mardi 31 décembre 2019

Toulouse - RCT, 13-13 (Carbonel)

L'avant-match


Le plus dur c'est de confirmer, et après l'impressionnante démonstration de la semaine dernière contre Clermont, le RCT est attendu pour le choc au sommet à Toulouse. Et si ce match était une occasion idéale pour un turnover, pour laisser certains cadres se reposer, le staff toulonnais a surpris en alignant la meilleure équipe à sa disposition. Une défaite chez le champion en titre, invaincu à domicile, serait presque logique et sans conséquence au classement (le RCT resterait dans le 4 premiers). Mais une bonne prestation et éventuellement un bon résultat marqueraient clairement les esprits et positionneraient les Toulonnais comme un candidat crédible au Brennus. 

Le match...


... a montré depuis le début que les Toulonnais auraient du mal à franchir la défense toulousaine. Ils ont beaucoup porté le ballon (1e, 6e, 12e, ...), souvent dans la moitié adverse, mais ils n'ont quasiment jamais mis en difficulté leurs adversaires. Et comme le Stade Toulousain a été très efficace lors de ses rares incursions dans le camp toulonnais, le RCT se trouvait derrière au score 10-0 après un quart d'heure de jeu. Ce qui a été le score à la pause, le reste de la 1MT étant un festival d'approximations en touche des deux côtés, des pénalités sifflée en alternance sur les mêlées et en général des mauvais choix des Toulonnais, qui ont pris une mêlée et pas les points ou qui n'ont pas trouvé la touche sur des pénalités dans le camp adverse.

Et la 2MT a mal démarré pour les visiteurs, qui ont cafouillé la réception du coup d'envoi et ont encaissé une autre pénalité. Menés de 13 points, ils se sont réveillés. Ils ont commencé à dominer en conquête et surtout ont beaucoup joué au pied, évitant de se casser les dents contre le mur infranchissable de la défense, mais obligeant leurs adversaires à jouer sous pression dans leur camp. Une fois que Carbonel a marqué un essai d'ailier (après une relance de Serin qui a capté un jeu au pied adverse), les Toulonnais se sont mis à y croire. Et sur deux actions très similaires (voire plus bas) ils sont arrivés dans les 5m adverses. Ils se sont précipités et n'ont pas marqué un 2e essai, synonyme de victoire, mais ont profité des pénalité pour finir le match à égalité, 13-13.

L'action


A la 65e minute, le RCT bénéficie d'une mêlée dans les 22m adverses et obtient une pénalité. Malheureusement, Belleau trouve le poteau et le Stade Toulousain se dégage. Mais les Toulonnais récupèrent le lancer en touche sur la ligne des 22 mètres :


Ory (7) est en relayeur, c'est une phase de jeu pour les avants. Rebbadj (4) capte le lancer de Tolofua (2) et un maul se forme. Il avance sur plusieurs mètres avant que Serin (9) sorte le ballon :


La course de Savea (13) fixe le centre adverse, Carbonel (10) prolonge jusqu'à Belleau (12), qui profite de l'incroyable porte ouverte dans la défense. Il est plaqué sur la ligne des 5m, les gros arrivent pour essayer de passer en force :


Alainu'uese (5) et Parisse (8) font un autre ruck et les défenseurs se mettent hors-jeu. L'avantage ne profite pas aux Toulonnais, mais Belleau réussit cette pénalité et le RCT revient à 3 points au score.

Quelques minutes plus tard, mêlée toulousaine un peu dans le camp toulonnais :


Il y a eu des changements chez les arrières du RCT, Webb est entré en 9, Hériteau en 12 et donc Belleau est passé en 10. Mais les avants sont toujours là, très puissants : ils obtiennent une pénalité sur la mêlée adverse. Belleau trouve la touche à 30 mètre de l'en-but adverse...


... et c'est le même schéma qui se prépare. Ory (7) en relayeur, Rebbadj (4) qui capte le lancer de Tolofua (2), un maul se forme et avance un peu. La combinaison des trois-quarts est un peu différente, par contre :


Webb (9) sort pour son premier centre, Hériteau (12), qui passe sur un pas au deuxième, Savea (13), qui franchit. Il est plaqué à 15m, Belleau (10) vient protéger le ballon, qui est vite sorti :


Hériteau (12) joue comme un 10 et sert cette fois-ci Dakuwaqa (14), venu de son aile. Et de nouveau une porte s'ouvre dans la défense. Les arrières toulonnais auraient pu jouer une supériorité numérique à gauche, ils ne l'ont pas fait.


Webb (9) met du temps à sortir le ballon, feinte une passe et essaye de se faufiler. Il est plaqué à quelques mètres et deux temps de jeu des gros plus tard, la défense se met de nouveau hors-jeu et Belleau égalise.

Dominateurs en mêlée, lancers en touche assurés, des mauls qui avancent et des brèches dans la défense exploitées par les trois-quarts - les Toulonnais ont largement dominé la fin de match et avec un peu moins de précipitation ils auraient pu emporter ce match...


La suite


Le RCT continue ainsi son incroyable série, 9 matchs sans défaite et se positionne clairement comme un candidat sérieux aux phases finales. Ça serait génial de continuer cette série pour encore trois semaines : la réception d'un Castres pas très en forme permettrait aux Toulonnais de se retrouver sur le podium à la fin de la phase aller. Et les deux matchs de Challenge Cup qui en suivent leurs offriraient un quart de finale à domicile...

dimanche 29 décembre 2019

Défense à 3... et attaque à combien ?

Défense à 3... et attaque à combien ?


Depuis son arrivée, Claude Puel a souvent aligné trois défenseurs centraux. Mais qui ont été ses attaquants les plus utilisés, et dans quel système ?

Ça fait désormais seize matchs toutes compétitions confondues que les Verts ont un nouveau staff technique, depuis le Derby. Et sur ces matchs, seulement quatre ont démarré avec une défense classique, à 4. Pour les douze autres matchs, Claude Puel a fait le choix d'une défense à 3/5. Dans ce genre de système, on compte 3 défenseurs centraux, 2 latéraux ("pistons") et au moins 2 milieux axiaux : il ne reste donc la place que pour 3 autres joueurs de champs. 

Et le profil de ces 3 derniers joueurs peut être très différent, influençant grandement l'animation offensive. Bref, les systèmes basés sur une défense à 3 ne sont pas tous identiques, voici comment ces 12 matchs ont été abordés (on regarde seulement les titulaires, pas les changements tactiques effectués pendant le match).

3412 - un "10" derrière deux avant-centres


Le 352 avec un milieu offensif, derrière deux avant-centres est aussi appelé 3412 et a été le système utilisé pour les premiers matchs de l'ère Puel : Lyon, Bordeaux et Amiens, mais aussi pour le match en Coupe de la Ligue, à Nîmes.

Comme dans tout système avec un "10", ce joueur est déterminant dans l'animation offensive. C'est Boudebouz qui a été titularisé dans ce rôle, laissant sa place au jeune Benkhedim seulement pour le match de coupe.


Les deux avant-centres doivent être complémentaires : le plus titularisé a été... Charles Abi, qui a démarré les trois premiers matchs. Il faut remarquer que ce système n'a plus été utilisé depuis sa blessure, à l'exception du match de coupe, quand c'est Edmilson qui a joué ce rôle.

Le deuxième avant-centre a été Khazri (2 matchs), Diony (1) et Beric (1, en coupe).

343 - deux attaquants mobiles derrière un avant-centre... mobile


A la place d'un milieu offensif derrière deux avant-centres on peut avoir deux attaquants derrière une seule pointe. On peut donc parler d'un 3421, mais il est plus communément appelé 343, surtout que dans le cas de l'ASSE les 3 attaquants ont souvent eu un profil similaire. Cinq matchs ont été démarrés dans ce système : Monaco, Oleksandriya (en Ukraine), Nantes, Montpellier et Rennes

Et pour les deux attaquants, la paire Boudebouz-Bouanga a été alignée 4 fois sur 5. La cinquième fois c'était c'était en Ukraine, quand Bouanga a joué piston et ce sont Khazri et Nordin qui ont démarré le match.



Quant à l'avant-centre, la plupart du temps il était très mobile : Hamouma (2 matchs), Nordin (1), et Diony (1). Beric a démarré un seul match dans ce système, en Ukraine.

352 - triangle pointe basse au milieu et seulement deux attaquants


Finalement, l'autre option dans ce genre de système est de rajouter un 3e milieu axial. On parle donc d'un triangle pointe basse au milieu, ce qui laisse la place pour seulement deux attaquants. Un 352 ou 3142, utilisé pendant trois matchs : La Gantoise, Paris et Strasbourg.

En ce qui concerne la sentinelle (la pointe basse), c'est M'Vila qui a joué ce rôle (2 matchs), sauf à Strasbourg quand il a démarré en défense centrale et c'est Mahdi Camara qui a joué devant la défense.


Comme c'est un système plutôt défensif, on l'utilise souvent pour jouer les contres, donc le profil du duo d'attaquants doit y correspondre. Dans le cas des Verts, ces 3 matchs ont vu 3 paires différentes : Boudebouz-Diony, Bouanga-Nordin et Boudebouz-Nordin.



Les autres titulaires de Puel


Finalement, pour avoir une vue complète, regardons qui a couvert les autres postes lors de ces 12 matchs avec une défense à 3.

Pour les pistons, le plus utilisé à été Trauco (7 titularisations), suivi de Bouanga et Palencia (5 chacun). Honorat a démarré 3 matchs pendant que les deux latéraux de métier Debuchy et Silva l'ont fait seulement 2 fois chacun - ils ont été blessés 4 matchs chacun et le premier a aussi joué en défense centrale 3 fois.

En défense centrale, Perrin affiche 9 titularisations sur 11 possibles (suspendu 1 match). Il est suivi de Fofana (8 titularisations, blessé 2) et Kolodziejczak (7, suspendu 1). Saliba et Moukoudi ont démarré 4 matchs chacun, mais le premier a été blessé les 8 autres possibles. Finalement, Debuchy (3) et M'Vila (1) ont aussi joué en défense centrale.

Pour les milieux axiaux, la paire la plus utilisée a été formée par Youssouf (10 titularisations) et M'Vila (7, en ayant été blessé 3 matchs et en défense 1 autre). Camara (5), Aholou (3) et Benkhedim (1) ont été les autres milieux qui ont démarré ces matchs.






Compte tenu des différents systèmes utilisés, du grand nombre de blessés et de la forte rotation mise en place d'un match à l'autre, il est impossible de parler de l'équipe-type de Claude Puel. Pour l'instant, parce que le retour des blessés, la réduction de l'effectif lors du mercato d'hiver et le nombre réduit des semaines à 3 matchs peuvent changer la donne. Reste maintenant à voir si le staff stéphanois continuera d'aligner une défense à 3 (et avec quels profils offensifs) ou si un système plus classique sera instauré durablement...

mardi 24 décembre 2019

RCT - Clermont, 41-19 (Etzebeth, Heem, Gigashvili, Lakafia, Hériteau)

L'avant-match


Après la série parfaite en Challenge Cup, le RCT retrouve le Top 14 et des adversaires d'un autre niveau, comme Clermont, Toulouse et Castres. Ces matchs pendant la période des fêtes ne sont jamais faciles et c'est un choc au sommet pour le premier match, les Clermontois et les Toulonnais étant à égalité des points. Le dernier match de l'année à domicile, les adieux de Boudjellal, un stade Mayol à guichets fermés... tous les ingrédients sont là pour que la fête soit belle, mais est-ce que les joueurs seront à la hauteur ?

Le match...


... a été un véritable festival des Toulonnais, une prestation parfaite du bout au bout, un vrai match référence. L'interception d'Etzebeth pour le premier essai du match dès la 3e minute a donné le ton, et ensuite les joueurs du RCT ont récité leur partition. Ultra-dominateurs en conquête, surtout en mêlée ferme, avec des nombreuses pénalités obtenues. Mais la puissance des avants a aussi été visible sur les ballons portés, comme par exemple celui juste avant la pause, qui est parti d'une touche à 15m et n'a pas pu être arrêté avant la ligne, ou celui à l'heure de jeu, qui a donné un essai de pénalité.

L'écart au score était déjà large à la pause, 29-5, 4 essais à 1, alors le rythme a un peu baissé en 2MT, même si à la 60e les Toulonnais avaient déjà atteint la barre des 40 points, 41-12. Les dernières 20 minutes ont été plus débridées, avec les avants du RCT mettant toujours à la faute leurs adversaires ou étant intraitables en défense. Surtout dans les dernières minutes, pour préserver leurs bonus offensif.

L'action


Le match vient de commencer et Clermont bénéficie d'un lancer en touche à l'entrée des 22m Toulonnais :


Le ballon est gagné par le Clermontois, mais le demi de mêlée le laisse tomber à la réception. L'avantage profite aux Toulonnais, qui le sortent pour un premier point de fixation de Parisse (8), avant que Serin (9) le donne à Carbonel (10) :


Le demi d'ouverture du RCT choisit un jeu long, d'occupation, mais le ballon est capté par l'arrière adverse, qui relance. Il est arrêté sur les 40m par Heem (14) et Hériteau (13), et après un autre ruck, les Clermontois se préparent de jouer au large :


Le 9 sort le ballon pour son demi d'ouverture, qui regarde déjà à sa droite. La défense toulonnaise est en place : Belleau (12) dans le fermé, Gros (1) et Gigashvili (3) devant le ruck, d'autres avants dans la ligne : Etrillard (2) devant un centre, Taofifénua (5) devant le 10, Parisse (8) et Etzebeth (4) devant les deux 2e lignes. Hériteau (13) et Serin (9) coulissent pour couvrir sur la largeur. Sauf qu'il n'y a pas besoin, le champion du monde sud-africain a bien lu l'intention du demi d'ouverture clermontois :


Il intercepte la passe qui avait sauté le premier 2e ligne pour rechercher le deuxième et sprinte tranquillement pour marquer le premier essai du match. Le plan de jeu avait été de ne pas laisser les Clermontois dérouler leur jeu, et cette action en est le meilleur exemple...

La suite


Le RCT reste ainsi sur une très belle série de 8 matchs sans défaite et impressionne de plus en plus. Le match suivant, par contre, sera bien plus difficile, en déplacement chez un Stade Toulousain aussi fort (les deux équipes sont quasiment à égalité des points) et invaincu à domicile cette saison. Les Toulonnais se permettent presque de faire l'impasse sur cette rencontre, les deux suivantes début janvier étant bien plus importantes, la réception de Castres pour se mettre en confiance avant le déplacement chez les Scarlets...

dimanche 22 décembre 2019

Strasbourg - ASSE, 2-1 (Boudebouz)

Bloqués au milieu

Les Verts finissent l'année 2019 avec une nouvelle défaite à l'extérieur, qui les place à mi-championnat à égale distance du podium et de la place de barragiste.


Comme tous les ans de Coupe d'Europe, la série avant Noël est la plus difficile, avec 9 matchs en 4 semaines. Et les Stéphanois ont été à la peine dans cette série, avec seulement 2 victoires. Une seule victoire lors des 5 derniers matchs de championnat, 3 défaites consécutives à l'extérieur en L1... des mauvais résultats qui les placent à la 14e place à la fin des matchs aller, avec seulement 25 points. Tout n'est pas perdu, la 5e place ne se trouve qu'à 4 petits points et on peut tout à fait assister à une deuxième moitié de saison bien meilleure que la première.

Mais pour cela il faudra produire des matchs plus maîtrisés que ce dernier, à Strasbourg. Même si le staff stéphanois a voulu être rassurant en conférence de presse ("on a essayé de jouer, de faire des décalages (...) on avait fait une bonne mi-temps (...) au fil du match, on s’est améliorés techniquement"), les Verts ont manqué trop de cartouches offensives pour se montrer dangereux ("il a manqué un peu plus de percussion devant et de petits détails dans le dernier geste").

Et comme les exemples suivants le montrent, c'est aussi au milieu que la différence n'a pas été faite.


1MT : Le trio au milieu


Pour ce match, le staff stéphanois a reconduit une défense à 3, avec M'Vila au centre et Debuchy et Fofana à ses côtés :


Palencia-Trauco en pistons, un triangle pointe basse au milieu, Camara-Benkhedim-Youssouf, et Nordin et Boudebouz en attaque : un 3-5-2 donc. Sur cette action, le ballon dégagé par Ruffier est gagné par un Stéphanois, mais il sort en touche. Et Strasbourg construit une attaque :


La défense passe le ballon de la gauche vers la droite, le 5-3-2 des Verts est en place, Trauco monte sur le latéral adverse, le jeu est déplacé dans l'autre sens, et avec Palencia ils illustrent bien pourquoi on les appelle des "pistons" dans ce système :


Jusqu'ici tout va bien, tout le monde est à sa place. Un avant-centre adverse s'excentre pour combiner dans le couloir, suivi par Debuchy...


... et les trois milieux stéphanois sont trop disciplinés. Le triangle est toujours en place dans l'axe, mais leurs adversaires n'y sont pas. Ils combinent simplement et un milieu, excentré à gauche dans le dos de Debuchy est servi. Son centre trouve un coéquipier au deuxième poteau, mais heureusement le contrôle est approximatif et il n'en profite pas.


Passées les premières minutes pendant lesquelles ils ont subi, les Stéphanois ont mis le pied sur le ballon. De la possession, mais très stérile - ils ont eu du mal à construire des attaques, comme on peu le voir dans cet exemple à la 16e minute :


Ruffier joue un 6 mètres avec M'Vila, qui passe à Fofana. Les 3 défenseurs ne sont pas pressés par les attaquants adverses, mais les trois milieux subissent un marquage individuel qui les empêche de jouer. Fofana joue avec M'Vila et le pressing adverse se met en place :


Les milieux sont toujours intouchables, les deux avant-centres pressent la défense, les pistons sont surveillés de près par les latéraux adverses... Ruffier dégage loin :


Nordin n'a aucune chance en duel aérien contre un défenseur central, mais le ballon arrive dans les pieds de Debuchy. Qui voit l'appel excentré de Boudebouz et joue long à son tour :


Boudebouz et Nordin se trouvent ainsi à 2-contre-4, le deuxième essaye de provoquer balle au pied et obtient un coup franc à l'entrée de la surface. Le mur repousse la tentative de Boudebouz, mais elle est importante : il s'agit du seul tir tenté par les Verts avant la 70e minute !


Le marquage individuel au centre du terrain a vraiment empêché toute construction stéphanoise. C'était une bonne idée de placer M'Vila en défense pour organiser le jeu, comme Gasset le faisait reculer aussi en phase de construction. Mais s'il n'a personne avec qui combiner, ça ne sert à rien. Par exemple, à la 27e, il reçoit le ballon de Ruffier, via Debuchy :


Même positionnement de la défense, absence du pressing des attaquants, mais marquage individuel au milieu. M'Vila attend un peu pour avoir une solution et Youssouf lui en propose, décrochant pour s'éloigner de son adversaire direct :


Mais sur la pression de celui-ci, il joue en arrière avec Fofana... qui redonne à M'Vila. Qui cherche de nouveau une solution...


... et maintenant c'est Boudebouz qui décroche. Et qui joue en arrière avec Debuchy, qui redonne à Ruffier, qui dégage loin.


2MT : Réveil tardif


La deuxième période a continué sur les mêmes bases que la première et à l'heure de jeu le staff stéphanois a procédé à un changement tactique. Palencia a laissé sa place à Abi, les Verts sont passés en 4-2-4, avec Debuchy en latéral droit :


Il n'y a plus que deux milieux axiaux, mais ils sont toujours pris en marquage individuel. Sur cet exemple à la 61e, Camara décroche, est servi par M'Vila... et joue en arrière avec Fofana, qui redonne à M'Vila, qui joue un long ballon vers les attaquants.


Boudebouz perd le duel aérien, Benkhedim récupère le ballon, il décale Debuchy à droite, mais il perd la possession. Et le contre strasbourgeois est très rapide :


On a fait sortir un défenseur pour un attaquant, mais les défenseurs centraux continuent de jouer comme s'ils étaient trois. M'Vila s'excentre pour suivre un avant-centre, Fofana reste au marquage de l'autre et ne joue pas le hors-jeu, la sentinelle (Camara) ne couvre pas l'espace entre les deux, où un milieu fait l'appel parfait, pour marquer le but du 2-0.


Les ajustements tactiques ou des joueurs n'ont pas changé la physionomie du match, mais le penalty obtenu par Abi et transformé par Boudebouz à la 72e a tout modifié. Les Verts ont commencé à y croire, leurs adversaires ont perdu la confiance. De 57% de possession et un seul tir (le CPA de Boudebouz) en 72 minutes, les Stéphanois sont passés à 75% de possession et 4 tirs tentés dans les 20 dernières minutes, poussant souvent leurs adversaires à la faute (44% de passes réussies !).

Mais sans succès, malgré l'entrée de Beric à la place de Boudebouz :


Toujours un 4-4-2, avec Beric-Abi devant et Nordin-Benkhedim sur les ailes. Sur cet exemple à la 77e, Debuchy gagne son duel pour récupérer le ballon dégagé par le gardien adverse. Il attend un appel...


... et choisit celui de Beric, en profondeur. Le Slovène prépare son centre, attend les appels de ses coéquipiers et cherche Abi au premier poteau :


Le gardien repousse, mais dans les pieds de Benkhedim - malheureusement, le jeune Stéphanois voit son tir contré par un défenseur.


En tout fin de match, Youssouf est sorti après avoir reçu un coup au genou - Perrin est entré en défense et M'Vila est monté d'un cran, au milieu :




Conclusions


Pendant 70 minutes, les Verts n'ont rien proposé offensivement, leur seul tir tenté étant un coup franc tiré dans le mur. Il a suffi que l'adversaire fasse un marquage individuel au milieu du terrain pour anéantir complètement la construction stéphanoise, et ceci dit tout sur le fond du jeu. Il y a bien sûr les excuses des blessés (très nombreux, surtout les attaquants), de la fatigue (neuvième match en quatre semaines) et d'une équipe toujours en construction. Et quand on voit la différence d'envie entre avant et après la réduction du score, on peut se dire que le manque de confiance y était pour quelque chose aussi. La trêve arrive au meilleur moment pour casser cette spirale négative - on ne peut qu'espérer de voir un tout autre visage des protégés de Claude Puel avec les retours de l'infirmerie et après une régénération physique et morale...

jeudi 19 décembre 2019

Nîmes - ASSE, 1-2 (Benkhedim, Edmilson)

Qualifiés, mais brouillons


Les Verts ont passé le premier tour en Coupe de la Ligue avec une victoire 2-1 à Nîmes, au bout d'un match qu'ils ont maîtrisé, sans pourtant se montrer très dangereux.

Le terrain a été très mauvais, les deux entraîneurs ont aligné leur équipe B, il y a donc eu pas mal approximations. Côté stéphanois, c'est le retour du système en 3-4-1-2, avec Benkhedim en "10" derrière un duo Beric-Edmilson Indjai Correia :


Pour le premier but, peu avant la pause, Moukoudi a récupéré un ballon dans la moitié adverse, le jeu a été envoyé avec Benkhedim et M'Vila à gauche, d'où Trauco a centré à destination de Beric - ballon repoussé dans les pieds du jeune Bilal, qui a ouvert le score. Pour le deuxième, peu après la pause, Edmilson a profité d'un cadeau, une passe mal ajustée d'un défenseur vers son gardien, et le match a été plié.

Enfin, pas tout à fait, les Verts ont arrêté de jouer et ont concédé un but sur corner. Mais ils ont bien maîtrisé la fin, gardant le ballon et empêchant les locaux d'emballer le match. Ils avaient entre temps passé de 3412 à 352, Camara entrant à la place de Beric. Les deux autres changements ont été du poste pour poste, avec Bouanga et Nordin pour Edmilson et Benkhedim.

Match brouillon, qualification acquise, déplacement en quart à Paris...

lundi 16 décembre 2019

ASSE - PSG, 0-4

Du spectacle

Les Verts ont enregistré leur troisième défaite dans une semaine, au bout d'un match où ils n'ont tout simplement pas existé...

La différence de niveau avec le PSG des dernières années est évidente, les matchs contre eux semblent souvent perdus d'avance. Mais ils le deviennent réellement quand le début de match est complètement raté. Dans les mots de Claude Puel, "je ne trouve pas qu'on soit bien entrés dans le match. On était en place mais on a un peu trop subi. On n’a pas été entreprenants, ni fait de pressing. On est restés sur nos bases, sans agressivité et Paris a ouvert le score (...) Si j’ai un regret, c’est notre entame. Elle n’est pas conforme à ce qu’on voulait mettre en place. Ensuite, l’expulsion nous a bien sûr compliqué la tâche". Quant à Bouanga, il met l'accent sur le carton rouge d'Aholou qui a définitivement anéanti les chances des Verts : "on s’est mis dans la merde tout seuls avec ce carton rouge. Ça a presque tué tous nos projets".

Voici quelques exemples du plan de jeu initial, des adaptations tactiques et des difficultés rencontrées par les Stéphanois.


1MT : Plans déjoués


Le système tactique et le plan de jeu des Verts ont été visibles dès l'entame de match. Un 5-3-2 avec 5 vrais défenseurs (et non un ailier transformé en piston, comme lors des matchs précédents), trois milieux axiaux à profil défensif et deux avant-centres rapides, Nordin et Bouanga :


Le 4-4-2 parisien a rendu la vie dure au milieu stéphanois, parce que les couloirs étaient pris par des latéraux, les deux avant-centres monopolisaient la défense et les deux ailiers se plaçaient dans l'axe, créant ainsi un surnombre dans cette zone du terrain. Le plan des Verts était d'empêcher la construction adverse et procéder par des contres, comme dans cet exemple à la 3e minute, où la défense adverse garde le ballon, s'appuie sur un ailier (axial), avant de changer de côté, vers la droite :


Le bloc stéphanois doit coulisser, surtout la ligne des milieux, qui doivent à eux trois couvrir toute la largeur du terrain. Mais ils le font bien, et Aholou intercepte la passe du latéral droit :


Il lance immédiatement Bouanga, et comme Nordin part en contre aussi, les Verts se retrouvent à 2-contre-2 avec les centraux parisiens. Leurs courses ne sont pas bien coordonnées (pour essayer d'écarter la défense)...


... mais Bouanga arrive à se mettre en bonne position : malheureusement, sa frappe enroulée passe juste à côté du poteau.


Ce plan de jeu basé sur des milieux qui empêchent la construction et des contres sur les ballons récupérés a été anéanti très rapidement, après un but encaissé dès la 10e minute et le carton rouge direct pris par Aholou à la 25e.


Les Verts ont du s'adapter tactiquement, et la première solution a été de passer à une défense à 4 avec Debuchy à droite et Silva à gauche, pendant que Trauco a monté d'un cran, en milieu axial :


Dans cet exemple à la 32e, c'est le même type de construction, avec un ballon qui est passé en dehors du bloc stéphanois, avec des ailiers parisiens axiaux, dont un reçoit le ballon. Et quand il est pressé par Camara, il rate sa passe...


... interceptée par Nordin. Qui lance immédiatement Bouanga, entre les deux défenseurs centraux adverses. Et l'attaquant stéphanois arrive dans la surface, mais il ne cadre pas sa frappe...


D'un point de vue défensif, les Verts ont eu du mal à contenir les offensives adverses, qui passaient souvent par les côtés, avec des latéraux très offensifs, qui bénéficiaient d'un bloc resserré par le positionnement axial des 4 attaquants. Comme le milieu à 3 stéphanois avait du mal à couvrir toute la largeur, Nordin a reculé d'un cran en fin de la 1MT, l'ASSE passant en 4-4-1 :


Bouanga, tout seul en pointe, ne peut pas empêcher la construction parisienne, les milieux axiaux arrivent devant le premier rideau défensif. Mais il peut les presser...


... et récupérer le ballon. Il faut noter sur cette image que Camara était sorti de la ligne des milieux et qu'un ailier s'était tout de suite placé dans cet espace libéré. Bouanga part balle au pied, mais il se trouve tout seul contre des nombreux adversaires...


... et perd le ballon, qui est finalement dégagé en touche par M'Vila. Pour la remise en jeu, le PSG repasse par la défense :


Même 4-4-1 pour les Verts, avec Camara qui sort inexplicablement de sa ligne. Et les Stéphanois se font punir immédiatement :


Un parisien se place dans ce trou, les angles de passes sont faciles à trouver, l'ailier est trouvé entre les lignes et l'avant-centre est lancé en profondeur, pour le 2-0.


2MT : A sens unique


Comme le positionnement de Trauco au milieu n'était qu'une réponse temporaire au rouge pris par Aholou, le staff stéphanois a effectué un changement à la pause, avec l'entrée de Youssouf à la place de Gabriel Silva :


Trauco est repassé latéral gauche et les Verts ont proposé le même 4-3-2, avec les mêmes problèmes à défendre sur la largeur qu'en 1MT. Dans cet exemple à la 47e, le jeu est envoyé par les Parisiens à droite, le bloc stéphanois coulisse de ce côté...


... ce qui laisse absolument libres deux adversaires à l'opposé. Un changement de côté et il y a de nouveau danger dans la surface stéphanoise. Le centre de la gauche est repoussé de la tête par Fofana, mais en plein axe - heureusement, la reprise d'un milieu adverse n'est pas cadrée. Ruffier joue long pour la remise en jeu :


Debuchy gagne son duel aérien et dévie pour Bouanga, qui sprinte avec le ballon dans le couloir droit. Il est enfermé et attend du soutien, qui arrive de la part de Camara :


Le une-deux fonctionne très bien, Bouanga se retrouve dans la surface, mais sa frappe est déviée en corner par le gardien. Et sur le corner, le même attaquant stéphanois, décidément pas en réussite, voit sa reprise de la tête passer juste à côté du cadre. Quand ça veut pas...


Les deux autres changements de l'ASSE ont été du poste pour poste, préservant un système qui n'a pas pu empêcher le PSG de dérouler son jeu offensif, ni permis aux Verts de se montrer plus dangereux en contres.

D'abord Boudebouz pour Nordin :


... et ensuite Indjai Correia pour Bouanga :




Conclusions


Le spectacle a été impressionnant, en tribunes. Et même sur le terrain, avec plus de 30 tirs, dont la moitié cadrés, avec des nombreuses occasions des deux côtés. Mais il n'y a pas eu de suspens, surtout que le match a été plié dans la première demi-heure. Le but encaissé rapidement, l'infériorité numérique et le manque d'efficacité ont déjoué les plans des Verts. Mais la différence était trop importante, individuellement et collectivement, pour réellement espérer une issue différente à la fin de la partie. Et ainsi, après une belle série de 11 matchs sans défaite, les Stéphanois se trouvent maintenant à seulement 1 victoire lors de 7 derniers matchs, dont 3 défaites consécutives. Il est donc impératif de renouer avec le succès lors des deux derniers matchs de l'année, afin de passer des bonnes fêtes...