée côté monégasque, il est difficile à dire d'où vient la différence, mais les joueurs de l'ASSE ont commis des nombreuses erreurs et ceux de Monaco ont fait des appels plus intéressants et un pressing haut agressif, comme dans ce long exemple qui commence à la 58e minute :


Une relance stéphanoise part de Ruffier, avec Perrin et M'Vila, descendu bas à côté de ses 3 défenseurs centraux. Monaco se trouve toujours dans un (4-)1-4-1 et décide de presser haut, à 5 joueurs contre 5 Verts :


M'Vila ne panique pas et écarte vers la droite, avec Diousse. Comme l'ailier gauche adverse était au pressing sur Perrin, Debuchy est tout seul (pareil à gauche avec KTC pris par l'ailier et Gabriel Silva seul). Si le ballon arrive à un latéral stéphanois, ça peut être dangereux... mais Diousse panique et joue en retrait, avec Ruffier, qui n'a pas d'autre option que de dégager au pied :


Comme les Verts n'arrivent prendre aucun ballon de la tête et comme le dégagement n'est pas très long, la possession est perdue dans la moitié stéphanoise. Les milieux adverses font la loi au centre du terrain...


... ce qui est facilité par le fait que Diousse et Cabella étaient écartés. Bamba vient aider au marquage d'un milieu axial, mais c'est un autre qui est trouvé entre les lignes. C'est ici que la défense à 5 intervient : un central peut sortir de sa ligne pour attaquer le joueur adverse décalé tout en étant théoriquement couvert derrière...


... sauf que l'ailier droit adverse s'engouffre dans ce trou, il reçoit le ballon dans la course, mais heureusement sa frappe est repoussée du pied par Ruffier. Ce n'était pas la première occasion dans ce genre, deux minutes plus tôt c'est Subotic qui a du sortir sur un milieu trouvé entre les lignes et KTC qui a du défendre sur l'ailier qui avait fait l'appel dans la surface : sa légère poussette n'a heureusement pas été sifflée par l'arbitre. Si on revient à cet exemple, le ballon repoussé par le gardien stéphanois arrive à M'Vila, qui rate complètement sa relance :


Fort heureusement, Diousse et Bamba arrivent à récupérer le ballon...


... et le dernier écarte Cabella à gauche. Malheureusement, il n'arrive pas à éliminer son adversaire, qui récupère le ballon et de nouveau les milieux axiaux adverses sont en supériorité numérique au centre du terrain :


M'Vila est au marquage du 1er, Diousse doit sortir sur le 2e qui a le ballon, c'est donc le 3e qui le reçoit...


... et qui trouve avec une belle passe le 1er entre les lignes. Même situation qu'avant, c'est un défenseur central qui doit sortir, Subotic dans ce cas, ce qui oblige Perrin et KTC de serrer au centre sur l'avant-centre adverse... ce qui crée un nouveau trou dans la ligne :


Ce n'est même plus l'ailier qui s'y engouffre, c'est le milieu axial qui a suivi l'action, ce qui oblige Gabriel Silva de défendre sur deux adversaires... heureusement il arrive à contrer le ballon en extremis.

2MT : jeu en contre


Les Stéphanois ont subi en 2e période parce qu'il n'arrivaient plus à garder le ballon, le perdant vite suite au pressing adverse. En plus, ils ont choisi de défendre bas et de procéder en contre, chose qu'ils n'ont pas trop réussi avec quand-même un belle exception :


Si l'entrée d'Hamouma à la place de Ntep n'a surpris personne, celle de KMP pour Diousse aurait pu faire croire à une réorganisation tactique. Mais l'ailier stéphanois s'est reconverti en milieu axial, formant avec M'Vila et Cabella la ligne de trois milieux (pas trop bien alignés sur cet exemple). La relance monégasque envoie le ballon dans le couloir gauche, où il n'y a pas de décalage, alors l'ailier revient vers son camp :


Pressé par Debuchy, il joue en arrière avec son défenseur central - comme il a pris une place au milieu dans l'axe, c'est un milieu axial qui se place sur le côté, suivi par Perrin. C'est de nouveau le même ailier qui est recherché et il essaye de combiner avec un coéquipier dans l'axe :


Mais le pressing simultané de KMP et M'Vila sur ces deux "milieux" (pendant que Cabella coupe l'angle de passe vers le 3e) est payant et le ballon est récupéré dans le rond central, avec un beau surnombre à jouer pour les Verts :


Hamouma avance balle au pied, Bamba lui propose une solution à gauche, pendant que Cabella et M'Vila ont aussi suivi, plus avancés que les deux latéraux adverses :


C'est Bamba qui est parfaitement servi par Hamouma, mais il rate son face-à-face avec le gardien, pour ce qui aurait pu être le tournant du match. Ou, avec les mots de Gasset : "on a eu des contres qu’on aurait dû mieux négocier. Quand vous ne marquez pas et que vous reculez, vous n’êtes pas à l’abri(...)"

2MT : 4-2-3-1


La sortie sur blessure de Gabriel Silva a obligé le staff stéphanois de procéder à un changement de système, l'entrée de Selnaes faisant passer l'ASSE dans un 4-2-3-1 plus habituel (même si en phase défensive KMP était très bas, suivant le défenseur droit adverse, et ça ressemblait toujours à une défense à 5). On voit mieux le système des Verts à la 74e, avec une autre relance qui passe par Ruffier :


Le pressing monégasque est toujours haut, ce qui empêche les deux défenseurs Perrin et Subotic, ainsi que les deux milieux défensifs Selnaes et M'Vila, de ressortir proprement. Les deux latéraux, KTC et Debuchy, se trouvent plus haut, mais ce n'est pas facile à les trouver. Ruffier dégage donc au pied...


... et de nouveau le ballon est perdu en duel aérien dans la moitié de l'ASSE et il arrive à l'ailier gauche. Il est parfaitement taclé par Perrin, qui lance Bamba :


Hamouma lui propose une solution à droite, Cabella s'approche pour une combinaison dans un petit périmètre, pendant que KMP se projette aussi vers l'avant - les 4 offensifs stéphanois essayent de se mettre en position, mais sans trop de conviction...


... alors Bamba joue en arrière avec Selnaes, qui temporise en cherchant une solution. Les Verts ont donc une attaque placée :


Hamouma en seul avant-centre avec 4 défenseurs. Les deux ailiers Bamba et KMP très axiaux, serrant les milieux adverses, laissant les couloirs pour les deux latéraux, Debuchy et KTC. Tout est en place pour une attaque type de l'ASSE, Selnaes trouve son meneur de jeu, décroché comme à son habitude. Mais Cabella tergiverse et perd finalement le ballon, l'arbitre lui accordant généreusement un coup franc (qui ne donne rien) et l'attaque est finie. Même s'ils étaient passés dans un système tactique plus familier, les Verts n'ont pas été plus inspirés ou motivés pour bien attaquer...



Conclusions


C'est presque la fin d'une longue saison, avec des hauts et des bas comme on a rarement pu vivre. On sent les joueurs au bout de leur forces, l'usure commence vraiment à se faire ressentir. Mais il reste un dernier match, à domicile, avant de vraiment clore cet exercice. La 6e place, européenne, reste accessible seulement avec un concours de résultats assez improbable. Et elle ressemble à un cadeau empoisonné avec ses tours préliminaires, surtout dans un contexte de probable changement majeur au club. Néanmoins, les joueurs se doivent de tout donner lors de ce dernier match, il faut oublier la fatigue, les tactiques défensives et la pression du résultat. Si possible, il faut retrouver cette joie, ce plaisir de jouer, ce foot qui nous a redonner le sourire en février et mars. Histoire de finir la saison en beauté.

vendredi 11 mai 2018

Pau - RCT, 38-26 (Clerc, Buliruarua x2, Tuisova)

L'avant-match


Il n'y a plus d'enjeu pour le RCT lors de cette dernière journée - la qualification directement en demi-finales est très peu probable et le barrage à domicile est assuré. Du coup, le staff toulonnais a décidé de faire un turnover très important, voici le XV de la Rade... qui est au repos :

Fresia, Etrillard, van der Merwe - Kruger, Attwood - x, Vermeulen, Lakafia - Escande, Belleau - Radradra, Nonu, Bastareaud, x - Ashton.

Quasiment tous les titulaires toulonnais, avec les exceptions de Guirado (qui joue pour retrouver du rythme, c'est Etrillard qui est au repos), d'Isa (blessé) et de Tuisova (qui joue pour dépanner au centre). Bref, on n'attend pas trop de ce déplacement.

Le match...


... a mal commencé pour le RCT, qui était mené 16-0 après 25 minutes, dont 10 passées en infériorité numérique suite au jaune de Buliruarua. La réaction est arrivée avec l'essai du record marqué par Vincent Clerc (offert sur un plateau par Bonneval), mais un 2e essai palois a fait que les Toulonnais sont entrés aux vestiaires menés de 16 points.

Ça a été mieux en 2MT : deux essais de Buliruarua, dont un offert sur un plateau par Tuisova, qui a marqué le sien aussi, ce n'est pas mal de scorer 4 fois à l'extérieur avec une équipe de jeunes. Mais deux autres essais encaissés, un autre jaune (Fekitoa), les sorties sur blessure de Gorgodze et Guirado, la conquête très défaillante... autant d'éléments négatifs qui laissent un goût amère aux supporters toulonnais.

L'action


En 1MT, le RCT est mené 16-0 et construit une attaque à l'entrée des 22m adverses :


Sur cette image on comprend mieux le concept de "fixer la défense" : les trois-quarts toulonnais sont prêts, 2 dans le fermé (Buliruarua - 11 et Fekitoa - 12) et les autres au large (Tuisova - 13, Bonneval - 15 et Clerc - 14). Le demi d'ouverture Carbonel (10) est placé derrière un group d'avants (Gahetau - 7, Fernandez-Lobbé - 8, Taofifénua - 5 et Chilachava - 3) et le demi de mêlée Matthewson (9) leur donne le ballon pour un autre point de fixation. Le premier centre adverse (12) y est aspiré...


... tout comme le 2e centre (13). Et comme les Ferndandez-Lobbé, Taofifénua et Chilachava et Gahetau passent après contact sans aller au sol, ça ouvre une breche, dans laquelle s'engouffre Carbonel (10). Et comme en plus il casse le plaquage du centre adverse...


... et bénéficie du soutien de Tuisova (13), ça aspire tous les quatre défenseurs restants, laissant Bonneval et Clerc libres à droite. Deux défenseurs sont nécessaires pour arrêter Carbonel et deux autres pour Tuisova... sur la ligne :


Et en plus il réussi à passer le ballon une fois au sol, pour un de ses quatre coéquipiers qui se retrouvent tous seuls : Matthewson, Gahetau, Bonneval et Clerc. C'est le dernier qui marque son 101e essai en Top14, record absolu.

La suite


Comme à son habitude, le RCT jouera les phases finales du Top 14 et sera qualifié pour la prochaine édition de la Coupe d'Europe. Mais s'il faut casser des habitudes, c'est plutôt du côté du résultat final : lors de leurs trois dernières saisons (donc depuis leur dernier titre national), les Toulonnais se sont inclinés une fois en demi-finale et deux fois en finale. Il faut s'y prendre match après match, le barrage à domicile contre le LOU n'est pas une simple formalité, mais on espère tous que "cette année c'est la bonne" pour le XV de la Rade qui n'échouera plus sur la dernière marche.

mardi 8 mai 2018

ASSE - Bordeaux, 1-3 (Cabella)

Coaching pas gagnant


Comme lors du précédent match à domicile, contre Troyes, le staff stéphanois a tenté un coup tactique à la pause avec l'espoir de revenir au score. Sauf que cette fois-ci, ça n'a pas marché...


Les deux derniers matchs à domicile de l'ASSE ont eu un scénario assez similaire. Menés d'un but à la pause, les Stéphanois font sortir un milieu axial défensif pour faire entrer un attaquant. Un repositionnement dans un système qui ressemble à la base à un 4-4-2, une bonne possession du ballon (60-61% lors de la 2MT dans les deux cas), mais des effets différents. Contre Troyes, l'idée a été d'avoir les deux milieux excentrés rentrer dans l'axe, pour serrer le bloc adverse et libérer les couloirs pour les Debuchy et Silva. Cette approche n'a pas marché contre les Bordelais, qui ont continué à marquer de près les latéraux stéphanois et, surtout, les Verts ont donné l'impression de ne pas savoir où se placer sur le terrain. Tout ceci est plus facile à visualiser avec des exemples - mais avant de regarder le manque de rigueur tactique de l'ASSE en 2MT, il faut comprendre pourquoi un changement a été nécessaire à la pause, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné en 1MT...


Avant la pause


Dès le début du match on peut voir l'opposition tactique en place :


Debuchy est pris en marquage individuel par le milieu latéral gauche adverse, Gabriel Silva par le défenseur latéral droit, ce qui donne l'impression d'une défense à 5. Le milieu à 3 est en charge de surveiller Cabella et Selnaes, ainsi que KMP, qui est plutôt axial, tout comme Hamouma, quasiment à côté de Beric. Après plusieurs passes dans la défense, Perrin avance avec le ballon, mais il ne se projette pas trop haut et le donne à Selnaes :


L'appel vers l'axe de KMP libère le côte gauche, où Gabriel Silva est trouvé par la transversale de Selnaes. Sauf que tout le monde avait coulissé vers la droite et les deux latéraux (défenseur et milieu) droits adverses ne sont pas si loin - seul contre eux, le défenseur stéphanois ne peut pas faire grande chose. Si Beric et Hamouma se trouvent dans la surface et KMP propose des solutions entre les lignes, les autres Verts sont tous positionnés en dehors du bloc adverse :


Le ballon est logiquement perdu...


... mais rapidement récupéré par cette ligne M'Vila - Selnaes - Cabella - Debuchy : le 2e intercepte le dégagement adverse et sert tout de suite le dernier dans le dos de son adversaire. La reprise de volée du latéral stéphanois est captée par le gardien.


Il n'y a pas eu que Selnaes qui cherchait avec des longs ballons ses deux latéraux, avec une préférence pour Silva. Ça a été l'animation offensive la plus utilisée par l'ASSE en 1MT, même si ce n'était pas forcément la plus adaptée, comme par exemple à la 15e minute :


Cabella et Selnaes échangent de place et le premier reçoit le ballon de Perrin. Il se tourne et cherche une solution, qui lui est proposée par KMP, venu décrocher de son aile :


Le un-deux fonctionne bien et Cabella se presse de chercher Gabriel Silva avec un long ballon...


... sauf qu'il est de nouveau tout seul contre trois adversaires, le coéquipier le plus proche étant très loin : ballon perdu de nouveau.


Enfin, un 3e exemple dans ce type, avec une autre relance qui part de Ruffier : 


Comme dans les autres exemples, M'Vila est au niveau des défenseurs pour la relance et Cabella et Selnaes en "relayeurs" un peu plus haut. C'est le dernier qui reçoit le ballon...


... avant de le rendre à M'Vila, qui fait des gestes pour demander des solutions. Beric décroche aussi pour lui offrir un point d'appui...


... et M'Vila trouve de nouveau Selnaes dans le rond central. Pendant ce temps, tout le monde s'est déplacé vers la gauche, où on retrouve Beric, Hamouma, KMP, Cabella et Gabriel Silva. Ce qui ne laisse pas du tout Debuchy tout seul à droite, il est suivi par le milieu latéral adverse (en fait, par l'avant-centre, qui avait échangé de place avec un de ses ailiers). Alors Selnaes privilégie le côté gauche avec une passe sautée pour Gabriel Silva.


Cette fois-ci le latéral stéphanois n'est plus tout seul, mais il y a beaucoup de monde dans ce petit périmètre. N'empêche, la ligne des milieux a été passée, Cabella et Beric proposent des solutions dans l'axe, c'est Hamouma qui est recherché avec une passe en profondeur, interceptée. Le ballon est dégagé en touche et les Verts recommencent leur attaque :


Comme auparavant, M'Vila s'appuie sur un coéquipier qui décroche, Cabella dans ce cas, qui lui rend le ballon...


... et Gabriel Silva est de nouveau recherché par une passe lobée. Et comme 30 secondes plus tôt, la ligne des milieux adverses a été sautée et le latéral stéphanois se trouve face au jeu, prêt à profiter des appels de Hamouma, Beric (avant-centres), Cabella (en ailier), KMP (en "10") ou Debuchy (en ailier) :


Malgré une poussette adverse, Gabriel Silva réussit à donner la balle à Beric, qui lance en première intention Cabella dans le couloir :


Le jeu sur le côté a enfin fonctionné pour les Verts, qui ont placé un élément offensif en bonne position de centre et 4 joueurs dans la surface :


Sauf qu'il y a aussi 5 Bordelais dans leur 16m et le ballon est dégagé par un défenseur, un contre se met en place :


Le ballon passe à gauche et revient dans l'axe, où un milieu central commence à monter, suivi de près par Selnaes...


... et il avance balle au pied une bonne quarantaine de mètres, profitant du manque d’agressivité du duo M'Vila - Selnaes. Il a deux coéquipiers qui lui proposent des solutions, très écartés, il choisit celui à gauche, surtout que Perrin a du l'abandonner pour essayer d'arrêter cette remontée de balle :


Le centre de l'attaquant de Bordeaux est repoussé en corner par le capitaine et sur ce corner l'ASSE encaisse un 2e but...


Après la pause


La sortie à la mi-temps de Selnaes, remplacé par Bamba, a changé le dispositif tactique des Verts. Il est difficile de dire dans quel système ont évolué les Stéphanois en 2MT, ça changeait sans arrêt, comme on peut le constater dans ce long exemple qui commence à la 79e minute avec la défense de l'ASSE qui récupère un ballon :


Ntep (entré à l'aile gauche à la place de KMP) écarte avec Perrin et l'attaque des Verts se met en place. Le ballon est écarté sur le côté droit, à Debuchy...


... qui écarte les bras, mécontent du maque de solutions proposées - il n'y avait pas d'ailier droit stéphanois, Hamouma et Bamba étant dans l'axe à côté de Beric. Le ballon est gardé dans la défense et Subotic finit par essayer une longue passe en profondeur, sans autres solutions. La touche est stéphanoise :


Gabriel Silva joue avec Cabella et sur cette remise en jeu on peut mieux voir le positionnement. 4-1-4-1 pour Bordeaux avec deux joueurs dans le couloir droit pour surveiller Ntep et Silva et le milieu gauche qui surveille toujours de près Debuchy, toujours seul dans son couloir. Hamouma dans l'axe en 2e avant-centre, Bamba dans l'axe en milieu relayeur, même hauteur que Cabella. Ce dernier garde le ballon et cherche des solutions...


... et il finit par jouer avec Bamba, se retournant ensuite pour demander à Hamouma et Ntep du mouvement, même si le premier avait fait l'effort de traverser la défense en largeur pour lui proposer quelque chose. Bamba redonne à Cabella, qui écarte avec Perrin, monté...


... et qui essaye une passe qui casse les lignes, mais facilement lue par la défense. Il n'avait pas d'autres options, même si c'est peut-être en ce moment qu'il fallait utiliser une transversale vers la gauche, où Ntep et Silva se trouvaient seuls contre un seul adversaire. Le ballon est perdu...


... mais vite récupéré par le pressing stéphanois, qui enferme le jeu sur un côté. Debuchy le récupère...


... et sert Cabella, qui s'appuie sur Beric, qui joue avec Bamba et le ballon devrait aller à gauche, les deux joueurs latéraux adverses étant assez axiaux en ce moment. La transition est lente, en passant par M'Vila :


... mais le ballon arrive enfin à Ntep. Avec Gabriel Silva, il y a un 2-contre-2 dans ce couloir, qui est plutôt bien joué, mais le centre du latéral stéphanois est contré.

Après un peu plus d'une minute de possession adverse, Ruffier récupère le ballon et une nouvelle attaque des Verts commence :


Le ballon est passé dans la défense, mais sur cette image on voit un positionnement stéphanois proche d'un 4-3-3 avec Hamouma en vrai ailier et un triangle pointe basse au milieu M'Vila-Cabella-Bamba. Quand il reçoit le ballon, Subotic décide de monter balle au pied, il n'étant pas attaqué...


... le milieu latéral droit adverse restant près de Gabriel Silva et les milieux axiaux au marquage de Bamba et Cabella. C'est finalement ce dernier qui reçoit la balle et ses coéquipiers font des appels :


Hamouma quitte de nouveau son couloir et rentre dans l'axe à côté de Beric. Bamba et Ntep font des appels vers l'intérieur, dans un essai de serrer le bloc adverse et libérer les couloirs, ce qui n'arrive pas, les deux milieux latéraux adverses restant surveiller Debuchy et Silva. Sans trop de solutions, le ballon est envoyé à droite via Perrin, puis il revient vers Cabella :


Bamba se déplace beaucoup, pour recevoir le ballon ou pour créer des espaces pour Cabella, qui préfère jouer en arrière avec M'Vila...


... qui trouve Ntep, qui revient dans l'axe et en arrière balle au pied, cherchant des idées. Hamouma et Beric se déplacent en latéral, mais toujours dans la défense, ils sont introuvables. Ntep est en position de "10", dans l'axe, face au jeu :


Bamba a pris sa place en ailier gauche... et Cabella ne se propose pas en ailier droit. Ntep et lui se marchent sur les pieds, un avec le ballon et l'autre sans - les Verts ne savent clairement pas quoi faire.


Paradoxalement, cette situation créé un décalage à gauche. Hamouma se place enfin à l'extérieur du défenseur latéral, à côté de Bamba, et comme Silva n'est pas loin, le milieu latéral adverse à un problème - sauf que c'est pile sur lui que le ballon cafouillé par Ntep et Cabella arrive.

Possession de nouveau perdue... et récupérée 1 minute plus tard, quand une autre relance part de Ruffier :


Perrin, M'Vila et Cabella, les Stéphanois se défont facilement du "pressing" du seul avant-centre adverse. Le meneur de jeu de l'ASSE se fait mal en protégeant le ballon au centre du terrain : il le donne à Perrin et commence à boiter, pendant que son adversaire se met par terre, en essayant de gagner du temps :


Perrin joue à droite, avec Hamouma, en position d'ailier. Ça peut paraître simple, mais le simple fait d'avoir deux joueurs dans le couloir droit crée de l'espace dans l'axe - le défenseur latéral doit chercher l'ailier stéphanois, et Bamba en profite pour proposer une solution dans son dos.


Perrin se trouve dans une position de meneur de jeu (et Cabella de défenseur central). L'adversaire qui se trouve à terre n'a pas d'influence sur cette action, il y a trois stéphanois autour de lui (M'Vila, Cabella et Subotic). Il y a des 2-contre-2 dans chaque couloir, Beric est entouré de 3 adversaires... il n'y a aucun décalage fait, sauf que l'appel de Bamba est parfaitement effectué dans l'espace libéré par le latéral adverse, tout comme la passe du capitaine, qui le trouve à l'entrée de la surface. Malheureusement sa frappe trouve le poteau...



Conclusions


Une défaite sur les 14 derniers matchs, il y a pire situation pour une équipe de foot. Comme par exemple à Noël 2017, quand les Verts comptaient une victoire sur les 14 derniers matchs... Mais on ne peut pas s'empêcher de ressentir une frustration, maintenant que l'objectif est de finir à une place européenne et qu'il reste seulement deux matchs à disputer. L'ASSE avait un joker, il a été grillé et donc il faudra faire un résultat à Monaco. Ce n'est pas une tâche impossible, mais il faudra être plus cohérent tactiquement pour y parvenir - la maîtrise tactique a été moins présente lors de ce match, chose à laquelle on n'était plus habitués... Même si le jeu stéphanois commence à être bien lu par les adversaires (qui bloquent complètement nos latéraux), même si certains joueurs ont moins la lucidité de faire les bons choix de passe ou de placement, il faut retrouver le calme et la sérénité qui ont fait la force des Verts les trois derniers mois. Et les résultats suivront.