dimanche 27 février 2022

Paris - ASSE, 3-1 (Bouanga)

Logique respectée


Les Verts ont perdu leur match à Paris, un résultat tout à fait normal compte tenu de la différence économique et sportive entre les deux équipes 

Si le staff stéphanois a reconduit un système avec trois défenseurs centraux, il y avait bien une surprise dans le positionnement des 11 titulaires :


Falaye Sacko a été utilisé en piston droit, sa place dans l'axe droit de la défense centrale étant prise par... Camara. Le reste du 5-2-3 des Verts a été plutôt classique, surtout dans l'absence de Khazri, blessé. Le choix du système a été logique, compte tenu de la continuité prônée par Pascal Dupraz, mais aussi de l'animation offensive parisienne : à partir d'un 4-3-3, avec deux ailiers qui rentrent souvent dans l'axe, laissant les couloirs pour les latéraux. Quant au choix de positionner Camara en défense centrale, le coach de l'ASSE a expliqué qu'il "a déjà dépanné à ce poste", mais surtout qu'il voulait avoir un vrai défenseur à droite, car "le couloir gauche au PSG fonctionne très bien". Par contre, pas d'explication pourquoi Camara et pas Moukoudi...


Si sur l'image précédente on voit les Verts en 5-2-3, Nordin et Bouanga ont souvent reculé à hauteur des milieux centraux, les Stéphanois défendant la plupart du temps en 5-4-1 :


Et ils n'ont pas fait que défendre, osant souvent des sorties de balle malgré le pressing adverse et proposant des projections intéressantes. Comme dans cet exemple en tout début du match, qui voit les Parisiens faire circuler le ballon de gauche à droite. Et suite à une mauvaise passe...


... la possession dévient stéphanoise, Kolo héritant du ballon. Le contre-pressing du PSG est immédiat, si sur l'image précédente les défenseurs sont à une dizaine de mètres dans leur camp, ils sont plus hauts ensuite, réduisant les espaces pour la sortie des Verts :


Kolo joue avec Gourna, qui écarte plus haut avec Bouanga, dans le couloir gauche, malgré la présence de plusieurs adversaires. Et les Verts ne paniquent pas, ne balancent pas n'importe comment le ballon...


... mais construisent une vraie attaque. Car Boudebouz fait un appel en profondeur comme un vrai avant-centre et la passe lobée de Kolo le trouve en pleine course. Malheureusement, son contrôle dans la surface permet à un défenseur de dégager en corner. 


Quant à l'aspect défensif, un autre exemple quelques minutes plus tard nous permet de comprendre à la fois l'animation adverse et les mesures prises par le staff stéphanois :


L'action commence avec les deux ailiers parisiens très excentrés, la ligne de 5 défenseurs couvre quasiment toute la largeur du terrain et l'avant-centre se trouve dans la zone de Camara. Les 4 milieux stéphanois s'occupent principalement des 3 milieux du PSG - ils sont très resserrés et cherchent à les empêcher de combiner. Le ballon est donc passé sur la gauche de l'attaque et quand il revient dans les pieds de l'ailier...


... Sacko sort sur lui. Camara prend l'avant-centre, le reste du bloc stéphanois coulisse vers ce côté. Le ballon est ressorti et on peut s'attendre que le ballon soit envoyé à l'opposé. L'avant-centre décroche pour proposer une solution... 


... et il est suivi par Mangala, pas Camara, car il est plus axial. Les deux lignes stéphanoises étaient reformées, mais quand le ballon est de nouveau envoyé dans le même couloir...


... Sacko sort de nouveau, cette fois-ci pour bloqué le latéral gauche parisien. Ce qui veut dire que Camara a deux adversaires dans sa zone, l'ailier et l'avant-centre, mais ce n'est pas un problème, car Zaydou et Gourna bloquent les possibilités de passe. Et comme les Verts sont très disciplinés tactiquement, Bouanga couvre dans l'axe, au marquage des deux milieux axiaux.


Sans possibilité pour passer de ce côté, le ballon ressort jusqu'aux défenseurs. Le bloc stéphanois coulisse bien est il n'y a pas plus d'espaces dans le couloir opposé, alors le défenseur envoie un long ballon en profondeur. Entre temps Sacko était repassé au marquage de l'ailier, Camara de l'avant-centre, mais le ballon est trop long et Bernardoni le récupère facilement.


Même si assez souvent l'avant-centre adverse se placé dans la zone de Camara, il s'est souvent baladé sur la largeur du terrain. Les Verts ne faisaient pas de marquage individuel sur lui, mais en zone, se le passant en fonction de ses déplacements. Et ça a bien fonctionné en 1MT jusqu'à la 42e minute, quand le talent et la vitesse ont fait la différence :


Même disposition tactique que dans l'exemple précédent, la ligne de 4 milieux bloque le jeu dans l'axe, la ligne de 5 défenseurs couvre la largeur du terrain, car les deux ailier adverses sont très excentrés. Le ballon arrive à celui de droite, qui voit l'appel de son avant-centre :


Tous les défenseurs stéphanois sont en place, mais la course croisée et la passe sont parfaitement synchronisées et Bernardoni est trompé par la frappe dans un angle fermé. Le PSG revient au score juste avant la pause et tue ensuite le match juste après avec deux autres buts. Pour mieux comprendre ce premier but, qui a relancé les Parisiens, un petit zoom au moment où le ballon part de l'ailier :


Tous les défenseurs sont là, en place. Mais Nadé regarde le ballon et l'ailier et s'occupe pas de l'avant-centre. Camara ne le suit pas non plus, faisant un signe du bras à Mangala de le prendre, car la course est croisée. Et ce dernier sprinte en même temps que son adversaire, mais la différence de vitesse est trop importante...


Comme les Parisiens ont marqué deux autres buts dès le début de la 2MT, ils ont ensuite géré, laissant le ballon aux Verts et profitant des espaces. La physionomie du match a changé et le staff stéphanois a procédé à un ajustement tactique :


Une défense à 4, avec Nadé et Moukoudi, entré à la place de Mangala, qui avait pris un jaune et venait de commettre une grosse faute. Camara est monté d'un cran, au milieu à la place de Zaydou, remplacé par Hamouma, positionné en avant-centre. 

Le reste des changements effectués ont été du poste pour poste, le système et la défense restant inchangés :


Aouchiche et Thioub en ailiers, Moueffek à côté de Camara au milieu, un bloc stéphanois très haut, n'hésitant pas à presser leurs adversaires dans les derniers 30 mètres. Mais sans réussir à se procurer de très grosses occasions...


Conclusions


La défaite était attendue et elle est complètement logique, la différence de niveau entre les deux équipes étant trop importante. Néanmoins, les Verts ont bien tenu contre des adversaires nettement supérieurs individuellement, en étant bien en place - ils n'ont pas concédé tant d'occasions que ça avant que le match soit plié et ils se sont même procurés plusieurs, franches. Il n'y a pas vraiment de renseignement à tirer de ce type d'opposition, mais on peut quand-même souligner qu'il y a de la qualité dans cette équipe stéphanoise, à la fois individuelle (technique), mais aussi collective (tactique). Et c'est plutôt rassurant dans la course au maintien...

dimanche 20 février 2022

ASSE - Strasbourg, 2-2 (Boudebouz, Khazri)

On avait trouvé la solution


Même si un nul contre le quatrième du championnat n'est pas un mauvais résultat, les Verts aurait pu obtenir mieux lors de la réception de Strasbourg

On ne change pas une équipe qui gagne... ou au moins, on ne change pas le système et la défense - le staff stéphanois a reconduit une équipe très similaire à celle qui s'est imposé lors des deux derniers matchs :


La même défense à 5 avec Thioub et Kolo en pistons, une paire de milieux défensifs (Camara - Zaydou) et  deux attaquants Bouanga - Khazri soutenus par Boudebouz.

Contre un adversaire qui évolue aussi avec une défense à 3/5, la clé du match vient souvent des duels dans les couloirs. Et les Verts avaient trouvé le moyen de prendre l'ascendant, mais ils ont souvent fait les mauvais choix en 1MT, comme par exemple à la 13e minute :


Bernardoni lance Kolo à gauche, qui combine avec Boudebouz. Les Stéphanois montent plus haut sur le terrain, le bloc adverse recule, le meneur de jeu des Verts temporise et joue ensuite avec Camara...


... qui joue avec ses défenseur, le ballon circulant donc de gauche à droite. Une construction tout à fait normale, jusqu'au moment au Sacko joue vers l'avant avec un de ses milieux, Zaydou :


Thioub est complètement libre à droite, mais le milieu stéphanois choisit de remettre en arrière (de la ligne médiane) à Bernardoni. Qui dégage du pied directement sur un adversaire et la possession est perdue.

Les exemple de ce genre ont été très nombreux en 1MT - une difficulté de jouer vers l'avant (ou au moins en latéral) et des ballons balancés vers Bernardoni, qui a eu un jeu au pied terrible. Pourtant, la solution, on l'avait, la preuve en quelques exemples :


Après 33 minutes de jeu, Sacko échange le ballon avec Thioub à droite. Le bloc adverse est en place, même si le piston de ce côté est un peu sorti pour bloquer son adversaire direct. On remarque ainsi le positionnement de Bouanga, en ailier droit, dans le dos de ce piston, ce qui a son importance pour la suite de l'action.


Suite qui n'aurait pas existé si Camara avait fait le même choix que Zaydou quand Sacko lui a donné le ballon. Au lieu de balancer vers Bernardoni, il a décalé Thioub, encore une fois libre dans sa zone. Boudebouz fait un appel, ce qui attire un défenseur...


... et offre beaucoup d'espace à Bouanga dans le dos de la défense. Où il est trouvé par la passe lobée de Thioub, qu'il contrôle de la tête avant de centrer pour Khazri au deuxième poteau, 2-2.

Et pour mieux comprendre que ce jeu n'était pas le fruit du hasard, deux minutes plus tard, une autre action commence en décalant le même Thioub à droite :


Cette fois-ci, c'est Khazri qui fait un appel dans le dos du piston sorti sur Thioub. Il est donc trouvé plus haut dans le couloir...


... et la volonté des Verts de dézonner et créer des espaces devient évidente quand on observe le déplacement de Bouanga. Qui fait un appel dans le même couloir...


... et le ballon circule bien, Thioub le retrouvant à nouveau dans la surface adverse. Malheureusement, il ne parvient pas à bien finir l'action après avoir crocheté un dernier défenseur.


Deux changements importants sont intervenus dans l'animation offensive stéphanoise au retour des vestiaires. Les Verts ont moins donné le ballon à Bernardoni (voire plus bas) et Boudebouz a reculé d'un cran, participant beaucoup plus à la construction du jeu, souvent très excentré. Comme on peut le voir dans cet exemple à la 65e minute :


Après avoir conservé le ballon à gauche, les Stéphanois jouent à droite, le ballon circulant de Mangala à Thioub, via Sacko, et retour. Pendant ce temps, Boudebouz se trouve à la même hauteur que Zaydou et Camara, bien excentré à gauche, plus bas que le piston, Kolo. 


Ce dernier se place même plus haut, à côté de Khazri et Hamouma - entré à la place de Bouanga - c'est Boudebouz le joueur de couloir gauche. Mangala joue avec Camara, qui lui redonne le ballon, qui est ensuite écarté jusqu'à Nadé...


... pour finir ensuite, logiquement, dans les pieds de Boudebouz. Le bloc adverse, en 5-3-2, coulisse comme il faut, sauf que le piston droit à du mal à se situer. Son adversaire direct est Kolo, mais c'est Boudebouz qui est placé en tant que latéral gauche. Pire, Hamouma fait un appel dans ce couloir aussi :


Il est trouvé par Boudebouz et sa talonade lance parfaitement Kolo dans l'espace libéré par ce mouvement. Ce dernier redonne à Hamouma, qui est fauché à l'entrée de la surface...


Conclusions


Les Verts avaient trouvé la solution tactique pour déséquilibrer le bloc strasbourgeois : placer un des offensifs (même plusieurs) dans les couloirs, en plus du piston, un joueur qui fera des appels dans le dos du piston adverse. Le déséquilibre allait donc être trouvé par ce jeu dans le dos du latéral strasbourgeois, comme Kolo a délicatement essayé de le faire comprendre à Nadé à la 50e minute, quand ce dernier a fait un autre choix. Et c'était bien vu, les actions stéphanoises les plus dangereuses ont été construites de cette manière. D'ailleurs, même le premier but part d'une situation identique, sauf que le ballon en profondeur dans le couloir est intercepté par un défenseur, qui joue avec son gardien. 

Un plan tactique bien pensé, gâché en 1MT par certains choix de passe, notamment les ballons en arrière à destination de Bernardoni. La différence de stats entre les deux mi-temps pour ce dernier est parlante : 18 longs dégagements effectués en 1e période, contre seulement 5 en 2e. Les protégés de Pascal Dupraz avaient compris le message à la pause : décaler le jeu vers les côtés, pas vers leur gardien. Malheureusement, ils n'ont pas réussi à marquer un 3e but, synonyme de victoire...

dimanche 13 février 2022

Clermont - ASSE, 1-2 (Camara, Kolo)

Renversants !


Pour la deuxième fois d'affilée, les Verts s'imposent après avoir concédé l'ouverture du score en première période

Comme lors des précédents matchs, le staff stéphanois a fait le choix d'une défense à trois, la même que contre Montpellier, Sacko - Mangala - Nadé, avec Thioub et Kolo en pistons :


Un 3-5-2 avec Nordin et Khazri devant et un trio au milieu formé de Camara et Gourna et Boudebouz devant eux... sur papier, mais pas exactement pareil sur le terrain. En réalité, ce dernier a été positionné à côté de Gourna, pendant que Camara était bien plus haut sur le terrain - sur la capture précédente même plus haut que les deux attaquants. La raison ? Un marquage individuel sur la rampe de lancement adverse, le fils de. Marquage évident sur la suite de cette action :



Sans pouvoir compter sur l'organisateur de leur jeu, les Clermontois ont eu du mal à construire et se sont contentés des longs ballons, comme dans cette exemple à la 24e minute :


Un coup franc joué par le milieu adverse, Camara sort et le cherche immédiatement. Le ballon est donné à un défenseur, qui n'a pas de solutions de jeu vers l'avant :


En plus du marquage de Camara, le deux lignes de deux dans le bloc stéphanois empêchent le jeu vers les autres milieux. C'est donc un jeu long qui est utilisé et le ballon est capté sans problèmes par Bernardoni.


C'est sur ces longs ballons, pas évidents à lire avec le fort vent, que les Verts ont concédé la plupart des occasions en 1MT. Et même si leur gardien les a maintenu dans le match, ils ont fini par encaisser un but, sur corner. Menés au score, le plan de jeu a du être changé à la pause :


Gourna est sorti, Camara a reculé à hauteur de Boudebouz, abandonnant le marquage individuel., et Hamouma est entré en attaque, pour un 3-4-3. La présence d'un offensif de plus n'a pas changé grande chose dans l'animation offensive stéphanoise, quasiment stérile, les Verts n'effectuant aucun tir lors des 25 premières minutes de la 2MT. Jusqu'à une action construite un peu n'importe comment, mais très bien conclue :


Le ballon est joué en retrait, pour Bernardoni, qui reçoit une indication claire vers où jouer : Boudebouz, Sacko et Mangala lui font tous signe de jouer à droite, avec Thioub. Le gardien stéphanois choisit de jouer long sur Kolo...


... qui gagne le duel aérien, mais le ballon dévié n'arrive pas à Bouanga - entré à la place de Nordin : un défenseur dégage, Boudebouz dégage de la cuisse, un autre défenseur dégage. Le ballon est enfin posé à terre...


... mais la sortie de balle clermontoise est arrêtée par Kolo, qui surgit de derrière un adversaire pour intercepter la passe et donner le ballon à Hamouma. Cette perte de balle est fatale pour Clermont, car non seulement les Verts récupèrent le ballon haut, mais un plus le défenseur sorti avec le ballon laisse un trou dans sa ligne, qui ne sera jamais comblé :


Hamouma joue avec Boudebouz, Thioub fait un appel dans son couloir droit et Camara se projette aussi dans l'axe. Ironiquement, il est marqué par son adversaire direct de la première mi-temps :


Le ballon arrive à Thioub et Khazri s'excentre aussi, attirant son défenseur et élargissant encore plus ce trou dans la ligne défensive. Qui n'est pas comblé par le milieu clermontois, qui ne suit pas Camara, qui lui avait bien vu l'espace :


Il y est trouvé par la passe de Thioub et marque au premier poteau. Les Verts égalisent et prennent même leur revanche sur corner, une dizaine de minutes plus tard, pour s'imposer.



Conclusions


Grâce à leur trois victoires consécutives en championnat, les protégés de Pascal Dupraz ne sont plus derniers au classement. La confiance commence donc à revenir peu à peu, surtout que le scénario des deux derniers matchs est quasi-identique : entrés aux vestiaires menés 1-0, ils arrivent à égaliser, puis s'imposer, dans les 20 dernières minutes. Les Verts proposent un plan de jeu assez minimaliste - bien embêter l'animation adverse, mais ne quasiment rien proposer offensivement - et pour l'instant ça marche. Mais il faudra essayer de marquer en premier, car ces renversements en fin de match ne pourront pas se répéter lors de chaque rencontre...