mardi 31 octobre 2017

RCT - Brive, 41-24 (Belleau, Bonneval, Ashton x 2, Lakafia)

L'avant-match


Après les deux premières journées de la Champions Cup, le Top 14 est de retour, dans une période assez faussée par la tournée internationale de novembre. Mais avant que le RCT perde plusieurs joueurs importants, ils enregistrent le retour de blessure de plusieurs autres joueurs, surtout en 3e ligne (Vermeulen, Lakafia, Manoa). Et comme l'adversaire du jour est plutôt à la portée des Toulonnais, tous les ingrédients sont réunis pour emmagasiner de la confiance à travers un bon résultat et surtout une bonne prestation.

Le match


... montre depuis le début les intentions des toulonnais qui relancent souvent à la main. Malheureusement il y a toujours des approximations et surtout une conquête sur courant alternatif, avec plein des pénalités sur les mêlées, en alternance pour chaque équipe. Le premier essai du RCT vient après une longue présence dans les 22m adverses, sans trop avancer, mais avec 3 mêlées à 5 refaites et une touche prise sur une pénalité. Les problèmes en mêlée ont été réglés par un jaune pour deux piliers et dans les 10 dernières minutes de la 1MT, les toulonnais ont campé dans les 22m adverses. Touche à 5m, maul, presque essai. Mêlée à 5m, presque essai. Une autre mêlée, on fait un en-avant. Touche sur la ligne de 22m, un maul énorme qui avance jusqu'au 5m, écroulé et 2e jaune pour Brive. Mêlée prise, pénalité, encore un jaune pour Brive. Deux autres mêlées à 5 plus tard, un en-avant volontaire de l'arrière de Brive est synonyme d'un essai de pénalité et 4e jaune...

La 2MT commence avec le RCT à 15 contre 12, donc sans le trou d'air habituel. Les toulonnais en profitent pour marquer un essai par Bonneval en 1e main après une mêlée et une belle percée de Meric, puis Ashton marque son essai tout seul après une course de 60m où il traverse/contourne tout le bloc briviste. Revenu à 15, Brive marque un essai après un turnover, mais le RCT marque son 5ème sur un maul et le 6ème après une percée de Radradra (voire plus bas). Avec 6 essais à 1 et 20 minutes à jouer on peut considérer le match plié, mais c'était sans compter sur le relâchement des toulonnais qui encaissent 2 essais et tremblent ainsi jusqu'à la fin pour leur bonus offensif, heureusement préservé.

L'action


Ce match a été le premier où Radradra a été aligné au centre, les finisseurs à l'aile étant Ashton et Tuisova. Quand enfin les Toulonnais ont décidé de jouer sur son point fort, sa capacité de franchissement, ça a donné des superbes attaques. En voici 2 :

A la 55e, une touche du RCT dans ses propres 30m, le ballon est dévié par Lakafia (6) pour Meric (9):


Le demi de mêlée le donne à Trihn-Duc qui lui fait une passe après contact :


Nonu (12) était monté avec Trihn-Duc (10), mais les autres trois-quarts sont sur l'extérieur, notamment Radradra (13), qui reçoit le ballon et... traverse toute la défense, impossible à arrêter.


Il finit par se faire prendre par le l'arrière et l'ailier adverses, après avoir couru 40m ballon en main, et non avant de servir Tuisova (14) dans son couloir, libre pour aller à l'essai. Malheureusement l'ailier commet un en-avant, gâchant ainsi la belle action de Radradra.

Même pas 10 minutes plus tard, on retrouve Tuisova à la réception d'une chandelle - arrêt-volé et jeu rapide pour Guirado (2) qui est mis au sol dans les 22m du RCT.


Le ballon est vite sorti par Mathewson (9 - rentré à la place de Meric pour sa première apparition en rouge et noir), qui lance Gorgodze (4) pour un autre point de fixation. Trihn-Duc (10) et Nonu (12) se préparent déjà pour un jeu sur la largeur :


Le ballon est sorti pour le demi d'ouverture, qui le donne à Isa (7), qui a le soutien de Vermeulen (8) et Nonu). Sur l'extérieur il y a Bonneval (15), Radradra (13) et Ashton (11), mais comme Trihn-Duc croise...


... c'est lui qui reçoit la passe après contact d'Isa. Ce jeu est trop rapide pour la défense, qui n'a pas le temps de bien glisser sur sa droite. Radradra reçoit le ballon et entame une course qui élimine l'ailier, le centre et l'arrière adverses. C'est tellement efficace qu'il n'en reste plus grande monde en défense :


Mathewson (9), Fernandez-Lobbé (6), Bonneval (15), Trihn-Duc (10) et Ashton (11) offrent tous des possibilités à Radradra, qui le donne à son ailier gauche après avoir fixé le dernier défenseur. Et cette fois-ci ça va au bout, le 6e essai du RCT.

La suite


Le résultat est là et la manière... presque. La période faible en fin de match est probablement due au score, largement en faveur du RCT à ce moment là, mais les belles attaques en 2e période ne doivent pas faire oublier le jeu poussif de la 1e. Quant on a une ligne des trois-quarts qui contient un finisseur comme Ashton, un franchisseur comme Radradra, un relanceur comme Bonneval, un bulldozer comme Tuisova ou Bastareaud et un cerveau comme Belleau ou Nonu, il faut en profiter et les faire jouer. Et quand on rajoutera Fekitoa dans l'équation, ça pourra donner des cauchemars à beaucoup des défenses... si le staff toulonnais arrive à mettre tout ce beau monde dans les bonnes conditions pour exprimer leur jeu.

Toulouse - ASSE, 0-0

Un match nul


Retour en images sur le premier 0-0 de l'ASSE sous Oscar Garcia.

Le match nul obtenu par les Verts à Toulouse a été qualifié par beaucoup comme "une purge". Ce n'est pas seulement le score, aucun but marqué, qui fait penser à ça, c'est l'impression que les deux équipes n'ont pas proposé du jeu. Et c'est partiellement vrai, les exemples suivants nous permettent de voir que l'ASSE a su empêcher son adversaire à construire. Et quand c'est les Verts qui ont essayé de le faire, leurs imprécisions techniques leur ont été préjudiciables. Bref, deux ingrédients qui justifient donc le résultat final.

L'ASSE sans le ballon


Le plan pour contrer le jeu de Toulouse a été évident depuis le début du match. Par exemple, à la 6e minute, avec une relance qui part du gardien adverse :


Le bloc stéphanois est en place, on voit bien Pajot en position de sentinelle et Bamba en avant-centre. Dabo est au marquage d'un des deux milieux centraux adverses (le TFC jouait en 4-2-3-1) et Maïga monte chercher l'autre :


Les Toulousains cherchent une solution de passe, ils ne veulent pas se débarrasser du ballon, mais tout le monde est pris en marquage individuel. Le défenseur central qui reçoit le ballon monte un peu en cherchant une solution et il tombe dans le piège du pressing :


Il y a quatre Verts qui l’entourent et qui lui coupent les angles - quand il essaye de faire une passe, elle est interceptée par Pajot, qui lance tout de suite Bamba en profondeur :


Il ne s'agit pas d'un contre proprement dit, mais il y a un déséquilibre, les Verts attaquent à 3 (Bamba, Maïga et Hamouma) contre trois adversaires, même s'il y a deux autres qui se replacent rapidement. Bamba trouve très bien Maïga dans l'axe, mais son choix est de revenir sur le même côté - Bamba est signalé à tort hors-jeu (dans tous les cas, son centre vers Hamouma avait été repoussé).

La remise en jeu Toulousaine voit la même situation, avec un pressing haut des milieux stéphanois :


Maiga et Dabo cherchent les deux milieux axiaux adverses, Hernani et Hamouma les deux latéraux, Bamba presse les deux centraux :


Les Toulousains cherchent des solutions, mais les Verts n'abandonnent pas leur pressing, même si l'équipe est coupée en deux - on ne le voit pas sur ces images, mais la défense de l'ASSE se trouve à 25m de son propre but. Le pressing haut continue, personne lâche son adversaire :


Et finalement, pour éviter de perdre de nouveau le ballon, le défenseur central adverse dégage loin, le ballon est gagné par Gabriel Silva de la tête et les Verts finissent par récupérer une touche et donc la possession.


Le jeu sans ballon de l'ASSE a été assez clair : effectuer un pressing constant au milieu du terrain, soit pour récupérer le ballon et partir en contre, soit pour obliger les adversaires à jouer long, ce qui justifie le choix de Pajot en sentinelle (11 duels aériens défensifs disputés !) et le positionnement bas de la défense.


L'ASSE en possession du ballon


Et si on parle des duels aériens de Pajot, voici un qui est à l'origine d'une phase de possession Verte, qui démarre par un coup franc du gardien adverse en 2MT :


Le ballon arrive dans les pieds de Maïga qui se projette vite vers l'avant, avant de passer à Hernani dans son couloir gauche :


Hamouma (en avant-centre à ce moment) décroche et aspire le défenseur central, Dabo se projette dans son dos et la passe en profondeur de Hernani arrive pile dans sa course. Un jeu simple avec de la verticalité dans la conduite de balle de Maïga, dans les appels et dans la passe.


Malheureusement il y a seulement Hamouma et Bamba qui ont suivi l'appel de Dabo, qui centre en retrait, mais il y a trop d'adversaires pour avoir une chance de réussite. Néanmoins, le dégagement Toulousain...


... est intercepté par MBengué, qui passe devant son adversaire pour contrôler le ballon, avant de le donner à Hernani. Finalement le ballon sort et la touche stéphanoise est jouée par le latéral...


... pour Hamouma, qui passe en retrait à Maïga, qui redonne à MBengué, qui redonne à Hamouma, qui conduit le ballon latéralement devant la défense en cherchant une solution de passe. Il ne trouve aucune et finit par être dépossédé du ballon, offrant une possibilité de contre aux adversaires :


Il y a un déséquilibre dans notre défense, mais KTC finit par contrer le tire de l'attaquant adverse. L'action se conclue par une touche stéphanoise dans leur propre moitié et le ballon est envoyé à Ruffier pour une relance propre :


KTC et Lacroix écartent beaucoup pour étirer le premier rideau de deux adversaires, Maïga propose une solution aussi. Lacroix joue à gauche avec MBengue...


... qui lui redonne le ballon. Sur cette image on peut voir que le pressing Toulousain est très faible, rien à voir avec celui des Verts - le milieu axial se replie au lieu de chercher Maïga, l'ailier est très loin de MBengué aussi. Mais les stéphanois n'osent pas avancer avec le ballon ou prendre des risques avec des passes verticales. Pire...


... ils ne maîtrisent même pas les passes courtes en retrait - celle où Maïga cherche à donner le ballon à Lacroix est tellement en retrait que le temps qu'il récupère le ballon et il se retourne, le bloc Toulousain a eu le temps de remonter pour un vrai pressing :


La présence adverse dans les 30m de l'ASSE n'est plus la même et Ruffier n'a pas un autre choix que de dégager haut. Il cherche Pajot...


... mais c'est un défenseur central qui va au duel : il gagne et en deux passes un adversaire est lancé en profondeur, tout seul contre Ruffier, profitant de la mésentente entre KTC et Maïga - heureusement cette situation ne donne rien à la fin.


Ces deux minutes en 2e période nous montrent comment la construction du jeu à été difficile pour l'ASSE, que les passes dans le dos de la défense toulousaine pouvaient amener du danger, mais aussi que toute perte de balle stéphanoise était vite exploitée en contre par les adversaires. Ce qui a donc coupé la motivation des Verts pour produire du jeu, ils ont préféré laisser la possession à leurs adversaires.



Conclusions


Pour être complet, ces exemples de jeu sans et avec ballon de l'ASSE doivent être mis en contexte. Oscar Garcia a déclaré vouloir un jeu de possession et en conférence de presse avant ce match il avait mis en avant que les Verts ont la 6e meilleure possession de L1. Alors quand on joue chez une équipe qui a la 4e pire possession (46,5% en moyenne), c'est tout simplement surprenant d'avoir le ballon moins que les adversaires (48% sur le match, seulement 40% le premier quart d'heure). Mais cet abandon de la possession a du sens, sans le ballon on a parfaitement joué pour empêcher Toulouse de se montrer dangereux. L'objectif de ne pas prendre de but a été ainsi atteint par le plan de jeu mis en place.

Quant à l'objectif de marquer des buts, il a été secondaire. Certes, il aurait pu être atteint par une meilleure efficacité dans les face-à-face avec le gardien de Hamouma et KMP. Mais en tout cas, le plan de jeu avec le ballon a été complètement cassé par les approximations techniques des Verts. Une statistique tout simple permet de mesurer l'ampleur du déchet technique : seulement 71% de passes réussies pour les stéphanois... ce qui est pire que la moyenne de la plus faible équipe de L1 (Amiens, 73%) et largement inférieur à la moyenne de l'ASSE cette saison (80%). Rien qu'à lui, Dabo a réussi seulement 59% de ses passes - pour un milieu de terrain c'est catastrophique, pour donner un exemple, Koziello ou Rabiot ont des moyennes de 93-94%...

Pour positiver, on peut dire que le 0-0 a été cherché par l'ASSE, pas subi, que le scénario du match a été contrôlé par les Verts. Ils ont su adapter leur tactique pour rendre l'adversaire inoffensif et ils n'ont pas eu le niveau technique pour se montrer dangereux ou efficaces eux-mêmes. Et on obtient ainsi un match nul est vierge...

jeudi 26 octobre 2017

Strasbourg - ASSE, 1-1 (Hernani)

La fin de l'été


L'élimination en Coupe de la Ligue contre Strasbourg laisse un goût amer, mais cette amertume vient plus du jeu produit que du résultat même. 

Le changement de staff technique, le renouvellement d'un tiers de l'effectif et les belles prestations du mois d'août avaient donné de l'espoir au peuple vert. Mais l'été est fini et avec lui le beau jeu - le match à Strasbourg n'est que le dernier d'une série pendant laquelle on n’aperçoit que rarement les éléments qui nous avaient rendu optimistes en début de saison. L'impression générale laissée par les Verts lors de ce match est celle de la saison dernière - des joueurs qui ne jouent pas en équipe, qui semblent ne pas savoir quoi faire du ballon et qui ne proposent aucun mouvement, aucun jeu collectif digne de ce nom. 

Souvenez-vous du pressing haut contre Nice ou celui qui a amené le but de Cabella contre Angers. De la projection très rapide vers l'avant dès qu'on récupérait le ballon, comme à Caen, à Paris ou contre Amiens. Des passes verticales qui cassent les lignes comme pour le but de Bamba contre Nice. Et ainsi suite. Est-ce que tous ces éléments sont oubliés, ils se sont perdus à la fin de l'été, est-ce qu'ils sont possibles seulement avec une équipe type et pas avec des remplaçants ? Ou ont-ils été aperçus aussi lors du dernier match ?

Pressing haut - oui


Les Verts ont montré leurs intentions dès l'entame du match. Une touche pour Strasbourg est jouée dans leur propre moitié...


... et le latéral passe en retrait vers le défenseur central. Sauf que les Verts avaient déjà commencé leur placement pour le pressing haut : Hernani vers un milieu, Bamba vers l'autre défenseur et Söderlund, KMP et Pajot sur les 3 adversaires de ce côté du terrain. Ainsi, le défenseur qui reçoit le ballon n'a aucune solution de passe simple :


Sous la pression de KMP, il dégage en touche. La remise en jeu est faite par MBengué pour KMP, qui lui redonne le ballon :


MBengue le donne à Selnaes, qui cherche tout de suite Söderlund, démarqué entre les lignes. Sa remise pour KMP est interceptée par le latéral adverse...


... mais la perte du ballon ne signifie autre chose qu'un nouveau pressing. Et sous la pression de Pajot et Söderlund, le milieu adverse qui reçoit le ballon, le perd tout de suite. Söderlund passe en retrait pour KMP...


... et le ballon arrive de nouveau en retrait à Selnaes dans son rôle de distributeur du jeu. Vu le surnombre de ce côté (Söderlund, Pajot, KMP et MBengue pour seulement deux adversaires), Selnaes  essaye de lancer KMP dans le couloir. Malheureusement le ballon est intercepté et dégagé en touche. MBengue la joue avec Bamba, venu du côté opposé...


... et le reçoit de nouveau dans le couloir. Son centre pour Söderlund est intercepté et dégagé... dans les pieds de Pajot. Il cherche son avant-centre dans la surface...


... qui remet dans la course de KMP dans la surface. L'ailier, attaqué par deux défenseurs, arrive quand-même à faire une centre en retrait...


... pile dans la course de Bamba, démarqué dans la surface. Malheureusement, à la place d'un tir, il choisit de dribbler et tombe sans obtenir de faute. Néanmoins, du pressing haut, constant, qui met sous pression les adversaires, du jeu de passe dans des petits périmètres - voilà les Verts qu'on aimerait voir plus souvent.

Jeu vertical - oui


En tout fin de match, après l'égalisation, les stéphanois sont à la recherche d'un 2e but et ils sont tellement pressés que c'est Hamouma qui joue une touche sans attendre son latéral, Gabriel Silva :


Le ballon est donné à Selnaes, qui passe à Hamouma dans son couloir droit, qui remet en retrait à Gabriel Silva. Sous la pression de l'adversaire, le latéral joue avec KTC...


... qui retrouve Selnaes, libre de tout marquage, Strasbourg ne pratiquant pas le pressing haut. Le norvégien a donc du champ libre devant lui et il avance avec le ballon :


Sur cette image on voit bien le bloc en 4-1-4-1 de Strasbourg et le positionnement de nos milieux relayeurs, Pajot et Hernani, entre les lignes, ce qui embête la sentinelle adverse. Si Selnaes arrive à trouver Pajot par une passe qui traverse la ligne des milieux, ça peut devenir dangereux. Par contre, il y a un stéphanois qu'on ne voit pas sur cette image, c'est Hamouma...


... et Selnaes l'a bien vu. Sa passe traverse les deux lignes et arrive pile dans la course de Hamouma, qui se retrouve seul avec le gardien, mais qui choisit la passe pour Söderlund qui n'arrive pas à marquer et tuer le match. Néanmoins, des appels dans l'espace, des passes verticales qui cassent les lignes, voilà les Verts qu'on aimerait voir plus souvent.

Contres, jeu vertical et pressing haut - non


A la 35ème, Strasbourg a la possession, ce qui nous permet de voir le positionnement défensif des Verts en 4-1-4-1 :


Sous la pression de Söderlund, le défenseur central adverse rate sa passe, interceptée par MBengue, qui relance tout de suite KMP, qui le donne à Hernani. Le bloc adverse était très haut (chose assez rare dans ce match) et les stéphanois peuvent commencer un contre en situation de 5-contre-5. Sauf que personne n'ose faire la passe vers l'avant qu'il faut :


Hernani joue en retrait pour MBengue, qui passe à KMP, qui lui redonne le ballon et finalement Selnaes le reçoit, mais le contre n'est plus possible :


Le ballon arrive à KTC, qui monte avec, sans être attaqué - tout le bloc adverse est déjà bien bas.


KTC essaye une passe verticale qui casse les lignes - elle arrive dans les pieds de Söderlund, mais pas dans un espace libre : l'avant-centre et Bamba qui est à son soutien sont entourés de 6 adversaires ! C'est déjà un miracle que la passe est arrivé jusqu'au norvégien, c'est normal que le ballon soit perdu. Mais si les Verts perdent le ballon haut, ils peuvent essayer de le récupérer :


Malgré le fait que Strasbourg joue avec le gardien, le pressing stéphanois se met en place : KMP, Hernani, Selnaes, Söderlund et Bamba se placent pour empêcher les solutions de passe. Sauf qu'il sont 5 contre 7 joueurs de champs et le gardien. Il est donc difficile de récupérer le ballon...


... surtout que les adversaires se sont bien disposés sur la largeur, évitant de se laisser enfermer dans un petit périmètre. Sur cette image on voit que le surnombre défensif est sur le côté opposé, où Söderlund et Bamba doivent marquer 3 adversaires. Le ballon est donc ressorti vers cette zone :


L'infériorité numérique dans le pressing se traduit dans le fait que Bamba se trouve tout seul entre le défenseur central et le latéral, il ne peut rien faire. Un autre milieu central de Strasbourg était venu offrir une solution, suivi par Pajot - on voulait vraiment empêcher la sortie du ballon.


Sauf que maintenant que le ballon a été ressorti par la défense, le bloc défensif des Verts n'est plus en place : les trois milieux et trois attaquants stéphanois sont dans les 30m adverses. Le latéral prend de vitesse tout le monde, Bamba, Pajot et Hernani et la défense des Verts se retrouve embêtée. Même s'il y a du surnombre défensif (4 défenseurs pour 2 avant-centres), elle est sur le reculoir. Janko tarde à monter sur ce latéral qui monte avec le ballon, KTC et Lacroix se font aspirer tous les deux par l'appel d'un avant-centre... et ils n'arrivent pas à intercepter la passe qui lui est adressée - ouverture du score.

Possibilité de contre gâchée par des passes en retrait et manque de prise d'initiative, passes verticales mais dans des zones fermées, pressing haut mal exécuté - voilà des Verts qui ont encore des choses à améliorer...

Conclusions


Il est clair, les Verts n'ont pas produit une de leurs meilleures prestations à Strasbourg, peu importe le résultat à la fin - elle a été loin de celle qu'on attendait de l'équipe d'Oscar Garcia après les matchs du mois d'août. On peut comprendre que les joueurs sur le terrain n'ont pas le niveau technique attendu - l'ASSE n'a pas les moyens d'avoir des remplaçants du même niveau que les titulaires. Mais ces joueurs ont participé à tous les entraînements et ont du comprendre les concepts tactiques que le staff attend d'eux. Et comme le montrent les exemples ci-dessus, ils ont essayé de les mettre en place... parfois. Trop rarement et avec très peu de réussite, malheureusement. Est-ce que c'est du à un manque de confiance, de technique, d'envie ou bien d'autre chose ou même tout à la fois ? C'est difficile à dire, et les matchs suivants nous en diront plus sur la capacité du staff stéphanois à mettre en place le jeu envisagé avec l'effectif à sa disposition. Parce que cet effectif ne changera pas avant janvier - le mieux qu'on peut espérer c'est le retour des blessés - et ce temps semblera une éternité si l'équipe continue à jouer comme à Strasbourg.

mercredi 25 octobre 2017

Treviso - RCT, 29-30 (Radradra, Tuisova)

L'avant-match


Après s'être fait peur à domicile contre les Scarlets, le RCT veut maintenant se rassurer en Italie, chez Treviso. Le problème est que même si cette équipe est probablement la plus faible du groupe, elle veut vendre cher sa peau, surtout après la défaite 23-0 la précédente journée. Si un faux-pas ne condamne pas les Toulonnais, ça peut faire tâche dans leur parcours européen, sans parler du fait que la qualification passe toujours par des victoires à l'extérieur. Bref, ils se doivent de confirmer leur statut en s'imposant (éventuellement avec le bonus), pour s'enlever une part de pression cet hiver.

Le match


... commence parfaitement pour les Toulonnais, auteurs d'un essai en première main après une touche et un exploit de Radradra, suivi d'une autre incursion dangereuse quelques minutes plus tard. Mais c'était seulement un feu de paille, le RCT a ensuite enchaîné les aproximations en attaque (plusieurs en-avants dans les 22m adverses) et en défense, comme la mauvaise montée de Tuisova lors du premier essai Italien. Les Toulonnais ont aussi été très mauvais en touche (lancé raté à la 13ème, cafouillé à la 23ème, etc.) et heureusement que l'ouvreur de Treviso n'a pas été dans un bon jour, en ratant des pénalités assez faciles ou en ne trouvant pas des touches (14ème). Bref, avec plein d'en-avants, une faible conquête en touche et en plus un essai casquette à la 27ème, il est très surprenant de trouver le RCT avec seulement un point de retard (13-14) à la pause...

Si la 1MT a été si mauvaise, on pouvait craindre le pire pour le début de la 2MT, traditionnellement le temps faible du RCT, surtout qu'elle commence avec une pénalité concédée dès la 1ère seconde pour un écran sur le coup d'envoi... Mais à la 45e, l'interception de Tuisova et sa course en solitaire pour le 2ème essai a fait du bien aux Toulonnais, qui sont repassés devant au score (18-17) et qui y sont restés... jusqu'à la 76e. Pendant cette demi-heure, il y a eu une course-poursuite au score, pénalité après pénalité, le RCT se basant sur la force de ses avants, récompensés par des pénalités sur des mauls (49e,61e,67e) et mêlées (55e), mais concédant aussi pas mal des fautes au sol. Dont la dernière, à 4 minutes de la fin, remet les Italiens devant. Sauf qu'à la dernière minute, les Toulonnais obtiennent une mêlée à 25m dans l'axe et ils explosent leurs adversaires - la pénalité d'une victoire très difficile, beaucoup plus difficile que ce qu'on pourrait croire.

L'action


Le coup d'envoi du match est donné par Trihn-Duc (10) et les Italiens dégagent en touche, première attaque à lancer pour le RCT :


Le choix est fait de garder deux 3e lignes avec les trois-quarts, Gahetau (7) et Isa (8), Trihn-Duc et ses 7 partenaires ont devant eux 7 adversaires. Nonu (12) reçoit le ballon, la défense monte...


... les 3e lignes font un appel pour fixer la défense, mais le ballon est donné à Radradra (11), venu de son aile pour chercher l'extérieur, où se trouvent Bastareaud (13), Ashton (15) et Tuisova (14). Ces 4 Toulonnais doivent être pris par les deux centres, un ailier et l'arrière de Trevise, donc il n'y a pas de surnombre. Sauf que...


... les Italiens ont très peur de Tuisova et Ashton, alors leurs arrière et ailiers restent devant les Toulonnais, ils ne serrent pas dans l'axe. Ce qui ouvre une porte pour Radradra qui dépose au sprint les deux centres et qui ne peut plus être attrapé avant la ligne d'essai.


Après la transformation, la remise en jeu Italienne est captée par Nonu (12) dans les 22m du RCT :


Il court de travers vers l'axe, Meric (9) fait la même chose... mais Ashton (15) croise et reçoit le ballon. Tous les adversaires se sont faits aspirés par la course de Nonu, sauf un qui est resté surveiller Tuisova (14)... une autre porte ouverte, prise par Ashton.


Il reste trois adversaires entre les Toulonnais et la ligne d'essai. Le premier est fixé par Ashton (15), qui sert Meric (9)...

... qui fixe l'avant-dernier défenseur avant de servir Tuisova (14), qui est attrapé à la course et mis au sol par le dernier défenseur, chose qu'on ne voit pas souvent. Meric commet un en-avant en essayant de récupérer le ballon sur le ruck formé dans les 10 derniers mètres et c'est la fin de l'action... et du festival offensif Toulonnais, qui n'ont plus produit ce genre d'attaque pour le reste du match.

La suite


Les deux premières journées de la Champions Cup sont passées et le RCT a deux victoires à son actif. Deux victoires à un point d'écart, tellement sa marge de manœuvre a été petite. Ce résultat est bien sûr positif, surtout que Bath a aussi gagné deux fois (aucun bonus) - la double confrontation du mois de décembre sera probablement décisive pour la qualification dans ce groupe de la Champions Cup. Mais la manière laisse beaucoup à désirer, les Toulonnais ont été très peu convaincants, ils ont souvent déjoué et il y a vraiment de quoi être inquiet pour la suite. Pour l'instant les prochains matchs proposent des adversaires à notre portée, de quoi se rassurer... ou s'enfoncer dans une crise en cas de mauvais résultats.