dimanche 26 février 2023

ASSE - Pau, 2-0 (Wadji, Krasso)

Il reste du boulot


Même si cette quatrième victoire d'affilée permet aux Verts de prendre leurs distances avec la zone rouge, ils ne sont pas complètement à l'abri et il faudra gommer certaines erreurs aperçues contre Pau 

La quatrième victoire de suite est la quatrième fois que le staff stéphanois a aligné son 3-1-4-2 avec Monconduit en sentinelle devant une défense à 3 : 

C'est Sow qui a fait les frais du retour de blessure du capitaine Briançon une semaine plus tôt et du retour de suspension de Cafaro. Ce dernier a repris sa place de piston droit et Appiah celle de défenseur axe droit. Mais pas pour longtemps, car après la 10e minute et la sortie sur blessure de Cafaro, Sow a retrouvé sa place :

Les Verts ont donc joué la grande partie du match avec le même 11 que six jours plus tôt à Nîmes et malgré une ouverture du score en 1MT, ils ont failli payer un certain manque de fraîcheur en 2MT. Le bloc  équipe n'en était pas un, les milieux, les pistons et les attaquants faisaient de moins en moins d'efforts et donc les Palois ont pu profiter des espaces créés. Voici un exemple à l'heure de jeu :

Une attaque stéphanoise se conclut par une passe lobée de Krasso à destination de Wadji, passe captée par le goal adverse, qui relance immédiatement. Les Verts sont moins nombreux que leurs adversaires dans la moitié adverse,  ils ne se sont pas découverts derrière.

Le Palois monte avec le ballon et utilise en point d'appui un de ses attaquants, pas assez gêné par Petrot. Pau remonte donc le terrain...

... et les Verts ne se replient pas, mais essayent un contre-pressing qui les déséquilibre complètement. Si Nkounkou, Krasso et Bouchouari avaient resserré le porteur de balle sur l'image précédente, Lobry s'y jette aussi. Ainsi, 7 des 8 Stéphanois présents dans la moitié adverse se trouvent à gauche - le jeu est donc développé du côté opposé...

... où le pauvre Appiah doit défendre seul contre plusieurs adversaires. Sur cette image on observe que les trois défenseurs et la sentinelle sont bien en place et très axiaux, sauf que le jeu adverse ne passe pas par l'axe :

Les Palois calment le jeu, ce qui permet aux Stéphanois de se remettre en place. Sow s'est excentré pour fermer le couloir droit, Monconduit aide les deux autres défenseurs. Les autres milieux sont replacés, tout comme Nkounkou à l'opposé, même s'il a deux adversaires à gérer. 

Sauf que Lobry lit très mal le jeu, il sort sur le porteur du ballon pendant qu'un Palois fait un appel exactement d'où il était parti. Une passe élimine ainsi Lobry et Appiah et l'ailier adverse peut être lancé dans son couloir. A l'opposé, Nkounkou reste très excentré et ne suit pas l'appel vers l'axe d'un de ses adversaires :

Monconduit doit couvrir derrière Sow, car Briançon et Petrot ont chacun un adversaire direct. Bouchouari aurait pu compenser pour fermer cet espace dans l'axe, mais il est très haut. Nkounkou, par contre, ne resserre pas, se contentant de rester dans son couloir, sans adversaire direct.   

Les Palois combinent et deux d'entre eux se trouvent ainsi seuls devant la défense, à 20m du but, car Monconduit, Sow et Lobry s'étaient tous laissés aspirés. C'est à ce moment là que certains stéphanois sprintent pour colmater cet espace :

Monconduit et Briançon sortent sur l'adversaire qui a le ballon, Bouchouari couvre l'autre et Nkounkou sert enfin dans le dos de Petrot. Sow couvre la sortie de Briançon et Lobry à droite. Bref, la défense stéphanoise est de nouveau en place et elle est alignée - tous les Verts se trouvent sur la ligne de la surface, donc le Palois qui est trouvé par une passe lobée est hors-jeu.

Heureusement, car Nkounkou n'avait pas suivi l'adversaire parti dans le dos de Petrot, qui marque - mais le but est logiquement refusé pour hors-jeu. 


Conclusions


Les Verts ont eu ce genre de "trou" dans leur bloc équipe pendant un gros quart d'heure en début de la 2MT, mais ils ont réussi à ne pas encaisser de but. La fatigue a du jouer, c'est sûr, même si plusieurs fois en 1MT des espaces similaires ont pu être exploités par leurs adversaires. Un déséquilibre assumé par les protégés de Laurent Batllès qui ont souvent eu la possession dans la moitié adverse, et la perte du ballon était suivie par un contre-pressing, pas un repli défensif. Ça a payé contre Pau, mais si les joueurs stéphanois continuent à ne pas faire les bons efforts défensifs, tout le match, ça peut coûter cher contre d'autres adversaires. Et il ne faut pas croire que le matelas de 7 points par rapport au premier relégable est suffisant...

mardi 21 février 2023

Nîmes - ASSE, 1-2 (Nkounkou, Wadji)

Dans la continuité


Les Verts connaissent leur première série positive de la saison, grâce à leur troisième victoire consécutive, encore une fois contre un concurrent direct

Les protégés de Laurent Batlles ont démarré ce match dans le même système que lors des deux précédentes victoires, un 3-1-4-2 avec Monconduit devant une défense à 3 :


Le retour de Briançon a décalé Sow à droite de la défense et Appiah est monté d'un cran, en piston, à la place de Cafaro, suspendu. Lobry et Wadji ont logiquement pris la place des deux blessés, Moueffek et Charbonnier.

Monconduit a continué à jouer son rôle hybride, descendant parfois au niveau de ses défenseurs, comme dans cet exemple à la 25e minute :


La "défense à 4" est bien visible sur cette image, tout comme le positionnement de Bouchouari, plus reculé que les autres milieux, couvrant ainsi la place de "sentinelle" entre les lignes. Le long dégagement du gardien adverse est mal lu par Briançon...


... et Sow anticipe mal aussi le deuxième ballon. Deux des défenseurs stéphanois sont ainsi battus sur ce jeu direct, mais il n'y a pas de déséquilibre :


Petrot est au marquage de son adversaire direct et Monconduit couvre parfaitement l'appel de l'avant-centre adverse, le bloquant au bord de la surface.


Son positionnement était plus haut quand les Verts avaient le ballon, avec le rôle clair de relayer le ballon vers ses coéquipiers se trouvant entre les lignes adverses. Ça a été le cas lors de l'ouverture du score, par exemple. Mais s'il n'a pas toujours été le dépositaire du jeu stéphanois, cette animation qui recherche un joueur entre les lignes est visible dans plusieurs situations, comme par exemple après un quart d'heure de jeu :


Larsonneur joue avec Briançon, qui donne le ballon à Sow. Les trois milieux se trouvent plus haut, pris par le trio adverse, pendant que Krasso se trouve entre ces milieux et la défense nîmoise. Sow monte balle au pied...


... et des options lui sont proposées. Bouchouari s'excentre à droite, Krasso fait aussi un déplacement latéral pour ouvrir l'angle de passe et il est trouvé entre les lignes. Les trois milieux adverses prennent bien Monconduit, mais c'est inutile.

Krasso se trouve ainsi en position de "10", face au jeu, et peut lancer Wadji, l'avant-centre faisant un de ses nombreux appels en profondeur. Cette action ne donne rien - son centre au deuxième poteau est remisé par Nkounkou pour Lobry pour un tir contré -  mais elle est représentative de l'animation offensive stéphanoise.


Conclusions


Même s'ils ont subi le jeu direct adverse en 2MT, les Verts ont tenu bon et signent ainsi une troisième victoire consécutive - une première cette saison. Ils prennent ainsi leurs distances avec la zone rouge et peuvent même se mettre plus à l'abri s'ils enchaînent avec une quatrième dans quelques jours. Mais au delà des résultats, la bonne nouvelle est qu'ils affichent enfin une vraie maîtrise, malgré les absents et le manque de profondeur du banc. Le système semble bien marcher et approprié par les joueurs, les circuits de passe de plus en plus clairs. Plusieurs voyants sont donc au Vert, même si le maintien n'est pas encore assuré et il n'y a pas la place pour du relâchement.

dimanche 12 février 2023

ASSE - Dijon, 2-0 (Krasso, Bouchouari)

Sortis du rouge !


Pour la première fois depuis des longs mois, les Verts ne sont plus relégables, grâce à encore une victoire sur un de leurs concurrents directs

Pour ce deuxième match à domicile dans une semaine, le staff stéphanois a choisi de reconduire quasiment le même 11 que contre Annecy, avec Charbonnier à la place de Wadji comme seul changement :


Toujours un 3-1-4-2 donc, avec Monconduit en sentinelle. Mais si contre Annecy, qui avait souvent la possession, il descendait pour former un bloc en 4-4-2, ça n'a que rarement été le cas contre Dijon. La défense à 3 a bien géré les attaquants adverses, Larsonneur n'étant quasiment jamais inquiété.

En ce qui concerne l'animation offensive, la possession a été plutôt stéphanoise et le jeu est passé par les côtés avec les pistons Cafaro et Nkounkou, mais aussi dans l'axe, où les milieux et Krasso ont beaucoup bougé pour toucher des nombreux ballons. Voici un exemple, à la 38e minute, après les deux changements effectués pour palier les blessures de Moueffek et Charbonnier - remplacés poste pour poste par Lobry et Wadji :


Un milieu adverse tente de percer balle au pied et il est dépossédé par Bouchouari, qui se projette ensuite vers l'avant. Il avance et sert Wadji, qui s'est excentré dans le couloir gauche, d'où il joue en arrière avec Nkounkou.


La phase de transition ne donne rien, alors les Verts calment le jeu et le ballon repasse à la défense pour un changement de côté. On note sur cette image que Bouchouari avait fait un appel haut dans le couloir gauche - il n'est même pas sur la capture d'écran.


Le ballon parvient jusqu'au piston droit. Lobry fait à son tour un appel en profondeur dans ce couloir, mais  Cafaro préfère jouer dans l'axe avec Monconduit, qui...


... avec l'aide de Bouchouari, replacé, envoie le jeu à gauche, jusqu'à Petrot. Les joueurs des deux équipes sont en place, le bloc adverse couvre bien la largeur du terrain, donc le ballon n'est pas envoyé jusqu'au piston gauche.


Petrot joue donc avec Bouchouari, qui touche pour la troisième fois le ballon dans cette action pour le relayer jusqu'à Sow...


... avant de se projeter de nouveau vers l'avant. Dans l'axe, où le jeu se passe, car Sow fait une passe verticale à destination de Monconduit, qui trouve parfaitement Krasso, décroché entre les lignes. Le premier rideau défensif dijonnais est transpercé et le deuxième recule suite à l'appel en profondeur de Wadji. 


Ce qui permet donc à Bouchouari d'être libre dans cet espace, où il est trouvé par Krasso. Il touche donc son quatrième ballon lors de cette action de 40 secondes, après s'être pas mal déplacé. Il arme sa frappe et si certains parlent d'un but chanceux, car le tir est dévié, sa construction a été un bel exemple des efforts et appels du milieu stéphanois.


Conclusions


Menant 2-0 à la pause, les Verts se sont contentés de gérer en 2MT, surtout qu'ils avaient déjà utilisé deux deux leurs trois opportunités de changement. Et à la fin ils signent une victoire tranquille, leur quatrième lors des six matchs depuis le debut de l'année civile - toutes contre des concurrents directs. Ils sortent enfin de la zone rouge grâce à des prestations plus cohérentes, mais aussi à de la réussite, qui tourne enfin en leur faveur. Il faut maintenant espérer que la confiance engendrée leur permettra de faire face à des coups durs, qui arriveront, surtout après avoir perdu sur blessure deux joueurs importants.

dimanche 5 février 2023

ASSE - Annecy, 3-2 (Wadji, Krasso, Cafaro)

La manière, pas seulement les points


Après deux défaites consécutives, les Verts continuent leur sans faute contre les mal classés en s'imposant contre Annecy et s'approchant ainsi à un seul point du premier non-relégable

Troisième match en 7 jours pour les Stéphanois, qui s'étaient inclinés dans le temps additionnel contre Sochaux avant de se faire manger dans l'impact à Bastia. Ils se devaient de montrer un tout autre visage devant leur public et la mission a été accomplie. En mettant les bons ingrédients, comme le souligne leur entraîneur : "ce sont les qualités mentales et morales qu'on a mis dans le match, on a mis aussi beaucoup d'intensité". Et il aurait pu ajouter la dimension tactique, qui a été très importante lors de ce match.

Tout d'abord, par le système. Les Verts ont démarré en ce qui ressemblait fortement à un 3-5-2, avec Appiah - Sow - Petrot en défense, Cafaro et Nkounkou en pistons et un triangle pointe basse au milieu, Monconduit - Moueffek - Bouchouari :


Avec la paire Krasso - Wadji en attaque, le premier étant plus reculé pour participer à la construction, pendant que le deuxième multipliait les appels en profondeur. Du classique... mais seulement en phase de possession, car sans le ballon ce système devenait un 4-4-2 à plat :

Il n'est pas inhabituel pour un 4-3-3 de se transformer en 3-4-3 avec le ballon. Les latéraux montent et la sentinelle descend au niveau des défenseurs centraux pour offrir une assise défensive solide, avec 3 joueurs. D'habitude la sentinelle descend entre les deux centraux, mais à l'époque de Gasset M'Vila se positionnait à gauche de la charnière, pour mieux orienter le jeu. Enfin, c'était une autre époque, quand les Verts rataient de peu la qualification pour la Ligue des Champions. Maintenant, cinq ans plus tard, ils jouent le maintien en Ligue 2... et innovent tactiquement. Car les deux "latéraux" Appiah et Petrot ne montaient pas, ils formaient avec Sow le trio défensif en phase de possession. Et la sentinelle Monconduit descendait au niveau des défenseurs sans le ballon, pour former un vrai bloc équipe en 4-4-2.

Cette dynamique de changement de système a permis aux Stéphanois d'être assez solides défensivement, tout en produisant de belles actions offensives. Et c'est encore l'entraîneur stéphanois qui explique l'animation mise en place avec le ballon : "aujourd'hui on a changé de système, on savait qu'il fallait aussi jouer par-dessus la défense, notamment dans les couloirs car on savait qu'Annecy défendait très bien dans l'axe du terrain".

Il existe un nombre impressionant d'exemples où les Verts lancent leurs pistons / ailiers dans le dos des latéraux adverses. En voici deux, à vingt minutes du début et de la fin du match, respectivement :


Un long ballon adverse est dégagé de la tête par Sow - la défense stéphanoise à 4 est bien visible, tout comme le 4-3-3 adverse. Moueffek est présent sur le deuxième ballon et le récupère. Il essaie de remonter balle au pied, mais il est entouré par trois adversaires dans l'axe :


Il parvient néanmoins à glisser le ballon à Krasso, qui lit parfaitement le jeu. Annecy a joué haut tout le match, avec donc beaucoup d'espace dans le dos de la défense. Les attaquants stéphanois ont souvent été à la limite ou sifflés hors jeu. Dans cet exemple, Nkounkou et Wadji le sont, mais pas Cafaro, qui est parfaitement lancé en profondeur dans son couloir. Sur cette action sa frappe est détournée en corner, sur d'autres, ses centres ont provoqué des grosses occasions pour ses coéquipiers.

Des changements ont été effectués en 2MT, mais du poste pour poste, Lobry et Fomba remplaçant Moueffek et Bouchouari au milieu, pendant que Pintor prenait la place de Wadji à la pointe de l'attaque :


Une attaque stéphanoise démarre à droite, où Cafaro joue en retrait avec Sow. Le positionnement de Monconduit, plus haut que la défense car c'est une phase de possession, est bien visible. Il est utilisé sur un circuit de passe classique pour un système avec sentinelle...


... et le ballon est envoyé à gauche, où Lobry s'excentre pour proposer une solution à Petrot. Et avant même qu'il touche le ballon...


... il montre du bras comment l'action va se poursuivre. Sa passe en première intention, en profondeur dans le dos du latéral adverse, arrive pile dans la course de Nkounkou. Qui entre dans la surface...

... et trouve Krasso seul au point de penalty, mais qui ne frappe pas assez bien pour inquiéter le goal adverse. Si sur le premier but stéphanois c'est Nkounkou qui fait la passe en profondeur (à destination de Wadji), sur les deux autres c'est à chaque fois un jeu dans le dos de son adversaire suivi par un centre de sa part, qui permet à Cafaro de signer une passe décisive et un but d'anthologie.


Conclusions


C'était encore un match à ne pas perdre, et comme depuis un mois maintenant, une victoire stéphanoise contre une équipe qui joue le maintien. Comme les deux matchs précédents le montrent, les Verts ne vont pas tout gagner sur la phase retour. Mais ils montrent qu'ils peuvent mettre les ingredients mentales et d'intensité nécessaires. Ils montrent qu'ils sont vraiment derrière leur entraîneur. Qui montre à son tour qu'il peut prendre le dessus tactiquement sur son adversaire. Et même s'ils ne sont pas encore sortis de l'affaire, ce genre de prestation est rassurante pour la suite, même si loin d'être parfaite.