mardi 22 novembre 2016

ASSE - Nice, 0-1

Quand on parle de tactique, le système de jeu utilisé vient en premier dans les discussions. Cependant, le choix d'un système est secondaire, ça represente seulement le moyen d'arriver à mettre en place une tactique et un plan de jeu, voir même un style de jeu. Deux équipes peuvent utiliser un même système 4-3-3 (ou 4-1-4-1), mais avoir en même temps des tactiques très différentes - à titre d'exemple Caen, l'ASSE et Nice lors du dernier match. Regardons en détail le 4-3-3 Niçois et la tactique Stéphanoise (et accessoirement le système) pour le contrer. 

Quand les Verts ont le ballon...


Premièrement, quand on parle d'une tactique, il faut faire la différence entre deux phases différentes : quand on a ou non le ballon. Lors du dernier match, quand les Stéphanois avaient le ballon, ils étaient positionnés dans un 3-1-4-2 (ou 3-5-2 avec un milieu en retrait, un "6"). Contre une équipe qui défend en 4-1-4-1, comme Nice, ça donne ce genre des duels :


On peut le voir tout de suite, ce n'est pas équilibré. Le fait de jouer avec deux avant-centres, sur la même ligne, occupe la défense Niçoise, mais sans créer de danger, leurs latéraux peuvent aider vu qu'on n'a pas d'ailiers. Ce sous-nombre dans la moitié adverse est compensé par un sur-nombre dans notre propre moitié, où il y a 4 joueurs pour un seul adversaire. Autrement dit, une grande liberté de se faire de passes au milieu du terrain, mais plus difficile d'arriver dans la zone de vérité. Sur la capture suivante, à la 13ème minute, on voit une construction Verte, avec un ballon baladé entre Perrin, Selnaes, Lacroix et KTC en espérant qu'un des milieux adverses sortira du bloc et libéré ainsi un angle pour une passe vers l'avant :
 

Pour être complets, c'est ce qui est arrivé, leurs deux milieux latéraux ne sont pas très disciplinés tactiquement et Selnaes arrive à trouver MBengue décalé dans son couloir. Sauf qu'il est tout de suite pris par le latéral, qui se permet de couvrir - nous avons un seul joueur de couloir, ils en ont deux. Bref, l'exemple est donné pour montrer le grand surnombre défensif qu'on avait en phase de possession de ballon, qui nous empêchait donc de créer un grand danger par des attaques placées.

... et quand ils l'ont pas


Pourquoi avoir choisi un tel système s'il ne nous laisse pas la possibilité d'attaquer ? Tous simplement parce que si Nice construit une attaque placée, leur 4-3-3 n'est pas celui habituel. Il y a une très grande mobilité des 3 milieux, mais aussi des 3 attaquants. Leurs ailiers ne sont pas des vrais joueurs de couloirs, ils décrochent énormément. Et comme contre le PSG, il vaut mieux avoir 3 défenseurs centraux, pas seulement 2 :


On défend ainsi en 5-1-3-1 contre une équipe qui attaque en 2-5-3, et ça crée un bon équilibre défensif pour les Verts. Des duels un contre un pour nos centraux, latéraux et milieux aidés par un Söderlund très discipliné tactiquement, laissant Selnaes dans le rôle de sentinelle, prêt à couvrir si besoin. A titre d'exemple, deux minutes plus tard que dans l'exemple précédent, Nice a le ballon dans notre moitié :
 

Regardez comment KTC va chercher son adversaire direct (qui n'est pas sur le côté) et où se trouve l'autre milieux excentré (pris par Lacroix). Le latéral est pris par Malcuit, Veretout fait du marquage individuel et Selnaes couvre si besoin. Après 40 secondes de possession, toujours pas de faille trouvée :
 

Les milieux excentrés Niçois sont toujours dans l'axe, avec l'avant-centre, le trio Veretout-Söderlund-Saivet bloque l'axe et les latéraux se tiennent prêt dans leur couloir. Bloc défensif fait sur mesure pour le style d'attaque adverse, qui a bien muselé leur offensives.

Plan de jeu


Galtier a donc choisit un système pour contrer parfaitement le jeu Niçois, quitte à ne pas être dangereux offensivement. Mais le système n'est qu'un moyen pour mettre en place un plan de jeu - ça veut dire que le plan était de chercher le 0-0 ou bien autre chose ? La réponse vient en regardant une action entre les deux attaques décrites ci-dessus, à la 14ème. Le gardien relance au pied avec le défenseur, pressé par Saivet. Roux, Söderlund sont présents pour gêner la défense et le milieu défensif (normal), MBengue cherche son adversaire direct très haut, Selnaes est aussi placé très haut sur le terrain :



Bref, on est placé haut pour empêcher une relance propre. Et quand le défenseur cherche à passer le premier rideau par une passe (vers le milieu latéral dans ce cas), on a plusieurs joueurs en place pour le presser, y compris Perrin et on récupère le ballon :


Un pressing haut ayant comme but de récupérer le ballon très haut et arriver comme ça dans la zone de vérité, pas avec des attaques placées. Ce plan de jeu a été confirmé par les interviews avant et après la pause de M'Bengue et Saivet, ainsi que dans les conférences de presse d'après match. Est-ce que c'était une bonne tactique de renoncer aux attaques placées et d'amener le danger par un pressing haut ? Si on regarde les nombreuses interceptions et les occasions qui en ont découlé, comme par exemple Roux à la 6ème, Veretout à la 23ème ou 51ème, on a tendance de dire que oui.

Malheureusement, on n'a pas su convertir les occasions créés. Et sur une erreur à l'heure de jeu, Nice a ouvert le score, changeant complètement la donne et leur tactique. Les Verts se sont retrouvés dans la situation de devoir faire le jeu et se jeter en attaque. Non seulement on n'était pas préparés avec un plan de jeu différent, mais on s'est surtout découvert, permettant par la suite à l'adversaire de se créer plusieurs occasions franches en contre. C'était quasiment mission impossible, Galtier le déclarant en assez clairement en conférence de presse : "Notre plan du jeu aurait pu être payant si nous avions ouvert le score. La logique est que l’équipe qui a ouvert le score a gagné."

Conclusions


Ce match des Verts sera probablement plein de renseignements pour le staff Stéphanois. On a su mettre en place une tactique qui a bien muselé une des équipes le plus en forme du championnat. Et on avait un plan de jeu qui a failli faire mouche, gâché seulement par le manque de réalisme offensif, toujours cette foutue inefficacité. Et quand le plan a été rendu obsolète par un fait de jeu, on n'a pas su mettre en place un autre, plus adapté à la nouvelle situation. On avait donc bien préparé ce match, mais pas jusqu'au bout, et c'est là la leçon la plus importante à tirer...

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