mardi 29 janvier 2019

RCT - Stade Français, 33-30 (Ikpefan, Nakosi x2, Carbonel)

L'avant-match


Pour le dernier match avant trois semaines de pause, le RCT n'a pas le choix, il doit absolument s'imposer à Mayol contre le Stade Français. Une autre défaite à domicile serait très difficile à encaisser, mais ça ne sera pas du tout facile pour des Toulonnais privés de 8 titulaires majeurs : Guirado, Belleau, Bastareaud - internationaux et Fresia, R. Taofifénua, Webb, Fekitoa, Bonneval (ou Pietersen) - blessés. Par contre, une victoire creuserait un bel écart avec Agen, le premier relégable...

Le match...


... commence pas très bien pour le RCT, avec un turnover concédé dans leurs 22m, heureusement la pénalité qui en a suivi a été ratée. Les Toulonnais ont ensuite mis la main sur le ballon et ont proposé des longues attaques, mais sans réellement franchir, donc sans marquer d'essais. Les Parisiens étaient beaucoup plus tranchants, ils franchissaient sans problème, pour marquer un premier essai après un quart d'heure de jeu et jouer généralement dans les 22m toulonnais. Heureusement une interception d'Ikpefan (et un essai de 100m) à la 20e, une pénalité grattée au sol à la 25e ont permis au RCT de résister jusqu'à la pause.

Après une première période finie à égalité, 10-10, la deuxième commence très fort. Un franchissement toulonnais après une touche donne une pénalité et 3 points, un autre parisien après un maul donne un 2e essai pour le Stade. Et le RCT revient dans la partie avec un essai marqué suite à des courses et percussions de frères Tuisova et Nakosi. Les deux équipes sont à égalité à l'heure de jeu, l'arbitre fait son show en mettant un jaune à Gorgodze et Paris en profite pour marquer un 3e essai après un enchaînement des mauvais choix et passes toulonnais dans leurs propres 22m... Avec 5 minutes à jouer, le RCT se trouve mené de 7 points, une nouvelle défaite à domicile se prépare... mais deux essais coup sur coup viennent renverser le score ! Une victoire, acquise dans la douleur, signe d'un mental retrouvé pour les Toulonnais.

La action


On joue la 77e, le RCT vient d'encaisser un drop qui le sort du bonus défensif et le met à 7 points derrière le Stade Français. Sur le coup d'envoi...


... un Parisien se rate et laisse tomber le ballon vers l'avant. Messam (6) avait bien suivi et le récupère : il perd le contrôle à son tour, mais le ballon va en arrière, où il est ramassé par Soury (2), qui est finalement plaqué sur la ligne des 22m. Si on regarde le positionnement de certains Toulonnais sur le coup d'envoi, on voit que certains ont bien suivi l'action...


... surtout Carbonel (10) et Tuisova (13), qui arrivent lancés. Meric (9) sort pour Krüger (5) qui remet à l'intérieur pile dans la course de son demi d'ouverture, qui passe par une petite porte et ne peut plus être attrapé.

Essai marqué, mais pas transformé, le RCT se trouve toujours à 2 points derrière le Stade Français. Alainu'uese (5) capte le coup d'envoi...


... et sort le ballon pour Smaili (15), qui écarte avec Messam (7) :


Il y a plusieurs trois-quarts dans ce coin du terrain, alors le 3e ligne décide d'y rester, allant dans le fermé :


Cette course en travers mis surprend 9 Parisiens, dépassés. Messam (7) fixe le dernier défenseur et sert Nakosi (14) à côté de la ligne de touche. Et la suite est un exploit personnel du Fidjien...


... qui tape à suivre pour lui même pour se débarrasser de l'arrière adverse et marquer l'essai de la délivrance, d'une victoire inespérée 3 minutes plus tôt.

La suite


Cette victoire acquise dans les dernières minutes est la meilleure chose qui pouvait arriver au RCT avant une trêve de 3 semaines, dont la moitié en vacances. Certes, la manière n'y était pas, il y avait un monde d'écart entre les attaques construites par les Parisiens, basées sur des franchissements et passes après contacts et les toulonnaises, pas trop inspirées. Mais le mental y était, les joueurs y ont cru, et à la fin ils ont été récompensés. De bon augure, vu que les matchs suivants sont contre des concurrents directs dans la lutte pour éviter la relégation.

vendredi 25 janvier 2019

ASSE - Dijon, 3-6 (Diony, Beric, KMP)

Irréel et honteux


C'est avec ces mots que Jean-Louis Gasset a décrit le match produit par l'ASSE en Coupe de France contre Dijon, soldé par une large défaite à domicile.

Et certains de ses joueurs l'ont rejoint dans cette analyse, en plus de "honteux", M'Vila utilisant aussi l'adjectif "scandaleux", pendant que Diony parle de "catastrophique et humiliant". Mais comment nous sommes arrivés là, pour caractériser la prestation des Verts telle quelle ? Selon l'entraîneur stéphanois, le problème vient de la rotation mise en place, il estime que les titulaires habituels sont "indispensables pour faire un match de football. Dès que je les mets au repos, l’ASSE n’a plus le même visage et est même catastrophique par moment". Et si on croit KMP, ce n'est pas une question de niveau, mais de mental : "On n’a pas affiché le mental et les exigences que nécessite la Coupe de France (...) c’est une question d’état d’esprit (...) Les joueurs n’étaient pas tous au même niveau mental pour aborder ce type de match".

Bref, un non-match de la part des joueurs qui étaient présents, surtout dans l'état d'esprit. Une analyse tactique d'un tel match a donc moins d'intérêt, elle n'étant pas relevante pour le reste de la saison. Pourtant, quelques choix tactiques mis en place pour ce match méritent le détour. Et même si c'est toujours difficile de capturer le manque d'implication de certains joueurs avec des captures d'écran, certains des exemples ci-dessous peuvent être représentatifs.

En première période


Après plusieurs matchs joués en 3-4-1-2, l'ASSE revient à son système traditionnel en 4-2-3-1, malgré les absences de Debuchy, Silva et Perrin :


C'est le jeune William Saliba qui joue défenseur droit, pendant que Polomat joue à gauche. Assane Diousse remplace Selnaes dans le triangle habituel au milieu avec M'Vila et Cabella, pendant que Beric remplace Khazri à la pointe de l'attaque et Loïs Diony se trouve ailier gauche.

Du classique donc, mais pas complètement, l'animation offensive étant très déséquilibrée : si Diony a été très axial, laissant Polomat seul dans le couloir gauche, Yannis Salibur est resté très excentré dans son couloir droit. Comme dans cet exemple qui commence à la 9e minute, avec le ballon qui circule de Polomat à gauche...


... via M'Vila et Subotic jusqu'au couloir droit, où Saliba combine avec Salibur. Le ballon change ensuite de côté à travers la défense, pendant que le (5)-3-2 de Dijon reste en place :


Au centre du terrain, Cabella et M'Vila combinent pour éliminer un milieu axial adverse, mais sans pourtant créer du décalage :


Le 5-3-2 adverse est encore plus visible, les deux latéraux surveillant Polomat et Salibur, pendant que Beric et Diony se trouvent dans la défense centrale à 3 et Diousse entre les lignes. Cabella joue donc en arrière...


... et via M'Vila, Diousse et Subotic le ballon arrive de nouveau au latéral droit, Saliba. Qui... change encore une fois de côté en passant par la défense :


Il n'y a aucun décalage, les passes sont lentes et le bloc adverse a tout le temps pour coulisser d'un côté à l'autre. Avec le ballon et sans solution, Cabella joue avec les défenseurs...


... et le ballon arrive de nouveau à Saliba, à droite. Savez-vous ce qui se passera ensuite ?


En effet, via M'Vila, Diousse et les défenseurs, le jeu est doucement envoyé vers le côté opposé !


Et quand Cabella reçoit de nouveau le ballon, il décide enfin de tenter une passe qui casse les lignes. Manque de bol, elle est interceptée, la ligne de 3 milieux dijonnais ayant bien fermé les angles de passe.

Bonne nouvelle, l'ASSE a retrouvé son système tactique habituel et son style de jeu basé sur une large possession. Mauvaise nouvelle, les Verts semblent avoir oublié que le but de la possession n'est pas juste de garder le ballon sur la ligne médiane, mais de préparer des attaques. Avec des transmissions rapides et des mouvements sans ballon pour créer des décalages, pour transformer la possession dans une occasion. Si lors de la première partie de saison les défenseurs adverses rémarquaient les mouvements incessants des attaquants stéphanois, ça n'a pas du être le cas de ceux de Dijon. Pour le plaisir (sic!), regardez de nouveau les 8 images ci-dessus, depuis le début de l'action (1 minute pile), avec un focus sur le positionnement des 3 joueurs offensifs (Salibur, Beric, Diony)...

C'était le début du match, la fatigue n'entrait pas en jeu - tout simplement, les Stéphanois ont construit des attaques à 7, sans aucun apport des offensifs, contre un bloc équipe bas et compact. Aucune chance d'y arriver dans ces conditions. Et quand le ballon est perdu, c'est pire, voici la suite de l'action :


Le positionnement des 10 joueurs de champ de l'ASSE est bien visible et 5 Dijonnais sont mis en évidence aussi, dont 3 à vocation défensive dans leur propre moitié. Quinze secondes plus tard, le ballon est dans la surface stéphanoise :


Seulement Polomat a fait l'effort de revenir, pourtant il était le deuxième Vert plus haut sur le terrain sur l'image précédente. Aucun autre Stéphanois n'a essayé de suivre les adversaires (Diousse étant même en train de marcher). Quant aux Dijonnais, ils ont joué l'action à fond et ont ainsi ouvert le score...

En deuxième période


Être mené d'un but à la pause n'est pas catastrophique. C'était déjà le cas une semaine plus tôt contre Marseille et les Verts avaient insisté pour finalement gagné le match. Ce qui a plutôt inquiété le staff stéphanois aux vestiaires était cette impossibilité de construire des vraies attaques, de se montrer dangereux. Et donc il a procédé à un double changement, qui a tout bouleversé. Cabella est passé milieu récupérateur, à côté de M'Vila - pourquoi pas, après tout, ce n'était pas la première fois, surtout quand on s'attend à une très grosse domination et possession. Et le système a été changé dans le 3-4-1-2 des derniers matchs... mais avec Yannis Salibur en piston gauche, comme le changement effectué contre Marseille à la 75e. Un chois donc très offensif de la part de Jean-Louis Gasset, avec 6 offensifs (Salibur, Cabella, KMP, Diony, Beric, Khazri) sur le terrain, dès la 46e minute.

Et si parfois la chance sourit aux audacieux, parfois ça donne 6 minutes irréelles. Deux minutes après la reprise, Subotic cherche avec un long ballon KMP sur son aile droite :


On voit bien la défense à 3, le duo M'Vila-Cabella au milieu, Khazri dans son rôle de "10" et Salibur sur le côté gauche. Le long ballon de Subotic est dégagé de la tête par un défenseur et ça devient de suite dangereux pour les Verts :


Les Dijonnais se trouvent facilement et en deux passes le ballon arrive entre la ligne des défenseurs et celle des milieux. Kolo et Subotic serrent sur cet attaquant axial, laissant libre un autre à gauche. Sur la capture suivante on aperçoit (même si la qualité de l'image n'est pas terrible) comment Kolo fait un signe de bras vers son défenseur gauche :


Mais Salibur n'en est pas un, il n'a pas le réflexe de serrer dans l'axe quand la situation le demande et l'attaquant dijonnais est lancé pour marquer le 3e but de son équipe.

Deux minutes plus tard, Cabella perd un ballon dans sa surface et Ruffier concède un penalty. Et à peine le jeu repris, les Verts se trouvent de nouveau dans leur moitié :


Salibur joue une touche à gauche avec Kolo, qui combine avec Saliba dans la surface, qui sort le ballon pour Cabella. Le 3-4-3 de l'ASSE est bien visible sur cette image, tout comme le fait que les ballons perdus précédemment n'ont pas servi de leçon. Les Stéphanois continuent à combiner dans leurs 20m...


... Cabella remet pour Saliba, qui lance KMP dans le couloir droit. L'audace et la maîtrise ont parlé, les Verts sont sortis proprement du pressing adverse. Mais pas pour longtemps, KMP a un peu de mal à contrôler le ballon et se fait de suite entouré par les adversaires :


Un lui coupe la possibilité de passe vers Saliba, un autre vers Cabella et un 3e vers Beric. De plus, les deux milieux axiaux censés sortir le ballon sont surveillés de près. KMP finit par perdre le ballon et l'ASSE concède un 5e but, le 3e dans les 7 premières minutes de la 2MT.

Le reste du match est presque anecdotique, les Verts ont tout essayé pour revenir au score, marquant deux fois et ratant d'autres occasions lors d'un temps fort prolongé. Mais le mal était déjà fait...


Conclusions


KMP, Perrin, Silva, Selnaes et Khazri - des titulaires habituels remplacés au coup d'envoi de ce match par Salibur, Saliba, Polomat, Diousse et Beric. Une rotation, certes, mais pas excessive. Et si on peut comprendre pourquoi elle a été mise en place (réception de l'équipe B du 18e de L1, 4e match en deux semaines, après deux confrontations très intenses), ce n'est pas la seule explication pour la piètre performance des Verts. La tactique mise en place en 1MT n'était probablement pas très adaptée aux joueurs présents (moins de qualité technique) et surtout à leur implication (moins de mouvements). Et si le staff stéphanois a essayé de changer des choses à la pause, avant que ça ne soit trop tard, ça a complètement raté. Surprenant, connaissant la capacité de Jean-Louis Gasset à s'adapter et prédire comment le match se déroulera par la suite (Perrin avant le Derby). Mais on doute qu'il avait prévu aux vestiaires le visage de son équipe lors des 7 premières minutes de la 2MT... Bref, après le petit KO dans les dernières secondes du Derby, la grosse claque lors de ce match de Coupe fait encore plus mal à la tête. Les matchs qui suivent seront ainsi déterminants pour des Stéphanois en crise de confiance, des vrais tournants pour la suite de cette saison, qui soit les enfonceront plus, soit leur permettront des remettre les pendules à l'heure. 

lundi 21 janvier 2019

ASSE - Lyon, 1-2 (Hamouma)

On leur a laissé le pistolet


C'est un Derby que les Verts auraient pu gagner, mais qu'ils ont finalement perdu au bout du temps additionnel, laissant ainsi leurs vilains adversaires leur passer devant au classement.

Il y a 11 mois, l'ASSE arrachait un match nul lors du Derby avec un but de Debuchy en tout fin de match. Et si c'est beau quand on marque un but à la 90e, c'est tellement cruel d'en encaisser au bout du temps additionnel. Ça fait mal à la tête, et comme le dit Gasset, c'est "un petit KO". Ce sentiment est en plus accentué par les occasions que les Stéphanois n'ont pas su concrétiser. Et c'est toujours leur coach qui le décrit le mieux (relayé par M'Vila) : "quand on a le pistolet, il faut tuer. On n’a pas su le faire. On leur a laissé le pistolet et ils nous ont tués".

Si on laisse de côté le scénario très cruel et les actions litigieuses (comme souvent contre ce club), si on s'intéresse seulement à l'opposition tactique, le plan de jeu stéphanois a été celui d'une petite équipe, qui se considère inférieure à son adversaire du jour, même si elle évolue à domicile, dans un stade à guichets fermés. Jamais deux sans trois, la meilleure analyse appartient à l'entraîneur de l'ASSE : "On a fait le match que l’on voulait faire (...) Face à une équipe qui joue comme ça avec quatre attaquants, il faut savoir subir et contrer. On l’a fait très bien". Voici donc plusieurs exemples de ce que les Verts ont subi lors des offensives adverses et quelques-uns de leurs contres.

Subir et contrer


A la 10e minute, les Vilains attaquent côté droit :


Les Verts alignent une défense à 5, même si Gabriel Silva se trouve plus haut. Il y a une forte densité de joueurs sur ce côté, Hamouma et Cabella étant venus aider. Il faut noter le positionnement de l'avant-centre adverse, entre Perrin et KMP, loin de l'action. Le ballon est écarté avec un milieu axial et un surnombre est créé :


Selnaes coulisse pour attaquer le milieu qui a le ballon. L'avant-centre décroche, Perrin doit le suivre. KMP a l'ailier à surveiller... et le défenseur gauche adverse, qui monte, sans être suivi par Khazri. Fort heureusement, KMP intercepte la passe et joue avec son avant-centre...


... qui remet en arrière pour Selnaes, qui lance en profondeur KMP, qui s'était projeté de suite, dès qu'il avait fait la passe. Au duel avec un défenseur central sur ce contre, le piston droit stéphanois obtient seulement une touche.

Tout au long du match, la zone de KMP a été la cible principale des attaques adverses. Sans milieu excentré pour l'aider, il s'est souvent retrouvé seul contre un ailier très excentré et un latéral offensif. Le positionnement de l'avant-centre et des milieux adverses venait rajouter du surnombre et empêcher Perrin ou Selnaes de compenser. Comme par exemple à la 14e :


La défense à 5 des Verts est bien visible, tout comme son trop grand surnombre, ils n'ont que 3 attaquants à surveiller, le milieu offensif ayant décroché. S'il y a trop de défenseurs, ça veut dire qu'il y a une infériorité numérique ailleurs : dans ce cas, au milieu, où M'Vila est au marquage d'un adversaire et Selnaes monte sur le milieu offensif, laissant le 3e milieu complètement libre. C'est bien lui qui reçoit la balle...


... et le jeu se déplace vers le côté opposé à celui où les Stéphanois ont été attirés. Aucun des trois offensifs de l'ASSE (Hamouma - Cabella - Khazri) n'avait fait l'effort de venir aider, c'est à M'Vila de courir compenser ce déséquilibre :


Et il y avait vraiment besoin, parce que le défenseur latéral était monté (sans être suivi par Khazri, qui était pourtant à côté dans la première image de cette action). Pour ne pas laisser KMP seul contre deux, Perrin coulisse vers ce côté et le milieu axial se projette dans l'espace libéré, heureusement suivi par M'Vila. Si on compte les joueurs présents sur cette image, l'ASSE défend à 7-contre-7, ce qui n'est pas l'idéal quand en face il y a plusieurs joueurs capables d'éliminer un adversaire par un dribble.


Un autre exemple commence à la 26e, avec une parfaite image des deux dispositifs tactiques :


5-2-3 pour l'ASSE, contre un 4-3-3 pour les Vilains, ce qui signifie qu'il y a de nouveau trop de défenseurs.


Un milieu se projette, suivi par Selnaes, un autre décroche, suivi par M'Vila, et le 3e devient libre, Cabella préférant indiquer du bras qu'il faut suivre les adversaires dans leurs courses. La contribution défensive de Khazri est inexistante aussi et le latéral gauche est de nouveau trouvé, KMP se retrouve de nouveau seul contre 2 :


C'est donc à Selnaes de courir pour aider le côté droit de la défense, toujours en difficulté. Il aurait pu prendre le milieu axial et laisser Perrin monter sur le latéral, ça aurait été la même chose, les Verts défendent toujours à 7 contre 7, sans aucune marge.

Ce genre de situation a été très fréquent en 1MT. Les Stéphanois ont ouvert le score après un ballon récupéré dans leur moitié et une projection rapide vers l'avant - comme prévu, mais ils ont subi les offensives adverses - comme prévu aussi, surtout sur le côté droit. Les milieux ont dépensé beaucoup d'énergie pour compenser, tout le bloc défensif a souffert, étant parfois à la limite de la rupture. L'approche défensive a été donc légèrement ajustée à la pause et en 2MT Hamouma (à droite) et Khazri (à gauche) ont commencé à défendre dans les couloirs. Par exemple, à la 61e :


Si on ne regarde pas attentivement, on dirait un bloc bas en 5-2-3 pour les Verts, mais en réalité Selnaes se trouve plus haut (il suit un milieu axial) et Hamouma plus bas (il suit le latéral gauche). Le milieu offensif est placé comme le 4e attaquant, dans la défense (ce qui justifie les 5 derrière), il est trouvé, mais vite dépossédé par Kolo et Gabriel Silva :


Le ballon arrive à M'Vila, qui ne peut pas sortir proprement et la possession est perdue de nouveau. Après une combinaison sur ce côté, le jeu est envoyé à l'opposé :


Défense à 5 toujours en place, au marquage des 4 attaquants, mais aussi 5 autres Verts au milieu. L'ailier gauche est recherché, mais KMP dégage de la tête - malheureusement, les Vilains récupèrent le ballon :


Après une combinaison sur le côté droit, il n'y aucun déséquilibre dans le bloc stéphanois. Hamouma défend sur l'ailier et KMP sur le latéral, Selnaes peut monter sur le milieu axial, tout en laissant Perrin en couverture. Le capitaine intercepte la passe, ce qui donne le signal pour un contre :


Les trois offensifs de l'ASSE se projettent vite vers l'avant, même s'ils partaient de très bas. Perrin monte un peu avec le ballon, le donne à Selnaes, qui le porte aussi un peu...


... avant de le donner à Cabella, qui attend un peu avant de servir Khazri en profondeur. Ce contre en 3-contre-3 est un peu gâché par l'attaquant stéphanois, qui tergiverse et s'enferme dans un coin du terrain, mais qui fini par dribbler son adversaire :


Il combine ensuite avec Cabella en pleine surface et tire deux fois au but, à chaque fois repoussé par le gardien adverse et Hamouma commet une faute en essayant de frapper à son tour. Défense solidaire, contre rapide : les problèmes de la première période ont été gommés, tout en gardant les points forts. Malheureusement, deux minutes plus tard, l'arbitre reproche à Perrin de ne pas être un manchot et les Vilains égalisent.

Pour la suite du match, les Stéphanois ont de plus en plus de mal physiquement, ils continuent de souffrir lors des offensives adverses (13 tirs subis dans la demi-heure après le penalty), les remplaçants (poste pour poste) n'arrivent pas à changer la donne. Mais le mental et la volonté de faire un bon résultat sont là, comme dans cet exemple à la 88e :


Sur l'action précédente, la défense stéphanoise avait eu chaud : Perrin et Diousse étaient dans les 30m adverses, perte de balle, contre rapide, tir de l'attaquant dans un angle fermé, capté par Ruffier. Qui relance vite et pas trop loin, avec Cabella, excentré à droite. Malgré une forte concentration d'adversaires dans cette zone, les Verts combinent sereinement et le jeu à 3 avec Perrin et KMP lance Cabella dans le couloir. Il monte balle au pied...


... et c'est tellement rapide, que même si ce n'est pas un contre, le bloc adverse n'est pas en place. Khazri et Diony écartent la défense avec leurs appels, le premier reçoit le ballon à droite. En duel avec un défenseur, il garde la balle et arrive aux abord de la surface...


... avant de centrer fort pour Diony. Tirs de Cabella et Diony, repoussés par le gardien et un défenseur respectivement, et les Verts ratent l'occasion de repasser devant suite à ce presque-contre. Quelques minutes plus tard, une autre relance osée ne passe pas et ils sont crucifiés à la fin du temps additionnel. Parfois, ça ne tient pas à grande chose...

Conclusions


Cette analyse ne contient pas d'exemple d'attaque placée, construite patiemment et tout en maîtrise par les Stéphanois. Parce qu'il n'y a pas trop eu, le plan de jeu était différent, la possession était adverse (65% !) et le très grand nombre d'erreurs individuelles n'a pas aidé non plus. Ainsi, les Verts ont fini le match avec un pourcentage de passe réussies de seulement 67%, loin en-dessous de leur moyenne habituelle (80%). Bref, l'ASSE n'a pas développé et imposé son jeu, n'a pas montré son visage tactique habituel. Le plan a été de montrer le visage "de petite équipe", qui s'intéresse plutôt à comment moins subir qu'à faire souffrir son adversaire. Ce qui reste surprenant pour un match à domicile...

Malgré tout, ça a failli marcher, malheureusement ça n'a pas été le cas. Ça arrive, et même si c'était un match important, un derby entre la 3e et la 4e place, il reste encore plein de journées de championnat et beaucoup de points à prendre. Dans le sport, c'est impossible de ne jamais être KO, le plus important est de vite se relever ensuite. Et c'est maintenant qu'on pourra vérifier la force mentale de ce groupe, qui a la chance de pouvoir enchaîner très vite, avec une autre compétition.

dimanche 20 janvier 2019

Newcastle - RCT, 24-27 (Ikpefan, Nakosi, Soury)

L'avant-match


Pour le dernier match de poule de la Coupe d'Europe, sans aucun enjeu pour les deux équipe, à moins de le voir comme une finale pour éviter la dernière place, le staff toulonnais a décidé de bien faire tourner. Deux très jeunes piliers sur la feuille de match, des nombreux cadres blessés, au repos ou sur le banc, c'est clair qu'il ne fallait pas s'attendre à grande chose de ce déplacement.

Le match...


... commence avec des Toulonnais qui montrent clairement leurs intentions (pénalité à 40m jouée en touche), mais aussi leurs limites (touche volée, essai encaissé suite à un franchissement facile au centre du terrain 2 minutes plus tard). Mais ils montrent de suite qu'ils n'ont pas fait le voyage pour rien, marquant un essai sur turnover aussi. Comme lors des précédents matchs, le RCT est acculé dans sa propre moitié, mais le jeu au pied de Cottin et Carbonel est plutôt réussi et à chaque fois l'équipe arrive à se dégager. Et un 2e essai, de Nakosi après un beau franchissement de Carbonel à la demi-heure de jeu, suivi d'un 3e, trois minutes plus tard, de Smaili, montrent toute la détermination des Toulonnais. Malheureusement l'essai du jeune arrière est annulé à la vidéo et le score à la pause reste est de 10-17.

La 2MT voit le RCT beaucoup plus entreprenant, qui propose du jeu, mais des très nombreuses imprécisions (en avants 42e, 44e, 55e, des touches pas trouvées - 56e - ou directes - 60e, des passes en touche - 63e) gâchent toutes les attaques. L'occupation reste largement anglaise et à la 70e le 2e essai de Newcastle après du pilonnage sur la ligne amène le score à 17-20. Quelques minutes plus tard, les Toulonnais sont toujours devant au score de trois points - voire plus pas - et une belle défense dans les derniers instants leur permet de décrocher leur première victoire à l'extérieur.

L'action


Il reste 9 minutes à jouer et le RCT, qui vient d'encaisser un essai, doit tenir son petit avantage de 3 points pour enfin s'imposer à l'extérieur. Le remise en jeu est courte...


... mais facilement récupérée par les Anglais. Rien de spécial jusqu'à là, surtout que leur demi de mêlée prend son temps pour ajuster son coup de pied :


Mais il n'y a personne au premier rideau ! Saivea (12) et Smaili (15) sont à l'extérieur, Nakosi (11) collé à la ligne de touche, Bastareaud (13) très avancé et Tuisova (14) et Belleau (10) très reculés. Bref, l'adversaire n'a aucun problème à récupéré le ballon aérien...


... et avancer sur 10 mètres ! La sortie est rapide, vers l'extérieur, 9 - 10 - 12. La défense toulonnaise coulisse bien...


... mais c'est seulement pour faire semblant. Le centre anglais passe à côté de Messam (8), qui ne fait aucun geste pour essayer de l'arrêter. Krüger (5) est trop loin, sa tentative de cuillère désespérée ne marche pas, et la ligne est franchie. Le 12 sert son demi de mêlée pour éviter Belleau (10), dernier défenseur, et Newcastle marque un 3e essai, seulement 30 secondes après la remise en jeu après le précédent.

Avec deux essais encaissés coup sur coup, les Toulonnais sont passés derrière au score. La remise en jeu est de nouveau courte...


... mais cette fois-ci, le ballon est récupéré par le jeune pilier Loudet. Qui en plus avance une quinzaine de mètres avant d'être mis au sol ! Le ballon sort vite dans le fermé...


... où Bastareaud (13) ne combine pas avec Nakosi (11) ou Tuisova (14), mais entre dans les 22 adverses. Webb (9) sort pour Belleau (10) :


Les avants se tiennent prêts, c'est Gros (1) qui est servi. Lui aussi avance une quinzaine de mètres avant d'être mis au sol ! Ballon de nouveau sorti pour Belleau (10)...


... qui essaye d'y aller tout seul, sans réussite. Webb (9) sort de nouveau le ballon rapidement et le donne à Soury (2) :


Au large il y a Saivea (12), Krüger (4), Messam (8) et Smaili (15), mais il n'y a pas de surnombre. Peu importe, le jeune talonneur toulonnais a envie et met sur un défenseur sur ses fesses avant de filer droit jusqu'à la ligne d'essai !

S'ils ont fait preuve de beaucoup d'attentisme sur le coup d'envoi précédent, les joueurs du RCT ont montré beaucoup d'envie sur celui-ci, surtout la très jeune première ligne. Et ils sont repassés devant au score, où ils y sont restés jusqu'à la fin du match.

La suite


Premiers points, première victoire, à l'extérieur cette saison pour le RCT ! Avec un fort turnover en plus, qui l'aurait cru ? Bon, ça ne sert strictement à rien, ni dans la Coupe d'Europe, ni dans le Top 14. Mais ça donne du sourire au staff et aux joueurs, au point de penser que ça peut même être le tournant de la saison. Ce qui sera vérifiable dès la semaine prochaine, avec la réception du Stade Français, avant une longue pause à cause du Tournois. Un match à gagner absolument, pour bien préparer la suite sereinement.